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Méta
Archives de catégorie : CONSULTATIONS
Votre espace santé : vraiment ?

Faut-il « activer » son dossier médical dans « mon espace santé » ? Ou est-ce imprudent ? Quelques éléments de réflexion pour que chacun puisse choisir. Il y a quelques jours, en mars 2022, j’ai reçu un courriel me vantant les mérites de « mon espace santé » : un dossier médical numérique, permettant de centraliser « en un seul endroit, … Lire la suite Continuer la lecture
Résolution 2019
En cette fin 2018, je peux dire deux choses. J’aime toujours mon boulot. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir continuer à le faire. Je l’aime toujours parce que la MG me passionne. Que c’est compliqué mais tellement stimulant, … … Continuer la lecture
#TeamBisounourse : la MG c’est la vie
Hier, on m’a parlé d’une remplaçante (pas chez moi), qui trouvait que la MG c’était « chiant », et que c’était « de l’abattage », et qui se posait la question d’un exercice sal… Continuer la lecture
La médecine consuméro-ubériste est là. Avec quelques réflexions annexes. Histoire de consultation 200.
- Normal
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Délires et rôle du médecin généraliste comme coordinateur des soins. Histoire de consultation 193.
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Buddy Guy |
Les feux de Farfadoc’s anatomy
Dans mon cabinet, il y a du rire, des larmes, de l’amour, des colères, de la joie, des bonnes nouvelles, des naissances, des morts, des malades, des bien portants. Il y a Justine, qui pleure toutes les larmes de son … Lire la suite → Continuer la lecture
Une maladie d’Osggood-Schlatter rétrospective. Histoire de consultation 191.
On parle de son allergie saisonnière qui réagit très bien à la cetirizine.
La maman parle de désensibilisation.
Blablabla.
On blablatte donc comme on le fait dans les bons cabinets de médecine générale (la désensibilisation, je n’en pense que du mal en ce cas et je songe déjà aux commentaires dans le genre « pour mon fils cela a bien marché » et aux allergologues qui vont me tomber sur le rable, mais j’ai l’heur de connaître leurs arguments).
La maman me dit ceci, après que j’ai demandé des nouvelles des genoux de sa fille, ben oui, le smédecins généralistes ont plusieurs motifs d’intérêt pour leurs patients, la fille qui, en passant, ne se rappelle plus qu’elle a eu mal bien qu’elle ait consulté trois fois…) : « Nous sommes allés voir l’orthopédiste, tiens, j’ai oublié de vous le dire, il a fait faire des radios et une IRM… – Oups… – Vous avez l’air surpris. – Oui, plutôt. Il a donné un traitement ? – Non. Enfin si, de l’ibuprofène. »
J’ai raconté à cette jeune fille et à sa maman l’histoire suivante :
« Quand j’étais adolescent j’avais mal aux genoux quand je faisais du sport, ce n’était pas insupportable mais je devais m’arrêter de courir, de faire du basket, j’en ai parlé à mes parents (qui n’étaient pas médecins) qui m’ont rassuré en me disant que c’étaient des douleurs de croissance et que ça passerait. Je n’ai pas vu de médecin. J’ai souffert (le mot est fort) et c’est passé. Plus tard, des années plus tard, en assistant à un cours à la Faculté de médecine j’ai compris que j’avais fait un Osgood-Schlatter… »
C’est tout.
Je pourrais en faire des tonnes.
- Médicaliser la vie est l’objectif des médecins, des patients, des politiciens, des marchands et des gourous
- Traiter toute douleur dès qu’elle apparaît n’est as toujours une bonne idée
- Ne pas accepter l’incertitude est un dfaut des non médecins généralistes
- Ne pas savoir « bien » expliquer à une famille que quand c’est rien, c’est rien, et que ce n’est pas nécessaire de faire de l’imagerie pour de l’imagerie, est désastreux
- Promouvoir l’autonomie illichienne est une pratique rentable : mes parents n’ont pas jugé bon (nous n’étions pas à la même époque) de m’envoyer chez le médecin
- Faire des examens complémentaires inutiles est un passe-temps médical coûteux
- Consulter un médecin spécialiste sans passer par le médecin de famille est souvent une perte de temps
- Ne pas oublier que les maladies bénignes guérissent toutes seules et que les traiter ne rend pas le médecin meilleur mais améliore les statistiques de guérison médicalisées
- Ne pas méconnaître l’rreur fatale du docteurdu16 qui se « livre » en parlant de lui-même alors qu’il aurait pu raconter une histoire d’Allan dans le style : « Il est arrivé ceci à l’un de mes amis médecin… »
- L’allergologie est une spécialité qui me fait me poser presqu’autant de questions que l’homéopathie
- Même les consultations les plus « simples » nécessitent un background (un arrière-plan) conséquent
Un coup de gueule inacceptable. Histoire de consultation 190.
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Les deux Frida. 1939. Frida Kahlo (1907-1954) |
Madame A, 92 ans, vit seule dans un pavillon biscornu où les transferts sont difficiles. Elle est fragile.
Son traitement de base est : levothyrox, ramipril, forlax. Plus quelques babioles dont des plantes pour dormir.
Son alarme de poignet a fonctionné.
Elle a été emmenée aux urgences par sa fille (59 ans) qui habite à 10 minutes de chez elle en voiture. Elle est restée au service porte une douzaine d’heures puis elle est revenue à son domicile.
Je viens la voir deux jours après.
La situation n’est pas fameuse : la patiente ne va pas bien, elle a mal au moindre mouvement, ne peut plus, dit-elle, dormir dans son lit à cause des douleurs et s’installe la nuit dans un fauteuil au rez-de-chaussée.
Il y a un monstrueux hématome qui est en train de descendre, les lombes sont très douloureuses, les côtes très sensibles. J’apprends ensuite que des radiographies ont été faites et qu’il n’y avait pas de fracture.
Pas de troubles sensitivo-moteurs des membres inférieurs.
Elle est affaiblie.
« Docteur, faites quelque chose, je souffre tellement. »
Le traitement des urgences : 4 g de doliprane et 2 comprimés d’ibuprofène 400.
Je suis toujours circonspect en cas de douleurs lombaires très intenses chez les personnes âgées dont le rachis est fragile et j’ai eu le cas d’une fracture sans déplacement d’une vertèbre lombaire dont le diagnostic avait été fait au scanner après que le patient était devenu parétique.
En fin de visite et comme il était prévu la fille de la patiente arrive (ce qui rallonge bien entendu le temps de visite).
« Qu’est-ce que vous en pensez ? »
On reprend depuis le début.
Entre temps j’avais donc eu la fille au téléphone et lui avais conseillé de reprendre contact avec l’assistante sociale du centre de gérontologie qui était venue il y a deux ans pour déterminer le degré d’autonomie de la patiente. Ce qu’elle a fait.
Nous faisons l’inventaire des aides dont la patiente dispose, soit surtout une femme de ménage qui vient deux fois la semaine. Pas de portage de repas, elle se fait à manger toute seule.
J’essaie de convaincre la patiente de dormir dans son lit si on le descend dans une des pièces du rez-de-chaussée. Je prescris un lit médicalisé.
Le lendemain la situation s’est aggravée. Je repasse au domicile non sans avoir appelé une structure aiguë pour personnes âgées. Ils sont décidés à l’accueillir mais ils n’ont pas de place avant trois jours.
La fille est catastrophée. « Comment allons-nous faire ? »
Je la regarde et je lui dis : « Vous allez coucher ces trois nuits auprès de votre mère. – Je ne peux pas, mon mari, mon travail. Il faut trouver une garde de nuit. – Ce n’est pas possible en si peu de temps. »
Je tente d’être calme : « Votre mari est valide ? – Oui. – Peut-il manger seul trois soirs de suite et dormir sans vous dans un grand lit ? – Oui, mais… »
Pas calme : « Donc, vous me cassez les couilles, vous n’avez qu’une mère après tout, vous allez dormir ici et vous verrez après pour les conséquences. »
La fille est choquée par mon langage (et moi aussi) mais elle dormira trois nuits avec sa mère. En fait, deux, car une place s’est libérée plus tôt.
Mon coup de gueule était inacceptable mais cela m’a échappé.
Epilogue.
Madame A a passé huit jours en soins de suite où les choses se sont remarquablement passées contrairement à ce que je craignais : elle a dormi, elle a mangé, elle a repris des forces et… elle a râlé.
Elle est revenue chez elle, un lit médicalisé installé dans une chambre du rez-de-chaussée, une femme de ménage est passée trois fois par semaine, sa fille venait deux fois par jour, un service de portage de repas avait été institué, les enfants de la fille venaient voir leur grand-père (le mari, je l’ai vu une fois, il avait l’air charmant, attentionné… je lui ai demandé s’il avait survécu à deux nuits sans sa femme, il a rigolé, et il vient voir sa belle-mère régulièrement), et un médecin traitant qui surveille de loin et qui fait plus du social et de la réassurance que de la médecine.
Aujourd’hui, c’est à dire trois mois après, les douleurs ont presque disparu (les AINS ont été arrêtés depuis belle lurette et la créatinine a tenu le coup), la femme de ménage ne passe plus que deux fois par semaine, et Madame A est un peu plus constipée que d’habitude.
Quant à la fille de la patiente, malgré mon coup de gueule, elle semble bien aller et j’aimerais être petite souris quand elle parle de moi et de mon langage de charretier.
Ce que je vous raconte est vrai. Histoires de consultation 188, 188 bis, 188 ter et 188 quater.
Inversion des rôles
Je suis médecin généraliste. Dans mes journées de consultations, je gère tout plein de situations différentes : du suivi au long cours, des bébés pour leur croissance et leurs vaccins (enfin quand on a les vaccins disponibles), des petites ou … Lire la suite → Continuer la lecture
Les cancers du sein disparaissent aussi. Histoire de consultation 168 : service après vente.
Je vous avais raconté le 22 mai 2014 l’histoire de cette patiente de 94 ans chez qui un cancer du sein avait été découvert et pour laquelle le chirurgien puis l’oncologue souhaitaient mettre la gomme, c’est à dire chirurgie élargie, radiothérapie et chimiothérapie (voir ICI).
Je suis désolé de réagir aussi brutalement sans avoir vérifié mes sources, vu les mammographies, parlé au chirurgien… Mais ce qui compte : la patiente « va bien » et les images de « cancer » ont disparu. Non ?
Un léger décalage sur l’IVG. Histoire de consultation 185.
Et que le premier qui commence avec les mots intégration, assimilation, naturalisation, identité nationale aille lire ailleurs pour faire de la sémantique ou de la sociologie.
