Suivez nos nouveaux articles en vous abonnant à notre newsletter
Systémique médicale
Fermer l’aperçu
Loading...1 bouffée matin et soir
Fermer l’aperçu
Loading...Alors comment ça va ?
Fermer l’aperçu
Loading...Alors Voilà.
Fermer l’aperçu
Loading...Anti-Dr. Knock
Fermer l’aperçu
Loading...Antisèches de consultation en médecine générale
Fermer l’aperçu
Loading...Armance
Fermer l’aperçu
Loading...ASK
Fermer l’aperçu
Loading...AtouSante
Fermer l’aperçu
Loading...Atoute.org
Fermer l’aperçu
Loading...Behind The Mask
Fermer l’aperçu
Loading...Betadine Pure
Fermer l’aperçu
Loading...Blog de Laurent Vercoustre
Fermer l’aperçu
Loading...Boules de Fourrure
Fermer l’aperçu
Loading...Box de consultation – 2 Garçons, 1 Fille : 3 Sensibilités
Fermer l’aperçu
Loading...Chroniques d'un jeune médecin quinquagénaire
Fermer l’aperçu
Loading...Coffee break science
Fermer l’aperçu
Loading...Comme des briques roses
Fermer l’aperçu
Loading...De l'O2 dans le gaz
Fermer l’aperçu
Loading...DE LA MEDECINE GENERALE, seulement de la médecine générale
Fermer l’aperçu
Loading...Dernières nouvelles du front
Fermer l’aperçu
Loading...Dix Lunes
Fermer l’aperçu
Loading...Doc GOMI - Derniers articles
Fermer l’aperçu
Loading...docadrenaline
Fermer l’aperçu
Loading...Docteur JD – Votre blog santé | docteurjd.com
Fermer l’aperçu
Loading...Dr Jacqueline Rossant
Fermer l’aperçu
Loading...dr.niide.over-blog.com
Fermer l’aperçu
Loading...Droit-medical.com
Fermer l’aperçu
Loading...Etudes & Biais
Fermer l’aperçu
Loading...Expertise citoyenne
Fermer l’aperçu
Loading...Farfadoc
Fermer l’aperçu
Loading...Formindep
Fermer l’aperçu
Loading...hic et nunc
Fermer l’aperçu
Loading...Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis
Fermer l’aperçu
Loading...Juste après dresseuse d'ours
Fermer l’aperçu
Loading...L'école des soignant.e.s
Fermer l’aperçu
Loading...Le blog de Borée
Fermer l’aperçu
Loading...Le Blog de Georges Zafran
Fermer l’aperçu
Loading...Le blog de Granadille
Fermer l’aperçu
Loading...Le Blog de Stockholm
Fermer l’aperçu
Loading...Le Carnet de Julien Bezolles
Fermer l’aperçu
Loading...Le fils du Dr Sachs
Fermer l’aperçu
Loading...Le kiné, ce héros ? Si on en parlait...
Fermer l’aperçu
Loading...Les billets d'humeur du dr
Fermer l’aperçu
Loading...Les carnets d'un médecin de montagne
Fermer l’aperçu
Loading...Litthérapie
Fermer l’aperçu
Loading...Ma blouse, mon badge (mon stétho et tout le reste)
Fermer l’aperçu
Loading...Medcritic
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine et politiques publiques - Blog de Jean-Pascal Devailly
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine – Grange Blanche
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine – Journalisme et Santé Publique
Fermer l’aperçu
Loading...Médicalement Geek
Fermer l’aperçu
Loading...Médicalistes
Fermer l’aperçu
Loading...Mike De Bakey
Fermer l’aperçu
Loading...Openblueeyes
Fermer l’aperçu
Loading...PerrUche en Automne
Fermer l’aperçu
Loading...Pharmacorama
Fermer l’aperçu
Loading...Pour raisons de santé
Fermer l’aperçu
Loading...Promenade de santé
Fermer l’aperçu
Loading...Réalités Biomédicales
Fermer l’aperçu
Loading...Rédaction Médicale et Scientifique
Fermer l’aperçu
Loading...Sante au travail
Fermer l’aperçu
Loading...SommatinoRoots
Fermer l’aperçu
Loading...ten0fiv
Fermer l’aperçu
Loading...Tous les articles - Le Diabète dans tous ses états
Fermer l’aperçu
Loading...Un Druide.
Fermer l’aperçu
Loading...Un médecin du sport vous informe
Fermer l’aperçu
Loading...UrgenTIC
Fermer l’aperçu
Loading...Visites médicales du permis de conduire
Fermer l’aperçu
Loading...We are all basically alone
Fermer l’aperçu
Loading...Winckler's Webzine
Fermer l’aperçu
Loading...
