Archives mensuelles : décembre 2016

Systémique médicale 2016-12-31 17:02:00

Lettre d’Expression Médicale n° 996
  Sur Exmed :   http://www.exmed.org/archives17/circu996.html
    1er janvier 2017

                                          

                     CLASSEMENTS
                 Jacques Grieu

  

En première, debout ? Ou assis, en seconde ?
Laquelle option choisir ? La réponse est féconde :
C’est là qu’on voit les snobs, les fats et les poseurs !
La classe est chose innée, n’a pas de professeur.
Le chic comme le chien ne peuvent s’acheter ;
Les billets qu’on reçoit ne peuvent se changer…

En trois classes on pourrait ranger les bons apôtres :
Vaniteux, orgueilleux et puis… les autres.
Mais les autres, on les voit si peu dans le vécu,
Qu’on se demande alors s’il y en a bien eu.
Deux classes de raseurs : ceux qui ont un sujet
Et ceux qui n’en ont pas. Les pires ont un projet.

Les objets en trois classes : inutiles, égarés
Et ceux qui sont en panne. Un pensum à gérer !
Faut-il faire ses classes pour en venir à bout ?
Les traiter par l’humour en se moquant de tout ?
Il faut avoir la classe pour bien y arriver,
Maîtriser le sujet sans du tout s’énerver…

Notre chemin de fer cause souvent des morts :
Ceux de première classe ont-ils le meilleur sort ?
Pourquoi toutes ces classes à nos enterrements ?
Au paradis, en train, on irait plus souvent ?
Dans le sens de la marche, on monterait plus vite,
Si la place, en première, aux obsèques, y incite ?

Nos douces RPA, beaucoup de nous y passent :
Colonies de vacances ! Et sans rentrée des classes !
Notre lutte des classes est mal si répandu,
Que même au cimetière, on en est convaincu !
L’apartheid entre classes un peu partout s’installe,
Mais douleur comme mort pour chacun sont égales…

                    Jacques Grieu

NDLR :
Les douces RPA ? La douceur invoquée par Jacques Grieu ne peut concerner que les résidences pour personnes âgées, nos anciens hospices et maisons de retraite sans fard commercial.

Os Court :

 « On meurt par à-coups, comme on change de classe au lycée. » “
 Frédéric Dard

                 


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Rentrée des classes CO d’Exmed

Rentrée des classes LEM 996


Rien de mieux qu’un sérieux effort de classement de ses affaires pour débuter le mieux possible la nouvelle année 2017. Jacques Grieu nous y convie avec la LEM 996 : CLASSEMENTS.  www.exmed.org/archives17/circu996.html


Et, classements ou pas classements, au goût de chacun, la rédaction d’Exmed souhaite une fructueuse année 2017 à tous ses lecteurs internet du monde entier.

F-M Michaut , CO d’Exmed 1-2 janvier 2017 Continuer la lecture

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Voir plus loin : la fumée du cannabis altérerait les capacités rétiniennes des fumeurs

  Bonjour Le cannabis attise les passions politiques plus ou moins libératrices. On le verra bientôt lors des débats de la Primaire de la Gauche. Le cannabis n’est pas seul dans l’affaire : il en va de toutes les substances qui modifient les états de conscience : quelles limites la puissance publique doit-elle (ou non) fixer quant […] Continuer la lecture

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Bilan sportif 2016

Plus de 459 heures. Je suis dans le premier décile en matière de volume sportif parmi les utilisateurs de VeloViewer. Mais je reste cool : le RPE moyen sur 10 est de 4,35 🙂 2016 a été une année que j’ai voulu de transition, sans pression pour accomplir un gros évènement. Je voulais décompresser après … Continuer la lecture de « Bilan sportif 2016 » Continuer la lecture

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Stars et cœurs brisés : saurons-nous la vérité sur George Michael et Debbie Reynolds ?

  Bonjour On l’aurait parié, si de tels paris existaient : les premiers résultats de l’autopsie de la « pop star » britannique George Michael n’ont pas permis de conclure. On se souvient peut-être que l’inoubliable  chanteur de « Freedom », « Careless Whisper » ou « Jesus to a Child », avait été découvert mort le jour de Noël en son domicile de Goring-on-Thames. […] Continuer la lecture

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Le Docteur et le Labo

Maître Docteur, sur son titre perché, Tenait en sa main un pouvoir, Maître Labo, par le gain alléché, S’arma de cadeaux pour le voir : « Et bonjour, Seigneur Médecin, Voici quelques présents, que vous ne craigniez rien ! Sans mentir, si … Lire la suite Continuer la lecture

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Biais de participation

Une étude sociologique dans les usines électriques Hawthorne a été réalisée dans les années 1920 pour étudier différents facteurs susceptibles d’augmenter la productivité des ouvrières. Pour cela, les ateliers avaient été séparés en deux groupes, les uns où les conditions … Continuer la lecture Continuer la lecture

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«Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie !» M. Valls devrait lire le prochain Prescrire

  Bonjour Le candidat Manuel Valls à la Primaire de la Gauche redirait-il ce que le ministre Valls de l’Intérieur déclarait en septembre 2013  ? C’était au micro de France Inter : «Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie, et pour cela il faut que l’Union européenne, avec les autorités bulgares et roumaines, […] Continuer la lecture

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Transparence: en 2017 chacun pourra distinguer entre le «lien d’intérêts» et la grosse ficelle

aa Bonjour Dans une France gelée, des communiqués de presse comme s’il en pleuvait. Des textes jusqu’à plus soif. Aujourd’hui Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, annonce la publication  d’un décret 1 renforçant la transparence des liens entre les « acteurs du système de santé » et les « industriels du secteur ». Qu’est-ce qu’un lien transparent ? […] Continuer la lecture

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Abécédaire de fêtes

Chers collègues, Voici ce que l’on peut récolter au pied du sapin. A comme accès aux données de santé Le trésor de données détenues par la CNAM devrait être enfin plus facilement accessible, notamment aux chercheurs (voir ici). Un premier décret vient … Lire la suite Continuer la lecture

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Epidémies et confinement : voici le temps des retraités placés d’autorité en quarantaine

  Bonjour Confinement ou quarantaine ? On apprenait hier qu’une soixantaine de résidents de l’Ehpad de Vic-sur-Seille (Lorraine) sont confinés depuis le 18 décembre. Il s’agit de tenter de contenir au maximum l’épidémie de grippe qui a déjà touché quarante-deux des pensionnaires. La direction précise que le confinement a été décidé « en lien avec les services de l’Agence Régionale […] Continuer la lecture

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BMJ de Noël : des chercheurs néo-zélandais reçoivent 2,1 spams par jour leur proposant d’écrire un article ou de venir à un congrès

Dans le numéro du BMJ de Noël 2016, une bonne étude sur les spams que nous recevons tous pour écrire des articles « We read spam a lot: prospective cohort study of unsolicited and unwanted academic invitations ». L’article est bien fait et humoristique aussi. Ce sont cinq universitaires d’Auckland (endocrinologie, rhumato, biotstat, santé de la femme) ayant de 10 à 24… Continuer la lecture

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La veille du médecin sur le Web – le livre

Le médecin qui fait de la veille est-il une exception ? On pourrait le croire en constatant le peu d’appétence des praticiens pour télécharger le e-book « La veille du médecin sur le Web ». Je préfère croire que le format Kindle du téléchargement est un obstacle, même si l’application Kindle, gratuite, permette de lire le format quel […] Continuer la lecture

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Relations soignant/soigné. Episode 2 : Doctolib.

