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SAMU, je te dois mon salut!

Les soignants du libéral ou du service publique sont régulièrement pris pour cible et de plus en plus malgré un système de santé envié par de nombreux pays. Parfois de manière si virulente qu’on a la sensation que tout ce système est remis en cause à c… Continuer la lecture

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Non rien, juste la routine!

Début de semaine difficile avec une matinée essentiellement dédiée à la petite chirurgie. Je commençais avec un patient de 44 ans qui était venu me consulter quelques semaines auparavant pour une lésion récente et bourgeonnante du bas du dos peu spécifique.
Je l’avais alors trouvée peu inquiétante. J’avais même été plutôt rassurante. Je l’avais retiré, et donné à analyser. 
Et là, mauvaise surprise, l’anatomopathologiste avait découvert une tumeur grave. Je me préparais à le lui annoncer avant de le réopérer pour réaliser une marge de sécurité afin d’en améliorer le pronostic. (les cellules cancéreuses ayant la fâcheuse habitude de se propager localement d’abord puis à distance). 
J’ai pris mes deux rames et j’ai débuté mes explications face à un visage défait et étonné dans une ambiance forcément tendue. Silence pesant, colère contenue, sanglots étouffés. L’intervention s’est malgré tout bien passée.
Puis, la 2ème patiente (magnifique blonde d’une soixantaine d’années au visage et au corps parfaits) est entrée vociférante dans mon cabinet m’expliquant qu’elle avait dû interrompre son cours de gym (sic) pour être à l’heure alors que je venais de la faire patienter en salle d’attente (parmi tous ces gens) plus de vingt minutes…
J’ai cru rattraper le retard avec le troisième patient.
Motif de sa consultation: bulle indolore et arrondie de la verge (comprenez ampoule sur le zizi) depuis une semaine. Pas de contexte infectieux, lésion isolée. Bulle probablement d’origine mécanique.
Je l’ai percée avec une aiguille stérile, ce n’est pas (très) douloureux.
Puis je lui ai dit que ce n’était pas grave, juste une ampoule, probablement liée à des frictions répétées, comme on peut en avoir sur les pieds après le port de chaussures neuves, ou après le sport…
Les éclaircissements simples aux yeux des médecins ne le sont pas toujours pour les patients. Et la consultation s’est éternisée. Interloqué, il a réfléchi, et n’a pipé mot un long moment avant de se rhabiller et de s’en aller.
Alors qu’elle m’avait déjà apporté la dernière notification de l’URSSAF et les différents paiements en retard, la secrétaire s’est glissée dans l’entrebaîllement de la porte, l’air vaguement inquiet.
Des agents de la police judiciaire souhaitaient me poser des questions au sujet d’un patient. Retranchée derrière le secret médical qui ne souffre que peu de dérogations, je les ai raccompagnés à la porte d’entrée.
Je commençais à opérer une lésion hyper vascularisée du cuir chevelu d’un patient d’une cinquantaine d’années avec beaucoup de difficultés. Je sentais les gouttes de sueur perler sur mon front et s’écraser sur le champ opératoire.Puis une suture a lâché, puis une deuxième…Je n’arrivais pas à faire l’hémostase (comprenez ça saignait la rage).

Malgré un bon jeu de jambes acquis aux urgences, je n’ai pas pu éviter les éclaboussures de sang sur mes nouvelles chaussures en daim fauve.


J’ai supplié le chirurgien de la salle d’à côté de me venir en aide avec une moue de fillette fragile. J’ai fait abstraction de sa petite remarque moqueuse et paternaliste :  »ben alors, on ne sait plus faire un point en X ? »


Heureusement, le patient n’a pas été effrayé par mes tergiversations et par nos discussions. Il comprenait que je passais une mauvaise journée. Tentant de me rassurer, il m’a même dit : « c’est la loi des séries docteur, comme le jour où ma femme m’a quitté. Je suis descendu au café me détendre, j’ai posé mon sac à mes pieds et on me l’a dérobé. »


Sur ces bonnes paroles, j’ai pris mon téléphone portable pour appeler mes amis et j’ai réalisé qu’il ne fonctionnait ni en émission d’appels, ni en réception. Le service technique de mon opérateur téléphonique, contacté dans la foulée, m’a achevé : « c’est le propre du bug, on ne sait l’expliquer. »


Non rien, juste la routine. F

 

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Les frasques des fresques (Faut-il effacer les fresques des salles de garde?)


Entrer dans une salle de garde d’un hôpital la première fois m’a fait le même effet que feuilleter un numéro de Fluide Glacial, magazine ancêtre de Charlie, qui ferait rougir un charretier.

Un temple de la régression et de la transgression avec des fresques à caractère pornographique du sol au plafond caricaturant les médecins qui viennent y déjeuner parfois dîner et décompresser.
Ils (elles) y sont représenté(e)s souvent nu(e)s avec des partenaires multiples, dans des positions acrobatiques.

La surprise est totale devant ces dessins incroyables: sexes en réalité augmentée, fellations colorées, scènes historiques et mythologiques revisitées… Ils célèbrent un humour carabin, décalé et débridé.

Les salles de garde sont les réfectoires des médecins hospitaliers hommes et femmes qui le souhaitent (internes accompagnés de leurs externes, chefs de cliniques, praticiens hospitaliers…).
Ces lieux privés, réservés aux initiés, sont des locaux alloués par les directeurs d’hôpitaux.
D’abord au XVIIIe siècle pour la corporation des chirurgiens qui vivent à l’hôpital, puis au XIXe siècle pour tous les internes dont le statut venait d’être créé.

Gilles Tondini un photographe auteur a eu le privilège de les parcourir et de les faire connaître au grand public dans son ouvrage appelé l’image obscène.
De Gustave Doré à Cabut, des dessinateurs de renom, y ont mis leur patte.

Un rituel rigoureux et étonnant habite ces salles de garde.
Les tables sont disposées en U, les médecins y pénètrent exclusivement en blouses et s’assoient par ordre d’arrivée et seulement après avoir tapé sur le dos de chacun des convives déjà installés en signe d’appartenance à leur confraternité. La nappe est un drap (souvent jaune citron aux couleurs de l’APHP) sur laquelle on s’essuie la bouche faute de serviettes. Personne n’est autorisé à parler de médecine jusqu’à ce que le café soit posé à table en fin de repas.
Les médecins ne partiront qu’après avoir eu l’autorisation de l’économe.

L’économe, nommé pour un semestre renouvelable, sorte de souverain intendant, dirige ses administrés et fait respecter ces règles anciennes sous peine de la taxe, une sorte de gage désigné par le lancement d’une roue de loterie.
Il lui incombe d’organiser les améliorés (déjeuners haut de gamme à thème), et les tonus (soirées de fins de semestre d’interne, costumées ou pas du tout…)
Ridicule ce cérémonial ? Probablement. Mais ce sont les maladies qui tuent, jamais le ridicule.

De nombreuses salles de garde sont en train de fermer, le motif invoqué est économique.
Par ailleurs, l’APHP se pose actuellement une question des plus importantes: faut-il effacer les fresques des salles de garde ? Le motif invoqué est le sexisme qui s’en dégage. Qu’en pensent les principales et principaux intéressé(e)s c’est à dire les internes ?

Peut-être faut-il d’abord condamner et sanctionner les attitudes de certains médecins dans les services plutôt que des dessins.
Sexistes les médecins ? Dans la même proportion que le reste de la société ? Plus que les consultants ou les commerciaux dans leur cantine immaculée ? F

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Quand faut-il lâcher prise?

Tout le monde n’a pas la chance de mourir à 95 ans dans son sommeil entouré de sa famille et sans avoir jamais pris un médicament.
Depuis mes débuts à l’hôpital, j’ai été amenée à me poser des questions philosophiques telles que jusqu’où faut-il aller pour aider nos patients à vivre ? Quand la mort devient-elle préférable à la vie?
Je faisais la visite avec les infirmières un matin lorsque je trouvais une entrante des urgences inanimée dans son lit. Je ne connaissais pas encore son dossier, son passé, son traitement. Sans réfléchir, nous avons saisi le chariot de réanimation et nous l’avons récupérée, telle qu’elle était préalablement sans aggravation ni amélioration. Puis nous l’avons fait admettre en service d’unités de soins intensifs. Son mari était soulagé. Ils allaient reprendre leur quotidien, un quotidien sans déplacement, sans fête, un quotidien limité, certes. Les réanimateurs nous ont reproché nos manoeuvres, estimant que cette patiente avait des antécédents trop importants pour être sauvée, pour continuer à vivre. Là se dessine l’éternel débat : qu’appelle-t-on vivre ?
Un problème grave de santé suscite toujours de nombreuses questions quant à sa résolution.
Certaines situations sont évidentes. Si l’on croit à la guérison avec une restitution ad integrum, tout doit être tenté, ça tombe sous le sens. Masser un jeune patient en arrêt cardio-respiratoire plus de 30 minutes, trouver un remède expérimental à l’étranger, tenter une chirurgie délicate, débuter des traitements lourds mal tolérés.
Certaines situations sont bien plus complexes. Les prises en charge ainsi varient. Aucun cas de figure n’est comparable en médecine mais force est de constater que l’acharnement à traiter un lymphome de Hodgkin chez un trentenaire sans antécédent ne peut pas être le même que s’il s’agissait d’un cancer du pancréas chez une personne âgée et poly pathologique.
A la fin de mon clinicat (ou post-internat), j’avais ainsi décidé de ne pas traiter un lymphome cutané chez une patiente grabataire atteinte d’une démence d’Alzheimer. J’avais demandé aux internes de n’effectuer qu’un traitement symptomatique et pas curatif. Lorsque je suis revenue dans le service à l’occasion d’une réunion quelques semaines après, cette patiente entamait alors sa troisième cure de chimiothérapie, mon avis n’ayant pas été suivi par la nouvelle équipe.
Améliorer le confort et soulager la douleur ne sont jamais négociables. Pour le reste, quand faut-il lâcher prise?
Dans les examens complémentaires ? Ne faire des explorations que si leur résultat a un véritable intérêt pour la suite?
En terme de thérapeutique ? De quoi faut-il tenir compte ? De l’avis du patient d’abord s’il est en mesure de l’exprimer et s’il est compatible avec la réalité, de celui de sa famille. Des antécédents, de l’histoire de la maladie, de sa possible réversibilité, de son évolution, de la souffrance engendrée par les pathologies, de la capacité à supporter un traitement.
Je pense toujours à cette phrase d’Orwell (qui l’utilisait plutôt dans un registre comportemental dans 1984) : il ne suffit pas de rester en vie, il faut rester humain.
A l’inverse, mon père, plutôt en bonne santé, venait d’avoir 67 ans lorsque le Docteur B. urologue parisien lui avait diagnostiqué un cancer de prostate localisé (de petite taille sans métastase). J’avais alors évoqué le traitement avec le Dr B. Je n’oublierai jamais son incroyable attitude attentiste :  »oh ce n’est qu’un tout petit cancer, on peut juste surveiller ». Attendre quoi ? Que le cancer se développe ? Que mon père meurt d’autre chose ? Je l’ai donc confié à un autre urologue qui l’a guéri.
Les médecins s’interrogent, ils se concertent. Il leur arrive de s’opposer, de se déchirer. Il est impératif que les patients et leurs familles prennent part à ces discussions, donnent leur opinion. Ces différentes interactions mènent à des choix, parfois cornéliens. F

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La vaccination en questions et en réflexions

J’ai eu l’occasion de bénir la vaccination et ses inventeurs à de nombreuses reprises dans ma vie. Lorsque toute petite j’ai eu la rougeole. La vaccination n’était pas encore de mise. Un épisode douloureux et indélébile, la fièvre, l’inquiétude de mes parents, la fête pour célébrer ma guérison. 

Puis beaucoup plus tard de garde aux urgences pédiatriques, lorsque j’ai perdu un patient de 2 ans d’un purpura fulminans ( lésions dermatologiques liées à une infection par un méningocoque) malgré un diagnostic précoce et une instauration rapide des antibiotiques. 
Et enfin, lorsque j’ai observé, toujours aux urgences, une atteinte pharyngée incroyable chez un jeune roumain. Je n’ai alors pas évoqué la diphtérie, j’ignorais même que cette pathologie perdurait.
Depuis l’annonce du Pr Buzyn, nouvelle ministre de la santé, de rendre obligatoires 11 vaccins, la fronde anti vaccinale se mobilise (1) La période est à la méfiance et à la prudence, et internet se charge de jeter des pavés dans la marre et de rendre virale cette prudence. Les pétitions pullulent (2) et pas uniquement chez les adeptes du tout naturel. 
D’abord le doute est semé sur la dangerosité des vaccins en terme de contenus: aluminium (3), mercure, extraits d’êtres vivants (4)…
Les polémiques enflent: certains vaccins seraient suspectés d’entraîner des pathologies graves telles que la sclérose en plaques ou l’autisme. 
Les soupçons se répandent comme des traînées de poudre peu importe la nature des données sur lesquelles ils s’appuient. 
Les complots déchirent la toile. 
L’imputabilité des vaccins dans la genèse de l’autisme, me paraît personnellement difficile à établir.
C’est donc aux (vrais) scientifiques et à la justice de s’exprimer sur le sujet.
Les vaccins ont des effets secondaires certes, mais ils sont rares voire exceptionnels, connus, avérés et quantifiés.
Les détracteurs de la vaccination reprochent également aux laboratoires les bénéfices liés à la commercialisation des vaccins (3). Ce seraient les laboratoires qui pousseraient à l’obligation vaccinale pour s’enrichir sur le dos de la sécurité sociale et donc de nous tous.
Alors qu’ils auraient tellement plus à gagner si les gens n’étaient pas vaccinés vu les conséquences … 
Les traitements curatifs sont toujours plus onéreux que les traitements préventifs. 
Cette animosité contre le monde médical est intéressante, le bashing du lien santé-argent est très classique. Laissons aux plus idiots l’indécence de telles pensées.
En revanche, j’ai noté parmi mes lectures deux éléments pertinents (5) qui donnent matière à réflexion; d’une part, ce n’est pas l’importance d’une maladie qui détermine l’introduction d’un vaccin mais la commercialisation d’un vaccin qui génère une priorité de santé publique concernant une maladie. 
D’autre part, un vaccin est présumé efficace tant que son inefficacité n’a pas été démontrée mais un effet indésirable est présumé fortuit tant qu’on n’a pas pu prouver de lien de causalité avec le vaccin incriminé.
De mauvais arguments sont parfois mis en avant pour promouvoir la vaccination et les anti vaccins les utilisent contre nous. 
Par exemple, on ne peut pas attribuer la diminution de la mortalité infantile en France uniquement à la vaccination de masse.
En effet, les conditions de vie et en particulier sanitaires se sont largement améliorées, la toile de fond est incomparable.
L’épidémie de choléra sévissant actuellement au Yémen (déjà plus de 2000 morts) est liée aux mauvaises conditions hygiéniques. 
La vaccination ne constitue donc pas la seule prévention. 
Avoir une action directe sur l’origine et la diffusion des agents infectieux est primordial quand cela est possible.
Autre mauvais argument: il n’est pas exact que la vaccination évite toujours et totalement la maladie. Le BCG notamment n’évite pas la primo infection tuberculeuse mais il limiterait la gravité de la tuberculose (en particulier la miliaire tuberculeuse)
Et pourtant même si la vaccination n’est pas tout, l’Organisation mondiale de la santé estime qu’elle demeure l’une des interventions sanitaires les plus efficaces et les plus économiques. 
Elle a permis d’éradiquer la variole, de réduire de 99 % à ce jour l’incidence mondiale de la poliomyélite, et de faire baisser de façon spectaculaire la morbidité, les incapacités et la mortalité dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole. Pour la seule année 2003, on estime que la vaccination a évité plus de 2 millions de décès.
Pourquoi alors refuser la vaccination?
Parce qu’on croit à la séquence: je mange sain ça ira bien, aucune maladie dans ma vie…Si seulement c’était aussi simple.
Parce qu’on croit à la vaccination des autres. Si tout le monde est déjà vacciné, à quoi ça sert de se vacciner? 
À ceci près que les populations ne sont pas sédentaires. Elles migrent, s’expatrient, voyagent, se rencontrent.
Parce qu’on compte sur nos moyens techniques pour traiter ces maladies si elles arrivaient? Sauf que parfois le diagnostic de certaines pathologies n’est pas aisé et donc tardif.
Je vous ai parlé de la diphtérie mais j’ai eu aussi beaucoup de mal à reconnaître une rougeole lorsque j’en ai reçu une au cabinet il y a deux ans. 
J’en connaissais à peine la description et je n’en avais observé que dans les livres.
Enfin, la vaccination ne vaut que si elle est réalisée en masse pour éviter la propagation des pathologies, pourquoi s’opposer à cet acte de solidarité?
Faut-il par contre mettre sur le même plan ces 11 agents infectieux qui ont des modes de contamination si différents? 
Faut-il en passer par une obligation étatique? La coercition est elle une solution meilleure que la discussion?
Comme il est d’usage: je déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt, ou plutôt je n’ai pas de conflit mais j’ai beaucoup d’intérêt.
F

(1) http://www.huffingtonpost.fr/2017/07/16/vaccin-obligatoire-comment-les-anti-vaccins-sorganisent-pour-i_a_23031372/
(2) https://petitions.santenatureinnovation.com/11-vaccins-bientot-obligatoires/script/
(3) http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/vaccins-aluminium-autisme-la-video-eclairante-d-un-medecin-contre-les-rumeurs_1927989.html
(4) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/07/24/les-vaccins-contiennent-ils-du-porc-du-chien-et-du-f-tus-humain_5164373_4355770.html
(5) http://docteurdu16.blogspot.com/2017/05/cmt-est-il-legitime-de-rendre.html

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Mon sexe il est fun!