juin 2023 L M M J V S D 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Archives
- mai 2023
- avril 2023
- mars 2023
- février 2023
- janvier 2023
- décembre 2022
- novembre 2022
- octobre 2022
- septembre 2022
- août 2022
- juillet 2022
- juin 2022
- mai 2022
- avril 2022
- mars 2022
- février 2022
- janvier 2022
- décembre 2021
- novembre 2021
- octobre 2021
- septembre 2021
- août 2021
- juillet 2021
- juin 2021
- mai 2021
- avril 2021
- mars 2021
- février 2021
- janvier 2021
- décembre 2020
- novembre 2020
- octobre 2020
- septembre 2020
- août 2020
- juillet 2020
- juin 2020
- mai 2020
- avril 2020
- mars 2020
- février 2020
- janvier 2020
- décembre 2019
- novembre 2019
- octobre 2019
- septembre 2019
- août 2019
- juillet 2019
- juin 2019
- mai 2019
- avril 2019
- mars 2019
- février 2019
- janvier 2019
- décembre 2018
- novembre 2018
- octobre 2018
- septembre 2018
- août 2018
- juillet 2018
- juin 2018
- mai 2018
- avril 2018
- mars 2018
- février 2018
- janvier 2018
- décembre 2017
- novembre 2017
- octobre 2017
- septembre 2017
- août 2017
- juillet 2017
- juin 2017
- mai 2017
- avril 2017
- mars 2017
- février 2017
- janvier 2017
- décembre 2016
- novembre 2016
- octobre 2016
- septembre 2016
- août 2016
- juillet 2016
- juin 2016
- mai 2016
- avril 2016
- mars 2016
- février 2016
- janvier 2016
- décembre 2015
- novembre 2015
- octobre 2015
- septembre 2015
- août 2015
- juillet 2015
- juin 2015
- mai 2015
- avril 2015
- mars 2015
- février 2015
- janvier 2015
- décembre 2014
- novembre 2014
- octobre 2014
- septembre 2014
- août 2014
- juillet 2014
- juin 2014
- mai 2014
- avril 2014
- mars 2014
- février 2014
- janvier 2014
- décembre 2013
- novembre 2013
- octobre 2013
- septembre 2013
- août 2013
- juillet 2013
- juin 2013
- mai 2013
- avril 2013
- mars 2013
- février 2013
- janvier 2013
- décembre 2012
- novembre 2012
- octobre 2012
- septembre 2012
- août 2012
- juillet 2012
- juin 2012
- mai 2012
- avril 2012
- mars 2012
- février 2012
- janvier 2012
- décembre 2011
- novembre 2011
- octobre 2011
- septembre 2011
- août 2011
- juillet 2011
- juin 2011
- mai 2011
- avril 2011
- mars 2011
- février 2011
- janvier 2011
- décembre 2010
- novembre 2010
- octobre 2010
- septembre 2010
- août 2010
- juillet 2010
- juin 2010
- mai 2010
- avril 2010
- mars 2010
- février 2010
- janvier 2010
- décembre 2009
- novembre 2009
- octobre 2009
- septembre 2009
- août 2009
- juillet 2009
- juin 2009
- mai 2009
- avril 2009
- mars 2009
- février 2009
- janvier 2009
- novembre 2008
- octobre 2008
- septembre 2008
- août 2008
- juin 2008
- mai 2008
- mars 2008
- février 2008
- janvier 2008
- décembre 2007
- novembre 2007
- octobre 2007
- septembre 2007
- août 2007
- juillet 2007
- juin 2007
- mai 2007
- avril 2007
- mars 2007
- février 2007
- décembre 2006
- novembre 2006
- septembre 2006
- mai 2006
- mars 2006
- février 2006
- octobre 2005
- septembre 2005
- janvier 2005
- décembre 2004
- novembre 2004
Catégories
- Actualités
- addictions
- agence france presse
- alcoolisme
- Anecdotes
- Apprentissage
- argent
- COVID-19
- Divers
- DragiWebdo
- déontologie
- Ethique
- Grand public
- Hôpital
- Intégrité scientifique
- justice
- Le Figaro
- le Monde
- Le Quotidien du médecin
- libération
- législatif
- médecin
- médecine
- médicament
- Méthodologie de recherche
- pharmacie
- police
- politique
- Polémique
- pouvoir
- psychiatrie
- Recommandations
- Risques (réduction des)
- Santé
- Santé publique
- Science
- Slate.fr
- soigner
- sport
- tabagisme
- veille bibliographique
- Violences
- Virologie
- épidémie
- épidémiologie
Méta
Archives de catégorie : diagnostic
Orgelets et chalazions : un traitement tout simple

Les orgelets et les chalazions sont des petits nodules des paupières. Ils sont parfois liés à une infection. Ils s’améliorent spontanément dans la plupart des cas en deux semaines. Des compresses répétées d’eau tiède suffisent généralement à les traiter. Un avis spécialisé est recommandé quand ils persistent plusieurs mois. Les orgelets et les chalazions sont … Lire la suite Continuer la lecture
La schizophrène confinée

Pendant des années, avec autorité, les soignants ont empêché Madame Y. d’avoir un enfant. Et puis elle a trouvé moyen d’enfanter malgré eux. Et avec un recul de quelques années, ça ne se passe pas si mal. Fallait-il vraiment l’empêcher de vivre comme elle le voulait ? Le premier épisode de la Covid bat son … Lire la suite Continuer la lecture
C’est normal, Docteur ?

