Archives de catégorie : INR

La fin de l’histoire pour la médecine générale. Histoire de consultation 161.

Monsieur A, 56 ans, est venu consulter pour un torticolis.

Je l’examine, il est raide, douloureux, il a un torticolis unilatéral qui touche volontiers les chefs mastoïdien et cléioidien du sternocléidomastoïdien. Et un peu le trapèze. 
Je lui demande comment cela s’est passé. Il faisait du jardinage et en portant un pot…
Il me dit également, en se rasseyant, qu’il a consulté lundi un ostéopathe sur les conseils de l’un de ses collègues de travail.
La lettre que m’a adressé ce nouvel ostéopathe lors de son installation était un poème : il traite tout. A part peut-être les cancers et la schizophrénie.
Monsieur A vient ce mercredi pour obtenir 1) des médicaments (l’ostéopathe n’est pas médecin) et notamment de la pommade saint-bernard conseillé par notre spécialiste ; 2) un arrêt de travail ; 3) ses médicaments habituels (puisqu’il était là) et, last but not least, parce qu’il n’a pas été soulagé par la séance non remboursée de l’ostéopathe.
« Vous avez pris quelque chose ?
– Je suis allé acheter de l’ibuprofène chez le pharmacien.
– Chez votre pharmacien habituel ?
– Oui. Pourquoi ? »
Nous sommes passés dans un autre monde.
Jadis, les patients nous demandaient notre avis après qu’on les avait vus, soit aussitôt, soit quelques jours après pour savoir s’il était nécessaire d’aller consulter un ostéopathe.
Puis les patients nous ont demandé de leur prescrire des séances de kinésithérapie qui leur prmettaient d’obtenir une séance gratuite chez l’ostéopathe.
Puis encore, dans le cadre du parcours de soins, deleur rédiger une lettre pour qu’ils puissent aller voir un ostéopathe.
Maintenant ils vont voir l’ostéopathe de leur propre chef, paient en moyenne 50 euro, et viennent chez nous, les médecins généralistes, pour le service après vente de l’ostéopathie.
Nous sommes passés dans un autre monde.
Le torticolis n’est plus une affection de médecine générale mais un produit d’appel de l’ostéopathie comme le lumbago, le doigt tordu ou l’entorse.
Vous me direz : c’est tout bénéf puisque cela va désengorger les salles d’attente…
Pourquoi pas ?
Mais l’histoire n’est pas tout à fait finie puisque le patient est allé voir « son » pharmacien qui lui a délivré de l’ibuprofène.
Le pharmacien aurait pu jeter un oeil sur son écran radar, mais peut-être ne l’a-t-il pas fait, l’ibuprofène a été vendu sur le comptoir puisque le patient ne m’a pas fait marquer la boîte sur son ordonnance, et il aurait pu remarquer que le patient qui vient chercher ses médicaments tous les trois mois, c’est ce que m’indique mon ordinateur, est en arythmie par fibrillation auriculaire et qu’il est traité, par mes soins, par de la coumadine.
Nous sommes passés dans un autre monde. Pas plus de parcours de soins que de beurre en broche. La rebouto-ostéopathie, à force de passer sur les plateaux télévisés, est devenue une spécialité comme les autres. Le pharmacien qui, il est vrai, ne supervisait pas l’INR de ce patient, a délivré inconsidérément  un anti inflammatoire non stéroïdien à un patient de sa patientèle sans même regarder ce qu’il prenait comme médicament.
Nous sommes vraiment passés dans un autre monde.
Comme j’étais mal luné (la face cachée) je ne lui ai pas refait son ordonnance et lui ai demandé, puisqu’il devait faire un INR vendredi, de compléter son bilan et de revenir me voir après (il avait des réserves).
Je nelui ai pas demandé de changer de pharmacien.
Je n’ai pas prescrit de baume saint-bernard.
Je vous rappelle que j’ai déjà écrit sur les ostéopathes et leur rôle magique sur le versant nourrissons : ICI et LA. Que j’ai aussi parlé de l’INR chez le pharmacien : ICI.

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Nouveaux anticoagulants : le diable se traite t-il au Pradaxa ?

Ce sont des anticoagulants, des médicaments dont le but est de réduire le risque de survenue d’une embolie pulmonaire ou d’un accident vasculaire cérébral. Et parfois, l’effet peut être trop important et il peut y avoir des hémorragies. C’est vrai avec le Pradaxa, le Xarelto ou l’Eliquis, mais c’est vrai aussi avec les anticoagulants classiques …

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Quand on compare des médicaments au MEDIATOR à tort.

Le monde médiatique a un côté pavlovien. Certains mots font ‘tilt’, déclenchent des réflexes, font saliver, excitent, emballent, augmentent la fréquence cardiaque, dilatent les pupilles. Surtout et avant tout si ces mots sont dans le titre de ‘une’ de journaux comme ‘le parisien’ sur lequel les rédacteurs en chef des médias audiovisuels fondent comme la …

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Une prise de sang sans prise de tête : merci Dr Wolff !

Décidément, les Etats-Unis et leur système d’accès aux soins réservent toujours des surprises. Pas toujours désagréables d’ailleurs comme le montre l’histoire ci-dessous. Je ne remercierai jamais assez le Dr Edward Wolff qui exerce à New-York. Ne me demandez pas ce qu’il y fait, quelle est sa spécialité ni à quoi il ressemble. Je ne l’ai jamais …

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