Depuis la nuit des temps, avoir un sexe au top nous préoccupe. Il faut d’abord qu’il soit attirant, parfois totalement épilé à l’égyptienne, parfois orné.

Les critères varient selon les époques et les tendances. Des petits rubans attachés sur leurs poils pubiens par les maîtresses des Rois de France aux teintures parfois très colorées de la pilosité intime en passant par le pubis strassé ou vajazzling (1).
On l’enjolive, on le rajeunit, on lui donne bonne mine, grâce à la cosmétique: crème repulpante, hydratante, éclaircissante. 
Il existe aussi du lipstick et du gloss pour les petites lèvres dans de nombreuses teintes.
Puis, on cherche comment améliorer les sensations, comment rendre les rapports inoubliables.
Cette obsession est désormais affichée, et plus uniquement réservée aux milieux spécialisés. Utilisation de gels lubrifiants en tout genre, introduction de différents objets : sex toy devenu classique, cigare chic (et présidentiel)…
Certaines décorations transforment ces sensations comme les piercings génitaux (2) parfois au prix de déchirures des muqueuses.
Les bouglous, petits éléments cylindriques posés sous la peau de la verge, au cours d’un rite de passage, ont le vent en poupe notamment en Guyane française (3).
Ainsi, on croyait tout savoir sur comment pimenter notre sexualité jusqu’à il y a quelques mois où s’est produit un tremblement de terre dans le monde de l’orgasme (4). 
Les paillettes de vagin ou passion dust intimacy capsule viennent d’une start-up américaine et promettent des rapports fun et étincelants. 
Ces capsules sont à insérer dans le vagin une heure avant de faire l’amour. Les paillettes colorées et comestibles se libèrent grâce aux sécrétions vaginales et donneraient un goût agréable, doux et sucré à la vulve et au vagin.
Cette poussière magique à vite bénéficié d’un tel bouche à oreille de la part des consommateurs/trices qu’elle est en rupture de stock. 
Leur couverture médiatique est très large (5,6,7…) dans les magazines féminins et les quotidiens. 
Mais la sonnette d’alarme a été rapidement tirée par les gynécologues: les paillettes sucrées feraient varier l’équilibre de la flore vaginale et favoriseraient les infections bactériennes et mycosiques ainsi que les irritations.
Par ailleurs, certaines trouvent sexiste qu’il faille des artifices pour rendre leur vagin plus attractif. Comme si le naturel ne pouvait pas donner seul l’envie d’y goûter.

F

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A l’immortelle Mme Veil


Peu de personnes font véritablement l’histoire de France, sont véritablement l’histoire de France. Et vous en êtes, Mme Veil.
Vous avez subi une zone noire de l’histoire de France que vous avez fini par partager pour que personne ne puisse avoir l’indécence ou l’impudence d’oublier. 
Vous avez éclairé une autre partie de cette histoire en permettant un droit humain fondamental.
Au lieu de rester une histoire de femmes, qui plus est, légères et inconséquentes, l’avortement est devenu, grâce à vous, un débat sur la société, un débat sur la liberté, et a fini par concerner tout le monde.

Vous avez réussi à tordre les piliers censés guider nos décisions, opposés à notre indépendance, tels que la religion et sa morale (voire sa moralisation) ainsi que l’ordre établi, que vous avez osé remettre en question.

Tenter d’effacer enfin la confusion entre femme libre et femme facile.

Vous avez pris la parole si courageusement pour changer nos destinées devant un public hostile, peu convaincu.

Vous nous avez permis une réponse non clandestine, consentie, réfléchie certes uniquement par la femme, à une grossesse non désirée ou inattendue, parfois malgré une contraception jugée maîtrisée. Même si c’est toujours une réponse lourde et terrible, car c’est une décision toujours difficile.

Pour avoir rencontré de nombreuses femmes dans cette situation, et vous Madame Veil l’avez rappelé, la souffrance y demeure systématique.

Mais quelles que soient les motivations de ce recours, il donne lieu à des discussions, certes, mais désormais sans diabolisation, sans notion de punition.

Ne nous méprenons pas. Vous avez toujours défendu la vie mais pas dans n’importe quelle condition, pas par obligation.

Et choisir l’IVG, ce n’est pas détruire une vie, bien au contraire, c’est l’épargner, c’est décider, c’est soulager… Même si ce soulagement, tardif, est amer et incomplet, il est préféré à une vie forcée.

Alors que nos sœurs à l’étranger n’ont toujours pas les mêmes libertés, et ne sont pas prêtes de les avoir, que le droit à l’avortement est remis en question dans certains pays d’Europe comme l’Espagne ou la Pologne, le combat doit continuer et comme le disait l’autre Simone (de Beauvoir):

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

Comme tous les monuments et les académiciens, vous êtes immortelle, Mme Veil.

F

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Chers confrères, vous n’y pensez pas?

Chers collègues, chers amis, vous vous apprêtez à voter au second tour des présidentielles le 7 mai. Vous vous posez des questions. 
Certains d’entre vous s’indignent de la proximité d’un des sélectionnés avec l’actuelle ministre de la santé. 
Certains comparent les programmes en matière de santé des deux finalistes.

Mais qui se rappelle des décisions santé des deux finalistes en 2002? Qui s’en serait soucié à l’époque avant d’émettre son vote? Comme le dit Renaud Dely, dans son édito impeccable du numéro de Marianne du 28 avril, sommes-nous devenus fous?

 Vous êtes déçus par la classe politique, c’est normal. Elle nous a plongé dans ce chaos duquel nous tentons de nous extraire. Elle nous a mené  à cette idée incroyable et erronée de choix.

Alors qu’il n’y a là aucun choix, à part l’heure à laquelle vous allez vous déplacer vers votre bureau de vote. La tentation n’est pas une option, encore moins une solution.

Vous allez vous rendre à votre bureau de vote ce fameux 7 mai. Pas pour la politique. Pas pour les politiques et je rejoins les propos du Dr Jérôme Marty dans sa lettre ouverte aux politiques sans scrupule.

Pour vous, pour vos descendants, pour Hippocrate et son serment, pour vos Maîtres qui vous ont enseigné l’humanité et la solidarité.

Bien confraternellement, bien amicalement.

F

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Docteur, je crois que je sais ce que j’ai, vous en pensez quoi?

J’ai pu expérimenter le côté patient de la rencontre médecin-patient il y a quelques années. Juste avant de sombrer dans un coma vigile au détours d’une péritonite, j’ai aperçu le regard terrifié du médecin de SOS médecins qui repassait me voir. Je l’avais mal orienté en lui parlant de vomissements et de gastro entérite lors de sa première visite. Il m’avait trop bien écouté. Comment envisager alors une appendicite à l’origine d’une septicémie? Je l’avais induit en erreur.
Je reste persuadée que le début de la prise en charge est étroitement lié à la façon dont le patient présente les choses et à leur perception par le soignant. 


Un de mes anciens professeurs de dermatologie, Le Pr R., spécialisé en cancérologie cutanée, m’avait demandé d’assurer le suivi d’une de ses patientes, lors de son déménagement en région parisienne. 

Elle avait eu un mélanome (cancer de la peau) trois ans auparavant, ses bilans étaient négatifs jusque-là. 
Elle s’inquiétait pourtant d’une lésion pigmentée d’allure assez banale de l’avant-bras. Elle l’avait récemment montré au Pr R qui avait, à juste titre, évoqué un lentigo, lésion bénigne. 
Mais, elle insistait, je la sentais préoccupée. Lorsque je l’ai retiré, le résultat anatomo-pathologique lui a donné raison: il s’agissait bien d’un deuxième mélanome, de très bon pronostic heureusement, et pas d’un simple lentigo. 
L’intuition des patients est très importante, on le réalise notamment en pédiatrie quand les parents arrivent inquiets aux urgences. Leur impression est un préambule nécessaire et sert d’amorce à toute discussion. Il nous faut d’abord écouter. 
Ecouter mais avec une distance raisonnable,  un regard  bienveillant (pas de je suis le médecin, je sais tout) mais circonspect. 
Il m’arrive souvent de prendre en photos des lésions cutanées suspectes et de les regarder à tête reposée chez moi pour ne pas conclure hâtivement, dans un sens ou un autre, sous influence (je l’ai toujours eu docteur, on m’a dit que ce n’était pas grave).
Les données et leur utilisation varient selon l’état d’esprit du patient et aussi du soignant.  Un collègue m’a ainsi avoué qu’il décidait davantage de pratiquer des exérèses de naevi (retrait de grains de beauté) lorsqu’il se sentait en phase anxieuse.
Plus les bases de la relation de soin sont bonnes, plus la relation sera bonne. La qualité de cette relation impactera forcément le diagnostic et le traitement. Une relation de confiance,  un partenariat constructif, sans trop de proximité ni supériorité de la part du soignant, sans passivité ni hostilité de la part du malade.
Une récente étude américaine a d’ailleurs montré à quel point le comportement agressif de certains patients se retournait contre eux et influençait négativement leur prise en charge.
Les explications, les réponses, les comportements des soignants s’adaptent souvent avec difficulté aux multiples situations : intervention de l’entourage parfois pesant, avis médicaux précédents parfois discordants …
L’attitude de certains patients consistant à apporter au médecin sur un plateau le diagnostic voire le pronostic et le traitement, dessert et retarde la conduite à tenir. Elle provient souvent d’internet et des trop nombreuses informations qui y circulent impunément : sites et pseudo-sites scientifiques, blogs, forums…
Si certaines informations les aident et les renseignent vraiment, d’autres au contraire parasitent largement les discussions.
Il faut composer avec ce nouvel évangile aux millions d’apôtres, détricoter parfois les équations qu’ils sont certains d’avoir résolu.
La prise en charge d’un patient dépend certes de l’état des avancées scientifiques, des compétences des soignants, mais aussi de la façon d’être de chacun des interlocuteurs, du discours tenu, des rapports qu’ils entretiennent.
F

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Vous êtes un soignant pas un homme politique

Vous êtes médecin de garde lorsque l’infirmière vous appelle pour un patient en arrêt cardio-respiratoire. Etat inattendu pour ce patient sans antécédent particulier connu. Vous le massez, l’infirmière lui injecte une ampoule sous-cutanée d’adrénaline à votre demande, vous remuez dans tous les sens devant le chariot de réanimation mais rien n’y fait. L’infirmière remonte le drap sur ce visage figé  et vous murmure gentiment, la main sur votre épaule : c’est fini.

Vous êtes chirurgien en train d’opérer au bloc opératoire, une chirurgie de routine. Soudain, un bruit strident se fait entendre, l’électrocardiogramme est plat, les manœuvres de l’anesthésiste sont vaines, le patient vient de mourir sous vos yeux ébahis. Vous ignorez si vous avez fait une erreur dans la procédure comme fissurer une artère ou pas, et peu importe, la résultante est la même. Le décès est prononcé. Vous vous pencherez sur le dossier dans un deuxième temps mais il y a plus urgent.

Vous retirez votre masque et votre blouse. Vous inspirez un bon coup.

Et là, alors que vous n’avez même pas de conseiller en communication payé des millions (emploi fictif ou inutile?), vous vous préparez à vous adresser à la famille du défunt avec courage et honneur. Vous savez bien que ça n’effacera rien. Votre première déclaration sera pourtant déterminante.

Pas tant sur le plan juridique ou judiciaire, mais plutôt sur le plan humain.

Pour vous, pour eux. Pour leur dire que vous n’êtes pas irréprochable, que vous êtes un humain. Pour leur montrer que, coupable ou non, vous comprenez leur colère et leurs doutes, que vous appartenez comme eux à l’espèce humaine. Pour autant, vous ne cherchez pas d’excuse, vous évitez les  »ça arrive à tout le monde ».

Vous êtes désolé et c’est la chose que vous dites d’emblée et pas 2 semaines après.

Vous montrez votre solidarité et votre honnêteté. Vous n’affichez pas de déni, vous ne minimisez pas les faits. Ce n’est pas vous la victime.

Vous n’accusez pas les éléments ou d’autres protagonistes.

Vous n’évoquez pas Dieu, la religion étant restée à la maison.

Vous essayez de ne pas tout engluer dans une bouillie faussement bienveillante.

Chaque mot est réfléchi, décidé. Vous approuvez André Breton lorsqu’il dit :  » un mot et tout est perdu, un mot et tout est sauvé. » Vous vous exprimez clairement avec des mots justes et vrais.

Nul doute alors, vous êtes un soignant, pas un homme politique.


F

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Urgences!

La grippe, phénomène inédit de l’hiver, aggrave l’engorgement des urgences. Et le ministère de la santé de déclarer, je cite : j’ai demandé que l’aval des urgences soit fluidifié au maximum afin de pouvoir hospitaliser l’ensemble des personnes qui en auraient besoin et j’ai donné instruction pour que les patients soient pris en charge en ville quand leur état de santé le permet.
Et quand vous avez froid aux mains les enfants, sortez avec des gants !

Quelle lassitude! Jamais de remarque ou d’idée utile ou bienveillante, comme on serait en droit de l’attendre de nos dirigeants. Que des évidences, des banalités ou des idioties démagogiques, voire hostiles.

Ainsi, le tiers payant généralisé est affiché à tort comme une victoire populaire, une avancée sociale. Les français l’ont plébiscité paraît-il, à la lumière de plusieurs enquêtes d’opinion.

Mais dire que les français préfèrent le TPG revient à dire qu’ils préfèrent ne pas payer d’impôt ou être réveillés le matin par le baiser d’une mannequin plutôt que par leur radioréveil hurlant !

La question est trop peu pertinente. Elle est trop directe sans aucune explication sur le but pour l’état de ce TPG et de quoi il découle en réalité. D’un long mécanisme mortifère.

En effet, lorsque M. Van  Roekeghem, ancien d’AXA, 

est devenu directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) en 2004, il a été vivement critiqué pour sa gestion comptable d’assureur privé.

 Mais une fois au pouvoir en 2012, ce mouvement de déréglementation du secteur de la santé n’a finalement fait que s’intensifier, jusqu’à créer un système opaque contrôlé à distance, et jeter en pâture les professionnels de santé aux financiers et aux assureurs, sans efficacité sur le coût final pour les patients, bien au contraire.

