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Dragi Webdo n°134: dyslipidémies (reco HAS), aspirine (reco US), Gardasil 9, eczéma, PNNS, décision partagée

Bonjour ou plutôt bonsoir! Pour ceux qui n’auraient pas été au congrès du CMGF, vous pouvez retrouver les abstracts et vidéos sur le site ou relisez tous les tweets #CMGF2017! Pour les présents, merci pour ces rencontres pendant les 3 jours de congrès et vivement le prochain!

1/ Pharmacovigilance
Avec la pénurie de vaccins anti-VHB, comment se faire vacciner? L’ARS a mis en place un guide pour les personnes des groupes prioritaires pour qu’ils puissent avoir le vaccin en pharmacie hospitalière. Côté médecin, il semble qu’il faille préciser l’appartenance à la catégorie prioritaire pour que le pharmacien vérifie.
Prescrire dirait « enfin »! Les solutions d’acide hyaluronique pour injections articulaires vont être déremboursées. BigPharma n’a donc plus grand chose à se mettre sous la dent concernant l’arthrose.
Le risque diabétogène des statines continue d’être étudié. Une étude de cohorte chez 8000 femmes de plus de 70 ans, retrouve une augmentation du risque de diabète de 33%  sous statine, soit un nombre de patientes à traiter pour un évènement (NNH) de 131 en 5 ans. Ce qui est concordant avec les autres études.


2/ Cardio-vasculaire
La HAS a publié des recommandations sur les dyslipidémies. Elles sont basées sur celles de l’ESC avec quelques précisions par endroit quand l’ESC n’avait pas émis de propositions claires. Ainsi, le risque cardiovasculaire se calcule avec SCORE. Les patients à faible risque (SCORE<1%) et à risque modéré (SCORE entre 1 et 5% ou diabète T1/T2 < 40ans non compliqué) ont des objectifs respectifs de LDLc à 1,9g/L et 1,3g/L à atteindre par règles hygiénodiététiques en première intention. Les patients à haut risque (SCORE entre 5 et 10% ou diabète >40 ans non compliqué pour simplifier, ou insuffisance rénale modérée) et à très haut risque (SCORE > 10% , diabète > 40 ans avec complication, IRC sévère ou maladie cardiovasculaire établie), les objectifs sont de 1g/L et 0,7g/L à atteindre avec une statine.
Quelle statine? La HAS recommande désormais la simvastatine et atorvastatine en première intention, tout en rappelant l’absence d’AMM de cette dernière en prévention secondaire. Ainsi, quand l’objectif de LDL n’est pas atteint, on peut ajouter l’ezetimibe qui a des preuves d’efficacité démontré dans cette indication.
Le point différent des recos de l’ESC concerne les hypertriglycéridémies, car l’ESC recommandait une statine en première intention. La HAS recommande une statine si le LDL n’est pas à l’objectif, mais s’il l’est c’est un fibrate qui est recommandé en première intention. Le tableau étant complexe, je vous laisse aller le regarder. Voici cependant le tableau principal:
En prévention cardiovasculaire et du cancer colorectal, l’USPSTF recommande l’aspirine faible dose pour une durée de 10 ans aux patients de 50 à 59 ans dont le risque AHA/ACC est supérieur à 10%. Entre 60 et 69 ans, la balance bénéfice risque doit être évaluée individuellement, notamment en fonction du risque de saignement. Avant 50 ans et après 70 ans, l’aspirine en prévention cardiovasculaire primaire n’a pas prouvé d’efficacité.
3/ Infectiologie
Un nouvel avis du HCSP est tombé sur la vaccination anti HPV: le Gardasil 9 devient le vaccin recommandé en 1ère intention. En effet, il est retrouvé une protection contre les HPV 52 et 58 qui n’avaient  jamais été vu dans les vaccins précédents (le Cervarix protégeait déjà par réactions croisées sur les HPV 33 et 45). Le bénéfice sur les lésions précancéreuses et les condylomes en font donc le vaccin anti-HPV de choix. La sécurité n’a cependant été étudiée que sur environ 23 000 patientes, on est donc loin d’avoir la puissance nécessaire pour évaluer le risque de maladies auto-inflammatoire dont la fréquence était estimée à 1 pour 100 000 pour le Gardasil4. Quoi qu’il en soit, ces évènements sont donc, particulièrement rares.
On ne traite pas les angines, bronchites et otites moyennes de la même façon partout. Parfois les antibiotiques ne sont pas indispensables. Voici quelques infographies de décision partagée sur ces 3 pathologies infectieuses.
L’eczéma de l’enfant est souvent sur_infecté, mais quel antibiotique prescrire et comment? Un essai contrôlé randomisé des enfants avec eczéma modérément sur_infectés traités 1 semaine par dermocorticoides et émollients associés soit: à des placébos, à un antibiotique local + placébo oral, à un antibiotique oral + placébo local. A évalué à 15 jours, les auteurs retrouve que le score de gravité d’eczéma ressenti par le patient (POEM) était meilleur dans le groupe double placébo par rapport aux antibiotiques! Les dermocorticoïdes sont suffisant pour ces eczéma modérément sur-infectés sans nécessiter d’antibiotiques.
4/ Nutrition et diabétologie
Le nouveau programme nutrition santé a été publié par le HCSP.  Il est toujours recommandé de manger 5 fruits et légumes sans que l’on sache scientifiquement pourquoi 5. Il est recommandé de limiter la consommation de viande rouge à 500g/semaine. Une des principales modifications concerne les produits laitiers dont le nombre recommandé par jour baisse à 2. Je vous laisse regarder le tableau de l’avis pour plus de détails (il n’est pas si long que ça!)
Une nouvelle étude revient sur le traitement intensif du diabète de type 2. Pour mémoire, l’étude ACCORD avait retrouvé une sur-mortalité chez les patients diabétiques avec une cible glycémique (HbA1C) inférieure à 6%. Cette nouvelle méta-analyse publiée dans le Lancet Diabetes and Endocrinology retrouve que les traitements intensifs diminuent le risque de néphropathie (ainsi que le risque de progression de néphropathie) et de rétinopathie diabétique , respectivement de 20% et 13%. Cependant, ces résultats sont surtout portés par le poids de l’étude ACCORD: les auteurs n’ont pas étudié la mortalité dans cette méta-analyse! Ils en parlent à peine en discussion… S’ils avaient retrouvé une diminution de mortalité ou même une absence d’augmentation de mortalité, je doute qu’ils se soient privés de le dire. La liste des conflits d’intérêt des auteurs suffit à comprendre l’orientation de l’article. Bref, se méfier des « augmentation de traitements » que pourraient subir les patients suite à cette méta-analyse.
C’est fini pour cette semaine! Bonne nuit et à très bientôt pour un prochain Dragi Webdo (Promis, le prochain, j’essaye de le publier le dimanche!)
@Dr_Agibus

