Suivez nos nouveaux articles en vous abonnant à notre newsletter
Systémique médicale
Fermer l’aperçu
Loading...1 bouffée matin et soir
Fermer l’aperçu
Loading...Alors comment ça va ?
Fermer l’aperçu
Loading...Alors Voilà.
Fermer l’aperçu
Loading...Anti-Dr. Knock
Fermer l’aperçu
Loading...Antisèches de consultation en médecine générale
Fermer l’aperçu
Loading...Armance
Fermer l’aperçu
Loading...ASK
Fermer l’aperçu
Loading...AtouSante
Fermer l’aperçu
Loading...Atoute.org
Fermer l’aperçu
Loading...Behind The Mask
Fermer l’aperçu
Loading...Betadine Pure
Fermer l’aperçu
Loading...Blog de Laurent Vercoustre
Fermer l’aperçu
Loading...Boules de Fourrure
Fermer l’aperçu
Loading...Box de consultation – 2 Garçons, 1 Fille : 3 Sensibilités
Fermer l’aperçu
Loading...Chroniques d'un jeune médecin quinquagénaire
Fermer l’aperçu
Loading...Coffee break science
Fermer l’aperçu
Loading...Comme des briques roses
Fermer l’aperçu
Loading...De l'O2 dans le gaz
Fermer l’aperçu
Loading...DE LA MEDECINE GENERALE, seulement de la médecine générale
Fermer l’aperçu
Loading...Dernières nouvelles du front
Fermer l’aperçu
Loading...Doc GOMI - Derniers articles
Fermer l’aperçu
Loading...docadrenaline
Fermer l’aperçu
Loading...Docteur JD – Votre blog santé | docteurjd.com
Fermer l’aperçu
Loading...Dr Jacqueline Rossant
Fermer l’aperçu
Loading...dr.niide.over-blog.com
Fermer l’aperçu
Loading...Droit-medical.com
Fermer l’aperçu
Loading...Expertise citoyenne
Fermer l’aperçu
Loading...Farfadoc
Fermer l’aperçu
Loading...Formindep
Fermer l’aperçu
Loading...hic et nunc
Fermer l’aperçu
Loading...Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis
Fermer l’aperçu
Loading...Juste après dresseuse d'ours
Fermer l’aperçu
Loading...L'école des soignant.e.s
Fermer l’aperçu
Loading...Le blog de Borée
Fermer l’aperçu
Loading...Le Blog de Georges Zafran
Fermer l’aperçu
Loading...Le blog de Granadille
Fermer l’aperçu
Loading...Le Blog de Stockholm
Fermer l’aperçu
Loading...Le Carnet de Julien Bezolles
Fermer l’aperçu
Loading...Le fils du Dr Sachs
Fermer l’aperçu
Loading...Le kiné, ce héros ? Si on en parlait...
Fermer l’aperçu
Loading...Les billets d'humeur du dr
Fermer l’aperçu
Loading...Les carnets d'un médecin de montagne
Fermer l’aperçu
Loading...Litthérapie
Fermer l’aperçu
Loading...Ma blouse, mon badge (mon stétho et tout le reste)
Fermer l’aperçu
Loading...Medcritic
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine et politiques publiques - Blog de Jean-Pascal Devailly
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine – Grange Blanche
Fermer l’aperçu
Loading...Médecine – Journalisme et Santé Publique
Fermer l’aperçu
Loading...Médicalement Geek
Fermer l’aperçu
Loading...Médicalistes
Fermer l’aperçu
Loading...Mike De Bakey
Fermer l’aperçu
Loading...Openblueeyes
Fermer l’aperçu
Loading...PerrUche en Automne
Fermer l’aperçu
Loading...Pharmacorama
Fermer l’aperçu
Loading...Pour raisons de santé
Fermer l’aperçu
Loading...Promenade de santé
Fermer l’aperçu
Loading...Réalités Biomédicales
Fermer l’aperçu
Loading...Rédaction Médicale et Scientifique
Fermer l’aperçu
Loading...Sante au travail
Fermer l’aperçu
Loading...SommatinoRoots
Fermer l’aperçu
Loading...ten0fiv
Fermer l’aperçu
Loading...Tous les articles - Le Diabète dans tous ses états
Fermer l’aperçu
Loading...Un Druide.
Fermer l’aperçu
Loading...UrgenTIC
Fermer l’aperçu
Loading...Visites médicales du permis de conduire
Fermer l’aperçu
Loading...We are all basically alone
Fermer l’aperçu
Loading...Winckler's Webzine
Fermer l’aperçu
Loading...
Archives
- décembre 2023
- novembre 2023
- octobre 2023
- septembre 2023
- août 2023
- juillet 2023
- juin 2023
- mai 2023
- avril 2023
- mars 2023
- février 2023
- janvier 2023
- décembre 2022
- novembre 2022
- octobre 2022
- septembre 2022
- août 2022
- juillet 2022
- juin 2022
- mai 2022
- avril 2022
- mars 2022
- février 2022
- janvier 2022
- décembre 2021
- novembre 2021
- octobre 2021
- septembre 2021
- août 2021
- juillet 2021
- juin 2021
- mai 2021
- avril 2021
- mars 2021
- février 2021
- janvier 2021
- décembre 2020
- novembre 2020
- octobre 2020
- septembre 2020
- août 2020
- juillet 2020
- juin 2020
- mai 2020
- avril 2020
- mars 2020
- février 2020
- janvier 2020
- décembre 2019
- novembre 2019
- octobre 2019
- septembre 2019
- août 2019
- juillet 2019
- juin 2019
- mai 2019
- avril 2019
- mars 2019
- février 2019
- janvier 2019
- décembre 2018
- novembre 2018
- octobre 2018
- septembre 2018
- août 2018
- juillet 2018
- juin 2018
- mai 2018
- avril 2018
- mars 2018
- février 2018
- janvier 2018
- décembre 2017
- novembre 2017
- octobre 2017
- septembre 2017
- août 2017
- juillet 2017
- juin 2017
- mai 2017
- avril 2017
- mars 2017
- février 2017
- janvier 2017
- décembre 2016
- novembre 2016
- octobre 2016
- septembre 2016
- août 2016
- juillet 2016
- juin 2016
- mai 2016
- avril 2016
- mars 2016
- février 2016
- janvier 2016
- décembre 2015
- novembre 2015
- octobre 2015
- septembre 2015
- août 2015
- juillet 2015
- juin 2015
- mai 2015
- avril 2015
- mars 2015
- février 2015
- janvier 2015
- décembre 2014
- novembre 2014
- octobre 2014
- septembre 2014
- août 2014
- juillet 2014
- juin 2014
- mai 2014
- avril 2014
- mars 2014
- février 2014
- janvier 2014
- décembre 2013
- novembre 2013
- octobre 2013
- septembre 2013
- août 2013
- juillet 2013
- juin 2013
- mai 2013
- avril 2013
- mars 2013
- février 2013
- janvier 2013
- décembre 2012
- novembre 2012
- octobre 2012
- septembre 2012
- août 2012
- juillet 2012
- juin 2012
- mai 2012
- avril 2012
- mars 2012
- février 2012
- janvier 2012
- décembre 2011
- novembre 2011
- octobre 2011
- septembre 2011
- août 2011
- juillet 2011
- juin 2011
- mai 2011
- avril 2011
- mars 2011
- février 2011
- janvier 2011
- décembre 2010
- novembre 2010
- octobre 2010
- septembre 2010
- août 2010
- juillet 2010
- juin 2010
- mai 2010
- avril 2010
- mars 2010
- février 2010
- janvier 2010
- décembre 2009
- novembre 2009
- octobre 2009
- septembre 2009
- août 2009
- juillet 2009
- juin 2009
- mai 2009
- avril 2009
- mars 2009
- février 2009
- janvier 2009
- novembre 2008
- octobre 2008
- septembre 2008
- août 2008
- juin 2008
- mai 2008
- mars 2008
- février 2008
- janvier 2008
- décembre 2007
- novembre 2007
- octobre 2007
- septembre 2007
- août 2007
- juillet 2007
- juin 2007
- mai 2007
- avril 2007
- mars 2007
- février 2007
- décembre 2006
- novembre 2006
- septembre 2006
- mai 2006
- mars 2006
- février 2006
- octobre 2005
- septembre 2005
- janvier 2005
- décembre 2004
- novembre 2004
Catégories
- Actualités
- addictions
- agence france presse
- alcoolisme
- Anecdotes
- Apprentissage
- argent
- COVID-19
- Divers
- DragiWebdo
- déontologie
- Ethique
- Grand public
- Hôpital
- Intégrité scientifique
- justice
- Le Figaro
- le Monde
- Le Quotidien du médecin
- libération
- législatif
- médecin
- médecine
- médicament
- Méthodologie de recherche
- pharmacie
- police
- politique
- Polémique
- pouvoir
- psychiatrie
- Recommandations
- Risques (réduction des)
- Santé
- Santé publique
- Science
- Slate.fr
- soigner
- sport
- tabagisme
- veille bibliographique
- Violences
- Virologie
- épidémie
- épidémiologie
Méta
Archives de l’auteur : L'école des soignants
Etre soi/être soignant – les paradoxes de la profession médicale
Ce paradoxe n’est pas spécifique aux médecins : l’impératif moral qui enjoint de venir en aide aux autres s’affaiblit à mesure qu’on s’éloigne de son milieu d’origine.
(NB : Une version antérieure de ce texte a été publiée dans la revue québécoise Argument, vol. 18, n°1, Hiver 2015-2016)
Quand est-on en droit de ne pas payer une consultation à un médecin ? – par Marc Zaffran/Martin Winckler
(Pour ceux qui contesteraient qu’il y a contrat, je rappelle que tout médecin s’engage contractuellement deux ou trois fois : en prêtant serment à la fin de ses études, en s’inscrivant au tableau de l’Ordre des médecins, et éventuellement en adhérant à la convention avec la sécurité sociale).
2.
Le fait que les médecins généralistes puissent coter des consultations de nourrisson ou (une fois par an !) une « Visite Longue » pour un patient en longue maladie ne diminue pas le sentiment que cette nomenclature est extraordinairement mesquine. Les citoyens cotisent pour recevoir des soins sinon gratuits, du moins à très faible coût pour eux. La moindre des choses serait que le système de santé rémunère correctement les personnes qui les délivrent. En ce qui concerne les médecins généralistes (mais aussi les infirmières, les sages-femmes, les kinésithérapeutes et les orthophonistes), le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas le cas.
Un modèle (!??) contemporain de paternalisme médical à la française – par Martin Winckler
Pr Israël Nisand. Je suis surpris d’entendre des femmes qui disent pis que pendre d’un médecin et qui restent chez lui. Quand on a un médecin qui ne convient pas, mon conseil n’est pas d’essayer de changer le médecin, mais d’en changer. Je ne commettrais pas l’impair de vous affirmer que tous les médecins sont bons. Parmi eux, il y en a des mauvais qui n’ont ni tact, ni psychologie. Même un médecin considéré comme talentueux par certaines pourra être considéré comme inadéquat par une autre. La solution est de changer de médecin. Nous avons ce luxe en France de pouvoir le faire. S’il est considéré comme mauvais par tout le monde, il n’aura plus de clientèle.
Pr Israël Nisand. Le collège que je préside produit des recommandations sur les bonnes pratiques et je vous assure qu’elles sont suivies méticuleusement par tous les gynécologues.
Pr Israël Nisand. L’expression abdominale n’a plus lieu. Si elle a lieu, c’est une faute technique et une faute professionnelle grave. Si vous connaissez un seul gynécologue qui a pratiqué l’expression abdominale, je l’appellerai personnellement pour lui dire de ne plus le faire. Mais vous serez en échec, Madame, car vous n’en trouverez pas.
Pr Israël Nisand. Sauf par quelques brebis galeuses qui ne participent à aucun congrès, estiment qu’ils savent tout et de surcroit ne lisent pas les recommandations des sociétés savantes. Malheureusement, cela existe. Je suis favorable à ce que les médecins repassent un examen tous les cinq ans pour vérifier l’état de leurs connaissances scientifiques. L’ordre des médecins y est favorable aussi, mais le gouvernement précédent y a rechigné car les médecins ne le souhaitent pas. Je le reproposerai au nouveau gouvernement. Mais ce que reprochent les femmes n’est pas tant le défaut de compétence que le manque de tact, et je ne sais pas comment on peut rééduquer un médecin sur ce sujet.
Pr Israël Nisand. Depuis 2002 et la loi Kouchner, il est illégal de faire un acte non urgent sans le consentement de la patiente. Une patiente qui peut démontrer en justice qu’on ne lui a pas demandé son consentement libre et éclairé gagne son procès et des dommages et intérêt. Dans les faits, il n’y a pratiquement pas de plainte portant sur l’absence de consentement. Cela ne veut pas dire que le consentement est toujours sollicité, mais que les femmes n’utilisent pas les voix judiciaires pour obtenir gain de cause. Il faut qu’elles le fassent davantage. Quand à la préparation, il y a mille scénarios de complications lors d’un accouchement, vous voulez que l’on en fasse le catalogue ? Si on le faisait, bien que ce soit infaisable, les femmes arriveraient dans un état d’inquiétude pas possible. C’est pourquoi il est convenu entre nous, professionnels de la naissance, de n’aborder que les éléments les plus habituels des complications. Par exemple, la nécessité de faire une césarienne qui peut arriver à tout moment.
C’est une attitude d’un autre âge, mais c’est sa pensée aujourd’hui et il n’en a pas honte.