Elles sont des Françaises nées en France et elles subissent la triple peine sociale : filles d’immigrés analphabètes, filles d’ouvriers travaillant à la chaîne et/ou de femmes de ménages, et filles musulmanes. La triple peine française comprend en plus : ghettoïsation des quartiers, écoles de merdre, absence d’ascenseur social. En réalité, il s’agit d’une quadruple peine qui était déjà évidente dans ma formulation : la peine anthropologique des filles (et ici de ces jeunes femmes) liée à la structure originelle de leurs familles maghrébines se confrontant aux structures familiales du pays d’arrivée et aux injonctions sociétales européennes concernant ces mêmes filles.
Précisons pour les gens qui ne vivent pas dans les « quartiers » ou qui y vivent mais se tamponnent de l’histoire de leurs voisins, voire pire, de leurs propres histoires, que les structures familiales au Maghreb sont en plein bouleversement (en raison notamment de l’urbanisation des populations et de la « modernisation » des structures étatico-sociales dans un contexte plus général de mondialisation économique et de tensions mondialisées dans la religion) et que ces bouleversements sont amplifiés par l’immigration (les cultures des pays d’origine et les cultures des pays d’arrivée s’entrechoquent comme on l’a déjà vu et comme en témoigne par exemple l’effondrement du taux de fécondité des femmes entre leur pays d’origine –surtout s’il s’agit de l’Afrique sub saharienne et presque pas quand il s’agit de la Tunisie– et la France) et par l’émigration (les pratiques modifiées des émigrés transforment par contamination les pays d’émigration). J’ai déjà abordé le problème du non communautarisme (c’est à dire que les populations immigrées, fussent-elles issues d’un même pays ne pensent pas d’une seule façon, ne se comportent pas d’une seule façon, et cetera) et du communautarisme redouté, la question des pratiques modifiées dans les populations immigrées (LA) et l’observation d’une autre double peine (ICI).
Vous suivez ?
Chacun de ces bouts de phrase devrait permettre de planifier des thèses de sociologie à des générations d’étudiants… Je laisse cela aux spécialistes. En sachant, et je l’avais découvert en situation (voir ICI), que les thèses anthropo-sociologiques faites par des fils et filles d’immigrés sont rares ou s’autocensurent pour des raisons éminemment communautaristes et compréhensibles (désir d’appartenance).
Quoi qu’il en soit, la deuxième jeune femme vient pour la déclaration de grossesse, bla bla, la partie proprement médicale a déjà été faite lors des consultations précédentes, il s’agit de collecter les données, de leur donner un sens, de renouveler les conseils et de rappeler le calendrier. Brutalement, elle me parle de l’angoisse qu’elle a ressentie lors de sa première grossesse dans l’attente des résultats pour la trisomie (ce que l’on appelle les marqueurs sériques et qui concernent également le tube neural).
Je pense en moi-même à cette femme musulmane foulardisée dont j’ai déjà parlé LA et cette autre, tout aussi foulardisée, qui me disait avoir une petite soeur trisomique et que « c’était la joie de toute la famille et que donc, docteur, ne me parlez pas d’avortement ».
Revenons à notre consultation.
Elle : « C’est long d’attendre les résultats, on se fait des films… »
Son amie : « Je confirme. »
Elle : « Mais, de toute façon je n’aurai pas avorté. »
Son amie : « Moi non plus, je ne l’aurais pas fait, de toute façon. »
Moi (idiot) : « Ah bon ? »
Ni l’une ni l’autre n’ont jamais parlé de religion avant cette consultation.
J’ajoute : « Alors ? Pourquoi accepter le dosage ? »
L’un ou l’autre (je ne me rappelle plus laquelle) : « Pour se préparer. »
Je vous précise : ces deux jeunes femmes sont habillées « à l’européenne », plutôt pimpantes, ont bac + 3 et je ne les ai jamais entendues, devant moi, cela fait des années que je les connais, faire une référence à l’islam.
Cette consultation ne signifie pas grand chose d’un point de vue statistique mais j’ai déjà « remarqué » combien il existait un léger décalage sur l’IVG entre le discours officiel des femmes que je rencontre ici ou là dans mes relations sociales (toutes favorables à l’IVG au nom du droit des femmes à pouvoir disposer de leur corps) et celles que je rencontre dans mon cabinet, celles des « quartiers ». Mais pas toutes celles des « quartiers », ce serait généraliser abusivement.
Et j’ai connu, je connais des jeunes femmes qui sont parties en train pour Amsterdam, seules, l’échographie dans le sac et l’argent, faisant l’aller et retour dans la journée, des musulmanes aussi, mais qui étaient acculées aux impossibilités, non pas religieuses mais sociales, de de faire autrement.
Le refus théorique de l’IVG (pour la pratique, chacun s’adapte aux circonstances, on vient de le lire) n’est pas seulement le fait de quelques exaltés catholiques ou de juifs ultra orthodoxes, elle est le fait de certains musulmans. Et, ici, dans ma patientèle, c’est palpable. Est-ce que quelqu’un aurait le culot de dire que ces deux jeunes femmes sont des anti modernes ?
Il y a environ dix-huit mois je discute avec une petite cousine de vingt ans. Je lui dis avec précaution que je suis, éthiquement, contre l’IVG mais que je ne m’y oppose jamais quand mes patientes (il est tellement rare qu’un homme soit dans le cabinet à cet instant) en font la demande. Et parce que je suis contre éthiquement il m’arrive d’en faire « trop » pour l’accompagnement de ces femmes (« trop » signifie que je m’implique plus qu’il ne serait nécessaire, enfin, je quitte ma position empathique pour une position sympathique, en tentant de ne pas parler, seulement anticiper, ne pas l’induire, la violence symbolique de l’IVG). Ma cousine me regarde et me dit ceci (avec encore plus de prudence) : « Tu sais, tous les jeunes de maintenant considèrent que l’avortement, c’est naturel. » Elle me parle prudemment car, dans une partie lointaine de la famille, il y a des catholiques qui ne sont pas très favorables à l’avortement. Je ne suis pas catholique et je ne suis pas croyant. Je suis même athée.
Quoi qu’il en soit, la conversation avec la petite cousine m’a rendu, d’un seul coup, vieux, réactionnaire, en dehors des courants dominants. Et je dois le dire, prudent. Dire, écrire, que l’on n’est pas pour l’IVG, renvoie à des figures tutélaires de la réaction, du conservatisme, du catholicisme activiste, et cetera. Aurais-je tellement peur de ne pas être dans le coup, c’est à dire d’être considéré comme un acolyte des tueurs d’obstétriciens pratiquant l’IVG comme aux Etats-Unis.
La question que l’on m’a posée cent fois : « Puisque tu considères que l’IVG est, de ton point de vue, éthiquement inacceptable, pourquoi ne le refuses-tu pas complètement et n’envoies-tu pas promener les patientes qui désirent le pratiquer ? »
La question que je ne me suis pas posée cent fois. Les positions ou les points de vue sont évolutifs. En 1973, dans le hall du CHU à Cochin, des étudiants et des médecins pratiquaient des IVG selon la méthode Karman (entre parenthèses : Karman n’était pas médecin) et je trouvais cela génial. J’étais tout jeune étudiant en médecine (troisième année) et je vivais en plein dans l’âge lyrique post soixante-huitard : contraception, IVG, et cetera. Voulez-vous que je vous parle de l’âge lyrique politique auquel je ne participais pas ? Maoïsme, castrisme, et cetera ?
Aujourd’hui je cherche « Karman » sur Google. Je ne trouve pas grand chose (parce que je ne connais pas son prénom). Je cherche « Karman aspiration » et j’obtiens peu de choses mais le prénom « Harvey ». Pas d’article wiki en français. Un petit article wiki en anglais. Puis un article tout à fait intéressant que je vous conseille de lire : LA. L’histoire de l’IVG par aspiration est tout à fait surprenante. Surprenante d’un point de vue technique, réglementaire, idéologique et politique. On y apprend que Karman a pratiqué un avortement mortel en 1955 pour lequel il a connu la prison, et, ensuite, un peu plus tard, que les gouvernements américains de l’époque ont suscité le développement de la technique par aspiration dans les pays à faible niveau de vie…
It’s hard to believe now, after years in which the United States has exported its antiabortion movement all over the globe, that the American government was once responsible for bringing safe abortion to great swaths of the developing world. Hard to believe, too, that support for distributing contraceptives to remote corners of the planet was once a solidly bipartisan undertaking.
Donc, en théorie je suis contre l’IVG et en pratique je suis contre son interdiction et je favorise sa réalisation chez les jeunes femmes qui me le demandent. Avec énormément d’empathie (enfin, je crois).
Je ne fais donc pas partie du main stream de la bonne conscience progressiste qui ne se pose pas de questions car se poser des questions, selon nos bons apôtres de la modernité, c’est faire le jeu des réactionnaires, des conservateurs, des libéraux, des néo-libéraux, des capitalistes, des traders (sauf Kerviel, notre Dreyfus), des marchands d’armes, des je ne sais quoi. Se poser des questions sur la légitimité de l’IVG, c’est, bien entendu, être anti féministe, ne pas respecter le droit des femmes à disposer de leur corps, et cetera. J’accepte, je gère et j’assume. Pourquoi devrais-je mentir ?
De l’intérêt de ne faire confiance à personne (et encore moins à soi-même). Histoire de consultation 184.
Première partie : Une histoire simple (ou presque).
Monsieur A, 59 ans, dont la pathologie principale est un infarctus du myocarde double stenté, revient me voir au décours d’une consultation chez le spécialiste en pneumologie. Il y a trois jours j’ai reçu une lettre du dit spécialiste qui me reprochait d’avoir arrêté le traitement par spiriva/tiotropium (voir ICI et LA des informations sur ce produit). La lettre est moyennement aimable et me place devant mes responsabilités arguant du fait que l’arrêt de ce médicament serait préjudiciable à la santé du patient.
J’en discute ici et là.