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Dragi Webdo n°129: fin de vie, recommandations BPCO (SPILF), dyslipidémies (reco US), ACFA et AVK post AVC-hémorragique, magnésium, lombalgie

Bonsoir! Je voudrai commencer ce billet avec le site « parlons fin de vie » qui a été mis en place pour parler de la fin de vie. Les explications et modèles sur les directives anticipées et la personne de confiance sont facilement consultable et compréhensible pour les patients. A partager largement.
1/ Cardio-vasculaire
Le collège américain de cardiologie a publié des recommandations sur les traitements non-statine dans les dyslipidémies. D’abord, ces traitements recommandés sont soit: l’ezetimibe (qui a démontré un bénéfice cardiovasculaire avec difficulté dans IMPROVE-IT en prévention secondaire), soit: les anti-PCSK9 (on en avait parlé un peu ici). Donc, on ne parle nulle part de fibrate, hein. Reprenons. Cette reco dit qu’il faut un traitement quand les statines ne sont pas tolérées ou insuffisantes pour 4 types de patients:
– ceux en prévention secondaire avec un LDL >1g/L
– ceux avec un LDL > 1,9g/L
– les patients diabétiques avec un LDL > 1g/L
– les patients avec un risque AHA/ACC > 7,5% soit à très haut risque. Ce qui est bien avec cette reco, c’est que les patients à risque modéré n’ont pas à être traité (contrairement à ceux à risque modéré dans les recos de l’ESC).
Bref, dans les autres situations ou les statines ne sont pas tolérées, y avait il une réelle indications à proposer une statine?

Le JAMA internal medicine a soulevé la question de la poursuite des anticoagulants dans la FA après un épisode d’hémorragie cérébrale. C’était une étude observationnelle de plus de 2000 patients avec fibrillation auriculaire. Il faut catégoriser les patients selon la cause de l’hémorragie: AVC hémorragique ou hématome post-traumatique. La reprise de la warfarine était associé à moins d’AVC ischémique pour les 2 causes mais plus récidive d’hémorragie en cas d’AVC hémorragique qu’en cas de traumatisme. La mortalité globale était même diminuée dans les groupes avec reprise de l’AVK. Cependant, dans cette étude prospective pragmatique, il est fort probable que les patients ayant poursuivi les AVK après l’hémorragie cérébrale ait été en meilleur forme que les autres, comme le montre les taux de récidive dans le groupe traumatique: peu de récidive car les patients avec AVK poursuivi tombent moins, alors que dans le groupe AVC hémorragique, le facteur « récidive spontanée » est moins lié à l’état du patient qu’a la prise de l’AVK: augmentation des hémorragies.
Il serait donc vraiment important devant l’absence de connaissance solides sur ce problème d’avoir un essai contrôlé randomisé (si quelqu’un en a un en stock, ça m’intéresse!)



Un article presque attendu depuis longtemps pour les partisans du magnésium: enfin, une méta-analyse retrouve que les patients prenant du magnésium ont: une mortalité globale moindre! Mais également moins d’AVC, moins de diabète et moins d’insuffisance cardiaque. Malheureusement, aucun essai contrôle randomisé n’a réussi à le démontrer. Cette méta-analyse s’est effectuée sur des études de cohorte, ce qui n’est pas si mal, mais qui va soulever le biais des habitudes alimentaires des patients. Mais devant l’absence d’argument pour des effets secondaires graves, au pire, le magnésium peut être un bon placebo…

2/ Pneumologie
Je les avais raté en fin d’années, mais voici les reco de la SPILF concernant la BPCO! En fait, elles sont plutôt proches de l’article présenté la semaine dernière. Elles sont pragmatiques: si pas de symptôme: pas de traitement de fond. En cas de symptômes avec dyspnée chronique prédominant: LABA, en cas d’exacerbation: LAMA (pour mémoire la dyspnée peut s’évaluer avec le mMRC2 ou le CAT>10). Si le traitement est inefficace, une petite subtilité intervient:
– soit les exacerbations se sont calmées mais la dyspnée persiste: double bronchodilatation LAMA/LABA
– soit le patient continue a faire des exacerbations mais n’est pas dyspnéique (mMRC<2): ajout d’un corticoïde inhalé (dans ce cas on est plutôt dans une association LAMA+CSI et non LABA+CSI si j’ai bien suivi le raisonnement des experts, mais comme cette association n’a pas été évaluée, c’est bien LABA+CSI )
Enfin, en cas d’échec, une trithérapie peut être entreprise, voire trithérapie plus ajout d’azithroymcine au long cours, seul moment où l’antibiothérapie préventive peut réduire les exacerbations chez des patients très exacerbateurs résistants au traitement.
Quelques restrictions à suivre: INNOVAIR seulement si VEMS < 50%, SERETIDE si VEMS < 60% et SYMBICORT si VEMS <70% post bronchodilatation

3/ Rhumatologie
Annals of internal medicine continue dans la lombalgie avec la revue de la littérature des différents traitements sur laquelle les recommandations On y retrouve que le paracetamol ne fonctionne pas quand on le compare au placebo sur des échelles de douleurs à 3 semaines ou sur l’incapacité fonctionnelle. Cependant, alors que les AINS semblent plus efficaces que le placebo, les études comparant AINS et paracetamol ne retrouvent pas de différence entre ces 2 traitements…. (Cherchez la logique) Bref, je persiste à penser qu’étudier la douleur après plusieurs semaines pour une pathologie qui est censé durer quelques jours n’est pas très pertinent. Concernant les benzodiazépines, pas d’efficacité démontrée à 5 jours sur la raideur et les douleurs mais plus d’effets secondaires neurologiques. Enfin, concernant les myorelaxant qui sont dits efficaces: les données sont en fait bien plus mitigées avec une majorité d’études retrouvant une inefficacité. Mais les auteurs s’appuient sur une méta-analyse de 2 articles (mouais…), publiée par la Cohrane (ah??) mais retirée car données dépassées et un protocole non conforme selon la Cochrane, et qui portait en fait sur la réhabilitation des membres supérieurs… Et si on continuait d’éviter de les utiliser?
C’est fini pour cette semaine! Mais pour rassurer ceux qui seraient inquiets et remettraient en cause leur capacité à faire de la « bonne médecine » à cause d’une mauvaise e-réputation (comme de mauvais commentaires sur les sites internets), un article retrouve l’absence de corrélation entre la note donné au chirurgiens par des patients et le taux de mortalité des patients à 30 jours  après un pontage coronarien!
A bientôt!
@Dr_Agibus