Pr Israël Nisand. Non, nous ne l’abordons pas. Cette hémorragie tue encore 60 femmes par an en France. Quand une femme se met à saigner lors de l’accouchement, parfois même sans s’en rendre compte, nous réalisons une série d’actes dans l’urgence absolue pour la sauver, dont la révision utérine qui consiste à retirer de l’utérus à la main les restes de placenta. C’est comme si une voiture garée sur une pente a les freins qui lâchent. En haut de la pente, on peut encore l’arrêter et en bas de la pente on ne peut plus. Il faut agir le plus vite possible. Je préviens : « Madame, je vais vider les morceaux de placenta qui restent dans votre utérus ». On peut obtenir le consentement en 30 secondes. Mais parfois la femme ne s’en souvient plus parce qu’elle est un peu endormie ou parce qu’elle a perdu du sang. Beaucoup de femmes ne se souviennent plus qu’on leur a donné des informations parce qu’elles n’ont pas pu les intégrer à ce moment-là. C’est pourquoi leur témoignage a posteriori ne reflète pas toujours la réalité.
Mais un incendie aussi, c’est imprévisible. Ça n’empêche pas de s’y préparer et il serait irresponsable de ne pas informer les habitants de leur survenue éventuelle, et de ne pas leur conseiller d’avoir des détecteurs de fumée et un extincteur chez eux, car fait mieux face quand on est prévenu.
Une situation « d’urgence » n’est pas une situation « impossible ». On ne peut pas en prévoir la survenue, mais on peut en parler et s’y préparer, même si elle est rare. Evite-t-on de parler aux mères de la mort subite du nourrisson, de la convulsion fébrile, de la méningite ou de l’inhalation de corps étranger chez le tout-petit ? Non ! Et c’est elles qui en parlent ! Et on doit leur répondre, alors même que c’est peu fréquent !
Il n’est donc pas acceptable de vouloir « protéger » les femmes des incidents possibles pendant leur accouchement en ne leur en parlant pas, car cela les empêche précisément de définir ce qu’elles souhaitent qu’on fasse dans le cas où ces événements surviendraient ! En refusant d’aborder ces sujets « pour ne pas inquiéter les femmes », I. Nisand entrave leur liberté.
En lisant Nisand, on pourrait croire que dans les salles d’accouchement qu’il supervise, toutes les femmes sont des porcelaines de Limoges, qui n’ont jamais lu une ligne de magazine ou de livre de santé, n’ont jamais accouché auparavant (ni entendu une proche parler de son accouchement) et perdent leur sens commun dès qu’elles s’allongent. Dans quel univers vit-il, exactement ?
Pr Israël Nisand. Ce que j’ai dit au Figaro a été détourné. Cela ne correspond pas à ce que je pense. Il arrive et ce n’est pas rare qu’une femme soit perdue au moment de l’accouchement, elle peut par exemple demander à rentrer chez elle alors que la tête du bébé vient à peine de sortir. Cette désorientation temporospatiale transitoire est liée à une hémodynamique vasculaire fortement bouleversée par l’accouchement. La femme a besoin à ce moment-là d’être entourée et rassurée car l’effort produit par son utérus qui entraine une consommation d’oxygène importante qui modifie son état de conscience.
Pr Israël Nisand. Le mauvais vécu est tout ce qui sort de la norme et n’a pas été prévu. Une césarienne, c’est déjà un mauvais vécu. Mais je suis contre préparer les femmes au pire. Je suis contre les préparer à une hémorragie de la délivrance. Je suis contre les préparer à une embolie amniotique qui tue. Je suis contre les préparer à l’infarctus du myocarde en cours de travail. Je suis contre tout ça.
Pr Israël Nisand. J’avoue que je ne le fais pas avec une femme dont la grossesse se passe bien et ne présente aucun risque de complication. Je dirai juste, quand on me demande ce qu’il peut advenir, que si l’enfant ne supporte pas les contractions, plutôt que d’attendre que son cerveau soit détérioré, on préfère faire une césarienne.
Pr Israël Nisand. C’est déjà fait, à tel point qu’on a aujourd’hui des médecins dressés à obéir aux demandes des patientes et qui vont trop loin dans ce domaine. Par exemple, certaines femmes demandent des césariennes de convenance et ces médecins, notamment dans le privé, disent oui. D’autres médecins se cachent derrière le consentement des patientes pour se protéger eux, et non pour les protéger elles. Je suis contre le fait que certains fassent signer à leurs patientes des consentements par écrit, pour se mettre à l’abri de tout reproche en matière d’information.
Pr Israël Nisand. C’est indispensable. Ce serait une faute professionnelle de ne pas le faire. Sur le lit ou en consultation pour expliquer ce qu’il s’est passé. Mais demander à ce que nous le fassions pendant que la femme est en pleine hémorragie serait manquer de réalisme.
Pr Israël Nisand. Nous sommes très attentifs. Nous sommes en train en mettre en place un diplôme inter-universitaire sur la prise en charge des maltraitance en gynécologie de manière à sensibiliser le plus de monde possible. Malheureusement, ceux qui en ont le plus besoin ne suivront pas ce cursus. Mais, par exemple, dans mon service, je fais un séminaire d’une journée pour tous les nouveaux soignants sur la bienveillance : pour dire voilà ce que nous avons appris au fil des années, notamment grâce à des groupes de paroles des patientes ayant fait une fausse couche ou une interruption médicale de grossesse. Voilà les erreurs à ne pas commettre, les mots à ne pas dire, les comportements à éviter. Et j’incite mes collègues à faire de même.
Effets secondaires des médicaments : les médecins devraient TOUJOURS croire les patient.e.s
Et puis, s’il n’y avait pas les réseaux sociaux, les plaintes de beaucoup de femmes resteraient non seulement isolées mais elles seraient complètement passées sous silence. Et un trop grand nombre de médecins continueraient à les balayer d’un revers de main avec des arguments du type « C’est dans votre tête ».
Ajoutons qu’ici, un médecin fait toujours courir moins de risque à un.e patient.e en la croyant qu’en ne la croyant pas.
Pourquoi ne connaît-on pas toujours certains effets indésirables d’un médicament ?
En un sens, quand un médecin réfute un effet secondaire qu’il ne connaît pas, il se fait potentiellement le complice du fabriquant qui l’a peut-être caché, ou ne tient pas à ce que cet effet soit connu…
********
Le remplacement du traitement incriminé est non seulement la conduite indispensable à tenir, mais il permet aussi d’apporter des éléments supplémentaires. Dans le cas, par exemple, de la baisse de libido avec un Mirena, le fait de lui substituer un DIU au cuivre (non hormonal) permet très vite (en deux à trois semaines) de confirmer si le symptôme était dû aux hormones. S’il ne l’est pas, l’utilisatrice a quand même une contraception, et on peut chercher une autre cause à cette baisse de libido…
Alors, patientes et patients, continuez à poster sur les blogs et les réseaux sociaux. C’est seulement comme ça que ça fera changer les choses. Comme me le rappelle justement La coupe d’Hygie, « La première notice de médicament mise dans les boîtes a concerné les pilules après une mobilisation des féministes. Dans les années 60, elles se plaignaient de ne pas être écoutées et de ne pas avoir d’information sur le bénéfice et les risques. »
Oui, décidément, certaines choses n’ont pas changé…
L’abcès – par M. L.
-TU N’ES PAS MEDECIN !!! C’est entre médecins !!! Tu n’as pas à expliquer aux médecins comment ils doivent travailler !!!!
Et c’est cela, la substantifique moelle de notre profession, putain de bordel de merde !
Appel à témoignage – Les soignants et l’allaitement
Appel à témoignages
Dans le cadre de la rédaction de mon mémoire pour devenir accompagante périnatale (formation certifiante du Cefap) j’ai choisi de traiter de « la place de l’allaitement dans la société « .
Je me suis questionnée sur la formation de nos soignants, sages-femmes, médecins généralistes, gynécologues, pédiatres…ont ils des cours sur l’allaitement? Ce sujet est il traité pendant leurs études ? Apprennent ils à accompagner les parents qui souhaitent un allaitement maternel pour leur enfant ?…
Questions pour lesquelles je n’ai pas réussi à obtenir de réponses pour le moment.
Mon appel s’adresse à toutes personnes susceptibles d’avoir des informations concernant la place que tient l’allaitement dans la formation des soignants.
Je vous remercie grandement d’avoir pris le temps de me lire. Bien cordialement. Chloé Tilly c.tilly@hotmail.fr Continuer la lecture
Alors elle se tait – par Florence Braud
Les mots peuvent faire très mal, surtout ceux des médecins – Une conférence d’Irène Frachon
Je reproduis ici la conférence donnée par Irène Frachon au séminaire « Entre Humanités & Sciences Médicales » de l’Université de Bretagne Occidentale le 8 février dernier.
Elle y aborde bien sûr l’affaire du Mediator, qu’elle a contribué à mettre au jour, et la souffrance des victimes de ce médicament, mais aussi plus largement la notion de « lexicovigilance » – qui consiste à identifier et dénoncer la nocivité du discours de certains professionnels de santé.
Je la remercie d’avoir autorisé « L’école des soignants » à reproduire cette conférence.
MW
« Chers étudiants en médecine, chers collègues, cher Christian,
« Pardon, je m’apprête à parler de l’importance des mots… (roulements de tambour) et des maux ! (hilarité du public, extase contenue, standing ovation). Ensuite, on va aborder rapidement le registre des mots connotés.
De l’obésité « morbide » .
Des pertes vaginales « sales » .
De la « tumeur » qu’est rien qu’un banal kyste et qui dans ton vocabulaire à toi s’appelle « tumeur » sans que ce soit effrayant dans ta tête.
De tous ces mots dont je perçois la violence et que j’essaie d’expliquer et d’enrober quand ils ont été écrits ou dits par d’autres, et de ne pas dire quand c’est moi qui ai envie de les dire.
J’ai eu la patiente la plus courageuse du monde (vous pensez tous que c’est vous qui l’avez eue, mais détrompez-vous, c’est moi…) qui a bravé son cancer de la gorge mieux que Samson les philistins.
Qui a tout encaissé sans broncher : les rechutes, les huitièmes lignes de chimio, les sondes naso-gastriques, les métastases encore et encore et n’en jetez plus, et que j’ai vue s’effondrer une seule fois, une seule, du diagnostic à sa mort.
Elle était venue les larmes aux yeux (fait inédit) avec son compte rendu de cancéro dans la main. Elle me l’avait tendu, et à voir sa tête, j’imaginais déjà la fin de son monde. J’ai parcouru la lettre, qui était plutôt (pour une fois) pleine de bonnes nouvelles. Des trucs qui régressaient, des scanners qui s’amélioraient, des traitements qui marchaient enfin un peu.
J’ai fini, à force de points d’interrogation, par comprendre ce qui la bouleversait à ce point.
« Tolérance médiocre de la chimiothérapie » .
Dans mon cerveau à moi, c’était plutôt gentil. Alors que d’habitude (et re pardon et re tous sont pas comme ça mais dans mon coin si) (change de coin, me direz-vous) les oncologues ont une furieuse tendance à écrire dans leurs lettres « Elle pète la forme » quand tu vois ta patiente tellement amoindrie amaigrie assourie ((assouri, c’est quand tu as arrêté de sourire)), moi j’entendais plutôt ça comme, pour une fois, « La pauvre, elle a vraiment morflé, elle a été courageuse » .
Elle, et je ne l’ai compris qu’au bout de beaucoup trop longtemps, elle avait entendu « médiocre » .
Comme dans les bulletins du collège en 6ème.
Comme dans « Bon, elle a fait sa chochotte, à pas tolérer sa chimiothérapie… »
J’ai re-compris le pouvoir des mots alors que je pensais l’avoir cerné et ne l’avoir pas oublié. Et maintenant, je me méfie de médiocre comme je me méfiais de tumeur et de morbide et de sale.
Mais combien de pathologies ai-je annoncées d’un mot rapide comme si les gens savaient à coup sûr, et de combien de mots violents n’ai-je pas saisi la portée ? Sans doute plein, que j’oublie à mesure de mon SAVOIR grandissant, mais que la fille en moi en P2 aurait entendus en se grattant les couettes, certes, mais au moins en sachant le plus important : qu’ils n’étaient pas évidents. »
« Ah oui, les mots… Comme ce toubib qui a annoncé à ma grand-mère (85 ans) qu’elle souffrait de démence parce qu’elle avait foiré le test de l’horloge…
Je la revois encore quelques semaines plus tard me disant « ah, j’suis pas folle, quand même » parce qu’elle se souvenait du prénom de ma fille… »
Je l’ai très vite pas aimée du tout. Au bout de ma troisième consult avec elle, j’écrivais dans son dossier : « Moi je trouve surtout qu’elle consulte beaucoup trop souvent pour une femme de 32 ans » . Et la fois d’après : « Il faut arrêter les examens complémentaires ». Elle était INSUPPORTABLE.
Il fallait l’arrêter trois fois de suite pour une sinusite à la con.
Elle avait encore trooooop mal. Et elle se sentait encore troooop pas bien.
Elle avait obtenu haut la main le record de lapins sur la plus petite durée de temps envisageable.
J’veux dire, la meuf était capable de te poser trois lapins sur la même matinée.
Elle venait pas à son rendez-vous de 8h. J’appelais, à 9h30, elle avait pas pu venir, elle s’était pas réveillée, vaguement pardon, elle reprenait rendez-vous à 11h45. À 11h43 elle appelait pour dire qu’elle annulait le rendez-vous de 11h45 et elle en reprenait un à 12h30. Et puis elle arrivait à 13H12, en disant : « Oui mais on a dû habiller sa Barbie » .
Moi je pétais un plomb. « On a dû habiller sa Barbie », sur le TROISIÈME rendez-vous de la journée, je me sentais pousser des veines sur mes tempes dont je ne soupçonnais pas l’existence.
Au 12ème lapin, du haut de ma troisième année d’exercice et de mes 30 ans, j’ai tapé du poing sur la table.
Je l’aurais peut-être pas fait pour une autre, mais elle m’agaçait tellement, avec ses bajoues vides et son regard bovin et son « On a dû habiller la Barbie » l’air de s’en foutre totalement, sans dire pardon ou désolée ou mes couilles, j’ai craqué. J’ai demandé son aval à mon chef, et je lui ai dit que les prochaines fois, ce serait 40€ la consult. Voilà. AHAH ! Toc !
