Archives de catégorie : bienveillance

7 Bienveillance

« J’ai vraiment souffert, et j’ai l’impression qu’ils m’ont oublié dans un coin avec mon propess, me dit ma patiente, c’était vraiment dur comme accouchement ». Je connais cette maternité, et j’imagine très bien. Je me force à me taire quelques secondes. En fait, il faut que j’écoute cette patiente attentivement, parce que, même si … Continuer la lecture

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Vers une éthique du militantisme en santé ?

Les maltraitances* dans le milieu du soin sont légion. Ceux qui vous affirment le contraire présentent soit un profond déni, soit vous mentent, soit méconnaissent totalement le sujet. Comme certains gynécologues, les mêmes qui menacent d’arrêter de réa… Continuer la lecture

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Vers une éthique du militantisme en santé ?

Les maltraitances* dans le milieu du soin sont légion. Ceux qui vous affirment le contraire présentent soit un profond déni, soit vous mentent, soit méconnaissent totalement le sujet. Comme certains gynécologues, les mêmes qui menacent d’arrêter de réa… Continuer la lecture

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Sans tous mes sentiments

Il y a les patients détestables, les patients adorables, Il y a les patients désagréables, les patients hautains, les patients amicaux, Il y a les enfants souriants, espiègles, Il y a les enfants insupportables, Il y a les enfants qui … Lire la suite Continuer la lecture

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« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien »

« Je crois qu’on a tous eu un jour, une sorte de modèle, une personne qui nous a inspiré, qui nous a mis sur la voie, qui nous a éclairé ». J’écoutais ma grand-mère parler à un instituteur qui acquiesçait sans la … Lire la suite Continuer la lecture

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Deux ans à toute vapeur !

Cette histoire commence un matin d’avril 2014. J’exerce alors la noble profession de Directeur de l’innovation produits au sein d’une société dont l’activité ne présente aucun rapport ni de près ni de loin avec la médecine. J’y suis arrivé après … Lire la suite Continuer la lecture

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Une question de point de vue

Service de Psychiatrie.
Le repas vient de se terminer et quelques patients sont encore à table. Ils se sont servis un café et parlent de tout et de rien. Sur la table d’à côté, ils ont laissé traîner des origamis commencés ce matin, ainsi que quelques bonbons. Sophie, l’ASH (ASH = Agent de Service Hospitalier), montre des signes d’impatience. Elle aimerait que les tables soient débarrassées pour pouvoir faire la vaisselle et nettoyer la salle. Je ne comprends pas trop son irritation, il n’y a pas de départ prévu aujourd’hui et l’après-midi sera calme, alors on n’est pas à un quart d’heure près. Nous en discutons dans la cuisine.
– Je trouve ça plutôt bien qu’ils traînent un peu, ils discutent, ils rient, ça leur fait du bien aussi non? dis-je avec une naïve bonne volonté.
– Mais justement, non! Ils ne sont pas là pour créer des liens entre eux et s’installer comme s’ils étaient à la maison! Ils sont là pour se recentrer, réfléchir à ce qui les a amenés ici, et sortir de ce service le plus rapidement possible! me répond Sophie du tac au tac.

Trois petites phrases pour échanger sur les valeurs du soin. Et toc!
L’hôpital psychiatrique, lieu de soin et lieu de vie, mais aussi lieu de rencontre entre patients, soignants et valeurs du soin… Finalement, où se trouve le « juste soin »?

PS : je ne sais pas si l’une d’entre nous a raison. Je ne sais pas non plus ce qui est le mieux pour les patients (ce n’est d’ailleurs pas à moi de le savoir). Mes propres valeurs m’encouragent à privilégier le bien-être et la convivialité. Cependant, j’entends également le raisonnement qui fait dire à ma collègue que le lieu de soin ne doit rester qu’un lieu de passage, et qu’il faut avoir envie de le quitter.