La définition du « normal » en médecine ou en santé varie selon les époques, les situations, les données scientifiques. Il existe des normes ou des normales subjectives, arbitraires, statistiques, épidémiologiques, thérapeutiques… Et selon l’usage qu’on en fait, les normes peuvent servir à sauvegarder la santé ou à rendre les gens malades. «C’est pas normal, Docteur ! » … Lire la suite Continuer la lecture
Les objectifs des traitements et des diagnostics

À quoi sert la médecine, et donc à quoi servent les diagnostics et les traitements ? Ben, direz-vous, à aller mieux ! Voilà une réponse pleine de bon sens. Mais ce n’est pas si simple. Pour affirmer qu’on va réellement mieux, il faut s’appuyer sur des critères de jugement valides, et correspondant à ce que … Lire la suite Continuer la lecture
L’enseignement du soin est impossible
La question de l’enseignement des médecines alternatives à l’université est un serpent de mer. Ce débat impose de dissocier les deux grands domaines de la médecine : diagnostic et soin. Le diagnostic est basé depuis longtemps sur de solides preuves, grâce à la riche sémiologie issue de la méthode anatomoclinique et aux apports de l’imagerie et …
Continuer la lecture de « L’enseignement du soin est impossible »
Diagnostic et conséquences des apnées du sommeil
Les apnées du sommeil, dans les formes évoluées entraînent une somnolence dans la journée, mais également des symptômes nocturnes, tels que des ronflements, des apnées nocturnes qui sont rapportées par le conjoint dans les 2/3 des cas ou par le patient… Continuer la lecture
Diagnostics au supermarché
Il est facile de critiquer big pharma qui fait des profits parfois indécents sur le dos des malades. Il est moins aisé de comprendre comment cette industrie a manipulé le concept même de maladie pour gagner le marché des bien-portants, plus lucratif que celui des malades dont le défaut commercial est de mourir ou de …
Deuxième avis
Je n’ai pas confiance. Et s’il se trompait ? Il y a peut-être une autre solution ? Je voudrais qu’il soit soigné autrement. J’ai confiance, mais je ne peux pas croire qu’on ne puisse pas faire plus ! Une autre chance ? Il m’a prise pour une conne ! Il … Continuer la lecture
Ralentisseurs et pathocénoses
Sur les routes françaises, les ralentisseurs sont surnommés « gendarmes couchés » signifiant que la peur de l’accident n’est pas le seul motif de décélération. Au Pérou, on parle de « casse moyeux » (rompe moyes), craignant surtout les conséquences financières d’une vitesse excessive. Les allemands, laissant les métaphores aux poètes, parlent de « seuil de freinage » (brems schwelle). Le …
Douleurs et fatigues chroniques
Les troubles psychosomatiques, tels qu’une tachycardie d’angoisse, une rougeur de gêne ou une acidité gastrique de stress, sont mesurables. Inversement, pour les troubles somatoformes, tels que des douleurs ou des paralysies sans lésion, aucune technologie médicale, si sophistiquée soit-elle, ne … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Dogme de la précocité
L’image de la médecine et de la chirurgie s’est historiquement façonnée dans des contextes d’urgence. Blessures de guerre, septicémies, occlusions intestinales, comas diabétiques et insuffisances rénales constituaient le quotidien des médecins. L’efficacité médicale sur ces pathologies est restée médiocre jusqu’au … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Inaptitude chronique au diagnostic
Lorsque, dans un grand média, un article fait le point sur une maladie, il commence immanquablement par dire que cette maladie est sous-diagnostiquée. Elle serait en réalité bien plus fréquente qu’on ne le croit, et les coupables tout désignés de … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Inaptitude chronique au diagnostic
Lorsque, dans un grand média, un article fait le point sur une maladie, il commence immanquablement par dire que cette maladie est sous-diagnostiquée. Elle serait en réalité bien plus fréquente qu’on ne le croit, et les coupables tout désignés de … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Briser les préjugés
« Vous allez découvrir le patient et son image : l’un ne va pas sans l’autre. Derrière un scanner sur un écran, il y a une personne qui attend dans la salle d’attente, qui a une histoire, une attente, un … Lire la suite → Continuer la lecture
La machine est un homme comme les autres
Depuis longtemps, les diagnostics ne sont plus cliniques, c’est-à-dire résultant directement de l’observation du patient, mais ils sont paracliniques, c’est-à-dire basés sur des examens complémentaires : radiologie, microscopie, biologie, etc. Les patients sont désormais convaincus que les médecins ne peuvent plus … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Un bruit de sabots
Le zèbre galopant fait pâlir l’étalon Traversant les couloirs aux murs blancs d’hôpital Les salles d’attentes, cabinets ou maison. Le brillant diagnostic qui n’est pas un cheval. Ces atypiques cas éveillent nos consciences, Bousculent le cortex las de nos cerveaux … Lire la suite → Continuer la lecture
Un soupçon nécessaire
Scores, indices et taux, pronostics numériques Vos calculs et totaux, pour sûr très spécifiques Ne donnent que du vent à l’heure fatidique Où l’on dit au patient son sombre diagnostic. En veux-tu des pourcents, chiffres ésotériques, Des rapports vraisemblants, promesses … Lire la suite → Continuer la lecture
Cas clinique de la France
Le diagnostic d’un patient résulte souvent du « flair clinique » basé sur l’expérience du clinicien, mais il convient de l’étayer par des arguments paracliniques (analyses et images). Cette méthode est théoriquement applicable au diagnostic d’un pays. Dire que la France est … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Questionnaire CPO, Contraintes Psychosociales et Organisationnelles en milieu de soins
Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles en milieu de soins car l’activité s’intensifie tandis que le nombre de soignants diminue. Le programme national ORSOSA, Organisation des soins et de la santé des soignants a validé le questionnaire […] Continuer la lecture
Panique hors-bord
Comme à mon habitude, je me suis à moitié assis sur la table, calant sans forcer le petit ratier entre ma hanche et ma main gauches. De la droite, je le caresse et le palpe, nœuds lymphatiques, trachée, ma main glisse et recherche les masses, les irrégularités, appuie doucement sur une paupière pour voir la muqueuse oculaire. Il se dérobe, je le rassure. Je lui parle, tout le temps, doucement, lancinant. Des mots qui ne veulent pas dire grand-chose. Des mots pour occuper l’espace, pour faire un pont, pour accompagner mes gestes. Tout va bien.
Il s’est tendu. En douceur, en lenteur, je garde le contact pour ne pas le laisser s’échapper, sans le coincer, sans le braquer.
Tout va bien.
Près de moi, son maître et sa maîtresse, un couple souriant de personnes âgées ne cessent de me parler alors qu’avec mon stéthoscope sur les oreilles, je n’entends plus que le cœur – un peu rapide, mais parfaitement régulier – et la respiration – normale – du vieux ratier.