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Dragi Webdo n°120: Bénéfices/risques des inhibiteurs de DPP-4, statines forte dose efficaces sur la mortalité, contraception et diabète, ménorragies

Bonjour et bonnes vacances pour ceux qui vont en profiter cette semaine. Bon courage à ceux qui travaillent encore! Quand envisager des soins palliatif est une question parfois difficile. Une étude a posé la question « surprise »: « Seriez vous surpris si ce patient décédait dans les 12 prochains mois? » Si la réponse est oui, pensez à ce qui pourrait être entrepris. Sur ce, place aux actualités!
1/ Pharmacovigilance
Les informations pour arriver au nouveau monde mette vraisemblablement du temps. Plusieurs années après le retrait des glitazones du marché français, la FDA vient de reconnaitre que ces molécules augmentaient le risque de cancer de vessie.
L’ANSM quant à elle, a annoncé qu’il n’y avait pas de sur-risque de cancer pancréatique avec les inhibiteurs de DPP-4 et analogues du GLP-1.
2/ Cardiovasculaire
Un nouvel article sur les statines a été publié dans le JAMA. En prévention secondaire, les statines de forte intensité (rosuvastatine 20 et atorvastatine 40 au moins) sont recommandées mais sans qu’aucune étude ne prouve leur efficacité (elles n’ont d’ailleurs pas l’AMM). Une étude de cohorte chez des patients ayant un antécédent de maladie cardiovasculaire a été menée. Elle retrouve que les patients traités sous forte statine forte dose vs statine modérée ont un risque de mortalité global diminué! (Hazard Ratio après ajustement : 0,91 , NNT: 250 patients à 1 an). Méthodologiquement ça se tient, bien que ce ne soit pas un essai contrôlé randomisé, les patients ont été ajustés sur un score de propension prenant en compte (entre autres) le cholestérol et les co-traitements, ce qui donne un résultat indépendant pour ces facteurs. Concernant les effets indésirables, seul la survenue de diabète est répertoriée, et étrangement, elle n’est pas supérieure en cas de statine forte dose… (c’est ce résultat non cohérent qui pourrait faire mettre en doute la validité des analyses) Enfin, cette étude semble indépendante de l’industrie pharmaceutique et les auteurs n’ont pas de lien d’intérêt. Voilà qui peut faire réfléchir sur  la prévention secondaire par statine…
Statines,  toujours: cette fois ci, dans le JAMA neurology. Les auteurs retrouvent dans une étude de cohorte que la prescription de statine est associée à un moindre risque de maladie d’Alzheimer. Le problème de ces grosses études sur registre, c’est qu’il est très facile de savoir si un patient est sous statine ou pas, mais beaucoup plus dur d’établir si un patient a une maladie d’Alzheimer… Les patients sous statine se voient peut être plus poser le diagnostic de démence « vasculaire » que Alzheimer… De plus, il s’agit d’une association et non d’une causalité, on préfère aussi conserver la qualité de vie des patients Alzheimer âgés en arrêtant des statines en prévention primaire, alors qu’on les poursuite chez les patients « en meilleure forme ». Question c’est donc: prend-on moins bien en charge nos patients déments?
3/ Gynécologie
Un essai pragmatique a comparé l’efficacité des DIU au levonorgestrel versus les méthodes classiques dans la prise en charge des ménorragies. Les auteurs ne retrouvent pas de différence entre les groupes. Cependant, la mise en place de n’importe quel traitement améliorait significativement les symptômes et la qualité de vie des patients, qu’il s’agisse du DIU au levonorgestrel, de pilule oestro-progestative, de progestatif seul ou d’acide tranexamique.
4/ Diabétologie
Un article d’une grande importance pour commencer: une méta-analyse sur les inhibiteurs de DPP-4 de très bonne qualité vient d’être publiée. Les auteurs ont fait un funel plot montrant qu’il n’y a pas de biais de publication et ont finalement inclus une trentaine d’études. Ils retrouve une absence de bénéfice de mortalité globale, cardiovasculaire ou d’évènements cardiovasculaires parmi les presque 55 000 patients analysés. Cependant, il y avait significativement plus de pancréatites aigues et d’insuffisance cardiaque!
Cette méta-analyse a donc été effectuée 3 ans après celle que j’avais présenté ici et qui retrouvait un bénéfice en terme de prévention de mortalité totale et d’évènements cardiovasculaire. Il lui avait été reproché d’inclure des études de courte durée et de qualité médiocres, qui ont été exclues de la méta-analyse récente (qui au final, avec les études nouvelles a inclus quand même plus de patients). Malheureusement, il  n’y a pas eu d’analyse molécule par molécule pour voir si une se détachait néanmoins par rapport aux autres, car dans l’ancienne méta-analyse, la saxagliptine et vitagliptine portaient à elle seule les résultats cliniques retrouvés. Bref, peut être un bénéfice avec certaines molécules, mais pas de façon « globale » mais un risque quasi-certain de pancréatite et d’insuffisance cardiaque. (et je vais aller mettre à jour l’article sur le diabète de ce pas!)
Enfin, concernant la contraception des patients diabétiques, une étude de cohorte rétrospective a étudié la survenue d’évènements thrombo-embolique des patientes. Les auteurs retrouvent un moindre risque avec l’utilisation de DIU (6/1000 femmes) par rapport à 8 femmes / 1000 en cas de progestatif et 11 femmes /1000 en cas de contraception avec oestrogènes. Avant 35 ans, le risque thromboembolique est significativement plus élevé en cas de contraception hormonale, par rapport à une contraception non hormonale; après 35 ans, le risque d’un progestatif seul n’est plus significativement supérieur à celui d’une contraception non hormonale. Les auteurs concluent que malgré cette augmentation, le risque est minime et ne doit pas faire contre indiquer formellement les contraceptions hormonales aux patientes diabétiques.
Merci de votre fidélité, passez de bonnes fêtes et à bientôt!

@Dr_Agibus

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Dragi Webdo n°109: LDL cholestérol et risque cardiovasculaire, mesure de l’hypertension, acide folique, burn-out des médecins.

Bonsoir! 
Octobre commence, ce qui va rimer avec la successions de campagne de dépistage sur le cancer du sein. Une occasion de plus pour la sécu de pointer du doigt à quel point les généralistes n’atteignent pas leur « objectif » de mammographie effectuée. Est-ce le nombre de mammographie  ou le nombre de femmes à qui le dépistage a été expliqué et qui ont fait leur choix qui importe? Sur ce sujet, la vidéo de « cancer-rose » explique particulièrement bien les enjeux de ce dépistage, suivie des actus de la semaine!

