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Méta
Archives de l’auteur : SommatinoRoots
Covid : Protéger, prévenir et soigner sans abandonner notre humanité
Depuis janvier 2021, je participe à un billet d’humeur « La santé dans tous ses états » dans les colonnes du Quotidien du Médecin, en alternance avec Karine Lacombe, Emmanuelle Quilès et Jean-Daniel Flaysakier.Ce texte est reproduit ici avec l’accord du … Continuer la lecture
Une goutte d’eau dans le désert
Depuis cette pandémie, j’écoute un peu moins souvent de musique. L’esprit trop préoccupé pour en profiter, écouter et entendre comme à mon habitude tous les instruments, toutes les nuances, toutes les voix présentes.Aussi, parce que la musique est touj… Continuer la lecture
Alter / ego
« Et ces batailles dont on se fout, c’est comme une fatigue, un dégoût. À quoi ça sert de courir partout ? On garde cette blessure en nous, comme une éclaboussure de boue qui n’change rien, qui change tout. Évidemment, évidemment, on danse encore sur le… Continuer la lecture
Cassandre
« Yes, I said it’s fine before, but I don’t think so no more. I said it’s fine before, I’ve changed my mind, I take it back. Erase and rewind » (Erase/Rewind, The Cardigans)(Oui, j’ai dit que c’était bon avant, mais je ne le pense plus. J’ai dit que c’ét… Continuer la lecture
22 222
« I can’t get no satisfaction, I can’t get no satisfaction, and I try, and I try, and I try, and I try. I can’t get no satisfaction » (Satisfaction, The Rolling Stones)(Je ne peux obtenir aucune satisfaction, je ne peux obtenir aucune satisfaction, j’ess… Continuer la lecture
C’est ta chance
« Faut qu’j’travaille, mais je ne veux pas qu’on m’pousse non, non, j’sais ce que j’ai à faire » (Faut qu’j’travaille, Princesse Erika)Est-ce que j’entre dans une période vieux con aigri (non, je le suis déjà) ou est-ce une simple réflexion ? On va dire … Continuer la lecture
Combien de temps
« Nants ingonyama bagithi baba. Sithi uhhmm ingonyama »(L’histoire de la vie, Le Roi Lion)Pas besoin de traduction, c’était juste pour vous mettre le début de cette chanson dans la tête.Le jour se lève au début de ce film.Comme tous les jours depuis le d… Continuer la lecture
Sois
« You gotta be bad, you gotta be bold, you gotta be wiser, you gotta be hard, you gotta be tough, you gotta be stronger, you gotta be cool, you gotta be calm » (You gotta be, Des’ree)
(Tu dois être méchant, tu dois être fort, tu dois avoir plus de sagesse, tu dois être dur, tu dois être costaud, tu dois être plus fort, tu dois être cool, tu dois être calme)
Il y a un moment où quelque chose a cloché, non ? Un moment où c’est parti en vrille dans le monde, mais on n’a pas fait attention. On s’est laissé déborder, ou on a fait semblant de ne pas voir ?
Le monde est rempli d’injonctions, tout le temps…
Faut être heureux, parce que. Ne pas l’être c’est ne pas être performant.
Faut être content, parce que.
Faut manger, parce que.
Faut dire merci, parce que.
Faut être serviable, parce que.
Faut être croyant, parce que.
Faut être bienveillant, parce que.
Faut aimer son travail, parce que.
Faut pas se plaindre, parce que.
Faut accepter qu’on vous donne des coups, parce que.
Faut refuser d’en donner, parce que.
Faut pas acheter ces produits, parce que.
Faut acheter ceux-là, parce que.
Faut pas faire confiance, parce que.
Faut faire confiance un peu quand même, parce que.
Faut pas trop consommer, parce que.
Faut consommer, parce que.
Faut faire du sport, parce que.
Faut pas trop en faire, parce que.
Faut pas regarder la télé, parce que.
Faut pas louper cette émission, parce que.
Faut lire beaucoup, parce que.
Faut pas rester sédentaire, parce que.
Faut faire des études, parce que.
Faut « me croire, je sais ce que je dis », parce que.
Faut « faire votre boulot, vous êtes payés pour ça », parce que.
Faut avoir une vie à côté du boulot, parce que.
Faut absolument terminer ce dossier avant ce soir, parce que.
Faut profiter du beau temps, parce que.
Faut pas trop s’exposer au soleil, parce que.
Faut être là pour ses amis, parce que.
Faut pas avoir trop d’amis, parce que.
Faut pas s’ouvrir trop aux autres, parce que.
Faut pas vivre en ermite, parce que.
Faut vivre avec son temps, parce que.
Faut pas être nostalgique, parce que.
Faut aller de l’avant, parce que.
Faut pas oublier le passé, parce que.
Faut connaître son histoire, parce que.
Faut savoir qui on est, parce que.
Faut un peu de folie et d’imprévu, parce que.
Faut être adulte à ton âge, parce que.
Faut pas trop boire, parce que.
Faut manger sainement, parce que.
Faut profiter de la vie, parce que.
Faut être poli, parce que.
Faut envoyer chier le monde quand ils t’embêtent, parce que.
Faut pas être galant, parce que.
Faut tenir la porte aux femmes, parce que.
Faut respecter les différences, parce que.
Faut admettre qu’on est tous pareils, parce que.
Faut faire du cas par cas, parce que…
Et au milieu de tout cela, il faut vivre aussi. Continuer la lecture
(In)déterminé
Fatalité
Quand tu croises nos chemins
Fatalité
Qu’on soit prince ou moins que rien
Fatalité
Qu’on soit reine ou bien putain
Fatalité
Tu tiens nos vies dans ta main » (Fatalité, Comédie musicale Notre Dame de Paris)
L’ennemi du bien
L’ennemi du bien
Live and let die
« Si tu penses un peu comme moi, alors dis: « Halte à tout ». Et maintenant, Papa, c’est quand qu’on va où? » (C’est quand qu’on va où ?, Renaud)
Grande zébrette devait, il y a quelques jours, travailler sur un thème pour le lycée :
Vaste sujet…
Parce que vivre c’est profiter de la vie au jour le jour. C’est le Carpe Diem dont j’ai déjà parlé ici.
Ne pas mourir, c’est se mettre devant l’échéance de la fin inéluctable que nous connaîtrons toutes et tous. C’est donc organiser sa vie en fonction de cet événement ultime en cherchant à l’éviter par tous les moyens.
Donc ce chemin vers la mort, nous l’empruntons toutes et tous. Reste à savoir si on marche en souriant ou en ayant d’autant plus peur que le nombre de pas augmente, puisqu’on ne sait pas quand arrivera la fin.
« Il y a ceux qui prendraient un avion, d‘autres qui s’enfermeraient chez eux les yeux fermés. Toi, qu’est-ce que tu ferais ? Toi, qu’est-ce que tu ferais ? Il y en a qui voudrait revoir la mer, d‘autres qui voudraient encore faire l’amour une dernière fois. Toi, tu ferais quoi ? Et toi, tu ferais quoi ? » (Mourir demain, Pascal Obispo)
Mardi matin (l’empereur, sa femme et le petit Prince), visites à domicile. J’aime bien les visites à domicile, surtout quand j’ai le temps. Le temps d’écouter et de laisser parler les patients.
Pour certains patients âgés et isolés, ma visite à domicile constitue une sorte d’événement de la journée, « LA » chose qui change de la routine et le fait de socialement voir quelqu’un pour parler un peu et rompre la solitude.
Cette patiente est charmante. Toujours un sourire, toujours une parole gentille alors qu’elle n’a pas une vie facile. Mais elle ne se plaint pas.
Je l’écoute. Je la regarde. Elle semble contente de pouvoir me parler de ses petits enfants.
A tous ceux qui seraient tentés de se dire « Ah ben tranquille le doc là, il va chez les gens, il les écoute parler de la pluie et du beau temps, et c’est 33 euros, par ici la monnaie », j’aimerais juste dire qu’ils doivent réfléchir un peu. Quand une patiente parle de ses petits enfants comme elle le fait, elle parle de sa fierté, ça lui fait du bien. Elle me dit implicitement qu’elle n’est pas seule et que d’autres veillent sur elle, surtout ces derniers jours où il a fait si chaud. Cela me permet de voir et jauger son moral.
Bref, je la regarde et elle sourit. En une fraction de seconde, une étincelle en moi fige cette image et me dit « Il faudra que tu t’en souviennes ».
M’en souvenir parce qu’un jour elle ne sera plus là. Parce qu’un jour son chemin s’arrêtera, parce que c’est la vie qui est comme ça.
Parce qu’un jour je repasserai devant sa maison mais elle ne l’habitera plus, comme je passe devant la maison de Jules que j’allais voir en général vers 11h. Il cuisinait encore lui-même tous ses plats. Ca sentait rudement bon chez lui. Et ça me rassurait de me dire qu’il gardait le goût de manger correctement (et ça me donnait faim aussi, j’avoue).
« Les copines, les tontons, tous ces anges à nous, nos divines affections. Qu’on est long, qu’on est long, à dire les je t’aime qu’on pense quand ils s’en vont. Où vont les gens qu’on aime quand ils s’en vont ? C’est pas vrai qu’ça s’arrête, ce s’rait trop con » (Où s’en vont ?, Michel Fugain)
Une des phrases quasi systématiques prononcées par les internes qui viennent en stage au cabinet est « Ca fait plaisir de voir des personnes âgées qui vont bien ». Parce que d’habitude les personnes âgées qu’ils sont amenés à côtoyer sont plus souvent dépendantes, très altérées voire grabataires, dans les services hospitaliers.
Mais il y a une chose qui me marque encore plus : l’absence de peur de la mort. Ce n’est absolument pas une résignation fataliste. Loin de là, même.