Avec une véritable menace sur l’accès aux soins des français: la décorrélation entre le tarif de remboursement et la valeur économique de l’acte.

A cette situation, s’ajoutent un numerus clausus incroyable, une population vieillissante, consommatrice, exigeante, habituée à la gratuité des soins, des lourdeurs administratives, des charges conséquentes…

Dans un tel contexte, les médecins ne souhaitent plus s’installer et surtout pas dans des zones dépeuplées, certains s’expatrient et font profiter d’autres pays de leur savoir.

Certains font leurs études de médecine à l’étranger.

En milieu hospitalier, c’est pire. Les besoins humains et financiers augmentent et les budgets n’augmentent pas en conséquence, quand ils ne baissent pas…

Et là en 2016 pendant cette campagne, les gauches multiples clament leur idée de créer des dispensaires. Quelle idée formidable en théorie! Mais en pratique, qui est vraiment allé étudier leur faisabilité ? Comment les trouver ces médecins et infirmièr(e)s, toujours moins nombreux sur tout le territoire, qui accepteront d’être les salariés d’un système de santé moribond.

Et gros levée de boucliers lorsqu’un candidat de droite, pourtant pas forcément réputé pour son avant-gardisme, parle de réformer la sécurité sociale. Attention, il n’a pas dit stopper la protection sociale. Il est immédiatement sifflé, jeté aux chiens.

On l’accuse donc de vouloir privatiser le système de santé, ce qui est un comble, tout le monde en conviendra.

Acculé, il invoque alors Dieu pour se sortir de cette incompréhension.

Les défis en matière de santé sont énormes, seule une très bonne connaissance des différents terrains (les urgences, les services hospitaliers, la médecine de ville et de campagne…) permettrait de les relever.

En attendant, il ne faut pas oublier que si un seul candidat sera effectivement président, tous seront un jour des patients. F

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Le doigt tendu ou la rentrée est-ce vraiment une formalité (suite)?

Evan comme tous les enfants de son âge même les différents, venait de faire son entrée en 6ème. Heureux d’en être arrivé là, joyeux, motivé. Depuis 2005, la loi française demande en théorie d’intégrer les enfants à particularité en milieu ordinaire. En théorie bien sûr.

Après de nombreuses hésitations et des discussions à n’en plus finir, Florence, sa mère, avait suivi son souhait d’être un enfant normal dans son collège de secteur avec les camarades qu’il côtoyait depuis la maternelle. Ils avaient appris à le connaître, ils l’appréciaient, il ne serait pas seul, il serait épaulé.

Mais là, ont aussitôt soufflé des vents contraires: une nouvelle auxiliaire de vie scolaire froide sans empathie décrétant d’emblée que  » cela allait au-delà de ses compétences  », une professeure principale assez brave mais dépassée d’entrée de jeu, une nouvelle principale du collège noyée dans la réforme avec un dénominateur commun pour tous les intervenants: la certitude d’être bienveillants, d’avoir déjà tout essayé et de tout faire de manière optimale.

Cette fameuse autosatisfaction frisant la suffisance, souvent décalée.

Elle a gangrené l’école publique depuis des décennies, un enlisement inextricable dans la médiocrité.

Elle rend impossible l’épanouissement des enfants en particulier ceux en difficultés, quelles que soient les difficultés.

Les élèves subissent, plus ou moins selon leur caractère et leurs problèmes, un système rigide, immuable et perdu d’avance mais aussi le bon vouloir individuel des différents protagonistes.

En effet, les paroles encourageantes ne sont pas innées et l’empathie et la bienveillance ne sont malheureusement pas des matières enseignées aux professeurs.

On a tous le souvenir d’un professeur qui nous a mal parlé, enfoncé, et qu’on a détesté. J’étais la bête noire de Mme P. ma prof de bio de 1ère et de terminale (ancêtre de la SVT), elle me déchirait chaque fois qu’elle en avait l’occasion.

Elle m’a dit que je ne ferai jamais une carrière scientifique.

Lorsque j’ai eu ma première année de médecine, je lui ai donc envoyé une photocopie (ancêtre du selfie) de mon majeur tendu.

J’aurais volontiers continué mes vulgarités en 6ème année après le 2ème concours mais j’ai alors appris son décès.

Les gentils et les méchants finissent de la même manière mais ne laissent pas le même souvenir. Cela ne m’a pas arraché le cœur mais je ne serais jamais allée cracher sur sa tombe…

Puis la vie a continué. J’ai essuyé d’autres mépris qui m’ont plus ou moins servi ou desservi.

Et puis il y a eu le Pr D., Grand chef de service de dermatologie dans un Grand hôpital qui m’a (enfin) apprécié. Il m’a jugé intelligente et vrai ou pas, cela m’a beaucoup stimulé. Le cerveau est une zone de travail mais aussi d’émotions.

Il m’a (gentiment) confié des travaux, publiés par la suite dans des revues internationales.

Et on ne m’a alors plus jamais dit que je n’étais pas une scientifique.

A tous les Pr D. Ceux qui vous ont aidé. Ceux qui vous ont relevé.

A toi Evan et à tous les autres dont le jour viendra.

À l’hologramme du majeur tendu (le papier aura disparu) que vous enverrez au système et à certains de ses représentants.


F

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Errare humanum est (votez pour cette nouvelle en la likant dans le texte)

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Docteur, j’ai rendez-vous avec vous!

De celui qui arrive très en avance et scrute la salle d’attente à celui qui a du mal à partir à la fin de la consultation, les comportements des patients m’intéressent énormément. D’abord, l’attitude infantile qu’un bon nombre d’entre eux affiche, quels que soient leur âge, leur origine socio-professionnelle, et leur motif de consultation. Souvent touchante, à la longue, elle en deviendrait agaçante, comme avec un enfant, surtout en fin de journée.

Parfois, cela commence dès l’arrivée dans l’immeuble avec un vent de panique:  »sur quel bouton appuyer? La porte ne s’ouvre pas? Docteur, je suis coincé en bas…  » Ils se sentent vite désœuvrés.

Une fois dans le cabinet, ils ne parviennent pas à donner le nom de leurs médicaments, de leurs pathologies. Ils perdent leurs moyens devant le médecin tels des enfants interrogés au tableau.

La recherche du nom du traitement est un travail de détective et ressemble à un quiz d’émission télévisée, avec parfois une lueur d’espoir grâce aux smartphones:

‘‘Attendez docteur, je crois que j’ai pris mon traitement en photo… »

Certaines remarques nous désarment:  » vous savez le petit comprimé blanc dans une boîte bleue »,  » donnez-moi des noms, je vous dirai si c’est ça » ou bien encore  » vous voyez, la crème classique très forte à mettre le soir ».

Ils espèrent que les médecins vont leur souffler la réponse comme un camarade en classe, imaginant que les soignants connaissent les noms, les emballages et les galéniques des médicaments princeps et génériques, ou qu’ils ont des pouvoirs divinatoires, qui sait.

J’aime aussi beaucoup les descriptions des soins maison:  » ma grand-mère m’a appliqué un mélange de miel et d’huiles essentielles »,  » j’ai mis du dentifrice sur mes boutons du visage, on m’a dit que ça marchait ».

Après l’interrogatoire, ils se tiennent debout, interdits, devant le lit d’examen:  »où dois-je m’installer? »

En plus, l’examen dermatologique nécessite souvent de se déshabiller complètement (ou presque), ce qui les met encore plus mal à l’aise et leur rappelle leurs cours de natation pendant leur adolescence…

Puis, ils ne sont pas spontanés dans leurs explications, inquiets du jugement du praticien. A la question: ´´vous vous mettez beaucoup au soleil?´´ lorsque vous observez une peau très abîmée et de nombreux stigmates des expositions multiples, la réponse est souvent: ´´ non, je n’y vais presque jamais et je me protège toujours avec de l’écran total. ´´

Pris sur le vif, ils tentent de cacher la vérité.

Autre attitude que les soignants observent: la flatterie.

Je trouve toujours bizarre quand un patient me déclare:  » vous êtes mon dernier espoir, j’ai déjà vu 4 de vos collègues mais personne n’a vraiment réussi à me soulager », cela me met une de ces pressions…

Ou pire:  »j’ai vu votre collègue le Dr R., non seulement elle n’est pas sympa, mais elle a été nulle ».

Et là, quoi que je puisse penser de Dr R., j’essaie d’avoir une attitude confraternelle, je soutiens Dr R.et je croise les doigts pour que ce patient ne me descende pas de la même manière une fois sorti de mon cabinet.

Certains patients par contre sont très angoissés, limite hostiles, ils viennent avec une liste de questions interminable et un historique de plusieurs décennies.

Ils sont incollables, ils ont surfé sur le web, participé à de nombreux forums, ils vous attendent au tournant, ils savent quel traitement doit leur être prescrit. Vous avez l’impression de repasser le Concours.

D’autres souhaitent mutualiser leur consultation, ou ils n’ont pas trouvé de créneau supplémentaire, et demandent votre avis pour une autre personne  »vite, enlève ton tee-shirt, le docteur va regarder ton bouton » ou un avis sur une personne qui n’est pas là  »mon fils a des rougeurs du dos quand il fait chaud, vous croyez que c’est quoi? »

On pourrait ainsi faire une véritable étude sur l’humain et ses différentes réactions rien qu’en suivant plusieurs jours de consultation.

F

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La rentrée, est-ce vraiment une formalité?

La plupart des parents voient la rentrée des classes comme un passage en classe supérieure, une simple formalité, même s’ils semblent toujours un peu stressés.

Mais pour bien des enfants et leurs parents, la scolarité est un chemin de croix semé d’obstacles et de difficultés.
Florence, une de mes patientes, m’a ainsi évoqué le cas d’Evan son fils, avant les grandes vacances.
D’abord un bébé magnifique, souriant, presque trop souriant, avec déjà des réactions exacerbées au bruit notamment. Etant sa mère, Florence savait que quelque chose ne tournait pas rond, il était différent de ses 2 autres enfants.
Elle avait soulevé le problème, la pédiatre avait alors calmé le jeu. Puis, les soupçons continuaient, le doute s’insinuait.
Dès la rentrée en Petite Section à 3 ans, Florence est convoquée avec le père d’Evan, piétinés, déchirés par son institutrice qui le jugeait insolent et mal élevé. 
Florence s’est heurté à l’énorme fourmilière des psychologues dans laquelle les autorités de santé feraient mieux de mettre un bon coup de pied tant il y a à boire et à manger.
Les choses ont empiré, la vie quotidienne devenait monotone dans l’horreur des répétitions, des obsessions, des pleurs, des cris, des angoisses… 
Les bons moments, Florence les savourait, ils devenaient plus rares que les bons. 
La famille était proche de l’implosion. 
L’Education Nationale a baissé les bras qu’elle n’avait jamais levé d’ailleurs. L’enseignante de moyenne section, une bergère standard, trop occupée à mener son troupeau d’élèves à la transhumance, ne s’intéressait pas à cette brebis galeuse, même si à 4 ans et demi, la brebis égarée savait déjà lire.
Evan ne ressentait pas les choses normalement, ni ses propres émotions, ni celles des autres, il n’arrivait pas à profiter correctement de lui-même, il était comme encombré.
Les diagnostics allaient bon train, ceux de l’entourage, avec les mots de l’entourage, hyperactif, surdoué, autiste, trouble envahissant du développement … et ceux de l’APHP, avec des avis parfois contradictoires. 
La recherche de causes est l’étape suivante car en médecine, un symptôme correspond à une cause qui correspond à un traitement… Enfin, c’est ce qu’on voudrait…Si seulement c’était aussi simple… 
Qui dit cause dit aussi coupable ou faute. Qui est responsable? Les gènes? Florence et son manque d’affection? Ou au contraire l’Œdipe étouffant ? Le gluten? Les protéines animales?
Le manque de concentration du petit garçon l’a obligé rapidement à avoir une auxiliaire de vie scolaire à ses côtés en classe, métier d’utilité publique, sans vraie formation diplômante, avec un salaire de misère et un contrat précaire. 
La façon de les recruter reste une énigme pour les parents, leur changement est fréquent même en plein milieu de l’année laissant un sentiment d’abandon pour les enfants très délétère.
Pour obtenir ce soutien, il faut réaliser un dossier auprès de la MDPH (maison départementale des handicapés) ce qui classifie l’enfant dans les handicapés, ceci dit sans aucun jugement.
Cette classification englobe apparemment tout type de différences.
Et puis, les années ont passé, tantôt avec des enseignants compréhensifs et intéressés par la différence, tantôt avec des enseignants incapables de toute réflexion ou peu motivés, ou les deux… 
L’entourage de Florence la prend pour une Madone, une femme forte en titane. En vérité, elle n’a aucun autre choix que celui de s’adapter.
L’adaptabilité est une qualité essentielle, surtout pour être parent mais aussi pour être enseignant. Si c’est quelque part se rassurer que de dire que la différence est une chance, savoir l’apprivoiser est une preuve d’intelligence. 

F

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Pourquoi docteur et surtout comment?

Quel que soit le domaine, une question demeure prépondérante: pourquoi? En médecine comme en philosophie, cette interrogation précède toutes les autres. Pourquoi? Elle se transforme parfois en « pourquoi moi » chez certaines populations (en particulier originaires d’Europe de l’Est).
Le premier infarctus du myocarde (ou crise cardiaque) auquel j’ai assisté à l’hôpital était plus qu’attendu, même si la maladie et la mort sont illégitimes en Occident quelle que soit la situation préalable. Patient âgé, aux nombreux facteurs de risque cardio-vasculaires, obèse, tabagique… Il avait toutes les raisons d’avoir une artère bouchée. Pourtant, la première réaction des proches a été l’étonnement: « pourquoi? », ont-ils asséné au médecin. La tristesse n’est venue qu’ensuite. Je l’ai souvent observé lors de l’annonce d’une maladie: le questionnement voire la surprise. A qui la faute?
La première étape est donc de rechercher et d’énumérer la ou les causes, trouver la réponse au fameux pourquoi.
En médecine, à une symptomatologie devrait correspondre une maladie pour laquelle existerait une explication claire et le médecin adéquat pour la donner, ainsi qu’un remède (assorti de son remboursement). Même pour une verrue, il faut un coupable, la piscine municipale est un coupable parfait et l’azote liquide y remédierait, croit-on, définitivement. Sauf qu’en pratique, ce postulat est déjà erroné, et on est souvent loin de schémas simples. Si certaines causes (maladies bactériennes) et facteurs de risque (tabac sur certains cancers, photo exposition sur d’autres) sont bien établis, les liens de causalité ne sont pas toujours aussi nets. Ou placer les facteurs de risque génétiques et environnementaux et le manque de chance?
Les conclusions apparaissent moins évidentes que prévues aux yeux des patients. On se demande toujours si sans avoir identifié catégoriquement les causes, le traitement peut être optimal. Mais, la recherche trop poussée des causes empêche de vivre et d’avancer, et ne permet pas, la plupart du temps, de retourner en arrière. Il faut parfois savoir accepter de traiter une pathologie, ses symptômes et ses résultantes et pas ses causes et faire fi des injustices, des interrogations: pourquoi la leucémie (cancer du sang) de l’enfant, pourquoi le cancer du poumon chez le non-fumeur…
Après la (mauvaise) surprise, la phase de tristesse est obligatoire avant de digérer l’annonce de la maladie. Et fort heureusement, l’évidence de certaines issues n’évite pas la tristesse. Cette tristesse se teinte souvent d’inquiétude et de colère. Colère si tout n’a pas été entrepris pour éviter cette situation, colère car on est tellement triste qu’il nous faut trouver un ou des boucs émissaires (les soignants sont des candidats idéaux), colère contre les éléments et les circonstances, colère contre le mauvais sort.
La résignation est plus tardive. Acceptation de la maladie ou meilleure appréhension, elle est nécessaire pour ne pas sombrer dans la mélancolie et pour débuter la phase active: le comment? Comment va s’organiser la prise en charge? En quoi va consister le traitement? Qu’en attendre? Que va-t-il cibler? Combien de temps va-t-il durer? Quelles évolutions sont à envisager? Quels effets secondaires sont attendus?
Ces explications, données avec empathie et avec fermeté mais sans brutalité. Elles sont entamées dès lors que la mauvaise nouvelle est encaissée, se veulent simples mais pas simplistes, pour ne pas être des « brutes en blanc » selon l’expression de Martin Winckler.
Évoquer tous les cas de figure, désamorcer les inquiétudes, anticiper, répondre aux questions que les patients posent et celles qui ne posent pas et ne pas hésiter à se répéter, les précisions s’imprimant mal dans des esprits angoissés. La bataille contre la maladie repose sur la dualité soignant-soigné.
Dans d’autres domaines comme celui de la criminalité, la séquence est un peu similaire. Le pourquoi et le comment nous y interpellent largement.
J’ai reçu un patient d’une trentaine d’années pour avis sur des cicatrices de brûlures. Il avait été retrouvé, laissé pour mort, il y a quelques années, gravement blessé par de l’acide à priori, après un concert de rock. Pourquoi? Pas de raison particulière, pas de motif, ni raciste, ni antisémite, ni financier. Le mobile ne constituant bien sûr pas une explication, ni une raison, et encore moins une excuse.
On s’est beaucoup intéressé depuis la vague d’attentats sévissant en Europe au pourquoi des assaillants. On a, çà et là, évoqué une petite enfance malheureuse, une dépression, un déséquilibre (comme si perpétrer un attentat laissait supposer beaucoup de sens commun).
A essayer de donner des explications à tout, ne finit on par dire n’importe quoi et par être contre-productif? Puis dans ce domaine aussi, après les phases de colère et de tristesse, mêmes interrogations, et en particulier comment va se préparer la lutte?
F

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Pensées pour Madame Simone Veil

Nous vous souhaitons, toutes (et tous), un prompt rétablissement, et nous, les Françaises, pensons à vous avec un respect infini, Madame Veil.