Je pose mon stéthoscope. Le monsieur a fini de parler. Je ne sais pas vraiment ce qu’il racontait, je ne sais pas s’il a compris que je ne l’entendais pas, je ne voulais pas le rabrouer. J’ai fait comme si je n’avais pas vu qu’il me parlait. De toute façon, tête penchée, je regardais le chien. Nous faisons comme si de rien n’était. Je ne suis pas malpoli, et il n’est pas ridicule.
Tout va bien.
Le chien tousse. Enfin, pas là, maintenant, en consultation. Non, parfois, à la maison, il tousse. Je palpe sa trachée entre deux caresses peu appuyées. Pas de sensibilité particulière. Reste à voir ses dents et le fond de sa gorge. Je passe ma main droite sous sa gueule, et, avec deux doigts, j’écarte doucement les babines. Je suis assis, je suis presque derrière lui, il découvre ses crocs, je me méfie. Je ne le tiens toujours pas vraiment, mais j’appuie un peu plus le contact. Il menace. J’insiste un peu. Et puis j’esquive le coup de dents dirigé sur ma main droite, tout en le saisissant, cette fois, de la main gauche. J’écarte mon visage. Il se retourne sur ma main gauche, ma prise est mauvaise, je lâche. Il saute de la table, et se réceptionne avec la grâce d’un étudiant vétérinaire qui, en fin de soirée au cercle des élèves, vise son lit et s’endort en se vautrant sur sa table basse.
Tout va b…
Bon, c’est le bordel.
Il se secoue la tête, un peu assommé. Il a vraiment fait un son creux en cognant son crâne sur le carrelage, à la fin de sa culbute. J’évite les plaisanteries sur le vide de sa boîte crânienne, je souris, je le prends à partie.
– Et bien bonhomme ? On panique ? Je ne t’ai pas fait mal, pourtant ?
– Ben oui, Libellule, il ne t’a pas fait mal, le docteur ! reprend sa maîtresse.
– Nous supposons qu’il a été battu, avant, nous l’avons récupéré il y a un an à la SPA, vous savez. Un vieux chien dont personne ne voulait…
Bon.
Je ne sais toujours pas pourquoi il tousse. En tout cas, du coup, j’ai bien vu ses dents, et ce n’est pas à cause du tartre. Le fond de gueule, par contre, je ne sais pas, et je ne saurais pas. Ses propriétaires préfèrent les certitudes. Je propose d’exclure une pathologie pulmonaire en faisant une radio, même si, comme je le leur précise, je n’y crois pas.
Ils sont partants. Le chien, non, clairement.
– Vous allez devoir le museler, docteur !
Oui.
Libellule montre les dents à tout le monde, maintenant. Je ne pourrais pas le reprendre sur la table ou dans les bras, pas aujourd’hui, et ses maîtres ne pourront pas faire grand-chose non plus. Il n’est pas encore en panique, mais il y va tout droit. Pour l’instant, il menace, il gronde, comme un trouillard qui sait qu’il ne peut pas avoir le dessus. Alors va pour un nœud sur le nez. Un lien, plus facile à poser et plus sûr qu’une muselière.
J’appelle une assistante, et nous le surprenons. Nous voyant approcher, il a mordu dans le vide, nous lui avons cloué le bec. Quelques gestes rapides, le tenir fermement, sans le brutaliser, il se tortille, je le suspends par la peau du coup, à deux mains pour l’empêcher de se retourner, mon assistante finit le nœud, il se chie dessus, vide ses glandes anales, urine, j’en ai plein mes godasses, il y en a sur le lien qui étale la merde sur mes mains. Je lâche la peau du coup, le soulève simplement par le thorax, une main de chaque côté, je le cale et le pose sur la table de radio. Tout au long du trajet, il s’est déchaîné, tentant tout à la fois de fuir et de me mordre, étalant à grand coups de queue ses excréments sur son pelage, sur mes bras, ma blouse, la porte, le couloir…
Derrière moi, une assistante a sorti le chariot du ménage.
Je continue à lui parler, fermement, doucement, j’essaie de reprendre un contact que nous avons perdu, je sais que c’est en vain mais la litanie m’aide à canaliser ma colère devant sa stupidité, devant mon échec, devant cette panique qui l’a fait replonger loin dans son passé, et ça pue, je pue, il pue, toute la clinique pue la merde, et en plus sur la radio, il n’y a rien.
La dame, dans le couloir :
– Si vous pouviez lui couper les griffes ? Nous, on ne peut pas ! Parce qu’il est comme ça dès qu’on le contrarie. Il accepte de plus ne plus de choses, mais ça, non !
Alors nous coupons, ses griffes sont si longues qu’elles tordent ses doigts : ce n’est vraiment pas du luxe, non. Mais Libellule panique complètement, il bouge tant et tant qu’évidemment, il saigne un peu d’un doigt. Ce n’est rien, mais lorsque je le repose au sol en faisant glisser le nœud, il constelle de sang le carrelage blanc conchié par sa diarrhée…
– Bon, et bien ses poumons sont nickels à la radio comme à l’auscultation, son cœur est impeccable, il n’a pas de sensibilité à la trachée, pas de tartre, je suppose qu’il a plus ou moins le fond de gueule enflammé, ou qu’il fait quelques reflux gastriques, mais je ne pourrai pas le prouver… et puisqu’il ne tousse pas trop, et bien… nous n’allons rien faire.
Je suis tellement déçu par cette consultation que je m’attends à ce qu’ils soient déçus, eux aussi.
Mais non.
Au milieu de ma salle de consult’, de la merde, du sang et de la pisse, tendis que deux assistantes passent éponge et serpillière, ils sourient.
– Ah, ben on est bien contents alors !