Bien souvent, les patients âgés ont des phrases comme « Oh vous savez, j’ai fait mon temps, j’ai bien vécu » ou encore « Oh ben la faucheuse est déjà passée plusieurs fois, mais elle ne m’a pas bien fauché, je suis encore debout, faudra qu’elle repasse ».
Ils ne sont pas inquiets. Je revois le sourire de ce patient qui m’avait dit cette dernière phrase il y a une semaine. Il m’avait bien fait rire par sa spontanéité. Je trouvais la formule tellement appropriée à son cas et tellement bien tournée.
Je suis peut-être passé pour un fou si on m’a vu lui chuchoter dans un léger sourire en forme de boutade complice « Finalement, elle est quand même repassée et vous l’avez laissée réussir cette fois » quand j’ai constaté son décès à domicile il y a 3 jours.
Je pense que les patients que je côtoie ont majoritairement choisi de vivre. C’est une formidable leçon d’optimisme que je me prends régulièrement en pleine figure. Ils ont choisi de se dire que ce qui arrive doit arriver et qu’on n’y peut rien changer, sauf à chercher à se battre contre des moulins à vent.
Un ami m’avait dit un jour « Tu n’arrêtes jamais une minute, tu es un peu hyperactif sur certains points… Tu caches une forme de peur de la mort, et tu cherches à te prouver que tu es vivant en multipliant les activités ».
Je ne sais pas s’il a raison.
Je sais juste que chercher à ne pas mourir serait épuisant.
Je préfère vivre, pleinement, sans compter les heures, les jours, et en me laissant guider par la passion… et en épuisant sans doute un peu mon entourage parfois Continuer la lecture
Strapontin
« You have to show them that you’re really not scared. You’re playin’ with your life, this ain’t no truth or dare. They’ll kick you, then they beat you, then they’ll tell you it’s fair, so beat it » (Beat it, Michaël Jackson)
(Tu dois leur montrer que tu n’as pas vraiment pas peur. Ils jouent avec ta vie, ce n’est pas « action ou vérité ». Ils te mettront des coups de pied, te battront, puis ils te diront que c’est réglo, alors bats-toi)
Pour le plaisir
(Est-ce ton fantôme qui continue de se cacher dans la fumée ? Ca devient plus fort, je sens des mains autour de mon cou. Comment aime-t-on quelqu’un ?)
Narcisse
Se met-elle à ma place quelques fois, que faut-il que je fasse pour qu’elle me voit ? Vivre l’enfer mourir au combat, veux-tu faire de moi ce que je ne suis pas ? Je veux bien tenter l’effort de regarder en face mais le silence est mort et le tien me glace. Mon âme sœur cherche l’erreur plus mon sang se vide et plus tu as peur » (A ma place, Zazie et Axel Bauer)
Mutation
Ca ne tient pas debout
Les écrits restent
A demain…
If tomorrow never comes, will she know how much I loved her ? Did I try in every way to show her every day, that she’s my only one. And if my time on earth were through and she must face this world without me, is the love I gave her in the past gonna be enough to last, if tomorrow never comes ?
So tell that someone that you love, just what you’re thinking of, if tomorrow never comes » (If tomorrow never comes, Ronan Keating)
Catalyseur
Non coupable ?
J’avais particulièrement apprécié un cours de philosophie en terminale, au sujet du temps. Le temps qui passe. Et le présent.
« Y’a tant de vagues, et tant d’idées, qu’on n’arrive plus à décider le faux du vrai. Et qui aimer ou condamner » (Le paradis blanc, Michel Berger)
Au mois d’août, l’activité de consultation était calme. Beaucoup de patients en vacances. L’aventure Europe 1 battait son plein et n’a pas vraiment bouleversé mes consultations au final. J’espère bien y retourner un jour… qui sait…
Depuis, l’activité a repris de plus belle. Une transition un peu brutale dès la première semaine de septembre. Le planning est plein, déborde, on refuse des patients le jour même (et je peste contre ceux qui n’honorent pas leur rendez-vous puisque, justement, j’aurais pu caser des patients qui ne demandaient que cela !)
Mardi midi, sur ma pause déjeuner, je suis allé faire du sport. Rebelote mercredi (avec le pauvre « coach » qui continue à me supporter et accepte de faire du sport avec moi, parce que je tiens toujours bon sur cette bonne résolution de rentrée).
Mais faire tout ça alors que j’aurais pu ouvrir encore plus créneaux de consultations, ce n’est pas « bien ».
« Quand JE et MOI sont dans un bateau, JE rame et c’est MOI qui tombe à l’eau. Quant au boulot, pendant que JE, l’affreux, n’en fout pas une rame, MOI, besogneux, ne bosse que pour ses impôts.
J’ai deux ego, JE et MOI : Quel duel! Quel duo! Un drôle de jeu entre eux et moi, trente-deux jours par mois, mais s’il n’en reste qu’un, JE sera celui-là. » (Je et moi, Michel Fugain)
J’avais déjà écrit sur le « trépied » qui me semble être nécessaire pour tenir debout de façon équilibrée.
C’est combien ?
« Combien de temps, combien de temps, si l’on restait face à face sans un mot sans une fille qui efface ? » (Combien de temps, Stefan Eicher)
Venez comme vous êtes
Yin Yang
Destin ou Hasard ?
Alors, plantons le décor immédiatement… quand en général j’ai en tête un billet dont le sujet m’a fait réfléchir beaucoup et qui est sérieux, je ne peux pas m’empêcher de commencer par une chanson ultra kitsch.
Vous êtes prévenus…
J’ai écrit récemment un billet sur l’effet papillon, pour relater toutes ces petites choses que l’on fait ou que l’on ne fait pas, et qui ont de grandes conséquences ultérieurement sur notre vie. J’y ai relaté quelques exemples de mon quotidien, il y en a encore d’autre, plus récents, ou plus anciens, mais qui changent ou changeront profondément ma vie.
Mais… qui est à l’origine de ces décisions et de ces choix ?
Il y a quelqu’un d’ailleurs, responsable de cela ?
Plusieurs mois auparavant, je discutais avec un patient musulman. Il me disait que nos religions étaient proches, moi qui suis catholique (non pratiquant).
L’une des différences les plus importantes qu’il voyait résidait en un mot : mektoub.
Il traduisait cela comme la destinée. Ce qui est écrit, l’est par Dieu et personne ne pourra le changer.
J’ai été séduit par cette idée. Cette notion de destinée, qui peut expliquer pourquoi notre vie prend des chemins parfois particuliers. Il y a une raison à tout. C’est écrit.
Ok.
Ce mektoub séduisant ne me convient malheureusement pas complètement.
« This is a place where I don’t feel alone, this is a place where I feel at home. And I built a home for you, for me. Until it disappeared from me, from you. And now, it’s time to leave and turn to dust » (To build a home, The Cinematic Orchestra)
(C’est un endroit où je ne me sens pas seul, un endroit où je me sens chez moi. Et j’ai construit une maison pour toi, pour moi. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse de moi, de toi. Et maintenant, c’est l’heure de partir et de redevenir poussière)
Cet endroit, c’est notre vie.
Je ne peux me résoudre à imaginer un Dieu, quel qu’il soit, même si vous ne l’appelez pas Dieu mais Destinée ou autre chose pour les athées…
Je ne peux pas, je ne veux pas croire que tout soit écrit à l’avance.
Parce que sinon, qui aurait bien voulu écrire les meurtres, les sévices à enfants, la haine, la destruction ?
La conception du Dieu auquel je crois est contraire à cela.
Et si, ce Dieu, nous avait fait le plus beau des cadeaux, comme celui que des parents font à leurs enfants en les laissant vivre par eux-mêmes : la liberté.
La liberté de choisir, d’agir, de vouloir, de refuser.
Rien d’écrit à l’avance, juste la page blanche à remplir. Ou pas. Selon nos envies.
Oui mais bon, là, je viens de dire l’inverse de ce que j’ai écrit dans l’un de mes tous premiers billets… Il n’y aurait pas de « bonne étoile » qui guiderait nos choix ?
« And that is just the way that we remain. Ah that will be the way that we remain » (From Afar, Vance Joy)
(Et c’est uniquement de cette façon que nous restons. C’est de cette façon que nous resterons)
Et si la vie n’était qu’un gigantesque hasard ? Bon ou mauvais. Un coup de chance. Ou de poker.
On fait nos choix en étant parfois influencés, consciemment ou non.
Nos amitiés, nos amours, notre vie professionnelle, nous choisissons tout. Un petit soupçon de destinée de ci, de là, sous forme d’un hasard heureux ou malheureux.
La seule chose vraiment écrite, irrémédiablement même si on n’en connaît pas la date, étant qu’un jour, nous ne ferons plus partie de ce monde. Pour le laisser à d’autres. Et au hasard.
Qu’elle soit elle
« Qu’elle aime aussi ses inquiétudes, c’est une qualité que j’ai. Sans fausse modestie aucune, une que je voudrais qu’elle ait » (Qu’elle soit elle, Jean-Jacques Goldman)
L’effet papillon – Episode 2
J’écoute Europe 1 depuis des années. J’étais gamin quand, sur la route des vacances, nous écoutions déjà Europe 1 sur les grandes ondes (celles qui faisait qu’on ne captait pas bien quand on passait sous un pont… et ouais… je suis si vieux que ça pour avoir connu les Grandes Ondes avant la FM !)