Monsieur A est venu avec son papa, Monsieur A, qui parle très mal le français.

Je soupçonne Monsieur A de présenter une lésion suspecte à la pointe externe du sourcil droit.
Moi : « Je vais faire un courrier pour le dermatologue. »
Le fils : « OK. »
Moi : « Vous connaissez un dermatologue sur Mantes ? »
Le fils : « Non, mais de toute façon j’ai déjà pris un rendez-vous sur doctolib avec un dermatologue à B. »
Oups.
B est une ville située à onze kilomètres de Mantes.
Moi : « Vous avez le nom du dermatologue ? »
Le fils : « Oui, c’est le docteur Z. »
Je ne connais pas cette dermatologue. A Mantes, où j’exerce depuis 1979, je connais les dermatologues, pas tous, car les relations hôpital/ville se sont distendues en raison de changements incessants et du fait que toutes les occasions de se rencontrer, les réunions de formation médicale continues, sont payées par l’industrie pharmaceutique, eh bien, à Mantes je ne prescris pas un dermatologue « comme ça ». J’ai mes têtes, mais surtout je sais ce qu’ils savent faire et ce qu’ils ne savent pas faire et je tiens compte aussi des délais pour qu’ils reçoivent les patients. J’ai écrit sur les spécialistes d’organes en soulignant combien ils étaient indispensables (voir ICI) et encore indispensables (voir LA) mais, à mon humble avis, ils ne sont pas généricables.
Qu’aurais-je dû faire ?
Finalement, j’écris un courrier à la dermatologue en question.
Voici quelques commentaires désabusés :
  1. Cette médecine impersonnelle commence à m’ennuyer sérieusement. 
  2. La générication des médicaments a conduit tout naturellement à la générication des médecins.
  3. Nous sommes entrés de plain pied dans la médecine de service : j’ai besoin de guérir mon rhume et je vais voir n’importe quel médecin pour qu’il me prescrive ce que j’ai envie qu’il me prescrive dont, c’est selon, des antibiotiques (pour pas que cela ne tombe sur les bronches), des gouttes pour le nez (avec un bon vasoconstricteur efficace), de la pseudoéphédrine (y a que ça qui marche chez moi), du sirop (on sait jamais).
  4. 23 euro (et plus si affinités)
  5. Et si le médecin n’obtempère pas aux ordres du consommateur il se plaindra sur twitter et il criera au manque d’empathie, à l’arrogance et autres reproches et convaincra une association de patients ou un patient expert du rhume (celui qui connaît tous les arguments sur la non prise en compte par les vilains médecins de l’altération de la qualité de vie pendant un rhume et sur le fait qu’une étude a montré que la prise des médicaments précédents entraînait un retour à la normale quatre heures avant le mouchage dans un mouchoir jetable, les deux groupes absorbant du paracetamol) de faire écrire sur un blog dédié les mésaventures enrhumées d’un patient livré aux brutes en blanc.
  6. Le système Doctolib de prise de rendez-vous sur internet est symbolique de cette médecine de consommation où le patient peut aller voir un médecin en aveugle et où le médecin, déjà débordé par sa clientèle, cela semble être le cas partout, peut rencontrer de nouveaux patients qui ne reviendront peut-être jamais. Doctolib semble plaire aux patients branchés, connectés, modernes, ceux qui commandent leurs chaussures sans les avoir essayéees et qui peuvent les renvoyer si elles ne leur plaisent pas, et est le symptôme plus que la conséquence de la dégradation définitive de la médecine et de la disparition désormais presque effective de la médecine générale de proximité (expression galvaudée et surtout utilisée par les politiciens pour dire n’importe quoi, sans compter les Agences régionale de Santé — dont on me dit qu’elles sont éminemment politiques) que l’on pourrait nommer avec emphase le dernier lieu de la common decency médicale.
  7. La médecine « un coup » prend le pouvoir. J’ai mon spécialiste pour les verrues, mon spécialiste pour la sleeve, mon spécialiste pour ma tension…
  8. La dermatologue en question, elle s’est abonnée à Doctolib pour faire des économies de secrétariat, et il n’est pas possible de la blâmer vues les conditions actuelles d’exercice, mais qu’elle ne se plaigne pas ensuite que sa consultation de médecin spécialiste soit envahie par les verrues, les acnés vulgaires ou les pieds d’athlètes.
  9. Bon, ben, faut s’adapter, mon vieux, c’est comme ça, ça changera plus. Le progrès est en marche.
Le monde change mais on n’est pas obligé de dire amen.

Et les responsables des politiques publiques doivent savoir que ces transformations seront catastrophiques sur le plan de la Santé publique et vont entraîner une explosion des coûts.
PS. Il faudra que j’écrive un billet sur http://www.mesconfreres.com de Dominique Dupagne 

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BMJ de Noël 2016 : entre humour et compassion… à lire tranquillement

Le numéro de Noël du BMJ est toujours un moment agréable, et sa lecture est passionnante. C’est un numéro décalé avec des articles humoristiques, et des articles sérieux. Je ne peux détailler tout le contenu, mais quelques points méritent commentaires : il y a 6 éditoriaux très politiquement engagés sur les difficultés humanitaires de notre monde ; l’éditorial de présentation… Continuer la lecture

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Jeux au coin du feu: Zombicide, Time Story, 7 wonders duels, Scythe, Caverna

Bonjour! Le père Noël et ses lutins ont certainement été généreux avec vous. Ils l’ont été également pour moi avec de nombreux jeux dont je vais vous parler. Les jeux de société, soit on aime, soit on a pas encore joué à un type de jeu qu’on aime! Il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les types de joueurs. Voici quelques perles du moment!
Commençons par un classique « Zombicide ». Le thème est dans le titre: les zombies se répandent dans nos ville et vous êtes un des survivants. Je n’aurai pas la prétention de dire que vous allez sauver le monde, car, vous ne le ferez pas (et même si vous le faisiez, visiblement tout le monde s’en moque…). L’objectif est avant tout que vous surviviez! Alors, jetez la poêle à frire qu’on vous a donné, récupérez une batte de baseball ou un tronçonneuse, et allez massacrer du mort vivant à coup de dés!
Pour jouer de 2 à 4 en se plongeant totalement dans une aventure, TIME Story est le jeu qu’il vous faut. Un concept simple, narratif, dans lequel le groupe de joueur voyage à travers le temps pour résoudre une énigme. Les joueurs explorent un environnement, résolvent des énigmes, combattent des créatures surprenantes… En cas d’échec, c’est reparti pour la case départ, mais grâce à vos souvenir un échec n’est qu’un moyen de mieux préparer la reprise de la mission!
« Seven Wonders » est un jeu multi-récompensé depuis 2011, mais dont la version « 2 joueurs » laissait un peu sur notre faim. Le jeu « 7 wonders duels » a finalement vu le jour! Le « draft » de carte fait désormais place à une pyramide de cartes à choisir pour finalement composer sa cité en ayant soigneusement sélectionné ses ressources, construit ses bâtiments militaires, commerciaux, civiles et scientifiques. Un vrai jeu de duel où la réflexion et la stratégie sont indispensables mais avec une complexité abordable pour des non-experts en jeu de société. Simple, intéressant, relativement rapide, bref: incontournable!
  