- Je me fais engueuler par le docteur A. « Ce n’est pas une façon de se conduire. » D’abord, il me dit « que je n’aurais pas dû arrêter le traitement sans prévenir le spécialiste en pneumologie. Qu’un appel téléphonique eût été plus fair. Que ce n’est pas non plus une façon de se conduire avec le patient que, il y a longtemps, j’avais adressé au spécialiste en pneumologie en question. Que peut-il et que doit-il penser de la médecine en général ? » Je ne suis pas d’accord. D’une part en raison de mes relations anciennes (et tumultueuses) avec ce spécialiste en pneumologie à qui, désormais, je n’adresse plus de nouveaux patients : communiquer ma décision eût conduit à une fin de non recevoir. D’autre part nous sommes convenus de cela avec le patient qui ne se trouvait pas amélioré par le spiriva, ce n’est donc pas une décision irréfléchie. En gros, le docteur A me reproche : « Si tu veux changer quelque chose il faut t’expliquer avec le spé, sinon vous vous traiterez de crétins jusqu’à la fin des temps… Vous vous mépriserez l’un l’autre… et rien ne changera. »
- Je suis soutenu par le docteur B. « T’as eu bien raison. Nous devons préserver l’intérêt de ‘nos’ patients. Nous devons également tenir compte de leur avis. Cela fait partie de l’éducation thérapeutique bien comprise : gérer sa maladie, le malade a pris sa décision et tu n’avais pas d’arguments très forts pour le convaincre de continuer. » Il ajoute : « Tu crois que le spé te prévient quand il change un traitement par convenance personnelle ? »
- Je suis ramené aux dures réalités. Un collègue pneumologue, le docteur C : « Es-tu bien certain que ce patient était obstructif ? » Je vérifie le dernier courrier adressé (le pas aimable) : le patient est vraiment très peu obstructif (stade 2 modéré de la classification, LA). J’ai donc commis une erreur fatale : j’ai lu d’un regard distrait le courrier du spécialiste des poumons et j’ai « renouvelé » le traitement sans me poser de questions. C’est moi qui suis en tort.
Deuxième partie. Je connais mal mes patients.
Pour écrire ce billet je consulte le dossier papier du patient (le dossier électronique remonte à 11 ans).
Et je me rend compte que le patient, étiqueté BPCO dans mon dossier (ancien fumeur, petit cracheur hivernal, quelques poussées de bronchites sifflantes), n’avait pas vu de spécialiste en pneumologie depuis plus de 6 ans et que c’est moi, un jour où je rêvais, le lendemain ou le surlendemain de la visite du laboratoire Boehringer à mon cabinet (j’ai très très longtemps reçu la visite médicale, disons entre 1979 et 2005, je sais, je devrais faire mon mea culpa, du moins une confession publique ou encore me fouetter le corps, que sais-je ?), qui ai prescrit spiriva à mon patient.
Je rassure tout le monde : le malade va bien.
Ainsi, le médecin généraliste lambda (c’est moi) prescrit du spiriva sur une vague impression clinique (mais le patient était déjà catalogué BPCO par un spécialiste en pneumologie) en suivant sans doute les recommandations d’un ou d’une visiteuse médicale, et, sans le savoir les recommandations de GOLD (voir ICI pour les commentaires) et je suis soutenu par le spécialiste en pneumologie qui aurait dû se poser des questions (tout comme moi, mais, après tout, je ne suis pas spécialiste en médecine générale) sur le diagnostic : ce patient n’a probablement pas de BPCO.
L’objection du docteur A, ne pas faire avancer le schmilblic en ne prévenant pas le spécialiste en pneumologie, était tout à fait justifiée mais je n’ai toujours pas écrit de courrier pour éclaircir les choses. Sans doute mon côté je râle et je n’arrive pas à faire changer les choses.
L’approbation du docteur B me convient mais convient surtout à mon laisser-faire (voir objection précédente).
La réflexion du docteur C est plus inquiétante sur l’état de la médecine : de la médecine générale pépère qui prescrit dans le probabilisme irresponsable et de la médecine de spécialité prescriptrice sur de vagues arguments. Il arrive donc que des patients soient traités pour une maladie, voire des symptômes, qu’ils n’ont pas. Et pendant de longues années.
Conclusion (peu conclusive).
Nous avons tous, les uns et les autres, des consultations chargées, des consultations de routine, des consultations de renouvellement, des consultations d’alerte, des consultations d’ennui, nous avons tous des dossiers surchargés (liés au suivi longitudinal pendant de nombreuses années) où les informations essentielles finissent par être enfouies, des patients qui ont oublié jusqu’aux pathologies qu’ils ont présentées, les effets indésirables qu’ils ont ressentis, des patients pressés ou inquiets, et cetera.
Quand un patient revient chroniquement au cabinet et quand la médecine se fait envahir par la conversation, il faut se mettre en alerte, il faut relire les anciens courriers de spécialistes comme les anciens courriers que l’on a adressés aux spécialistes…
Bon, pour les esprits critiques, on voit donc que j’ai été léger sans conséquences sur ce coup là (pour toutes les fois où j’ai pu être lourd et éventuellement dangereux).
(Traduction du dessin : On n’a rien trouvé chez vous donc on va vous traiter pour Trouble d’Absence de Symptômes.)
Un secret médical. Histoire de consultation 183.
La jeune B, 14 ans et 7 mois, entre dans le cabinet de consultation en faisant la tronche. Elle est accompagnée par ses parents.
Les parents voudraient : 1) que je lui fasse faire des examens (IST) ; 2) que je lui parle (i.e. je la raisonne en lui disant les dangers qu’elle court) ; 3) que je lui prescrive une contraception.
B ne dit rien. Elle écoute en prenant un air blasé.
B est déjà venue me voir toute seule et a tout nié ou presque. Presque. Ce qui m’a donné l’occasion de dire quelques mots de prévention et de tenter d’éclaircir la situation.
» Si on t’écoutait… »
Elle regarde ses parents qui sont assis l’un à côté de l’autre et elle du côté de son père.
» Je n’ai rien à dire. Ils se font des films. »
Regards entendus des parents.
» Tout est faux ?
– Non. Mais je n’ai pas envie de parler.
– Pourquoi ?
– Parce qu’ils ne peuvent pas comprendre. »
La mère de B se lance dans un long monologue énervé et revendicatif d’où surnagent les mots « avenir », « études », « gâcher sa vie », « ne pas être enceinte », et cetera.
Le père de famille (docteurdu16) est globalement d’accord ; le médecin (docteurdu16) pense au côté « médical » de l’affaire ; le moraliste (docteurdu16) réfléchit.
Le père de B regarde sa femme et dit ceci : » Je crois que l’on devrait la laisser seule avec le médecin. »
La mère acquiesce à regret.
B sourit.
Ils sortent.
B s’assure que les portes sont bien fermées.
» Vous ne direz rien à mes parents ? Vous êtes tenu au secret.
– Je ne dirai rien sauf si je pense que tu es en danger. »
Elle m’a « tout » raconté. Une version différente de ce que ses parents savent. Une version plus soft, une version moins hard, mais une version qui fait quand même frémir un père de famille. Je ne pense pas qu’elle soit en danger. Mais une jeune fille de 14 ans et 7 mois qui est à la fois d’une grande maturité physique et d’une grande naïveté.
Je ne peux en dire plus pour des raisons de confidentialité.
Si B a souri tout à l’heure quand son père lui a proposé de la laisser seule avec moi, c’est qu’elle avait compris que ce qu’elle me dirait, ses désirs, ses raisons, sa façon, à 14 ans et 7 mois de vivre la sexualité, jamais ses parents ne le sauraient. A moins qu’elle ne leur en parle. Mais il y a au moins 3 versions identifiées : 1) ce qu’elle vit ; 2) ce qu’elle a raconté à ses parents ; 3) ce qu’elle m’a raconté.
Que deviendra cette jeune fille ?
Illustration : Balthus (Balthazar Klossowski de Rola : 1908 – 2001) : Katia lisant (1974).
Des examens complémentaires à foison pour un faible taux d’élucidation. Histoire de consultation 182.
On peut noter en passant que le cardiologue ne « croit » pas beaucoup au rôle du cholesterol (qui est normal de chez normal et sans traitement) ou « croit » trop au rôle du cholesterol car elle pense qu’un cholesterol aussi bas sans traitement n’est pas encore assez bas.
Par la même occasion le cardiologue redemande une prise de sang (la mienne datant d’un mois et devant être trés ancienne) en la complétant par des examens qui avaient été faits, normaux quatre mois auparavant et prend d’elle-même un rendez-vous chez le pneumologue (de la même clinique) pour explorer un éventuel syndrome d’apnée du sommeil et un rendez-vous chez l’orthopédiste de la même clinique car elle a mal au genou.
Pour l’apnée du sommeil, nous avions déjà programmé l’affaire il y a un an mais la patiente avait temporisé, car « porter un masque, c’est un peu coupe l’amour ». M’enfin.
La cardiologue ne s’en satisfait pas.
Primo : le docteur du 16 aurait dû gérer tout seul cette esquisse d’esquisse de dyspnée d’effort (voir ICI pour ce qu’il faut penser de l’adressage).
Addendum : Ne croyez pas, critiques sincères, que la situation soit très différente dans les hôpitaux où le cabotage est une institution et où l’on adresse à des spécialistes que l’on sait nuls, non EBM, David Sackett ignorants ou big pharma addicts…
Dites « 33 dernières consultations »
Il y a trois semaines, j’avais, comme souvent depuis 5 mois, le téléphone de l’hôpital de jour dans la poche. « Allo, y a une dame qui voudrait en rendez vous, mais le premier est dans plus d’un mois et elle … Continuer la lecture → Continuer la lecture
Un PSA venu de nulle part. Histoire de consultation 180.
Souffrance au travail : consultations spécialisées
Cet article liste les adresses des consultations qui peuvent apporter de l’aide à toutes les personnes victimes de souffrance au travail. Merci de nous transmettre les adresses des nouvelles consultations de souffrance au travail qui se mettent en place. Département 06 […] Continuer la lecture
Sérenpidité du suivi des patients. Histoire de consultation 179.
Avalanche d’examens complémentaires. Histoire de consultation 177.
Madame A, 71 ans, est hypertendue connue depuis des siècles, traitée par un bêtabloquant (c’était la mode à l’époque), le betaxolol, et par une statine (pravastatine 20), tous deux prescrits par mes soins depuis une bonne vingtaine d’années.
Mouais.
Je n’avais pas encore reçu le compte rendu de l’épreuve d’effort que j’apprenais qu’elle allait subir une scintigraphie cardiaque avec test à la dobutamine dans un centre privé extérieur au 78. Dans le 92.
Et à la fin tout était normal.
Je revois « ma » patiente avec son souffle, sa pression artérielle contrôlée (le bêtabloquant a été conservé pour des raisons surprenantes), sa statine (le cardiologue a précisé que le mauvais cholestérol pourrait être « un peu plus bas ») et son mauvais caractère (que je ne connaissais pas auparavant).
« Alors, tout ça pour ça ?
– Que voulez-vous dire ?
– Vous vous plaigniez que je ne vous ai pas réadressé au docteur B qui n’avait pas jugé bon non plus de demander des examens… Vous les avez faits, les examens.
– Oui. Je suis rassurée.