J’ai pris mon air docte, je lui ai dit que maintenant ça suffisait, et que pour tous les retards, ce serait 40€. Je l’aurais fait sans doute pour personne d’autre, mais elle, vraiment, elle me sortait par les yeux. Elle a hoché la tête et elle a payé 40€ et je me suis dit que j’avais rudement bien fait.
Parce que comme ça JE LUI APPRENAIS, voyez ?
J’aime tous mes patients, depuis mes tripes. J’aime les gros, les moches, les qui sentent mauvais (je crois que j’aime ENCORE PLUS ceux qui sentent mauvais), et allez savoir pourquoi aussi les méchants, les racistes, les homophobes.
Je pardonne des trucs à mes patients que je ne pardonnerais jamais au reste du monde dans le reste de ma vie.J’ai un puits d’amour à peu près sans réserve.
Et elles deux (et là encore je dis elles deux parce que je vous ai parlé d’elles, mais il y en a beaucoup d’autres que sans savoir pourquoi, sans vraie raison, j’ai haïes), elles deux je les détestais.
Pas de moi, des notes de l’autre médecin que je remplace, ou de celui qui remplace le même médecin que moi.
Quand elle arrivait en retard, elle disait « On devait habiller la Barbie » , parce que si elle partait avec la Barbie à moitié nue, elle s’en prenait une, ou deux. Ou trois, sans raison. Parce que la Barbie était nue. Et que ça elle pouvait pas le dire.
J’ai dit : « Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a quatre ans, j’ai été un peu dure avec vous, parce que vous étiez toujours en retard… »
Elle a dit « Oui, je me souviens. »
J’ai dit : « Je m’excuse. J’aurais dû me rendre compte, j’aurais dû poser la question, je ne l’ai pas fait. »
Elle a dit, avec toujours son œil impassible : « Oui, vous auriez dû. »
J’ai dit « Je suis désolée. »
Elle a dit « C’est pas grave, merci. Personne ne l’a fait. »
La patiente lesbienne, le médecin, le pharmacien et le système de santé français….
J’ai récemment décidé de prendre du Roaccutane (après bien des hésitations) pour une acné légère à modérée, mais très persistante. Il se trouve que je suis homosexuelle, et que je n’ai donc pas besoin de moyen de contraception, et que je n’ai donc AUCUN (mais alors aucun) risque de tomber enceinte.
Or je me trouve tout de même obligée de faire des prises de sang pour vérifier le contenu de mon utérus, tous les mois, pendant 12 mois ( je prends le Roaccutane à petites doses, donc longtemps)…
Je m’attendais à tomber sur une médecine peu compréhensive à ce sujet, mais en y étant confrontée, j’arrive quand même à en être choquée.
Pas une seule fois sur la stupide « brochure d’information » rose destinée aux femmes il n’a été mentionné la possibilité que la patiente soit lesbienne. Pas UNE SEULE FOIS il n’a été mentionné le fait qu’une femme n’a pas forcément besoin de moyen de contraception, tout simplement parce que toutes les femmes n’aiment pas les hommes.
J’ai tout simplement l’impression de ne pas exister pour la médecine française. D’être une sorte d’anomalie et de n’avoir pas assez de valeur pour qu’on daigne se pencher sur mes intérêts et besoins propres (alors qu’il me semble que c’est mon droit…. Et que je suis discriminée si on ne me l’accorde pas).
Il me semble aussi que j’ai le droit d’être soignée sans qu’on me renvoie perpétuellement à mon utérus, surtout que cela n’a aucun sens dans cette situation. Je suis de plus en plus en colère face à cette surveillance obligatoire des femmes qui n’a aucun sens dans mon cas, et je sens que je vais très mal vivre cette contrainte injuste de prises de sang tous les mois (assorties de questions intrusives de l’infirmière qui réalise les prises de sang). Je sais que peut-être c’est excessif, mais je me sens fliquée et renvoyée à un statut d’utérus sur pattes, ce qui est dur à supporter pour moi ( je supporte très mal l’intrusion de la médecine dans mon intimité). J’ai donc quelques questions face à ma situation : 1) La prise de sang tous les mois est-elle réellement obligatoire ? 2) Qu’en pensez-vous ? (cela me semble doublement discriminatoire, cela contraint les femmes à payer plus cher le traitement car elles vont à plus de consultations, et cela discrimine aussi les lesbiennes par rapport aux hommes, alors qu’elles ne courent pas plus de risque de grossesse ). Il est vrai que le traitement est tératogène, mais on s’adresse à des adultes, qui peuvent tout à fait signer une déclaration de responsabilité qui les engagerait à prendre en charge elle-mêmes ce risque sans être surveillées comme des gamines.
Si la femme ne peut pas déclarer qu’elle prend en charge ce risque elle-même, cela signifierait qu’on prend en compte les intérêts d’un enfant pas encore né et potentiellement malformé, et que ces intérêts primeraient sur le droit de la femme à disposer de son corps ? C’est éthiquement problématique, ne trouvez-vous pas ? 3) Savez-vous exactement quelles sont les institutions qui me contraignent à être surveillée de la sorte ? Les informations recueillies ne sont pas cohérentes, la dermato me dit la Sécu, la pharmacienne l’Agence du Médicament… Bref, je ne comprends pas. 4) Pensez-vous que je puisse me dispenser de cette obligation d’une manière ou d’une autre ? En signant une décharge ? Emma
——
D’un autre côté, la mention d’un résultat de test (positif ou négatif) sur une ordonnance, qui sera lue par des tiers (pharmaciens, préparateurs, fonctionnaires de la sécu) ressemble furieusement à une infraction au secret professionnel… Ce qui signifie que l’administration demande aux médecins d’enfreindre le secret pour traiter des patient.e.s. Il faudrait peut-être aller présenter cette contradiction à la juridiction appropriée (tribunal administratif ?) pour savoir si c’est conforme à la loi… J’aimerais que des juristes me disent ce qu’ils en pensent…
« Protéger » les femmes malgré elles
Rappelons d’abord que beaucoup de médicaments ne sont jamais testés sur les femmes… alors que, comme le rappelle l’excellente Peggy Sastre, les maladies ont un sexe…
En 1997, la revue Prescrire (n° 173, p 344) rapportait que sur 318 grossesses exposées à l’isotrétinoïne ayant fait l’objet d’une déclaration en centre de pharmacovigilance, cette exposition était survenue pour 267 femmes en cours de traitement ou ayant arrêté depuis moins d’un mois, et 51 chez des femmes déjà enceintes au moment de la prescription !!!
Ceci n’est pas une candidature – par L.M.
Ceci n’est pas une candidature pour le poste d’orthophoniste.
Chaque jour je parcours consciencieusement les offres d’emploi pour orthophoniste dans le Rhône.
Les annonces apparaissent au compte-gouttes et je les connais déjà toutes : je vois celles qui disparaissent, celles qui sont remises en tête de liste (personne n’est intéressé / le lieu de travail est mal desservi / c’est un 0,009 ETP – rayez la mention inexacte).
Lorsqu’une offre est nouvelle, je l’étudie sous toutes les coutures : qui est l’employeur ? Je souhaite connaître ses valeurs, mais aussi, soyons prosaïques, savoir combien de temps il faut pour se rendre sur place et si c’est accessible en TCL (prendre le TER ? Avec un abonnement remboursé au quart pour un mi-temps, aller travailler devient un investissement… Vous accepteriez de verser 1/6e de votre salaire pour vous rendre au travail ? Moi non plus. Pas de TER donc. Prendre la voiture ? J’habite en pleine ville, ce n’est pas pour participer à la pollution en utilisant un véhicule alors que Lyon et ses alentours sont très bien desservis).
Je souhaite aussi savoir si la convention qui définira ma rémunération (en dessous de la moyenne nationale, et de toute façon insuffisante au regard des cinq années d’études post-bac) sera la convention 66 (fuyez !) ou la 51 (la moins pire).
Je regarde quel temps est proposé : un 20% ? Être présente une journée par semaine quand on travaille avec une équipe, c’est peu enviable pour la dynamique de groupe. En dessous de 40 ou 50%, je ne comprends même pas l’intérêt. Être de passage, ne pas avoir les informations en temps et en heure… Peu de temps de présence, c’est peu de temps de préparation, peu de temps de prise en charge aussi, et peu de temps d’échange avec les autres professionnels.
Dans l’annonce, vient le temps des compétences attendues et du profil recherché, qui, malheur, donne souvent quelque chose dans ce goût-là :
« Nous recherchons :
– un orthophoniste diplômé depuis 2 ans (avoir une formation récente est un gage de qualité) MAIS avec au moins 10 ans d’expérience
– une personne déjà formée aux méthodes ABA (390€ pour la formation dite « ABA fonctionnel »), Makaton (850€), PECS (870€ pour les deux niveaux), et maîtrisant les outils d’évaluation Comvoor (300€), PEP (580€), ADI-R et ADOS (1050€). (Note : soit une personne ayant déboursé 4040€ de sa poche ou ayant travaillé dans une structure ayant accepté de la former à ses frais… Soyons honnêtes, l’orthophoniste salarié est rarement bénéficiaire de ce genre d’avantages).
– une personne ayant déjà 10 ans d’expérience avec des personnes autistes et polyhandicapées MAIS connaissant par cœur les recommandations les plus récentes de l’HAS en matière d’autisme (et vous… les connaissez-vous ?)
– une personne sachant utiliser Word et Excel sur un ordinateur hors d’âge qui ne sera pas remplacé par du matériel permettant de travailler efficacement, avec une imprimante ne fonctionnant pas, sans plastifieuse ni fournitures de base (bandes scratch, papier cartonné, colle, ciseaux, perforatrice, classeurs… Bref le B.A.-BA pour mettre en place des moyens de communication augmentée et alternative)
– une personne sachant faire passer des bilans sans matériel (“Désolés, nous n’avons pas le budget pour vous fournir les tests auxquels nous vous demandons d’être déjà formé : à vous de vous fournir les batteries (test classique autour de 250 à 600€) ET les feuilles de passation (50 à 100€ la recharge)”)
– une personne sachant mettre en place une communication augmentée et alternative sans matériel (“Les pictogrammes Makaton ne seront pas achetés, débrouillez-vous, vous n’avez qu’à imprimer, plastifier et découper… Oui, il y en a plus de 400 pour le niveau de base, mais vous avez bien du temps pour le faire entre deux bilans !”)
– une personne acceptant d’être payée à peine plus que le SMIC, pour être en première ligne avec des enfants et adolescents porteurs de handicap lourd, dans des situations souvent d’une grande violence physique et/ou psychologique, sans réunion de type Balint pour permettre de partager ses interrogations et ses ressentis.
– … une formation de psychologue, neuropsychologue (“Vous aurez à faire passer des tests de QI”) et éducateur spécialisé serait un plus ! »
Bien.
Ça vend du rêve, non ?
Non, en effet…
Et si je vous disais plutôt ce que je sais et aime faire ?
J’ai obtenu mon certificat de capacité d’orthophoniste à Lyon (qui a la réputation, et elle est vérifiée, d’être un excellent centre de formation en orthophonie).
J’ai suivi des cours, j’ai fait des stages, j’ai validé tous mes examens : les méthodes dont vous parlez, je les connais, pas toujours en pratique, mais au moins en théorie. Pour certaines, je les ai utilisées en stage ou dans mes précédents postes. Je n’ai pas de certificat de formation post-diplôme sur l’autisme, car mon diplôme lui-même est déjà là pour assurer que j’ai les qualités et les savoirs requis !
Un exemple ? J’ai pratiqué la méthode Makaton durant trois mois de stage puis neuf mois de poste en IME. Je n’ai certes pas suivi la formation officielle (malgré l’accord prévu à l’embauche, on m’a refusé le financement de la formation, et de toutes celles demandées ensuite), mais j’ai des heures, des jours et des mois d’expérience du Makaton auprès d’enfants et d’adolescents déficients, autistes, et avec troubles du comportement.
Je souhaite me former, ou plutôt mettre en pratique les connaissances que j’ai déjà (je suis déjà formée puisque j’ai mon diplôme !).
J’adorerais pouvoir suivre toutes les formations dont vous souhaitez voir le nom sur mon CV. J’adorerais, très sérieusement, avoir 4000€ à dépenser dans ma formation continue ! Car j’aime apprendre, rencontrer des gens passionnés et ravis de transmettre, de se questionner pour faire toujours mieux !
Mais je suis réaliste. Les institutions n’ont pas le sou. D’accord, vous ne financerez pas de formations à l’orthophoniste.
Alors dans ce cas… Acceptez de recruter des personnes qui n’ont pas déboursé 4000€ pour ces formations.
Acceptez de faire confiance aux personnes que vous embauchez. Elles sont intelligentes et motivées pour apprendre. La plupart du temps c’est auprès de nos collègues que nous nous formons (comme cela a été mon cas pour le Makaton). C’est en pratiquant, en étant guidés, que nous parvenons à maîtriser un outil ou une méthode que nous connaissons de façon théorique.
Vous souhaitez embaucher une licorne à deux têtes. Malheureusement, il n’y a que des chevaux et quelques zèbres dans la salle d’attente. Mais laissez-leur une chance… S’ils sont là, c’est qu’ils ont déjà les qualités requises. On ne souhaite pas travailler avec des personnes handicapées par hasard. (Surtout pour un salaire comme celui proposé aux orthophonistes en institution.)
Faites-leur confiance. FAITES. LEUR. CONFIANCE.
J’aime travailler avec des personnes handicapées. Pourquoi ? C’est instinctif, et pour moi, ça résonne. C’est ce qui a du sens, c’est comme cela que je vois “mon” orthophonie. Se voir adresser un vrai sourire par un enfant non-verbal, après des semaines d’approche à petits pas, c’est une victoire, une joie sans nom ! Entendre un petit garçon autiste faire ses premières phrases avec le support des pictogrammes est un salaire qui dépasse largement celui inscrit sur ma fiche de paie en fin de mois. Discuter avec les personnes qui s’occupent d’un jeune handicapé mental (éducateur, enseignant, psychomotricien, psychologue etc.) pour mettre en commun nos ressentis et nos difficultés, trouver des idées pour faire mieux, c’est ce qui sonne juste dans ma vision des choses.