Au lieu de rester une histoire de femmes, qui plus est, légères et inconséquentes, l’avortement est devenu, grâce à vous, un débat sur la société, un débat sur la liberté, et a fini par concerner tout le monde.

Vous avez réussi à tordre les piliers censés guider nos décisions, opposés à notre indépendance, tels que la religion et sa morale (voire sa moralisation) ainsi que l’ordre établi, que vous avez osé remettre en question.

Tenter d’effacer enfin la confusion entre femme libre et femme facile.

Vous avez pris la parole si courageusement il y a 41 ans pour changer nos destinées devant un public hostile, peu convaincu.

Vous nous avez permis une réponse non clandestine, consentie, réfléchie certes uniquement par la femme, à une grossesse non désirée ou inattendue, parfois malgré une contraception jugée maîtrisée. Même si c’est toujours une réponse lourde et terrible, car c’est une décision toujours difficile.

Pour avoir rencontré de nombreuses femmes dans cette situation, et vous Madame Veil l’avez rappelé, la souffrance y demeure systématique.

Mais quelles que soient les motivations de ce recours, il donne lieu à des discussions, certes, mais désormais sans diabolisation, sans notion de punition.

Ne nous méprenons pas. Vous avez toujours défendu la vie mais pas dans n’importe quelle condition, pas par obligation.

Et choisir l’IVG, ce n’est pas détruire une vie, bien au contraire, c’est l’épargner, c’est décider, c’est soulager… Même si ce soulagement, tardif, est amer et incomplet, il est préféré à une vie forcée.

Alors que nos sœurs à l’étranger n’ont toujours pas les mêmes libertés, et ne sont pas prêtes de les avoir, que le droit à l’avortement est remis en question dans certains pays d’Europe comme l’Espagne ou la Pologne, le combat doit continuer et comme le disait l’autre Simone (de Beauvoir):

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

F

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Faits d’été

Réfléchir à des questions existentielles dans tous les domaines et tenter d’y apporter des éléments de réponse est un loisir inestimable et délicieux, consommant beaucoup de temps.

En dehors de mes consultations, je me pose souvent pleins de questions telle que: pourquoi entend-on des bruits bizarres quand on est seul? Pourquoi enlève-t-on les miettes de la table dans les grands restaurants juste avant le dessert?

Ou devant ma télé: pourquoi n’y-a-t-il que des jolies filles sur les circuits de Formule1? Comment sélectionne-t-on les candidats à l’entrée à l’ENA (vu le désastre observé à la sortie…) Comment fait-on un saut de la taille d’un immeuble avec seulement une perche de bois?
Certaines sont plus spécifiques des vacances d’été et débutent dès le premier péage: pourquoi sommes-nous toujours dans la mauvaise file? Est-ce juste une mauvaise impression et aucune n’avance vraiment mieux? Pourquoi c’est quand il y a le plus de monde qu’on ferme des guichets?
Et se poursuivent pendant le voyage: pourquoi certaines personnes passent 2h dans les toilettes des aéroports ou des stations essence (alors que beaucoup de monde patiente)? Pourquoi les filles en photos dans les magazines nous ressemblent aussi peu?
Puis à l’arrivée sur la plage: pourquoi des bouteilles de verre traînent à proximité des poubelles et n’ont pas été jetées? Outre l’incidence écologique, quelqu’un pourrait facilement se blesser.
Et cette mode des photos de pieds en éventail sur le sable, de selfies radieux. Pourquoi d’ailleurs arrondit-on sa bouche lors des selfies type duck face? Le canard, animal si majestueux, évoque-t-il vraiment le désir?
J’adore y observer les dragueurs, si courageux, que le contexte semble stimuler, élaborer des plans. Croient-ils plus facile de draguer sur la plage ou en vacances en général? Les femmes y sont-elles plus accessibles?
Les cogitations continuent pendant la soirée surtout sur des points esthétiques. Faut-il aller en ville en tongs? Le mascara bleu pacifique est-il autorisé aux plus de 18 ans? Faut-il préférer les parfums capiteux aux intitulés évocateurs aux parfums légers?
Je m’aperçois également que la mode est aux visages ronds (je savais que mon heure viendrait) et que les femmes ont opté pour des grosses pommettes. Les gros seins, j’avais compris: le symbole de la mère nourricière…mais les grosses pommettes?!?
Les lèvres deviennent très ourlées: en hommage au mérou, animal en voie d’extinction?
Mais, quel que soit le domaine, ne doit-on se laisser envahir par le mystère et ne pas vouloir systématiquement répondre à toutes nos questions?

F

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Mon sexe, il me gratte! Et autres situations qu’on aimerait éviter…

Cette jeune femme de 22 ans rentrait de mission humanitaire aux Philippines deux semaines auparavant. Elle vivait en colocation sur le campus d’une grande école de commerce.
Elle s’étonnait de voir depuis plusieurs jours des petits éléments marron foncé sur les poils de son pubis et d’avoir envie de se gratter, malgré, selon ses propres termes, une hygiène irréprochable.
En m’approchant je découvrais des mini-araignées qui enserraient les poils pubiens. Elles semblaient mobiles. Les bestioles ont alors déplié leurs pattes. Pediculus pubis; ou poux de pubis, plus connus sous le nom de morpions. Parasites macroscopiques de petite taille, mais plus gros que leurs cousins les poux de tête ou pediculus capitis, ils s’observent plus rarement en dehors des poils pubiens (barbe, cuisses…)
Son petit ami avait les mêmes parasites, ainsi que deux de ses copines… Je mettais ainsi fin à mon vieux préjugé (infondé): en école de commerce également, on jouit en Josas!
Je leur expliquais le traitement à réaliser avant que la maladie ne traverse tout le campus. Ne souhaitant pas ressembler à une petite fille, elle tiquait sur le rasage intégral du pubis préconisé, pourtant salutaire pour se séparer des lentes (les bébés morpions) et mettre ainsi fin à cette cohabitation étrange.
Certaines infections parasitaires peuvent parfois être d’authentiques IST (infections sexuellement transmissibles) déguisées. Certaines sont mal déguisées comme les poux de pubis, d’autres sont mieux déguisées comme la gale.
Le jeune homme de 18 ans que j’avais devant moi fin juin avait fêté sa réussite à un concours avec une jeune fille  »de passage ». Une dizaine de jours après, il se serait arraché la peau tellement il se démangeait: les bras, les fesses… et cela s’intensifiait à en devenir insomniant.
Mais son inquiétude portait plus sur les croûtes apparues sur son sexe. Il s’imaginait atteint d’une IST invalidante et dévorante, je le rassurais. Très surpris, il croyait la gale disparue ou exceptionnelle telle la peste noire.
Due à des sarcoptes, parasites invisibles cheminant lentement dans la couche cornée de la peau, la gale est une maladie fréquente et contagieuse mais pas grave. Elle ne vient jamais des animaux. Elle touche tous les milieux sociaux.
Sa transmission s’effectue par des contacts prolongés avec des personnes infestées ou des tissus (draps) ou vêtements infestés. La situation de contamination optimale est le partage d’un même lit (contact prolongé permettant le passage du parasite d’une peau à une autre, survie du parasite dans un milieu chaud, parfois plus de 10 jours dans un drap…).
Sur le plan clinique, les lésions spécifiques sont souvent rares; il faut souvent se fier à l’interrogatoire (démangeaisons des proches en même temps, aggravation le soir et la nuit…) et aux zones de grattage (entre les doigts, sur le pubis, la verge, les testicules, la vulve, les fesses…).
Le traitement antiparasitaire et la désinfection soigneuse des vêtements et draps doivent se dérouler au même moment pour tous les sujets dits contact (partenaires, famille sous le même toit…) afin de limiter sa propagation.
Les infections (mycosiques, parasitaires…) ne sont pas les seules causes de prurit génital: psoriasis, eczéma, dermite d’irritation… s’y localisent fréquemment.
Une autre cause très courante existe aussi, beaucoup plus chez les hommes. On pourrait la nommer dermite de culpabilisation. Souvent juste après un rapport non protégé (sans temps d’incubation à la différence des infections), parfois dans un contexte d’infidélité, un cortège de douleurs, picotements, brûlures, est alors décrit alors que la clinique est très pauvre. Annoncer qu’il ne s’agit pas d’une maladie entraîne une guérison immédiate.
Pour éviter tout désagrément, et avant que le Ministère de la Santé ne vous le rappelle comme chaque été (laissant penser que les rapports sexuels n’ont lieu que l’été): profitez-en mais restez prudents.
F.

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C’est grave docteur?

On ne comprend jamais rien à ce que disent les médecins, à croire qu’ils le font exprès. Quand ils daignent nous en donner, leurs explications ne sont jamais claires, leurs réponses toujours évasives. Ils demeurent sur leur piédestal. Ils nous regardent de haut. Tel est le ressenti de nombreux patients.

D’abord, les médecins, dorment, mangent et vivent entre eux dans une sorte d’autarcie.

Ils ont un langage particulier utilisé, rôdé depuis des années, ils ne s’abaissent souvent plus à un langage commun. Certains ne s’en aperçoivent guère. Cela ne signifie pas que nous ne sommes pas humains. Mes amis chirurgiens, par exemple, prennent un air détaché. Ce sont pourtant de très bonnes personnes mais ils sont focalisés sur leur intervention, pas sur les relations.

Lorsque j’étais externe en chirurgie orthopédique, nos visites matinales (de courtoisie), avant d’aller au bloc, se bornaient à passer la tête à l’entrée des chambres des patients, à lancer un rapide « comment ça va? »

Par contre, d’autres praticiens s’amusent à afficher une pseudo supériorité, quitte à paraître imbuvables. Ils s’imaginent peut-être que cette suffisance les fait passer pour de meilleurs soignants. Alors que cela ne va pas de pair, c’est plutôt le contraire. Phénomène largement observé dans d’autres professions et chez beaucoup d’hommes et de femmes politiques; plus ils sont méprisants moins ils sont compétents.

D’autre part, certains médecins apprécient le côté scientifique de la médecine, mais sont mal à l’aise avec les malades et très à l’aise avec les pathologies. Ils choisissent leur spécialité en fonction de ce paramètre. Le contact avec les patients est parfois difficile et n’est pas vraiment enseigné à la Faculté. Il est laissé à l’appréciation de chacun.

Ainsi, on soigne des pathologies, ou une série de pathologies, pas une personne dans son ensemble, avec ses angoisses et celles de son entourage. Le surmenage des soignants n’est pas une excuse mais il aggrave considérablement cet état de choses, et les soignés concluent facilement à un manque d’intérêt à leur égard.

Dans nos échanges, il faut trouver la bonne attitude.

L’annonce de la maladie et les explications sont particulièrement délicates dans des domaines tels que: la cancérologie, le dépistage en génétique… Quand j’étais interne en hématologie, lors de l’annonce d’un lymphome de Hodgkin, il m’arrivait de fondre en larmes avec la famille.

Pleurer avec les patients n’est pas non plus une solution. Ils ont certes besoin de sentir votre compassion mais également votre solidité. Il faut respecter une certaine distance avec empathie, sans familiarité. Il faut savoir adapter ses réponses, initier un dialogue.

Un bon jeu de jambes est alors nécessaire; les gens sont interprétatifs. Ils interprètent vos silences, vos hésitations, votre visage fatigué. Il faut lire entre les lignes, choisir ses mots, comprendre que le mot prélèvement effraie moins que biopsie.

Les sentiments s’entremêlent: la colère, la crainte, le désarroi… Ce n’est pas parce que les patients ne posent aucune question qu’ils n’en n’ont aucune. Plus nos renseignements seront clairs, moins les patients iront les puiser sur la toile dans divers forums et blogs souvent très anxiogènes.

S’aider de collègues plus expérimentés, les laisser s’exprimer à notre place n’est pas un aveu d’échec, bien au contraire. Les bons médecins ne font pas cavalier seul.

Dans le soin comme dans la discussion, ils savent s’entourer des meilleurs.

Amener la vérité (car il n’est pas envisageable de mentir aux patients), la rendre supportable n’est décidément pas chose aisée. Nous essayons, autant que possible, de montrer notre dynamisme, de mettre en avant les côtés positifs: il y avait un cancer mais il a été retiré, nous nous penchons sur votre cas au staff…

Les statistiques sont à manipuler avec des pincettes: lors d’un mariage d’un proche, vous ne lui martelez jamais qu’à terme il a 50 % de risques de divorcer.

Toujours, et dès l’annonce de la maladie, se montrer déterminé et encourageant, seule la positivité sera un support durable et obligatoire dans cet accompagnement.

Lorsque je suis arrivée aux urgences de l’hôpital Necker avec mon neveu Evan, 3 ans, pour un torticolis fébrile, le titulaire des urgences prénommé Simon m’a donné une vraie leçon de vie médicale. Le scanner cérébral d’Evan montrait une énorme masse (tellement énorme qu’elle comprimait la veine jugulaire) et le pronostic vital était engagé à court terme.

Simon est parvenu à m’expliquer qu’il ne s’agissait pas d’une tumeur mais seulement d’un problème infectieux aigu à traiter en service de chirurgie ORL, « je suis content je préfère ça à une tumeur » a-t-il exactement dit. Je ne le remercierai jamais assez.

D’abord d’avoir sauvé Evan en mettant tout en œuvre rapidement, mais aussi parce qu’il a réussi à faire passer une nouvelle catastrophique pour une nouvelle acceptable.

 F.

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Necker, les fissures d’un hôpital unique au monde

J’ai eu la chance de faire mon dernier semestre d’internat de spécialité à l’hôpital Necker. Je n’ai jamais vu autant de choses sur le plan médical, scientifique et sur le plan humain que dans cet hôpital, je n’ai jamais ressenti autant de joies et de peines dans le cadre de mon travail que dans cet hôpital. J’étais parfois obligée de cacher mes yeux larmoyants d’émotion après avoir donné des avis dans les services. Je n’arrivais pas à oublier les regards que je croisais.

Des malformations aux tumeurs compressives en passant par les maladies hématologiques, l’hôpital Necker est le symbole du combat pour toutes les vies.