– Mais… vous n’aviez rien… vous n’étiez pas essoufflée, il est possible que ces examens n’aient servi à rien… On vous a balladée à droite et à gauche…
– Et si j’avais eu quelque chose…
– Le risque était infime… »
Le mari : « C’était à vous de lui dire de ne pas le faire…
– Mais le ver était dans le fruit…
– Que voulez-vous dire ?
– A partir du moment où les urgences vous ont dit d’aller consulter un cardiologue, j’étais mis hors jeu. Vous vouliez cette lettre et je n’ai pas eu le culot de vous dire que cela ne servait à rien.
– Vous n’étiez pas sûr de vous ?
– Non. Vous vouliez consulter un cardiologue parce que vous étiez inquiète mais je n’avais pas d’arguments solides pour vous prouvez que cela n’allait servir à rien… Et, le plus grave, ce n’est pas d’aller voir un cardiologue, mais tous les examens qu’il a demandés après.
– Il ne valait pas mieux les faire ?
– Je ne crois pas. Je crois qu’ils étaient inutiles.
– C’est facile de dire cela après…
– Moui… c’est l’intuition clinique…
– Comment aurait-on dû faire ?
– Je ne sais pas. Laissez moi réfléchir… »
Est-il possible de tout dire ? Est-il possible de dire à des patients que la médecine est en train de se moquer d’eux ? Est-il possible de dire à des malades qu’ils sont devenus des marchandises échangeables, des sujets d’une histoire qui ne les concerne pas ? Est-il possible de leur dire qu’il existe des réseaux, des circuits de malades, des médecins obligés et des médecins obligeants, des redevances de cliniques, des passe-droits, des sur diagnostics, des faux diagnostics, des diagnostics à tort et que ce n’est pas l’inquiétude des médecins qui les entraînent à prescrire toujours plus d’examens complémentaires (et accessoirement de médicaments) mais la logique du marché, l’impérieuse nécessité de rentabiliser les équipements coûteux qui ont été installés ici et ailleurs, de les faire tourner à plein régime, des équipements qui sont parfois inutiles parce que trop nombreux, et que donc, les dirigants de cliniques, les fabricants de matériel, les fournisseurs d’isotopes, ont besoin de chair à pâté pour rentabiliser les investissements et, surtout, les retours sur investissements, et que les médecins généralistes ne sont plus suffisants, il faut des super docteurs, des rabatteurs, des représentants de commerce, pour alimenter le ventre de la machine de la santé, cette santé qui n’a pas de prix, cette santé qui valorise les examens coûteux, les machineries complexes, qui culpabilise les patients, les malades, les médecins pour qu’ils aient peur, qu’ils pètent de trouille, et tous les moyens sont bons, dont le PSA, la mammographie, la pose de stents inutiles (aux US un article grand public résume la situation : ICI), les dilatations sans objet, j’en passe et des meilleures, les campagnes de « sensibilisation » orchestrées par des fabricants de produits de beuté (Estée Lauder Pour Octobre Rose), cette santé qui oblige les citoyens à penser que le dépistage c’est bien, on ne discute pas, que les vaccins c’est génial, on ne discute pas plus et que ceux qui s’y opposent sont des passéistes, et cetera.
« Je crois, mes chers amis, que j’aurais dû vous dire qu’un malaise vagal, cela peut arriver à tout le monde, que cela n’a aucun rapport avec un petit rétrécissement aortique, et j’aurais dû écrire une lettre pour un cardiologue plus cool, moins interventionniste, cela existe à M*, et vous dire, après l’épruve d’effort, s’il y en avait eu une, de renoncer.
– Mais, excusez-moi de vous dire cela, cela fait tellement longtemps que l’on se connaît, après ce que l’on m’avait dit à l’hôpital, j’avais besoin de faire des examens… Mais, nous sommes d’accord, le docteur B, il avait raison de pas s’inquiéter. »
Cet exemple de cardiologie ne rend pas compte du fait que toutes les spécialités sont intéressées.
Nous parlerons un autre jour de Jean de Kervasdoué.
Illustration : Jeff Wall After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, the Prologue 1999-2000
Ma gynécologue est partie à la retraite : un problème ? Histoire de consultation 176.
PS. Par une sorte de coïncidence, de corrélation ou de causalité (je laisse le débat ouvert) un certain nombre de blogs, dont celui du docteur Gécé (LA), de Dix Lunes (LA), de Farfadoc (ICI) et Sous La Blouse (LA) ont diffusé des textes et une affiche (faite par Sous La Blouse) que je reproduis ici qui parlent de la même chose ou presque que cette histoire de consultation 176.
Pratique de l’autonomie illichienne en médecine générale. Histoire de consultation 175.
Il y a toujours un moment où l’on se pose des questions sur la théorie dans sa pratique quotidienne mais il est aussi nécessaire de mettre sa théorie à l’épreuve de sa pratique pour savoir ce qu’il en reste et, surtout, pour se remettre en question.
Je rappelle quelques éléments de la théorie illichienne qui ont inspiré depuis de nombreuses années ma réflexion (je réserve pour plus tard la critique d’Ivan Illich par Thomas McKeown dans ‘The role of medicine‘, courte mais passionnante, et ce que cela m’inspire) : la société s’est à tort médicalisée (on peut discuter sur le degré de médicalisation / sur médicalisation comme l’a fait Marc Girard, par exemple à propos du corps des femmes) et on peut s’interroger sur qui a commencé, c’est à dire si la médecine a forcé la société à se médicaliser ou si la société a exigé de la médecine qu’elle règle des problèmes qui, de tout temps, n’étaient pas médicaux ; les adversaires d’Illich prétendent que c’est le progrès qui a rendu des pans de la vie « médicaux » (soigner des infections, surveiller les grossesses ou remplacer des coeurs), Illich a lui tendance à dire que c’est la technique qui a fait miroiter à la société des solutions médicales à des problèmes anthropologiquement non médicaux ; à l’échelle historique et de façon globale l’hygiène est plus déterminante que la médecine pour diminuer la morbi-mortalité (Illich et McKeown sont d’accord sur ce point) mais il faut cependant moduler en fonction des pathologies, des époques et des lieux (j’y reviendrai ailleurs) ; les grandes institutions de la société industrielle (santé, école, transports, énergie) sont contre-productives (rappelons cette statistique effrayante et que nous avons du mal à imaginer : 30 % des patients traités pour une infection à l’hôpital l’ont attrapée durant leur hospitalisation) ; mais venons-on au fait central : Illich préconise l’autonomie de l’individu et de son entourage contre l’hétéronomie de la technique (voir ICI) et il donne des exemples convaincants, d’autant plus convaincants que le corps médical et les industriels ont intérêt à élargir leur champs d’intervention (et de vente) : le deuil de son conjoint est, par exemple, devenu une maladie alors qu’auparavant c’était une situation existentielle qui se traitait en famille ou dans un cercle d’amis ; il faudrait développer à l’infini ce dernier point car le concept d’autonomie est d’une complexité inouïe et peut autant renvoyer à la common decency orwellienne qu’au libertarianisme états-unien… Fin de la parenthèse.
La première fois que Madame A est venue me voir, seule, elle va très mal. Elle est effrayée, elle n’arrive pas à dormir, mais pas du tout, elle a des crampes dans le ventre, le coeur qui bat vite, et cetera. En gros elle fait une énorme crise d’angoisse généralisée. Elle a peur de mourir. Elle a peur de dormir et de ne pas se réveiller. Elle pleure et elle se tient la poitrine. Et comme souvent en ces circonstances elle pense que c’est organique et cette accumulation de symptômes angoissants lui fait craindre le pire, une maladie grave, un cancer. Elle veut, bien entendu, une prise de sang et un scanner corps entier (regarder Dr House est mauvais pour la santé) pour savoir. Mon refus ne la rassure pas. Bien au contraire.
Je suis incapable de l’interroger sereinement et elle est incapable de me parler sereinement mais l’angoisse de mourir l’empêche de se comporter « normalement » avec son mari, ses enfants et elle arrivait jusqu’à présent à travailler.
Je lui prescris une benzodiazépine et un hypnotique (que la police du goût me pardonne…) : double hétéronomie : elle consulte un médecin et le médecin lui prescrit des médicaments pour une « pathologie » qui, en Afrique, aurait nécessité de l’autonomie communautaire (ce qui tend là-bas aussi à disparaître). Je lui prescris également un court arrêt de travail bien qu’elle semble aller mieux quand elle travaille. Mais elle est épuisée.
Dans notre entretien confus et incompréhensible et en raison du fait qu’obtenir un rendez-vous dans une structure psychaitrique demande entre une décennie et unsiècle, je réussis à lui glisser le conseil de parler autour d’elle pour se faire aider, son mari, quelqu’un de sa famille, une amie. Début de la rupture d’hétéronomie ?
La deuxième fois qu’elle consulte, trois jours après, elle ne va pas mieux, mais elle est accompagnée d’une cousine. Symptomatologie identique, angoisse dans le même métal, mais elle a parlé à son mari et à sa cousine. La cousine intervient : « Nous avons perdu récemment notre grande soeur au Mali qui est morte brutalement et sans cause apparente et c’est la raison pour laquelle elle est mal, elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle a peur de mourir et d’aller la rejoindre. Et elle ajoute : « Une de nos cousines qui vit à Dakar, loin du village où est décédée notre grande soeur, est dans le même état, enfin elle a peur de mourir… » (Ma réaction en direct : ainsi, nous entrons en plein, non, je plaisante, en pleine théorie mimétique (voir René Girard) avec deux protagonistes qui ont les mêmes symptômes à des milliers de kilomètres de distance.)
La patiente sourit vaguement. J’ai également oublié de dire qu’elle n’a pas pris le traitement que je lui ais prescrit : elle ne voulait pas prendre de médicaments.
Nous avançons un peu.
La patiente commence à parler de sa grande soeur mais les manifestations d’angoisse sont encore au premier plan et elle s’inquiète encore plus : elle est certaine d’avoir un problème au ventre et veut une radio. Je tente de lui expliquer que… La cousine ajoute que son mari pense qu’elle a une maladie et qu’il la pousse à faire des examens.
Je conseille à nouveau les discussions familiales. J’apprends alors que la cousine qui présente exactement les mêmes symptômes a commencé quelques heures avant que ma patiente n’exprime la même chose, ce qui beaucoup impressionné la famille des deux continents quand elle l’a appris.