Ô temps ! Suspends ton vol…
« Une rose pour la vie, une rouge pour l’amour, une noire pour la nuit et une bleue pour le jour. Une jaune pour être speed, une mauve pour être cool, orange pour le rire et marron pour les moules. Une blanche pour être bien, une verte pour la route et Jeanine Jeanine Jeanine pour éviter le pire » (Jeanine médicament blues, Jean-Jacques Goldman)
Et dix de der
« Lately I’ve been, I’ve been losing sleep, dreaming about the things that we could be » (Counting stars, One Republic)
(Récemment j’ai perdu le sommeil, en rêvant à ce que nous pourrions être)
Il m’arrive de réfléchir aux choix que l’on peut faire. Ceux qui nous amènent là où nous sommes. Je suis persuadé, mais c’est une opinion purement personnelle, que nous avons une espèce d’étoile qui nous guide et nous pousse à parfois faire des choix, sans trop savoir pourquoi, mais qui s’avèrent être les bons pour nous.
Un peu comme dans un film, un peu à l’eau de rose, un peu gentillet-bisounours, que j’ai vu il y a quelques années mais qui m’avait marqué.
L’effet papillon. Le titre d’un autre film, et le sujet d’un (vieux) billet ici
« Where is the moment we needed the most ? You kick up the leaves and the magic is lost. They tell me your blue skies fade to grey, they tell me your passion’s gone away, and I don’t need no carryin’ on » (Bad day, Daniel Powter)
(Où est ce moment dont nous avions le plus besoin ? Un coup de pied dans les feuilles et la magie est perdue. Ils me disent que ton ciel bieu est devenu gris, ils me disent que ta passion s’est envolée, et je n’ai pas besoin de continuer)
Donc nos choix ne sont pas forcément les bons ? Mais comment on fait pour savoir ?
« Well life has a funny way of sneaking up on you when you think everything’s okay and everything’s going right. And life has a funny way of helping you out when you think everything’s gone wrong and everything blows up in your face » (Ironic, Alanis Morissette)
(La vie a une drôle de façon de t’approcher quand tu penses que tout se passe bien et qu’effectivement tout va bien. Et la vie a une drôle de façon de t’aider quand tu penses que tout est allé de travers et tout t’éclate au visage)
La loi de l’emmerdement maximum, la loi de Murphy…
Si on a tous ces moments là, comment réussit-on à les surmonter ?
Seul en ermite ? Ou entouré de ses fameuses « relations sociales » ?
J’ai ma réponse.
Quand je ferme la porte de chez moi le soir, j’entre dans ma bulle. Avec Mme et mes zèbres. Ils savent dire ce qu’il faut. Ils savent quand j’ai, assez égoïstement, besoin de réconfort.
Un bulle de survie.
« Y’en a qui grimpent en l’air pour un peu plus d’silence. Y’en a qui vivent sous terre où ça hurle, où ça danse. Y’en a qui pointent les comptes quand d’autres comptent les points. Y’en a qui lèvent des croix pour ceux qui n’y croient pas » (A quoi tu sers, Jean-Jacques Goldman)
Il y a des patients qui aiment le sport. D’autres qui aiment la belote. D’autres encore la belote dans des clubs de 3ème âge. D’autres la musique. D’autres la télé.
On peut trouver inintéressant ce que fait l’autre. Puis la belote, punaise, c’est ringard quand même, non ?
C’est signe que l’on n’écoute pas l’autre dans ce cas.
Le monde, leur monde, tourne autour de cela.
Ne pas juger, mais comprendre qu’ils ont trouvé comme cela leur équilibre. C’est leur trépied à eux.
Quel est le vôtre ?
Et mes collègues médecins, vous en avez un ?
Si votre dada c’est de consulter jusque 20h parce que vous aimez ça et que c’est votre équilibre, faites-le.
Mais ne le faites pas à contre-cœur. Ne le faites pas si vous vous sentez investi d’une « mission ». Ne le faites que si vous le voulez, pas parce que quelqu’un vous y oblige. Sinon, un jour ou l’autre, de préférence un « bad day », votre équilibre risque de vaciller…
Encouragez vos patients, vos amis, vos proches, à vivre par passion, pas par dépit.
Ecoutez cette « bonne étoile ». La mienne me souffle de l’optimisme dans l’oreille.
Et aussi que je dois me dépêcher pour aller à la répétition de mon groupe vocal.
Comment le chant A Cappella c’est ringard ?
Minoritaire
Enough is enough (Trop c’est trop)
« Il existe un monde virtuel et différent, où chaque seconde fait de nous des combattants. Notre seul espoir est de tout reprogrammer. On ira, on saura sauver notre existence, se donner une chance de tout effacer. On ira, on saura sauver notre existence pour refaire un monde sans danger […] On vous promet de donner le maximum, contre la menace et de sauver tous les hommes » (Un monde sans danger, Générique TV de « Code Lyoko »)
Ok, ok..
Je veux commencer un billet des plus sérieux et je cite en tout premier le générique d’un dessin animé que mes zèbres adorent…
Mais à bien y regarder je me dis que les paroles collent parfaitement au sujet que je veux aborder…
Une idée ?…
La future Loi de Santé, qui devrait être débattue en 2015 à l’assemblée.
Le monde virtuel et différent serait pour moi le monde un peu feutré (en tout cas tel que je le perçois) des cabinets ministériels. Je me demande lequel d’entre eux a déjà mis les pieds dans un cabinet de médecine générale toute une journée…
Lors de la présentation de la Stratégie Nationale de Santé, qui faisait office de travail préparatoire à la future loi, j’étais plein d’espoir. Je me disais qu’enfin, les choses bougeaient.
Notre ministre donnait le sentiment de vouloir sortir de l’hospitalocentrisme, sans pour autant faire de l’hospitalobashing.
Juste faire une juste place à la médecine ambulatoire à côté, et non à la place, de la médecine hospitalière.
Et la traduction dans le projet de loi de santé ? Exit tout ce qui donnait espoir, ou presque.
Toute l’attention a été focalisée sur le Tiers Payant Généralisé (TPG) parce que c’est vendeur, que les médias aiment bien, et que ça fait un peu le remake de Germinal de Zola… Les nantis versus le petit peuple.
Alors parlons tout de suite du TPG. Ce sera fait et on pourra (enfin) discuter du reste.
Je l’ai d’ailleurs promis à un ami qui s’étonnait que je sois « contre » cela.
Je ne suis pas contre.
Pas du tout, même.
Je pratique DEJA le tiers payant. D’accord, sur la part obligatoire, ce qui fait que les patients qui n’ont ni CMU, ni Affection Longue Durée (ALD) prise en charge à 100%, je leur demande de régler 6,90€.
C’est cette somme que leur mutuelle leur remboursera, s’ils ont une mutuelle.
Parfois, des patients en grande difficulté me demande s’ils peuvent me régler avec un différé, me demandent d’encaisser un chèque un peu plus tard ou même, promettent de venir me régler dans quelques jours ces 6,90€ et ne viennent pas.
Heureusement qu’ils ne le font pas tous, sinon, je mettrais la clef sous la porte…
Alors, de fait, si on me propose une solution de TPG, qui permettra aux patients défavorisés (trop pour me payer ces 6,90€ mais pas assez pour bénéficier de le CMU) je suis d’accord.
Mais là où je commence à coincer un peu, c’est quand je me demande comment je vais récupérer ces fameux 6,90€ … enfin ces x fois ce montant, pour chaque patient.
Car il existe plusieurs centaines de mutuelles en France. Si je dois me fendre d’un courrier pour chacune des mutuelles pour réclamer ce montant là… Multiplié par le nombre de patient….
« Maman dit que lorsqu’on cherche bien, on finit toujours par trouver. Elle dit qu’il n’est jamais très loin, qu’il part très souvent travailler. Maman dit travailler c’est bien, bien mieux qu’être mal accompagné, pas vrai ? Où est ton papa? Dis-moi où est ton papa ! » (Papaoutai, Stromae)
« Oh mais ça ne prend que cinq minutes, enfin ! Et les pharmaciens le font déjà ! »
Oui, 5 minutes par patient. J’en vois en moyenne au moins 20 par jour.
Je rajoute donc 1h40 de travail par jour.
Travailler plus pour gagner… ? Rien en plus… et passer moins de temps en famille…
Citez-moi une seule profession qui accepterait de passer près de deux heures de plus de travail par jour pour ne rien toucher de plus.
A ma connaissance, en France, il n’y en a pas…
On va vachement donner envie aux jeunes de venir s’installer en médecine générale avec ça, c’est sûr…
Et c’est là que le politique est habile. Si nous, médecins, refusons le TPG, nous sommes ces riches nantis qui ne veulent pas aider la population.
Si nous acceptons le TPG, il n’existe AUCUNE garantie à l’heure actuelle qu’il soit simple à réaliser et ne nous demande aucun travail supplémentaire.
Parce que, concrètement, si le TPG fonctionnait efficacement, nous devrions passer la carte vitale du patient dans notre lecteur, la CPAM nous rembourserait les 23€ et basta…
Ensuite, comment la CPAM se débrouille pour se faire rembourser par les mutuelles, ce n’est plus mon problème.
Dans ces conditions là, je suis pour le TPG.
Alors j’entends bien les sirènes du « c’est une médecine étatisée » « nous deviendrions à la tutelle de l’Etat pour notre rémunération »…
J’avoue que ça, je n’en ai pas particulièrement peur.
On peut même me proposer le salariat, je suis preneur. Mais je doute que cette solution soit celle choisie en hauts lieux.
Et les pharmaciens ?
Oui, en effet, ils font ça depuis des années. Ils ont bien souvent un mi-temps, voire plus, pour s’occuper de cela.
Leur modèle économique est bâti en tenant compte de cette contrainte.
Alors, oui, nous, médecins, nous pourrions embaucher pour faire ce travail. Pas de souci.
Mais, concrètement…
Vous accepteriez, vous, pour votre métier, qu’on vous donne 1h40 de travail en plus obligatoire par jour pour maintenir votre salaire, travail que vous pouvez faire faire par quelqu’un que vous aurez à payer, sans compensation de revenus ?
