Archives de catégorie : EHPAD

Le dernier bilan entre le lundi 27 février et le dimanche 5 Mars 2023 : pour cause de vacances je n’ai pas pu développer : immunité naturelle, Vinay Prasad (bonne et mauvaise nouvelle), Cochrane, déconventionnement, épurateurs d’air, Emmanuel Macron et HPV, HPV (calendrier vaccinal), EHPAD

 Un Fear Monger pur jus.78. L’immunité naturelle, ça existe ou ça n’existe pas ?Carl heneghan : https://trusttheevidence.substack.com/p/natural-protection-from-sars-cov?utm_source=twitter&utm_campaign=auto_share&r=1gw241Article du Mon… Continuer la lecture

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Je n’irai pas en EHPAD !

Les invasions barbares – Denys Arcand – 2003″Je n’irai pas en EHPAD ! » est une phrase débile qui pourrait très bien se retourner contre moi le jour où, ayant perdu toute autonomie et où mes proches (ou ce qu’il en restera) en auront eu assez d’éponger … Continuer la lecture

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Ce que l’on peut partiellement retenir de juillet et d’août d’un point de vue médical.

Bali : rizières de Jatiluwih (photo personnelle)C’est un pêle-mêle non exhaustif :Il n’est pas nécessaire d’indiquer le nombre de séances lors de prescriptions de kinésithérapie : voir ICI. J’ajoute qu’à Mantes et dans son territoire (chic, non ?) les … Continuer la lecture

Publié dans associations de patients, ASSUREURS, conflits d'intérêts, décision partagée, EHPAD, FDA, GÖTZSCHE PETER, IPP, Kinésithérapie, opiacés, PÊLÊ MÊLE, Urgences, VAPOTAGE | Commentaires fermés sur Ce que l’on peut partiellement retenir de juillet et d’août d’un point de vue médical.

Vaccin contre la grippe : des questions sur le faible taux de couverture vaccinale.

Comme chaque année, la question de la vaccination anti-grippale revient sur le devant de la scène, cette fois d’une façon dramatique pour certaines personnes. Les décès survenus dans l’EHPAD lyonnais du groupe Korian posent évidemment des questions. Tout d’abord on … Continuer la lecture Continuer la lecture

Publié dans EHPAD, grippe, MALADIES INFECTIEUSES, masque, vaccin | Commentaires fermés sur Vaccin contre la grippe : des questions sur le faible taux de couverture vaccinale.

Une rencontre #2

Le début est à lire ici.
Jour J. Heure H. Nous avons rendez-vous à 17h.

Il est l’heure dans quelques minutes et je retrouve Charlie (@CharlieIsDark) devant le Ministère de la Santé. Je crois qu’on est aussi stressées l’une que l’autre! Entrée, passage sous le portique de sécurité, présentation des pièces d’identité… ça devient sérieux là. Plusieurs personnes attendent avec nous, je reconnais Solange (@Soskuld) mais je n’ose demander aux autres qui ils sont. Nous n’attendons pas longtemps. Après quelques minutes, on nous conduit dans un salon, dont la grande table ovale est chargée de viennoiseries. Bon, au moins on ne mourra pas de faim, et soit dit en passant, la vue sur Paris est splendide. Madame Rossignol arrive, suivie par quatre conseillères, et nous nous installons autour de la table.
On se présente. Je note consciencieusement les noms et les blogs associés, il y en a deux que je ne connais pas, ça m’offre une occasion de les découvrir.
La suite, ce sont trois heures de discussion, racontées ici :

http://marreaboutdficelle.blogspot.fr/2016/02/la-douce-melodie-du-rossignol.html

http://www.aide-soignant.com/article/aide-soignant/as/laurence-rossignol-ecoute-soignants-aidants

et dans les tweets de @CTrivalle, ici :

 

 Trois heures au lieu des deux initialement prévues, on a été bavards!
 En vrai, même quand j’avais les cheveux longs, je n’ai jamais fait de tresses pour aller bosser… je m’appelle pas Laura Ingalls 😉
 
 
Marie Bertrand a raconté certaines anecdotes vécues en EHPAD, on serait parfois crus dans un autre monde.

Ça traduit une certaine réalité. La profession aide-soignante est majoritairement féminine, tout comme le secteur de l’aide à la personne en général.
 C’est dommage d’ailleurs, parce qu’elle a un beau blog et plein de choses à y raconter…
 Ici, la discussion portait sur la solitude des travailleurs à domicile, et sur le manque de communication avec le reste de l’équipe soignante (IDEL, kinés, médecins…)
 Traduction : pour pouvoir entrer en EHPAD, il vaut mieux être en bonne santé.
 Ici, on a parlé d’Humanitude…
Chiche?
En effet, c’est encore trop peu. Et la qualité de l’accompagnement s’en ressent.
 En principe, la TVA appliquée aux produits d’incontinence (protections) a baissé, mais cela ne change pas grand chose au reste à charge pour le moment.
À cet instant précis, je l’avoue, j’ai failli dégringoler de ma chaise! (« manque de curiosité intellectuelle », gnagnagna…)
 Ce point est un peu flou. Pour passer en niveau IV il faut allonger le temps de formation. Qui paye? Et une fois le diplôme obtenu, il faut de toute façon revaloriser les salaires… mais le public et le privé doivent s’harmoniser, et ça risque d’être compliqué. Bref, c’est pas pour tout de suite.
Autre point délicat. Les aides-soignants en libéral pourraient faire du domicile, hors c’est déjà possible avec les SSIAD, qui présentent l’avantage d’être gérés par des IDE. Une collaboration AS/IDEL pourrait être un consensus.
La dépendance, ça coûte cher…
Bon ben là, euh, forcément, j’ai l’avantage d’être orpheline (pardon)!
 20 heures, fin des discussions, la Tour Eiffel s’illumine et nous nous précipitons aux fenêtres pour admirer le spectacle. Avant de partir, nous prenons le temps de faire une photo de groupe, histoire d’immortaliser ce temps d’échange. Ce fut une belle rencontre, on remet ça un de ces jours?

