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Méta
Archives de catégorie : Animalecdotes
Mal de gorge
18h30, le papa rentre dans la clinique avec sa fille de trois ans pendue au bout de son bras droit, et un chien du même âge sous le bras gauche. Il est à la bourre, il était chez le médecin. Pour la petite, bien sûr.
– Tu vois Sylvain, elle se pl… Continuer la lecture
Le jars
J’avais hésité un instant. Devais-je garer ma voiture à droite ou à gauche de cette voie sans issue ? Dans le sens d’arrivée, ou le sens de départ ? Coincée entre de vieux murs de pierre plus ou moins effondrés, ma voiture bloquerait de toute façon la ruelle. Pas trop près du mur, en tout cas, à cause d’un caniveau dont je n’aurais jamais pu ressortir ma roue. Je choisis la droite, et le sens d’arrivée, parce que je ne me voyais pas manœuvrer. Je ressortirai en marche arrière. J’espérais juste que personne ne klaxonnerai en s’offusquant de la présence d’un étranger dans sa ruelle. J’espérai aussi que le lierre éviterait encore quelques heures à la grange au toit effondré qui dominait mon véhicule de s’effondrer et l’ensevelir sous des gravats centenaires.
Le portail de la ferme était de l’autre côté de la petite rue. Juste devant la porte de ma voiture, donc. Un antique assemblage de ferraille soudé sur place dont les gonds descellés n’avaient pu prévenir le basculement. Une première réparation, un câble tendu entre l’extrémité du portail et le haut du mur sensé supporter les gonds, n’avait pas mieux réussi. La seconde réparation, moins audacieuse, semblait tenir la route : une roue de brouette soudée sous le portail, coincée dans le caniveau, qu’il me fallait soulever puis faire rouler en espérant ne rien casser.
Il n’y avait personne. Dans le petit jardin devant moi, au fond duquel se tenait, tant bien que mal, une étable abritant mes patientes, quelques poules, un mouton, deux oies. Ou plutôt : une oie, et un jars. Énorme. Les deux volatiles me tançaient d’un air mauvais, portant leur ridicule bavette et fanon avec leur majesté caractéristique. Je me tenais dans l’entrebâillement du portail dont la roue, coincée par ma botte, attendait de retomber dans le profond caniveau dont j’aurai le plus grand mal à l’extraire à nouveau.
J’observais les oies, les oies m’observaient. Personne n’avait prononcé le moindre mot, personne n’avait osé cacarder. Je portais, repliée sur mon avant-bras droit, ma lourde blouse de coton couleur cachou, l’uniforme de camouflage du vétérinaire rural, couleur bouse. Dans ma main gauche, mon stéthoscope, un thermomètre, quelques tubes et aiguilles de prélèvement sanguin, des gants en plastique pour la fouille. Bien trop de choses. Je lançais un regard anxieux au petit portail qui, à la moitié de la longueur de ce jardin, communiquait avec la courette empierrée de la ferme. Pas un mouvement. Les chiens dormaient, et monsieur et madame Bordes aussi, sans doute. Je n’avais aucune envie de les réveiller.
Mes premiers contacts avec M et Mme Bordes avaient été… impressionnants. Cela ne faisait que quelques mois que je travaillais pour ce vétérinaire, et si j’avais peu croisé monsieur, madame m’avait fait forte impression en débarquant comme une furie dans le cabinet. Le soir, avant la fermeture, maniant son relevé de facture mensuel comme un maillet, elle s’était jetée sur mon employeur, un petit bonhomme à lunette débonnaire. Je m’étais prudemment réfugié dans la salle de consultation, ne voulant rien avoir à faire avec ce qui semblait un rituel bien réglé, la contestation de facturation. Je devais découvrir au fil des semaines qu’effectivement, cette agression mensuelle avait valeur de tradition entre madame Bordes et mon employeur. M Borde, lui, n’intervenait jamais, et d’ailleurs, ne parlait jamais, du moins en présence de son épouse. Elle, avec sa robe à fleurs à motif imprimés, ses lunettes à cordon en demi-lune et son inidentifiable mais caractéristique parfum, lui, dans son pantalon et sa veste de toile bleue d’ouvrier. Lui, silencieux, et même taciturne, dont j’avais le plus grand mal à obtenir le moindre commémoratif lorsque je soignais ses veaux, elle, volubile, orageuse, prenant toujours tout le monde à partie sur tout et n’importe quoi : la météo, l’injustice du monde ou l’incurie du maire.