Allergies alimentaires : encore un problème de surmédicalisation
Depuis une à deux décennies, le problème majeur du soin dans nos pays est celui de la surmédicalisation : surdiagnostic et sur-traitement. Ce problème ne fait jamais la une des médias, car la plupart des articles et sites médicaux destinés au … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Obligation de prévenir les risques psychosociaux dans les hôpitaux !
Les mouvements de contestation que l’on observe actuellement dans les hôpitaux prouvent qu’il y a urgence à prendre en charge les risques professionnels que sont les risques psychosociaux : en effet, la plupart des soignants se disent usés par le travail … Continue reading → Continuer la lecture
Vous deviez voir sur l’ASP…
Il fallait voir ce qui est indiqué par les flèches rouges sur le bassin. Il s’agit de cornes iliaques. Ceux sont des exostoses formées à partir des os iliaques leur présence est pathognomonique du Nail-patella syndrome ou onycho-ostéodysplasie. Le gène … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Les médecins pourront signer d’une croix
Le ministère de la santé anglais vient d’émettre le projet de verser 55 Livres (70 €) aux médecins à chaque nouveau diagnostic d’Alzheimer ou de démence quelconque. L’idée sous-jacente étant … Continuer la lecture
De l’importance du diagnostic en médecine
En remontant, mon retard dans mes flux RSS, je suis tombé sur cette note de Farfadoc. Il faut la lire. Je ne reviendrais pas sur la distinction fort subtile du diagnostic certifié et du diagnostic de tous les jours. C’est … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Prévention des risques psychosociaux : indicateurs à disposition des employeurs publics
Quatre indicateurs précis doivent nécessairement être suivis dans tous les plans locaux selon des modalités de calcul identiques mais d’autres indicateurs peuvent également être mis en place à des fins de diagnostic et de suivi. Le Guide méthodologique d’aide à […] Continuer la lecture
Localisation des centres antipoison en France et zone géographique d’intervention de chacun : arrêté du 9 avril 2014
Des médecins assurent une permanence téléphonique gratuite, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au sein des centres antipoisons. L’arrêté du 9 avril 2014 liste les 9 centres hospitaliers régionaux autorisés à faire fonctionner un centre antipoison et […] Continuer la lecture
SCORE DE WELLS : aide à la décision dans le diagnotic des TVP
Le score de Wells permet en pratique d’évaluer le recours aux examens complémentaires en cas de suspicion de Thrombose Veineuse Profonde des Membres inférieurs. Les éléments qu’ils comportent sont relativement […] Continuer la lecture
"J’ai la rate qui s’dilate…"
Certains pensent que les médecins généralistes ne sont là en gros que pour s’occuper des #NezQuiCoulent et faire des #Certifalacon. Soit. Très mauvaise caricature non ? Moi je n’oserais jamais dire par exemple que les banquiers ne sont là que pour faire du fric et encore moins que les assureurs sont tous des voleurs. Ben non, quand même, voyons… Sans trop se monter le bourrichon, moi je trouve que cette histoire illustre à la fois la difficulté et la beauté de l’exercice de la médecine générale. Savoir entrer en connexion, ne pas partir bille en tête sur ta première hypothèse, glaner un mot, un signe, une attitude qui fait que tu changes ton fusil d’épaule, que tu rattrapes le tir. Avoir cette petite veilleuse dans un coin de la tête qui te dit « Eh mon gaillard, au milieu de ces #NezQuiCoulent et ces #Certifalacon, peut se cacher un vrai malade qu’il serait préférable de ne pas louper dacodac ? ». Trouver le juste milieu entre cette discrète petite veilleuse et la terrible angoisse que tu communiques maladroitement au patient, et que tu apaises en dégainant la mitrailleuse à examens complémentaires inutiles voire dangereux.
Honnêtement, M’sieur Gaston, j’étais à deux doigts de te laisser repartir paisiblement avec un antispasmodique à la noix, faussement rassuré. Le fiston t’aurait alors retrouvé dans un triste état. Il aurait peut-être raté une nouvelle fois son concours d’entrée en médecine et ne serait sans doute jamais devenu cardiologue (ça c’est pour le côté romanesque, c’est carrément du pipeau en fait mais ça le fait hein !). Pourtant M’sieur Gaston, celui qui t’a marqué, c’est le Doc à la salopette blanche avec ses gestes sûrs, son équipe sous ses ordres, sa parole ferme. Et celui qui t’a complètement scotché, c’est le grand chirurgien du grand CHU qui t’a brillamment opéré, avec son armée silencieuse de 15 blouses blanches à sa botte lorsqu’il te rendait visite chaque matin après ton intervention. Je te comprends M’sieur Gaston. Parce que ben ouais en fait, je l’avoue, j’avais un peu l’air con moi avec mes fils emmêlés, mes poires qui ne tenaient pas, et cet ECG que j’ai regardé comme si j’en n’avais jamais vu. Ben ouais M’sieur Gaston, des infarctus, y en n’a pas tous les quatre matins dans un cabinet de médecine gé, surtout des comme les tiens qui ne se présentent pas comme dans les bouquins. Ouais M’sieur Gaston, j’étais pas trop à l’aise quand j’ai appelé le 15, je n’ai sûrement pas dit d’une voix assurée tous les mots-clés comme y faut qui te rapportent un max de point à l’internat. Et quand les types du SAMU sont arrivés, je suis vite passé du statut de Docteur à celui de petit stagiaire qui sait rien faire à part regarder sans broncher. Ouais, c’est vrai M’sieur Gaston. J’aurais peut-être dû faire ci, ou faire ça, dû dire ci et pas ça. Ben ouais, et si et si et si. Mais quand même M’sieur Gaston, aujourd’hui, t’es bel et bien vivant et si t’as pu voir briller ce grand chirurgien, j’y suis un tout petit peu pour quelque chose non ?