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Publié dans Aidants, aide-soignante, auxiliaire de vie, bientraitance, domicile, EHPAD, Ethique, Laurence Rossignol, solidarité, Vieillesse | Commentaires fermés sur Une rencontre #2

Une rencontre #1

Il y a quelques semaines, j’ai reçu ça :

J’ai relu trois fois le mail, manqué m’évanouir, re-relu trois fois le mail, appelé mon mari, re-re-relu trois fois le mail, envoyé un message à ma copine @kataidante, et re-re-re-relu trois fois le mail avant de réaliser vraiment.

J’ai la chance d’avoir un entourage très organisé (contrairement à moi qui suis très bordélique). Aussitôt, Kat s’occupe de contacter quelques aidants pour des échanges de mails pendant que mon mari s’occupe d’organiser le voyage. Moi, pendant ce temps, je m’occupe du reste. Oui, la vie d’une chômeuse intellectuelle et idéaliste peut parfois être très prenante, donc par « je m’occupe du reste », je veux dire : je m’occupe des mômes, de mes trois articles en retard (un jour je rendrai un article à l’heure… promis!), des annonces Pôle Emploi (un autre jour je ferai un billet là-dessus, parfois c’est vraiment hilarant) et de plein d’autres choses (oui, j’avoue, dans le « plein d’autres choses » y a aussi du tricot, je suis une mémère et j’assume).
Pendant ce temps, Kat se rend compte qu’elle a reçu le même mail et essaie également d’organiser sa venue, mais c’est vachement plus compliqué quand on est aidante à plein temps et qu’on habite très loin. @JeSuisAidant est également invité et a priori, il pourra venir. Chic, ça va être une chouette rencontre!
Les semaines passent et les échanges de mails vont bon train à propos de la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Le stress monte, je lis et relis la loi, je lis et relis nos échanges de mails, je lis et relis les articles de presse trouvés sur le sujet. Je note timidement quelques questions de mon côté, plus portées sur le métier d’auxiliaire de vie que sur les aidants. Nous n’aurons que deux heures, je ne sais pas si la discussion s’orientera sur le sujet, mais au cas où…

Jour J. La veille, j’ai appris deux nouvelles, une mauvaise et une bonne. La mauvaise, c’est que ma copine Kataidante ne sera pas là. Être aidante, c’est compliqué, être aidante et s’absenter, c’est encore plus compliqué. À ce sujet, elle écrit un très beau billet, que je lis avec tristesse. Les choses sont dites et nous retweetons le billet en « pokant » Madame Rossignol, nous sommes sûrs qu’elle le lira (je confirme, elle l’a lu). La bonne nouvelle, c’est que @CharlieIsDark sera là aussi, et je suis drôlement contente de la revoir. Et puis, ça veut dire que nous serons deux aides-soignantes, et ça c’est vraiment bien!
9h. Nous déposons les enfants chez belle-maman et c’est parti pour l’aventure. Dans quelques heures nous serons à Paris, dans quelques heures je rencontrerai la Secrétaire d’État qui a fait voter la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Entre-temps, j’ai demandé la liste complète des blogueurs présents à la rencontre, et je suis d’autant plus impatiente d’y être. Outre @CharlieIsDark, @Soskuld, @Kataidante et @JeSuisAidant, il y aura également @AzaeSAP, @CTrivalle et Marie Bertrand. Hâte hâte hâte!

Un petit récapitulatif ici, il y a de beaux blogs à découvrir :

@CharlieIsDark : Aide-soignante : Y’a pas que la blouse!
@Soskuld : Soskuld, la vie d’une aide-soignante
@kataidante : Les chroniques d’Hortensie
@JeSuisAidant : Marre, à bout, d’ficelle
@CTrivalle : Gérontoprévention
@AzaeSAP : Le maintien à domicile
Marie Bertrand : La vie en vieux

« Manque de curiosité intellectuelle » disait ma tutrice aide-soignante lors de mon premier stage en EHPAD.

Je m’en fiche, je vais à Paris!

À suivre.

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Quelle confiance accorder aux publications institutionnelles ?

Martine Bronner écrivait dans son dernier article sur son blog : « Les recommandations scientifiques institutionnelles ne sont pas fiables. » Fin décembre 2012, Hervé Maisonneuve , un spécialiste français des publications scientifiques publiait sur son blog , le compte rendu d’un article américain qu’il traduisait ainsi : « Nous ne pouvons pas croire les recommandations » Il s’agissait d’un article […] Continuer la lecture

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Le matin rose et la dame pipi

Avant de vous raconter la suite de mes débuts (ou le début de la suite), il faut à tout prix que je vous relate une petite anecdote (sous la pression de @GeluleMD qui a explosé de rire quand je lui ai raconté cette scène).