Dans l’idéal, si tout pouvait se dérouler comme je l’imaginais, j’irai jusqu’à l’étable, j’examinerai la vache, la délivrerai de son placenta pourrissant en m’en retournerai sans encombre dans le refuge de mon automobile. Je ne voyais qu’un obstacle à mon plan : un couple d’oies grises et blanches. L’équilibre qui prévalait à cet instant ne pourrait se prolonger indéfiniment. Si elles n’avaient pas encore esquissé le moindre geste, au milieu des poules indifférentes, c’est que je m’étais également figé. Je sentais que mon prochain pas, accompagné de la fermeture du portail, serait une rupture. J’avais peur des oies. Je pouvais tenir un pitbull dans les bras ou approcher une vache juste vêlée, piéger un chat agressif ou tenir tête à un cheval paniqué, mais j’avais peur des oies. Pas une peur panique et irraisonnée, plutôt une inquiétude née de la méconnaissance de ces bestioles et des déclarations péremptoires de ma mère sur le sujet, qui m’avaient fait forte impression pendant mon enfance. De sales bêtes. Et puis, j’avais en tête le Capitole et ses oies de garde, le vacarme de leurs criaillements qui immanquablement tireraient monsieur, et surtout madame Bordes, de leur sieste.
Je choisis la confrontation bravache. Ces animaux sont impressionnables, il suffit de prendre la pose en écartant les bras devant elles pour qu’elles renoncent, m’avait-on expliqué. Je m’étais imaginé, à dix ans, prendre la posture d’une oie, jambes un peu pliées, buste redressé, bras en V avec les poignets cassés. Au cas où je me ferais piéger en allant voir un de mes amis fils d’agriculteur [1].
J’avançais donc d’un pas décidé vers l’étable, au fond du jardin, démarche quelque peu compliquée par le slalom entre les fientes de la basse-cour. Les oies s’avancèrent vers moi, une accélération coulée, presque silencieuse, tête vers l’avant, bec ouvert, ailes à peine écartées. Je leur fis face, j’écartai les bras. Elles se figèrent. Je ricanais. Je repris mon chemin vers l’étable, elles se glissèrent derrière moi, imaginant sans doute me pincer les mollets ou les fesses. Je me retournai sèchement, elles redressèrent leurs longs cous. Il y eu un instant de flottement, puis le jars passa à l’attaque, ailes grandes ouvertes, sifflant, criaillant, son oie sur les talons. Je vis son bec d’un orange profond surmontant cette bavette qui, moins ridicule tout d’un coup, lui conférait un air vicieux. J’avais ma lourde blouse cachou dans la main droite, je n’hésitai pas : je lui assénai un coup violent. Sa tête valdingua vers ma gauche. Il tomba comme une masse. Inerte. Ne se releva pas. Une goutte de sueur froide dévala ma colonne vertébrale.
« Simone ! Il a tué l’jars ! »
M. Bordes se tenait appuyé sur son petit portail, me coulant un regard mauvais sous sa casquette grise à carreaux. Son épouse le rejoignit, se penchant comme lui. J’étais figé.