Je demande : « Avez-vous parlé à votre soeur ? – Non. Elle ne veut pas. »
La troisème fois qu’elle consulte, son mari est avec elle. Elle a fini par prendre les médicaments et elle se sent (un peu) mieux mais « ce n’est pas tout à fait cela ». Le mari est inquiet et convient que c’est la mort de la soeur qui a tout déclenché. Il a beaucoup réfléchi et se demande comment il ferait s’il avait peur de mourir. « Au village », me dit-il, « il y a un marabout qui fait des prières mais il n’y croit pas beaucoup… Ma femme ne pourrait-elle pas aller voir un psychiatre ? » Je me tourne vers sa femme qui sourit et qui dit qu’elle veut bien tout essayer. Cela va être difficile en cette mi juillet de trouver un rendez-vous au CMPA (dispensaire de secteur où les effectifs ne cessent d’être réduits) mais je fais un courrier en expliquant qu’elle verra d’abord un infirmier ou une infirmière puis un psychiatre. C’est OK.
A mon retour de vacances je revois donc Madame A qui a repris son travail : elle se sent mieux. Elle continue de parler avec sa cousine de France et maintenant elle parle aussi avec sa cousine qui vit au Sénégal. Elle a vu une infirmière au CMPA et elle verra un psy mi septembre. Nous n’avons rien réglé. Nous n’avons pas encore pu parler au fond pour des raisons conceptuelles (même si cette femme parle parfaitement le français) mais elle va mieux. Elle prend actuellement comme traitement un zolpidem au coucher et un alprazolam 0,25 dans la matinée. C’est tout.
J’ajoute que Madame A a appris une expression au CMPA : faire son deuil. Je ne sais pas si faire son travail de deuil va l’aider mais une nouvelle notion est entrée dans son esprit : elle est de plus en plus imprégnée de la culture toubab.
L’histoire n’est pas terminée.
Madame A n’est pas guérie mais a commencé à aller mieux grâce à son entourage et dans sa culture familiale. On peut dire aussi qu’avec le temps, va, tout s’en va. Que les benzodiazépines l’ont aussi aidée (à dormir).
Je ne suis pas assez sot pour dire qu’Illich a raison, je dis simplement que j’ai pensé à Illich en recevant plusieurs fois la malade et deux membres de sa famille, que j’ai pensé à l’autonomie illichienne versus le tout médecine ou le tout psychiatrique.
Je suis un toubab qui, au cours de ces consultations, a pensé à Freud, à René Girard, à Georges Devereux, à Ivan Illich et aussi aux benzodiazépines.
Medical nemesis. 1975. Vous pouvez en lire le premier chapitre en anglais ICI.
Un quart d’heure bien rempli. Histoire de consultation 174
- Remplir le dossier MDPH pour « son » invalidité.
- Prolonger son ALD pour diabète non id.
- Lui represcrire ses médicaments.
- Lui fournir le matériel et la paperasse pour le test hemoccult.
Contre-transfert en médecine générale (approche partiale). Histoire de consultation 170.
Je rencontre dans le couloir Madame A, 31 ans, qui sort du cabinet de consultation de mon associée où elle vient d’être vue par son remplaçant (pour simplifier les choses : le remplaçant de mon associée est mon ex associé à la retraite).
Elle me fait un grand sourire que je lui rends.
Sauf que j’ai un peu de mal avec cette patiente dont je suis le médecin traitant et qui a mal partout, qui se plaint de plein de trucs, un jour du cou, un autre de la jambe, une autre fois des poignets, encore une autre fois de migraine, qui est anxieuse, qui souffre physiquement et moralement, qui a des traits dépressifs, qui ne sait plus où elle en est et que je considère comme une victime parce qu’elle a un compagnon, le père de son enfant, qui l’a frappée (elle ne m’a jamais montré de traces mais ce n’est pas la peine de voir pour la « croire » et j’ai voulu que l’on prévienne les services sociaux, qu’elle porte plainte, elle n’a jamais voulu, parce qu’elle ne veut pas le priver de son enfant, c’est son père, après tout), qui la menace, qui la trompe ouvertement, me dit-elle, et cetera, et qui continue de vivre chez elle et un employeur qui ne la comprend pas et qui, sans la harceler, la trouve nulle.
J’ai fini par l’adresser en service de médecine interne car, ne sachant plus quoi faire d’elle, je veux dire proposer une construction théorique pour toutes ses plaintes douloureuses, et craignant de « passer à côté de quelque chose », notamment une connectivite en raison de l’horaire des douleurs, du contexte familial, sa maman a une PR, et parce que l’abord psy ne lui convient pas, qu’elle n’est pas folle, dit-elle, qu’elle est anxieuse mais on le serait à moins, dit-elle, qu’elle est un peu dépressive mais sans désirs suicidaires, comprenez moi, docteur, je vis des choses difficiles, eh bien j’ai opté pour l’approche organique afin de soulager mon ignorance et / ou mon incompétence.
Elle a donc accepté le service de médecine interne mais pas l’aide sociale et pas le psychiatre.
Le service de médecine interne a joué le grand jeu, ne l’a pas prise pour une « fonctionnelle », et le courrier que j’ai reçu était rempli de résultats d’examens complémentaires très sioux, que je connaissais de nom mais dont je ne connaissais ni la spécificité ni la sensibilité dans le cas particulier de cette patiente. Ils n’ont rien trouvé mais ils ne lui ont pas encore collé une étiquette d’hypochondriaque manipulatrice. J’ai écrit dans son dossier la phrase magique : « jesaipasaiquoi ».
Grâce à la remarque du remplaçant de mon associé je découvre combien j’ai été mauvais avec cette patiente, mauvais dans ses différentes acceptions : mauvais médecin, mauvais « humaniste », mauvais humain, nul, en quelque sorte. J’ai découvert aussi combien j’avais été injuste.
Pourquoi ?
Chacun pourra en tirer des conclusions, non sur mon cas précis, mais sur « son » cas précis, le cas de chaque « soignant » en situation de soin quand il ou elle sont en face d’un ou d’une patiente qui les dérange.
La vie est ainsi faite, je ne parle pas seulement de la médecine, il nous arrive d’être « mauvais », mais, dans le cas de la médecine, il s’agit de notre métier, nous avons donc une obligation de moyens.
Est-ce que j’ai été mauvais parce que je n’aime pas ce genre de femmes dans la vraie vie ? Est-ce que j’ai été mauvais parce qu’elle ne correspondait pas à l’idée que je me fais de la façon de réagir dans de telles circonstances ? Est-ce que j’ai été mauvais par pure umbécillité ?
Le remplaçant de mon associée m’a remis dans le droit chemin.
Quad j’ai revu Madame A, j’étais content de la voir. Sans doute pour me faire pardonner. Et, comme par hasard, et ne croyez pas une seconde qu’il y ait une quelconque corrélation ou que je m’attribue quelque mérite, elle allait « mieux ».
(Cette anecdote mériterait à mon sens quelques commentaires circonstanciés : la réflexion sur soi-même ; la liberté de ton entre professionnels de santé ; l’arrogance médicale ; le paternalisme ; et cetera)
Note : Pour le contre transfert j’ai retenu cet article ICI.
Illustration : je l’ai trouvée sur le site LA mais sans auteur du dessin.
Actualités oncologiques en médecine générale. Annexe au plan cancer (2)
J’avais posté un billet en attendant de commenter le plan cancer (ICI), billet que je n’ai toujours pas écrit.
Mais la réalité ne cesse de me rattraper.
Cas onco 005. Histoire de consultation 168
Madame A, 94 ans, a fini par dire que son sein coulait. Elle a une tumeur du sein qui a été authentifiée par une mammographie puis par une biopsie. (En tant que médecin traitant je ne m’étais méfié de rien car il n’y avait aucun antécédent de cancer du sein dans cette famille ni chez les descendantes et, d’ailleurs, je ne palpe pas les seins des femmes âgées). Cette patiente habite à 30 kilomètres du cabinet mais j’étais resté son médecin traitant (elle est hypertendue et diabétique non insulino-dépendante plutôt bien équilibrée). Je lui ai conseillé de s’organiser sur place et lui ai donné le nom d’un chirurgien que je connaissais vaguement dans la ville où elle habite désormais. Mais la patiente avait pris sa décision : on ne me fera rien, pas de chirurgie, pas de rayons, pas de chimio. Le chirurgien s’est montré très déçu de ne pouvoir l’opérer, il proposait une mammectomie, très déçu de ne pouvoir programmer de radiothérapie, très déçu de ne pouvoir lui proposer une chimiothérapie, il ne m’a pas écrit de courrier, il a été si déçu qu’il l’a laissée repartir comme ça en lui demandant de me recontacter. Au petit hôpital de la ville où elle habite, un oncologue consulte deux fois par semaine. Sa fille a obtenu un rendez-vous rapide et, avant d’aller le voir, la patiente est venue consulter à mon cabinet. Le bilan d’extension avait déjà été programmé et semble rassurant (semble car je n’ai reçu aucune nouvelle). Elle est ferme sur ses positions : elle ne veut pas être traitée. Après examen de son sein, je lui propose ceci : une simple tumorectomie pour éviter les complications cutanées et basta. Elle est d’accord. J’écris une lettre pour l’oncologue en ce sens. La patiente de 94 ans a gardé sa vivacité d’esprit en plaisantant sur le fait qu’elle a rendez-vous avec un oncologue, pas un cancerologue, qu’elle n’avait donc pas un cancer mais un onco… Je suis préoccupé car je ne vais pas gérer la suite, l’éloignement, et aucun des médecins généralistes contactés sur son nouveau lieu de résidence ne prend de nouveaux patients. Et il est vrai qu’il n’y a rien d’excitant à avoir comme nouvelle malade une femme de cet âge présentant un cancer du sein chez qui il sera nécessaire, sans doute, de faire des visites à domicile, d’organiser des soins à domicile (elle veut mourir chez sa fille, a-t-elle exprimé clairement) et / ou de travailler en coopération avec l’hôpital.
Cas onco 006. Histoire de consultation 169
Monsieur B, 74 ans, a un cancer du poumon. Un anaplasique à petites cellules. Il arrive d’Algérie pour habiter chez sa fille le temps de quelques examens. L’hospitalisation programmée confirme le diagnostic et précise l’extension : métastases un peu partout. Le médecin traitant de la fille, soit le docteurdu16, est mis au courant de l’affaire et se rend au domicile non sans avoir été informé préalablement de ce qui a été dit au patient et à la famille (l’information vient de la fille, pas de l’hôpital, vous m’avez compris). Le malade ne sait pas que son cancer est mortel, le malade ne sait pas qu’il a des métastases et le malade ne sait pas qu’il va mourir. La femme du malade qui est restée en Algérie n’est au courant de rien. Point important : le patient ne souffre pas. Point ultime : il veut retourner chez lui. Eh bien les pneumo-oncologues de l’hôpital n’ont pas perdu de temps : ils lui ont collé la première cure de chimiothérapie. D’après la fille, ils ont dit : « Nous ne le guérirons pas mais nous allons augmenter on espérance de vie. » Où est le respect du patient ? Où est l’information honnête ? Où est l’intérêt du patient ? J’ajoute que le patient a travaillé 35 ans en France, qu’il parle parfaitement le français. Elle est où cette putain de consultation d’annonce ?