Si on pousse un peu plus la stratégie autour d’un magnifique jeu de plateau, Scythe est le jeu 2016 à avoir.  Les règles sont un peu longue à comprendre, mais la mécanique est très bien huilée. Obtenir des ressources sur le terrain pour développer sa civilisation dans un univers « Europe de l’Est des années 20 ». Les actions permettent de faire évoluer le plateau de jeu personnel qui peut être différent à chaque partie. Il faudra faire des choix pour l’emporter: être aimé des population, être guerrier, ou atteindre des objectifs… Peut être un peu des trois: à votre tour, camarades!

Pour les plus experts, le classique « Caverna » est également incontournable. Pour le coup, il faudra plusieurs heures de jeu pour mener à bien une partie. C’est un jeu de gestion avec des interactions limitées (mais suffisantes) avec les autres joueurs visant à construire à la fois une belle ferme avec des champs et du bétail, et aménager l’intérieur de sa caverne (car, les joueurs interprétant des nains, ils vivent dans des cavernes!). Par ailleurs, le plateau de jeu et les figurines de bois rendent le jeu encore plus captivant!

Profitez bien de vos vacances, il n’est pas encore trop tard pour vous ruer sur un jeu à tester le soir de la Saint-Sylvestre!

@Dr_Agibus

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Marisol Touraine : « Nous avons besoin de connaître aujourd’hui le génome de chacun »

Bonjour Un communiqué de presse suit l’autre. Après la grippe, la génomique. On savait la ministre socialiste quelque peu portée au scientisme. L’espoir d’une thérapeutique avant même le diagnostic. C’est confirmé. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, lance officiellement un appel à projets national amorçant le financement des deux premières plateformes […] Continuer la lecture

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Electricité : les compteurs Linky® déclencheront-ils une polémique sanitaire ?

  Bonjour Survolté, Le Canard Enchaîné revient aujourd’hui sur les nouveaux compteurs électriques Linky®. Et il se gausse de l’avis rassurant que vient d’émettre, sur le sujet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail 1. Cette Anses vient d’expliquer, expertises savantes à l’appui, que nous n’avions pas à nous affoler : […] Continuer la lecture

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Apsychognosie médicale CO d’Exmed

Apsychognosie médicale


    Consacrer toute sa vie professionnelle à ceux qui sont malades est une épreuve psychique redoutable. L’image d’Épinal du saint laïque en blouse blanche drapé dans sa science qui lui tient lieu de bouclier contre toute manifestation de faiblesse a la vie dure. Comme si tout soignant, et peu importe qu’il soit médecin ou non, se trouvait vacciné par ses études éprouvantes et longues contre toute pathologie psychiatrique.
Les étudiants en médecine sont lourdement atteints, leur taux de suicide particulièrement élevé, pour en rester à une donnée objective chiffrable, en témoigne.  
      Mais, en fait, et dans le monde entier, les responsables des enseignements, des formations et des services hospitaliers font comme si cette souffrance psychique majeure n’existait pas. Malgré la rupture récente du silence entourant cette question vitale, tout semble se passer comme si le corps médical dans son ensemble se considérait lui-même comme dépourvu de toute possibilité de connaissance de l’existence de son propre psychisme. C’est le sens premier du mot apsychognosie (1).

Les médecins ont le droit d’être malades dans leur corps comme dans leur tête, et de recevoir sans tarder tous les soins que leur état impose. Qu’on se le dise dans les chaumières comme dans tous les lieux de pouvoir. Est-il normal que la profession de médecin soit celle où on se suicide le plus et où les addictions sont les plus fréquentes ?  Non, faire un tel choix de vie  plutôt tourné vers les autres ne justifie en rien la survenue de tels drames humains dans l’indifférence générale.


(1) Terme inventé  en France par Pierre Fouquet dans les années 1950 pour évoquer l’abrasion psychique majeure occasionnée par une alcoolisation chronique prolongée.


F-M Michaut  CO d’Exmed 28-31 décembre 2016
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Pour un dialogue et une réflexion collective

Chers collègues, Madame Clara de Bort m’a demandé de répondre à trois questions pour son blog Directeurs et directrices d’hôpital. Voici le contenu de cet entretien. « Bernard Granger est professeur de psychiatrie à l’université Paris Descartes et dirige l’unité de … Lire la suite Continuer la lecture

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2017: progression des déserts médicaux et de la jungle des dépassements d’honoraires

  Bonjour Dans une France idéale chacun cotiserait pour la Sécurité Sociale puis, le moment venu, serait intégralement remboursé. Les soignants, aux anges, seraient tous correctement rémunérés. Cette France n’est plus, n’a jamais existé. Et bien des éléments laissent penser qu’elle n’existera jamais. Pour l’heure on pare au plus pressé. Jusqu’à présent l’urgence était à […] Continuer la lecture

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Un fœtus avec les jambes à l’extérieur de l’utérus

rupture utérine hernie du sac amniotique jambes foetus.png

 

Publié en ligne le 22 décembre 2016 par des obstétriciens français dans l’hebdomadaire médical américain The New England Journal of Medicine (NEJM), le cliché par imagerie par résonance magnétique (IRM) est impressionnant. Il montre, chez une femme âgée de 33 ans qui est à 5 mois et demi de grossesse, que les deux jambes du fœtus se situent en dehors de la cavité utérine. Cette exceptionnelle anomalie s’observe lorsqu’une partie du sac amniotique qui renferme le fœtus passe à travers une brèche de la paroi du muscle utérin.

L’histoire, rapportée par le Dr Pierre-Emmanuel Bouet, praticien hospitalier dans le service de

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Top 100 des donuts 2016 : 50 % d’open access ; les ‘vieilles’ revues dominent (Nature group 24 articles et JAMA family 14 !)