C´est aussi à lui tout seul un symbole de la France, de la réussite (des réussites) de la France, de sa grandeur.

Symbole de la France des lumières, il est fondé en 1778, et inauguré par Mme Suzanne Necker, sorte de précurseur des féministes en son temps.

Le fonctionnement hospitalier est réorganisé avec une séparation enfants-adultes pour la première fois, et Necker-Enfants Malades devient le premier hôpital pédiatrique du monde au début du 19e siècle.

Laennec y inventa l’auscultation. Il donnera son nom au bâtiment mère-enfant attaqué à la masse le 14 juin 2016.

Puis s’y sont succédé les avancées scientifiques qui ont permis de sauver des millions de patients tant dans le domaine de l’infectiologie (premiers sérums anti diphtériques, description de la transmission materno-fœtale du VIH…), chirurgical (première greffe d’organe par le Pr Hamburger et ses équipes, chirurgie cardiaque…), hématologique.

C’est à Necker que la première thérapie génique du monde a eu lieu, puis d’autres progrès en termes de dépistage et de traitement de maladies génétiques ont suivi, désormais connus et soutenus par le Téléthon.

Grâce aux dons récoltés de toute la France, de nouveaux bâtiments se construisent pour accueillir encore plus d’enfants du monde entier, les travaux des chercheurs et des médecins se poursuivent pour le bien de l’humanité. Les enfants et leurs parents peuvent compter tous les jours sur un personnel dévoué et dynamique.

L’hôpital Necker-Enfants Malades, havre de paix, est un haut lieu d’échanges, de fraternité, de mixité, de solidarité. Il englobe ainsi toutes nos valeurs.

Je ne saurais, malheureusement, l’exprimer aussi brillamment qu’Emmanuel Hirsh, professeur d’éthique médicale dans le Huffpost du 15 juin 2016, mais les baies vitrées brisées d’une des façades de cet hôpital vont bien au-delà du  »simple vandalisme » et tout le monde s’en est ainsi ému si douloureusement.

Outre le sacrilège ultime que de détériorer un hôpital et, qu’il émane d’un seul ou de plusieurs décérébrés, ce geste représente en quelque sorte notre propre fissuration et c’est cela qui est insupportable.

F.

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Dying at the right time…

For year (unfortunately) I have been witnessing sick patients and their families, their thoughts, their reactions, facing a death, might it be imminent or not. I am a witness to their astonishment, I listen to their concerns. I measure their always exi… Continuer la lecture

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Doc’s mood from Paris: Is being a woman a tragedy?

The many discussions I’ve had with with my patients have given me opportunity to reflect on the position held by women in society espescially in recent weeks, with news of violence against women (sexual mass crimes in Germany and in Sweden, first defamed to be later relabelled as incidents, domestic violence…).

First, the beautiful Natalia, 42, smiling and contented. She came to greet me in July, before her departure abroad with her husband Edward and their 3 sons. He had accepted a very good position. Questioning her about her future activities (professional or else), Natalia squawked: « I never had the need to work, Edward has always made good living. » I have nothing against stay-at-home women, or even against stay-at-home men. But at this very moment, her phrase stunned me.

Are we only made to fill the gaps of Men? Do we, always and again take the shape of the container in which we are placed?

Then, Ariane, 38, just as fresh and happy, who told me with pride: « I am unemployed, I take care of my children » and indeed here she is on her Facebook profile with multiple pictures surrounded by her children, skiing, at a wedding … A real promotion campaign for family (but from which era?)

Is the education of children by housewives necessarily of better quality?

Both personally and professionally, I never felt worried as a woman. In Med school, I experienced a privileged environment with undeniable diversity and parity, at my Parisian Faculty, as well as at the hospital. Same professions, same wages (miserable) as much as for nursing auxiliaries than for Professors.

Without being either a vociferous or a pretty top-less graffitied feminist, (too quickly) covered in bruises, I never imagined that one day I would care for the way people gaze at women. I know that despite everything I am very lucky to be able to question myself about the role of women, as by definition this means that they do have one.

Even before looking at the progress society has made in regards to the submission of women in the East and the Far East, are we nowadays witnessing in our so-called industrialized countries a stagnation, a decline on the issue of Women’s Rights (consideration, security, social life …)?

Women suffer from many dominions, and sail in troubled waters, sometimes even in opposing currents in a world that sometimes gives pride to hollow and mediocre female models, either reality TV stars, or former prostitutes whose fame comes from
beautiful topless but they are in a short time futureless.
They suffer from genre domination because unfortunately male supremacy still seems well-rooted in everyone’s unconscious. Society, even in industrialized countries, repeats stereotypes, and keeps women at a different rank. The education given to a boy or a girl is similar but never identical.

It all starts in Elementary school where we are more forgiving to a boy: a dirty book and unkempt, or later the first time he comes home drunk… Another stereotype: the alleged passivity of women (except in their role as mothers) in multiple domains (including sexual).

In addition, they have to endure class warfare. And to wrap things up, they inflict rivalry between each other amid their absolute quest for perfection. Consequently feelings of guilt are not a surprise with all these pressures.

Working sometimes puts them in uncomfortable positions, because they have less time to spend with their children, but being a housewife can also result in discomfort, as they face the gaze of others, sometimes contemptuous, so they title themselves as « self-employed » on their Facebook profile to avoid having to leave their work status blank. I have nothing against such a decision from a family, especially if this choice is made in total harmony. However I would be quite embarrassed, not by my future in the case of a separation, but by a lack of autonomy similar to that of childhood or adolescence, hence a pseudo regression. I would feel no longer as a contributor to society’s equality and parity structural advancement.

Women are too torn; they become their own enemy. Some colleagues of our current French Minister of Health, when she was being heckled by both medical and paramedical professionals, then judged her as being attacked because she was a women, even though as Françoise Giroud once said:

Women will truly be the equals of Men the day when, holding an important position, we will we able to define them as incompetent.

They hinder their own parity in certain circumstances. Just as recently after Cologne, when female politicians or feminists expressed themselves uttering the greatest nonsense. Or the undermining of the right to abortion in France, the feminist advancement of all, by a young woman, during the campaign for French Regionals, whose political party is supposed to embody a Renewal.
Ascent women, this is a cry of alarm. Let’s educate our sons, talk to our girls.
Let´s think of it quickly and make sure that being born a woman can never be experienced as a tragedy.

F

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Patients inconvenants

Les échanges entre les soignants et leurs patients sont plutôt enrichissants.

Les discussions souvent intéressantes permettent d’aborder d’autres sujets que le motif de consultation. Elles nous donnent l’occasion d’entrer dans l’intimité des gens, d’écouter des histoires touchantes, de confronter des idées, d’observer la société…

La plupart des consultations se déroule bien, avec toutefois quelques désaccords, comme il est habituel d’en avoir dans la vie professionnelle ou personnelle.

Ces accrochages nous servent à mieux appréhender la nature humaine, ses attentes, ses inquiétudes, et à tester notre adaptabilité.

Les patients qui savent tout sur tous les sujets, qui terminent nos phrases, provoquent ainsi notre agacement et il parfois difficile de savoir s’il s’agit d’une véritable hostilité ou d’une angoisse débordante.

Ce d’autant que certains patients estiment mal le rôle du soignant et ont d’emblée la certitude d’être méprisé, tenu à distance ou incompris. Ces soignants-là ont existé et existent encore mais ils ne sont fort heureusement pas légion.

Se retrouver au milieu de mésententes, être pris à parti, ou au contraire, ne pouvoir intervenir, nous met dans des situations délicates. Le parent qui laisse son enfant détruire votre cabinet sans mot dire, ou vous parler avec impolitesse.

On tente de le leur faire remarquer sans jugement, sans animosité…

La maman qui vous montre sa fille de 14 ans, en lançant le doigt pointé sur le visage de l’adolescente:

« Regardez la pauvre, j’ose à peine la regarder tellement elle est défigurée par l’acné! »

Parfois, les drames familiaux nous oppressent. Récemment, je recevais un patient de 16 ans atteint d’une maladie génétique en fauteuil roulant avec ses deux parents. Lorsque je l’ai installé sur le lit d’examen, seule sa mère m’a aidé, son père est resté assis sans même nous proposer un coup de main. Scandalisée et interdite, je n’ai alors rien pu dire.

Autres moments inconvenants: les phrases hostiles, les insultes, les vulgarités. Elles font partie de notre quotidien.

Lorsque j’étais interne à Marseille, surtout lors des gardes aux urgences, les vigiles étaient sur le qui-vive.

J’y étais souvent malmenée et traitée de tous les noms d’oiseau (et même d’oiseaux inconnus à Paris) et j’ai subi des « va te faire en… ». Comme si on avait le temps avec des urgences bondées d’aller se faire en…

Crachats, hurlements, mépris du personnel qui passe des nuits debout, dégradation des locaux. Il était rare de travailler dans le calme.

Les agressions physiques, de plus en plus fréquentes à l’hôpital comme en cabinet, dépassent notre seuil de tolérance. Ma dernière agression s’est déroulée sans aucune intervention des autres patients présents en salle d’attente, par un vieux monsieur retraité très en colère, suite à mon retard de quelques minutes.

Il a presque cassé la porte de mon bureau. Cerise sur le gâteau, quelques mois plus tard, il a tenté de reprendre rendez-vous auprès de mon secrétariat.

« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » a dit Audiard.

Mais pour moi le pire est de devoir écouter des propos racistes ou antisémites. Avec le petit clin d’œil exécrable de rigueur et le « ces gens-là ».

Je me souviens d’un patient, il y a plusieurs années déjà, bien avant les sarcasmes sur la Shoah et les banderoles tendancieuses, ou…bien après.

Je l’avais adressé en hospitalisation en service de dermatologie à Bichat.

A sa consultation de contrôle, il m’a tout de suite fait remarquer, déçu, qu’il avait dû partager sa chambre avec un juif (sic). Je ne l’avais pas vu venir. Me voyant figée, il essayait de se rattraper: « vous voyez, il avait beaucoup de famille dans la chambre qui parlait fort, beaucoup de visites bruyantes… »

Insupportable. D’abord, les propos eux-mêmes et la haine qui s’en dégage. Mais aussi, parce me les jeter ainsi au visage laisse sans doute supposer à son ou ses auteurs, que je les comprends, que j’y consens, voire pire que j’y adhère.

Qu’il est normal d’y adhérer?

F

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Auto(g)nomes ou les réjouissances de l’adolescence

Presque chaque fois que je vais chercher un(e) adolescent(e) dans la salle d’attente pour sa consultation, je me retourne et m’aperçois qu’il/elle ne m’a pas suivi. L’information n’a pas eu le temps de monter dans un cerveau fatigué, déjà encombré.

Le contact même visuel s’établit parfois avec difficultés, indépendamment d’une quelconque timidité.

Je ne sais pas si l’échantillon que j’observe quotidiennement est représentatif, ni si ma mémoire me permet de me rappeler quelle adolescente j’étais, mais en tout cas, j’ai l’impression que les adolescents sont des énigmes avec de nombreux paradoxes.

D’abord parce qu’ils semblent à l’aise, voire très à l’aise (ou faussement à l’aise?)

Ils arrivent les premiers au restaurant à 12 ans (l’adolescence commence plus tôt), ils s’installent. Ils entrent sans frapper dans un bureau. Alors qu’on se faisait oublier, ils occupent l’espace, ils osent.

Ils s’adressent de manière identique à un adulte et à un(e) autre camarade. Ils ont perdu cette distance, parfois cette considération. La politesse n’est plus une obligation.

Leur avis leur ayant été systématiquement demandé depuis leur plus jeune âge <<que veux-tu manger ?>>, ils émettent leurs opinions. Ils répondent à nos questions, même si on n’en n’a pas posé…Ils manifestent leur désapprobation, leur opposition.

Dans un monde où l’on a remplacé le désir par la possession, que peut-on vraiment attendre de nos enfants ?

Notre éducation pêche-t-elle ? Par défaut ou par excès ? Les adolescents sont-ils trop souvent laissés pour compte, livrés à eux-mêmes, jugés auto(g)nomes par des parents débordés par le chômage, par un travail harassant, par des conditions de vie plus difficiles? Le rôle des parents a-t-il changé?

Les parents font de leur mieux, ils essaient de se faire aimer, de plaire à leurs enfants, peut-être moins d’exercer leur autorité, de les cadrer, de les élever. Les règles de vie apparaissent contraignantes tant pour ceux qui doivent les subir et les respecter, que pour ceux qui les érigent.

Le rôle de l’Instruction Nationale devenue Education Nationale a-t-il changé ?

Autre point important: leur vacuité. Là aussi, difficile de se rappeler si on était plus intéressé à leur âge, force est de constater que nos ados naviguent dans un vide abyssal.

Pluggés à même la peau comme les héros d’Existen Z de David Cronenberg, ils sont inertes.

Les garçons écoutent leurs testicules pousser, les filles (sujet que j’avoue moins bien connaître) se déguisent en grandes: jupes en (faux?) cuir à 14 ans, gloss…

Ils/elles lèvent les yeux au ciel, ils n’écoutent rien, ils ne désirent rien. Philippe Sollers disait ainsi : <<la maladie de l’adolescence est de ne pas savoir ce que l’on veut et de le vouloir cependant à tout prix.>>

Impossible de les émerveiller. Leur accès à l’information et à la culture est facile, mais ils n’en font rien. Ils manquent d’idéologie, de rêve. Ainsi, ils sont mal perçus.

Il faut pourtant les comprendre. Stressés par un monde de plus en plus hostile, ils ne connaissent plus l’insouciance. Ils sont entourés d’images crues et violentes, de diktats, d’interdictions. Ils portent en eux nos souhaits, mais aussi toutes nos incertitudes, nos angoisses et nos peurs.

Et malgré toutes ces soi-disant précautions, ils manquent de repère, ils dérivent facilement. Il n’y a pas d’autre alternative que de continuer à leur manifester un amour et un soutien inconditionnels et ne jamais interrompre le dialogue, envers et contre tout.

F

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Syphilis maladie du présent ou du passé ?

Quatre (beaux) hommes m’attendaient ensemble dans la salle d’attente. Ils avaient tous rendez-vous ce matin-là à ma consultation.

J’ai d’abord cru à un cadeau de mes copines, mais ce n’était pas mon anniversaire… Malheureusement pour les femmes, il s’agissait de deux couples dont la répartition ne m’a pas été révélée, avec quelques croisements ou écarts, me semblait-il. Ils se regardaient en chien de faïence.

Ils avaient tous les quatre une sérologie syphilitique positive. Nul ne savait lequel l’avait contracté en premier et à quel moment. Ils s’accusaient entre eux, me prenaient à témoin… Je calmais le jeu, je suis pour la paix des ménages.

A mon étonnement, ce test, appelé TPHA-VDRL, n’avait jamais été pratiqué auparavant chez aucun d’entre eux. Cette infection (sexuellement transmise) est souvent omise dans les bilans à la recherche d’infections sexuellement transmissibles (IST).

Cette vieille maladie, probablement importée par Christophe Colomb et d’autres expéditions, c’est vous dire, mais rapidement adoptée par l’Europe, avec des hauts et des bas dans son incidence, n’a jamais totalement disparu.

Mes patients ne connaissaient d’ailleurs pas cette pathologie.

Je leur expliquais les trois temps de la syphilis, maladie bactériologique liée à une transmission majoritairement sexuelle. On rencontre des atteintes dermatologiques lors des phases primaire et  secondaire. D’abord la syphilis primaire, avec le chancre. Il s’agit d’une ulcération (sorte d’aphte) indolore, correspondant au point d’inoculation ou point de pénétration du tréponème (la bactérie en question).

Ce chancre est donc souvent sur les régions génitales mais parfois sur la langue, le palais, l’anus…Il s’accompagne parfois de gros ganglions (adénopathies) mais pas toujours.

En l’absence de traitement, il y a une diffusion du tréponème avec des éruptions cutanéo-muqueuses très variables, et parfois peu reconnaissables, à des temps différents appelées joliment des floraisons. C’est la syphilis secondaire.