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Le long du chemin

Aujourd’hui, au hasard de Twitter, je suis tombée sur ça.
Forcément, je me suis indignée. Forcément, j’ai pensé que ce type était un con. Et forcément, je suis allée lire les réactions sur les réseaux sociaux. Oui, je suis accro au net et j’assume. Tantôt encensé, tantôt lynché, ce carabin a le mérite de ne pas laisser ses lecteurs indifférents. Mais je digresse.
Pourquoi ce billet? Parce qu’après avoir hurlé avec les loups, je me suis arrêtée cinq minutes pour réfléchir. Qu’est-ce qui me choque au fond (outre le fait que la mère au chômage s’appelle Babeth)? Les clichés? Le mépris? L’absence manifeste d’empathie? Tout ça ensemble?
J’étais comment, moi, il y a quelques années?
Retour en arrière.
J’ai été une monitrice-éducatrice et je ne comprenais pas que des parents laissent croupir toute l’année leur gosse handicapé dans un IME sans même venir le chercher le week-end.
J’ai été une aide à domicile (même pas une vraie auxiliaire de vie puisque non diplômée) et je méprisais profondément Madame LangueDeVipère et Monsieur Bitàlair.
J’ai été une élève aide-soignante et j’ai été indignée par certains placements en EHPAD que j’estimais abusifs.
Maintenant je suis aide-soignante. Et je revois certaines de mes valeurs.
À l’école, on nous a parlé du patient au coeur du dispositif de soins. Évidemment, nous étions tous d’accord avec ce principe, comment aurait-il pu en être autrement? Nous sommes là pour le patient, pour lui et pour personne d’autre, c’est la base de notre métier de soignants.
Oui, mais…
Oui, mais depuis, j’ai rencontré les vrais patients, ceux de la vraie vie, pas ceux des livres… Et j’ai rencontré leurs familles. Ceux que l’on appelle les aidants. Les aidants qui, eux, ne sont pas « au coeur du dispositif de soins ». Les aidants qui ont des choses à dire, et qu’on n’écoute pas toujours. Et c’est bien dommage. Parce que si on prenait le temps de le faire, on apprendrait plein de choses que le patient « au coeur du dispositif de soins » ne nous raconte pas.
Les aidants pourraient nous expliquer que non, on ne peut pas récupérer son gamin handicapé tous les week-end, à cause d’une sombre histoire de budget d’hébergement et d’une triste réalité d’éloignement géographique.
Les aidants pourraient nous expliquer que Madame LangueDeVipère n’a pas toujours été une langue de pute et que Monsieur Bitàlair n’a pas toujours été un vieux pervers. Parce que parfois la vie est une sale pute qui ne nous montre que la laideur des choses qui ont peut-être été belles il y a longtemps.
Les aidants pourraient nous expliquer que le placement en EHPAD est rarement une punition, et souvent un déchirement. Qu’à domicile, malgré toutes les aides possibles, ça n’est plus vivable, et qu’il faut séparer les couples qui se sont aimés pour qu’ils puissent survivre.
Les patients m’ont beaucoup appris, mais les aidants m’ont appris bien plus encore.
Ils m’ont appris à écouter. Ils m’ont appris à m’éloigner un peu du patient pour pouvoir regarder ce qu’il y avait autour. Ils m’ont appris à revoir certaines de mes opinions. Ils m’ont appris que pour être bientraitante il fallait laisser ses valeurs chez soi et accepter de découvrir celles des autres.
Ils m’ont appris tout ça, et ils m’apprennent encore. Et je les en remercie.

J’ai de la chance. Parce que je rencontre de belles personnes, qui m’aident à devenir une soignante. Et aujourd’hui, en découvrant cette BD qui me fait bondir, je mesure d’autant plus ma chance. Parce que cette image, elle m’aurait sans doute fait sourire il y a quelques années (j’avoue, je me suis moquée de la même façon de certains bénéficiaires, et de certains aidants). Et en la regardant maintenant, je me rends compte du chemin parcouru. J’ai vraiment beaucoup de chance. Et j’ai hâte de découvrir la suite du chemin.

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Stagiaires

Tu as 17 ans et tu prépares un bac professionnel.
Tu as 22 ans et tu es en Institut de Formation des Aides-Soignants.
Tu as 43 ans et tu es en pleine reconversion professionnelle.