Voilà. Tu vois Gabriel, je ne suis pas contre ce TPG. Mais pas n’importe comment.
Mais toute cette discussion, sans même avoir une seule fois abordé notre niveau de rémunération. Nous sommes les médecins les moins bien payés d’Europe à quelques exceptions près. Nous sommes la spécialité la moins bien payée de France.
Alors oui, les pouvoirs publics (et un peu les médias, il faut le reconnaître) surfent sur cette vague germinalienne des nantis qui demandent encore plus d’argent.
Il ne s’agit ni plus, ni moins, que de demander à être payé « normalement ». Qui accepterait sans sourciller en France, d’être payé parfois 2 fois moins cher que nos voisins européens, pour le même travail ?
Alors jusqu’à présent, les médecins généralistes râlaient un peu, mais n’allaient pas beaucoup plus loin. Nous gagnons bien notre vie, bien sûr. Au prix d’horaires de travail un peu fous bien souvent. Mais tout est fait pour nous faire culpabiliser d’oser réclamer un peu de « justice » dans notre rémunération (oui, « Justice » est le mot à la mode partout en ce moment. Comme « Pacte » ou « Citoyen ». On en met à toutes les sauces, mais on ne sait plus trop ce que ça veut dire en réalité).
« Notre seul espoir, est de tout reprogrammer… »
Quand je vous disais que cette chanson pouvait s’appliquer à cela…
Notre espoir : réécrire une partie de ce projet de loi
« On vous promet de donner le maximum, contre la menace et de sauver tous les hommes »
J’ai l’impression que dans nos rangs, les choses bougent.
La goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà trop rempli.
On parle de faire pratiquer les vaccins par nos collègues pharmaciens.
Soyons clairs : Vacciner, c’est un jeu d’enfants : désinfecter la peau, prendre la seringue, la planter dans l’épaule, injecter, retirer la seringue.
Voilà.
Pas sûr même qu’il faille être pharmacien pour cela.
Michèle Delaunay m’avait invectivé sur Twitter en m’expliquant cela.
J’aime quand les gens qui n’y connaissent rien me prennent pour un ignorant.
Parce que si pratiquer le vaccin est enfantin, décider de vacciner, choisir quel vaccin, sur des arguments purement scientifiques et non marketings, là, ça demande réflexion.
Et je pense que les collègues pharmaciens sont déjà un peu trop occupés pour devoir en plus s’occuper de cela.
Sans compter que, dans la majeure partie des cas, les vaccins, nous les faisons au cours d’une consultation pour un autre motif… (Traduisez par : « Tu la vois venir mon augmentation inutile des dépenses de santé ? »)
Donc, ne pas s’y tromper : si la grogne monte, c’est SURTOUT pour le bien de nos patients !
« Souviens-toi, était-ce mai, novembre, ici où là, était-ce un lundi ? Je ne me souviens que d’un mur immense, mais nous étions ensemble, ensemble nous l’avons franchi » (Ensemble, Jean-Jacques Goldman)
La Stratégie Nationale de Santé avait fait la part belle à l’enseignement de la médecine générale. Les moyens allaient être mis noir sur blanc dans la loi.
Enfin !
Dans le projet de loi… Juste une ligne… pour dire que tout cela sera discuté avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur. (Traduisez par : « Tu la vois venir l’absence de mesure concrète dans ma future loi ? »)
Pourtant, enseigner la médecine générale, c’est donner envie aux jeunes médecins de s’installer. C’est prouvé.
« Read my lips and they will tell you : Enough is enough is enough is enough » (Read my lips, Jimmy Sommerville)
(Lis sur mes lèvres et elles te diront : trop c’est trop)
Mais, pour la première fois de ma vie (si on exclut une grève de garde quand j’étais externe pour obtenir le repos de sécurité) je vais faire grève.
Je n’aime pas ça.
Je veux dire, je n’aime pas laisser mes patients sans solution de soins. Quand je ne suis pas là, j’ai un remplaçant, ou mon interne en SASPAS quand je donne cours à la fac.
Mais là…
Le mur à franchir est immense.
Allons-nous le franchir ?
Comme je le disais dans l’un de mes tous premiers billets « Le jour où les généralistes s’éveilleront… » Continuer la lecture
Tu le mérites ?
Juste après
« Elle a éteint la lumière, et puis qu’est-ce qu’elle a bien pu faire, juste après ? Se balader, prendre l’air, oublier le sang, l’éther, c’était la nuit ou le jour ? Juste après ? » (Juste après, Jean-Jacques Goldman)
Une annonce de diagnostic (sans vouloir relancer la discussion du billet précédent), une annonce de mauvaise nouvelle…
Finalement cela revient au même coup de semonce pour le patient : « Je vous annonce que votre état de santé actuel va changer entièrement votre avenir ».
On discute un peu encore, on répond à toutes les questions qui peuvent venir à l’esprit du patient, on « laisse la porte ouverte » c’est-à-dire qu’on peut fixer un autre rendez-vous pour celles qui viendront forcément ensuite, une fois la nouvelle digérée.
Et le patient s’en va.
Mais après, il se passe quoi ? Il se passe quoi et avec qui ? Le patient est seul ? Il s’entoure de sa famille, de ses amis, de ses proches pour digérer un peu mieux la mauvaise nouvelle ?
« This used to be my playground, this used to be my childhood dream. This used to be the place I rant to whenever I was in need of a friend. Why did it have to end » (This used to be my playground, Madonna)
(C’était mon aire de jeux, c’était mon rêve d’enfance. C’était l’endroit où je courais quand j’avais besoin d’un ami. Pourquoi cela a-t-il dû s’arrêter ?)
Il se raccroche à quoi le patient quand on lui annonce une pathologie chronique, ou pire encore ?
Je veux dire, cet évènement, ces paroles que l’on prononce un jour, en consultation, alors qu’il vient nous voir, nous, représentant de la science, garant du « savoir » ?
On apprend des mots, des façons de dire ces choses là pendant nos études. Quand on a un peu de chance et qu’on nous dispense ce cours là.
Et sinon ? On leur balance l’info et notre boulot s’arrête là, peu importe la suite ?
Mais, du coup, quand il s’agit de pathologies moins graves, anodines, banales… mais que les mots que nous employons sonnent « médicament » « soins » … là où seul le temps est nécessaire : comment faire pour ne pas céder à la facilité de dire « prenez tant de gélule X et tant de Y, puis faites 3 prises de sang » parce que ça nous donne l’impression d’être scientifique, là où le scientifique justement devrait dire « Vous pouvez être rassuré, rien qui ne nécessite que vous vous inquiétiez, laissez faire le temps, vous verrez ça passera » ?
Quand on fait basculer le patient dans la surmédicalisation, volontairement ou non, par habitude ou non remise en question, que fait-il après ?
S’imagine-t-il atteint d’une pathologie si grave qu’il a dû prendre tous ces médicaments prescrits ?
Pense-t-il que désormais, tous ses maux devront se guérir à coups d’ordonnances sans fin ?
Quand les mots sortent de notre bouche de soignant, il se passe quoi, juste après ?
« Les frissons où l’amour et l’automne s’emmêlent, le noir où s’engloutissent notre foi, nos lois. Cette inquiétude sourde qui coule dans nos veines, qui nous saisit même après les plus grandes joies. » (Veiller tard, Jean-Jacques Goldman)
Puis, le soir, quand nous quittons notre cabinet, il se passe quoi ? Il se passe quoi et avec qui ? Nous emportons un peu de la souffrance de l’autre, sans la vivre réellement. Sans la vivre physiquement.
Sans la vivre, vraiment ?
Dans le sens du vent
« Dès que le vent soufflera je repartira. Dès que les vents tourneront nous nous en allerons » (Dès que le vent soufflera, Renaud)
Se faire porter par le courant, au propre comme au figuré, c’est très agréable.
Au propre, c’est comme flâner sur un matelas gonflable au fil de l’eau, sous un ciel d’été, par une chaleur idéale.
Au figuré, c’est, à mon sens, être un courant d’idées partagé par tous.
On se sent moins seul, on pense comme beaucoup d’autres.
Alors, ce billet va donner un peu l’impression de cracher dans la soupe.
Je vais aller un peu à contre courant, sans doute.
« Et tant pis la foule gronde, si je tourne pas dans la ronde. Papa quand je s’rai grand, je sais c’que je veux faire : je veux être minoritaire.
J’ai pas peur, j’ai pas peur, j’ai mon temps, mes heures, un cerveau, un ventre et un coeur. Et le droit à l’erreur » (Minoritaire, Jean-Jacques Goldman)
Bon, la foule, on n’ira quand même pas jusque là.
Mais quand même…
En ce moment, c’est la mode du « Président bashing ». Qu’on soit d’accord ou pas avec sa politique, peu importe, la mode c’est de trouver tout ce qui est possible de trouver pour dénigrer.
Pas sûr qu’aux Etats-Unis, les opposants à Obama l’attaquent sur son physique, ses comportements… mais soit, c’est peut être là encore une exception culturelle française. Après tout, nos présidents ont tous été affublés de surnoms plus ou moins flatteurs, ça doit être habituel, mais j’ai du mal à participer à cela.
Juste par respect pour la fonction, et parce qu’à mon avis le débat doit se faire sur les idées et pas sur le physique ou la vie privée.
Pourtant, je me suis surpris à participer aussi à une part de lynchage du phobique administratif du moment (faut avouer que c’était tellement énorme cette histoire que ça s’y prêtait plutôt bien).
Et quel plaisir quand on voit que notre trait d’humour est diffusé et repris par d’autres. Ou retweeté pour ceux qui, comme moi, sont présents sur les réseaux sociaux.