« Vin d’là ! Une bête de concours ! La meilleure du canton, on avait été la chercher au marché de Samatan tout exprès ! »
Combien cela allait-il me coûter ? Et comment mon employeur allait-il prendre l’histoire ? Non qu’il me reprocherai une faute éthique. Je l’imaginais plutôt m’en vouloir d’avoir fourni des cartouches à sa Némésis dans leur lutte mensuelle. Madame Bordes se retira, dégoûtée. Je savais qu’elle reviendrait à l’assaut, calculant combien cela nous coûterait. Monsieur Bordes, lui, n’avait pas bougé. Il me fixait. Comme l’oie, dressée derrière le cadavre de son mâle.
Il y eût un frémissement. Le jars redressait la tête, le jars se relevait. Il tangua, retomba, tituba, tenta de reprendre contenance. Le cou plié, à moitié assis, la bavette molle, il reprenait ses esprit. Il fit demi-tour. Je masquais un soupir de soulagement.
« Simone !
– Quoi ?
– Le véto
– Quoi le véto ?
– Il l’a raté ! »
Un gargouillement monta de la maison.
« Saloperie de bestiole ! »
Note
[1] Je visualisais très bien la technique, c’était exactement ce que faisaient les chevaliers du Zodiaque à longueur d’épisode. Le Club Dorothée avait donc des valeurs pédagogiques en matière de survie en milieu hostile.
A sec
– Elle est super gonflée derrière, elle se couche et pousse de grands soupirs de douleur, surtout pour faire ses crottins, et ça dure depuis que je vous ai appelé !
Elle s’est levée quand je me suis approché. La jument est mal apprivoisée : très jeune, et Mme Hers vient de la récupérer. Pas sauvage, mais de là à l’examiner paisiblement, non. J’arrive à la caresser, elle baisse les oreilles, retrousse ses lèvres, roule des yeux mauvais.
Du cinéma. Ça va.
Je lui parle doucement, elle tolère bien que je lui caresse l’arrière-main. Pas l’encolure. On ne lui mettra pas de licol, il faudra faire dans ce champs, en liberté. Mes doigts glissent sur son dos, sa croupe. Je parle, je touche, doucement, mais fermement, je m’appuie contre elle. Ne pas rompre le contact, et tout faire en douceur, avec tact. Elle garde un œil mauvais, pour la forme, mais elle me laisse faire. J’écoute son ventre. Elle gargouille, peut-être pas tout à fait autant qu’il faudrait, mais cela me rassure. Je continue à la caresser, je tourne autour d’elle, je ne cesse pas de parler. Elle me tolère. Elle me laisse faire.
Je lui soulève la queue, doucement. Je glisse mes doigts, le thermomètre, elle n’apprécie pas, évidemment. Elle s’éloigne de moi, mais le thermomètre est bien en place. Je le récupère une minute plus tard, je m’approche d’elle comme je m’approchais des poulains au débourrage, à demi-sauvage, à l’époque où j’avais l’énergie et l’inconscience de monter des animaux peu domestiqués. Ils me font marrer, les chuchoteurs, à nous faire croire qu’ils réinventent le lien avec le cheval.
40.1°C
Elle me fuit à nouveau. Mollement, mais en prenant son air méchant.
Elle n’a pas encore fait mine de me taper. Je me glisse contre elle, je la caresse, toujours, ne pas rompre le contact. Mme Hers ne dit rien, elle nous regarde nous tourner autour, il faut que j’arrive à l’examiner. Elle n’a jamais eu de licol, je ne pourrais pas la sédater. Je soulève sa queue, à nouveau.
J’avais bien vu.
– Mme Hers, l’étalon, je suppose qu’il est là pour la saillir ? Depuis combien de temps ?
– Ah oui, heu, une quinzaine. Et puis, il n’arrête pas. Il l’a mordue, c’est lui, c’est ça ?
– Heu… pas de trace de morsure, hein. Par contre. Il est du style à la grimper même quand elle ne veut pas ?
– Oui…
– Manifestement. Et puis là, il a visé l’autre trou. Parce qu’en fait… elle a l’anus défoncé. Et je suis bien infoutu de vous dire si elle a le rectum lacéré, parce que bon, elle me laisse faire pas mal de chose, mais elle ne me laissera pas y toucher. Mais c’est un risque à ne pas négliger.