L’histoire se passe un dimanche. Ce jour-là, c’est relâche. Le week-end, pas de grandes toilettes ni de douches, l’équipe est en sous-effectif alors on va au principal. Bref, pour résumer, le week-end c’est VMF. Vous ne connaissez pas l’expression?
VMF = Visage Mains Fesses. Le reste attendra lundi (inutile de vous dire que je n’aime pas travailler le lundi). Forcément, comme on en fait moins, on a plus de temps. On pourrait utiliser ce temps gagné pour faire des trucs qu’on n’a pas le temps de faire en semaine : des animations, du temps passé avec les résidents, un toucher-massage… Bref, toutes ces petites choses agréables qui font qu’une aide-soignante n’est pas qu’un simple agent nettoyant. Sauf que… (ben oui, vous le voyez venir le piège).
Sauf que le dimanche, le truc le plus important, ça n’est pas les cinq minutes de papote consacrées à Madame Mésange ou le quart d’heure de marche avec Monsieur Albatros. Non. Le truc le plus important, c’est la pause d’une heure avec l’équipe, tous ensemble dans le réfectoire. Oui, une heure. Une heure pendant laquelle nous sommes payés à travailler. Bref.
Ce jour-là, comme à mon habitude (j’avoue), je suis en retard sur mes soins. Je manque encore cruellement d’organisation, je me perds dans les étages et ne reconnais toujours pas les 60 résidents. Je suis de « matin rose », ce qui veut dire que j’ai l’horaire du matin (6h30-14h30) et que je suis au deuxième étage (dont les murs sont roses). Facile non? Mes collègues sont partis en pause, je suis seule à l’étage, je rêve d’un café. Alors que je m’apprête à descendre, Madame Mésange m’interpelle.
« S’il vous plaît, j’ai envie de faire pipi. »
Madame Mésange, sur le palier du deuxième étage, en fauteuil roulant dont les roues sont bloquées, continente, à 20 mètres  de sa chambre, ne peut se déplacer seule. Ça me prendra cinq minutes de l’amener aux toilettes, et j’irai prendre mon café après. Je m’empare donc des poignées du fauteuil et, alors que nous nous mettons en route, ma collègue « matin gris » surgit derrière moi.
« Ben qu’est-ce que tu fais? » me demande-t-elle interloquée.
« Euh… (là, je me dis que j’ai fait une connerie, mais je ne sais pas encore laquelle), j’amène Madame Mésange aux toilettes, pourquoi? »
« Mais non! C’est pas à toi de le faire! C’est à la coupe orange! » (NDLR : la « coupe orange » travaille en horaires de coupe et est affectée à certains résidents du deuxième et et du  troisième étage)
« Oui, mais elle est en pause, et Madame Mésange a envie de faire pipi, alors puisque je suis là… »
« Mais non! Tu ne peux pas faire ça! Madame Mésange sait très bien que c’est à la coupe orange de l’amener aux toilettes! Là ce n’est pas l’heure. Donc elle attend, de toute façon elle a une protection! »
« … » (j’ai envie de répliquer un truc super intelligent mais je suis tellement abasourdie par cette réponse que je reste plantée là bêtement sans rien dire)
« Oui mais exceptionnellement, puisque je suis là… »
« NON! Si tu fais ça, demain elle demandera encore, et après elle va prendre l’habitude, et on va pas s’en sortir! Y a un plan de soins, faut le respecter! Elle attend! »

Voilà. La vie en EHPAD, c’est quand le matin rose veut t’emmener aux toilettes alors que c’est à la coupe orange de le faire et que le matin gris t’enjoint de te retenir parce que merde, le plan de soins c’est pas fait pour les chiens! Continuer la lecture

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C’est parti!

Et voilà, il a bien fallu se jeter dans l’arène! Mes premiers pas en tant que « faisant fonction d’aide-soignante » (parce que pas encore diplômée vu que j’avais fini en retard, vous suivez?)…
En principe, j’avais deux jours de doublure pour commencer, ça me rassurait.
Premier jour : je suis du matin. Quelques jours avant ma prise de poste, je suis retournée rencontrer la cadre, histoire de lui poser quelques questions sur le fonctionnement de l’EHPAD. Où sont les vestiaires? Qui est mon binôme? Quel est le plan de soins? « Vous verrez tout ça lundi, venez juste un quart d’heure à l’avance et Claudine vous expliquera tout ça » m’a dit la cadre. Bien bien bien.
Le lundi, c’est donc très enthousiasmée et un peu stressée que je me pointe. Première mission, trouver Claudine. « Facile, elle est au vestiaire » me dit la veilleuse.
Deuxième mission, trouver le vestiaire.
Je trouve le vestiaire, et Claudine, qui n’était pas vraiment (voire pas du tout) au courant qu’elle se trimballait la nouvelle pendant deux jours. Bon, pas grave…
Troisième mission : trouver une tenue. Le combat commence, Babeth est lâchée dans l’arène. Ici, comme dans beaucoup d’EHPAD, les tenues sont nominatives. Alors les remplaçantes, elles se démerdent. Elles vont à la pêche aux pantalons, puis à la pêche aux blouses. Ici, pas de penderie bien rangée où l’on trouverait tout simplement les tenues rangées par tailles. Non, ce serait trop facile. Ici, tu dois aller dans une pièce à part, une sorte de débarras où sont stockés les fauteuils cassés, les vieilles décorations surannées, les vêtements des défunts et… les tenues utilisées par le personnel depuis une dizaine d’années! C’est un peu comme un vide-grenier, mais en moins bien. Après avoir farfouillé un petit moment, je trouve une vieille blouse un peu décousue et un pantalon un peu trop grand… on va dire que ça ira pour aujourd’hui.
Me voici prête pour affronter ma première matinée.
Quatrième mission : sortir mon petit carnet et noter tout ce qui pourra m’aider à ne pas être trop larguée.

La suite demain. Continuer la lecture

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La valse des EHPAD (3)

L’EHPAD numéro un, vous l’aurez compris, n’était pas franchement le type d’établissement dans lequel je souhaitais travailler. J’ai gentiment dit à la cadre que je me donnais quelques jours pour réfléchir et que je la rappelais avant la fin de la semaine. Ne pas lâcher la proie pour l’ombre. Si les deux autres EHPAD refusaient ma candidature, je serais bien contente de trouver ce poste, et mon banquier aussi (surtout mon banquier en fait!).
Restaient les deux autres. EHPAD numéro deux m’a rappelée très vite. Candidature retenue pour CDD à temps partiel pouvant évoluer. C’était moins d’heures que le premier mais j’y gagnais en frais d’essence. Inutile de vous dire que j’ai sauté de joie!
EHPAD numéro trois m’a rappelée la même semaine, ma candidature leur avait plu, ils avaient beaucoup apprécié notre entretien mais… L’aide-soignante que je devais remplacer en cas de prolongement de son arrêt-maladie avait finalement repris son poste. Tant mieux pour elle, tant pis pour moi, mais ils gardaient mon CV au cas où.