1/ Cardio-vasculaire:
On va commencer par parler cholestérol, ce sujet est inépuisable étant donné que l’on trouve tout et son contraire. En effet, le JAMA a publié une méta-analyse retrouvant que chaque baisse de 1mmol/L de LDL (0,40g/L) est associé à une réduction de 23% des évènements cardiovasculaires avec une statine et de 25% avec un autre traitement hypolipémiant tel que le questran, l’ezetimibe, mais aussi règles diététiques et chirurgie bariatrique (autant dire que tout a été mélangé). Mêmes les fibrates diminueraient les évènements cardiovasculaires (RR: 0,88). Les auteurs concluent que le NNT pour éviter 1 évènement cardiaque par baisse de 1mmol/L le LDL est de 67 en prévention primaire et 22 en prévention secondaire. J’ai toujours du mal à comprendre comment à partir d’études qui ne montrent pas de différence significative, on retourne le critère de jugement pour déduire que le critère « intermédiaire » (baisse de LDL) est associé à l’évènement cardiovasculaire grâce au traitement. Probablement qu’en incluant des patients avec des LDL supérieure à 2g/L dans certaines études, une baisse de cholestérol quelque soit le moyen puisse être associé un gain cardiovasculaire (mais est ce parce que le cholestérol baisse que le risque cardiaque diminue ou le contraire?). L’hétérogénéité des études ne permet à mon avis pas de conclure sur l’efficacité des traitements en prévention cardiovasculaire, mais remontre bien une association pas forcément causale entre LDL et évènement cardiovasculaire.
Chez le concurrent du JAMA, dans le BMJ Open, une revue de la littérature étudiait cette association LDL et mortalité chez les plus de 60 ans (les « elderly », qui ne sont pas si âgés que ça en fait…). Les auteurs retrouvent que dans certaines études, le LDL élevé n’est pas associé à la mortalité; que dans d’autres il est associé à une augmentation de la mortalité, et enfin que dans certaines études, un LDL bas était aussi associé à une augmentation de la mortalité! Cette analyse (qui comporte néanmoins un certain nombre de biais de sélection des études analysées) remet en cause la « théorie du cholestérol » et oriente vers un bénéfice des molécules dans la prise en charge du risque cardiovasculaire et non un bénéfice de la baisse du LDL.
Une nouvelle étude, cette fois ci publiée dans le journal Circulation, a comparé un traitement intensif du diabète en post-infarctus (objectif de glycémie à jeun entre 0,85 et 1,1g/L) versus un traitement standard. Les auteurs retrouvent que le traitement intensif augmente la mortalité cardiovasculaire et la mortalité globale chez les patients traités intensivement 30 jours après leur infarctus, une différence qui persiste dans le même sens jusqu’à 5 ans après! Le nombre de patients à traiter pour entrainer un décès (NNH) était de 35 à 30jours et de 13 à 5 ans. Après un infarctus, il faut bel et bien revoir les objectif glycémiques à long terme à la hausse.
Enfin, un article parle des conditions de mesures tensionnelles au cabinet. Ainsi, laisser le patient se reposer 5 minutes en l’absence du praticien abaisserai en moyenne sa tension de 10/7 mmHg. Les résultats obtenus dans l’étude SPRINT ont été obtenus dans ces conditions et visait une tension systolique inférieure à 120mmHg, ce qui correspondrait à un objectif de 130mmHg pour des mesures « classiques en cabinet ». Or le groupe traitement intensif dans Sprint avait 121mmHg de PAS (->131mmHg) et le groupe non intensif 136mmHg (-> 146mmHg en conditions classiques). L’étude Sprint aurait dont mis en évidence qu’il fallait cibler une tension inférieure à 140mmHg mesurée de façon classique pour diminuer le risque cardiovasculaire. Pour revenir sur les mesures tensionnelles, il faut adapter les cibles au mode de mesure: les seuils ont déjà été abaissé à 135/85 pour des automesures, peut être faut il considérer 130/80 si la mesure est faite après 5 minutes de repos.
2/ Néphrologie
Un essai contrôlé randomisé publié dans le Jama Internal Medicine a étudié l’association enalapril 20mg + acide folique 0,8mg versus enalapril 20mg en prévention de l’insuffisance rénale chez des patients de 45 à 75 ans hypertendus en prévention cardiovasculaire primaire. Les auteurs retrouvent une réduction significative du déclin de la fonction rénale dans le groupe « acide folique » à 4 ans, notamment chez les patients ayant une maladie rénale chronique préexistante ou un DFG initial estimé inférieur à 60ml/min. L’étude princeps avait montré une diminution des AVC également avec l’ajout d’acide folique! Et vous allez me dire: pourquoi ne mettons pas de l’acide folique à tous ces patients étant donné qu’ils avaient des folates à 7 (Norme: 5-15)? Parce qu’heureusement, entre les lignes de l’étude princeps, on retrouve le dosage de la mutation génétique MTHFR C677T qui est impliqué dans le métabolisme de l’acide folique et présente à l’état homozygote chez 25% de la population chinoise contre 10% à peine en France: ce qui peut expliquer les résultats de l’étude. Moralité: même les belles études publiées dans les grandes revues et qui ont l’air applicables ne le sont pas forcément.


3/ Psychiatrie

Une étude semblait favorable à la prise de paroxetine chez les adolescent ayant un épisode dépressif majeur après 8 semaines de traitements. Cependant, la suite de l’étude vient d’être publiée, et dès 12 semaines et jusqu’à la fin de l’étude à 32 semaines, l’efficacité des antidépresseurs (paroxetine ou imipramine) n’a pas été supérieure au placebo, contrairement au nombre des effets indésirables. Les prise en charges psychologiques restent le traitement principal des épisodes dépressifs majeurs de l’adolescent.

Le Lancet a publié une méta-analyse sur la prise en charge du burn-out des médecins. L’étude retrouve que la plupart des interventions ont diminué le burn-out et ses composantes de détresse émotionnelle et de dépersonnalisation. Ces interventions sont cependant peu décrites, mais on retrouve: des aménagements de poste, ateliers de gestion du stress, des psychothérapies et méditation en pleine conscience.


4/ Infectiologie

Pour finir sur une note positive au niveau de la vaccinologie, il semblerait d’après une étude canadienne qu’un taux de vaccination anti HPV 16 de 40% chez les femmes permette une réduction de la prévalence des HPV 16 de près de 50% chez les femmes et 65% chez les hommes avec un bénéfice qui apparaitrait dès 20% de couverture (soit, environ le taux de vaccination actuel en France). Sur les autres souches vaccinales l’efficacité était supérieure au HPV 16. Attendons maintenant de voir si ces modèles statistiques ont raison dans des études de cohorte.
C’est fini pour cette semaine, bonne reprise et à la semaine prochaine!
@Dr_Agibus 

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Dragi Webdo n°35: NACO (HAS), dyslipidémie, HTA gravidique, asthme (NICE), lait et infections, anti-grippaux, anti-arthrosiques, soutien psy

Bonjour,
J’espère que votre semaine a été bonne et que ceux qui ont pu aller aux congrès des internes de médecine générale ont été satisfaits. Pour ceux qui n’y étaient pas, vous pouvez retrouver les principales choses qui s’y sont passé grâce à #congresIMG . On enchaine sur les autres actus!