L’exercice de la médecine générale est beau, difficile, et rend humble.
*Je sais que pardi ça s’écrit : pardi, mais là j’ai écrit Pardee parce que c’est le nom d’un tracé qu’on peut voir à l’électrocardiogramme et qui signe un infarctus du myocarde (j’la fais courte et simple pour que tu comprennes si t’es pas toubib)
ÉRUPTION chez l’enfant : s’y retrouver
Merci à @AliceRedsparrow qui m’a permis de découvrir le travail Du Dr Jean-Bernard Girodias, pédiatre et urgentiste à Montréal, auteur de ces fiches synthétiques et didactiques sur les maladies éruptives […] Continuer la lecture
Un médecin agréé n’est pas autorisé à consulter les informations relatives au permis de conduire d’un usager !
« L’état de santé d’un usager est indépendant des infractions qu’il a pu commettre et doit s’apprécier exclusivement au regard du diagnostic médical et non sur la base des antécédents administratifs … Continuer la lecture
La dyspraxie : un handicap invisible, insuffisamment diagnostiqué, qui place l’enfant, puis l’adulte, en échec !
La dyspraxie est un handicap invisible : en l’absence de diagnostic, par méconnaissance, les enfants ne sont pas pris en charge, pas rééduqués et se retrouvent en échec à l’école puis lors de l’insertion professionnelle. Même l’apprentissage de la conduite […] Continuer la lecture
Prostate : fable du PSA
Le dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA est dénoncé comme inefficace, depuis 20 ans, tant par les praticiens de terrain qui constatent son inadéquation avec la réalité clinique, que par les méta-analyses les plus rigoureuses. … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Dr House contre Farfadoc
A la télé, il y a Dr House. Quand un-e patient-e a une pathologie bizarroïde, que personne ne trouve ce qu’il-elle a, il-elle va voir Dr House et son équipe. Et en moins de 42 minutes et quelques procédures diagnostiques … Lire la suite → Continuer la lecture
De la capacité diagnostique des médecins
Aujourd’hui, il n’est plus possible de lire un article traitant d’un sujet médical sans y lire le mot « sous-diagnostiqué ». Toutes les maladies sont sous-diagnostiquées. La réalité pathologique serait donc bien pire que la capacité diagnostique des médecins. La maladie bipolaire … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Coiffe des rotateurs: Rappels anatomiques et bilan clinique
Quelques rappels pour ceux qui comme moi, ont du mal à mémoriser l’anatomie de l’épaule (si il n’y avait que ça!) et à corréler données cliniques et anatomie. Le travail […] Continuer la lecture
Niveaux de preuve
Il y a une petite quinzaine d’année, un prof de l’école vétérinaire de Nantes intervenait dans un quelconque congrès de médecine vétérinaire auquel je participais. Je ne me rappelle plus du sujet, mais je me souviens de son introduction, et de sa conclusion. Un gars plutôt dynamique, blagounettes à l’appui, sourire ultra-bright, qui m’a plutôt donné un fort a priori négatif. Son propos était de confronter je ne sais plus quelle entité pathologique à l’EBM.
Ouais, j’avais achevé mes études, et passé ma thèse depuis peu. Et je n’avais jamais entendu parler de ce truc. EBM, Evidence-Based Medecine. Certains préfèrent SBM (science-based medicine), ou médecine basée sur des preuves, en bon français. Cette logique allait devenir, petit à petit, l’étalon-or de la bonne pratique médicale. Mais à l’époque, je découvrais un concept. Ou plutôt, je m’énervais contre. Bien sûr que la médecine devait être basée sur des preuves. On n’allait quand même pas soigner les animaux ou les gens sur des simples avis de type variés, quelle que soit leur expérience, ou sur un fatras d’habitudes accumulées, quand même. Il y avait le sérieux des AMM des médicaments, les publis scientifiques qui fondaient toute la connaissance médicale, malgré leurs inhérentes limites, bref, je ne voyais pas ce qu’il y avait de nouveau là-dedans.
J’étais jeune, naïf et idéaliste. J’allais tomber de très haut. Pas au cours de cette conf’, non, ma chute allait être plus lente, plus progressive. Il me fallait le temps de réaliser que non, définitivement, aussi pertinente qu’ait été ma formation, aussi motivés qu’aient été mes profs, tout ce que j’avais appris ne respectait pas, loin s’en faut, les standards de l’EBM. Il faut bien reconnaître deux limites à la formation d’un jeune vétérinaire de l’époque (pas si lointaine, gamins) : j’avais appris pléthores de choses sur la pathologie, la sémiologie, toutes les bases du vivant (anatomie, physio, etc), j »avais appris plein de trucs sur la pharmacie, mais je n’étais pas prêt à soigner des animaux. Alors j’ai copié les premiers vétos avec lesquels j’ai bossé. Ou je les ai choisis en anti-modèle, selon les cas.
Il m’a fallu du temps pour repasser tout cet apprentissage « sur le tas » au filtre de ma formation initiale puis continue.
Je suis devenu exigeant sur le niveau de preuve, et je viens de lire un article très intéressant sur ce concept a priori assez simple, écrit par le Dr Steven Novella sur le blog Science-based Medicine. Je vous en propose, avec son accord, une traduction, après vous avoir rappelé, suite au commentaire très pertinent de docdu16, que l’EBM ne se réduit pas au niveau de preuves (les meilleures données cliniques externes), mais qu’elle doit aboutir à une décision en y confrontant les préférences du patients et l’expertise propre au clinicien.