Nous avons vu hier que Barack avait fait un tabac dans le JAMA : eh bien, il est numéro un en 2016 ! Consulter le top 100 des Altmetrics 2016 est intéressant : ce sont 47 % des articles qui sont en Open access, et la moitié des articles en médecine. Des commentaires aussi sur le blog d’Altmetric. La mesure… Continuer la lecture

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La France se grippe, la France est grippée. Combien nous reste-t-il pour nous faire vacciner ?

  Bonjour « Confinés ! » On ne plaisante plus : une soixantaine de résidents de l’Ehpad de Vic-sur-Seille (Lorraine) sont confinés depuis le 18 décembre. Il s’agit de tenter de contenir au maximum l’épidémie de grippe qui a déjà touché quarante-deux des pensionnaires. La direction précise que confinement a été décidé « en lien avec les services de l’Agence Régionale […] Continuer la lecture

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Méningocoque : deux morts à Dijon. Qui refusera la campagne de vaccination ?

  Bonjour Les anti-vaccinaux sont cois. Le site du célèbre Pr Henri Joyeux ne dit rien. Il y a pourtant urgence sur le front vaccinal, avec cette alerte lancée par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté : « Cas d’infection invasive à méningocoque à Dijon : Les professionnels de santé appelés à la vigilance ». Alerte suivie d’une […] Continuer la lecture

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Voici le temps des prothèses péniennes en titane avec la mémoire de la forme (Le Figaro)

  Bonjour Le Figaro n’est plus ce que l’on croyait qu’il était. Ainsi ce papier de Damien Mascret, publié au lendemain des fêtes de Noël : « Un pénis en titane à mémoire de forme ». On y apprend que des chercheurs ont mis au point une nouvelle prothèse de pénis à mémoire de forme. Que c’est là […] Continuer la lecture

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Les donuts envoyés par les revues : en fait c’est le grand public qui lit les articles scientifiques, et un peu les chercheurs

En fin d’année, les revues envoient des bilans. Ce sont des top 10 de la rédaction, ou le top 10 des articles les plus lus (‘lu’ est ambitieux… je dirais les plus ouverts sur un écran… Le lien de causalité avec la lecture n’est pas évident). Vous avez par exemple, copie d’un email du JAMA avec les donuts : ce… Continuer la lecture

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Drogues et ubérisation : Paris, Lille, Bordeaux, Rennes Marseille …- et le Naples de Gomorra

Bonjour La drogue est-elle consubstantielle aux héros des séries télévisuelles de qualité ? Le paracétamol interniste amélioré (Dr House) – les opiacés chirurgicaux du Dr John « Thack » Thackery (The Knick )- des alcools comme s’il en pleuvait (Mad Men) – le tabac sectaire  The Leftovers )- les herbes résinées du clan Savastano & C° (Gomorra). Gomorra précisément, et les […] Continuer la lecture

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L’homme qui était chaud-patate. 

Alors voilà : patient, 45 ans, refuse de prendre son traitement. Je bataille vingt minutes, lui sors le grand jeu… Il finit par accepter, puis quitte le cabinet en me serrant fort la main et en disant, avec des intonations de VRP et l’air expert : – Très belle négociation, Docteur. Là, je suis chaud […]

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« Cher John Hunter : nous vous confirmons le diagnostic que vous portâtes en 1786 »

  Bonjour Un présent pour la nouvelle année, un acte de foi en la médecine, un hommage à un maître- le tout doublé de cet humour impayable que nous qualifions de britannique. C’est une publication du British Medical Journal : « Dear John Hunter » 1. Deux cent trente ans plus tard on sait que le diagnostic était […] Continuer la lecture

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Suicide du Pr Mégnien: un an après, l’imbroglio et un «rapport doublement secret» de l’Igas

  Bonjour Noël n’efface pas le souvenir – pas plus que la quête de transcendance n’épuise le besoin de comprendre. Le Journal du Dimanche revient sur l’affaire du suicide par défenestration du Pr Jean-Louis Mégnien. C’était il y a un an, dans la cour de l’hôpital européen Georges-Pompidou. Rien depuis n’a changé mais un coin […] Continuer la lecture

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Confessions d’un accro de la médecine