C’est donc pleine d’une naïve bisounourserie que je fis mes premiers pas dans EHPAD numéro deux, que je nommerai pudiquement LPAT (La Pause Avant Tout). Continuer la lecture

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La valse des EHPAD (2)

Trois appels pour trois entretiens, la chance me sourit ! C’est donc armée de mes CV et de toute ma bonne volonté que je me suis pointée dans trois EHPAD radicalement différents.
EHPAD numéro un, pour un remplacement d’un mois à temps plein : c’est à quarante minutes environ de chez moi, mais la route se fait facilement. L’environnement est paradisiaque, au calme, à deux pas de la mer… Les bâtiments sont beaux, bordés par un grand parc… Il y a un piège, mais où ? Je ne tarde pas à comprendre : le poste est merdique. Pour un remplacement d’un mois, je dois faire trois week-end en 7h-20h. Oui oui, vous avez bien lu, 7h-20h ! Mais attentions hein, il y a trois coupures, me dit la cadre en souriant. Ben voyons, trois coupures, c’est tellement plus pratique ! Comme ça on est sûr que l’aide-soignante dévouée n’est pas partie trop loin et reste disponible même pendant ses temps de pause. Et la prime de dimanche, on en parle ? Attention, sortez les mouchoirs et les calculettes, la merveilleuse prime de dimanche pour avoir l’exquis privilège d’effectuer ces horaires de rêve est de… tadam… seize euros !!! Youpiiiiiiii ! Oserais-je vous parler du salaire ? Sachez que pour avoir le bonheur d’exercer dans cet établissement, une aide-soignante diplômée d’état gagne onze euros de plus qu’un agent de soins non diplômé. Voilà. Dix mois de formation, dont 24 semaines de stage, ça fait onze euros de plus-value. C’est toujours bon à savoir. Cerise sur le gâteau, ou mouche sur la protection usagée, comme vous voulez, mon nom est déjà inscrit sur le planning quand j’arrive. Mouais, apparemment ils ont du mal à recruter par ici non ? Précision utile, ce merveilleux établissement bon chic bon genre, qui accueille même un ancien ministre me dit fièrement la cadre (merci pour le secret professionnel, je n’avais pas besoin de connaître cette information), fait partie d’un groupe privé qui fait 300 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. J’attends donc avec une impatience non dissimulée le jour où tous ces riches actionnaires n’auront d’autre choix que de venir se faire soigner par du personnel épuisé et sous-payé. En attendant ce jour, je décide de partir en courant et de refuser poliment cette offre pourtant si alléchante (refus poli, oui, parce qu’on ne sait jamais, le chômage guette aussi les aides-soignants).
EHPAD numéro deux, pour un remplacement d’été à temps partiel pouvant évoluer (fonction publique territoriale) : gros avantage, il est à dix minutes de chez moi. Bâtiments vieillots mais chambres spacieuses car c’est un ancien foyer-logement. Rencontre avec une cadre absolument merveilleuse. Récemment arrivée dans l’établissement, elle se pose tout un tas de questions sur la bientraitance, l’analyse des pratiques professionnelles, l’éthique… On parle de respect, d’humanitude, de projets de vie. On parle de plein de choses et je me sens bien. Il y a de la bonté dans son regard et de la sincérité dans sa voix. Je me surprends à rêver. Et si je travaillais ici, dans cet établissement territorial tout près de chez moi, avec cette cadre si engagée ? Arriver juste au moment où les choses bougent, travailler dans un esprit d’analyse et de remise en question des pratiques, n’est-ce pas le poste idéal pour la rêveuse que je suis ? Le rêve me semble trop beau, où est le piège ?
EHPAD numéro trois, pour un remplacement de durée indéterminée à temps plein : loin de chez moi (presque une heure sur des petites routes) mais je voulais vraiment aller voir car j’en avais entendu beaucoup de bien. L’entretien ne m’a pas déçue. Un vrai projet d’établissement avec des vrais projets de vie, des soins et des animations centrés sur les besoins des personnes et non sur ceux de l’équipe (oui, l’équipe a des besoins, je l’ai appris à mes dépens). Une cadre intéressée par le côté double-compétence de mon CV (il faut bien que mon vieux diplôme de monitrice-éducatrice me serve à quelque chose)… Mise à part la route, où est le piège ?
Trois EHPAD, trois postes radicalement différents. Et, coup de bol, trois embauches possibles alors que je n’ai pas encore le diplôme… Il y a forcément un piège !
La suite bientôt (pas dans deux mois, promis)

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Bravoooooo! (suite)

Bon… Il faut que je revienne sur le billet Bravoooooo!

Je comptais faire une réponse reprenant quelques commentaires tirés de facebook mais j’avoue que je n’ai pas le courage de les recopier ici (c’est surtout que je manque de temps en fait, ça me prendrait des heures!)
J’avoue avoir été surprise par la violence de certaines réactions. Juste pour le plaisir, en voici quand même quelques unes :
« Ahah ça se voit qu’elle n’est qu étudiante parce qu’elle n’a rien compris. Elle parle de sujets qu’elle ne connaît pas et elle généralise.« 
« texte aussi idiot inutile et dénué de connaissances. »
« vous compter dire au soignants ce qu’ils faut dire aux soignés sans leur laisser parler avec leur spontanéité et leur coeur ? »
« Que de caricature dans ce texte… Hâte de vous voir en poste« 
« Sans intérêt….. Encore un étudiant qui se sent mieux pensant que les soignants… « 
« Pffff et elle se croit drôle avec son mot de pseudo esprit…. « 
« on verra bien quand elle sera diplômée depuis plusieurs année comment elle se comportera spontanément! »
« Et je pense que cette personne à écrit ce texte plus pour faire plaisir ou bien paraitre au yeux de sa formatrice . ( donner des petits surnoms ou être amical et familier relève d’une sorte de maltraitance ) . Que pour elle même . »
Car avec l’expérience elle changera surement d’avis » (celui-là je l’adore!)