La syphilis tertiaire est tardive et s’accompagne de divers signes neurologiques. Il convient toujours notamment dans tout bilan de troubles de la mémoire, de démence, de troubles de la sensibilité, de la rechercher. Et on a parfois des surprises en découvrant que mamie avait été moins sage qu’on imaginait en attrapant une IST il y a des années…

Mes patients n’avaient jamais présenté de symptomatologie évocatrice. L’examen clinique cutanéo-muqueux ne retrouvait rien de particulier, et pourtant il faut traiter toute sérologie de la syphilis positive. Pour éviter le passage vers une syphilis tertiaire potentiellement sévère et aussi pour limiter les épidémies.

Le traitement repose sur la pénicilline par voie intramusculaire, les autres antibiotiques étant moins efficaces. Le laboratoire a arrêté la commercialisation de cette forme de pénicilline en France. Il n’existe désormais plus en officine. J’ai donc dû me procurer une forme similaire auprès de l’APHP.

Ce retard au traitement ne peut que favoriser les épidémies.

L’incidence de la syphilis avait beaucoup diminué grâce aux traitements antibiotiques puis probablement grâce à l’utilisation plus répandue des préservatifs par crainte du VIH.

Les nouvelles thérapeutiques, très efficaces, contre le virus du sida ont diminué cette crainte.

Assiste-on à une recrudescence de la syphilis parce qu’on ne l’évoque plus, parce qu’elle passe souvent inaperçue, parce qu’on ne la connaît plus, parce qu’on ne se protège plus ?

Quelles que soient les réponses, le sida comme la syphilis ne sont pas à ce jour des maladi(e)sparues. 
F

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Mourir au bon moment…

J’observe (malheureusement) depuis des années des patients malades et leurs familles, leurs réflexions, leurs réactions, face à une mort, imminente ou non. Je suis le témoin de leur étonnement, j’écoute leurs inquiétudes. Je mesure leur sentiment d’injustice toujours présent, quelles que soient les circonstances. 

Les proches des gens endeuillées tentent d’atténuer leur malheur. Mais ces tentatives sont souvent irrecevables: il était âgé, il souffrait, il buvait trop…Voire carrément déplacées: tu trouveras quelqu’un d’autre, tu es encore jeune…ou pire la remarque subie par le personnage joué par Jessica Chastain dans The tree of Life: tu as d’autres enfants…

Je me suis donc posée cette question. Quand peut-on considérer mourir au bon moment, alors qu’on a toujours le temps, et que ce n’est jamais le bon moment? Jamais?

Quelle mort nous paraît acceptable? A 80 ans après une embolie pulmonaire et sans avoir souffert?  Si notre état physique est jugé trop insupportable et qu’il n’est plus compatible avec la vie? Si l’on devient dépendant?

Cela dépend-t-il de l’âge, de nos réalisations, des problèmes médicaux en cours, des conditions du décès, des gens qu’on va laisser? Qui mérite de vivre longtemps et selon quels critères? 

Je repense à une patiente de 69 ans dont je m’occupais à l’hôpital. Elle avait une atteinte lymphomateuse cutanée puis une extension  avec de multiples métastases, pulmonaires, cérébrales.. Elle s’était battue jusque là, mais la maladie avait pris le dessus. Elle glissait vers le coma, petit à petit. Elle s’enfonçait. Son fils était prévenu, il allait arriver. Son manteau encore sur le dos, il a juste eu le temps de l’embrasser sur le front, de lui dire qu’il l’aimait, de lui dire au revoir, puis elle s’est arrêté de respirer et nous avons prononcé son décès. Comme si elle avait attendu ce moment pour partir.

Plus récemment, dans mon cabinet, j’ai reçu une vieille dame de 90 en très bon état général, sans antécédent, sans aucun traitement, sans aucun suivi. 

Son sein droit était dur comme la pierre, rétracté, couvert de métastases cutanées, une forme avancée de cancer du sein.On percevait également une métastase axillaire. Elle a senti mon désarroi mais ne m’a rien dit. Son médecin traitant lui avait pris rendez-vous sans son accord avec un cancérologue pour sa prise en charge. 

Puis j’ai reçu un message de ce cancérologue, interloqué, quelques jours plus tard me disant qu’elle ne s’était pas présentée en consultation. Elle ne m’avait pas prévenu de sa décision de ne rien faire, puisqu’elle avait facilement deviné qu’il n’y avait véritablement rien à faire, d’efficace à terme, tout du moins. Elle avait préféré choisir plutôt que de subir. Qui pourrait l’en blâmer?  Doit-on toujours tout faire pour retarder ce moment? 

Et, bien évidemment, je n’évoque pas ici l’environnement violent de certaines morts, car je n’ai que très peu côtoyé le contexte criminel en médecine légale. 
Celui qui fauche la vie d’un jeune homme, comme Ilan il y a déjà 10 ans, torturé à mort parce que juif, qui continue de hanter les vies et les nuits d’un pays tout entier.

F Continuer la lecture

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Femme, un drame?

De nombreuses discussions avec mes patientes m’ont donné à réfléchir sur la position de la Femme dans notre société puis ces dernières semaines, l’actualité de violences faites aux femmes (crimes sexuels de masse en Allemagne et en Suède dénigrés puis étiquetés incidents en premier lieu, violences conjugales…).

D’abord, la jolie Natalia, 42 ans, souriante et épanouie. Elle était  venue me saluer en juillet avant son départ à l’étranger avec son mari Pierre-Edouard et leurs 3 fils. Il avait accepté un très bon poste. L’interrogeant sur ses futures activités (professionnelles ou non) à elle, Natalia m’avait alors scandé : « je n’ai jamais eu besoin de travailler, Pierre-Edouard a toujours bien gagné sa vie ». Je n’ai rien contre les femmes au foyer, ni même contre les hommes au foyer. Mais là, cette phrase m’avait atterrée.

Sommes-nous uniquement  faites pour combler les vides des Hommes? Prenons- nous encore et toujours la forme du récipient dans lequel on nous place?

Puis, Ariane, 38 ans, tout aussi fraîche et heureuse, qui m’avait déclaré avec fierté: « je ne travaille pas, je m’occupe de mes enfants », et effectivement on la retrouve sur son profil face book avec de multiples photos entourée de ses enfants, au ski, à un mariage, …Une vraie publicité pour la famille (mais de quelle époque ?)

L’éducation des enfants de femmes au foyer  est-elle forcément de meilleure qualité ?

Tant sur le plan personnel que professionnel, je ne me suis jamais sentie inquiète en tant que femme. En Médecine, j’ai connu un milieu sans doute privilégié avec une certaine mixité et parité, dans ma promotion de ma Faculté parisienne, comme à l’hôpital. Mêmes fonctions, mêmes salaires (de misère) tant pour les aides-soignantes que pour les Professeur(e)s. 

Sans être une féministe vociférante ou une jolie féministe aux seins nus et graffités, et (trop rapidement) couverte d’hématomes, j’ignorais qu’un jour le regard posé sur les femmes me soucierait. Je sais malgré tout que j’ai beaucoup de chance de pouvoir m’interroger sur le rôle des Femmes car cela signifie déjà qu’elles en ont vraiment  un…

Avant même de regarder la progression de la soumission totale et couvrante  des femmes en Orient et en Extrême Orient, assiste-t-on actuellement dans nos pays dits industrialisés à une stagnation, à un recul sur la question des droits de la Femme (considération, sécurité, vie sociale…)?

Les femmes souffrent de nombreuses dominations, et naviguent en eaux troubles, parfois dans des courants contraires. Dans un monde qui fait parfois la part belle à des modèles féminins vides et médiocres, tantôt stars de télé réalité, tantôt anciennes prostituées dont l’existence est aussi éphémère que mammaire.

Elles subissent la domination du genre car malheureusement la suprématie masculine semble toujours ancrée dans les inconscients. La société, même dans les pays industrialisés, se répète des stéréotypes, et maintient les femmes à un rang différent. L’éducation donnée à un garçon ou à une fille est proche mais n’est jamais vraiment identique.

Dès les petites classes et on pardonne plus facilement à un garçon, un cahier sale et mal tenu, ou plus tard sa première cuite… Autre stéréotype: la passivité présumée des femmes (sauf dans leur rôle de mère) dans de multiples univers (dont la sexualité).

En plus, elles ont à subir les luttes entre les classes. Et pour finir, elles s’infligent des rivalités entre elles sur fond de quête absolue de perfection. Ainsi, naissent des sentiments de culpabilité suite à toutes ces pressions.

 Travailler les met parfois mal à l’aise car elles voient moins leurs enfants, mais être femmes au foyer aussi parce qu’elles subissent le regard des autres, parfois méprisant, et elles mettent <<travaille à son compte>> sur leur profil Facebook pour éviter de laisser cette case vide. Je n’ai rien contre ce mode de fonctionnement dans un couple, surtout si ce choix est réalisé dans une totale harmonie. Je serais plutôt gênée, non pas par mon avenir en cas de séparation, mais par un manque d’autonomie proche de celui de l’enfance ou de l’adolescence, une pseudo régression donc. J’aurais aussi l’impression de ne plus poser ma pierre à l’édifice de l’égalité et de la parité.

Les femmes sont trop tiraillées, elles deviennent leurs propres ennemies. Certaines collègues de notre actuelle Ministre de la Santé, lorsqu’elle était chahutée par les professions médicales et paramédicales, l’ont alors jugée attaquée parce que femme, alors même que Françoise Giroud disait jadis:

<< La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour, où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. >>  

Elles entravent leur propre parité dans certaines circonstances. Comme récemment après Cologne, lorsque des femmes politiques ou des féministes se sont exprimées en proférant les plus grosses inepties. Et la remise en cause du droit à l’avortement en France, avancée féministe d’entre toutes, par une jeune femme, lors de la campagne pour les Régionales, dont le Parti politique est censé incarner le Renouveau.

Allons les femmes, ceci est un cri d’alarme, éduquons nos fils, parlons à nos filles, réagissons pour que ne puisse pas être vécu comme un drame, de naître Femme.

F

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Mon sexe, il fait mal!

Les infections (sexuellement transmises ou non) ne sont pas les seules à provoquer des douleurs génitales. J’avais reçu dans mon cabinet, il y a quelques années un jeune homme  Patxi, 25 ans, rugbyman, pour un problème de verge, dont la peau s’était progressivement épaissie. Il avait l’horrible l’impression d’un manchon dur enserrant son sexe (une sorte de carapace) avec une aggravation pendant les rapports à l’origine de fissures. Il avait été poussé  à consulter par des membres de son équipe de sport, venus patienter avec lui en salle d’attente et le soutenir. J’avais toujours admiré la solidarité de ce milieu, j’ignorais l’existence d’une telle intimité…
Il s’agissait d’une forme avancée de lichen scléreux (sans origine infectieuse comme son nom ne l’indique pas). Il a dû être circoncis suite à l’échec du traitement médical. Ses amis l’ont rebaptisé David, sa vie sexuelle est redevenue normale, il me doit une fière chandelle.

De nombreuses habitudes sexuelles, sans contexte violent, causent des lésions dermatologiques à type d’eczéma de contact  ou de dermite d’irritation.

Ceux qui ont fait l’amour dans les années 80 se souviennent peut-être du film 9 semaines et demi et des jeux du couple Basinger-Rourke avec de la confiture, du miel…Sur les muqueuses, certaines substances sont irritantes et l’irritation s’amplifie lorsqu’on frotte (pâte à tartiner, chantilly…) ou pire qu’on utilise des antiseptiques afin de les retirer. Les préservatifs aromatisés et les lubrifiants parfumés occasionnent des eczémas de contact, avec un grattage parfois féroce et un œdème, et parfois des bulles (cloques).

Certaines décorations visent à l’embellissement des zones intimes: les tatouages (mon favori demeure un paon dessiné sur la vulve et le pubis d’une patiente), le vajazzling ou pubis strassé, idéal pour les fêtes, les bouglous petits éléments introduits grâce à de petites incisions sous la peau du pénis et conférant un aspect de petites boules (ornement? habitude ethnique?) qui n’ont aucun lien avec Noël et qui viendraient d’Asie du Sud Est.

Mais d’autres, par contre, optimiseraient les sensations lors des rapports sexuels:

les bijoux comme les piercings du gland, du méat urétral (l’orifice pour uriner), d’une petite lèvre, du clitoris…

Malheureusement, elles peuvent entraîner des déchirures des muqueuses, des bulles de friction (sortes d’ampoules comme on en a avec des frottements trop intenses dans de nouvelles chaussures).
La mode de la violence dans la sexualité, rendue plus accessible par les livres de E.L James (et son bonding), a fait surtout découvrir aux médecins, en particulier ceux des dispensaires des IST(infections sexuellement transmissibles) des lésions de type morsures, plaies, blessures, arrachages de morceaux de peau, empreintes d’incisives, sur le pénis, la vulve ou les testicules. 
Ces lésions purement traumatiques, souvent douloureuses, laissent parfois perplexes quant au diagnostic: l’interrogatoire n’est pas aisé puisque soit les patients, n’étant plus dans le feu de l’action, ont oublié leur probable origine, soit ils ne souhaitent pas l’évoquer craignant d’être traités de pervers.

Quoi qu’il en soit, toute ulcération (toute plaie) des organes génitaux sans lien certain avec un traumatisme doit faire rechercher une infection sexuellement transmissible, qu’elle soit douloureuse ou non. En effet, certains chancres (plaies génitales) comme celui de la syphilis sont impressionnants dans leur taille et leur forme mais sont indolores.

L’histoire la pire que j’ai eue à endurer s’est déroulée à l’hôpital il y a plusieurs années. J’avais été bipée par mes collègues chirurgiens pour voir un jeune homme arrivé aux Urgences une heure auparavant. Au bloc, l’atmosphère était tendue, les chirurgiens regardaient, les cuisses serrées, les yeux révulsés, un spectacle désolant, qui avait éveillé leur angoisse de la castration. A l’instar des lecteurs découvrant le passage de l’accident de fellation dans Le monde selon Garp de John Irving. 
Ce jeune patient avait beaucoup bu avec ses copains et avait accepté un défi délirant. 
Celui de bander pendant des heures, en absorbant un mélange de diverses drogues, d’alcool et de Viagra, et en plaçant la base de sa verge dans un anneau serré. 

Cette situation de priapisme avait engendré une nécrose partielle de verge, c’est-à-dire que certaines zones n’étaient plus irriguées (le sang ne pouvant plus passer) entraînant un aspect carbonisé traduisant la mort des tissus. 
Comme c’est le cas au niveau cardiaque lors d’un infarctus ou au niveau cérébral lors d’un accident vasculaire cérébral. L’urine était également bloquée.

Heureusement, tout le monde s’est mobilisé et la situation a été sauvée in extremis. Nous étions tous abasourdis à l’idée que ce pauvre jeune homme avait failli ne plus jamais connaître, et faire connaître, ce si délicat frottement qu’est la pénétration!

F

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Bonne santé!

Au moins une fois par an, j’essaie d’aller en Congrès: pour y revoir mes collègues de cursus qui m’ont supporté, et mes Maîtres qui m’ont admise parmi eux et tout appris, mais aussi pour mettre à jour mes connaissances. Parfois, je suis presque inquiète d’apprendre tant de choses. La Médecine, et ma spécialité la dermatologie évoluent chaque année: nouvelles maladies, nouveaux traitements, nouvelles avancées.