Je ne corresponds peut-être pas au poste, sur le papier. Pourtant, je tente ma chance, et je demande que l’on me fasse confiance. Car je souhaite travailler avec des personnes qui sauront mettre de côté leurs a priori pour m’accorder leur confiance.
L.M. Continuer la lecture
Quand faut-il (faire) examiner ses seins ?
A l’heure où la mammographie de dépistage du cancer du sein est remise en cause et réévaluée , il n’est pas inutile de rappeler que le cancer du sein ne concerne pas toutes les femmes ; que dans l’immense majorité des cas on le découvre après 40 ans, mais que les femmes se posent des questions concernant leurs seins bien avant cet âge.
Entre 40 et 50 ans, c’est justifié si vous avez des antécédents familiaux de cancer du sein.
Dans une certaine mesure, en l’absence de symptômes, il est même plus risqué de demander une mammographie que de ne pas la demander : vous risquez de tomber sur un médecin qui vous la fera, même s’il pense que c’est inutile, pour se rassurer ou parce qu’il ne se sent pas capable de vous rassurer sans ça. Or, les examens médicaux ne sont pas faits pour rassurer les médecins…
Pour tout commentaire, discussion, échange concernant tout article du blog, écrire à : ecoledessoignants @ gmail.com
La patiente-médecin et la maltraitance ordinaire – par M.E. (Au-delà des Brutes en Blanc, 3)
Plus récemment, suite à un résultat anormal de frottis cervical de dépistage fait pas mon nouveau gynécologue, nous avons déménagé, il s’avère que la biopsie cervicale retrouve un adénocarcinome in situ, multifocal, il m’est proposé une hystérectomie totale sans annexectomie.
De but en blanc – Lettre d’une interne en médecine générale (Au-delà des Brutes en Blanc, 2)
De but en blanc
C’est avec intérêt que j’ai lu votre livre « Les Brutes en blanc », M. Winckler. J’ai d’abord cru à une trahison, un coup de couteau par un membre de ma propre famille professionnelle. Et Dieu sait si c’est blessant. Touchée en plein coeur, j’ai eu mal.
Je crois que ces propos sont entrés en résonance d’une part avec une vérité nue que je n’ai jamais souhaitée (suis-je tombée si bas? suis-je si loin de mes convictions initiales?), d’autre part à ma propre souffrance en tant que membre d’un corps médical à l’agonie. Si cet écho sonne comme une vérité blessante, elle est aussi le reflet, la preuve tangible de notre propre souffrance nous professionnels de santé et de ses conséquences dramatiques. Et si nous osions nous l’avouer?
Cependant, il me semble qu’un pavé dans la mare est vain lorsqu’il ne produit pas d’ondulations à la surface de l’eau. Une vérité (qui plus est douloureuse) n’est bonne à dire que lorsque l’on espère qu’elle produira un quelconque changement. Et c’est là que je vois poindre une once d’espoir quant aux membres du corps médical que vous décriez tant, M. Winckler. Oui, ce livre serait vain et j’ose croire qu’il ne serait jamais sorti si vous ne pensiez pas qu’un changement soit possible. Si vous ne voyiez pas en ces brutes, des agneaux défigurés par un système inadapté. Je le vois donc comme un appel à accepter de regarder et panser ses blessures afin de pouvoir mieux s’occuper de celles des autres.
Je n’ai que 27 ans, quoique 9 ans d’études derrière moi, mais pas encore mon diplôme de docteur en médecine. L’on ne m’avait pourtant jamais prédestinée à devenir une brute… Je suis sûre de l’avoir pourtant déjà été, un peu, parfois, et pourtant…bien malgré moi. J’ai vu au cours de ces 9 années, s’effriter cet idéal qui m’a permis de franchir tant de caps difficiles. Un métier humain, me donnant jusqu’à une raison d’être au monde. Cette conception du métier s’est vu confrontée puis rapidement écrasée par une pratique uniformisée de la médecine générale avec des consultations de 15 minutes, les yeux rivés sur les aiguilles de la montre.
Médecin impatient que le dit « patient » dégaine sa carte vitale, avant de débiter son motif de consultation (d’une traite si possible) en l’espace de quoi j’ai bon espoir qu’il commence à se déshabiller (dans le même temps si possible) pour que je l’examine, afin de différer l’explosion de ma salle d’attente puis ma propre destruction au travers d’un sentiment
Mais j’ai, grâce à « des brutes formidables », vu que la laideur incarnée n’est pas forcément très loin des plus beaux chefs d’oeuvres humains, qu’il s’en faut peu pour passer du pire… au meilleur. Le désespoir et l’impasse ne se trouvent-ils pas dans l’incapacité à créer une nouvelle voie, un nouveau chemin ? J’invite donc toutes les brutes que vous avez mises en colère, à user de leur créativité.
Après la brute, le bon ou le truand ?
Elodie-Mathilde Fossembas
(Interne en médecine générale, Paris VII)
Un « Module d’Humanisme Médical Transdisciplinaire », pourquoi faire ? – (Au-delà des « Brutes en Blanc », 1)
La publication des Brutes en blanc a suscité beaucoup de réactions. Certaines ont été très violentes, très sonores, et centrées presque exclusivement sur le titre (le communiqué de l’Ordre des médecins daté du 7 octobre 2016), mes intentions supposées (« régler des comptes ») ou les conséquences néfastes du livre sur la relation de soin.
Mais il n’y a pas eu que des réactions négatives, et de loin.
Je compile actuellement les dizaines de témoignages reçus de patients qui ont subi des maltraitances et m’ont écrit à la suite de la publication ou de sa mention dans la presse. Je les publierai (anonymisés) dans les semaines qui viennent).
J’ai reçu aussi beaucoup de témoignages de soutiens de professionnels de santé – médecins, infirmier(e)s, sages-femmes, psychothérapeutes, orthophonistes, et bien d’autres.
Je vais eux aussi les publier au fil des semaines.
Commençons par un long texte, qui m’a été adressé par trois enseignants en faculté de médecine.
Dans un courrier daté du 17 octobre 2016, le Docteur Gérard Ponsot, professeur honoraire des universités et ancien chef de service de pédiatrie à l’hôpital Saint Vincent de Paul m’écrit :
« J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre dernier livre Les Brutes en blanc et vous remercie de votre vigoureux cri d’alarme sur les différentes formes de déshumanisation que l’on rencontre en France chez beaucoup trop de médecins.
(…)
Permettez moi de vous faire parvenir le texte du « Module d’Humanisme Médical Transdisciplinaire ». Son but est d’apporter dans des siguations où l’humanité des soignants est particulièrement sollicitée des réflexions éthiques et humaines à tous les internes, au moment où ils sont confrontés à ces situations et se posent des questions.
Je me bats avec d’autres depuis plus de 2 ans pour que ce module fasse partie du cursus des études médicales et soit obligatoire. Il a été présenté à de nombreuses personnalités universitéaires et en particulier à la Commission Nationale des études de maieutique, médecine, odontologie et pharmacie qui est en charge de la réforme du troisième cycle.
Il reçoit un bon accueil mais comme on dit familièrement, la « mayonnaise » n’a pas encore pris. Je sais que le combat sera difficile. »
J’ai proposé à Gérard Ponsot de publier le module sur ce blog. Il m’a demandé d’y associer le nom de deux de ses collègues, eux aussi très impliqués dans sa conception – et dans le combat pour le faire adopter : le Professeur Bernard Golse et le Docteur Pierre Canaoui, tous deux pédopsychiatres et enseignants à l’Hôpital Necker et à Paris Descartes.
En voici le texte.
Je ne doute pas qu’en France, d’autres enseignants tentent de proposer – et de diffuser – des modules similaires, destinés à pallier les manques de la formation médicale. Je serais heureux de publier ici des compte-rendus ou descriptions de leurs projets ou des formations déjà en cours.
MW.
Gérard Ponsot,
Bernard Golse, Pierre Canaoui« Soigner, c’est pas de la tarte »
Réponses au site « Egora » à propos des « Brutes en blanc » – l’intégrale
Cependant, comme il s’agit d’un site professionnel, le public non médical n’y a pas accès. Je publie ici l’intégralité de l’entretien. Pour celles et ceux qui ont la patience de tout lire. 🙂
Le programme patient-partenaire et le mentorat de patients à l’Université de Montréal
A la suite d’un échange de tweets, Vincent Dumez, co-directeur de la DCCP (Direction collaboration et partenariat patient à l’Université de Montréal), m’écrit :
« Le programme de mentorat patient est bien toujours offert à TOUS les étudiants des sciences de la santé de l’université de Montréal années 1, 2 et 3. C’est sur une base volontaire : nous avons eu 24 participants en 2014, 80 en 2015… inscription en cours pour 2016. Il s’étale maintenant sur 1 an et les évaluations sont excellentes. Un article est en cours de publication.
En plus, tous les cours sur la collaboration et le partenariat patient sont toujours offerts à tous nos étudiants des sciences de la santé année 1, 2 et 3. Ils sont obligatoires et il y a toujours une paire de formateur patient-clinicien.
Au programme MD on déploie maintenant des activités chaque année (MD et PD) à l’exception de la 2e année, activité en cours de conception.
Bref, ce que j’avais dit à Creating Space… je crois que je pouvais être enthousiaste 🙂 En passant, dans l’article sur Bobigny dans Le Monde, aucune référence à nos initiatives avec qu’Olivia Gross les connaît parfaitement bien, ni d’ailleurs à toutes les autres initiatives dans le monde sauf une vague référence à l’Angleterre… no comment.«
Ce programme est donc bien actif. Il ne concerne pas encore tous les étudiants en médecine, mais il a pour vocation de parvenir à ce résultat. Existe-t-il un programme équivalent en France ? Si tel est le cas, je serai heureux d’en faire la promotion sur ces pages de blog.
Ci-dessous, une description détaillée du programme, datant de 2014. Pour télécharger le PDF complet, cliquer ICI.

Comment on a détruit la médecine générale en France (un extrait des « Brutes en blanc ») – par MZ/MW
Histoire du patient qui ne voulait pas mourir pour donner raison au cancérologue – Par Sylvie Kiener
Le « corps médical » est un fantasme, mais les médecins ont de réels privilèges
Histoire du combat pour le droit à l’IVG – par Mathilde Larrère, historienne
Mathilde Larrère (@LarrereMathilde sur Twitter), historienne des révolutions et de la citoyenneté à l’université Paris-Est a publié le 24 septembre un « fil » twitter qui raconte rien moins que l’histoire de l’avortement en France.
Je lui ai demandé la permission de reprendre son texte en un seul long article de blog, plus facile d’accès que sur Twitter, et elle m’a très aimablement envoyé son texte.
Le voici, illustré des mêmes images, légèrement édité (pour compléter des mots raccourcis dans la version Twitter) et assorti d’un ou deux commentaires personnels, indiqués comme tels.
Merci à elle pour ce beau travail qui rafraîchira la mémoire à celles et à ceux qui s’imaginent que l’avortement a « toujours été considéré comme un crime »…
MW




L’avortement est un droit et l’entrave à l’IVG ou à l’information sur l’IVG est punie par la loi.
Je suggère aux internautes de contacter l’Ordre pour demander que cet organisme censé faire respecter la loi soit à jour des informations qu’il délivre aux médecins.
Le bol d’eau chaude – par Florence Braud
Deux petits coups discrets frappés à la porte. L’homme malade dort, le bébé aussi, seule la fille relève la tête. Une aide-soignante entre doucement et dépose un bol d’eau chaude à côté du fauteuil. La fille sourit et remercie, elle a envie de pleurer mais elle se retient, ses sanglots risqueraient de réveiller l’homme et l’enfant endormis. L’eau chaude, c’est pour sa tisane, parce qu’au distributeur de l’hôpital il n’y a que du thé et du café. Ce n’est qu’un bol d’eau chaude, mais c’est tellement plus que ça. Ce bol d’eau chaude, c’est aussi la merveilleuse attention d’une aide-soignante pour cette maman fatiguée qui va bientôt perdre son père. C’est la bienveillance de toute une équipe qui accompagne sa famille depuis plusieurs mois. C’est le sourire de l’aide-soignante, l’écoute de l’infirmière, l’humour du brancardier. C’est la douceur de la kiné et la gentillesse de l’ASH. C’est le soin dans ce qu’il a de plus beau, le soin qui ne soigne pas mais qui prend soin.
C’est cette équipe soignante qui m’a donné l’envie d’être aide-soignante. Grâce à un bol d’eau chaude.
Soupçon, incrédulité et maltraitance, une expérience vécue – par H.
H.
A propos des vaccinations – un extrait des « Brutes en blanc »
Je reproduis ici cinq pages de Les Brutes en Blanc – La maltraitance médicale en France (Flammarion, Octobre 2016).
Les femmes, les hommes, les pharmaciens et la contraception d’urgence
Il peut l’utiliser comme abortif ? Ca ne marchera pas, et on ne voit pas pourquoi les hommes seraient tentés d’utiliser comme abortif un médicament connu pour ne pas l’être.
Il y a beaucoup de situations où des hommes pourraient être amenés à demander du Norlevo pour une femme en toute légitimité :
– confidentialité protégeant la femme, pour des raisons familiales, ethniques, religieuses, etc.