Tu es en stage avec nous pour découvrir, apprendre, te former. Moi, je fais partie d’une équipe. Une équipe avec plein de noms et plein de fonctions. Des aides-soignants (beaucoup), des aides médico-psychologiques, des infirmiers, des agents, des kinésithérapeutes, des animateurs, des assistants de soins en gérontologie, des ergothérapeutes, des cuisiniers, des secrétaires, des cadres de santé, des psychologues… Ça fait beaucoup de monde dans un si petit univers. Je ne te demande pas de retenir les noms et fonctions de tout le monde, moi-même je ne suis pas certaine de savoir qui est qui et qui fait quoi. Mais n’hésite pas à me demander mon prénom si tu l’as oublié, de même que je te redemanderai sans doute le tien. Soyons indulgents l’un envers l’autre, d’accord?

Tu es timide.
Tu poses plein de questions.
Tu es trop familier avec les résidents.

Je suis là pour t’encadrer. La formation des stagiaires, ça fait partie de mon travail.
Si tu es timide, je suis là pour te donner confiance en toi, pour que tu te sentes capable de faire et de dire des choses.
Si tu poses des questions, je suis là pour y répondre. Parfois, j’ai la réponse, je te la donne. Parfois, tu me poses une colle, je ne sais pas, mais on peut chercher ensemble. Ainsi, tu obtiens une réponse, et moi aussi.
Si tu n’adoptes pas la bonne distance avec les résidents ou les patients, je suis là pour te parler d’empathie et de juste distance. Parce que c’est important, pour toi, pour moi, pour les patients.
J’essaierai de ne pas faire de remarques devant tout le monde, je prendrai cinq minutes pour te parler autour d’un café, et je le ferai avec bienveillance. Parce que c’est normal de ne pas tout savoir, de ne pas tout réussir. Tu es stagiaire, il faut que je le garde à l’esprit.

Tu ne sais pas faire un soin.
Tu n’as pas compris quelle était la spécificité du public accueilli.
Tu n’as pas rempli tes objectifs de stage.

T’ai-je bien expliqué les choses? Ai-je été assez présente à tes côtés? T’ai-je suffisamment observé pendant tes soins? T’ai-je donné tous les documents nécessaires à ton apprentissage? Ai-je pris le temps de répondre à tes questions? T’ai-je consacré assez de temps?
Ce que tu n’as pas appris, ai-je su te l’enseigner? Ce que tu n’as pas compris, ai-je su te l’expliquer? Ce que tu n’as pas réussi, n’est-ce pas aussi un peu à cause de moi?

Tu as vu des choses qui t’ont choqué.

Et si on en parlait? Et si tu me donnais ton point de vue? Peut-être n’as-tu pas compris la finalité de certains actes? Peut-être as-tu trouvé que certains de mes propos étaient déplacés? Peut-être que je ne m’en rends pas compte, enfermée dans ma routine de soignante? Dans ce cas, ton avis me sera précieux, car il m’aidera à faire face à mes pratiques professionnelles, et à m’améliorer.

Soyons bienveillants l’un envers l’autre. Je t’aide, tu m’aides. Je t’apprends, tu m’apprends.Tu progresses, je progresse.

Demain, peut-être qu’on travaillera ensemble. On sera heureux de se retrouver, car on aura appris l’un de l’autre, et l’un avec l’autre. Demain, ce sera à ton tour de former des stagiaires. Qui en formeront d’autres. Si je suis bienveillante, si tu l’es aussi, s’ils le sont aussi… alors je crois que ce sera une bonne chose pour tous. Pour toi, pour moi… et pour nos patients!

PS : il y avait eu un chouette débat sur le #mededfr à propos du tutorat, c’est à lire ici.