1/ Cardio-vasculaire

Pour commencer, la HAS a émis un rapport sur les différents NACO (AOD). Elle rappelle que ces traitements sont à utiliser en seconde intention pour les patients non contrôlable par AVK ou ayant une contre-indication aux AVK. Elle note que seule l’Apixaban montre une amélioration mineure du SMR par rapport aux AVK dans la fibrillation auriculaire.

Pour revenir une nouvelle fois à la problématique cholestérol. Il semblerait que chez les adultes jeunes avec un cholestérol non-HDL supérieur à 1,6g/L voient quand même augmenter leur risque de coronaropathie de  39% par dizaine d’année de cholestérol modérément élevé. 85% de ces patients n’ont pas d’indication à débuter un traitement médicamenteux, mais les règles diététiques semblent indispensables pour faire diminuer ce risque.

Pendant la grossesse, les seuils d’objectif de traitements de l’HTA gravidique sont variables. Il semblerait qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir un contrôle particulièrement strict. En effet, un objectif de PAD à  100mmHg n’entraine pas plus de complications maternelles et néonatales qu’un objectif à 85mmHg, et ce même avec un nombre d’hypertension sévère (>160/110) bien supérieur dans le premier groupe.

2/ Pneumologie

Les anglais du NICE ont émis des recommandations pour améliorer la prise en charge de l’asthme. Le problème posé est celui du diagnostic et des nombreux patients étiquetés asthmatiques qui ne le seraient pas. Le diagnostic repose donc sur la clinique associée à des EFR. Et après avoir mis en évidence un syndrome obstructif réversible, ils recommandent de mesurer la fraction expirée de NO qui doit être supérieure à 40 pour confirmer le diagnostic (non nécessaire avant 16 ans si EFR typique). L’algorithme est un peu complexe quand même, et mène au final à de nombreux test pour confirmer ou infirmer la présence d’asthme.

Parlons un peu de lait. En effet, une étude a retrouvé que consommer du lait non pasteurisé était associé, à 12mois, à une diminution des infections respiratoires et des syndromes infectieux de 22% et 30%, et même de  85% pour les otites!

Enfin, alors que le vaccin anti-grippal a une efficacité particulièrement faible cette année, la direction générale de la santé recommande l’utilisation des traitements anti-viraux chez les personnes vulnérables (de plus de 85 ans, en gros, chez qui la mortalité est augmentée). Une méta-analyse publiée dans le lancet. Elle retrouvait une diminution de la durée des symptômes de  24 heures par rapport au placebo. Je lis bien une diminution de 40% des hospitalisations et des complications, mais j’aurai aimé avoir accès à l’article pour voir les chiffres absolus de survenue de ces évènements. Les effets indésirables: 10 % de nausées et vomissements chez les patients traités par oseltamivir. Bref, on n’en attendais pas moins d’une méta-analyse des essais menés par le vendeur du médicament.

3/ Rhumatologie

Il était temps. La glucosamine va être déremboursée au premier mars 2015. Des effets indésirables bien supérieurs au bénéfices prouvés justifient cette décision.

Pour rester dans l’arthrose, une méta-analyse Cochrane a étudié les effets de la chondroitine. Comme attendu, l’efficacité est faible et incertaine, avec une diminution de 6% des douleurs (score WOMAC), pour des durées inférieures à 6 mois de traitement. Les effets indésirables n’étaient pas supérieurs au placebo, mais 3% d’effet indésirable graves, c’est toujours plus que rien…

4/ Psychiatrie

On finira sur un peu de psychiatrie. En soins primaires, les traitements de l’anxiété et de la dépression n’ont pas d’effets très francs compte tenu de la population qui ne correspond pas à celles des grandes études de psychiatrie. Cependant, les thérapies cognitivo-comportementales sont un traitement efficace. Le problème, le prix des thérapeutes qui peut parfois poser problème…

Les dernières lignes de la semaines seront pour les aidants des patients atteints de démence. Les aidants n’ayant pas de soutien psychologique ont 7 fois plus de risque de faire une dépression. Alors, ne les oublions pas.

Passez une bonne semaine, et à bientôt!

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Publié dans actualité, Cardiologie, Congrès, DragiWebdo, dyslipidémie, HAS, médecine, NICE, veille bibliographique | Commentaires fermés sur Dragi Webdo n°35: NACO (HAS), dyslipidémie, HTA gravidique, asthme (NICE), lait et infections, anti-grippaux, anti-arthrosiques, soutien psy

La cardio, j’y comprends rien!