Joyeux Noël à tous!! Et comme je n’ai pas eu le temps de rédiger un DragiWebdo cette semaine (mais j’ai quand même mis de côté quelques articles pour le prochain numéro), voici une petite histoire compensatrice…. Bonne lecture!
21 octobre, 21h00: demande à Mme Dragibus de me vacciner
Refus et échec cuisant
21h15: auto-injection dans le deltoid gauche:
EVA 2/10 au moment de l’injection
23h00: apparition d’une pesanteur dans le bras gauche et le triceps (zut, j’ai du mal viser!)
22 octobre 9h00: réveil, douleur dans le deltoïde gauche et érythème local autour du point d’injection (c’est bon, j’avais bien visé! même si je suis pas sur que ça change grand chose en réalité)
23h: persistance de la gène au bras gauche et début de rhinorrhée (Ça y est, c’est le virus de la grippe qui agit! j’espère que la nuit me soulagera pour ne pas avoir un rhume d’homme)
23 octobre 4h00: réveil nocturne, je sens ma gorge qui me démange. J’hésite à aller prendre un Paracetamol (du Doliprane en l’occurrence). Devant la taille du comprimé et ma fatigue. Je renonce et m’enfouis sous mes couvertures « pour ne pas attraper froid » (je crois que c’est trop tard…)
8h30: réveil (oui, je me lève tôt le dimanche parce que mon adorable fille avait faim parce que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt!), je sens la rhinorrhée postérieure qui a œuvré toute la nuit, la bouche asséchée par la respiration buccale compte tenu de la congestion nasale que je subis.
Objectif: rapidement prendre un chocolat chaud, du miel et si ça ne va pas mieux, préparer du sérum physiologique, voire un Rhino Horn (aux grands mots, les grand remède!)
10h: avec l’occupation de la matinée, j’ai totalement oublié de prendre mes placebos, mais les symptômes vont mieux. Même le bras n’est quasiment plus engourdi. Quasiment…
24 octobre 20h56: j’ai complètement oublié de tenir ce journal. C’est probablement parce que je n’ai plus ressenti de gêne depuis le précédent rapport. D’aucun dirait que la non tenue systématique de ce carnet de bord pourrait être une source de biais dans l’évaluation des effets indésirables. Mais mon propre « case report » n’aura probablement pas de grand échos étant donné l’impact factor de mon blog (D’autres diront alors que les petits cours d’eau forment les grandes rivières, et que l’impact factor: c’est de la merde. Il n’auront pas tord.)
27 octobre 10h05: Cher journal, non je ne t’ai pas oublié, mais j’allais particulièrement bien, en dehors d’une rhinorrhée transitoire que je peux probablement rapporter au fait de me balader en T-Shirt alors que les températures ont chuté. Ainsi, la tolérance de ce vaccin anti-grippe me semble acceptable, étant donné que mes jours de souffrances ne se sont pas prolongés.
31 octobre 22h30: Alors que je relisais en détail les articles pour le Dragi Webdo de la semaine, je m’aperçois que cette injection dans le bras que je me suis auto-administrée ne repose sur rien. Certes, je savais que ça ne reposait déjà pas sur grand chose. Mais là, j’espère que je n’aurai pas un des multiples effets indésirable grave que j’ai pu lire sur doctissimo ( névralgie, convulsion fébrile, encéphalomyélite, névrite, vascularite avec atteinte rénale) . Nan mais sérieusement: ça fait flipper! je comprends que les patients ne soient pas pour se faire vacciner si on leur balance des noms terrifiants de la sorte sans information de fréquence, de causalité/plausibilité, ou de balance bénéfice risque! Et c’est valable pour les autres vaccins également (surtout, à vrai dire…). Heureusement, qu’en dessous, on peut lire « Tamiflu » et « Relenza ». Ce sont visiblement des médicaments qui guérissent de la grippe pour quand on est pas vacciné, même que leurs multiples effets indésirables ne sont pas visibles facilement! C’est qu’ils doivent être efficaces et inoffensifs! Du moins, c’est ce que doit penser, à tord quelqu’un qui cherche a se renseigner sur la grippe…
8 novembre, 00h09: Cher journal, il est tard, je sais. Mais cela fait 3 jours que j’ai mal au bras gauche et je ne peux m’empêcher de penser à un début de myofasciite à macrophage lié au vaccin mais mon Vaxigrip ne contient pas d’aluminium. J’en conclus que c’est probablement une tendinite du long biceps (dû au portage de ma fille), même si les test de la coiffe des rotateurs ont une mauvaise sensibilité et spécificité… Donc ça n’exclue pas l’effet indésirable du vaccin!
21 novembre 21h21: Quand je repense à ceux qui me racontent leur épisodes grippaux, certains compliqués d’hospitalisation, je me dis que le bénéfice individuel n’est probablement pas nul. Le bénéfice collectif de la vaccination du médecin ambulatoire est plus incertain. En attendant, me voilà à J30, et toujours pas de grippe pour moi! Il faudrait que j’insiste auprès de ma grand mère qui est vraiment à risque, malgré ses refus quasi-catégoriques…
20 décembre, 18h12: J’avoue avoir complètement oublié que j’étais en train d’écrire ce billet depuis le mois dernier. Mais hier, une toux est apparue en soirée, suivie aujourd’hui d’une fièvre mesurée à 39,2°C en rectal en axillaire corrigée, et une grosse fatigue. Heureusement, le Paracetamol 1000mg que je possédais m’a permis de tenir la journée, mais demain: consultations. Aucun doute, c’est la grippe. (Ok, je n’ai pas de courbatures, mais peut être demain?) Ce foutu vaccin n’a pas marché du tout! A moins qu’il m’ait tout de même empêché une hospitalisation. Car c’est ce qu’il faut comprendre: le vaccin n’empêchera pas d’avoir la grippe, il empêchera (peut être, c’est loin d’être du 100%) d’avoir une grippe sévère hospitalisée. Après quoi, chacun fait son choix. N’étant pas particulièrement à risque, je travaillerai demain avec un masque pour vaincre ce rhume d’homme en étant fort comme une fille!
21 décembre, 19h50: J’ai fini mes consultations, sans retard. Je ne tousse presque plus, j’ai juste quelques frissons qui me surprennent de temps en temps. Je me considère comme quasi guéri!
Jusqu’à février, les messages « vaccinez vous! » inondent les journaux, réseaux sociaux et annonces télévisées. L’an dernier je n’avais pas été vacciné (pas le temps…), cette année je n’ai probablement pas évité une hospitalisation grâce au vaccin non plus (étant donné que je ne suis pas à risque). J’aurai pu tourner ce billet du style « j’ai été vacciné et ça n’a pas marché: la preuve que le vaccin est inutile et potentiellement dangereux! » ou inversement « heureusement que je me suis vacciné, sinon, j’aurai pu quasi-mourir ». Mais, comme je n’ai pas de confirmation virologique sur mes abondantes sécrétions nasales, « on ne peux pas conclure »! La vaccination chez les professionnels de santé (de moins de 65 ans sans comorbidité) a pour but d’éviter la transmission aux patients fragiles examinés, le bénéfice n’est donc pas individuel. Au contraire, les patients avec co-morbidité le bénéfice est peut être faible comparaison du nombre de vaccin à injecter, mais si des hospitalisations sont évitées, pourquoi pas.
Réfléchissez, informez vous et surtout faites vos choix! Et si quelqu’un a un outil d’aide à la décision (avec des petits ronds rouge et verts) je serai ravi de le connaitre!
A bientôt!
@dr_Agibus
 

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Le soleil invaincu
 LEM 995

LEM n° 995
  http://www.exmed.org/archives16/circu995.html
    25 décembre 2016

                           
              
                         Le soleil invaincu

                             
                Docteur François-Marie Michaut

  
   Une chose semble bien établie par les historiens. Jésus de Nazareth, dont nous fêtons, sans en avoir obligatoirement pleine conscience, saoulés que nous sommes par la déferlante consumériste, la naissance, n’est certainement pas né un 25 décembre. Pourquoi, alors, avoir choisi cette date du calendrier romain comme point de départ d’une nouvelle ère ? 
Certes, elle est proche de ce que nous nommons le solstice d’hiver, mais pas assez exactement pour les calculs déjà très précis des astronomes d’il y a environ 2020 ans. Le 25 décembre était une fête religieuse latine très populaire sous le nom de Sol Invictus : le soleil invaincu. Référence à Mithra, également, disent les érudits.

Il est possible d’imaginer combien la réduction des jours, avec ses conséquences sur la température ambiante, la diminution des ressources alimentaires pour les hommes et les animaux ont pu préoccuper les premiers humains. Et si le soleil finissait par ne plus se lever du tout, que deviendrait la vie ? La mutiplicité des fêtes de la lumière sous toutes les latitudes et de tous les temps n’ont jamais quitté notre inconscient collectif. Peu importent les enrobages symboliques des religions qui se sont amalgamés au fil des cultures, des grands feux rituels aux lanternes, sapins , cierges ou autres bûches de Noël, la même soif de voir la lumière croître à nouveau reste en toile de fond. Il faut faire ce qu’il faut pour que les choses aillent bien cette année encore : c’est l’ADN de nos rites et nos fêtes depuis nos origines.