« Oui on les infantilise et alors ?? » (celui-là aussi)

J’arrête ici, j’ai le tournis. Vous pouvez lire la suite ici et . Et en passant, je rebondis sur ce commentaire : 
« J’espère au moins que tous ces commentaires, lui permettront de se questionner, de questionner les soignants, pour ensuite un second texte avec un peu plus de professionnalisme. « 
Donc, allons-y pour un texte un peu plus « professionnel ».

1) Oui, je me questionne. Et même, je ne fais que ça. Tout le temps. Au boulot. En voiture. À la maison. En faisant mes courses. En mangeant ma purée… 
Beaucoup de mes phrases commencent « Au fait je pensais à un truc tout à l’heure… »  
C’est fatigant. Pour moi comme pour les autres (j’avoue). Je ne souhaite à personne d’être dans ma tête, parce que toutes ces questions tournent et retournent sans cesse. Et pour toutes ces questions, il me faut des réponses. Alors je lis, j’interroge, je réfléchis. Et ça aussi c’est fatigant. D’ailleurs, parfois, j’aimerais bien me poser un peu moins de questions. Ça me rendrait la vie plus facile. Et le boulot aussi. Surtout le boulot d’ailleurs. Parce que bon, faut quand même que je précise une « petite » chose, et j’en arrive au…

2) Non je ne suis pas une jeune étudiante écervelée qui arrive en fanfare pour sortir son discours prêchi-prêcha aux soignants aguerris. Je suis aide-soignante, diplômée (bon, le site infirmiers.com est resté sur l’ancienne présentation, pas grave, les réactions concernant ces branleurs d’étudiants étaient très intéressantes), et je travaille en EHPAD.
Avant ça, j’étais auxiliaire de vie, non diplômée, et je travaillais à domicile avec des personnes âgées.
Encore avant j’étais monitrice-éducatrice, diplômée, et je travaillais en institution avec des personnes handicapées.
Encore encore avant j’étais « rien du tout », non diplômée, et je travaillais en crèche avec des enfants.
Accessoirement, j’ai deux enfants, mais ça on s’en fout (un peu). J’en arrive donc au…

3) Avec tout ça, ça commence à faire un certain nombre d’années que je travaille avec des publics dits « fragiles », et ça fait tout autant d’années que j’exècre le parler-bébé et la gagatisation. Et quand bien même je serais une jeune étudiante fraîchement arrivée dans son IFAS, qu’est-ce que ça changerait? Il n’y a que les professionnels diplômés ayant dix ans d’expérience qui ont le droit de parler? Les autres doivent attendre leur tour? Belle mentalité. Je comprends mieux la souffrance des stagiaires… À en croire certains, il y aurait donc d’un côtés les jeunes cons prétentieux, et de l’autre les vieux sages aguerris? Et c’est moi qu’on taxe de manichéisme?

4) Ce billet, je l’ai écrit un peu à la va-vite, je l’avoue. Alors oui, il est sans doute caricatural (j’assume), peut-être prêchi-prêcha (j’assume aussi), mais « idiot », « inutile », « dénué de sens et de connaissances »… ça, Votre Honneur, je proteste! Parce que bon, je suis peut-être une jeune conne arrogante dénuée de bon sens, mais le sujet traité ici n’est pas pour autant si dénué d’intérêt que ça, n’en déplaise à tous les parfaits professionnels qui l’ont commenté. D’ailleurs, l’infantilisation des personnes âgées a déjà été traitée de nombreuses fois, c’est donc qu’il y a matière à y réfléchir non? En cherchant un peu, il y a plein d’articles disponibles un peu partout. Rassurez-vous, ils n’ont pas été écrits par des étudiants arrogants mais par des psychologues, des médecins, des aidants… Bref, des gens qui ne sont pas forcément des élèves arrogants et imbus d’eux-mêmes.
Comme je suis sympa, je vous mets quelques liens : 

http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=JDP_256_0034

http://www.soignantenehpad.fr/pages/maltraitance/le-parler-pepe-et-meme-en-e-h-p-a-d.html

http://www.soignantenehpad.fr/pages/maltraitance/ou-commence-la-maltraitance.html

http://www.evolute.fr/relation-aide/infantilisation-personnes-agees 

5) Il y a un truc que j’aime bien, c’est la communication. Apprendre à donner un point de vue et à recevoir celui de l’autre. Apprendre à se parler sans s’agresser. Apprendre à écouter des arguments. Apprendre à s’informer aussi. S’il y a bien un métier où je trouve la communication essentielle, c’est celui de soignant. Parce qu’on travaille avec et pour d’autres. Parce qu’on s’enrichit de nos expériences. Parce qu’on essaie de progresser. Parce qu’on peut se tromper. Je suis sans doute une incorrigible naïve, mais je crois dur comme fer aux bienfaits du dialogue et de l’échange d’idées, dans le calme et le respect de chacun. Il ne me viendrait pas à l’esprit d’aller pourrir un(e) collègue parce que je ne suis pas d’accord avec ses idées. Mais bon… Je suis une incorrigible naïve.

6) J’écris sur ce blog depuis un petit moment. J’y raconte une expérience, la mienne, j’y parle de valeurs, les miennes. Je ne force personne à venir lire, je n’oblige personne à être d’accord avec ce que j’écris. C’est un espace de liberté, mon espace. Et quand je vois des collègues utiliser le parler pépé-mémé avec des résidents, je ne les prends pas dans un coin pour leur dire ma façon de penser. C’est leur façon de faire, leur façon d’être, ça ne me regarde pas. Par contre, si on aborde le sujet et qu’ils/elles me parlent d’une étude expliquant que c’est bénéfique, je pense que j’aurai la décence d’aller lire l’étude en question afin de confronter nos points de vue.