Nous avons une excellente session clôturant les Journées de dermatologie de Paris, appelée quoi de neuf, basée sur une revue de la littérature, qui reprend toutes ces nouveautés en médecine, en cancérologie, en recherche dermatologique et en dermatologie clinique, pendant laquelle j’ai les larmes aux yeux d’émotion. 
Je suis dans ma confraternité, parmi les Miens. Je réalise ma chance d’appartenir à ce monde en mouvement.
Je suis impressionnée par les travaux des unités de recherche, par mes Maîtres enthousiastes, optimistes, qui, à renfort d’études en tout genre et de nuits blanches, ont changé l’espérance de vie des patients atteints de maladies graves comme le mélanome métastatique (cancer de la peau), avec des postulats quelquefois tirés par les cheveux et des idées incroyables. Ils ont accepté d’être des génies de l’ombre, inconnus du grand public, sans moyen, sans reconnaissance alors qu’ils passent leurs vies à améliorer celles des autres.
Lorsque je discute avec eux entre 2 formations, ils me racontent certaines de leurs expériences, leurs essais thérapeutiques, leurs cas cliniques. Vincent m’explique quel traitement il a mis en oeuvre pour rendre enfin possible la maternité d’une ses patientes qui avait déjà perdu 4 bébés à cause d’une maladie auto-immune  de la grossesse (liée à des anticorps). Marie me fait part du topo qu’elle va présenter en cancérologie dermatologique. Cette année, j’ai également revu des médecins militaires toulonnais, rencontrés pendant mon Internat. Plus spécialisés en blessures par balles, ils vont probablement intervenir sur les blessés des attentats de Paris, pour effectuer des greffes de peau, pour surveiller la cicatrisation de leurs plaies.
C’est incroyable l’action positive qu’on peut parfois avoir sur l’humanité quand on ne baille pas dans un hémicycle ou qu’on ne sodomise pas les drosophiles dans une salle de réunion. 
Je vous souhaite à tous une merveilleuse année et une bonne santé!
Malgré cette servitude, malgré un mépris gouvernemental total, et même si la gratitude des patients n’est pas toujours au rendez-vous, Médecine, ma plus belle histoire d’Amour, c’est Vous! 
F

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Soigner les maux et les mots de France (un billet d’humeur tricolore)

Les médecins, infirmiers, psychologues et tous les autres continuent de traiter avec beaucoup de dévouement les blessures inhérentes aux attentats de ce vendredi 13 novembre. Certaines douleurs sont assourdissantes, certaines plaies ne pourront jamais se refermer.

Pendant ce temps, on invoque la cohésion nationale pour guérir nos maux. La fierté d’une France mélangée, solidaire, unie et soudée …dans la peine.

Où en est vraiment le sentiment patriotique français et son symbole tricolore, laissé pendant des années aux mains des nationalistes?

Le ciment national est-il suffisamment consistant pour être à l’origine de fondations stables et solides? On aimerait posséder autant de millions que le nombre de fois où le Premier Ministre nous abreuve de « nos valeurs ». Et si on reprenait les mots piliers de la République française pour se rappeler à leur utilité, sans langage infantilisant ni jugement culpabilisant. Juste les mots pour les expliciter, se les réapproprier, (re)connaître leur sens et leurs limites.

Qu’est-ce qui définit la République Française?

D’abord la laïcité. Ce quatrième pilier de la France est devenu le premier depuis plus de dix ans et on n’a jamais autant parlé de religions que depuis qu’on a réaffirmé la laïcité. Si votre vie religieuse ne s’est jamais imbriquée dans votre vie civile, et si vous avez aussi (malheureusement) baillé lorsque le Professeur évoquait la laïcité sur les bancs de l’école de la République, vous pouvez être amené à la confondre avec une hostilité vis à vis de la religion, ou avec une certaine neutralité obligatoire de chacun.

En fait, ce serait, d’après le philosophe H.Pena Ruiz, un principe égalitaire autorisant la liberté de conscience avec une égalité des croyants et des athées, un premier pas vers l’antiracisme? Il s’agirait aussi, toujours d’après les spécialistes, de la neutralité de l’Etat et de ses représentants (conséquence de la séparation des Eglises et de l’Etat) pas de la neutralité des citoyens! D’où les débats houleux, les avis controversés (sur les signes extérieurs religieux dans l’espace publique et privé notamment) depuis des années avec plus récemment la question de la légitimité des crèches dans les mairies à Noël.

Et la Liberté, premier pilier historique de notre République, depuis la Révolution de 1789. Sous couvert de cette liberté que doit-on accepter? D’écouter certains vomir sur une religion sous le (faux) prétexte d’un conflit territorial lointain externe à la France? De laisser tenir des propos équivoques sur la condition de la femme?

Et puis, il y a plein d’autres mots qu’il est toujours difficile de manipuler.

L’intégration, mot beaucoup moins péjoratif qu’assimilation, mais encore très souvent précédé du mot effort. Peut-être que le mot concession serait un préfixe plus intéressant. Comme lors d’un mariage où chacun s’accepte tel qu’il est malgré les difficultés impliquées et où chacun reconnaît dans l’autre un passé et même s’en approprie tout ou partie.

Concernant ce qu’on qualifie de « diversité » environ 50% des français étant issus de l’immigration, la diversité serait-elle vraiment une minorité de la population française?

Quant aux amalgames, je croyais à un vieux terme utilisé jadis par les dentistes…

Soigner les mots de France est très important, sans faux bons sentiments, ni glue unitaire ou gélatine verdâtre, contribuera sans doute à soigner les maux de France.

F

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20 ans ont passé, tout a changé?

Ce vendredi 13 novembre 2015 me rappelle un autre jour.
Il faisait chaud à la bibliothèque de ma faculté de médecine ce 25 juillet 1995. Nous étions étudiants, nous préparions le concours de l’Internat, au moment où les bruits assourdissants des véhicules des pompiers et du SAMU et leurs lumières stroboscopiques, arrivés aux urgences, ont attiré notre attention. Nous avions compris que quelque chose s’était produit peut-être pas très loin.

A l’époque, rappelons-nous, pas d’iPhone, pas de BFM TV, pas de Facebook, pas de Twitter… (mes connaissances s’arrêtent là, vous pouvez compléter), donc pas d’information immédiate, seulement des suppositions.  Après renseignements pris au sein de la faculté et aux urgences médico-chirurgicales en face, un RER aurait déraillé à la station St-Michel vers 17h30, faisant morts et blessés. Situation de crise à l’hôpital.

Nous avions repris nos blouses dans nos services respectifs, nous nous étions portés volontaires pour aider nos collègues aux urgences, d’abord par humanité, par compassion, mais aussi parce nous savions à quel point la médecine de catastrophe était formatrice et utile. C’est un moment extraordinaire pour un médecin au sens propre du terme. 

Mais nous ne savions pas alors de quelle catastrophe il s’agissait vraiment. 

Aux urgences, les brancards s’entrechoquaient, l’anarchie régnait. Les blessés saignaient, les cris nous habitaient. De nombreuses sutures après, nous sommes enfin rentrés chez nous. Et là, dans nos radios, dans nos télés, le mot était lâché: attentat.

Depuis, vingt ans ont passé. Depuis, tout a changé: les combats, les ennemis, les gouvernements, les médias, la façon de relayer les informations, la façon de réagir aux informations. Tout a changé? Quand le pire vient d’arriver, comment se douter que ce ne serait pas un cas isolé, qu’il y aurait d’autres vies dévastées.
Je n’avais (presque) jamais évoqué cet événement, ni à mes amis, ni à ma famille, jusqu’à aujourd’hui, avec les yeux rougis. 

F

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Mon sexe, il est beau?

Une fois que la question de la normalité de son sexe est à peu prés réglée, se pose, comme pour toute partie du corps à l’heure actuelle, la question de sa beauté.
En effet, les patients l’observent de plus en plus, émettent leur avis, en parlent très librement. Une star de la télé réalité déclarait même récemment avoir un vagin au moins aussi beau qu’avant son premier accouchement…Erreur  anatomique ou grande souplesse; en tout cas, l’esthétique des parties intimes est désormais incontournable. Améliorer l’apparence de son sexe, le garder jeune, comme son visage, est devenu un sujet à part entière.

Première interrogation: la pilosité. Comment faut-il l’épiler? Cela varie avec certaines modes. De manière définitive grâce au laser? Jusqu’à quel point? Triangle, ticket de métro? Pour ne plus jamais avoir aucun poil comme une très jeune fille au risque de le regretter? Laisser le naturel des années 70 (la zone en friche donc) rêvé par Nikki Silver la nouvelle papesse de l’érotisme poilu? D’autre part, pour assortir le haut et le bas, dans un souci d’homogénéité, certaines (souvent d’âge plus mûr…) se font la même coloration sur les poils pubiens restants que sur les cheveux.

Et les hommes? Doivent –ils dompter leur pilosité ou l’accepter? Doivent-ils utiliser une tondeuse pour améliorer le contact et l’impression de propreté?

Deuxième interrogation: la couleur. Les zones intimes sont physiologiquement plus foncées ce qui n’est pas au goût de chacun. Leur désir de le dépigmenter (la vulve, les testicules, le pli interfessier…) au laser notamment est régulièrement exprimé. Cas inverse: les patients et patientes atteints de vitiligo des parties intimes (dépigmentation sans gravité mais parfois gênante, irrégulière, d’évolution anarchique, probablement d’origine auto-immune). Lorsqu’ils consultent pour avis thérapeutique, je les sens très déçus quand je leur conseille simplement d’éteindre la lumière au lieu de traiter.

Troisième interrogation: la fermeté, la tenue. Sur le plan médical, des injections d’acide hyaluronique (produit dit de comblement, utilisé en esthétique essentiellement pour améliorer les plis et rides du visage) continuent à être employées pour repulper, pour hydrater les petites et les grandes lèvres. Un nouveau laser a également été mis au point, par analogie avec ceux destinés à la rejuvénation du visage, l’amélioration de la fermeté. On y a surtout recours pour revitaliser la muqueuse vaginale et ainsi lutter contre la sécheresse de cette zone. Sur le plan chirurgical, certains chirurgiens plasticiens se sont spécialisés dans les interventions sur les parties intimes. Pour les femmes, la labioplastie a pour but de réduire la taille des grandes ou des petites lèvres, qu’elles décrivent parfois comme flétries ou tombantes. La vaginoplastie permet de diminuer la taille de l’orifice vaginal et de le rendre ainsi plus tonique, de le rajeunir lui aussi. Pour les hommes, il s’agit essentiellement d’allonger ou d’élargir la taille du pénis.

Ça y est, problème de la beauté réglé? Alors continuez d’être prudents et sortez protégés!

F

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Mon sexe, il est comment?

Cette question entêtante et affolée se retrouve de manière fréquente dans les films à caractère pornographique, paraît-il. Elle est aussi quasi quotidienne dans les cabinets des dermatologues. Ceci pour deux raisons: d’abord parce que les dermatologues sont les spécialistes de la peau et de toutes les muqueuses (génitale, anale, buccale…) et aussi parce cette spécialité  a toujours englobé la vénéréologie (anciennement syphilographie) c’est-à-dire les maladies vénériennes (syphilis, blennorragie…) devenues MST puis IST ou infections sexuellement  transmissibles. Ils connaissent donc profondément et dans les moindres recoins l’anatomie intime féminine et masculine, ils sont les mieux placés pour répondre aux inquiétudes des patients et des patientes.

Certains éléments de la vulve, de la verge ou des testicules nous interpellent et s’avèrent être des variations de la normale ou des lésions tout à fait bénignes, parfois elles ont toujours existé.
Elles peuvent être aussi des lésions effectivement infectieuses mais sans aucune gravité et sans caractère sexuellement transmis ou transmissible.
Parce que la zone concernée se trouve être la zone sexuelle, plus que jamais, ces découvertes corporelles font l’objet de mauvaises interprétations nourrissant les craintes conscientes ou non, liées au sexe ou à la pratique sexuelle.
En effet, les « grains de Fordyce », par exemple, sont des toutes petites glandes sébacées que l’on peut retrouver au niveau de la vulve, au niveau du prépuce ou encore du fourreau de la verge. Ces petits granulés jaunâtres superficiels sont fréquents, physiologiques, et ne nécessitent aucun traitement.
Autres éléments constitutionnels et fréquents: les papules perlées du gland appelées « hirsutisme balanique » sont des formations fibromateuses parfois sur plusieurs lignes sur la couronne du gland. Elles auraient un rôle physiologique, offrant plus de sensibilité lors du coït. Ces formations sont souvent confondues avec des « papillomes vénériens » et à ce titre sont vécues avec anxiété et culpabilité car elles posent la question de l’existence d’une infection et surtout d’une I.S.T (infection sexuellement transmissible) avec son cortège d’interrogations.  Premier soupir de soulagement…
Outre ces particularités physiologiques, certaines dermatoses communes, localisées au niveau génital : maladies inflammatoires mais non infectieuses (psoriasis, eczéma, lichen, aphtes…), ou allergies à un médicament, donnent parfois lieu à des examens lourds, culpabilisants, et à des angoisses, à des malaises quant à la fiabilité du ou de la partenaire.
Pour simplifier, ce n’est pas parce que le bout pèle que votre partenaire est infidèle. Deuxième soupir de soulagement…
D’autre part, la survenue de certaines infections, cette fois, comme les mycoses (infections liées à des champignons) n’ont pas lieu d’être systématiquement liées aux rapports sexuels. Elles surviennent souvent après un traitement antibiotique ou après un stress. Elles nécessitent elles aussi un traitement adapté afin que, outre les raisons médicales évidentes, ne se cristallisent sur la zone sexuelle les sensations de douleur qui entraînent la défiance vis-à-vis de la sexualité.
La découverte chez certains hommes, circoncis ou non, de taches pigmentaires brunes, quelquefois très foncées, de teinte inhomogène, irrégulières de taille, sur le pourtour du gland et du sillon balano-préputial, font redouter un mélanome génital (cancer de la peau ou des muqueuses). Il s’agit en fait de « mélanose » (lentiginose) du pénis. 
A l’inquiétude première de la mort liée à tout cancer, se surajoute la peur de se faire retirer un morceau de son anatomie et non des moindres. Parce que la zone concernée est la zone sexuelle la frayeur vire parfois à l’angoisse inconsciente de castration. Freud encore et toujours t’habite… 
Les « angiomes », des petits éléments violacés, parfois très foncés, imitant des lésions pigmentaires, peuvent apparaître sur la vulve (surtout lors ou après une grossesse), sur la verge ou les testicules. Ils sont définitifs mais n’ont en revanche aucune conséquence sur la santé. Troisième soupir de soulagement…
Il en est de même pour les kystes sébacés des testicules (boules blanchâtres ou jaunâtres de sébum entourées d’une coque), qui sont des lésions tout à fait bénignes. Elles peuvent être enlevées en cas de gêne et ne génèrent aucune cicatrice.
Il n’y a donc pas de quoi paniquer, si vous vous interrogez, consultez pour vous rassurer.

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Toute première fois

Elle procure une émotion incroyable la toute première fois. C’est une situation nouvelle, inédite, tranchant radicalement avec la routine, un moment béni des Dieux, un moment de bonheur pur et simple transcendant le cours de nos existences. La toute première fois embrasse tous les domaines : amoureux, culturel, artistique…Le premier regard, les premières mesures de Sunday Bloody Sunday annonçant l’arrivée de Bono sur scène, la première lecture d’un texte merveilleux, la première arrivée sur la vieille ville de Jérusalem…

Quand on est médecin, c’est quand on a sauvé la vie de quelqu’un pour la toute première fois. L’inoubliable instant où l’on s’est pris pour Dieu, et ça fait du bien! Je me suis remémorée cette sensation extraordinaire lors de la (re)diffusion d’un volet de l’émission enquête exclusive. Le réanimateur pédiatrique filmé s’occupait d’un enfant de 2 ans admis pour un asthme aigu grave. Son pronostic vital était en jeu tant il ne pouvait plus respirer malgré l’arsenal thérapeutique mis en œuvre. Tout allait très vite, avec un sang-froid adapté, ce médecin a dit aux infirmiers : attention, il va s’arrêter. Et il avait raison. Tout à coup, plus un souffle, ECG plat, l’enfant était en arrêt cardio-respiratoire. Mais cela n’a duré qu’une seconde, les soignants tous affairés à leur poste, il a été ventilé au masque frénétiquement  puis intubé, et le réanimateur a dit: ça y est, merci à tous, nous l’avons ramené. Soulagement, reconnaissance éternelle des parents, les téléspectateurs dont j’étais ont essuyé une larme.