Alors antibios. Et anti-inflammatoires.
A injecter en liberté.
Et puis… on va voir.
Jumeaux
Il est venu à la voiture tandis que j’enfilais mes bottes. Une montagne de muscles, le genre à ne pas avoir besoin de coéquipier quand il faut tirer sur le palan. Un sourire, quelques mots, et le vif du sujet :
– Ben tu vois, Sylvain, il y a deux veaux, un je pense que c’est l’arrière parce que j’ai pas trouvé la tête, et il est mort. J’ai réussi à mettre les cordes aux pattes. Et puis l’autre il vient avec la tête, tout en même temps !
En général, ils sont petits, les jumeaux, le souci c’est que tout se coince. Faut en repousser un, et remonter l’autre. Mais là, je ne comprends pas. Les pieds sont énormes. Ce sont bien des postérieurs. La mère, c’est une jolie blonde, une vieille routière qui n’aura pas de mal à le sortir, mais deux comme ça, là-dedans ? Non ?
Je suis les membres avec mes mains, je palpe et explore. Je trouve la queue et le périnée du veau. OK. Mais il n’y en a pas d’autre ? Je vais plus loin, il était peut-être enroulé, et sortait ses quatre membres en même temps ? Foutrement improbable vue la position.
Non, il n’y a rien. Juste un veau en présentation postérieure.
Je refouille, je fais le tour par l’autre côté. Je m’enfonce, jusqu’aux épaules, je vois que l’éleveur est inquiet. Je file le long de la paroi de l’utérus, au plancher, à la recherche d’une déchirure, une plaie interne par laquelle le second veau aurait pu être « expulsé » dans le ventre. Rien. Tout est normal.
– Heu, je…
Comment lui dire sans le vexer ?
– Bon, il vient de cul, on est d’accord. Les cordes sont bien placées, c’est nickel, on va le sortir, je vais juste la dilater un peu plus. Mais heu… je… heu… je n’en trouve qu’un.
Je vais passer pour un con, là. Ou un incompétent. Ou le vexer.
– Comment ça il n’y en a qu’un ?
– Ben…
– Bien sûr qu’il n’y en a qu’un !
– Mais ?
– C’est la vache d’à côté celle qui a le veau dans le bon sens : ils viennent en même temps !
L’instant bleu
Juste une respiration dans un quotidien infernal où les drames et les morts se multiplient, pour un petit câlin impromptu entre deux rescapés qui en avaient bien besoin. Le chiot et rentré chez lui, et, du coup, le chaton l’a suivi – le type a craqué. On ne l’a pas du tout fait exprès.
La chienne l’a adopté.
Le mode d’emploi
– Alors, M. Pique, qu’est-ce qu’il a bouffé cette fois-ci ?
M. Pique : un agriculteur à la retraite, avec moustache et béret.
Il : Ioda, un genre de berger allemand de 9 mois.
Cette fois-ci : la première fois, de la mort-aux-rats, la deuxième fois, de la mort-aux-rats, la troisième fois… de la mort-aux-rats. Mais pas la même à chaque fois.
– Ah ben j’sais pas mais j’ai vu du bleu sur ses babines et sur son palais, alors il en a bouffé !
– Et vous avez quoi avec du bleu chez vous ?
– Chez moi rien, mais chez l’voisin du tue-limace, et puis bon, son truc c’est la mort-aux-rats, vous savez.
Tu parles que je sais, ouais. Et à chaque fois il en trouve une différente.
– Bon, ben protocole habituel.
Je pose le cathéter et décongèle l’apomorphine diluée. Le jour où nous n’en aurons plus sera un jour funeste pour les vomissements provoqués. Hop, une gougoutte dans la veine, et le chien vomit. Deux fois.
Avant, ça servait à faire dégueuler, et ça ne coûtait rien. Maintenant, ça sert à traiter les troubles de l’érection et le parkinson, et ça coûte un bras.