7) Je fais des erreurs, comme tout le monde. J’essaie, je me trompe, j’essaie autre chose. Parfois je me trompe encore. Je tâtonne, je cherche, j’apprends. Et j’espère apprendre pendant longtemps encore. J’espère n’avoir jamais de certitudes, laisser mon esprit ouvert à d’autres apprentissages, d’autres façons de faire. J’essaie de faire comme Socrate : en admettant que je ne sais pas, j’accepte d’apprendre. Alors que si je suis sûre de savoir, je dois d’abord désapprendre pour pouvoir apprendre à nouveau. Et si un jour je suis pétrie de certitudes, si j’estime que je n’ai de leçon à recevoir de personne, je ne manquerai pas d’aller le clamer sur les réseaux sociaux en incendiant les élèves et les débutants, ces morveux qui croient tout savoir mieux que tout le monde!
 
PS : je ne parle même pas des pseudo-références scientifiques qui justifieraient l’infantilisation, étant donné qu’aucune source n’était citée. Continuer la lecture

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Trois euros

Je suis aide-soignante en EHPAD. Je travaille avec des personnes âgées, très âgées. Je les aide à se lever, à marcher, à prendre leurs médicaments, à se laver, à s’habiller, à manger…
Tout en les aidant, je m’assure qu’elles ne risquent pas de tomber, de s’asphyxier, de faire une fausse route…
Tout en les aidant et en m’assurant qu’elles ne courent aucun danger, je les écoute, je leur parle avec douceur, je souris…
Tout en les aidant, en m’assurant qu’elles ne courent aucun danger et en veillant à leur bien-être moral, je pense à descendre les poubelles, à recharger les chariots de protections, à faire les transmissions…
Pour faire tout ça, j’ai un « plan de soins ». Je sais où je dois être, à quelle heure et avec qui. Il faut que les soins rentrent dans des cases et qu’à la fin de mon service, toutes les cases soient cochées.
Toilettes ok.
Médicaments ok.
Chariots ok.
Lits ok.
Poubelles ok.
Repas ok.
Transmissions ok.
Service fini.
Parfois, des cases se rajoutent. Alors on tasse. On accélère, on fait un peu moins bien, on fera mieux demain. Ou pas.
Parfois, des cases disparaissent. Mais c’est plus rare, et ce n’est pas forcément bon signe.

Le matin, ce sont les toilettes. À sept heures, les aides-soignantes sont au taquet, top départ, c’est parti! La moyenne c’est vingt minutes par résident, parfois moins, rarement plus. Pendant ces vingt minutes, l’aide-soignante se consacre entièrement à une personne.
Pendant ces vingt minutes, elle doit lever, aider, laver, guider, écouter, brosser, habiller, chausser, coiffer, parfumer… cette personne.
Pendant ces vingt minutes, elle doit être souriante, patiente et rassurante.

Vingt minutes, au prorata du salaire de l’aide-soignante, ça représente à peu près trois euros.

Trois euros pour le sourire.
Trois euros pour la douceur.
Trois euros pour le soin.

Et vous, vous avez quoi pour trois euros? Continuer la lecture

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Bravoooooo!

Imaginez : vous êtes un jeune parent, complètement fou d’amour et gagatisant pour votre enfant. Cet enfant, forcément, c’est le plus beau, le plus intelligent, le plus mignon, le plus gentil, bref, le plus tout! Aujourd’hui est un jour miraculeux qui vous emplit de joie car l’enfant, le chérubin, l’élu, a mangé TOUTE sa purée tout seul, comme un grand! Et vous, vous l’heureux parent qui avez engendré cette merveille de la nature, vous vous extasiez – à juste titre – devant cet exploit.
– Bravoooooo, dites-vous en tapant dans vos mains avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Votre enfant, voyant votre enthousiasme débordant pour un truc somme toute assez banal (il a mangé sa purée), vous sourit en retour. Il sourit, vous souriez, la vie est merveilleuse.

Même enfant, même parent. Cette fois-ci l’enfant, le chérubin, l’élu, a fait caca dans son pot. Psychologiquement, c’est un grand jour : en pleine période du non, l’enfant cède, il « donne » son caca à ses parents et, en comprenant toute la symbolique de cet acte crucial, vous sautez de joie.
– Bravoooooo, dites-vous en agrémentant votre dernier statut Facebook d’une magnifique photo de l’étron divin.
Votre enfant, dépassé par ce qui vient de se jouer dans son pot, vous sourit en retour. Il sourit, vous souriez, la vie est fabuleuse.

Maintenant, imaginez ces deux scènes, à quelques détails près, avec non plus un enfant et un parent mais une personne âgée et un soignant. Relisez la scène à haute voix, en y mettant le ton. Même sur le « Bravoooooo ». Surtout sur le « Bravoooooo ». Vous sentez le malaise? Vous voyez toute l’infantilisation de la personne âgée qui a fini sa purée ce midi? Vous supportez le compliment odieux sur le caca lâché dans le montauban?

Monsieur M. a été torturé par la Gestapo, les soldats lui ont brisé les phalanges une par une.
Madame C. ne sait plus quand elle est née, ni où. Elle ne sait presque plus rien en fait. Et ça lui fait peur. Terriblement peur.
Monsieur V. a survécu à deux cancers.
Madame H. a perdu son fils et ses deux petits-enfants dans un accident de voiture. Elle ne s’en est jamais remise.