Les niveaux de preuve
Les défenseurs de la médecine basée sur la science sont souvent attaqués sur le mode : que vous faut-il pour vous convaincre de l’efficacité de la médecine au lait de vache sacrée ? Ce défi contient une accusation à peine voilée : quelles que soient les preuves que je vous offrirai, je ne réussirai pas à vous convaincre car vous êtes un foutu sceptique.
Pourtant, il y a un seuil, un niveau de preuve qui me convaincrait de n’importe quoi. En réalité, je suis convaincu que nombre d’affirmations scientifiques sont très probablement vraies – en tout cas suffisamment convaincu pour en conclure qu’elles sont vraies. Ce qui, en médecine, signifie que je suis assez convaincu pour les utiliser comme base de ma pratique médicale.
Il y a de nombreuses différences de fonctionnement entre les pratiquants de la médecine basée sur la science (EBM) et ceux qui acceptent les allégations et les pratiques que nous considérerions comme de la pseudoscience ou de la fraude, mais j’ai récemment été frappé par une différence bien particulière : le seuil auquel nous plaçons le niveau de preuve exigé avant d’accepter une allégation.
La semaine dernière, j’ai participé à un débat sur la légitimité de l’homéopathie (vous pouvez lire mon compte-rendu complet ici, et ici). Face à moi se trouvait Andre Saine, un naturopathe canadien, doyen de l’académie d’homéopathie canadienne. Il y avait, en résumé, une différence-clef entre la position de Saine et la mienne pendant ce débat : il accepte des preuves extrêmement faibles pour confirmer la réalité de l’homéopathie. Son degré d’exigence en termes de niveau de preuve est incroyablement bas.
IEt pourtant il était certain que les preuves qu’il apportait ne pourraient que convaincre les sceptiques. J’en suis arrivé à la conclusion que Saine n’avait aucune notion du niveau de preuve habituellement exigé en médecine, et en science de manière plus générale.
Que vous faudrait-il pour me convaincre ?
Nous avons beaucoup écrit sur ce à quoi ressemblent des preuves convaincantes. J’ai également écrit sur des sujets scientifiques en dehors de la médecine, et cela m’a aidé à avoir une perspective plus large. Ainsi, par exemple, les adeptes des perceptions extra-sensorielles acceptent également des preuves extrêmement faibles.
Que faut-il pour que la communauté scientifique accepte la réalité d’un phénomène ? Et pour qu’elle écarte les explications alternatives ?
Voici les quatre critères qui doivent être remplis simultanément pour qu’une preuve scientifique soit convaincante :
1- Des études à la méthodologie rigoureuse, conduite avec un insu adapté (explication ici en français), suffisamment puissantes, qui définissent et contrôlent de manière adéquate toutes les variables pertinentes (et confirmées en passant l’épreuve de la relecture par les pairs et l’analyse post-publication).
2- Des résultats positifs statistiquement significatifs.
3- Un ratio signal/bruit raisonnable (avec une pertinence clinique en ce qui concerne les publications médicales, pour que nous puissions distinguer le signal du bruit dans notre pratique)
4- L’expérience doit être reproductible de manière indépendante : quelle que soit la personne reproduisant l’expérience, l’effet doit être détecté sans équivoque.
Nous constatons souvent avec les approches médicales douteuses (comme l’homéopathie) que seul le critère numéro 2 est nécessaire : toute étude avec une signification statistique est considérée d’une fiabilité à toute épreuve.
Nous voyons également souvent un tour de passe-passe semblable à celui des vendeurs de voitures neuves. Ces derniers vont utiliser la méthode des quatre cases, divisant une feuille de papier en quatre carrés. Dans le premier, il y a le prix de la voiture, dans le second, le taux d’intérêt, dans le troisième, l’acompte, et dans le quatrième, la remise. Les mensualités seront calculées sur cette base.
L’astuce du vendeur de voiture consiste à exploiter cette méthode pour être sûr d’y gagner : si la remise est élevée, le prix de la voiture le sera aussi. Vous ne ferez jamais une bonne affaire sur les quatre case à la fois.
Les partisans des pseudo-sciences travaillent de la même façon. Ils proposent des études qui satisfont à un, parfois deux des critères cités plus haut, mais jamais aux quatre à la fois. Ils proposeront des études mal conçues avec des résultats positifs, ou des études bien menées avec des résultats positifs mais aucune pertinence clinique, ou impossibles à reproduire.
On n’obtient jamais les quatre critères à la fois pour une simple et bonne raison : le phénomène mis en avant n’est pas réel. Seul un effet réel sera obtenu de façon répétée dans des études rigoureuses.
Il faut bien comprendre que ces critères sont la base de la reconnaissance scientifique, sans même parler de plausibilité a priori. Pour chaque critère, il faut en apprécier la qualité : à quel point une étude est-elle rigoureuse, combien de fois l’expérience a-t-elle été reproduite, quelle est l’ampleur de l’effet ? Moins une allégation est plausible, plus le niveau de preuve devrait être élevé pour la démontrer.
Les homéopathes et les adeptes des sciences peu plausibles n’aiment pas ce raisonnement. Ils le raillent sous l’appellation de « biais de plausibilité« . Les autres appellent cela « la science ».
Il est cependant important de signaler que sans même parler de plausibilité ou de probabilité a priori, l’homéopathie n’arrive de toute façon pas à satisfaire aux critères scientifiques minimaux de recevabilité. Elle ne s’en approche même pas, même en lui concédant le bénéfice du doute.
Pour la défense du seuil de niveau de preuve
Si vous êtes convaincu par la réalité de quelque chose comme l’homéopathie, l’acupuncture, la médecine énergétique ou toute autre pratique aussi improbable, le seuil d’acceptabilité semble injuste. Il passe pour une astuce inventée par les sceptiques pour nier la réalité de vos fabuleuses pratiques médicales.