Pour les étudiants en mal de thèse ces deux cas pourraient leur permettre d’écrire deux ou trois trucs qui touchent aux fondements de la médecine et du soin. Je vous laisse développer les thèmes.
Illustration : Philip Roth: Patrimony (1991).
Difficultés professionnelles. Histoire de consultation 167.
Le jeune A, 18 ans, est apprenti boucher.
C’est quand même drôlement khon.
L’accès aux soins assuré pour ne rien faire. Histoire de consultation 166.
A, 13 ans, vient avec sa maman parce qu’elle a mal à la gorge.
Elle a pris rendez-vous.
Quant aux enseignants, Ils demandent une formation… Passons.
Le parcours de soins en folie : que fait la police ? Histoires de consultation 164 et 165.
Histoire de consultation 164.
Madame A, 72 ans, pimpante mais douloureuse, est venue me voir un peu avant les vacances de février. Elle avait mal un peu partout, comme d’habitude, cela fait dix ans que nous nous connaissons. Elle voulait que je lui prescrive une ostéodensitométrie car le radiologue ostéodensitométrologue lui avait dit il y a cinq ans qu’il fallait recontrôler. J’avais dit non.
Madame A est douloureuse mais ne supporte rien. Elle est intolérante aux opiacés. Grave. Si un sirop anti tussif donné en aveugle en contient de faibles quantités, elle est au moins nauséeuse et céphalalgique.
Je la revois et elle me raconte ceci : elle a souffert de cervicalgies aiguës, est allée aux urgences en pleine nuit (elle avait rêvé sans doute que Patrick Pelloux allait l’accueillir les bras ouverts en lui disant « Ah oui votre généraliste n’était pas joignable à deux heures du matin, vous avez bien fait de venir nous voir, nous allons augmenter le nombre de passages et notre subvention et cela fera plaisir au directeur de l’hôpital, venez à moi malades pas graves que je pourrais faire attendre six heures dans un couloir et à propos desquels je pourrais médire sur les nullissimes médecins bobologues libéraux), on l’a examinée, on ne lui a pas fait de radios (heureusement !) et, bien qu’elle eût précisé qu’elle était intolérante grave aux opiacés, on lui a prescrit de l’ixprim et l’interne, selon les dires de la patiente (mais comment aurait-elle pu inventer une pareille khonnerie ?), lui a dit dans une envolée lyrique dont les djeunes, cornaqués par des seniors qui imposent le tramadol comme panacée, on ne peut quand même pas sortir des granananananands services d’urgences qui sauvent des vies avec des prescriptions de paracetamol, ont sans doute le secret : « Ne vous inquiétez pas, madame, le corps change« .
On peut dire aussi que la patiente est bien naïve de croire des choses pareilles (son expérience interne) et qu’elle aurait pu attendre un peu et, éventuellement, demander l’avis de son médecin traitant le lendemain matin (mais il était en vacances, fait qu’aurait souligné Patrick Pelloux convoqué comme témoin à charge dans le grand procès intenté à ces flemmards de médecins généralistes dont les consultations se terminent à 17 heures – sic) ou à son remplaçant ou à son associée, avant de prendre son ixprim… Mais l’autorité médicale de l’hôpital est plus forte que les expériences internes des patients et des médecins traitants, un djeune interne des urgences de 26 ans en sachant mille fois plus qu’un khonnard de médecin généraliste traitant des rhumes et des rhino-pharyngites depuis plus de 34 ans.
Quoi qu’il en soit, notre patiente, et toujours sur les conseils avisés de l’interne des urgences (qui était une interne, cela n’a aucune importance, cette remarque est nulle, mais faut préciser), a consulté « son » rhumatologue, celui à qui son médecin traitant l’avait adressée jadis, non par incompétence mais par lassitude de ne pouvoir assumer les douleurs multiples et variées, incessantes, inexplicables, inexpliquées, intolérables par moments pour la patiente, explorées sous toutes les coutures, traitées insuffisamment (elle a toujours mal) ou trop (elle a plein d’effets indésirables), donc, on reprend, et le rhumatologue a cédé pour la prescription de l’ostéodensitométrie (les rhumatologues le clament partout : l’ostéoporose est un problème majeur de santé publique), a prescrit des antalgiques non opiacés (pa ra cé ta mol), du chondrosulf (oui oui, je ne plaisante pas), et, après que la patiente lui en eut demandé l’autorisation, a dit que les séances de mésothérapie, pourqoi pas ?
Dans mon coin il y a un cabinet de mésothérapie. Beaucoup de succès. Deux médecins généralistes reconvertis dans la pistorisation de la médecine en général (voir ICI et pardon pour YJ qui se reconnaîtra) piquent à tour de bras dans des indications curieuses, mais, bon, je suis certainement inkhonpétent, et qui, sans nul doute, mais ils commencent à vieillir, se lanceront dans une nouvelle spécialité l’ostéomésothérapie (il faut que je dépose au bureau des brevets). Notre piqueur, qui n’est donc ni médecin traitant ni rien du tout, sinon un adepte de la secte de Michel Pistor, a piqué et a redemandé des radiographies, j’ai l’ordonnance devant les yeux, que la patiente n’a pas suivie car « elle devait demander à son médecin référent » ainsi qu’un bilan biologique. J’ajoute que les radiographies comme le bilan biologique, on les a déjà faits, notamment au décours de plusieurs consultations spécialisées à l’hôpital où l’on a recherché un syndrome inflammatoire et autre pouvant expliquer les fameuses douleurs multiples et variées (qui, parfois, disparaissent complètement), toujours sans succès. J’ajoute aussi qu’il a prescrit mais qu’il a d’abord piqué avec son Pistor de compétition.
Madame A est toujours plaintive, mais moins, et me dit ceci : « Vous aviez raison de ne pas me faire faire une ostéodensitométrie, elle est normale, cela n’a pas changé depuis 5 ans, ce n’était pas la cause de mes douleurs » (elle n’omet pas de me dire, cette retraitée peu fortunée, qu’elle a dû payer un dépassement pour cette ostéodensitométrie pratiquée en dehors du parcours de soins). « J’ai arrêté les séances de mésothérapie car je sortais de là, j’avais mal, mais il m’a dit, le docteur, que pour ma rhinite allergique, il pouvait… j’ai dit non… » Il semblerait pourtant que le chondrosulf non remboursé l’améliorât.
Histoire de consultation 165
Mademoiselle B, 13 ans, vient avec sa maman au décours d’un épisode de vomissements et de douleurs abdominales. Aujourd’hui elle est indolente. Nous sommes mercredi et les faits se sont passés samedi après-midi.
Alors qu’elle était chez sa tante avec ses parents dans une charmante bourgade de la vallée de la Seine située à une quinzaine de kilomètres du cabinet, elle s’est mise à vomir et à avoir mal au ventre. L’intensité des douleurs a conduit la maman à la faire consulter chez le médecin de famille de la tante (en ce samedi après-midi le bon médecin généraliste de la famille de Mademoiselle B, ne reçoit plus à partir de 14 heures 30, c’est moi). Et aujourd’hui la jeune patiente revient au bercail avec une prise de sang et des radiographies.
Mon bon khonfrère (un gars aussi « vieux » que moi) qui ne connaissait cette jeune fille ni des lèvres ni des dents, a prescrit pour ce qui pouvait être considéré à la lueur (vacillante) de l’interrogatoire comme une (banale) intoxication alimentaire :
Une prise de sang comprenant (accrochez vous) : NFS, VS, CRP, calcium, urée, créatinine, glycémie à jeun, fer, ferritine, évaluation d’une anomalie lipidique, SGOT, SGPT, GGT, 25OH vitamine D, TSH. Ouf !
Et des radiographies de tout le rachis car la jeune fille a dit qu’elle avait, aussi, un peu mal au dos.
Je vous laisse juge.
La jeune fille voulait savoir si elle pouvait retourner à l’école car notre bon khonfrère avait « prescrit » une semaine d’éviction scolaire.
Le bilan sanguin est normalissime sauf, comme semble-t-il, 90 % de la population un taux sérique de 25 OH vitamine D (D2 + D3) à 7 ng/ml pour des concentrations souhaitables, comme dit le laboratoire, comprises entre 30 et 60 avec une insuffisance entre 10 et 30 et une carence si < 10.
Les radiographies du rachis sont normales de chez normales.
Je vous demande un conseil en forme de sondage. Que dois-je faire ?
- Téléphoner au khonfrère pour lui dire tout le bien que je pense de lui.
- Ecrire au khonfrère pour lui dire tout le bien que je pense de lui.
- Ne rien faire pas khonfraternité.
- Ecrire un billet pour raconter l’histoire et lui adresser.
- Ecrire un billet et laisser tomber.
- Me demander s’il n’est pas en burn-out ?
- Aller à son cabinet directement sans prévenir et lui parler du pays.
Actualités oncologiques en médecine générale : seuls les morts ne seront pas traités. Annexe au plan cancer.
(Il s’agit d’une annexe pragmatique au Plan Cancer dont nous avons parlé ICI et dont nous reparlerons LA — pas encore de lien)
Cas onco 001 – histoire de consultation 164. Monsieur A, 85 ans, va mieux. Je me suis battu pendant un mois (le patient est en HAD) pour que l’on arrête la (lourde) et ancienne chimiothérapie carboplatine – vepeside pour cancer du poumon chez cet homme triple ponté, hypertendu, bronchitique chronique et diabétique. Le pneumologue est têtu et l’oncologue le regarde par dessus son épaule pour s’assurer qu’il ne va pas lâcher. Il faut lâcher. Mais cela ne fait pas partie de la culture des médecins. Lâcher c’est avouer non son incompétence mais son incapacité à réaliser les rêves imposés par la société à savoir que la médecine a des pouvoirs infinis de promettre la vie éternelle. Je me suis battu car il fallait aussi convaincre la famille à qui les faiseurs de rêves avaient promis des mille et des cents, à la famille qui pensait que renoncer allait signifier pour leur mari, père, grand père, ami, que c’était fini, qu’il n’y avait plus qu’une seule issue : la mort. Et il y avait le pauvre khonnard de médecin traitant qui ne sait pas combien les chimiothérapies ont fait de progrès, combien l’onologie est une science dure qui sauve des vies, combien les essais cliniques ont montré que la survie était allongée de trois jours (p < 0,05) dans des essais contrôlés menés par des firmes philanthropiques qui pourront obtenir des prix pharamineux grâce à ces merveilleux trois jours avec, cerise sur le gâteau, un score de qualité de vie au top. Monsieur A va mieux mais il va mourir et il sait qu’il va mourir et il souhaite (ici, nous pourrions écrire une thèse de doctorat entière : « Le signifié et le signifiant chez le patient en fin de vie ») mourir. Il va mieux mais il a des métastases partout. Il est conscient et il sait qu’il va mourir. Il ne souffre pas. Il passe sa vie dans un fauteuil. Et s’il voulait mourir chez lui au début de sa prise en charge, maintenant qu’il est conscient de sa mort prochaine il veut mourir à l’hôpital pour ne pas embêter sa femme. Et il change encore d’avis et décide qu’il serait mieux qu’il revoit son milieu familier avant de mourir. Mais il n’en aura pas le temps. Il meurt à l’hôpital. Sans avoir souffert.