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(Re)découverte

Dernier stage : SSIAD. Bonheur. Retrouver ces petites choses qui font le charme du domicile : rencontrer les patients et leurs familles, découvrir leur intérieur et leurs habitudes, s’émerveiller du chat qui ronronne et respirer l’odeur du pain grillé…
Et, surtout, prendre son temps. Pas de sonnettes intempestives, pas de regard en coin sur la pendule d’argent qui ronronne au salon, celle qui oui qui dit non, celle qui attend.
Le SSIAD, ce sont des gens, plein, mais aussi une équipe. Je fais la tournée avec les uns et les autres, et les trajets nous laissent le temps de discuter. Alors j’écoute leurs histoires, leurs parcours, leurs façons de faire. Je m’enrichis de leurs conseils et de la multitude de petites astuces du quotidien. Je découvre une relation soignants/soignés que j’avais fini par croire impossible, mais aussi une entente entre soignants. Entraide, solidarité, respect. Et forcément, je tombe amoureuse.
Et vous voulez savoir ce qu’il y a de plus fantastique? C’est la réunion d’équipe. Une fois par semaine, réunion après la tournée du matin, et point sur les tournées en cours. Quels sont les points importants de la semaine, les tournées sont-elles équilibrées, y a-t-il des difficultés quelque part? Et là, un truc de folie, l’équipe réajuste la tournée! Oui, l’équipe!
« Ça serait bien d’arriver plus tôt chez Madame Machin, faudrait la mettre sur la tournée B. »
« La tournée C est trop lourde, faudrait rééquilibrer. »
« Celui qui fait la tournée A a du temps pour aller aider chez Monsieur Bidule, ça allégera un peu la E. »
À la fin de la réunion, chacun a pu dire ce qu’il avait à dire, les difficultés des uns ou des autres ont été discutées, et c’est reparti pour la semaine.
Et là, je me surprends à rêver… Si seulement l’encadrement avait été le même quand j’étais auxiliaire de vie à Morteville, si nous avions pu nous voir régulièrement et non une fois tous les six mois, si on nous avait donné un temps pour discuter en toute simplicité de ce qui allait bien ou pas, sans la peur d’être jugées ou blâmées…
Finalement, je crois qu’être heureux au travail ne tient pas uniquement à ce que l’on fait, mais aussi et surtout à comment on le fait.
(Babeth, 37 ans, découvre la vie… Il était temps!) Continuer la lecture