Du coup, c’est bien, quand on sent le vent souffler, de trouver l’angle pour se mettre pile dans le sens du vent et se faire porter par le souffle collectif.
C’est grisant même.
C’est sans doute cela être populaire (peu importe l’échelle : populaire dans le quartier, dans la ville… ou plus loin encore).
Ca flatte beaucoup l’égo, et concrètement ça fait du bien.
Mais chez nous, on se flatte un peu trop l’égo en critiquant à tort et à travers. Nous sommes connus à travers le monde pour notre côté râleur. C’est dommage.
Il y avait eu une publicité que j’avais trouvée géniale à l’époque. Même si je n’écoute pas cette radio, je trouve qu’ils avaient visé très juste.
On veut que ça change, il faut que ça change ! Vite, y’en a marre. Mais par contre, faut pas changer ça, puis ça non plus on y tient, et puis ça, non c’est pas possible ou c’est la mort de notre métier…
Bref, faut qu’ça change… sans rien changer.
Quand on tient ce discours là, on est dans le sens du vent.
« Fais comme si j’avais pris la mer, j’ai sorti la grand voile et j’ai glissé sous le vent » (Sous le vent, Garou et Céline Dion)
Dans l’enseignement de la médecine générale aussi, on retrouve à peu de choses près les mêmes courants.
Il y a quelques jours, nous discutions dans un chat sur l’enseignement dans les études médicales (#MedEdFr). Est venue la question des « fameux » RSCA, ou Récits de Situation Complexes et Authentiques.
Ce sont des textes que les internes en médecine générale doivent écrire au cours de leur cursus, pour tenter de prendre du recul sur leur façon de soigner et se remettre en question.
A bien y regarder, certains billets de blog de mes collègues et amis sur la toile sont des RSCA grandeur nature !
L’effet de mode, c’est de dire que c’est nul un RSCA. Ouais quoi, c’est scolaire, on force les internes à les écrire. Ils ne sont plus en primaire et ils doivent faire des rédactions. C’est pas comme ça qu’on leur apprendra à soigner dans la vraie vie.
A condition d’être bien réalisé et bien accompagné par des enseignants de médecine générale (et ces conditions ne sont malheureusement pas toujours remplies), se remettre en question en se demandant si on a bien fait de soigner le patient comme ça, ou si notre façon de lui parler était la meilleure, et sur la foi de quels arguments scientifiques on dit ça, ce n’est pas apprendre à mieux soigner ?
Donc, oui, je trouve que les RSCA c’est pas si mal.
Mais c’est pas dans le sens du vent.
Autre discussion récente sur le fait que la médecine générale est une spécialité qui pose des diagnostics. Discussion sur Twitter avec des collègues et amis généralistes.
Etre dans le sens du vent, c’est dire que notre spécialité… euh… c’est déjà pas vraiment être dans le sens du vent que de dire que la médecine générale est une spécialité…
Bref, être dans le sens du vent, c’est dire que notre spécialité est vouée à disparaître, que les pouvoirs publics de tous bords veulent notre mort à tous, nous généralistes. Il faut que les choses changent, et vite, il faut réformer, changer le système.
Mais il ne faut pas changer notre façon d’exercer la médecine générale. Il faut que l’on puisse continuer à faire ce que nous faisons ou pensons faire (ça ne vous rappelle pas quelque chose ?).
Je suis parti du principe que nous diagnostiquons peu. En effet, nous nous basons sur beaucoup d’arguments quand un patient vient nous voir : des symptômes, la durée de ceux-ci, leur retentissement dans la vie de tous les jours, l’influence de certains traitements…
Tout cela nous amène à poser une hypothèse diagnostique, la plus probable compte tenus de tous les éléments à notre disposition.
Et plus de 8 fois sur 10, nous avons raison du premier coup. 80% d’hypothèses confirmées, c’est pas mal, non ?
Et bien, cette prise de position de ma part a été vécue comme une atteinte à la fonction de médecin généraliste.
J’ai visiblement blessé et attaqué mes amis et collègues dans leur représentation de notre beau métier, et l’ai condamné à disparaître puisque « nous ne diagnostiquons pas » et que de ce fait là, nous serons vite remplacés par d’autres métiers puisque nos compétences ne sont plus nécessaires. (Bisous en passant à @DrSelmer en espérant bientôt pouvoir discuter de cela autour d’une bonne bière belge).
Esprit de caste ou effet de mode, je me suis senti un peu seul dans cette discussion. C’est finalement pas très populaire d’avoir le vent de face. Puis ça chamboule un peu aussi. Ca déstabilise également.
« I’m your biggest fan, I’ll follow you until you love me. Papa, paparazzi » (Paparazzi, Lady Gaga)
Mais du coup, ne faut-il intervenir que quand on est dans le sens du vent ? C’est donc un peu se renier, non ?
Faut-il être masochiste et prendre le vent de face, tout le temps ?
C’est un peu difficile de ne pas chercher à être populaire et dans le sens du vent sur les réseaux sociaux. Ou alors, il faut le faire juste avant « L’amour est dans le pré », pour que le vent vienne d’ailleurs rapidement, et qu’on oublie même que notre voilier était là… C’est ce qui m’a vraiment marqué après les dernières élections. Tout le monde était révolté le dimanche soir, le lundi matin… mais le lundi soir, le sujet le plus discuté concernait cette émission de la 6ème chaine…
« Non jamais je ne conteste, ni revendique ni ne proteste. Je ne sais faire qu’un seul geste, celui de retourner ma veste, de retourner ma veste, toujours du bon côté » (L’opportuniste, Jacques Dutronc)
Et vous ? Vous en pensez quoi ? Il va dans quel sens le vent ?
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Le pied dans l’ouverture de la porte
« Don’t give up, ’cause you have friends. Don’t give up, you’re not the only one. Don’t give up, no reason to be ashamed. Don’t give up, you still have us. Don’t give up now, we’re proud of who you are. Don’t give up, you know it’s never been easy » (Don’t give up, Peter Gabriel et Kate Bush)
(N’abandonne pas, car tu as des amis. N’abandonne pas, tu n’es pas le seul. N’abandonne pas, tu n’as pas à avoir honte. N’abandonne pas, tu nous as toujours. N’abandonne pas, nous sommes fier de toi. N’abandonne pas, tu sais que cela n’a jamais été facile)
Comme régulièrement ces temps-ci Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de râler un peu.
Pas contre le système, pas contre les politiques, pas contre les patients.
Contre nous. Oui, nous. Les Médecins Généralistes.
Et plus précisément certains présents sur Twitter, même s’ils sont des amis proches.
La situation de la profession n’est pas rose, loin de là. Toutes les études le montrent.
Les pouvoirs publics semblent parfois embourbés dans des réformes qu’ils ont du mal à appliquer, et qui se soldent trop souvent par de nouvelles contraintes.
Certains collègues ont déjà abandonné. Je n’ai pas envie de les rejoindre sur ce terrain.
Mes engagements m’amènent à avoir des réunions auprès de nos Ministres de tutelle (ou parce que pour simplifier la chose, nous avons un Ministère qui gère la santé, et un autre qui gère la façon dont la médecine est enseignée pour pouvoir ensuite entrer dans le monde de la santé).
Jusqu’à présent il était habituel de voir l’un et l’autre se renvoyer la balle, avec le refrain facile du « ah mais ce point précis ne dépend pas de moi… » et la partie de ping-pong qui aboutit bien souvent à ne jamais prendre de décision.
Je ne souhaite pas ici rentrer dans des considérations politiciennes, ce n’est pas mon but, et je ne souhaite pas que ces propos puissent être récupérés comme cela.
Je note juste qu’à ne jamais perdre espoir de voir les deux Ministères discuter ensemble, le même jour, au même endroit, avec les représentants des MG futurs, présents et enseignants, cette rencontre a fini par voir le jour.
Tout ce qui y a été dit s’annonce prometteur, et signe d’une éclaircie dans un ciel sombre jusqu’ici.
Je ne suis pas dupe, il faudra passer de la parole aux actes, mais nous sommes plusieurs à avoir entendu ce discours et veillerons, j’en suis sûr, à le voir se concrétiser.
Eternel optimiste je suis. Eternel optimiste je veux rester…
Mais c’est un sentiment loin d’être partagé par mes collègues.
Je ne peux nier que certains aient été échaudés. Je ne peux nier qu’ils essaient juste amicalement de me mettre en garde.
« J’veux juste aller mal et y’a pas d’mal à ça, traîner, manger que dalle, écouter Barbara » (Non, non, non (écouter Barbara), Camélia Jordana)
C’est l’impression que j’ai.
« Nous allons mal, et rien de changera jamais. Fin de la discussion »
Ca sert à quoi alors, de chercher à faire bouger les lignes ?
Si je m’étais cantonné à cela, je n’aurais pas cherché à établir un dialogue au sein de ma faculté de médecine, avec les plus hauts dirigeants.
On me disait que ce n’était pas la peine. Pire, c’était peine perdue.
Je n’ai jamais trouvé porte close pourtant.
J’ai défendu mes positions, nous avons trouvé des terrains d’entente.
Tout n’est pas devenu rose du jour au lendemain, mais il y a quelques éclaircies dans un ciel qui était annoncé comme « gris sans espoir ».
« J’ai bien fait des pieds et des mains pour éviter qu’au petit matin, sans exception depuis des mois tu ne te lèves de ce pied-là » (Des pieds et des mains, Lynda Lemay)
J’ai récemment participé à l’enregistrement du Magazine de la Santé.
Outre le fait de voir le sourire de mes zèbres quand leur père était à l’écran, outre le plaisir sincère et enthousiaste que j’ai pris à y participer, outre le stress qui était le mien de découvrir des questions auxquelles je ne m’attendais pas du tout, je garde un excellent souvenir de cette expérience.