Où en étais-je ? Comme le patient a été traité par un service parisien (et les lettres que j’ai reçues sont d’un grand professionnalisme et d’une compétence technique absolue) assez éloigné de Mantes, il n’a pas envie d’y retourner pour consulter et le médecin traitant, ma pomme, se retrouve au centre d’un imbroglio mensonger et tente de se dépatouiller comme il peut avec l’aide efficace, compétente et humaine du réseau de soins palliatifs local. Mais le service parisien n’a plus d’ambitions thérapeutiques et pour le moment le patient ne souffre pas.
Cas onco 003 – histoire de consultation 166. Madame C, 92 ans, est venue au cabinet me demander pourquoi on l’avait emmenée deux fois à B. en ambulance pour faire des radios bizarres. Il s’agissait après enquête du début de sa radiothérapie. Nous étions pourtant convenus avec le chirurgien qu’on enlevait la tumeur pour ne pas qu’elle nécrose la peau du sein de la patiente et qu’on la laissait tranquille (la patiente). Mais le chirurgien a passé la main à l’oncologue qui n’était pas d’accord (la réunion dite de concertation s’est bien entendu passée à l’écart du médecin traitant et de la patiente — parenthèse encore : on comprend qu’il soit difficile de se réunir avec le médecin traitant en fin de matinée à l’hôpital, une réunion qui commence en retard et qui se termine dans le même métal, un médecin traitant qui, contrairement aux médecins hospitaliers, ce n’est pas une critique, c’est une réalité, fait du soin et non de l’administratif ou de l’ordinateur (1)) et la patiente a commencé une radiothérapie sans le savoir ! Et sans que je le sache. J’ai envoyé un mail très poli car je ne voulais pas m’énerver au téléphone et les séances ont été interrompues. La patiente va bien mais elle m’a dit l’autre jour, ce n’était pas la première fois, elle en avait parlé alors que son fils était dans le cabinet, « Du moment que ce n’est pas un cancer… » Pensez-vous que je lui ai dit la vérité ? Elle ne supportait pas son inhibiteur de l’aromatase (nausées) et, plutôt que de lui prescrire motilium – domperidone (joke), je lui ai demandé d’arrêter. Elle revoit l’oncologue dans trois mois (je me suis fendu d’un courrier explicatif) le chirurgien dans un an.
Cas onco 004 – histoire de consultation 167. Monsieur D, 76 ans, cancer de la prostate diagnostiqué il y a 5 ans, opéré, radiothérapé, infarcté du myocarde il y a six mois, ponté, stenté, à qui on découvre une tumeur pulmonaire, lors d’un cliché pré opératoire (avant dilatation d’une sténone fémorale), tumeur non vue auparavant bien entendu, est embarqué dans une chimiothérapie lourde (ils ne savaient pas ue le médecin traitant pouvait éventuellement avoir un avis) et meurt le lendemain de la première séance faite en hôpital de jour sur le parking de ce même hôpital dans l’ambulance qui l’y ramenait au décours d’un malaise à domicile. Loin de moi l’idée que… Mais quand même.
J’espère donc avoir un de ces jours le temps de détailler enfin le plan cancer.
Note.
(1) Qu’est-ce qu’une réunion de concertation oncologique ? (plusieurs réponses possibles)
1) Une annexe de big pharma ; 2) un tirage au sort de protocoles ; 3) une usine à fric ; 4) une conjuration des imbéciles ; 4) un déni du patient.
PS du sept mars 2013
1) Les chimiothérapies en fin de vie sont-elles bien nécessaires ? ICI pour un commentaire et LA pour l’article original
2) Un billet de Martine Bronner qui commente : LA
Le retour de Diane. Histoire de consultation 163.
(PS. La demande de retrait du domperidone par La Revue Prescrire (ICI) se situe dans ce contexte. Je rappelle que je demandais le retrait de Diane 35 bien avant que l’affaire Marion Lara ne survienne (LA). Ce qui m’a été reproché. L’interdiction des produits une fois commercialisés pose un certain nombre de problèmes que je vais tenter de résumer ainsi :
- Les partisans de la non interdiction pensent que l’information du public et notamment de la possibilité d’effets indésirables graves règle le problème : je prescris un produit potentiellement dangereux à un patient averti qui prend lui-même sa décision (voir ICI). Précisons cependant que ces partisans de la non interdiction ne sont pas des jusqu’au boutistes car la majorité d’entre eux ont approuvé le retrait du Mediator : ils prennent en compte le rapport bénéfices / risques, disent-ils.
- L’Evidence Based Medicine nous apporte un éclairage identique : son questionnement pourrait aboutir à la prescription d’une molécule « dangereuse » ou d’un examen complémentaire potentiellement dangereux (comme le dosage du PSA) en accord avec le patient (en tenant compte de ses valeurs et de ses préférences).
- Les partisans du non retrait parlent également de paternaliste à l’égard de ce retrait : faire le bien des patients malgré eux.
- Le retrait peut permettre aussi à des médecins consuméristes ou incompétents qui prescrivent le produit en sachant sa dangerosité mais en se réfugiant derrière la rareté des effets indésirables graves (voir plus haut) de les aider à se mettre en accord avec leur conscience.
- Pour le domperidone, je pourrais proposer une solution swiftienne : que la non prescription de domperidone devienne un indicateur du ROSP. Ainsi les médecins prescrivant de la merdre seraient récompensés en arrêtant d’en prescrire.)
Doit-on « soigner » tout le monde ? Histoire de consultation 162.
Les dangers de l’utilisation du tramadol (bis, ter, quater repetita). Histoire de consultation 160.
A propos d’une entorse de la cheville. Histoire de consultation 159.
Madame A, 47 ans, est femme de ménage. Elle a pris rendez-vous au cabinet au décours d’un passage aux urgences non programmées de la clinique d’à côté. Le diagnostic porté sur le CMI (Certificat Médical Initial) de l’AT (Accident de Travail) était : « Entorse de la cheville droite. »
L’oedème n’est pas monstrueux et elle dit que cela va mieux.
A l’examen il existe à la fois des douleur du faisceau moyen du LLE (pour les jeunes : faisceau moyen fibulo-calcanéen du ligament collatéral latéral) déclenchées par le varus forcé et retrouvées à la palpation directe et une douleur antérieure déclenchée par les movements de flexion extension de la cheville avec douleurs à la palpation des tendons des muscles tibial antérieur et long extenseur du I (pour les jeunes de l’hallux).
Selon mon expérience (interne) les douleurs de la cheville liées à des lésions antérieures sont peu améliorées par les attelles amovibles classiques.
Je décide donc de la strapper. Je connais les recommandations de l’HAS datant déjà de janvier 2000 (voir ICI) et j’en ai une grosse expérience.
Et c’est là que les choses se compliquent.
Je prescris tensoplast six centimètres non substituable, 2 bandes.
La malade revient avec un urgostrap une heure après. Je râle, j’explique à la patiente que je n’aime pas urgostrap, mais, après qu’elle est restée la patte en l’air pendant quinze minutes dans le cabinet de mon associée qui ne travaillait pas ce jour là, je lui pose un strapping classique remontant jusqu’à l’extrémité supérieure du tibia non sans avoir protégé sa peau avec de l’elastomousse que j’achète moi-même car, en urgence, les pharmaciens n’en ont souvent pas.
L’urgostrap est de mauvaise qualité. La bande adhésive n’est pas assez rigide, fait des plis, voire des noeuds et je me débrouille comme je peux.
La patiente revient cinq jours après avec un strapping calamiteux… Qui se défait de partout. En haut, en bas, sur les côtés.
Je téléphone à la pharmacie qui la fournit, je lui explique que je veux du tensoplast et rien d’autre, que j’avais marqué non substituable, et cetera et elle vérifie qu’elle en a. La patiente, qui va travailler, assure qu’elle ne peut passer ce soir mais qu’elle enverra son mari en fin de soirée.
Le surlendemain la patiente revient avec de l’urgostrap. Je téléphone, plutôt pas content, à la pharmacie, je tombe sur quelqu’un d’autre, ce qui est normal, et on me dit que, de toute façon, ils n’ont pas de tensoplast en ce moment.
Nous convenons, mes amis, que c’est une histoire de chasse, une erreur à la pharmacie, erreur que je veux bien excuser, que j’aurais admis que la préparatrice me dise qu’ils ne s’y retrouvent pas avec le tensoplast et que l’urgoplast est moins cher, que l’on gagne plus d’argent avec une attelle amovible (après tout je n’en sais rien), mais quand même.
Avant dernier point : dans mon expérience le strapping que je pratique et que j’essaie de faire selon les règles de l’Art, même si, souvent, ces règles sont de simples Avis professionnels forts, est plus efficace, notamment dans les atteintes antérieures de la cheville, que l’attelle amovible. Les prix d’une attelle sont d’un peu moins de 30 € alors que 2 bandes tensoplast, c’est un peu moins de 10 €.
Il y a peu d’études comparant contention élastique versus attelle amovible mais tout le monde dit que les attelles amovibles, c’est mieux. Dans la littérature, je n’ai rien retrouvé de très convaincant pour étayer ce point de vue très prisé dans les services d’urgence et dans les cabinets de médecine générale. Il est vrai que l’attelle amovible a un avantage énorme : le patient n’a pas besoin de revenir et le médecin n’a pas besoin de passer du temps à poser la bande.
Dernier point : nous sommes un peu loin des génériques mais nous y sommes presque. Mais surtout : la délivrance d’un médicament ne s’arrête pas au moment de la prescription. J’attache beaucoup d’importance à ma connaissance de ce que je prescris. Y compris pour les comprimés et les gélules. Sans compter le goût des sirops.
Illustration : Edgar Degas (1834 – 1917) : Danseuses (estampe).
Incompétence(s). Histoire de consultation 158.
Une mystérieuse consultation. Histoire de consultation 157.