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MSP3

J’ai fait une pause. Un médecin compréhensif et des formateurs à l’écoute m’y ont aidée. Un arrêt de travail et de la chimie pour le cerveau ont également été salvateurs. À l’IFAS, ma tutrice s’est occupée de tout. Elle m’a trouvé un stage de remplacement en catastrophe et a fait reporter le stage optionnel au mois de juillet. Elle m’a aussi écoutée, rassurée et encouragée.
Il y a eu la dernière journée à l’école, qui marquait la fin de l’avant-dernier stage. Quasiment la fin de la formation. Revoir mes camarades de promo, les écouter parler de leur stage et de la fameuse MSP3, voir les résultats affichés dans le hall et, en face de mon nom, la mention « absente », j’avoue, c’était difficile. Les écouter parler de leurs projets professionnels, alors que j’étais encore en plein doute sur les miens, me donnait une étrange sensation de décalage. Et puis, j’avoue, j’avais peur. Et honte. Parce que si je ratais la MSP sur le stage à venir, je devrais la repasser sur mon stage optionnel. Mais j’avais choisi le SSIAD, et ce n’était pas possible de faire une MSP à domicile. Il me faudrait donc trouver un autre stage optionnel. En juillet. Dans un service où, sans doute, certains de mes collègues de promo feraient déjà leurs armes en tant que jeunes professionnels. Vous imaginez le malaise.
Il y a eu mon affectation de stage. En EHPAD, à une heure de chez moi. Dans un établissement qui dépendait du même pôle de gériatrie que l’EHPAD de mon premier stage. Joie. Autant vous dire que j’y suis allée la peur au ventre. Peur de croiser des membres de l’équipe du premier stage (ça tourne beaucoup par ici). Peur de devoir me justifier sur mon parachutage inopiné. Et surtout, peur d’être médiocre une fois de plus.
Il y a eu le premier jour de stage. La rencontre avec le cadre, rassurant. La découverte de l’équipe, bienveillante. Alors oui, c’est loin. Oui, c’est grand. Oui, il y a beaucoup de résidents pour trop peu de soignants. Mais ici, l’équipe est souriante, encadrante, le cadre de santé est présent. Ici, je peux poser des questions et trouver des réponses. Ici, j’ai l’impression que j’apprends, que je progresse. Ici, je me sens bien. Et ça se répercute sur mon stage. Et sur mon moral.
Il y a eu la revalidation de la MSP d’ergonomie, que j’avais superbement ratée, à cause d’un stress pas du tout maîtrisé. 19,75/20. Une jolie revanche.
Et il y a eu, enfin, la MSP3. J’ai travaillé dur. Le matin, je me levais à 4h30, partais à 5h30, arrivais à 6h30 et, après mes heures, restais sur le lieu de stage pour bosser mes démarches de soins. J’avais une semaine et demie pour préparer l’examen, j’ai vécu ces dix jours à fond. J’ai peu dormi, à peine vu mes enfants et me suis droguée au café. La veille de la MSP, j’étais du soir. Je suis rentrée chez moi à 22h, me suis couchée aussitôt, n’ai pas pu dormir avant minuit à cause d’un baby Georges d’humeur joueuse, me suis levée à 3h30, ai relu et corrigé mes démarches et suis partie à 5h pour arriver, épuisée et anxieuse, à l’EHPAD. Transmissions, stress, relecture, stress, café, stress, questions diverses, stress, préparation du chariot, stress, encouragements de l’équipe, stress, arrivée de ma tutrice, stress, choix du patient, stress… et c’est parti. Après, ça a roulé. Démarche de soins, toilette, diagramme, besoins perturbés, attente. Bizarrement, sans stress. Regards complices de mes jurys, interdiction de donner le résultat avant une bonne semaine mais leur sourire en sortant du bureau me met sur la voie. « Vous pouvez dormir tranquille » me dit ma tutrice. « Tu peux même très bien dormir tranquille » rajoute mon encadrante. Message reçu. MSP réussie.
Et maintenant? Il me reste deux semaines de stage. Puis trois semaines en SSIAD. Il me faut des bonnes notes, histoire de rattraper les évaluations pas terribles de mes deux premiers stages. Mais j’ai regagné en confiance, alors je repars du bon pied. Je finirai en retard, mais je finirai. Après ça, il me faudra attendre début octobre pour être diplômée. En attendant, il faut que je trouve un boulot au plus vite, ce qui s’avère compliqué étant donné que j’arrive en retard et sans diplôme sur le marché du travail. Mais j’ai le moral. Je vois arriver la fin de la formation, et je suis réellement heureuse d’avoir tenu bon malgré les difficultés. Et, enfin, je commence à me faire à l’idée que je suis capable d’être aide-soignante, malgré tout.

PS1 : merci pour votre soutien. J’étais vraiment mal quand j’ai écrit les derniers billets, vos commentaires pleins de confiance et de bienveillance m’ont beaucoup aidée.

PS2 : 28,5/30 à la MSP et note maximale en stage. Je crois que ça va 😉 (et toc pour la cadre dragon!) Continuer la lecture