– Allez hop filez, vous m’appelez quand tout est sorti ?
Le tue-limace, je n’y crois pas trop. Il n’a pas le moindre signe nerveux, or ça agit super vite, et c’est vraiment violent. Tue-souris, peu crédible, pour les mêmes raisons. Reste, dans les trucs très courants, la mort-aux-rats. Dans le doute, on fera un temps de coagulation pour vérifier.
– Hey docteur, c’est bon, il a vomi !
Je rejoins M. Pique dans la pelouse, devant la clinique. Un beau vovo que je vais décortiquer sur la table de consultation.
Du bleu. Plein de bleu.
Des morceaux de bouchon en liège. De champagne, vue la capsule.
Un demi ballon de baudruche.
Un toxocara canis. Penser à vermifuger.
Un bout de sachet en plastique, sans doute celui du poison.
Des nouilles. Pas assez cuites.
Des croquettes, pas mâchées mais bien gonflées. Friskies ? Non, Fido.
Et un bout de papier, tout replié, humide et collé. Bleu, et visqueux :
COMPOSITION : 0,001 % de Brodifacoum.
Agent d’amertume : Benzoate de Dénatonium.PROPRIETES :
– Appât frais prêt à l’emploi : une pâte onctueuse composée de farines et de graisses végétales, dont l’appétence est renforcée par l’ajout d’arômes naturels et de sucre. Le processus de fabrication assure une imprégnation totale et homogène de l’appât pour une assimilation immédiate de la matière active par les rongeurs.
– Puissant anticoagulant : le brodifacoum. Le rongeur meurt dans les 2 à 5 jours suivants l’absorption, la mort semble naturelle et n’éveille pas la méfiance du reste de la colonie, qui continue à consommer le produit.
– La présentation : en sachet toilé biodégradable microporeux, hydrofuge, évite la dispersion des appâts et simplifie l’application avec une plus grande sécurité.
– Non détecté par les rongeurs, un agent d’amertume intégré dans la composition de l’appât réduit les risques d’absorption accidentelle par l’homme.RECOMMANDATIONS :
– Ne pas toucher les appâts avec les mains pour ne pas éveiller la méfiance des rongeurs.
– Ne pas conserver ou déposer ces appâts à portée des enfants et des animaux domestiques.
– Conserver uniquement dans l’emballage d’origine.
– En cas d’ingestion ou de malaise consulter immédiatement un médecin et lui montrer l’emballage ou l’étiquette.ANTIDOTE : Vitamine K1 administrée sous contrôle médical.
Pratique.
Le permis de tuer
A l’accueil, 18h55
– Clinique vétérinaire, bonjour ?
– Je veux parler au vétérinaire.
– Je suis désolée, il est déjà en ligne, monsieur.
– Ah ben on peut bien crever hein !
A l’accueil, pendant la crise de la fièvre catarrhale
Balançant un paquet de passeport de bovins sur le bureau :
– Tenez, tamponnez moi tout ça.
– Je vais m’occuper de ça, monsieur, veuillez patienter.
– Vite hein, j’ai pas que ça à faire !
A l’accueil, toujours :
– Je veux 1cc de marbocool et 0.8cc de toofine. Et tarifé à la fraction de flacon.
Il y a le regard de l’ASV (assistance spécialisée (ou un autre truc en S) vétérinaire).
Le regard désespéré.
Le regard colérique contenu.
Le regard ras-le-bol.
Il faut sourire, il faut être polie, même avec les ours, même avec les cons, les machos, les « je-ne-veux-parler-qu’au-véto », les pressés, les ça-urge-il-est-malade-depuis-sept-jours.
Il faut supporter que la personne soit mielleuse avec le véto alors qu’elle vient d’être odieuse avec l’assistante.
Il faut de l’empathie, de la patience, beaucoup de gens, même pas forcément aimables, le méritent. Ils sont perdus, stressés, apeurés. En colère ou désespérés. Et facilement injustes.