J’y suis allé en tant que médecin généraliste pour répondre à des questions de médecine générale.
Alors, oui, le médecin généraliste ne fait pas que des petits bobos dans sa vie, et je suis le premier à le dire.
Mais Rome ne s’est pas faite en un jour.
Il nous faut construire petit à petit notre présence et nous faire reconnaître pour ce que nous sommes : des professionnels des soins primaires, compétents dans beaucoup de domaines.
Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes, ni à nous cantonner à une simple spécialité d’exercice.
Mais je refuse que nous fassions la fine bouche, partout, tout le temps, pour tout.
Je refuse qu’on n’aille pas répondre à des questions sur « que faire avant de partir en vacances », sous prétexte que « ce n’est pas assez noble pour nous ».
Un pas à la fois.
Nous gagnons et gagnerons nos lettres de noblesse.
Nous parlerons un jour des choses à faire avant de partir en vacances. Et de tout le reste.
Mettons le pied pour coincer la porte entrouverte, et ne jamais la laisser se refermer. Continuer la lecture
Le pied dans l’ouverture de la porte
« Don’t give up, ’cause you have friends. Don’t give up, you’re not the only one. Don’t give up, no reason to be ashamed. Don’t give up, you still have us. Don’t give up now, we’re proud of who you are. Don’t give up, you know it’s never been easy » (Don’t give up, Peter Gabriel et Kate Bush)
(N’abandonne pas, car tu as des amis. N’abandonne pas, tu n’es pas le seul. N’abandonne pas, tu n’as pas à avoir honte. N’abandonne pas, tu nous as toujours. N’abandonne pas, nous sommes fier de toi. N’abandonne pas, tu sais que cela n’a jamais été facile)
Comme régulièrement ces temps-ci Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de râler un peu.
Pas contre le système, pas contre les politiques, pas contre les patients.
Contre nous. Oui, nous. Les Médecins Généralistes.
Et plus précisément certains présents sur Twitter, même s’ils sont des amis proches.
La situation de la profession n’est pas rose, loin de là. Toutes les études le montrent.
Les pouvoirs publiques semblent parfois embourbés dans des réformes qu’ils ont du mal à appliquer, et qui se soldent trop souvent par de nouvelles contraintes.
Ils ont déjà abandonné. Je n’ai pas envie de les rejoindre sur ce terrain.
Mes engagements m’amènent à avoir des réunions auprès de nos Ministres de tutelle (ou parce que pour simplifier la chose, nous avons un Ministère qui gère la santé, et un autre qui gère la façon dont la médecine est enseignée pour pouvoir ensuite entrer dans le monde de la santé).
Jusqu’à présent il était habituel de voir l’un et l’autre se renvoyer la balle, avec le refrain facile du « ah mais ce point précis ne dépend pas de moi… » et la partie de ping pong qui aboutit bien souvent à ne jamais prendre de décision.
Je ne souhaite pas ici rentrer dans des considérations politiciennes, ce n’est pas mon but, et je ne souhaite pas que ces propos puissent être récupérés comme cela.
Je note juste qu’à ne jamais perdre espoir de voir les deux Ministères discuter ensemble, le même jour, au même endroit, avec les représentants des MG futurs, présents et enseignants, cette rencontre a fini par voir le jour.
Tout ce qui y a été dit s’annonce prometteur, et signe d’une éclaircie dans un ciel sombre jusqu’ici.
Je ne suis pas dupe, il s’agit de passer de la parole aux actes, mais nous sommes plusieurs à avoir entendu ce discours et veillerons, j’en suis sûr, à le voir passer dans le domaine du concret.
Eternel optimiste je suis. Eternel optimiste je veux rester…
Mais c’est un sentiment loin d’être partagé par mes collègues.
Je ne peux nier que certains aient été échaudés. Je ne peux nier qu’ils essaient juste amicalement de me mettre en garde.
« J’veux juste aller mal et y’a pas d’mal à ça, traîner, manger que dalle, écouter Barbara » (Non, non, non (écouter Barbara), Camélia Jordana)
C’est l’impression que j’ai.
« Nous allons mal, et rien de changera jamais. Fin de la discussion »
Ca sert à quoi alors, de chercher à faire bouger les lignes ?
Si je m’étais cantonné à cela, je n’aurais pas cherché à établir un dialogue au sein de ma faculté de médecine, avec les plus hauts dirigeants.
On me disait que ce n’était pas la peine. Pire, c’était peine perdue.
Je n’ai jamais trouvé porte close pourtant.
J’ai défendu mes positions, nous avons trouvé des terrains d’entente.
Tout n’est pas devenu rose du jour au lendemain, mais il y a quelques éclaircies dans un ciel qui était annoncé comme « gris sans espoir ».
« J’ai bien fait des pieds et des mains pour éviter qu’au petit matin, sans exception depuis des mois tu ne te lèves de ce pied-là » (Des pieds et des mains, Lynda Lemay)
J’ai récemment participé à l’enregistrement du Magazine de la Santé.
Outre le fait de voir le sourire de mes zèbres quand leur père était dans l’écran, outre le plaisir sincère et enthousiaste que j’ai pris à y participer, outre le stress qui était le mien de découvrir des questions auxquelles je ne m’attendais pas du tout, je garde un excellent souvenir de cette expérience.
J’y suis allé en tant que médecin généraliste pour répondre à des questions de médecine générale.
Alors, oui, le médecin généraliste ne fait pas que des petits bobos dans sa vie, et je suis le premier à le dire.
Mais Rome ne s’est pas faite en un jour.
Il nous faut construire petit à petit notre présence et nous faire reconnaître pour ce que nous sommes : des professionnels des soins primaires, compétents dans beaucoup de domaines.
Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes, ni à nous cantonner à une simple spécialité d’exercice.
Mais je refuse que nous fassions la fine bouche, partout, tout le temps, pour tout.
Je refuse qu’on n’aille pas répondre à des questions sur que faire avant de partir en vacances, sous prétexte que « ce n’est pas assez noble pour nous ».
Un pas à la fois.
Nous gagnons et gagnerons nos lettres de noblesse.
Nous parlerons un jour des choses à faire avant de partir en vacances. Et de tout le reste.
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Le clan des Siciliens
« Les voilà! les voilà! c´est vous! quelle merveille! Par ici les manteaux, par là les bouteilles. Les voisins sont montés en chemise de nuit, on les applaudit, ce sont des amis. Un pique nique en hiver sur une moquette, c´est la faim, c´est la joie, la bonne franquette. Et ça fume et ça boit, ça chante et ça rit. Je peux vivre sans pain mais pas sans amis… » (La bonne franquette, Herbert Pagani)
Ces paroles de chanson, je ne les connaissais pas avant de connaître celle qui est ensuite devenue @MmeCalaf il y a 14 ans maintenant.
Disons que je ne suis pas le seul à connaître des chansons… peu connues…
L’amitié. C’est une valeur universelle.
Même si à y regarder de plus près, on a toujours un truc à dire sur l’un ou sur l’autre. C’est la nature humaine qui doit vouloir ça. Ou alors nous sommes tellement peu sûrs de nous, que nous cherchons à dédouaner ce manque de confiance dans le reproche fait aux autres.
Il n’y a aucune amitié sincère alors ?
Et si l’amitié c’était aussi de savoir reconnaître ce qu’on aime chez l’autre, sans nier les petits riens qu’on apprécie moins. L’amitié c’est donc être lucide et sincère en somme.
J’aime bien ça.
Les moments où le temps passe si vite qu’on ne s’en rend plus compte. Où l’on peut se parler comme si on s’était vu encore la veille, alors que la dernière rencontre date de plusieurs mois ou de plusieurs années.
« Si tu aimes les éclaircies, mon enfant, mon enfant, prendre un bain de minuit dans le grand océan, si tu aimes la mauvaise vie, ton reflet dans l´étang, si tu veux tes amis près de toi, tout le temps… » (Ton héritage, Benjamin Biolay)
Les amis, la famille. La famille dont on hérite à la naissance. La famille qu’on se choisit et qu’on appelle « les amis ».
C’est pareil. C’est l’un des pieds du trépied dont j’ai régulièrement parlé ici.
La famille, c’est pour moi se retrouver comme dans la série que je regardais dans ma jeunesse. « Une famille formidable ». Dans ses débuts, bien avant qu’ils n’étirent le concept en longueur, en lui faisant perdre pas mal de sens je trouve.
Mais bref, cette famille qui pouvait traverser des moments de joie intense, des difficultés, mais qui se retrouvait toujours, à la fin de l’épisode, autour d’une table, dans une bonne ambiance.
Aimer l’autre, en respectant ses différences.
La famille, pour moi, c’est me retrouver avec mon « clan des siciliens », autour des lasagnes préparées par la mamma qui n’a rien d’une sicilienne sur le plan génétique, mais beaucoup sur les autres plans.
C’est se retrouver autour des desserts « traditionnels ». C’est discuter, rire. Ne pas être d’accord parfois. Se dire aussi que, oui, vraiment, la mamma parle autant qu’une vraie sicilienne. Mais ne pas voir le temps passer.
C’est bizarre à quel point les clichés de la famille sicilienne peuvent se retrouver dans ces moments passés. Je n’ai pas pourtant l’impression d’avoir été élevé par un padre traditionaliste, au contraire, mais il faut croire qu’une partie de cet esprit est génétique.
J’aimerais me dire que tout le monde peut vivre des moments comme ça. J’aimerais me dire qu’il suffit de ne pas se prendre au sérieux, et de prendre la vie comme elle vient. Et que ces moments là sont autant de petits cailloux semés sur le chemin de nos vies pour pouvoir contempler un jour tout ce que nous aurons parcouru ensemble.