Les rayonnements solaires, leur nécessité, et pas seulement pour notre confort matériel, n’est pas discutable. Mais, même si, mentalement amidonnés par notre catéchisme de laïcité, nous faisons semblant de ne pas en tenir compte, la lumière c’est tout autre chose. C’est la capacité de connaissance que nous donne l’usage de notre cerveau humain. L’obscurité, c’est ce que nous ne savons pas. Ce que nous ne savons pas encore, les limites de nos capacités de compréhension demeurant encore totalement inconnues à ce jour.  Faut-il pour autant ranger dans des cases bien hiérachisées, les plus nobles ou les plus utiles en haut et les plus triviales ou jugées a priori sans grand intérêt en bas ? Ce serait une erreur, il suffit pour cela de regarder la curieuse histoire des inventions ou des découvertes scientifiques. Ou les résonnances profondes des productions artistiques ou spirituelles sur des peuples entiers.
Alors si le soleil invaincu dans toute son ampleur, c’est cela que nous fêtons ensemble où que nous soyons sur la planète, nous avons bien raison. Nous n’acceptons pas de nous laisser enfermer dans quelque obscurantisme que ce soit qui voudrait faire notre bonheur malgré nous : le message est sans ambiguité. Alors, que chacun à sa façon, et selon ses moyens, relève ses manches pour participer à la création du monde à venir. Celui, seul viable et seul vivable à court terme, l’écologie l’affirme, de la lumière.

 

Os Court :

 «  Le soleil est nouveau tous les jours. »
 Héraclite Continuer la lecture

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 LEM 995

De Noë à Noël

De Noë à Noël


Tout juste une petite lettre en plus, dans la langue française, pour passer du déluge exterminateur à la  fête traditionnelle pour des jours meilleurs. Avec le père Noë, pas toujours un modèle de tempérance, et son histoire d’arche, c’est le symbole du sauvetage in extremis de toute l’espèce animale du plus grand désastre écologique terrestre imaginable qui est en cause. Un raté magistral de l’évolution de la création pourrait-on dire. Alors avec une toute petite labiale (ailée?) en plus, nous voici regardant du côté de la lumière avec la célébration de Noël. L’histoire ainsi racontée n’ est peut-être pas très… catholique. 
À vous de juger si elle a un sens : Le soleil invaincu, notre LEM 995. www.exmed.org/archives16/circu995.html
F-M Michaut Continuer la lecture

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Seul au monde ?

Comme vous le savez, je suis médecin généraliste, c’est ma profession et les différents billets que j’ai publié jusqu’à ce jour montre à quel point je suis triste de l’évolution de l’exercice de la médecine. Mais à coté de cette profession que j’exerce toujours avec passion, je suis aussi un homme avec une vie privé. […] Continuer la lecture

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Joyeux Noël !

Billet écrit en live le 24, vite, sans doute trop. Mais ce sont les risques du direct !

Vingt-quatre décembre. Midi.
L’heure de souffler un coup : deux vétos, une ASV, nous avons réussi à boucler la journée dans la matinée. Cet après-midi, on ferme. J’assure la garde du 24 et du 25 (et du 26 jusqu’à 9h00, d’ailleurs). Avant, nous ouvrions les après-midi du 24 et du 31, comme les autres jours. Mais il n’y a pas grand monde pour amener son chat à vacciner juste avant le réveillon, alors plutôt que de rester en faction en jouant au démineur, nous renvoyons tout le monde à la maison. Pas trop loin du téléphone, quand même. Un des vétos se colle à l’astreinte. Cette année, c’est moi. Sauf que… nous n’avons pas le temps de nous souhaiter un joyeux Noël que retentit la sonnerie du téléphone. Une chasseuse. Un chien de chasse. Un pneumothorax. Deuxième appel un instant plus tard : un chien, perte de connaissance en cours de chasse.

On reste.

On reste et on suture, enfin je suture pendant que Christine, l’ASV, ballonne. Une belle coupure entre deux côtes, loin sous l’épaule, il faut que je tranche dans la peau et dans les muscles pour accéder à la plaie thoracique. Il est arrivé avec une plaie de cinq centimètres, il repartira avec une suture de vingt-cinq. Enfin, s’il repart. Parce que la respiration, là, il serait de bon goût qu’elle redémarre. Je veux bien tolérer une apnée lorsque nous refermons la cage thoracique, après avoir rétabli un vide pleural, mais il ne faut pas non plus que ça dure trop longtemps. Oxygène à fond, on baisse les gaz anesthésiques. J’ai le stétho sur son cœur, de l’autre main je retourne une babine pour surveiller la couleur des muqueuses. Ça va. Mais il ne respire pas. Et puis, je n’entends pas le cœur quand je pose mon stéthoscope sur sa paroi thoracique supérieure, celle qui n’est pas posée sur la table : il y a trop d’air entre son cœur, ses poumons et les côtes. Le vide pleural n’est vraiment pas assez vide. L’ASV continue à ballonner, je continue de surveiller le cœur et guide ma collègue qui a abandonné sa consultation pour poser un drain thoracique. Je compte les côtes à l’envers, prend mon repère, incise : un petit coup de scalpel. Elle perce, et pousse le drain. J’évite par tous les moyens de la gêner et surtout de toucher le drain, qui doit rester stérile. On pose le petit robinet et la valve, elle aspire, elle vide. Il restait pas loin d’un litre d’air entre les plèvres. Ça ne risquait pas de marcher…
Il ne respire toujours pas. J’écoute. Christine est en apnée. Elle ne ballonne plus. Nous attendons qu’il se remette spontanément à respirer.
Et c’est… vraiment… très long. La chasseuse, avec son pantalon kaki, ses grolles boueuses et son gilet de signalisation orange fluo, se ronge les ongles. Personne ne parle. Le cœur est toujours bon. Le chien est toujours rose. Il va respirer. Ils se remettent toujours à respirer.
Il respire.

Nous aussi.

Je n’ai plus qu’à finir la suture. A 13h30, nous avons achevé notre matinée. Je vais garder le chien jusqu’à demain, si tout va bien. Nous lui avons laissé son drain. Je vais aller manger. Et perdre mon après-midi devant un jeu vidéo entrecoupé de pauses emballage de cadeaux.

Vingt-quatre décembre. Quatorze heures quarante.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, bonjour, je voudrais un renseignement : vous castrez les ânes ?

Vingt-quatre décembre. Quinze heures quinze.
– Service de garde, bonjour ?
– Bonjour ! Je suis bien à la clinique vétérinaire ?
– Oui, mais c’est le service de garde.
– Vous êtes fermés ?
– Oui, sauf pour les urgences.
– Je m’en doutais. Vous avez bien raison. Et les croquettes attendront bien lundi. Joyeux Noël !

Vingt-quatre décembre. Seize heures trente.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, oui, la garde, le réveillon, j’oubliais. Désolée, je vous dérange pour rien, sans doute, mais dites, Tequila, vous savez, avec ses quatre hernies discales. Il a très mal, vous croyez que je peux lui refaire de la morphine et de la cortisone pour le réveillon ?
– Pour rien, dites-vous ?

Vingt-quatre décembre. Dix-sept heures dix.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, vous avez fermé ? C’est Nathalie, dites, Sylvain, j’ai une génisse à terme qui s’est mise à l’écart du troupeau ce matin, là elle s’énerve avec la queue, mais il ne se passe rien. J’ai peur d’un siège.
– Ou d’une torsion. J’arrive.