   En médecine générale, le médecin est souvent confronté aux médicaments ayant des actions cardio-vasculaire, que ce soit en prévention primaire, secondaire ou dans les suites d’un traitement introduit par un spécialiste. Bêtabloquants, IEC, ARAII, inhibiteurs calcique, statines, quelles différences y a-t-il entres les molécules et comment s’y retrouver ? 
J’ai mis longtemps à essayer de faire la différence sans vraiment comprendre, à reproduire ce que les chefs prescrivaient à l’hôpital sans trop savoir pourquoi. Alors, j’ai décidé de me plonger un peu dans cette affaire!
     A) Bêtabloquants
Les bêtabloquants sont une classe fréquemment utilisée dans de nombreuses indications : anti arythmique, anti hypertenseurs, insuffisance cardiaque et coronaire… Il ne faut bien évidement pas se laisser dépasser par ces nombreux usages, les introduire de façon progressive et tenir compte des contre indications qui sont relativement fréquentes :
          L’asthme ou la BPCO sévère
          L’ischémie critique des membres inférieurs et AOMI stade supérieur a III
          La bradycardie < 45/min et les BAV II ou III
          Les états de décompensation cardiaque et coronaire. (1)
Je vais tenter de clarifier ce qui est des différents bétabloquants pour une application adaptée à la médecine générale: Cardiosélectifs ou non, avec une activité sympathomimétique intrinsèque, avec effet alphabloquant… et quand les prescrire.
Le propanolol est le bêtabloquant non cardiosélectif de référence pour traiter des symptômes périphériques : migraine, troubles liées à l’hyperthyroïdie, varices œsophagiennes, angoisses, tremblement essentiel post-infarctus du myocarde (IDM) et l’HTA. Il se prend en 1 à 2 fois par jour selon que l’on utilise une forme LP ou non. (1,2)
Le bisoprolol est le bêtabloquant particulièrement cardiosélectif, adapté dans l’indication d’insuffisance cardiaque. Son effet cardiosélectif étant assez prononcé, on peut l’utiliser en cas d’AOMI stade I et II  et de BPCO non sévère. Il se prend en 1 prise par jour (1,2)
L’acébutolol est un bêtabloquant légèrement cardiosélectif, avec une activité sympathomimétique intrinsèque. Il a une AMM dans l’HTA, les troubles du rythme supra-entriculaires et  le post-IDM et est à privilégier en cas de fréquence cardiaque basse (< 60/min) (1,2,3).
Les autres bêtabloquants ne sont pas du domaine du généraliste. Le carvédilol et le labétolol ont un effet alphabloquant et ont des indications respectives dans l’insuffisance cardiaque congestive en prescription par un cardiologue d’une part et  dans la pré-éclampsie et le phéochromocytome d’autre part. Enfin, le sotalol est utilisé par les cardiologues dans les troubles du rythmes (2)
Tableau récapitulatif des Bêtabloquants : (2)
En conclusion, le propanolol est le bêtabloquant de choix dans la plupart des indications. En cas d’insuffisance cardiaque, le bisoprolol est à privilégier, et en cas de fréquence cardiaque  inférieure à 60/min, l’acébutolol peut avoir un intérêt.
   B)  IEC  et ARA II
Les IEC sont des médicaments dont l’intérêt a été démontré dans l’HTA , l’insuffisance cardiaque, le post IDM et la prévention des néphropathies en cas de maladie rénale chronique. Il faut savoir qu’une élévation de la créatinine est normale dans les semaines suivant l’introduction de l’IEC et doit être acceptée jusqu’à +25% ; une sténose des artères rénales doit être recherchée en cas d’augmentation supérieure (4). Les principaux effets secondaires sont la toux apparaissant entre J7 et quelques mois, l’hyperkaliémie, l’insuffisance rénale et des effets tératogènes (2) .Les plus étudiés sont l’énalapril et le ramipril qui ont tous deux prouvé leur efficacité bien qu’aucune diminution significative de la mortalité ait été prouvé dans l’indication d’insuffisance rénale (5). Si je devais faire une différence entre les deux, je dirais que l’énelapril a été principalement étudié dans l’insuffisance cardiaque(6) et le ramipril dans le post-infarctus (7). Sur un faible niveau de preuve le ramipril, selon certaines études semble discrètement supérieur à l’énalapril aussi bien dans l’insuffisance cardiaque (7bis) que dans l’hypertension (7 ter, oui, j’avais oublié des références). Concernant les effets indésirables, le ramipril n’est pas le pire, malgré un peu plus d’hyperkaliémie que d’autres (7quater, idem….).
En cas de mauvaise tolérance des IEC (allergie et oedème de Quincke, toux) , il est judicieux d’utiliser un ARAII bien que les preuves d’efficacité soient moindre que celles des IEC. Le choix d’un ARAII en première intention ne se justifie pas selon l’HAS, en partie à cause du cout supérieur de ceux ci par rapport aux IEC (Ramipril5mg 37centimes/cp et losartan50mg 70centimes/cp). Trois sartans ont été principalement étudiés : le losartan, le valsartan et le candésartan d’après mes recherches dans la Revue Prescrire (5). Le losartan est un ARAII ancien bien connu dont les effets dans l’insuffisance cardiaque, l’HTA, le post IDM sont démontrés, et il dispose d’AMM dans l’atteinte rénale des diabétiques de types 2 (8). Le candésartan  a été particulièrement étudié dans l’insuffisance cardiaque ou il semble supérieur au losartan  (9). Enfin, le valsartan, bien qu’éclaboussé actuellement par le scandale de la falsification des études japonaises (KYOTO HEART STUDY), a prouvé comme le losartan une efficacité clinique dans l’HTA et diminue la morbidité dans l’insuffisance cardiaque comme le candésartan  (10). 
En pratique, le principal est de choisir une molécule et de bien la connaitre, les différences étant faibles. Personnellement, je trouve que le ramipril est un bon choix, quand on est averti qu’il est fréquent qu’il nécessite 2 prises par jour à cause d’une demi vie relativement courte. En cas d’intolérance, le valsartan semble avoir un niveau de preuve suffisant sur l’ensemble des indications, même s’il n’est pas le meilleur si l’on regarde chaque indication séparément.
   C)  Inhibiteurs calciques
Les inhibiteurs calcique peuvent être divisés en 3 catégories dont les propriétés permettent de choisir les anti hypertenseurs les plus appropriés pour les indications  suivantes : angor, HTA, troubles du rythme et post-IDM en cas de contre indication aux béta bloquants.
Le vérapamil est un inhibiteur calcique bradycardisant avec une forte action myocardique, pouvant être utilisé dans les troubles du rythme cardiaque et en post infarctus en cas de contre indication aux beta-bloquants (1,2)
Les dihydropyridines de 1ere génération (nicardipine) ont une forte action vasculaire et sont utile dans l’HTA (2). Celles de 2eme génération (amlodipine) ont un effet intermédiaire en ayant a la fois une action vasculaire et myocardique (2). L’amlodipine semble légèrement supérieur à la nicardipine et bénéficie d’une posologie en 1 prise par jour (11). Leurs contre indications sont rares et concernent principalement le verapamil et le diltiazem : les BAV 2 et 3 et l’insuffisance cardiaque (1,2).
   D)   Statines
Les statines sont un des traitements les plus incontournables en prévention cardio vasculaire primaire et secondaire. En prévention primaire, une indication à un traitement est à évaluer pour un LDL-cholestérol (LDLc) supérieur à l’objectif, calculé en fonction du nombre de facteur de risque cardio vasculaire (HTA, diabète, tabagisme, antécédent familiaux d’infarctus du myocarde, HDLc bas) (12).
L’intérêt des statines en prévention primaire a cependant été remis en cause par les récents écrits sur le sujet des Pr Even et Pr Debré déclarant que l’abaissement du LDLc n’avait pas de bénéfice en terme de morbi-mortalité, et qu’alors la balance bénéfice-risque des statines était défavorable compte tenu de leurs risque de rhabromyolyse, de troubles hépatiques, d’interaction médicamenteuse et peut être de diabète (13). Cependant, toutes les statines n’ont pas la même preuve d’efficacité et de tolérance. A l’heure de l’Evidence Based Medecine, il faut être capable en médecine générale, de ne pas suivre les préceptes des leaders d’opinion, et de se rechercher les données dans les bases de données de la littérature. Quatre statines se détachent dans les usages de la classe thérapeutique : la simvastatine, la pravastatine, l’athorvastatine et la rosuvastatine.
Sur le pourcentage espéré de baisse du LDLc, la simvastatine et l’athorvastatine  permettent des baisses de 40 à 50% selon les études et la posologie. La pravatatine permet des baisses moindres se situant entre 20et 30%. La plus « puissante » semble être la rosuvatatine qui permettrai des baisses de 40 à 60% selon les dosages (14).
L’efficacité en termes de mortalité n’est néanmoins pas forcément corrélée à cette baisse. En effet, en prévention primaire et secondaire, seuls la simvastatine (15) et la pravastatine (16) ont diminué la morbi-mortalité à un an.  En préventions primaire, l’atorvastatine n’a démontré qu’une diminution de la morbidité sans diminution de mortalité et la rosuvastatine est efficace mais est cependant associée à une augmentation du nombre de diabète supérieure par rapport aux autres statines (17). Les recommandations HAS rappellent d’ailleus que la rosuvastatine et l’atorvastatine n’ont pas démontré d’efficacité en prévention secondaire et n’ont d’ailleurs pas l’AMM!!! (18)
Sur le plan des interactions, l’atorvastatine et la simvastatine sont métabolisées par le cytochrome P450 est expose a des interactions fréquentes. La pravastatine et la rosuvastatine ne le sont pas et sont a privilégier en cas de risque important. Il faut noter que la pravastatine interagit fortement avec la ciclosporine. (1)
Les recommandations actuelles sur la prise en charge des dyslipidémies est en pleine évolution. Suite aux recommandations américaines favorisant la baisse du cholestérol en pourcentage et supprimant les objectifs de cholestérol (19), le Collège National des Généralistes Enseignants a poursuivi sur la lancée en recommandant de ne plus utiliser d’objectifs ni de contrôler les valeurs de LDL en dehors de s’assurer de l’observance, l’effet des statines étant, d’après les connaissances actuelles, propre au traitement et non à la valeur du LDL-cholestérol (20). Mais très récemment, l’étude IMPROVE-IT (sponsorisée par BigPharma) semble montrer qu’un LDL cholestérol inférieur à 0,5g/L par statine associé à l’ézétimibe diminue la mortalité par rapport à un LDL cholestérol inférieur à 0,7g/L sous statine seule (21). Le débat risque donc d’être relancé…
En pratique, les statines  que je privilégierai serai donc, aussi bien en prévention primaire, qu’en prévention secondaire, la simvastatine, ou la pravastatine en cas de risque d’interaction médicamenteuse. La surveillance s’effectue avec un bilan hépatique pouvant conduire à l’arrêt du traitement en cas de transaminases supérieures a 3N, et un dosage des CPK en cas de myalgies nécessitant l’arrêt du traitement en cas de seuil supérieur à 5N (22).
 