« Moi dans la maison vide, dans la chambre vide, je passe ma vie à écouter cette symphonie qui était si belle et qui me rappelle un amour fini » (Dans la maison vide, Michel Polnareff)
« Docteur, depuis qu’il est mort, je n’arrive plus à vivre. Je n’arrive plus à avancer. Je ne mange plus ».
Tous les médecins généralistes qui liront ce billet liront cette phrase comme un écho à leurs propres expériences professionnelles. Nous avons tous entendu cela un jour ou l’autre.
Comment ça se passe quand on a eu l’habitude d’avoir de l’animation dans un foyer, et que d’un coup le silence y règne.
Comment fait-on pour surmonter cela ? On parle au disparu, quitte à passer pour un imbécile aux yeux des autres ?
Mais surtout, quand on n’a pas eu de clan, quand on n’a pas entretenu cet esprit de famille, ou qu’on n’a pas veillé à avoir un cercle de famille choisie (comprenez d’amis) sur qui compter, on fait comment ?
« La maison si nette, qu’elle en est suspecte, comme tous ces endroits où l’on ne vit pas. Les êtres ont cédés, perdu la bagarre, les choses ont gagné, c’est leur territoire.
Le temps qui nous casse, ne la change pas, les vivants se fanent, mais les ombres pas. Tout va, tout fonctionne, sans but sans pourquoi, d’hiver en automne, ni fièvre ni froid » (La vie par procuration, Jean-Jacques Goldman)
Tic. Tac. Tic. Tac.
J’imagine une scène de cinéma. Une horloge franc-comtoise responsable de ce tic-tac.
Finalement, je préfère que la mamma parle fort. Et que le padre fasse ses blagues à deux balles. Et que les zèbres s’amusent. Et qu’entre frangins on continue à se taquiner.
Et que je retrouve les twittos aussi. Ca fait un bail que je ne les ai pas vus. Mais on reprendra le fil de notre discussion, comme d’habitude.
Il paraît qu’on vieillit comme on a vécu.
Je vous raconte pas le bordel que ça va être.
Mais on va finir tous autour d’un repas. A table.
Générique. Pas de mot « FIN ». On va l’étirer en longueur aussi le concept. Après tout… Continuer la lecture
La Médecine Générale en finale ?
« Le temps passe. Devant nous, l’impasse. Avant le passage, sachons être sages. Je sais la faiblesse de mes mots qui blessent. Je m’en veux tant.
Le temps court sans aucun recours. Mes peurs m’encouragent à te mordre de rage, un dernier reproche et le mur se rapproche. Je m’en veux tant. » (Six pieds sous terre, Mozart l’Opéra Rock)
Il y a quelques jours, @gendesalp publiait un billet ici en guise de bilan et de point final à son activité de médecin généraliste libéral.
Comme beaucoup d’autres, j’imagine, j’ai accueilli la nouvelle à la manière d’une gifle en pleine figure.
Tous ses arguments résonnent parfaitement chez beaucoup d’entre nous, médecins généralistes.
La course à une augmentation de notre rémunération pour faire face aux charges, la diminution de nos semaines de vacances pour tenter de compenser… la course sans fin, avec l’arrière pensée qu’il ne faut pas se plaindre, parce qu’à bien y regarder il y a des citoyens bien plus en difficulté que nous.
Une petite dose supplémentaire de « t’as signé, c’est pour en chier » qu’on entend souvent, entre deux « on vous a payé vos études » et « arrêtez de vous plaindre bande de nantis », et on en arrive au constat partagé : Quid de l’avenir de la médecine générale en France ?
J’avais déjà eu l’occasion d’en parler, voire de pousser des coups de gueule ici et là ou encore là.
Le temps passe. Peu de choses changent. Les découragements s’amoncèlent.
« Elle attend que le monde change, elle attend que changent les temps. Elle attend que ce monde étrange se perde et que tournent les vents. Inexorablement, elle attend » (Elle attend, Jean-Jacques Goldman)
Alors, une fois n’est pas coutume, je vais un peu sortir du monde des bisounours pour parler de nous. J’entends « nous » les médecins généralistes. Et notamment ceux des réseaux sociaux, très actifs.
Il plane en ce moment une sorte d’indignation mêlée à une résignation viscérale.
Le choses vont mal. Nous allons droit dans le mur.
Nous nous lamentons, nous nous offusquons, nous sommes parfois révoltés.
Et après ?
Une fois ces sentiments de colère et de rage passés, que faisons-nous ?
Nous retournons sagement à nos occupations.
Oh, parfois, nous râlons un peu plus fort, si fort que d’autres que nous (les généralistes) l’entendent, et s’indignent de concert.
Mais nous restons là. A attendre que le monde change. Qu’il change comme nous le voulons, mais qu’il change sans que nous intervenions. Parce que, bon, faut pas pousser, on a des milliards de choses à faire, et beaucoup trop pour s’investir et influencer les choix et les décisions de ceux qui sont aux responsabilités.
« Trois tours d’périph, fenêtre ouverte, j’vois passer c’qu’on aurait pu être. Oui, je t’en veux, mais moins qu’à moi » (Tout s’efface, Patrick Bruel)
Je m’en veux. Je n’en fais sans doute pas assez.
Nous, médecins généralistes, pourrions connaître un avenir tellement plus encourageant que celui qui nous est promis. Nous pourrions faire tellement, en collaboration avec nos confrères des autres spécialités. Mais nous restons là, contemplatifs. Nous laissons les autres faire. En râlant. Mais sans bouger. Ou si peu.
En ces moments de coupe du monde de football, nous râlons sur les joueurs et l’arbitre devant notre écran, sans vouloir chausser les crampons et aller sur le terrain. C’est plus facile. On peut ensuite avoir le beau rôle, à coups de « je vous l’avais bien dit » ou de « je savais parfaitement ce qu’il fallait faire, c’était évident, et facile ».
« On dit dans la rue que pour toi y a plus d’issue, que pour sauver ton honneur, il faut quitter cette fleur » (On dit dans la rue, Roméo et Juliette)
La situation est perdue d’avance ?
Il n’y a plus rien à faire ?
Nous allons tous, un jour ou l’autre dévisser notre plaque, nous les médecins généralistes ?
Et si on réveillait enfin un peu ?
Et si nous pesions un peu plus lourd dans les négociations, les décisions ?
Nous sommes soi-disant le pivot du système de soins… Je nous vois bien faire le culboto : nous bougeons beaucoup, mais nous restons sur-place.
J’entends déjà venir les critiques, je suis un syndicaliste… bla bla bla… mais toi t’as le temps… bla bla bla…
« Je prie les hommes, je prie les rois, d’être plus homme, d’être moins roi. Je prie les yeux, les yeux défaits ce que les cieux, ne voient jamais. Je prie l’amour, et nos cerveaux, qu’on imagine et qu’on se bouge et sans trop compter sur là-haut » (Prière païenne, Céline Dion)
Voilà.
Je prie. Pour que nous nous réveillons un peu.
Nous pouvons faire des actions collectives. Je ne parle pas de grève ou de choses de ce genre. Les syndicalistes pur souche auront tout le loisir de la décréter s’ils la souhaitent.
Non, je parle d’être force de proposition.
D’être un lobby. Pas dans le mauvais sens du terme. Pas pour défendre de petits intérêts particuliers.
Mais pour peser sur les négociations.
Parce qu’au final, ce sont nos patients, à tous, qui vont souffrir si nous partons.
Alors quel camp choisissez vous : celui des commentateurs sportifs, ou celui des joueurs ?
En sport, que l’on gagne ou qu’on perde un titre, on peut se targuer de l’avoir défendu.
Qu’allons-nous choisir de faire pour l’avenir de notre profession ?
Je serai sur le terrain. J’y suis déjà.
Mais nous ne sommes pas assez nombreux pour ce sport collectif.
J’entends déjà les commentateurs nous dire que nous aurions dû faire autrement.
J’ai du mal à voir l’arbitre. Il nous reste encore combien de temps avant le coup de sifflet final ? Continuer la lecture
Le bonheur, si je veux
« A happy girl, a happy boy, a happy son, a happy friend all living in a happy world, all living in a lonely world » (Naive song, Mirwais)
(Une fille heureuse, un garçon heureux, un fils heureux, un ami heureux vivant tous dans un monde heureux, vivant tous dans un monde seul)
Ce billet me démange depuis un moment.C’est quoi le bonheur ? Qu’est-ce qui nous rend heureux ?
Je lis régulièrement sur les réseaux sociaux ou ailleurs des messages ou des billets très inquisiteurs sur le bonheur. Un peu dans l’idée de « C’est quand le bonheur » de Cali.
Comme si le bonheur ne dépendait que des autres, et jamais de soi.
« – Docteur, ça ne va pas du tout. Mon mari fait la cuisine, mais il n’écoute rien de ce que je lui dis. Il n’en fait qu’à sa tête. Pourtant je lui dis comment faire. Moi je sais. Mais il veut pas m’entendre. Il me rend folle à ne rien faire comme je le veux.
– Donc ce qui ne va pas c’est que votre mari (de 83 ans) ne vous obéit pas ?
– Non. Enfin oui. Enfin… ce serait tellement plus simple s’il faisait ce que je lui dis »
Le bonheur, c’est uniquement l’autre qui peut l’apporter, si j’écoute cette patiente. Ou plus exactement, le bonheur, c’est quand le monde tourne comme « Je » l’a décidé. « Je » est donc heureux en dictant la conduite des autres.
Le bonheur de « Je » est une dictature.