Je lui expliquai que ce n’était pas tout à fait ma spécialité. Elle me répondit qu’à son avis il avait besoin d’un généraliste.
Je suis donc arrivé à l’heure au rendez-vous. Et le docteur Z m’a reçu avec trois minutes de retard. Il n’avait pas l’air surpris.
« Tu as ta carte vitale ? »
Z a l’air normal. Si j’avais pourtant un commentaire à faire : il paraissait défraîchi.
« Comment en es-tu arrivé là ? »
Z était prêt à me parler, il avait préparé ma venue, j’ai eu l’impression qu’il avait répété et que, s’il avait pu, il se serait fait aider de Power Point pour mieux appuyer son point de vue. Il m’a raconté une histoire banale de burn-out. Je lui ai posé des questions banales et il y a répondu. Son bureau ressemble à un bureau de médecin comme j’essaie que le mien ne soit plus depuis des années : dérangé. Et nous ne sommes qu’en fin de matinée.
4
Z parle et il m’en dit trop. Il me raconte, vous pouvez jeter un oeil sur internet, les listes de causes et les remèdes attachés, la fatigue, l’énervement, les patients, les malades, le temps qui passe, la paperasse, les impôts, les charges, les enfants, sa femme, la perte d’avenir, le sentiment inachevé de l’existence inaccomplie, enfin, le lot de tout le monde. Je l’écoute, je le regarde, je me neutralise, je sais qu’il attend que j’intervienne, mais il a tous les éléments en main. Il ne va pas se suicider.
5
Mais je ne peux pas vous en dire plus. Au risque de ne pas respecter le secret professionnel. Je ne voudrais pas que sa femme, par exemple, apprenne des choses qu’elle ne devrait pas savoir ou qu’il ne lui a pas dites. Donc le côté Voici de ce billet est mal parti.
6
Juste une chose.
Quelque chose qui m’a frappé.
Z s’expose trop vis à vis de ses patients. Z laisse trop transparaître sa propre vie. Il se met trop en scène. Il se déshabille, en quelque sorte. Il fait ses courses au Carrefour du coin où il rencontre des malades qui voient sa femme, ses enfants, comment il est habillé, quelle est sa voiture, comment est son téléphone. Il ne protège pas assez sa vie privée. Ce qui m’y a fait penser ? Dans son bureau, derrière lui, il y a une photographie punaisée sur un pêle-mêle où l’on voit ses quatre enfants quand ils étaient jeunes, alignés en rang d’oignons, de beaux enfants souriants et blonds, des anges, et, sur son bureau il y a un cadre où on le voit avec son petit dernier, hilare, le cadre est posé de telle sorte que lui peut le voir et que les patients peuvent le voir. Nous en parlons de ces photographies.
7
Les patients, et hormis tout ce que vous pourrez lire sur internet sur le sujet et dont je ne peux parler pour des raisons de confidentialité, ne doivent rien savoir sur notre vie. Nous ne sommes pas en représentation. En dire le minimum pour protéger notre moi intime (tiens, Marcel Proust) et pour que notre moi médical soit plus efficace. A-t-on besoin de voir la photographie du mari de la femme qui déprime parce que son mari la trompe ? D’ailleurs, Z l’a compris inconsciemment puisque seuls ses enfants apparaissent sur les photographies : sa femme en est absente. De longs développements sont possibles mais je m’abstiendrai, toujours par confidentialité.
(8
Il y a une autre petite chose. Z est trop persuadé du rôle qu’il a à jouer en tant que médecin et comme médecin généraliste en particulier. Quand il s’est installé il était persuadé que ses interventions avaient un sens. Et aujourd’hui il est assis le cul entre deux chaises. Le monde de ses convictions s’effondre. Ce qu’il lit ici et là le fait douter de tout et de lui-même et de ses idéaux de jeunesse. L’arrogance médicale se délite mais il croit encore trop en la médecine.)
9
Nous vivons une fin de cycle avec la disparition programmée de la médecine générale. Le monde change et la médecine générale va changer de nature. Z, toutes choses par ailleurs (celles dont je ne peux pas parler ici), est perdu car il se rend compte que tant de choses auxquelles il avait cru n’existent plus et que le périmètre d’action de la médecine se restreint, noyé par l’environnement sociétal consumeriste de l’homo economicus.
Notes.
(1) Je dois dire que la lecture de la Revue Prescrire, dans le style Remise en question mais sur le versant les bons sentiments, coco, y a que ça, la gauche, la gauche, le peuple, les populations défavorisées, les bons sentiments qui font de la bonne médecine, big pharma dans la collimateur, soigne ta gauche, me laisse également dans cet état : beaucoup de théorie, des angles d’attaque inédits, peu de pratique et un grand sentiment de culpabilité qui monte, non seulement de n’avoir pas su avant (donc d’avoir mal pratiqué) mais, surtout, de ne pas assez en tenir compte après. Il faudra qu’un jour j’écrive un billet sur les abonnés et non lecteurs de Prescrire et sur la raison opérationnelle.
(Photographie : Bill et Hillary Clinton. Crédit : ICI)
L’Aide Médicale à la Procréation dans la vraie vie. Histoire de consultation 157.
Mademoiselle A, 25 ans, est venue consulter pour obtenir un arrêt de travail.
Elle a grossi (je ne l’avais pas vue depuis un an).
PS du 13 novembre 2013 : une réponse de Le bruit des sabots : ICI
Les circuits inutiles de l’Assurance Maladie. Histoire de consultations 156.
Je la connais depuis quatre ans.
Elle habite chez son fils à Mantes.
- Les examens périodiques de santé ne servent à rien et la CPAM, non seulement les préconise (c’est un texte de loi auquel elle doit se soumettre) mais l’externalise à des instituts privés.
- Les sociétés privées qui pratiquent les examens périodiques de santé sont de mèche avec des centres de santé privés (le rêve des médecins généralistes, me dit-on, où le patient est captif) qui pratiquent des examens qui s’avèrent inutiles et qui prescrivent des traitements qui sont plus chers (dans une politique opposée à celle de la CNAM, P4P, et exposent à des effets indésirables.
- La patiente n’a toujours pas de lunettes.
Dr House contre Farfadoc
A la télé, il y a Dr House. Quand un-e patient-e a une pathologie bizarroïde, que personne ne trouve ce qu’il-elle a, il-elle va voir Dr House et son équipe. Et en moins de 42 minutes et quelques procédures diagnostiques … Lire la suite → Continuer la lecture
Dysfonctionnements de l’hôpital public, du parcours de soins, de la médecine du travail. Histoires de consultations 153,154, 155
Un samedi ordinaire (pas tant que cela) en médecine générale. Histoires de consultations : 148 à 151.
Pour ceux qui pensent que la médecine générale est fichue (en sachant que la médecine générale ne peut disparaître immédiatement en l’état actuel de notre vécu sociétal mais que les médecins généralistes en tant que tels sont en train de s’éteindre à petit feu), voici une matinée comme presque une autre.
Histoire de consultation 150 : la nodulologie pulmonaire en plein essor.
Monsieur C, 73 ans, vient me montrer les résultats de son scanner pulmonaire. Demandé par le cancérologue qui le suit pour une tumeur gastrique enlevée il y a deux ans (GIST). On avait trouvé il y a six mois des nodules « douteux ». Ils ont disparu comme par miracle. Je lui ai demandé d’arrêté les benzodiazépines prescrites par sa femme (je vux dire : extraites de son stock).
Histoire de consultation 151 : Diane 35 frappe encore.
Mademoiselle D, 27 ans, consulte pour un rhume (3) et me montre en fin de consultation le courrier du (de la) dermatologue qui me dit qu’il (elle) a prescrit une bithérapie locale pour son acné après l’arrêt de Diane. Le ton est vaguement sarcastique mais j’ignore si ce dermatologue sait ce que veut dire un ton sarcastique. Je précise tout de suite aux moqueurs que je ne suis ni le prescripteur ni le represcripteur de Diane 35 et que tout s’est passé à l’insu de mon plein gré (précisons encore que je suis, vaguement, le médecin traitant). J’examine le visage de cette jeune femme qui me paraît très acceptable pour un médecin et peu agréable pour elle. Ce qui est moins drôle : le dermatologue a arrêté Diane qu’il avait prescrite mais n’a pas represcrit de pilule. La dissociation cognitive règne chez ce (cette) spécialiste. A moins, bien entendu, qu’en accord avec les experts gynécologues qui attendent cela comme la confirmation de leur science prédictive, le (la) dermatologue veuille que le nombre d’IVG augmente. J’ai prescrit Minidril à Mademoiselle D. Je n’ai rien écrit au (à la) dermatologue.
Notes.
(1) Il y a, dans un autre genre, les patients qui déposent leur dossier MdPH (invalidité ex cotorep) en disant sans rire à la secrétaire : « Le docteur, y peut le remplir vit’ fait, j’en ai besoin pour demain… » Bien entendu je ne remplis les 4 pages serrées du document que si le malade a pris rendez-vous au cours d’une consultation dédiée (comme disent les technocrates et les marketeurs), je ne le remplis jamais (il ne faut jamais dire jamais) au cours d’une consultation pour autre chose… Le problème vient de ce que les administratifs de la MdPH ou les assistantes sociales (je consacrerai un jour un billet à ces charmantes femmes) disent aux patients (je sais, je sais, il faut se méfier, les patients disent ce qu’ils veulent bien dire à propos de ce qu’on leur a dit…) de faire remplir le dossier par leur médecin traitant… Il y a aussi les gens qui veulent un certificat pour jouer à la pétanque, le gamin qui veut un certificat pour faire un cross pendant l’année scolaire, ça me gonfle encore plus. Et ce n’est pas la faute des « gens », c’est la faute des règlements à la khon, des clubs sportifs à qui on impose des certificats de merdre, des écoles qui s’imposent à elles-mêmes des contraintes qui n’ont aucune justification ni administrative ni médicale… Et, comme vous pouvez le remarquer, ce n’est pas la CPAM qui impose, c’est la société civile ultra médicalisée pour rien du tout…
(2) Pierre Bourdieu, l’icône de la sociologie moderne, a écrit que l’orthographe était un moyen de sélectionner les élites et l’élite de l’Education Nationale, Philippe Meirieu en tête, a donc décidé de la supprimer, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation puisqu’on a dit au peuple de ne pas l’apprendre et qu’on a continué à la transmettre chez les privilégiés. En lisant Lucien Jerphagnon, j’ai eu la joie de lire un texte de Saint-Augustin de 392 condamnant la méthode globale…
(3) Il faudra un jour que je comprenne pourquoi une jeune femme de 27 ans consulte pour un rhume…