J’espère que vous y verrez un peu plus clair! Si des spécialistes de la question veulent partager leur avis et m’incendier (preuves à l’appui), c’est avec plaisir que je m’ouvrirais à leur arguments! Dans la mesure du possible, je vais essayer de faire de temps en temps quelques revues de la littérature, si ma veille bibliographique me laisse le temps de le faire. J’ai aussi quelques idées de billets un peu plus « spirituels » mais le temps me manque également… Bref, bonne soirée!
Et pour ceux qui voudraient relire ma précédente réflexion sur la vaccination anti-HPV, c’est par ici!
Bibliographie :
(1)    Vidal 2012
(2)    Cardiologie et maladies vasculaires, David ATTIAS, Bruno BESSE, Nicolas LELLOUCHE, ed. VERNAZOBRES – Médecine internat KB. 2013
(3)    « Quel bêtabloquant prescrire ? » La Revue prescrire n°153, 1995
(4)    Néphropathie : Association canadienne du diabète 2003
(5)    Rémunération sur résultats – Objectif cible : au moins 65 % de prescriptions d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) sur le total des prescriptions d’IEC et de sartans. La revue Prescrire n°356, 2013
(6)    Effects of enalapril on mortality in severe congestive heart failure. Results of the Cooperative North Scandinavian Enalapril Survival Study. The CONSENSUS Trial Study Group. N Engl J Med 1987.
( 7)    Ramipril: a review of its use in the prevention of cardiovascular outcomes.Warner GT, Perry CM. 2002
  (7bis) Effect of different ACE inibitors on mortality among elderly patients with congestive heart failure, CMAJ,  Louise Pilote, 2008.
 (7ter)Different ACE inhibitors and the associations with overall and cause-specific mortalities in patients with hypertension, American Journal of Hypertension, Chia-Hsuin Chang. 2014.
 (7quater) Adverse drug reaction monitoring with ACE inhibitors: a prospective randomized open-label comparative study. Indian Journal of pharmacology, Nishant V Sangole 2010.
 (8)    HTA : traitement de deuxieme ligne , la revue prescrire n°293, 2008
(9)    Eklind-Cervenka M. Association of candesartan vs losartan with all-cause mortality in patients with heart failure. JAMA 2011
(10)Les copies du mois – valsartan avec ou sans hydrochlorothiazide : un sartan d’intérêt clinique démontré  LA revue Prescrire n°336, 2011
(11) Randomized, comparative, double-blind study of amlodipine vs. nicardipine as a treatment of isolated systolic hypertension in the elderly. Mounier-Véhier C, Fundam Clin Pharmacol. 2002.
(12)Prise en charge des dyslipidémies, Afssaps 2005.
(13)La vérité sur le cholestérol, Pr Even 2013.
(14) Weng TC et al Clin Pharm Ther 2010
(15)Heart protection collective group MRC/BHF Heart Protection Study of cholesterol lowering with simvastatin in 20,536 high-risk individuals: a randomised placebo-controlled trial. Lancet 2002
(16) West of Scotland Coronary Prevention Group. West of Scotland Coronary Prevention Study: identification of high-risk groups and comparison with other cardiovascular intervention trials. Lancet 1996
(17) Ridker P et al . rosuvastatine to prevent cardiovascular events in men and women with elevated CRP. NEJM 2008
(18) Prévention cardio-vasculaire :le choix de la statine la mieux adaptée dépend de son efficacité et de son efficience , Fiche de bon usage des médicaments, HAS,  2012
(19) Stone NJ, Robinson J, Lichtenstein AH, et al. 2013 ACC/AHA guideline on the treatment of blood cholesterol to reduce atherosclerotic cardiovascular risk in adults: A report of the American College of Cardiology/American Heart Association. J Am Coll Cardiol 2013
(20) Patient hypercholestérolémique : abandonner les cibles de LDL et traiter par statine selon le risque cardiovasculaire. Le CNGE demande une mise à jour des recommandations françaises qui ne sont plus adaptées aux données de la science – Avril 2014
(21)  IMProved Reduction of Outcomes: Vytorin Efficacy International Trial,  Dharam J. Kumbhani, 2014, lu le 23 novembre 2014 @ http://www.cardiosource.org/science-and-quality/clinical-trials/i/improve-it.aspx?w_nav=RI
(22) Recommandations de la société européennes de cardiologie 2011.