Mais il y a les quelques autres. Les enfoirés qui te tirent une balle dans le dos, ceux qui te prennent pour une merde, ceux qui essayent de te piéger.
Pour certains d’entre eux, j’accorde, privilège d’employeur, un « permis de tuer ».
Il faut que l’importun soit un récidiviste. Il faut qu’il soit dans son tort. Il faut qu’il n’ait aucune excuse.
Si ces trois conditions sont réunies, alors ok. L’ASV a le droit de l’envoyer chier.
La plupart du temps, on ne revoit pas l’emmerdeur. Tant mieux.
Parfois, je reçois un coup de fil :
– C’est monsieur Pique, je vous appelle car votre assistante, elle m’a envoyé paître.
– Mmmhhhh
– Alors c’est elle ou moi, hein, parce que c’est pas tolérable.
– Je comprends M. Pique. Au revoir, donc.
– Hein ?
– Et bien, c’est elle ou vous ? Je la garde.
Hey, il est revenu, et il est devenu super poli.
Bon, jusqu’au jour où il a recraqué, et cette fois-là, ça a été terminé. Mais bon.
20 ans
J’ai beaucoup de chats de 20 ans dans ma clientèle.
La plupart d’entre eux me sont amenés pour la première fois à cet âge canonique, l’équivalent d’un plus que centenaire pour un humain. M. ou Mme tient son chat dans les bras, et…
« C’est la première fois qu’il voit le vétérinaire, il a toujours été en très bonne santé, il a vingt ans vous savez ! »
Avec l’âge apparaissent les maladies que l’on imagine, bref.
J’ai souvent un sourire discret devant ces vieux, légers comme des papillons, tout secs et tout maigres. Il y a généralement un lien très touchant entre ces chats et leurs humains de compagnie.
Mais ils ont bien rarement 20 ans. La plupart du temps, je ne fais que m’en douter, et je ne dis rien. Après tout, je n’en sais rien, et cela n’a pas d’importance médicale. Pourquoi vexer les gens en remettant leur parole et leurs représentations en doute ?
Le temps passe, plus ou moins vite, et en l’absence de repère temporel, personne ne sait réellement l’âge du chat. Parfois, je les ai vu, quelques années plus tôt, pour un bobo ou une vraie maladie. Notre informatisation a une dizaine d’années, et le croisement de l’âge déclaré à l’époque et de celui du jour est incohérent. En général (mais c’est parfois l’inverse), le chat est moins âgé. Les gens sont souvent surpris.
C’est comme un seuil, 20 ans.
Avant, on ne notait pas ce genre de chose, ou mal. Alors tous les très vieux chats avaient 20 ans. Aujourd’hui, il y en a toujours, mais moins qu’il y a 20 ans ?
Il y en a eu un qui m’a fait sourire, il y a peu.
« Bonjour docteur, je vous amène ma vieille minette. Elle a 20 ans. Elle s’appelle Pikachu. »
Pikachu est restée quelques jours avec nous. C’est une collaboratrice ophtalmo, passant devant sa cage, qui a levé le lièvre.
« Elle ne peut pas avoir 20 ans, elle n’a pas les yeux, elle n’a pas les iris d’un chat de 20 ans. »
Il fallait sans doute être ophtalmo pour le voir.
Mais nous aussi nous aurions pu nous rendre compte que Pikachu n’est apparu sur les petits écrans français qu’en 1999. Il y a 14 ans.
Nous avions eu plus de facilité à estimer l’âge d’un Zizou, il y un an de cela.
Finalement, l’âge, c’est dans la tête ?
Le nom
Un jeune couple, rasta et ponchos. Ils m’amènent un chiot de deux mois, qui a du avoir des ascendants de… multiples races. Un genre de labrador. De nuit, dans le brouillard. Ils l’ont trouvé sur le bord de la route, sans sa mère, sans personne, ils habitent un endroit paumé. Ils pensent qu’il a été abandonné.