Mon premier massage cardiaque, geste dur et fastidieux, ma toute première fois, partait très mal. J’étais seule, fatiguée, mais dans le désespoir, la force est décuplée et miracle, j’ai perçu le pouls carotidien, le patient est revenu après quelques minutes de blackout. Cette impression de dépassement de soi, teintée de joie et de gloire, ne vous quitte plus. Elle vous grise, vous ne pouvez plus vivre sans elle. Elle vaut de l’or! Je me suis toujours demandée pourquoi les médecins, et les soignants en général étaient si mal rémunérés surtout en France, malgré un service rendu allant bien au-delà de l’acquisition d’une quelconque richesse (la vie étant le bien le plus précieux). Naïvement, je croyais à un mépris des professions de santé, historique, aggravé au fil des années, entretenu par les différents gouvernements. Je me trompais. En fait, les soignants ont tellement de décharges d’adrénaline qu’ils sont au-dessus des biens matériels. Ils les compensent par toutes ces émotions positives. Nul besoin de sports d’hiver, de sacs de marque, de belles voitures quand on a le privilège de vivre de telles sensations…

Et c’est un peu pareil quand vous avez sauvé des centaines de vie d’une fusillade, vous avez juste droit à la même médaille qu’une présentatrice de variétés!

F

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Belles mèr(d)es

J’enviais la jeune fille que je devais opérer d’un abcès du dos ce matin-là tant elle avait l’air proche de sa belle-mère, venue l’accompagner. Elles semblaient complices presque amies. Si vous trouvez votre belle-mère pleine de qualités, agréable, utile et serviable, passez votre chemin, ce billet d’humeur risque de ne pas vous concerner. En revanche, si pour vous, la seule chose digne d’intérêt émanant de votre belle-mère est son Fils, là, vous allez vous sentir moins seule… La belle- mer(d)e, c’est un élément immuable de nos vies contre lequel se débattre ne sert à rien. Elle a peu de chance de changer mais vous de nombreuses de vous épuiser.
A-t-on d’ailleurs toujours un a priori négatif sur sa belle-mère ? Nous avons baigné, comme toutes les petites filles, dans l’atmosphère des belles-mères des films de Disney, sorcières méchantes et maléfiques. Alors que, malgré une appellation commune, il ne s’agit pas du même type de belle-mère.

Ce statut bancal et délicat ne confère-t-il pas un qui vive hostile de la part de la belle-fille ? Cherchons-nous en elle, à tort, une seconde maman, une oreille attentive, une confidente ?

Attendons-nous trop de celle qui a engendré cet être parfait qu’on a choisi d’épouser ? D’où proviendraient donc son intelligence, sa beauté, sa finesse d’esprit ? Pas de la génétique ?

Les défauts de la belle-mère nous apparaissent toujours plus intolérables, inacceptables, inadmissibles, nous avions fini par concéder l’existence de l’imperfection sauf pour elle! Elle nous agace quoi qu’elle fasse.

Dans les stéréotypes classiques de la belle-mère, il existe la jalouse, l’exclusive, celle qui ne veut pas céder sa place. Elle s’invite dans votre appartement, elle s’y installe sans durée déterminée. Elle vous rappelle sans cesse à quel point vous êtes chanceuse… J’en ai rencontré également des démoniaques, écrasantes, malveillantes, machiavéliques, elles mettent en défaut leurs belles-filles, elles cherchent à nuire. Qui leur a autorisé le préfixe belle?

Il y a aussi celle qui donne son avis sur les enfants (même si ce sont les vôtres), les vacances, le travail, l’argent, tout est prétexte à l’écouter. Si vous travaillez, vous élevez mal vos enfants, si vous ne travaillez pas, quelles sont vos occupations exactement ?

Vous abordez parfois des sujets similaires avec votre propre mère, dans une atmosphère de discorde et de tension, mais le background est différent, les liens sont directs, vous vous permettez plus de répartie, il en résultera moins de ressentis.

 Et puis il y a la belle-mèr(d)e qui ne sert à rien, elle n’est pas nocive, pas méchante. Tellement vide, vous n’en n’attendez rien. Si elle présentait le moindre intérêt, vous le sauriez depuis le temps que vous la fréquentez. Vous continuez à vous étonner de cette génétique mais à quoi bon…

Vous croisez les doigts, vous espérez juste que vous serez différente quand, à votre tour, vous deviendrez belle-mèr(d)e!

F

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Rencontres du 3e type

La jolie trentenaire venue en consultation ce matin-là pour l’examen de ses grains de beauté avait crée sa propre entreprise, une sorte d’agence de rencontres basée sur les sorties et les week-ends en groupes. Je suis toujours admirative des créateurs de start-up. C’est en écumant tous les sites de rencontre qu’elle avait trouvé cette (bonne) idée. N’étant ni (très) jeune ni d’Amérique du Nord, je n’avais jamais côtoyé tous ces sites. Les rencontres mythiques, les rencontres très rapides, les rencontres après validation d’un panier (avec parfois une remise?), les rencontres triées sur le volet avec uniquement des gens élus et attirants…

Lors de l’apparition de ces sites sur la toile, n’y connaissant rien, j’avais été sceptique quant à la réussite de ce concept. C’est finalement une idée très ancienne, vieille comme le monde, idée que mon arrière grand-mère Rachel avait déjà eu au début du vingtième siècle, dans son petit village reculé. Mais elle est ici  remise au goût du jour, dans une version moderne avec des rencontres électroniques (voire électroniquées…)

J’étais de prime abord surprise, que cette patiente y ait eu recours. C’est vrai que ma patiente était drôle, indépendante, intelligente. Mais à part ces points bloquants, elle semblait coller parfaitement aux stéréotypes de la misère masculine : blonde, vêtements de cuir, bon ratio fesses-poitrine …

Rien à voir avec une quelconque solitude ou timidité. C’est une question d’époque. Elle m’expliquait les tenants et les aboutissants de la vie numérique. Si vous voulez connaître les dernières informations, une recette de cuisine, une idée cadeau, lire un livre, acheter un chat (ou une chatte), converser avec des amis (proches ou non), vous finissez toujours par coller votre regard à un ordinateur ou à une tablette. C’est devenu un réflexe à tout âge.

Alors pourquoi ce ne serait pas pareil pour rencontrer quelqu’un. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Après tout, la relation établie après ne sera pas plus virtuelle que si elle était issue d’une rencontre aléatoire dans un bar.

F

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Errare humanum est

Je voyais à ma consultation, un matin de décembre 2014, un jeune interne en cardiologie pour une poussée d’eczéma généralisé. Le stress en était le facteur déclenchant, il semblait dépité : un de ses patients venait de décéder durant sa garde. Probablement d’une embolie pulmonaire. Il n’avait pas réussi à le sauver, il avait évoqué le diagnostic tardivement, il avait peut-être mal choisi ses prescriptions, il se sentait responsable…
Tout médecin a déjà connu cette situation, la fatigue des gardes, les difficultés de l’interrogatoire, l’idée première d’un diagnostic que notre esprit ne veut pas quitter. Lorsque j’étais interne de garde aux urgences d’un hôpital de banlieue parisienne, en décembre 1997, j’avais vécu cette situation. J’avais ainsi pris à tort un infarctus du myocarde pour une urgence digestive. Il s’agissait d’un patient non francophone qui avait des douleurs abdominales alors que les douleurs cardiaques sont d’ordinaire plus hautes. Les enzymes hépatiques étaient élevées comme on peut l’observer dans certaines urgences digestives mais aussi dans un infarctus du myocarde.

J’avais demandé un électrocardiogramme, contrairement à l’interne du film Hippocrate, mais je ne l’avais pas regardé. Je l’avais (mal) orienté en chirurgie viscérale, malgré l’examen clinique du chirurgien aux urgences qui allait contre ma suspicion…
Bref, j’avais cumulé les erreurs. Je  ne dois son salut (et le mien) qu’à l’équipe de réanimation venue le sauver la nuit suivante d’une insuffisance cardiaque compliquant cet infarctus. Il m’arrive encore d’y penser presque 20 ans après.

Même si l’erreur est humaine, en médecine, comme dans toute vie professionnelle ou personnelle, elle est parfois lourde de conséquences. Ce n’est pas l’erreur qui sera jugée, mais plutôt la capacité et la motivation à la réparer lorsque c’est possible. Puis, seule l’humilité, qualité essentielle de tout être humain et en particulier des soignants, nous permet d’apprendre de nos erreurs pour nous améliorer et ne pas les répéter.

Cela me rappelle un épisode de Grey’s Anatomy, série médicale, qui contre toute attente, n’est pas très loin de la réalité, à part la présence du magnifique Patrick Dempsey. Le titulaire Weber furieux aide un interne sur la mauvaise voie. Il corrige de justesse l’erreur du jeune homme proche de la catastrophe. Il le découvre, quelques heures après, soupirant de soulagement, et lui dit alors à peu de choses près: souviens-toi surtout du début de cette histoire et de tes craintes, pas du soulagement que tu as ressenti à la fin, cela te fera avancer.

En médecine, on est toujours du bon côté. Parfois, les critères varient, les choix sont donc cornéliens, et les décisions collégiales: interrompre une grossesse, mettre fin à une réanimation, préférer tel ou tel traitement…Une erreur médicale c’est bien plus qu’une erreur professionnelle. 
C’est briser un serment, briser un sacerdoce. Tel un Chevalier brisant son allégeance à son Seigneur, un prêtre rompant ses vœux.

C’est une question de lien et de confiance. D’abord avec le patient qu’on a juré d’améliorer coûte que coûte mais aussi vis à vis de nos Maîtres.

Nos pairs risquent ne plus nous juger dignes de leur enseignement, ne plus nous considérer comme leurs semblables, appartenant à la confraternité, ils risquent même de nous en exclure, déchéance d’entre toutes!  

Dans la vie quotidienne, certains choix sont également déterminants et nous caractérisent. Les décisions rapides ou impulsives, traverser le passage à niveau au dernier moment, arrêter d’étudier, faire l’amour sans préservatif, quitter quelqu’un… nous impactent à vie.

Un homme est fait de choix et de circonstances ; personne n’a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix, a dit ainsi Eric-Emmanuel Schmitt.


F

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Liberté d’expressions

C’est lorsqu’un patient m’a décrit son traitement antifongique (contre les champignons) en l’appelant kérosène, que j’ai décidé d’aborder ce thème.

Les lapsus, les confusions de termes, les méconnaissances anatomiques (déjà un peu évoquées dans un autre billet) sont légion dans les cabinets des médecins, à l’origine de connivences, de sourires ou d’hilarité.

Avec d’abord les noms des pathologies, des médicaments (ovocyte au lieu d’ovule pour le traitement d’une infection vaginale), et les expressions telles que la paralysie fiscale, les aisselles du nez…Certaines situations sont émouvantes.

Lorsque mon collègue orthopédiste, il y a plusieurs années, a expliqué à son patient qu’il ne pouvait pas l’opérer sans la radio, au lieu de venir avec ses clichés, il est arrivé avec un poste de radio (l’ancêtre de l’iPod) …Il croyait probablement lui devoir un pot de vin.

Les meilleures déformations des mots viennent des enfants : se lever aux horreurs, miniscule, mes et tes dicaments, ta et sa lopette…Nos croyances, nos interprétations erronées restent souvent nos meilleurs et nos pires souvenirs. Comme Justine Lévy qui, dans la gaieté, évoque les maladies orphelines, dont elle croyait qu’elles n’atteignaient que les orphelins.

Ma sœur et moi avons longtemps pensé que 2 os retenaient le bébé pendant la grossesse, qu’ils se brisaient et tombaient au moment de l’accouchement, lorsqu’il devenait trop gros, d’où l’expression perdre les os enfin les eaux!

Lors du Tour de France, qui n’a pas encouragé les échappés du peloton, imaginant des prisonniers libérés du joug de leurs geôliers? Qui ne s’est pas contorsionné devant sa glace, bouche ouverte, pour tenter d’apercevoir la queue du chat qu’on était censé avoir dans la gorge? Toutes ces expressions qui font la richesse de la langue française: graisser la patte, le pot aux roses…

Et la porte laissée entrebâillée toute la nuit pour faciliter le passage de la petite souris jusqu’à notre lit, la gueule soi-disant chargée de pièces…Les traces supposées des fesses du Père Noel sur la suie de la cheminée…

Dans le registre amoureux, je suis toujours une enfant devant certaines habitudes de langage: j’adore le coup de foudre. Je ne peux pas m’empêcher d’y associer un bruit de tonnerre et des éclairs dans un ciel assombri. J’aime aussi toutes les fois où l’on tombe (mais heureusement on se relève): amoureuse, enceinte.

Et l’homme ou la femme de sa vie, reposant sur la perpétuité (déjà également évoquée). Comme si on n’avait qu’une seule vérité. En cas de mariage interrompu, le nom est fixé par la Loi, à savoir ex femme ou ex mari mais sinon, quid de l’homme (ou de la femme) de sa vie après une rupture? On entame une nouvelle vie en oubliant la première?

Ma formule préférée demeure: faire l’amour. Elle est magnifique, élégante, excitante.

Cependant, quelle naïveté ou quelle prétention de penser qu’on peut faire un sentiment ?

F

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Les pères et les mères veilleux

Je demandais de ses nouvelles à un patient trentenaire dont la femme venait d’avoir leur premier bébé. Dans cette situation, la réponse est souvent directe, automatique, empreinte de bonheur, de fierté, de joie extrême, parfois explosive.

Mais là, je ne le sentais pas si enthousiaste pour un jeune papa, plutôt hésitant, circonspect. Il m’a fait part de ses difficultés nouvelles, de sa peur de ne pas être à la hauteur de cette tâche, de ses doutes quant à accepter une telle dépendance réciproque. Soyons clairs: un tel discours si franc, si clairvoyant, était une vraie nouveauté! Je n’avais jamais entendu, en consultation, comme à la sortie de l’école, que des parents satisfaits, pétris de certitude. Même mon ami d’enfance, que j’avais perdu de vue pendant plus de 10 ans, lorsque je l’ai rappelé, m’a immédiatement inondé de phrases mielleuses concernant ses enfants « magnifiques » de 14 et 12 ans.

C’était peut-être sa façon d’exprimer sa satisfaction tout simplement, ou sa supériorité, je ne sais pas. Qui qualifie de « magnifiques » des adolescents? J’avais failli lui répondre que les miens étaient moches et cons, mais d’abord c’est heureusement faux, et en plus, je ne savais pas si c’était son manque d’humour qui nous avait éloigné ces dernières années…

Cet accès admiratif s’envisage avec des tout petits parce qu’ils ont des beaux traits et qu’ils ne sont pas encore  effrontés ou insultants, mais après? Cette dithyrambe s’inscrit dans une méthode Coué ou dans une façon d’exprimer sa propre perfection, les enfants étant la conséquence et le prolongement de cette perfection supposée. C’est de la poudre aux yeux, la perfection n’étant pas le propre du genre humain.

Les enfants s’intègrent dans nos vies, sans formation préalable ni diplôme, à l’instar d’un projet immobilier, travaillé, réfléchi et réalisé à un moment précis. Sur leurs épaules reposent tous nos espoirs et nos souhaits.

Pères et mères sont les architectes de l’éducationa dit jadis Plaute, mais sont-ils les seuls, quel est donc leur véritable rôle? Nous souhaitons tous le meilleur pour nos enfants, avec une échelle différente d’une famille à l’autre. Attendons-nous trop d’eux? Pourtant, ne rien attendre n’arrangerait pas les choses… Avons-nous changé de cadre? Qui faut-il alors  blâmer lorsqu’ils ne sont pas à la hauteur de nos espérances ou de celles de l’Education Nationale?
Ces pères et ces mères veilleux, parfois méprisants, souvent moralisateurs, oublient facilement qu’aucune relation linéaire n’existe strictement entre, ce que nous sommes, nos préceptes et le devenir de nos merveilles.

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