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Dragi Webdo n°12

Bonjour!
Moi qui pensais que l’été allait être calme, et ben non! Les recommandations de toutes les sociétés arrivent de toutes part…. Peut être que la pause sera pour août…

Alors, comme je le disais, commençons par les recos! Faisant suite aux recommandations américaines de 2013, le NICE , responsable des recommandations britanniques se lance dans la prise en charge des dyslipidémies. Pas de cible de cholestérol mais une baisse en pourcentage par rapport à la valeur initiale. En prévention primaire, ils recommandent un traitement chez les patients ayant un risque d’évènement cardiovasculaires supérieur à 10% à 10 ans selon un nouveau calculateur  (plus adapté à la population européenne) et calculant le risque après 80 ans (en argumentant d’une diminution des infarctus non fatals grâce aux statines après cet âge). Alors que leurs recommandations précédentes se tournaient vers de la simvastatine (dont l’efficacité est démontrée en terme de morbi-mortalité en prévention primaire et secondaire), ils recommandent désormais un traitement par atorvastatine (dont le bénéfice en prévention primaire est démontré chez le patient obèse diabétique et qui n’a malheureusement pas d’AMM européenne en prévention secondaire…) Le lobbying y serait il pour quelque chose?

Restons dans les recommandations du NICE, sur l’insuffisance rénale chronique cette fois ci. Ce qu’il faut noter, est qu’elles sont relativement concordantes avec les recommandations de l’HAS de 2012 invitant à introduire un traitement pas IEC rapidement et à adresser au néphrologue à partir d’une clairance inférieure à 45ml/min mesurée en CKD-EPI . La nouveauté qu’ils évoquent est l’utilisation d’une estimation du DFG par une mesure de la cystatine C pour confirmer le diagnostic qui doit être inférieur à 60ml/min (surtout en cas d’absence de protéinurie ou d’estimation de DFG basée sur la créatininémie entre 45 et 60ml/min).

Ensuite, les recommandations de prise en charge de l‘HAS concernant l’insuffisance cardiaque (IC). Une recommandations relativement bien faite, avec l’intervention de cardiologues, de généralistes, de médecins généraliste et d’infirmiers. On y retrouve la distinction entre l’IC systolique avec un traitement reposant essentiellement sur les IEC et les bêta-bloquants et l’IC à fonction systolique préservée. La place du médecin traitant est renforcée, la fin de la fiche comprend les différents tests utilisable pour évaluer l’état général du patient (ADL, IADL, MMS, questionnaire d’observance…) Seul regret, une contradiction avec les recommandations de l’ANSM qui, à juste titre je pense, dit que l’association IEC+ARAII est dangereuse et inefficace dans l’insuffisance cardiaque, et la fiche HAS qui laisse la porte ouverte à cette association après avis du cardiologue…

Et enfin, je n’approfondirais pas trop, mais voila des recommandations sur la prise en charge du traumatisme crânien léger chez l’enfant pouvant aider à mieux juger des situations nécessitant d’adresser aux urgences avec deux algorithmes selon l’age (inférieur à 2 ans et supérieur à 2 ans).

Passons d’un extrême de la vie à l’autre. Gériatrie. On hésite souvent à faire opérer les patients de plus de  80 ans. Effectivement, selon l’association américaine de chirurgie orthopédique, il y a une mortalité supérieure par rapport aux patients de 65 à 79 ans dans les suites opératoires des chirurgies orthopétiques, mais le surrisque semble minime, notamment chez des patients avec peu de comorbidités chez qui l’oppération pourrait être vraiment profitable.

Dans l’ostéo-articulaire toujours, le paracetamol est le médicament donné en 1er choix, les AINS n’ayant pas montré de supériorité par rapport à cette molécule mais présentant des effets indésirables supérieurs. La question qu’il restait à se poser était de savoir si le paracetamol est plus efficace que le placebo. Visiblement d’après cette étude du Lancet, rien n’est moins sur avec comme critère de jugement la durée jusqu’à obtenir une EVA inférieure à 1 pendant 7 jours consécutifs.

Gynécologie. Première bonne nouvelle pour les femmes, la pilule du lendemain au levonorgestrel a été réévaluée et les études ne confirment pas la diminution voire l’absence d’efficacité chez les patientes respectivement en surpoids ou avec un IMC supérieur à 30. L’EMA a donc déclaré ce mois ci que les pilules du lendemain pouvaient être utilisées quelque soit l’IMC des patientes.

Deuxième bonne nouvelle pour les femmes souffrant d’infertilité. C’est pas nouveau, mais j’avoue ne pas avoir été au taquet sur les mises à jour… D’après cette intervention du Pr BELAISH-ALLARD , la définition de l’infertilité a été réduite à 1 an au lieux de 24 mois, ce qui permet de ne pas perdre de temps dans des prises en charges selon longues. De plus, après 35 ans, la prise en charge doit être plus rapide et doivent consulter après 6 mois! Le reste de l’entrevue est par ailleurs intéressante quand on n’est, comme moi, pas très calé dans le domaine…

Il n’y avait pas eu de paragraphe diabétologique le mois dernier, je vais donc remédier à cela. D’abord, à propos de ce que certains appellent le « pré-diabète » ou encore « l’hyperglycémie modérée à jeun » ou « intolérance au glucose » et définies comme une glycémie à jeun entre  6,1 et 6,9mmol/L (1,1-1,25g/L) ou une HbA1C entre 5,7% et 6,4%  selon les américains. Ces deux dernières appellations semble plus adaptées car à 10 ans, il y a moins de la moitié de ces patients qui développent un diabète! Dans tous les cas, les règles diététiques peuvent encore diminuer cette proportion de patients.

Enfin, dans les outils utiles et innovant, je soulignerais cette démarche de recueil de dons pour financer le « personnal Drink ID » qui permet, en plongeant le dispositif dans son verre lors d’une soirée, de s’assurer de l’absence de GHB, connue comme étant la « drogue du viol ». Vous trouverez de plus amples informations ici.

A la semaine prochaine, et pensez bien à boire du lait tous les jours, mesdames, ça diminue la progression de l’arthrose du genou!

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