– l’homme parle français, la femme non
– l’homme est valide, la femme ne l’est pas (on peut être handicapée et avoir des relations sexuelles mais ne pas pouvoir se rendre à la pharmacie)
– l’homme a une voiture et conduit ; la femme non et elle ne peut pas l’accompagner ; or, la pharmacie est loin…
– l’homme est un travailleur social qui veut fournir une CU à une femme qui en a besoin
Etc…
L’argument selon lequel l’homme « peut mentir » en demandant du Norlevo n’est pas pertinent, ni recevable. Tout le monde peut mentir, mais pour des raisons éthiques, un professionnel de santé doit partir du principe qu’un patient dit la vérité. Enfin, le mensonge (si mensonge il y a) peut concerner aussi bien une femme qu’un homme. Une mineure peut très bien aller demander du Norlevo gratuitement pour une amie majeure qui n’a pas d’argent, et personne n’en saura rien. Où est le mal puisque ça évite une grossesse non désirée, qui aurait coûté à la femme et à la collectivité plus cher que la prise en charge du Norlevo ?
Il m’est aussi arrivé à maintes reprises d’acheter du Norlevo pour en avoir au cabinet médical et en donner gratuitement aux femmes qui en avaient besoin. C’était moi qui le payais, mais ça rentrait dans mes frais généraux. Et j’en ai prescrit et donné plus d’une fois (à mon cabinet ou à l’hôpital) à des femmes que je n’avais jamais vues et que je n’ai jamais revues.
(Dans ce cas, il reste au pharmacien à déterminer s’il fait payer le garçon ou s’il délivre le Norlevo comme à UNE mineure. Mais pourquoi le faire payer, franchement ? Ce serait une discrimination par l’argent…)
Car encore une fois, se mettre en avant pour éviter à sa compagne mineure d’être stigmatisée (n’oublions pas que les filles le sont toujours plus que les garçons en matière de sexualité) je trouve ça non seulement respectable, mais réconfortant.
A lire :
Que faire si on vous refuse une contraception d’urgence : le tutoriel d’Hygie.
Pourquoi débattre ?
Chaque année en février, les étudiants en quatrième année de médecine de l’Université McGill participent à un séminaire de trois semaines dans le cadre de ce qu’on appelle leur programme de « Physicianship » – leur programme de formation à l’exercice médical.
Ce séminaire se déroule à la fin leur quatrième année de formation clinique (en tant qu’externes), juste avant leur internat. Au Canada, les étudiants qui ont rempli toutes leurs obligations universitaires postulent dans les services qui les intéressent et sont recrutés sur dossier et entretien. Il n’y a pas d’examen national classant. Chacun est recruté au vu de ses accomplissements propres.
Au moment où le séminaire a lieu, ils sont en attente de l’affichage des postes – disponible le même jour dans tout le pays.
Le séminaire auquel je participe en tant qu’enseignant comporte deux volets : un atelier optionnel et un atelier obligatoire. Les ateliers optionnels sont au nombre de douze et comportent des sujets très variés, en particulier : Spiritualité et éthique en médecine ; Le langage de la médecine ; Comment la médecine est devenue moderne ; Médecine des peuples autochtones ; Loi, politique et santé ; ils comptent aussi un atelier d’écriture que j’ai l’honneur d’animer depuis cinq ou six ans. Chaque atelier optionnel reçoit 10 à 15 étudiants.
L’atelier obligatoire, auquel tous les étudiants de la promotion participent en petits groupes s’articule autour d’un programme unique, intitulé « Médecine et Société ». On y aborde, deux matins par semaine, un sujet qui touche à la fois la pratique médicale et la santé publique – par exemple : épidémies et vaccinations ; influence de l’industrie pharmaceutique ; ou encore fin de vie et assistance médicale à mourir.
Chaque séance (une demi-douzaine réparties sur trois semaines et demie) dure deux heures, pendant lesquelles les étudiants rendent compte, à tour de rôle, d’articles qu’on leur a donnés à lire sur le sujet, et discutent non seulement des enjeux abordés, mais aussi de leur implication personnelle – en tant que professionnels.
En février 2016, la séance consacrée à la fin de vie et à l’aide médicale à mourir était nouvelle : la Cour Suprême du Canada avait rendu un an plus tôt un arrêt annulant l’article du code criminel qui punissait l’AMM. Deux patientes atteintes de maladie terminale avaient en effet présenté comme argument que leur refuser une aide médicale à mourir était une discrimination (elle entravait leur liberté de décider de mettre fin à leurs jours sans souffrance).
De ce fait, les médecins canadiens en formation devaient s’attendre à ce que l’AMM soit réglementée dans toutes les provinces. Il ne s’agissait plus d’un problème théorique, mais d’un problème réel.
Je préciserai que mon groupe était (comme tous les autres groupes, probablement) multiethnique : il y avait un peu plus de femmes que d’hommes ; elles et ils étaient originaires d’Amérique, d’Europe, d’Afrique, d’Inde, d’Asie du sud-est ; ils se destinaient à des spécialités médicales très variées (médecine générale, médecine interne, chirurgie, pédiatrie, gynécologie-obstétrique, radiologie, etc.)
Pour faire débattre les étudiants sur la question brûlante de l’aide à mourir, j’ai demandé lesquels parmi eux étaient favorables à l’AMM, et lesquels y étaient opposés. Dans chaque groupe, j’ai sollicité trois volontaires. Enfin, j’ai confié à chaque trio la tâche de préparer une argumentation contraire à leurs convictions : les étudiants favorables devaient présenter les arguments contre ; les étudiants opposés devaient présenter les arguments pour.
Ca les a fait sourire, mais ça ne les a pas désarçonnés ni surpris. Débattre est une activité scolaire très répandue en Amérique du Nord. Quand j’étais lycéen à Bloomington, Minnesota, en 1972-73, plusieurs de mes camarades faisaient partie du Debate Team qui allait se mesurer contre les équipes d’autres établissements au cours de compétitions interscolaires, au niveau du comté, de l’Etat, voire au-delà. (Ces débats argumentatifs se déroulent en suivant des règles précises (un exemple ici pour les écoles secondaires dans le Vermont), comme pour un match sportif ou une compétition d’échecs ; tous les coups ne sont pas permis, et chaque équipe (ou membre) dispose d’un certain temps pour argumenter, contre-argumenter et poser des questions à l’équipe adverse. Et des juges spécialement formés notent chaque équipe selon des barêmes prédéfinis.)
De sorte que lorsque j’ai confié aux étudiants de mon groupe la tâche de débattre de ce sujet difficile, je savais que tout le monde bénéficierait de l’exercice. Chaque groupe a présenté des arguments à la fois sensibles et rationnels ; le reste de la classe a ajouté son grain de sel, chacun à son tour, en nuançant certains points, certaines situations, certaines réflexions.
Ce qui était assez impressionnant dans ce débat c’est que, malgré des croyances personnelles très différentes (il y avait là des athées, des catholiques, des juifs, des musulmans), personne n’essayait de dénigrer les opinions des autres. Chacun se positionnait en tant que personne, disant ce à quoi il croyait et ajoutant qu’il se garderait bien d’imposer son opinion à un patient, dans un sens ou dans l’autre. Et tous disaient qu’il leur paraissait normal de respecter la loi, puisque celle-ci est censée servir équitablement tous les citoyens.
A la fin du débat, j’ai demandé aux étudiants ce que ça leur avait apporté. La plupart m’ont répondu que ça n’avait pas changé leur convictions, mais (en particulier ceux qui avaient présenté les arguments) que ça les avait aidés à comprendre la position des autres.
Ce qui m’a frappé, aussi, c’est que tous se considéraient encore comme des patients – ou des parents, amis, enfants de patients – avant de se considérer comme des médecins.
Dans le domaine de la santé, quand il s’agit de la vie des autres, un débat devrait être un échange, une mise en commun, une réflexion collective. Chacun devrait avancer ses arguments en précisant s’ils reposent sur des faits avérés ou s’il s’agit d’une opinion personnelle. Car les deux types d’argument n’ont pas le même poids. Une opinion est toujours respectable car elle détermine ce que la personne veut ou ne veut pas faire pour elle même. Quand il s’agit de ce qu’on fait pour les autres, on ne peut pas en rester à son opinion personnelle : il est nécessaire que les décisions tiennent compte de ce qui est acceptable pour l’ensemble des personnes concernées. La difficulté réside dans le fait de distinguer entre ce qui concerne la personne et ce qui concerne le groupe.
La vie en commun devrait toujours être guidée par cette double préoccupation : les bénéfices pour l’individu, les bénéfices pour la collectivité. Et pour les professionnels de santé, dont le rôle fondamental consiste à maintenir tout le monde en bonne santé, tant que faire se peut, ça devrait aussi être une préoccupation constante : soigner la personne en tenant compte du bien commun, mais sans asservir la personne aux intérêts (ou aux valeurs) du groupe, ce qui n’est pas simple : quand le groupe stigmatise un comportement, le professionnel de santé doit-il se comporter comme un allié de l’individu, ou comme un mandataire du groupe ?
Sans compter que chaque professionnel.le a ses opinions propres sur la question…
Bref, c’est compliqué.
Un (1) professionnel de santé « en sait plus » (ou du moins, sait autre chose) sur la maladie et sa prévention que les autres citoyens. Il se sent (peu ou prou) investi d’une mission : soigner. Il se sent parfois responsable de beaucoup de choses, y compris de ce qui ne le concerne pas directement : les convictions, les peurs, les préjugés, les décisions des patients.
Je me souviens avoir longuement discuté, il y a une dizaine d’années, avec un groupe de généralistes britanniques et suédois (ils s’étaient rassemblés pour un atelier de formation continue en Bretagne), à propos de l’autonomie des patients et de l’influence des médecins sur leurs choix. Tous m’avaient dit très clairement qu’ils avaient à coeur de respecter avant tout ce que leurs patients désiraient, et que cela les amenait souvent à agir (et plus souvent encore à ne pas agir) à l’encontre de ce qu’ils avaient appris. C’était difficile, mais ils y parviennent en se soutenant mutuellement. « Quand un patient prend une décision avec laquelle nous ne sommes pas d’accord, c’est dur, mais on les soutient dans leur choix, et nos collègues nous soutiennent moralement. Bien entendu, souvent, les débats avec les patients sont longs et émotionnellement prenants. »
De leurs côtés, les patients s’organisent, eux aussi, en groupes d’intérêts, par communauté de préoccupations (lesquelles ne se réduisent pas nécessairement à la maladie). Ils forment des associations et, surtout, ils communiquent de manière plus libre qu’autrefois. Plus libre que ne le faisaient les médecins à l’époque où ceux-ci ne disposaient que des revues médicales. L’information venait toujours d’en haut. Aujourd’hui, pour les uns comme les autres, elle peut être horizontale. Ce changement de paradigme s’est fait si rapidement qu’il est encore difficile d’en apprécier les conséquences.
Pendant longtemps, les patients n’ont pas pu débattre, voire même seulement discuter avec les médecins. D’abord parce qu’ils n’avaient pas la parole : les débats se déroulaient sans eux. Les décisions se prenaient sans eux. Souvent, elles ne leur étaient pas communiquées du tout.
L’expérience des médecins n’était le plus souvent pas partagée avec les patients. Celle des patients n’était pas entendue par bon nombre de médecins.
Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, aux forums et aux blogs, il est possible à toute personne disposant d’un accès internet de partager son expérience, sa réflexion, ses opinions. Est-ce que ça permet d’établir des échanges, des discussions, des débats ? Parfois, mais pas toujours. Ce n’est pas la brièveté des messages qui me semble être en cause : quand on veut faire passer une pensée développée, on n’est pas obligé de s’en tenir à Twitter ou FB. On peut écrire un long texte, poster le lien, et libre à ceux qui veulent vous lire et réagir de le faire.
Et il y en a pour tous les goûts : patients et soignants peuvent s’exprimer en parallèle, se lire, se répondre.
Le problème ne réside plus dans les lieux ou les moyens, il réside dans le type de réponse que l’on choisit de donner au texte qu’on vient de lire. Pour chaque article d’un blog, beaucoup de lecteurs répercutent (partagent sur FB, retwittent sur Twitter), ce qui n’est pas du tout négligeable, mais la proportion de ceux qui décident d’apporter des (contre-)arguments sous la forme d’un commentaire ou d’un courriel est assez faible, ce qui est dommage.
Quelques-uns font des commentaires désagréables ou ironiques. Un petit nombre écrivent quelques phrases agressives à l’intention de l’auteur.e. Dans ces derniers cas, il ne s’agit ni d’un échange ni d’un débat, mais d’invectives, d’accusations ou de dénigrement. (Il vous est certainement arrivé plus d’une fois de voir sur FB des réactions à un article portant essentiellement… sur l’existence de l’article – ou sur son auteur.e, ou sur ce qu’on croit savoir de son auteur.e, et non sur son contenu. Beaucoup de « commentateurs » ne prennent pas la peine de lire. C’est encore pire sur Twitter où nous sommes tous tentés de réagir de manière épidermique à des tweets que nous ne comprenons pas.)
Ce n’est pas seulement dommage, c’est un peu désespérant. Car cela signifie que l’élément fondamental du partage est absent. Entendre l’argumentation d’autrui, ça commence par : « Ce que vous dites a attiré mon attention. Pouvez-vous m’en dire plus ? » ou « Est-ce que j’ai bien compris ce que vous avez dit ? »
Débattre de manière constructive, ça ne nécessite pas seulement des idées, des opinions, des convictions ou du savoir, ça nécessite avant tout de respecter l’autre, de l’écouter énoncer ses arguments sans les dénigrer, et de les prendre en compte dans sa réponse. Et de répondre sans mépris ni invectives., quelle que soit la place d’où l’on parle. Les professionnel.le.s de santé ne devraient pas mépriser les patient.e.s. Les patient.e.s ne devraient pas a priori se méfier des professionnel.le.s de santé.
Mais écrire, lire, réfléchir, répondre, ça nécessite du temps, de la réflexion, de la patience. Ca nécessite aussi – et c’est encore plus difficile – de distinguer entre ce qu’on pense et ce qu’on ressent.
Cela nécessite enfin de lire un article de blog comme un argumentaire, plus ou moins construit, plus ou moins teinté d’émotion, qui ne s’impose à personne mais attend d’être discuté, interrogé, contre-argumenté pour contribuer à la réflexion commune. Isolé, un article n’a aucune importance en soi. C’est parfois le débat qu’il soulève qui peut avoir un intérêt. A condition, encore une fois, qu’il s’agisse d’un partage et d’un échange et non d’une escarmouche.