Finalement, il va bien falloir que j’abandonne mon jeu. Mais il fait beau, le soleil se couche sur les Pyrénées et les peint d’ors et de feu, sous une couche de nuages bloquée par les plus hauts sommets. Il n’y a pas de neige sur la première ligne de montagnes. Vert sombre les forêts, noirs les rochers, dorées les neiges et les glaces, mauves et gris acier les nuages. Il y aurait presque de quoi me consoler d’avoir abandonner mon clavier. Je roule une dizaine de minutes. La limousine m’attend accrochée à son cornadis. Elle a la vulve serrée des mauvais jours. Je parie sur une torsion. J’enfile ma chasuble de vêlage, passe mes gants oranges. Effarouchées, les jeunes bêtes qui ont réussi à éviter le cornadis partent en courant comme un vol de perdrix. Un grand coup de lubrifiant, j’essuie la merde sur la vulve avec le toupet de la queue, et tente de m’introduire dans son vagin. J’esquive les coups de pieds, l’éleveuse prend une corde. J’attends qu’elle lui fasse un licol et l’empêche d’assassiner un vétérinaire le soir de Noël. Et je reprends. Cette fois, je parviens à rentrer une main. Je bute sur l’hymen. Elle a été inséminée artificiellement : il est donc intact. J’inspire, et enfonce ma main d’un coup avec force et régularité. Elle ne bronche pas. J’ai du sang sur le gant. Quelle superbe soirée de Noël.
J’avance, le col est ouvert, mais pas effacé. Je sens un sabot. Un second. Un petit nez, bien à l’abri dans la poche des eaux. Je pince entre deux onglons. Le veau retire sa patte. Je pose ma main sur sa tête, fait le tour du bassin de sa mère. Il passera. Elle n’est pas prête. Peut-être y avait-il une petite torsion utérine que la jeune vache a résolue spontanément, retardant simplement le vêlage ? Je décide de dilater la vulve, le vestibule et l’entrée du vagin. Le point d’attache de l’hymen dessine un anneau très serré, qui risque de gêner le passage du veau. Une main, une seconde main, j’entre et ressort, écarte les poignets. Ça va être long.

Ça tombe bien, je n’ai pas fait la visite sanitaire 2016 de Nathalie. Alors…
– Vous savez ce que c’est, l’antibiorésistance ?
Haussement d’épaules de l’éleveuse qui tient toujours sa vache et sa corde, tout en lui caressant le mufle.
– Bon, ben c’est quand un antibio qui devrait marcher ne marche pas. Le bon antibiotique pour la bonne bactérie au bon endroit, mais elle résiste. C’est un gros souci en médecine humaine et vétérinaire, alors on doit vous parler de ça, cette année.
Ces visites sanitaires annuelles oscillent entre spectacle comique et contrôle scolaire. Chaque année un thème, en général pas idiot, et il faut y faire passer tous les éleveurs. Qui n’apprécient pas des masses, en général, alors on fait passer ça en discutant au lieu de lire les questions et cocher les cases en hochant la tête d’un air entendu.
– L’idée, je simplifie : vous faites un antibiotique à une vache. Ou un chien. Ou à vous. Certaines bactéries vont survivre, surtout si vous sous-dosez, ou si vous ne traitez pas assez longtemps. Ce seront les plus résistantes. Vous avez entendu parler du staphylocoque doré à l’hôpital ? C’est ce genre de mécanisme qui en a fait la terreur des patients hospitalisés. On réduit les risques en respectant les ordonnances et en évitant l’auto-médication à tort et à travers. Attendez, j’avance mon bras un peu plus profondément dans le vagin. Mmffff. Bon.
Nathalie soupire.
– Les bactéries, ça peut être les mauvaises, celles de la maladie. Mais aussi les bonnes. Celles des intestins. En plus, elles communiquent et se refilent les résistances. Elle se dilate bien, la cocotte. Étonnant pour une première. Bref. Vous utilisez des antibiotiques pour quoi, vous ?
– Vous le savez bien.
– Oui, mais je dois cocher les cases dans ma tête.
– Des panaris, et puis les nombrils des veaux.
– Oui, vous en utilisez très peu. Et vous n’utilisez pas les antibiotiques « critiques ». Ceux de dernier recours en médecine humaine comme vétérinaire. Ceux-là, nous ne pouvons plus vous les vendre, mais nous pouvons toujours les utiliser sous certaines conditions. Pour les préserver. Ce qui ne change rien pour vous ni pour moi, nous bossions déjà comme ça. On fait juste plus de papiers, et on nous rajoute des couches d’emmerdes pour nous récompenser de nos efforts.
– Ah ça !
– Bon, et la question suivante, c’est pour savoir si vous pourriez utiliser moins d’antibiotiques.
– Ben non.
– Ben non, vous en utilisez déjà très peu.

Et le téléphone sonne. Au fond de ma poche. Sous ma chasuble. J’enlève un gant, soulève le plastique, farfouille et saisit le samsung solid.

– Service de garde, bonsoir ?
– Fabienne ?
– Ah non, c’est Sylvain.
– Vous avez fermé ?
– Oui.
– Mais comment je fais ma blague, moi ? Je voulais faire croire à Fabienne que j’avais un gros problème sur mes vaches !
– Elle est rentrée chez elle, Fabienne.
– Ah merde. Bon. Ben joyeux Noël ! Vous faites quoi ?
– Je réponds au téléphone avec un bras dans le vagin d’une vache.
– Au moins, vous avez une main au chaud !
– …
– …
– Oui.
– Joyeux Noël !
– Vous aussi !
– …
– Vous fermez aussi le 31 après-midi ?
– Oui.
– Bon ben je rappellerai le matin, alors !
– OK.
– Et allez-y doucement avec ce vagin, c’est Noël quand même !
– Oui, je raccroche, ok ?

– Bon. Je crois qu’on va lui foutre la paix, à cette cocotte. J’ai bien dilaté l’entrée, mais le col n’est pas effacé. On ne va pas tirer, on risquerait de tout déchirer. Je suis désolé, j’aurais préféré vous libérer pour votre réveillon, mais on ne va faire que des conneries, si j’insiste. Rappelez-moi si elle ne vêle pas seule. Mais le veau est adapté au bassin, j’ai distendu le ligament, elle est un peu dilatée, elle a monté le veau pendant que nous discutions . Ça devrait le faire. Ah et je vais remplir le papier et vous le laisser, parce qu’on n’a que ça à faire un 24 décembre à 18h00.

Vingt-quatre décembre. Dix-huit heures dix.
– Service de garde, bonsoir ?
– Olivier ?

Dans sa voix, il y a la casquette d’un noir usé. Le pantalon bleu maculé de cambouis et de suint de brebis. La moustache en bataille et la cigarette roulée, à l’agonie au coin de sa bouche, mâchée et remâchée, éteinte et rallumée depuis des heures. Laurent Ginet. Sourd comme un pot. L’accent local incarné.