Ces gens, ils ont une histoire, des histoires. Ils ont aimé, souffert, donné la vie, vécu la maladie, et tant d’autres choses. Des choses merveilleuses et d’autres dramatiques. Des choses qu’on n’ose parfois même pas imaginer. Et aujourd’hui, au crépuscule de leur vie, il y a des soignants qui les félicitent niaisement parce qu’ils ont mangé toute leur purée. Ou parce qu’ils ont fait caca. Vous le sentez le paradoxe? Continuer la lecture

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La valse des EHPAD

Fin de stage et fin de formation. Après ces onze mois de péripéties, j’avoue que j’aurais bien pris une petite semaine de vacances… mais mon banquier n’était pas d’accord (il n’est pas joueur vous savez, et il ne supporte pas trop la contrariété). J’ai donc cherché du boulot. Avec un mois de retard sur mes collègues qui, eux, avaient fini leur formation dans les temps. Et, surtout, sans diplôme officiel. Parce que bon, d’accord, les stages et les modules sont validés, mais je n’ai pas LE papier qui va bien, l’indispensable attestation de réussite. Donc, officiellement, je suis encore élève aide-soignante. Et à la bourre pour chercher du travail.
Première étape, créer un CV en ligne sur l’espace Pôle Emploi. Vous avez déjà essayé? Non? Eh bien armez-vous de patience… et de pop-corn! Trois heures et quinze déconnexions intempestives plus tard, mon CV est en ligne et je suis prête à en découdre avec les employeurs (oui, la recherche d’emploi est une guerre sans merci, pas de pitié pour les croissants Bisounours).
Deuxième étape, les offres d’emploi. Je ne me fais pas trop d’illusion, les remplacements d’été des aides-soignants sont sans doute déjà tous pourvus, alors je cherche aussi du côté des aides à domicile. Après tout, je ne suis pas diplômée mais j’ai de l’expérience et un CV original, je pourrais peut-être intéresser quelqu’un? La chance me sourit, les aides-soignants tombent aussi malades en été et plusieurs offres sont en ligne. Un clic, deux clics, trois clics, voici mes CV envoyés par mail.
Troisième étape, le téléphone. Vingt-quatre heures ne se sont pas écoulées que j’ai déjà reçu trois appels : un EHPAD à côté de chez moi pour un temps partiel d’un ou deux mois, un autre plus lointain pour un temps complet d’un mois et un dernier carrément plus lointain pour un possible remplacement d’arrêt maladie à durée indéterminée. Bien bien bien, la chance me sourit on dirait. Honnêtement, vu l’année que je viens de passer, je n’y croyais plus! Jubilation, prise de rendez-vous, et c’est parti pour la grande aventure des entretiens d’embauche!

La suite demain. Continuer la lecture

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Lucette et Lucienne (2)

Lucette, chez elle.
Lucienne, en EHPAD.

(lire le début ici)

À 13h, Lucette se sert un café au salon et s’installe confortablement devant le journal télévisé. Les nouvelles ne sont pas bonnes, comme toujours, et ça fait déprimer Lucette. Heureusement, la sonnerie du téléphone l’extirpe de cet amas de catastrophes. C’est Karine, sa petite fille, qui l’appelle pour prendre de ses nouvelles. Karine, c’est la fille de sa fille, alors entre elles, il y a comme un lien particulier. Vingt minutes de conversation plus tard, Lucette raccroche, le sourire aux lèvres. Parfois le bonheur c’est simple comme un coup de fil.

À 13h, Lucienne est installée pour la sieste. Couche propre (pardon, on ne dit pas une couche mais une protection, les mots ont leur importance, mais Lucienne n’est pas dupe, appelons un chat un chat et une couche une couche), barrières de lit remontées, sonnette à portée de main. L’installation au lit n’a duré que cinq minutes, l’aide-soignante est une rapide, ses gestes sont précis et efficaces. Trop précis, trop efficaces. Lucienne aurait aimé discuter un peu, elle est triste aujourd’hui, c’est son anniversaire de mariage et personne n’y a pensé. Si Maurice avait été en vie, ça leur aurait fait soixante ans de mariage. Mais Maurice n’est plus là, et leurs enfants ont bien d’autres choses à faire que se rappeler d’une date qui ne les concerne plus. Ils ont leur vie, loin, et Lucienne sent bien qu’elle est un poids pour eux. Si seulement elle pouvait se dépêcher de mourir, ça leur ferait au moins économiser le prix de l’EHPAD, tout est tellement cher de nos jours!

À 16h, Lucette est plongée dans une partie de scrabble avec sa voisine. Elle vient de poser un mot compte triple et elle jubile en comptant ses points : elle a ratatiné Simone, comme dirait Babeth avec son langage parfois très imagé! Cette victoire lui a ouvert l’appétit, une pause café s’impose. Ça tombe bien, Simone a justement apporté des petits gâteaux spécial diabète, dégotés chez le pâtissier de la place de l’église (un trésor ce pâtissier, un peu cher certes, mais une fois de temps en temps…).

À 16h, l’aide-soignante revient pour le goûter. Jus d’orange et madeleine en sachet individuel. Comme hier. Comme demain. Comme tous les jours. Lucienne regarde son plateau d’un regard morne. Pas faim. Pas envie. D’ailleurs a-t-elle encore envie de quelque chose?

À 19h, Lucette met le couvert. Ce soir elle mange léger : soupe et laitage. Après le repas elle ira siroter une petite verveine au salon. Il n’y a rien de bon à la télé ce soir, que des séries policières ou des films américains, alors elle se couchera tôt avec un bon livre. Ça tombe bien, Babeth lui a prêté un livre qu’elle vient de finir, « Alors voilà : les 1001 vies des Urgences », de Baptiste Beaulieu. Il paraît que c’est une vraie pépite, ça tombe bien, ça sera parfait pour passer une bonne soirée.

À 19h, Lucienne est couchée. Ce soir elle a « mangé en chambre », comme ils disent ici. Traduction : elle n’a pas été levée cet après-midi, l’aide-soignante est passée vers 18h lui servir une bouillie et ses médicaments, à 18h30 son plateau a été débarrassé, elle a été changée pour la nuit, ses volets ont été fermés et sa lumière éteinte. Maintenant, elle attend. Elle attend quoi? Elle ne sait pas. Le sommeil, agité, malgré le somnifère du soir. Les rêves, dont elle ne se souvient jamais. Les souvenirs, ceux qui la font sourire parfois et pleurer souvent. La mort, qui la délivrerait de cette vie de rien, cette vie qu’elle n’a pas choisie, cette vie qu’on lui impose à grands coups de médicaments et de repas forcés.