Car un débat n’a aucune raison d’être s’il ne vise pas, quelle que soit la personne qui l’initie, à éclairer la réflexion et à aller plus loin. Tous ensemble.
MZ/MW
***************************************
(1) J’utilise le masculin par souci de simplification. Dans ce qui suit, « un » ou « il » désigne les professionnel.le.s de tous les genres.
Quelques aphorismes de Franz Karma
Réflexions sur la « clause de conscience »
(Bien entendu, tout ce que je dis ici serait valable de la même manière pour la fin de vie, si l’assistance médicale à mourir était légalisée. Le pharmacien ne serait pas du tout en droit d’invoquer la clause de conscience pour refuser de délivrer des médicaments destinés à une assistance médicale à mourir, puisque… Non, je vous la refais pas une deuxième fois.)
Ma pose de DIU – par Mäsha
Que pourrait-on enseigner d’autre en médecine ?
Patients et soignants : qui souffre et qui fait souffrir ?
Sur un réseau social, un patient se plaint violemment du comportement d’un médecin.
Un médecin twitteur réagit vivement contre cette violence verbale, déclare qu’elle est inacceptable et demande qu’elle soit condamnée. Et que ce type d’expression soit empêché.
D’autres personnes (médecins, non-médecins) réagissent à leur tour en disant que cette violence n’a pas à être « interdite » ou « condamnée ». Qu’elle est probablement réactionnelle (A quoi ? Nul n’en sait rien). Elle ne s’adresse pas aux médecins qui la lisent. (Elle ne les concerne pas directement.) Il est incompréhensible qu’on veuille censurer ces cris de douleur.
Les médecins choqués répliquent qu’ils font l’objet, quotidiennement, de violences verbales et parfois de gestes ou de menaces physiques de la part de certains patients. Cette expression de violence sur les réseaux sociaux leur semble entretenir une violence plus large. Pour eux, la « justifier » (en ne la condamnant pas, ou en la considérant comme « audible »), c’est l’entretenir.
Les arguments fusent des deux côtés. Et une fois qu’ils ont été échangés, on ne peut guère aller plus loin. Chaque camp reste sur ses positions.
Une fois que la poussière retombe, qu’est-ce qui en reste ?
Voici les réflexions que ces échanges houleux ont déclenché pour moi. J’invite les lecteurs/trices éventuel.le.s à apporter leurs propres réflexions. Soit dans la zone de commentaires, soit sous forme d’un article : les contributions envoyées à l’adresse du blog (ecoledessoignants/at/gmail.com) seront publiées.
Souffrances de part et d’autre
Les patients souffrent. Comme leur nom l’indique. Ils souffrent d’être malades, mais aussi de leurs conditions de vie, de la situation économique et parfois du comportement de certains soignants, de certaines institutions.
Beaucoup de professionnels de santé souffrent. C’est tout aussi indéniable. Ils souffrent en particulier d’être pris entre deux feux : d’une part, leur métier comporte son lot de pressions, souvent intolérables : le suicide est fréquent dans les professions de santé, plus que dans la population générale ; le burn-out et la dépression extrêmement répandus. D’autre part, les pressions sont vives de la part du système, qu’on exerce en institution ou en libéral. Et dans un pays où la seule solution aux coûts de la santé consiste à pratiquer des coupes, tout le monde est susceptible de morfler.
Enfin, les soignants souffrent par ricochet de la souffrance institutionnelle (ou d’Etat) que subissent les patients. Un patient au chômage, harcelé moralement ou criblé de dettes, par exemple, a beaucoup de motifs d’ être désagréable ou agressif avec un professionnel de santé. Non que le professionnel en question y soit pour quelque chose, mais parce qu’il est dans une position paradoxale : il est censé soulager le patient, mais il doit parfois le faire dans des conditions impossibles. Et il est en première ligne. Alors, c’est lui (ou elle) qui prend.
Et là encore, les deux côtés campent sur leurs positions :
Les exigences des patients semblent démesurées au professionnel qui manque de moyens.
L’impuissance ou la fatigue du soignant sont perçues comme un rejet par le patient qui s’adresse à lui de bonne foi.
Et quand l’incompréhension mutuelle est si grande, les conflits sont inévitables.
Il y a donc de la souffrance de part et d’autre et chacune des deux ignore l’autre.
Il y a cependant des différences, et il est important de les rappeler :
– le patient n’a pas choisi d’être malade ; il le subit, comme il subit le reste de ses conditions de vie ; et l’appel qu’il fait au soignant vise au moins à atténuer la situation de maladie ; à l’égard des professionnels de santé, il n’a pas d’obligations particulières pas plus qu’à l’égard des enseignants, de la police ou des fonctionnaires de La Poste.
Un patient n’est pas obligé de faire confiance à un médecin. La confiance, ça se mérite. Et tous les médecins savent que les patients les testent un certain temps avant de la leur accorder.
Enfin, la « politesse » ou la « courtoisie » sont des choses toutes relatives, fixées par des critères de classe dans un pays donné ; et variables en fonction du milieu socio-économique et bien sûr de l’origine culturelle de la personne. Alors s’il est impossible de définir une « norme » de la courtoisie dans la population générale, ça l’est tout autant quand il s’agit d’un patient face à un médecin.
Cela dit, l’immense majorité des patients sont gentils et courtois avec les médecins et leur font confiance. Quand les patients sont désagréables, c’est inconfortable, voire insupportable pour les professionnels mais ça n’est pas une infraction à un code ou à des lois, c’est une attitude personnelle.
– le professionnel de santé a choisi son métier ; en tant que tel, il a des obligations (morales, déontologiques, légales). Et l’une de ses obligations, est d’être bienveillant et respectueux envers tous les patients.
Il est bon de rappeler que les professionnels de santé sont a priori au service du patient. Ils ne leur font pas une faveur en s’occupant d’eux. Ils font leur travail. Pour un professionnel de santé, la bienveillance n’est pas optionnelle. Elle n’est pas une convention sociale, mais fait partie de ses obligations. Etre bienveillant, ça fait partie du boulot.
Ca ne veut pas dire qu’il doit tout encaisser sans rien dire, bien entendu. Face à un patient désagréable ou agressif, le professionnel est en droit de dire qu’il ne peut pas travailler dans ces conditions et de demander qu’il se calme. S’il ne le fait pas, il est aussi en droit de lui dire : « Je ne peux pas m’occuper de vous si vous êtes dans cet état. »
Professionnellement parlant, c’est même mieux de dire calmement à un patient que s’il est trop énervé, on ne peut pas l’aider : la communication étant impossible, le soin l’est aussi. Souvent, les choses se calment. Quand on prend le temps de les laisser se calmer.
Le calme d’un soignant calme le patient. La colère accentue leur agressivité. C’est de la psychologie élémentaire. Malheureusement, on n’enseigne pas aux médecins la manière de désamorcer l’agressivité d’un patient. On devrait. On le fait dans d’autres pays, et ça profite à tout le monde.
En dehors de son interaction directe avec un patient, il me semble qu’il n’est pas du ressort d’un professionnel de porter des jugements es-qualités sur l’expression des patients.
Quand on dit qu’un patient qui twitte ses doléances « outrepasse ses droits de patient » par exemple, ou qu’il « agresse le corps médical », que dit-on exactement ?
Que certaines paroles ne devraient pas pouvoir être dites publiquement quand elles désignent certains corps professionnels ?
Le corps médical (et j’aimerais qu’on me dise ce que c’est, tant il est hétérogène) mérite-t-il plus d’égard que les avocats, les instituteurs ou les agents de la force publique ? Ou les épiciers ? Ou les coiffeurs ?
Les droits d’un patient et les limites de ces droits sont circonscrits au cadre de la relation de soin. En dehors d’elle, chaque citoyen a les mêmes droits. A priori, en dehors de l’attaque ad hominem et de la diffamation ou des propos haineux ou visés par la loi, la liberté d’expression est assurée pour tous, même pour un patient qui vitupère à l’égard de professionnels de santé. Demander que cette liberté d’expression soit limitée pose de furieux problèmes éthiques et légaux.
Pour la loi, les positions respectives du patient et du professionnel ne sont pas identiques. Ni même symétriques.
Beaucoup de professionnels de santé (pas tous, hélas) ont pu choisir où s’installer, quoi et comment soigner. Aucun médecin, par exemple, ne dépend des patients : il peut presque tout le temps les sélectionner, les choisir, en écarter certains. (Même si en principe, la loi interdit la discrimination).
Cette indépendance est même inscrite dans le Code de déontologie des médecins. Et les médecins disposent de prérogatives très importantes quand il s’agit d’exercer leur profession. Si importantes que pendant longtemps, l’exercice de la médecine était aussi le règne des abus de pouvoir. Depuis 50 ans, des lois ont été rédigées pour limiter ces abus. C’est tout le sens du code de déontologie, dont la deuxième partie s’intitule : « Devoirs envers les patients ». C’est aussi le sens de la loi Kouchner de 2002.
Le patient, en revanche, est dépendant de beaucoup de monde, et à beaucoup d’égards : il ne peut pas toujours choisir son médecin (pour des raisons démographiques ou de spécialisation) et il a fallu voter une loi pour lui permettre d’exercer sa liberté de refuser des traitements, par exemple. Cette loi malheureusement ne suffit pas, car pour la faire respecter, il faudrait que tout le système de santé (du haut en bas) la respecte, sur tout le territoire. Ce n’est pas le cas.
D’un côté, une loi qui restreint les abus de pouvoir des médecins. De l’autre, une loi qui permet l’exercice de la liberté des patients. L’asymétrie des positions respectives n’est donc pas seulement une vue de l’esprit. C’est une réalité inscrite dans le Code de la Santé Publique. En être conscient est essentiel. Ne pas voir cette asymétrie, la nier ou la tenir pour négligeable, c’est certes plus confortable, mais ça interdit toute réflexion sur les dynamiques et les rapports de force en jeu.
Souffrance des patients et souffrance des soignants sont deux problèmes distincts
La souffrance des patients est liée d’abord à la maladie et à leurs conditions de vie ou de travail, ensuite parfois à certains professionnels, à certaines institutions de soins. Les professionnels font ce qu’ils peuvent. (Au moins pour « ne pas nuire ».)
La souffrance des soignants est provoquée d’abord et avant tout par les institutions, dès l’école (de médecine, d’infirmières/iers, de sages-femmes) jusqu’aux administrations de l’Etat, en passant par les établissements de soin. De manière occasionnelle, les professionnels subissent aussi les éclats des patients. Et ce sont toujours les mêmes soignants qui les subissent, comme on le verra plus loin.
Il n’est pas possible de comparer ces deux situations de souffrance ; pas plus qu’on ne peut comparer la souffrance des manifestants matraqués à celle, réelle, de certains membres des forces de police. (1) Les deux souffrances existent. C’est tout ce qu’on peut dire. Et elles doivent être envisagées séparément, et non comme deux souffrances qui s’opposent.
Les patients sont-ils responsables de la souffrance des soignants ?
S’ils ne sont ni agressifs ni insultants, non. Ils sont soumis aux mêmes lois, aux mêmes contraintes (et souvent à des contraintes pires). Et en plus, ils consultent parce qu’ils sont obligés, pas par plaisir ou pour mettre exprès les médecins en échec avec des problèmes insolubles.
Est-ce que la violence des patients à l’encontre des professionnels est fréquente ? Impossible de le dire : il n’y a pas d’enquête là-dessus à ma connaissance (si vous en connaissez, s’il vous plaît, communiquez-moi les références, je les publierai). Ce serait pourtant utile d’en analyser les circonstances, pour les comprendre et les prévenir.
Les professionnels sont-ils responsables de la souffrance des patients ?
Quand cette souffrance est due à la maladie, aux conditions de vie ou aux institutions, bien sûr que non.
Quand elle est due au système de santé ou à ses professionnels, tout soignant est concerné. De près ou de loin. Je ne parle pas ici de culpabilité, mais de responsabilité. Quand un individu est membre d’une profession de santé, tout ce que fait cette profession le concerne. Et il doit, à mon avis, se sentir impliqué dans ce que font ses collèges. S’il se réjouit des succès et des accomplissements, il doit se révolter devant les ratages. Et s’il ne prend pas position clairement pour condamner les méfaits d’un confrère, cette confraternité complaisante sera toujours perçue comme de la collusion par les patients. Comment peut-il s’attendre, alors, à ce que les patients aient confiance en lui ou dans la profession ?
Dans un conflit entre patient et soignant, la parole du patient devrait être prise en compte au même titre que celle du professionnel. Et avoir le même poids.
Or, dans les faits, parce que nous vivons dans une société hiérarchisée, c’est loin de se passer comme ça. La paroles des patients est souvent mise en question dès l’énoncé de leur maladie ou de leurs plaintes. Alors, quand ils invoquent la maltraitance, elle l’est encore moins.
Comment alors, les soignants eux-mêmes pourraient-ils attendre que les patients prennent en compte leur souffrance ? Les patients n’ont pas pour vocation de soigner les soignants. Et s’ils ont le sentiment de n’être pas entendus par beaucoup de soignants, pourquoi les entendraient-ils en retour ?
Patients et soignants souffrent-ils tous de la même manière ?
Non, je ne vais pas comparer les deux types de souffrance l’une à l’autre…
Je veux souligner ceci :
Tous les patients ne sont pas égaux devant la maladie : les déterminants socio-économiques et culturels ont un poids immense dans la santé d’un individu. Les riches ont accès à plus de possibilités de se soigner, et à des soins de meilleure qualité que les pauvres. Ils ont les moyens d’être courtois et de bonne humeur avec leurs médecins.