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Alcools

Tout n’est pas cirrhose dans la vie, comme dit l’alcoolique.
Frédéric Dard
Aucune nouvelle de Madame Pasdbol depuis quatre mois. Finalement, pour construire une famille, il faut qu’il y ait une envie réciproque. Ça n’est pas le cas. Pas grave. Je passe pourtant souvent pas très loin de chez elle. Mais je n’ai pas envie de m’arrêter. Pas envie de voir le cubis de rouge posé par terre. Pas envie de disséquer ses mensonges. Pas envie de voir les souvenirs de mon père dans sa maison. Pas envie de l’écouter se plaindre, encore et toujours. Et malgré cette non-envie de la voir, je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Parce que je la sais alcoolique, et que l’alcoolisme est une maladie. Parce que je ne sais pas si elle l’était déjà avant de rencontrer mon père. Parce que je me demande si ce qu’elle est en est une conséquence directe ou non. Parce que j’ai fait une promesse à mon père. Parce qu’elle est seule. Parce qu’elle est la mamie de mes enfants. Parce que, pour finir, je sais qu’il est possible d’aller mieux. Ou pas.
Monsieur Carcinome est un patient « compliqué ». Parce qu’il est alcoolique. Parce qu’il est dément. Parce qu’il a une cirrhose. Parce qu’il est sous tutelle. Parce qu’il est placé contre son gré. Et puis, avouons-le, parce qu’il est pénible.
Monsieur Carcinome a une fracture. Dans un service de chirurgie, c’est plutôt classique. 
Ce qui l’est moins, par contre, c’est le contretemps lié à la tutelle. Parce qu’il faut une autorisation écrite pour l’opérer. Parce que ladite autorisation n’arrive pas. Parce que la tutrice, qui n’est autre que la fille de Monsieur Carcinome, ne semble pas pressée de s’en occuper. Parce qu’elle habite loin. Parce qu’elle est difficilement joignable. Parce qu’elle dit qu’elle n’a pas le temps et qu’elle a autre chose à faire. 
Alors Monsieur Carcinome attend. Et nous aussi. Le patient est coincé au lit tant que l’autorisation d’opérer ne sera pas arrivée au courrier. Le voici donc entièrement dépendant des soignants. Imaginez la scène : il est dément, il est immobilisé, il ne comprend pas pourquoi il n’est pas opéré, d’ailleurs il ne sait même pas où il est. À chaque passage de soignant dans sa chambre, Monsieur Carcinome pose les mêmes questions : 
« Où suis-je? »
« Est-ce que je peux avoir du vin avec mon repas? »
« Est-ce que je peux avoir une cigarette? »
« Quand est-ce que je rentre chez moi? »
« Pourquoi on ne s’occupe pas de moi? »
Alors, à chaque passage, on réexplique : 
« Vous êtes à l’hôpital »
« Non »
« Non »
« Il faut attendre d’avoir été opéré »
« On attend le courrier de votre fille. »
Une fois. Deux fois. Trois fois. Dix fois. Toute la journée. Tous les jours. C’est usant. Pour lui comme pour nous.
Répondre poliment. Être rassurante. Rester calme. Sourire. Se montrer disponible. J’ai beau savoir tout ça, j’avoue que j’ai du mal. Je n’arrive pas à être neutre avec lui. Ma bienveillance reste à la porte de sa chambre pour tenir compagnie à mon empathie. Je ne vois chez Monsieur Carcinome que l’alcoolique chronique qui sonne toutes les cinq minutes, qui pose toujours les mêmes questions, qui ne comprend pas les réponses, qui fait des allusions salaces, qui renverse son urinal. Je ne vois que ça, et ça me dégoûte. Cet homme me dégoûte, son corps me dégoûte, son discours me dégoûte. Et plus je regarde son dossier, plus il me dégoûte. Parce qu’il a été marié et père de famille, et que je ne peux m’empêcher de m’imaginer ce qu’a pu être sa vie de famille. J’imagine l’alcool, la violence, le surendettement. J’imagine sa femme. J’imagine les gosses au milieu. Pour être honnête, j’imagine mon père, et ma mère, et les gosses au milieu. Je le vois, lui, le dément, et je vois ce à quoi ont échappé mes parents en mourant jeunes. Ce à quoi n’échappera peut-être pas Madame Pasdbol. Et ça m’effraie.
Forcément, j’ai du mal à prendre soin de lui correctement. Parce que quand je vais le voir, je n’ai qu’une hâte : repartir au plus vite! Je lui réponds sèchement, je le regarde à peine, j’évite de le toucher. La toilette est une épreuve. Le repas aussi. Chaque acte de soin est une épreuve. Je ne suis ni bienveillante ni bientraitante.
Quatre jours. Quatre jours à répondre aux mêmes questions, à changer ses draps souillés d’urine, à attendre cette fichue autorisation qui n’arrive pas. Et puis, le cinquième jour, le déclic. Monsieur Carcinome a sonné pour la énième fois, et pour la énième fois il me demande s’il peut fumer. Pour la énième fois je m’apprête à lui répondre que non, il ne peut pas fumer, ni dans son lit ni à la fenêtre ni dehors. Et c’est à ce moment-là que je croise son regard, et que je m’y arrête. 
Il a peur. Il a cet air affolé qu’aurait un enfant perdu dans un supermarché. Exit Monsieur Carcinome et son alcoolisme, ses réflexions salaces et son histoire de vie, j’ai en face de moi un patient qui a peur, un patient qui ne comprend pas ce qui lui arrive, un patient qui souffre et qui voudrait qu’on l’aide. Empathie et Bienveillance, qui attendaient sagement à la porte, entrent sur la pointe des pieds. Je regarde Monsieur Carcinome. Dans les yeux. Je vois le patient, celui dont il faut que je m’occupe, sans le juger, en le respectant. Je vois l’instant présent, les soins, le dialogue. Je vois ses yeux et il voit les miens.
Je peux enfin prendre soin de lui.