« Quand JE et MOI sont dans un bateau, JE rame, et c’est MOI qui tombe à l’eau. Quant au boulot, pendant que JE, l’affreux, n’en fout pas une rame, moi, besogneux, ne bosse que pour ses impôts. » (Je et Moi, Michel Fugain)
On pourrait multiplier les exemples à l’envi. Cette attente contemplative d’un évènement extérieur qui amènerait ce bonheur « parce que j’y ai droit ».
J’ai un peu l’impression qu’à ce jeu là, on peut attendre longtemps. Toute une vie même.
« I was an impossible case, no-one ever could reach me. But I think I can see in your face there’s a lot you can teach me. So I wanna know, what’s the name of the game ? Does it mean anything to you ? » (The name of the game, ABBA)
(J’étais dans une situation impossible, personne ne pouvait m’atteindre. Mais je pense que je peux voir sur ton visage que tu peux m’apprendre beaucoup. Alors j’aimerais connaître le nom de ce jeu ? Est-ce que ça te dit quelque chose ?)
S’ouvrir aux autres. Partir du principe que le bonheur vient de l’autre par ce qu’il peut nous apporter et pas ce qu’on attend de lui.
Jouer le jeu du bonheur, sans exiger rien de personne, et juste prendre les choses comme elles viennent.
Le bonheur qu’on décrète plutôt que celui qu’on subit.
Bon… on frôle la bisounourserie quand même ?
Une amie a cité récemment dans un autre contexte le discours inaugural de Kennedy « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Adapté à la recherche du bonheur, je dirais : n’attendez pas qu’on vous apporte le bonheur, mais œuvrez en permanence pour le créer.
Il y a une forme d’égoïsme dans le bonheur ?
« Qu´est-ce qui les fait sourire encore, ces gosses des rues, toujours dehors, entre la peur et la loi du plus fort ? Est-ce qu´ils sourient pour la photo, ou parce que pour sauver sa peau, les autres et la misère, c´est déjà trop? » (Ne m’oublie pas, Michel Fugain)
On pourrait se dire que le bonheur dépend des conditions matérielles. Le bonheur, c’est vivre dans des draps de soie, en partant en vacance sur un yacht au milieu d’eaux bleu turquoises.
J’exerce dans une ville du nord, dans un quartier pas forcément très favorisé. Ce qu’on appelle le « niveau social » en terme de richesses n’est pas très important.
Et pourtant je ne soigne pas des patients tristes. Certains sont même des mines de bonheur à ciel ouvert.
« Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux. Il faut se satisfaire du nécessaire : un peu d’eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil » (Le livre de la jungle)
Je me dis parfois que les dictateurs de bonheur, jamais satisfaits de ce que les autres peuvent apporter, devraient peut-être aller faire un tour dans des pays très défavorisés et voir à quel point les enfants peuvent tout de même être heureux.
Je me dis aussi qu’un jour, je devrais y faire un tour moi-même, pour apprendre à relativiser les fois où je ne suis pas content, où je me plains de telle ou telle chose. Pour voir que le bonheur, c’est de vivre, avant tout.
Mais être heureux, ça s’apprend ?
« T’es du parti des perdants, consciemment, viscéralement. Et tu regardes en bas, mais tu tomberas pas tant qu’on aura besoin de toi. Et tu prends les bonheurs comme grains de raisin, petits bouts de petits riens » (Famille, Jean-Jacques Goldman)
On peut ne pas avoir une forte confiance en soi et pourtant prendre la vie comme elle vient.
J’ai fait ce choix.
Je ne brille pas par ma confiance en moi, je pense que je me pose beaucoup (trop) de questions en permanence, mais j’aime me dire que le bonheur réside dans de petites choses.
Faire plaisir à mes zèbres.
Appeler ma femme sur la route, même si je serai là dans moins de 5 minutes.
Passer une après-midi à jouer au Time’s up.
Aller rencontrer des twittos dans la vraie vie et parler tranquillement comme si nous nous étions toujours connus.
Lire les billets, les blogs, les merveilleux livres de ces mêmes twittos-amis. Etre fier de les connaître, comme on peut être fier de connaître de belles personnes.
Ca ne m’empêche pas de râler, bougonner, bien sûr. Je suis humain.
« J’ai décidé d’être heureux parce c’est bon pour la santé » disait Voltaire.
Nous avons placé cette phrase en grand dans la maison pour y penser tous les jours.
Peu importe les évènements que la vie peut nous réserver, bons ou mauvais, car il y aura forcément les deux, on peut tenter d’être heureux si on le veut.
« Look at me standing here on my own again up straight in the sunshine. No need to run and hide, it’s a wonderful wonderful life. No need to laugh and cry it’s a wonderful wonderful life » (Wonderful life, Black)
(Regardez-moi ici encore, debout sous le soleil. Pas besoin de courir ou de se cacher, c’est une vie merveilleuse. Pas besoin de rire ou de crier, c’est une vie merveilleuse)
Chaque jour suffit sa peine.
Chaque jour porte aussi son lot de bonheur. Si « Je » veux.
Carpe diem
« Il y a plein d´enfants qui se roulent sur la pelouse, il y a plein de chiens. Il y a même un chat, une tortue, des poissons rouges, il ne manque rien.
On dirait le Sud, le temps dure longtemps et la vie sûrement plus d´un million d´années. Et toujours en été.
Un jour ou l´autre il faudra qu´il y ait la guerre, on le sait bien. On n´aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire, on dit c´est le destin » (Le sud, Nino Ferrer)
Il y a quelques jours, mon zèbre m’a demandé d’enregistrer le documentaire « Apocalypse » sur France 2.
Il doivent le regarder à l’école en principe.
Ca tombe bien, je n’ai pas eu le temps de le regarder au moment de sa diffusion, et j’aurai la possibilité d’y jeter un œil aussi.
J’ai donc enregistré le programme sur l’ordinateur et l’ai ensuite converti en format DVD.
Soit. Je ne vais pas faire un billet sur « comment convertir un fichier wtv en DVD », rassurez-vous.
C’est juste qu’en vérifiant si la gravure avait fonctionné, je suis tombé sur des images qui m’ont fait l’effet d’une sacré claque.
On y voyait un enfant, une petite fille de 5 ou 6 ans, jouant à la plage, avec le sable et les vagues.
Sorties du contexte, ces images pourraient donner lieu d’images d’archives sur les années 30, la façon de vivre, les vacances. Quasiment une valeur ethnologique finalement.
Sauf que le titre du documentaire était « Apocalypse ».
Cette fillette jouait, insouciante comme toutes les fillettes de 6 ans. Comme ma petite zébrette.
« Elle allait à l’école au village d’en bas. Elle apprenait les livres elle apprenait les lois. Elle chantait les grenouilles et les princesses qui dorment au bois. Elle aimait sa poupée elle aimait ses amis, surtout Ruth et Anna et surtout Jérémie, et ils se marieraient un jour peut-être à Varsovie.
Comme toi […] Comme toi que je regarde tout bas. Comme toi qui dort en rêvant à quoi ?
Comme toi […]
Elle s’appelait Sarah, elle n’avait pas huit ans, sa vie c’était douceur rêves et nuages blancs, mais d’autres gens en avaient décidé autrement. Elle avait tes yeux clairs et elle avait ton âge, c’était une petite fille sans histoire et très sage, mais elle n’est pas née comme toi ici et maintenant » (Comme toi, Jean-Jacques Goldman)
Même si cette chanson a été écrite en rapport à la deuxième guerre mondiale, je n’ai pu m’empêcher de l’entendre résonner dans ma tête immédiatement.
D’autant plus que cette première apocalypse n’a pas été suffisante et qu’elle a donné lieu à cette deuxième là.
Tous ces enfants insouciants, jouant sans imaginer la suite de leur vie. Sans imaginer que certains ne reverraient jamais leur père, leur mère, leurs proches à cause de ces guerres…
Je n’ai pas envie de me la jouer Miss France, j’aimerais qu’il n’y ait plus de guerre dans le monde, mais les évènements ne semblent pas prendre ce chemin.
Je suis habituellement d’un naturel optimiste, mais je ne peux m’empêcher d’y penser de plus en plus.
Nous avons la chance d’être nés dans un pays en paix, et d’être libres.
« J´avais oublié l´ironie de notre histoire. J´avais oublié qu´on a si peu de mémoire. Combien de larmes, combien de haines, combien de hontes, combien de murs se cachent derrière un mur qui tombe?
Est-ce que c´est moi qui deviens fou? Répondez-moi, mes yeux sont flous. Au nom de qui fait-on le choix de l´innocence? Au nom d´ quelle liberté, de quelle transparence ? » (Combien de murs, Patrick Bruel)
J’ai un pincement au cœur, je vois la vie par mes yeux d’adultes et de père. Saura-t-on éviter un troisième opus ? Puis-je dormir en me disant que l’optimisme reste de mise et qu’il faut faire confiance en l’humain ?
J’aimerais me dire que les nouvelles technologies de l’information permettront d’éviter le pire, que la propagande sera rapidement mise à mal et que les peuples se parleront.
J’aimerais que le « plus jamais ça » soit vraiment dit et entendu.
La vie est trop courte pour penser la raccourcir encore, non ?
« In Europe and America, there’s a growing feeling of hysteria. Conditioned to respond to all the threats in the rhetorical speeches of the Soviets. […] We share the same biology regardless of ideology. What might save us, me, and you is if the Russians love their children too » (Russians, Sting)
(En Europe et en Amérique, un sentiment d’hystérie grandit. Conditionnés à répondre à toutes les menaces de la rhétorique des discours des Soviétiques. Nous partageons la même biologie, quelle que soit l’idéologie. Ce qui pourrait nous sauver vous et moi, c’est que les Russes aiment aussi leurs enfants)
En attendant, je vais continuer à sourire.
Zébrette me parle de princesses en souriant et en riant.
L’insouciance se cultive, je pense. Comme le père dans le film « La vie est belle ».
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