Tous les soignants ne sont pas égaux non plus dans la hiérarchie sociale. Ceux qui caracolent au sommet de la hiérarchie non seulement ne souffrent pas (de burn-out, de harcèlement, de conditions de travail insensées), mais ils sont souvent en position de décider et, parfois, de faire souffrir tout le monde : les patients et les autres soignants.
Parce qu’ils sont en position de pouvoir.
Les soignants de terrain sont à l’autre bout de l’échelle. Ils dépendent des spécialistes, des hôpitaux, de la sécu, de tout le monde.
Et là, une question toute simple se pose : qui sont les véritables adversaires des soignants de terrain ? De qui devraient-ils être les alliés ?
Un conflit qui empêche de lutter contre les véritables causes
A l’heure actuelle, les patients reprochent aux soignants de terrain (qui sont en position de les écouter) les souffrances que d’autres leur ont fait subir. Et qu’ils n’ont pas pu dénoncer.
Quand les professionnels sont hésitants à les croire, parce qu’ils se sentent impuissants ou submergés, les patients prennent ces hésitations comme une fin de non-recevoir et une forme de collusion. Et dans le même temps, les soignants de terrain reprochent aux patients de ne pas tenir compte de leurs conditions de travail.
Cette incompréhension mutuelle alimente les conflits (verbaux, sinon physique) et empêche les deux camps de s’unir et d’oeuvrer ensemble contre la cause commune de ces inégalités et de ces souffrances : un système élitiste, qui dessert la majorité des citoyens et exploite la majorité des professionnels de santé.
Un système qui ne fait que reproduire, de manière aiguë, l’élitisme et les inégalités de la société française dans son ensemble.
Le temps est-il enfin venu, pour les soignants qui en ont assez d’être exploités, de s’allier aux patients qu’on maltraite ?
Marc Zaffran/Martin Winckler
————————-(1) Si cette analogie vous déplaît, elle n’en est pas moins valide : dans les deux cas, il s’agit d’opposer les citoyens aux membres d’une institution destinée à servir les citoyens. La différence, c’est que beaucoup de médecins sont des libéraux et ont le sentiment de ne pas faire partie d’une institution. Ils font pourtant partie du système de soin, qui travaille à servir le public, comme la police, l’armée, l’éducation nationale ou la fonction publique dans son ensemble. Cette ambivalence entretient la confusion chez tout le monde : les patients voient les médecins comme des membres du service public, les médecins se voient comme des individus autonomes.
Continuer la lecture
Ne pas croire ce que disent les patients est une attitude antiscientifique et contraire à l’éthique. C’est aussi une posture de classe.
Du point de vue éthique, il me semble moins grave de se tromper avec le patient (parce qu’on l’a cru) que d’avoir raison contre lui (en ayant refusé de le croire).
L’intensité d’une douleur et sa localisation peuvent être tout à fait trompeuses : une sciatique peut provoquer une douleur du gros orteil sans aucune sensation dans le bas du dos ; une colique néphrétique peut se manifester par une douleur isolée du testicule ; une appendicite peut être prise pour la perforation d’un ulcère gastrique.
Ce préjugé, fort répandu, est un préjugé de classe. Et le monde médical français en est imprégné.
Et les inégalités entre les étudiantEs et les étudiants sont, déjà, criantes : une étudiante ou une interne enceinte ne peut pas faire valider son stage si elle accouche pendant son déroulement. Il y a déjà deux classes parmi les étudiants en médecine : les femmes et les hommes ne sont pas traités (ni crus, voir les exemples ci-dessus) de la même manière.
Ce n’est pas une « posture », c’est la seule attitude moralement acceptable pour un professionnel de santé, celle qui permet d’apporter au moins réconfort et consolation.
Les mots sous le sarrau – par Isabelle Burnier
« Et si… ? » n’est pas un argument médical ou scientifique
Quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurée.
Hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles.
Ne pas le faire, et user d’arguments non scientifiques est donc un viol des obligations.
« Et si… ? » est clairement un argument déloyal, menaçant et non scientifique, qui empêche le patient de prendre une décision éclairée et autonome. C’est un viol du code de déontologie en vue de 1°
A refuser la fourniture d’un bien ou d’un service et 2° aux fins d’interdire l’accès à un service ou un soin auquel le patient a droit ou, pire encore à imposer un soin ou un geste refusé par un patient (examen ou geste comme, mettons, une épisiotomie comme dans cette histoire abominable de violence banalisée en salle d’accouchement…)
Martin Winckler/Dr Marc Zaffran
Tout choix de contraception est respectable. Y compris celui de ne pas en avoir – par Marc Zaffran/Martin WInckler
J’ai lu ces jours-ci un article (sur le blog Les filles électriques) dans lequel Lucile expliquait qu’elle avait décidé de ne pas utiliser de contraception.
J’imagine que ce blog va faire hurler certains médecins, qui n’hésiteront pas à qualifier l’attitude de cette femme d’ « obscurantiste » et de « rétrograde ». Dans leur esprit, en 2016, une femme qui décide de ne pas utiliser de contraception et de courir le risque d’une grossesse est probablement une folle ou une écervelée.
D’autres médecins et/ou militant.e.s, vont peut-être déclarer qu’utiliser une contraception est une « liberté chèrement gagnée » et que toutes les femmes devraient en profiter.
Je pense que les premiers sont paternalistes et obtus, et que les second.e.s se trompent de combat. Car la liberté des femmes ne consiste pas à choisir une contraception, elle consiste pour chaque femme à décider ce qu’elle veut faire de sa vie, chaque jour. Et ça peut consister à ne pas utiliser de contraception. Même si elle n’a aucune intention ou désir d’être enceinte.
Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de raison médicale ou morale à opposer aux femmes qui ne veulent pas utiliser pilule, DIU, implant ou préservatifs et capes cervicales (les méthodes « médicalisées ») et préfèrent d’autres méthodes qu’elles considèrent comme plus naturelles et moins invasives.
Il n’y a, à l’heure actuelle, aucune raison médicale ou morale d’interdire (ou de diaboliser) l’utilisation de la contraception du lendemain (Norlevo) plusieur fois par an à une femme qui voudrait n’utiliser que ça.
Il n’y a aucune raison médicale ou morale de refuser une stérilisation volontaire à une femme qui le demande, tout au plus devrait-on les prévenir que les regrets sont plus fréquents quand on le fait avant trente ans (1), qu’avant cet âge, une ligature de trompes est statistiquement moins efficace qu’un DIU, et que la méthode Essure, quoique très efficace, n’est pas dénuée de complications…
Mais une fois qu’on les a informées, si leur décision est prise, personne n’a le droit de la contester.
Il n’y a même aucune raison médicale – et certainement aucune raison morale ou légale – d’interdire à une femme de recourir à l’IVG à plusieurs reprises. Cela étant, ce « recours à l’IVG comme contraception » est un fantasme. Pour avoir travaillé pendant vingt-cinq ans dans un centre de planification, j’ai pu constater de mes yeux que très peu de femmes ont recours à cette extrémité, et que celles qui le font ont une vie plus que difficile, et cessent d’y avoir recours quand leur vie s’améliore.
Et je remercie le sort de m’avoir fait vivre et exercer la médecine à une époque où elles ont le droit de se faire avorter sans courir le risque de mourir ou de rester mutilées. Car ce sont toujours les plus pauvres qui paient le prix de l’illégalité. La légalisation de l’IVG n’était pas seulement une liberté auxquelles les femmes avaient droit, c’était une mesure d’équité envers les femmes les plus démunies et les plus vulnérables, celles qui ont le moins accès aux médecins, à l’information et à la contraception.
Tout ça pour affirmer clairement ceci : une femme qui décide de ne pas avoir de contraception et court le risque d’être enceinte – et assume d’avoir à décider ce qu’elle fera ensuite – est aussi respectable dans ses choix qu’une femme qui décide de ne pas courir ce risque.
Car l’enjeu réel du choix, c‘est celui de la liberté de chacune et non des valeurs que l’on plaque sur ce choix. Quand il s’agit de choisir ce qu’on fait de sa propre vie, d’un point de vue moral tous les choix se valent (2). C’est du point de vue social ou psychologique qu’on leur attribue des différences. C’est parce qu’on projette ses valeurs sur les choix des autres.
Comme beaucoup, j’ai tendance à penser qu’une sexualité libérée de l’éventualité d’une grossesse non désirée est préférable à une sexualité qui comporte ce risque. Mais c’est mon opinion, ma perception des choses. J’ai admis depuis longtemps que ça n’est pas celle de tout le monde, même si c’est une des plus répandues. Et je ne dirai jamais que mon opinion vaut mieux que celle des femmes qui en ont une autre. Cela reste une perception subjective, dans mon cas comme pour quiconque.
On peut, comme c’est mon cas, avoir eu des enfants et militer pour la liberté de se faire stériliser quand on n’en veut pas.
On peut, comme c’est mon cas, défendre l’accès libre à toutes les formes de contraception – et à une information loyale – et militer pour la liberté de ne pas en utiliser.
Car chaque fois que nous prenons une décision, nous le faisons en sachant qu’elle comporte des risques. Avoir des relations sexuelles, prendre la pilule, décider d’être enceinte et d’avoir un enfant, tout ça comporte des risques : la vie, c’est risqué. Et les conséquences, il faudra les assumer.
De sorte que personne n’a le droit de porter de jugement sur les risques que nous décidons, chacun.e, de courir.
Surtout pas les médecins.
Marc Zaffran/Martin Winckler
—————-
(1) Ce sont des enquêtes de grande ampleur qui le disent, pas moi. Ces mêmes enquêtes montrent aussi, dans les pays où la stérilisation volontaire est légale depuis les années soixante que, parmi la faible proportion de personnes qui regrettent, une proportion plus faible encore recourt à une chirurgie de réparation… Un regret n’est pas la même chose qu’un désir.
(2) D’un point de vue moral, on peut même défendre qu’avoir des enfants est plus discutable que ne pas en avoir. Après tout, les enfants que nous mettons au monde – et que nous exposons à ses cruautés – ne nous ont rien demandé… Continuer la lecture
La discrimination par un médecin est passible de la correctionnelle – par Marc Zaffran/Martin Winckler
Une internaute m’écrit via Twitter :

Article 8 (article R.4127-8 du CSP) Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu’il estime les plus appropriées en la circonstance.Il doit, sans négliger son devoir d’assistance morale, limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l’efficacité des soins. Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients et des conséquences des différentes investigations et thérapeutiques possibles.
Article 7 (article R.4127-7 du CSP) Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard.Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances. Il ne doit jamais se départir d’une attitude correcte et attentive envers la personne examinée.
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Constitue également une discrimination toute distinction opérée entre les personnes morales à raison de l’origine, du sexe, de la situation de famille, de l’apparence physique, du patronyme, de l’état de santé, du handicap, des caractéristiques génétiques, des mœurs, de l’orientation sexuelle, de l’âge, des opinions politiques, des activités syndicales, de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée des membres ou de certains membres de ces personnes morales »
« La discrimination définie à l’article 225-1, commise à l’égard d’une personne physique ou morale, est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 Euros d’amende lorsqu’elle consiste : 1° A refuser la fourniture d’un bien ou d’un service ; 2° A entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque ; 3° A refuser d’embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne ; 4° A subordonner la fourniture d’un bien ou d’un service à une condition fondée sur l’un des éléments visés à l’article 225-1 ; 5° A subordonner une offre d’emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une condition fondée sur l’un des éléments visés à l’article 225-1 ; 6° A refuser d’accepter une personne à l’un des stages visés par le 2° de l’article L. 412-8 du code de la sécurité sociale. Lorsque le refus discriminatoire prévu au 1° est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 Euros d’amende ».
Il faut parfois plusieurs années pour qu’un médecin voie ses comportements remis en cause. Il est très probable que c’est parce que la plupart des patients ne savent pas comment réagir, ou réagissent de manière inappropriée (les plaintes devant l’Ordre des médecins sont rarement suivies d’effet). Il est temps que ça change.
Le jour où vous vous trouverez face à un. praticien.ne qui viole l’un ou plusieurs de ces articles, vous pouvez déjà faire quelque chose de très simple : vous lever, sortir et partir sans payer. L’article 53 précise en effet que des honoraires ne peuvent être demandés que pour un acte réellement effectué.
« Les blouses blanches qui ne voient qu’un utérus sur pattes » – par Anna
Ce texte est le contenu – légèrement édité – d’un courriel qui m’a été envoyé par « Anna ». Après l’avoir lu, j’ai demandé à son auteure l’autorisation de le reproduire ici. Il me semble très significatif des relations difficiles que rencontrent aujourd’hui les femmes auprès des médecins en général, et des gynécologues en particulier, quand elles ont envie de dialoguer, de s’informer, et d’avoir une attitude responsable.
MW
Je viens de lire un article aujourd’hui, qui citait un rhumatologue argentin en ces termes: « Le soin constitue une démarche infiniment plus complexe et subtile que la seule mise en oeuvre d’un protocole ou l’administration d’un geste ou d’une substance et comporte – et devrait normalement intégrer – des dimensions culturelles, sociales, relationnelles et psychologiques« .
Ces lignes m’ont refait penser à une situation dans laquelle je me trouve et à votre livre, Le Choeur des femmes, que j’ai lu il y a quelques années.
Inquiétant « seulement si ça dure plus de dix jours »
En novembre dernier j’ai eu des saignements anormaux (je suis sous pilule que je prends en continu et n’ai donc jamais de règles, depuis des années) accompagnés de douleurs vraiment, vraiment aigües. Je prends rarement rendez-vous chez le médecin, mon rendez-vous annuel chez ma gynécologue approchait… Je me suis contentée d’appeler son cabinet et l’ai un peu avancé.
Elle m’a dit que seuls des saignements durant plus de dix jours ou des douleurs « vraiment particulièrement anormales » devaient m’inquiéter. Bon, j’ai pris ça pour moi, même si je trouvais mes douleurs anormales.