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Future aide-soignante

Encore trois mois. Plus que trois mois. À peine trois mois. Peut-être plus, si je rate la dernière MSP, ou un module. On sait jamais.
Trois mois, c’est court. Il va falloir commencer à chercher du boulot pour cet été. Et pour la rentrée. Et pour l’année prochaine.
Et après? Après, je ne sais pas. Aide-soignante en EHPAD? En MAS? En SSIAD? En horaires de journée? Horaires de coupe? Horaires de nuit? En CDD? En CDI?
Et surtout, quelle aide-soignante? Je sais ce que je veux être, de quelle façon je veux travailler, mais y arriverai-je? Dire et faire ne sont pas frères.

Module 8 : organisation du travail. On parle de législation, de tâches AS et… d’encadrement des stagiaires. Ce dernier sujet fait réagir la promo. Forcément, des stages pourris, on est quelques uns à en avoir eus. Stages pourris, notes pourries, tuteurs pourris. Mais au fait, c’est quoi un bon tuteur de stage?
Un tuteur qui prend du temps pour toi? Un tuteur qui t’explique les choses? Un tuteur qui te regarde? Un tuteur qui te fait confiance? Un tuteur qui te met une bonne note? Un tuteur qui te montre les bons gestes? Un tuteur qui relit tes démarches de soins? Un tuteur qui te parle? Un tuteur qui te rassure? Un tuteur qui te donne envie d’être curieux? Un tuteur qui te pose des questions?
J’ai fait quatre stages. J’ai eu huit tuteurs. Et plein d’encadrants. J’ai observé, questionné, noté. J’ai douté, me suis trompée, ai recommencé. Et ce n’est pas fini. J’ai détesté certains tuteurs et adoré certains encadrants. Et vice versa. Et ça ne tenait souvent pas à grand-chose.
Dans trois mois (ou plus) je serai aide-soignante. Dans trois mois (ou plus) je serai potentiellement encadrante. Moi. Encadrante. J’ai peine à y croire. Que faudra-t-il que je fasse pour être une bonne encadrante? Que faudra-t-il que je sois? Comment ferai-je pour dire les choses sans flatter ni blesser? Comment transmettrai-je mon mon savoir-faire et mes valeurs? Comment saurai-je expliquer avec les bons mots? Comment saurai-je montrer les bons gestes? Comment pourrai-je être un bon modèle?

Je ne serai pas la super aide-soignante super pédagogue super sympa. Je ne sais pas être tout ça. Mais s’il y a une chose que je veux être, et une seule, c’est être bienveillante. Parce que finalement, ceux que j’ai aimés pendant la formation et les stages, ceux qui m’ont fait progresser, ce sont ceux qui ont fait preuve de cette qualité. La technique, la théorie, les apprentissages, les notes, tout ça n’est rien sans bienveillance. Sans ce regard qui te donne confiance, sans ce sourire qui t’encourage, sans cette main tendue vers ta main tremblante.

Cher(ère) futur(e) stagiaire AS, je ne serai pas une encadrante parfaite, parce que je suis un peu gauche, un peu timide, et que je fais des blagues pas drôles, mais, quoi qu’il arrive, tu peux compter sur ma bienveillance, et crois-moi, c’est ce que je peux t’offrir de mieux.

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