Peut-être.
En tout cas, il n’est pas identifié.
Il a surtout une patte cassée. Une jolie fracture bien nette, juste la bonne forme pour que cela puisse cicatriser tout seul après réduction et immobilisation, ce que je m’applique à faire.
– Mais comme ce n’est pas notre chien, il faut qu’on paie ?
– Il faut bien que quelqu’un le fasse…
– Mais on peut le garder ?
– Si personne ne se manifeste… pas de collier, pas d’identification, si ses propriétaires l’ont perdu ils appelleront les vétos et les SPA, on va bien voir. Je vais mettre la facture en attente.
– Combien de temps ?
– S’ils n’appellent pas dans les trois jours, ça m’étonnerait qu’ils appellent jamais…
– Alors on pourra le garder ?
– Oui, mais du coup je compte sur vous pour prendre les soins en charge.
Ils sont revenus une semaine plus tard, pour changer le pansement. Personne n’avait appelé. Ils ont fait le tour des fermes, par chez eux. Personne ne connaissait le chiot.
– Alors on va le faire identifier à notre nom pour le retrouver, s’il se perd, d’accord ?
– Bien sûr ! Vous voulez l’appeler comment ?
– Heuuu…
Ils se regardent, un peu désemparés.
– On n’y a pas réfléchi, on l’appelle « le chien ».
– Il n’y a pas d’urgence.
– Et… si on l’appelait Paf ?
Répondeur
Entre 12h et 14h, nous ne répondons pas au téléphone. le répondeur indique de rappeler aux horaires d’ouverture, ou de laisser un message en cas d’urgence. Évidemment, nous écoutons immédiatement tout message.
Celui de ce midi m’a été laissé par un client que je connais bien. Je ne résiste pas au plaisir de vous le retranscrire.
Du genre gaffeur.
Voix joyeuse : « Hé Jean tu vas rire, je t’appelle et je tombe sur le répondeur des vétérinaires ! Hahaha c’est idiot. Bon, tu me rappelle un peu plus tard ? »
Silence
Voix toujours rigolarde : « Ou alors, je me suis trompé de numéro ? »
Silence
Voix emmerdée : « Tiens je suis peut-être en train de faire une connerie. »
Télémédecine
A l’accueil, à la clinique, une dame.
– Bonjour, je voudrais un médicament pour mon chat. Sous forme liquide.
– Heu…
– Sous forme liquide parce que je ne peux pas l’attraper.
– Ah. Mais il a quoi votre chat ?
– Je ne sais pas, je ne peux pas l’attraper.
– Mais pourquoi voulez-vous un médicament ?
– Eh bien, parce qu’il est malade !
– Ah, mais il a quoi ?
– Je ne sais pas je vous dis, je ne peux pas l’attraper !
– Mais vous voulez quoi comme médicament ?
– Je ne sais pas moi, je ne peux pas l’attraper ! Mais liquide, hein.
La dame est repartie sans médicament, assez frustrée. Pas franchement en colère, mais… Pas satisfaite, quoi.
La ceinture
Il a la cinquantaine, une paire de rangers et un treillis. Je le vois souvent.
Il a une grosse meute.
C’est un chasseur de sanglier.
Il est assis, presque effondré, devant mon bureau. La tête dans ses mains, il ne me montre pas ses yeux.
Il mange ses mots. Il s’étouffe.
Son chien est sur ma table. Il est mort.
« Vous savez, vous savez, ce chien… Ce chien je l’avais recueilli, il avait juste débarqué chez moi. Et je l’ai gardé.
Et…
Et ce chien c’était…
Et vous savez, ce chien, un jour, j’ai enlevé ma ceinture.
J’ai enlevé ma ceinture, j’ai enlevé ma ceinture, comme ça, et vous savez, il me faisait toujours la fête, il était…
Et là il a hurlé, et il s’est caché sous la table.
Et vous savez…
…
Et putain vous savez, j’en chiale encore. »