À 23h, Lucette dort profondément. Elle a veillé tard, le livre était passionnant et elle a eu du mal à le poser. Finalement la fatigue a eu raison des histoires d’hôpital, Lucette a posé le livre sur sa table de chevet, regardé sa photo de mariage dans son cadre doré, envoyé un baiser du bout des lèvres à Germain, éteint la lumière, et s’est endormie le sourire aux lèvres.

À 23h, Lucienne ne dort pas. Elle pense à Maurice. Maurice qui la soulevait dans ses bras comme une plume. Maurice qui lui couvrait le visage de baisers. Maurice qui la serrait fort contre lui avant de partir en mer. Maurice qui un jour n’est pas rentré. Tout simplement. Trente-quatre ans qu’il est parti. Trente-quatre ans qu’elle pleure. Trente-quatre ans qu’elle prie pour le rejoindre. Cette nuit peut-être? Lucienne espère fort, elle n’a plus que ça à espérer de toute façon. 

Et pendant que Lucienne et Lucette dorment, des millions d’autres vieux dorment, rêvent, espèrent, ou pleurent dans leur lit, chez eux, à l’hôpital, en EHPAD…

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Lucette et Lucienne (1)

Lucette, chez elle.
Lucienne, en EHPAD.

Le matin, Lucette se réveille avec la radio. Elle repousse les couvertures, pose un pied par terre, puis l’autre, et se lève doucement. Elle enfile une robe de chambre, la bleue, celle qui est bien chaude, ouvre les volets, et va à petits pas dans la cuisine se préparer un bon petit-déjeuner : du café (avec un peu de chicorée pour le goût), du pain grillé, du beurre, de la confiture maison (avec les fraises du jardin). Lucette mange lentement, elle a tout son temps et l’infirmière ne sera pas là avant une bonne heure.

Le matin, Lucienne est réveillée par l’aide-soignante. Lumière allumée, volets ouverts, lit (d’hôpital) redressé. Plateau en plastique (d’hôpital) posé sur l’adaptable (d’hôpital). Bol blanc (d’hôpital) empli de café, trois tartines de pain mou beurré, une poignée de médicaments et un verre d’eau. Serviette (d’hôpital) nouée autour du cou comme les enfants, bon appétit et à plus tard pour la toilette.

À neuf heures, l’infirmière arrive. Lucette a du mal à faire sa toilette toute seule depuis quelques années, alors l’infirmière vient l’aider pour la douche tous les matins. Savon à la violette de Toulouse, crème hydratante, parfum, un peu de rose aux joues pour donner bonne mine, voilà Lucette toute pomponnée. La robe bleu marine et le tricot assorti, ce sera parfait pour aujourd’hui. L’infirmière est toujours pressée, elle a du monde à voir le matin, mais son sourire et sa gentillesse font oublier la rapidité de la visite.

À neuf heures, l’aide-soignante revient pour la toilette. Un coup de gant (d’hôpital) sur le visage et le buste, un deuxième coup de gant au bas du ventre, hop hop hop, on se dépêche! Pas le temps de papoter, il y a encore 10 toilettes à faire. Savon liquide (d’hôpital), le même que la voisine, le même que le voisin, le même que tous les vieux dans tous les EHPAD. Les pieds? Pas le temps. Le shampoing? Pas le temps. Le brossage de dents? Pas le temps. Une chemise (d’hôpital) boutonnée dans le dos, facile à enfiler, facile à enlever, un gilet par-dessus, une jupe, Lucienne est prête. Prête pour quoi? Pour rien. Installée dans son fauteuil (d’hôpital), télé allumée, sonnette à côté, Lucienne attend le repas.

À dix heures, un coup de sonnette, voilà Babeth. C’est parti pour le marché du mercredi. Des légumes chez Roger le primeur, du poisson chez Bruno, des pommes chez Nicole, des oeufs et du fromage chez Simon, et du pain chez Carole. N’oublions pas la petite douceur du mercredi, un macaron au chocolat que Lucette partagera avec Babeth devant un petit café. Le diabète? Oh, un petit gâteau par semaine, on peut se le permettre non?

À dix heures, Lucienne somnole devant sa télé.

À midi, Lucette se prépare une petite ratatouille et une escalope. En dessert, juste une pomme, ça compensera le délicieux gâteau de ce matin. Ça sent bon dans toute la maison.  Tout en se servant, elle regarde pensivement son assiette de porcelaine. C’est la vaisselle qu’elle avait achetée avec Germain pour leur premier Noël ensemble. Dix ans déjà qu’il est parti. Il lui manque. Lucette regarde le cadre posé sur le buffet, Germain lui sourit, elle lui sourit en retour. Qu’il est doux de se rappeler des bons souvenirs au milieu de ses objets. La radio diffuse du Barbara, Lucette se surprend à chantonner.

À midi, l’aide-soignante vient chercher Lucienne pour le repas. Au menu : crudités, purée et steak haché, fromage, compote. Assiettes blanches d’hôpital, serviette d’hôpital, menu d’hôpital. À table, les voisins de Lucienne ne sont pas bavards, chacun semble pressé de regagner sa chambre. La radio tourne en boucle dans la salle, mais ces chansons-là sont trop modernes pour Lucienne, elle n’en connaît aucune. Chez elle, elle écoutait Piaf et Aznavour sur son tourne-disques. Ici, elle n’a rien pour écouter la musique, elle se contente de la télé.

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Avec les transitions et les carences familiales, les personnes âgées n’ont désormais plus que deux choix de lieu de vie : leur domicile ou les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD). Les avantages des EHPAD étaient la surveillance et … Continuer la lecture Continuer la lecture

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