Ce niveau de preuve est, pourtant, le standard scientifique (bien sûr, ce standard peut être plus ou moins élevé, mais il s’agit là du seuil minimum).
L’EBM repose partiellement sur le principe qu’un standard aussi rigoureux est justifié et nécessaire, et qu’il devrait sans doute être même plus élevé qu’il n’est actuellement. Nous pourrions écrire un article sur chacune des raisons qui justifient cette position, mais on peut les résumer de la façon suivante :
- La recherche médicale est un domaine complexe car les gens sont, de manière générale, une variable et un système « bruyant » qui rend difficile la conception des études et le contrôle des variables.
- Les effets placebos sont variés et difficile à comprendre.
- Le degré de liberté des chercheurs rend possible la fabrication de résultats positifs même à partir d’un phénomène qui n’existe pas. Ceci implique une rigueur toute particulière dans la conception et la réalisation des études, ainsi que la possibilité de reproduire les résultats de manière indépendante.
- La plupart des études publiées sont fausses, parce que la plupart des idées nouvelles ne fonctionnent tout simplement pas, parce que la plupart des recherches sont préliminaires et tendent donc à aller dans le sens du chercheur (explication en français du biais de confirmation).
- Il y a parfois des fraudes dans la recherche scientifique.
- Le biais de publication frappe toute la littérature scientifique (explication en français ici).
- Il y a un biais financier considérable dans la recherche médicale, puisque c’est une science appliquée dont les bénéfices peuvent se compter en milliards.
- Les humains sont, de manière générale, sujet à de nombreux biais cognitifs et heuristiques (explication en français ici, ce sont des notions très importantes pour comprendre l’importance de l’EBM), failles logiques, faux souvenirs, mauvaises perceptions, et autre mécanisme d’auto-persuasion. Il faut être conscient que l’on peut nous amener à croire à peu près n’importe quoi.
Conclusion
La science rigoureuse nous ancre à la réalité. Sans elle, nos croyances nous plongent dans un monde imaginaire qui satisfait à nos désirs et émotions mais qui n’a plus grand chose à voir avec la réalité. On peut nous amener à croire que l’eau pure peut se souvenir de « l’essence » d’une substance qui fut diluée en elle, et que cette essence peut soigner des gens en fonction de critères sans aucun lien avec leur maladie, tels que leur personnalité.
Sans cadre scientifique, nous croirons à la magie. C’est une tendance qui appartient à notre héritage, à notre évolution. Mais notre capacité à la logique et à la pensée critique également !
Depuis deux siècles, la médecine scientifique a mûri, nous avons appris à étudier les maladies et la médecine de plus en plus rigoureusement. Nous avons beaucoup appris sur notre capacité à nous mentir à nous même, et sur les moyens subtils de manipuler les données et la recherche.
Nous savons maintenant comment prouver qu’une chose est réellement réelle, pas qu’elle a juste l’air d’être réelle. Nous devrions résister avec vigueur à ceux qui tentent de rejeter cette sagesse durement acquise parce qu’elle menace les croyances qu’ils chérissent.
Voilà pour la traduction de l’article. Que puis-je ajouter ?
Que la médecine que nous pratiquons n’est que partiellement EBM. Tout ce que nous faisons n’a pas été prouvé. Beaucoup de choses sont faites « parce que ça marche », même si l’on n’a parfois qu’une idée assez médiocre des raisons pour lesquelles ça marche. La science progresse, de plus en plus de pratiques sont confirmées. D’autres sont écartées. Il faut continuer dans cette voie. Appliquer avec prudence ce qui marche, même si l’on ne sait pas vraiment pourquoi, et avoir conscience de ces limites ! Une pratique purement EBM est impossible, car les gens et les maladies ne sont pas des chiffres. Mais cet argument, qui est utilisé par les adversaires de l’EBM, ne justifie en aucun cas son abandon ni, à l’inverse, de se dire que tout est permis parce qu’après tout, c’est pas parce que quelque chose n’est pas prouvé que ça ne marche pas.
La critique et la rigueur ne concernent pas que les médecines alternatives : il faut appliquer ce niveau d’exigence à la médecine « normale ». Il faut savoir remettre en question, rester vigilant, être prêt à revoir ses a priori. ce n’est pas facile. Être sceptique, c’est aussi être ouvert d’esprit : il ne faut pas non plus rejeter une idée parce qu’elle ne nous plait pas. Mais il est hors de question d’accepter une pratique potentiellement dangereuse pour le patient s’il en existe une autre dont les effets, les bénéfices et les limites sont connus et acceptables.
On a beaucoup parlé ces derniers temps du scandale du Mediator, de celui des pilules de troisième et quatrième génération, du dépistage du cancer de la prostate et de celui du sein (je parle de médecine humaine car c’est là qu’on a le plus de donnée, vous comprenez la logique). Je crois en la science pour sa capacité à se critiquer elle-même, tout le temps. C’est pour moi le plus important des points faibles de la plupart des pratiques alternatives. Et la différence entre la science et la croyance.
Un grand merci à @Drkalee, @La_Bzeille, @lenatrad, @Dr_Ezrine, @zeJeeP, @mildis, @jabial, @13Atg, @zecalvin, @Bidibulina, @monosynaptik, @CharlineDAVID et aux autres twittos qui m’ont aidé dans cette traduction. Remerciements tout particuliers à Borée.
Ce billet est dédié aux chaussettes de Jaddo.
Dépistage cancer prostate-PSA- « Sur-diagnostic », donc « sur-traitement »
Un article récent du BMJ (cliquez ici) est très instructif et l’argumentaire scientifiquement bien étayé. On pourra y lire que le dépistage du cancer de la prostate par l’analyse /interprétation […] Continuer la lecture