Le contrôle s’est fait de manière normale (je consulte souvent votre site, www.martinwinckler.com, je sais que vous indiquez qu’un frottis n’est nécessaire que tous les trois ans pour les jeunes femmes (je viens d’avoir 28 ans) mais bon… Pour obtenir la pilule en Suisse, il est obligatoire de consulter chaque année et ma gynéco fait un frottis d’office (en gros elle fait un peu tout l’inverse de ce que vous préconisez, exigeant de ses patientes qu’elles se mettent totalement nues, pas super à l’écoute, et avec une consultation qui dure en général 5 minutes, entre le moment où je sonne à la porte d’entrée et celui où je me retrouve devant la porte de l’ascenseur).
Suite à ce contrôle, elle m’a dit qu’a priori, tout allait bien « au-revoir-à-l’année-prochaine ». Une semaine après, je rentre chez moi et trouve une lettre m’indiquant qu’on ma décelé une « petite infection du col de l’utérus ». En lien, deux pages imprimées d’un site internet avec des questions-réponses sur le HPV. Déjà, là, j’ai eu un certain choc. Je ne savais pas quoi faire de cette lettre, j’ai tout de suite appelé mon ami, qui n’était pas avec moi ce soir-là. Bref, j’ai senti mes entrailles se serrer et un sentiment de malaise global qui ne s’est jamais évanoui depuis.
J’ai bien sûr lu qu’une énorme partie de la population était porteuse de HPV, que tous les papillomavirus ne sont pas oncogènes, que la plupart du temps le virus disparaît de lui-même, que les pharmas sont bien contentes de l’inquiétude que la menace de ce virus peut générer pour pouvoir vendre d’autant plus facilement leur Gardasil (qui ne m’a pas été proposé, car il s’est généralisé au moment où il était déjà trop tard pour moi, selon ma généraliste)…
Mélange de banalisation et de messages préoccupants
Mais j’affrontais un mélange d’info qui banalisaient l’affection et la rendaient préoccupante à la fois. Et je ne parvenais pas à définir l’attitude à adopter rationnellement face à ça. Mon feeling, lui, était assez sûr: cette histoire, je la sentais mal. J’avais la tête bourrée de questions, et beaucoup tournent toujours.
Dans tout ça, j’ai eu une chance: mon ami s’est montré extrêmement présent et à l’écoute, sans dramatiser les choses mais en prenant mes signaux au sérieux. Ce que j’aurais attendu, en partie, du corps médical.
Le problème, je crois, c’est que tous les médecins que j’ai vu depuis se foutent totalement de ma personne (je n’ai pas d’autre expression…). Ma gynéco voulait me donner un rendez-vous un mois après m’avoir envoyé la lettre. J’ai dû insister pour dire que je voulais la voir le plus vite possible. Sa secrétaire se voulait rassurante: « Mais vous savez, c’est rien, on en voit tous les jours, des cas comme vous, faites comme si de rien n’était ». Je n’avais pas spécialement envie de faire « comme si de rien n’était », je voulais savoir ce que j’avais et ce que je devais faire.
J’ai fini par obtenir un rendez-vous qui ne m’a rien apporté. Il s’agissait pour ma gynécologue de me dire de prendre rendez-vous avec un autre collègue pour une colposcopie. « Il peut vous faire une séance de laser dans la foulée, c’est l’avantage avec lui. Il faut juste que vous ameniez un acompte ». Bon, ok… J’essaie de savoir si je suis donc contagieuse. « Oui ». Et donc ce que je dois changer dans mes habitudes. « Rien, faites comme avant ».
Elle ne me demande pas si j’ai plusieurs partenaires, si mon compagnon a éventuellement d’autres relations, ni rien sur aucune de mes habitudes sexuelles. J’aurais été échangiste, on m’aurait donné un blanc-seing pour aller batifoler avec qui je l’entends… Pour une personne atteinte d’une maladie sexuellement transmissible, le message était perturbant.
La transmission? « C’est très mystérieux »
J’ai tenté d’en savoir plus sur la transmission, sur la date à laquelle aurait pu remonter mon infection, savoir si je devais prévenir mes ex…. « Oh, vous savez, c’est très mystérieux, la façon dont ça se transmet. Et ça ne veut pas dire que votre compagnon est infidèle, ça ne sert à rien de remonter dans votre historique ». Comme si je cherchais un coupable, sauf que je cherchais à savoir si et qui j’avais pu infecter, car en général, lorsqu’on est sorti avec une personne durant un certain temps, c’est qu’on tient à elle et je ne voulais pas faire courir de risque à quiconque….
J’ai tenté un minuscule « Et les relations bucco-génitales? » et j’ai eu l’impression d’ennuyer. Mais la même réponse: « maintenant, vous l’avez, votre partenaire est éventuellement déjà infecté et porteur sain, donc ne vous posez pas de question ». Je sors de cet entretien avec ces questions concernant des précautions à prendre, des attitudes ou pratiques à éviter… Et en face, rien. « Continuez tout comme avant »
Je prends rendez-vous avec le spécialiste. Sa secrétaire était surprise d’entendre que je prenais un rendez-vous pour une colposcopie ET un laser. « Ca se fait en deux fois, normalement, il faut d’abord qu’il vous observe ». Bon, ok…. (bis). En attendant le rendez-vous, j’ouvre l’enveloppe que m’a remise ma gynéco à l’intention de son collègue. Ca y parle d’ASC-US, d’atypies cytonucléaires de signification indéterminée et de HPV haut risque, mais autre que 16 ou 18. Je tente de garder la tête froide, j’essaie d’expliquer ce que je peux à mon compagnon, bien obligée de lui dire qu’au fond, je ne suis sûre de rien.
Le nouveau gynéco me reçoit mi-décembre. Entre les deux, ma libido s’est quelque peu effondrée, je suis perturbée par le fait de porter un virus dont la première gynéco m’a dit qu’il se transmettait lors des rapports, mais que « c’est assez mystérieux » et que le préservatif ne protège que partiellement face à ça. Je me sentais… porteuse d’un truc un peu sale et qui se refile et qui peut potentiellement causer le cancer. C’est schématique, mais c’est ce que je ressentais.
« On peut se demander si ça vaut la peine »
A l’examen, à peine le spéculum posé, il me dit « y a une mycose, là ». Ah bon… Moi je n’avais rien senti. Je lui demande si une mycose a pu se développer en un mois, entre mon rendez-vous gynécologique et ce jour. « Oh, elle est là depuis longtemps, surtout si vous n’avez pas vraiment ressenti de symptôme ». Je lui demande s’il est normal que rien n’aie été détecté au précédent rendez-vous. Pas de réponse. Il fait la colposcopie. Me dit de me rhabiller. Je passe dans son bureau. Il m’indique un « score » de 8. M’explique en vitesse l’échelle qui va jusqu’à 24.
Je comprends que mon cas se développe depuis un certain temps, « aidé par la mycose », et ne partira pas tout seul et qu’il y a des lésions précancéreuses mais que le laser devrait régler tout ça. Je repartirai avec une prescription pour ma mycose, rendez-vous 4 mois plus tard, en mars, pour voir si elle est partie et alors on me fera du laser. Entre-deux, j’ai pour instruction de me badigeonner de Bétadine après chaque passage aux toilettes, douche ou rapport sexuel. Je me balade toujours avec ma petite bouteille, ça me fait un peu rire, mais c’est relativement contraignant, je dois dire.
Personne ne m’a demandé quel genre de vie sexuelle j’avais, à aucun moment. C’est moi qui ai dû venir en expliquant que j’avais eu plusieurs partenaires courant 2014-2015, et que je m’inquiétais des conséquences pour ces personnes. Face à ces questions, le second gynécologue a eu une réaction: « Bon, on peut se demander si ça vaut la peine de traiter au laser si c’est pour aller à droite et à gauche. Parce que plus il y a de partenaires, plus on s’expose. » Le ton m’a un peu bloquée. J’aurais très bien compris s’il m’avait dit une tournure du genre « Si vous souhaitez que le traitement soit efficace, il faudra limiter le nombre de partenaires » par exemple. Mais ce « Si c’est pour aller à droite et à gauche », sans s’adresser vraiment directement à moi… Je l’ai un peu pris comme un jugement de valeur par ce type en blouse blanche qui venait de me trifouiller le col.
Je ne savais pas si je devais en vouloir à ma gynéco d’être passée à côté de la mycose ou si ce sont des choses qui arrivent. Ce que voulait dire « elle est là depuis longtemps ». Un mois? Un an? Plus? Et ce papillomavirus? Depuis quand est-il planqué là? Depuis mes premiers rapports? Vais-je rester infectée (même si je ne suis plus contagieuse) toute ma vie? Vais-je devoir à l’avenir envisager d’expliquer à d’éventuels nouveaux partenaires avant l’acte « Tu sais, j’ai un HPV qui peut refiler le cancer, mais à mon dernier frottis tout était normal »? Bon, j’ai la chance de ne pas devoir insister sur cette question car je vis avec un homme formidable, et je compte rester avec lui longtemps. Mais bon, à 28 ans, on se dit qu’on a un peu la vie devant soi. Et ces réflexions sur l’avenir des relations, ça compte aussi…
Deux partenaires, un seul traitement
Une fois rentrée, j’ai parlé de tout ça avec mon compagnon et un proche, professionnel de la santé sexuelle. Tous les deux ont ouvert de grands yeux en entendant que j’étais revenue avec un traitement pour ma mycose seulement. Ils m’ont expliqué que, dans leur souvenir, on traite systématiquement les deux partenaires, sous peine de se refiler mutuellement la mycose, qui aura été traitée chez l’un mais pas chez l’autre. On est allé se renseigner en pharmacie, où il nous a été expliqué que « si le médecin a dit que c’était comme ça qu’il fallait traiter, alors il n’y avait rien de plus à faire ».
Les fêtes approchaient, on partait en vacances… On s’est mutuellement mis d’accord pour limiter les relations bucco-génitales (avec un HPV et une mycose, ça ne donne pas vraiment envie d’y mettre la langue, si j’ose dire…). A notre retour, j’ai tenté de voir ma généraliste pour lui dire que j’étais perdue, que je ne faisais pas confiance à mon ancienne gynéco, que je n’avais pas l’impression d’être entendue par le nouveau, que j’avais pas mal de questions. « Oh, vous savez, on meurt de plein de choses avant de mourir du col de l’utérus », finit-elle par lâcher, tout sourire.
Ajoutant qu’elle ne peut pas faire grand chose pour moi: « Suivez les instructions des médecins, tout ira bien ». A ma sortie, elle me lâche qu’en revanche, le jour où j’aurai « un projet de maternité », je ne dois pas hésiter: « la porte est ouverte ». Sauf que je n’ai pas de projet de maternité, j’ai un HPV dont j’aimerais qu’on s’occupe, et sur le remplissage de mon utérus, qu’on me laisse en paix… Mais je crois que c’était sa façon à elle de se montrer rassurante.
Merci le planning…
Après tout ça, j’ai fini par appeler le planning familial où une adorable dame qui s’est excusée plusieurs fois de ne pas être médecin a répondu à bien plus de mes inquiétudes que tous les autres représentants du corps médical. A conseillé à mon compagnon, qui se sentait un peu laissé-pour-compte, de prendre rendez-vous pour une auscultation chez un spécialiste, à nous deux d’effectivement éviter les contacts avec la bouche tant que la mycose traînait, que mes colocataires ne risquaient pas d’attraper ce HPV mais qu’il m’était conseillé de séparer le linge… Des conseils pratiques, en somme. Sur la vie de tous les jours, sur ma vie sexuelle aussi… Qui était comme niée chez les praticiens, comme s’ils voulaient ne pas voir qu’on ne parlait pas que de mon col de l’utérus, mais aussi de moi, de mon partenaire, de mes ex…
Je vous écris car je suis énervée contre ces blouses blanches qui ne voient qu’un utérus sur pattes. Qui s’étonnent qu’on aille « chercher des informations sur internet », mais ne répondent pas à nos interrogations de patients. A qui il faut aller arracher des infos au lieu de recevoir des conseils… J’avais l’impression de devoir faire les démarches, et de ne pas être prise en charge. Comprenons-nous: j’ai fini par comprendre que je n’avais rien de particulièrement grave, quoique les termes utilisés (virus, IST, oncologique, laser, cellules précancéreuses…) soient assez flippants. Je trouve ce monde médical totalement inhumain et décharné.
Je trouve irresponsable de dire aux gens atteints d’une maladie qui se transmet malgré le port du préservatif qu’ils peuvent « continuer comme avant ». Je trouve qu’avant de préconiser la vaccination de toute la population pour trois souches du virus, on devrait faire dans la prévention. Je trouve difficile pour les partenaires masculins qu’ils soient mis de côté dans la prise en charge parce que « Chez eux, c’est moins grave, ils ne risquent pas le cancer et en plus c’est difficile à détecter », tout en se fichant du fait qu’ils peuvent être porteurs et le refiler plus loin. Il ne s’agit pas d’être parano et de prôner l’abstinence. Mais juste d’informer des risques et des devoirs de chacun…
Voilà, c’est une réflexion finalement relativement banale, mais j’avais je crois besoin de la partager avec quelqu’un. Même si vous ne lisez pas ce mail, finalement, vous m’aurez déjà aidée – sans même le savoir- en me permettant de mettre ce début d’histoire par écrit.
Je ne sais pas où tout ça me mènera. Mais une chose est sûre: je vais changer de gynécologue.
Anna Continuer la lecture
La violence verbale des professionnels de santé contre les femmes sans enfant (et qui veulent le rester) – par Laura
Laura n’a pas d’enfant et elle n’en veut pas. C’est son choix, et elle y tient.
Elle m’a envoyé un long texte énumérant les réflexions désagréables, méchantes ou simplement stupides qu’elle a déjà entendues à ce sujet. Il y en a beaucoup. Certaines ont été proférées par des professionnel.le.s de santé. Elles en disent long sur la personnalité de ceux qui les ont dites – et sur le respect qu’ils manifestent pour les choix de vie qui ne sont pas les leurs.
Je les publie ici. Accrochez-vous. MW
****
****
****