– Non, c’est Sylvain.
– Ah, Olivier, vous avez soigné Grincheux, c’est Laurent Ginet, dites, j’ai plus de croquettes, je peux venir en chercher ?
– Non, on est fermé, M. Ginet. Je n’assure que les urgences.

Je parle fort, j’articule fort, en insistant fort sur les accents. Ma famille adore m’entendre parler comme ça. Il paraît que j’ai plusieurs voix, qu’elles changent selon les clients.

– Ah c’est bien, je fais vite, alors ! Je ne veux pas vous déranger un soir de Noël ! Je croyais que vous seriez fermés !
– Mais on est fermés ! Donnez-lui du foie gras !
– J’arrive tout de suite !
– M. Ginet ! Du foie gras !

Il ne m’entendait pas, mais là, il ne m’écoute plus.

– Rhah, comment on éteint ce machin. Michelle, j’arrive pas à l’éteindre !
– Il va raccrocher, Laurent, ça coupera. Fais vite, pour ne pas déranger le docteur !

Il est dans l’entrée de sa vieille ferme. Elle est dans la cuisine. Et moi, je vais aller à la clinique. De toute façon, il faut que je gère les hospitalisés. Notamment mon pneumothorax. Il habite à 3 kilomètres, il sera vite là. Ou dans une demi-heure environ. S’il a encore perdu ses clefs. Deux fois, il est venu en tracteur, la première « parce qu’il était pressé », la seconde « parce que les gendarmes avaient suspendu son permis, mais que pour le tracteur, il n’y a pas besoin de permis ».

J’ai le temps de doser la glycémie du chat diabétique, de sortir un chien à piroplasmose qui va manifestement beaucoup mieux, puis de vérifier le drain du chien de chasse. D’errer un peu sur Twitter. De vérifier la commande de médicaments. Si ça continue, je vais me mettre au démineur.

M. Ginet entre dans la clinique obscure, avec sa casquette, son pantalon de velours, ses bottes, sa moustache et son mégot.

– Aahh, mais c’est le docteur Sylvain ? J’ai eu Olivier au téléphone, je suis M. Ginet, vous avez soigné Grincheux. Je lui ai dit que je venais chercher les croquettes. Des Félines Youne adulte. Femelle. Un sac de 2,5kg.
– Bonsoir M. Ginet. C’est 1,5kg ou 4,5kg. D’habitude vous prenez 1,5kg.
– 1,5kg, très bien ! Joyeux Noël ! Et merci de m’avoir attendu, vous auriez pu ne faire que les urgences !

Je ne suis pas si convaincu qu’il soit si sourd que ça.

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Joyeux Noël !

Billet écrit en live le 24, vite, sans doute trop. Mais ce sont les risques du direct !

Vingt-quatre décembre. Midi.
L’heure de souffler un coup : deux vétos, une ASV, nous avons réussi à boucler la journée dans la matinée. Cet après-midi, on ferme. J’assure la garde du 24 et du 25 (et du 26 jusqu’à 9h00, d’ailleurs). Avant, nous ouvrions les après-midi du 24 et du 31, comme les autres jours. Mais il n’y a pas grand monde pour amener son chat à vacciner juste avant le réveillon, alors plutôt que de rester en faction en jouant au démineur, nous renvoyons tout le monde à la maison. Pas trop loin du téléphone, quand même. Un des vétos se colle à l’astreinte. Cette année, c’est moi. Sauf que… nous n’avons pas le temps de nous souhaiter un joyeux Noël que retentit la sonnerie du téléphone. Une chasseuse. Un chien de chasse. Un pneumothorax. Deuxième appel un instant plus tard : un chien, perte de connaissance en cours de chasse.

On reste.

On reste et on suture, enfin je suture pendant que Christine, l’ASV, ballonne. Une belle coupure entre deux côtes, loin sous l’épaule, il faut que je tranche dans la peau et dans les muscles pour accéder à la plaie thoracique. Il est arrivé avec une plaie de cinq centimètres, il repartira avec une suture de vingt-cinq. Enfin, s’il repart. Parce que la respiration, là, il serait de bon goût qu’elle redémarre. Je veux bien tolérer une apnée lorsque nous refermons la cage thoracique, après avoir rétabli un vide pleural, mais il ne faut pas non plus que ça dure trop longtemps. Oxygène à fond, on baisse les gaz anesthésiques. J’ai le stétho sur son cœur, de l’autre main je retourne une babine pour surveiller la couleur des muqueuses. Ça va. Mais il ne respire pas. Et puis, je n’entends pas le cœur quand je pose mon stéthoscope sur sa paroi thoracique supérieure, celle qui n’est pas posée sur la table : il y a trop d’air entre son cœur, ses poumons et les côtes. Le vide pleural n’est vraiment pas assez vide. L’ASV continue à ballonner, je continue de surveiller le cœur et guide ma collègue qui a abandonné sa consultation pour poser un drain thoracique. Je compte les côtes à l’envers, prend mon repère, incise : un petit coup de scalpel. Elle perce, et pousse le drain. J’évite par tous les moyens de la gêner et surtout de toucher le drain, qui doit rester stérile. On pose le petit robinet et la valve, elle aspire, elle vide. Il restait pas loin d’un litre d’air entre les plèvres. Ça ne risquait pas de marcher…
Il ne respire toujours pas. J’écoute. Christine est en apnée. Elle ne ballonne plus. Nous attendons qu’il se remette spontanément à respirer.
Et c’est… vraiment… très long. La chasseuse, avec son pantalon kaki, ses grolles boueuses et son gilet de signalisation orange fluo, se ronge les ongles. Personne ne parle. Le cœur est toujours bon. Le chien est toujours rose. Il va respirer. Ils se remettent toujours à respirer.
Il respire.

Nous aussi.

Je n’ai plus qu’à finir la suture. A 13h30, nous avons achevé notre matinée. Je vais garder le chien jusqu’à demain, si tout va bien. Nous lui avons laissé son drain. Je vais aller manger. Et perdre mon après-midi devant un jeu vidéo entrecoupé de pauses emballage de cadeaux.

Vingt-quatre décembre. Quatorze heures quarante.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, bonjour, je voudrais un renseignement : vous castrez les ânes ?

Vingt-quatre décembre. Quinze heures quinze.
– Service de garde, bonjour ?
– Bonjour ! Je suis bien à la clinique vétérinaire ?
– Oui, mais c’est le service de garde.
– Vous êtes fermés ?
– Oui, sauf pour les urgences.
– Je m’en doutais. Vous avez bien raison. Et les croquettes attendront bien lundi. Joyeux Noël !

Vingt-quatre décembre. Seize heures trente.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, oui, la garde, le réveillon, j’oubliais. Désolée, je vous dérange pour rien, sans doute, mais dites, Tequila, vous savez, avec ses quatre hernies discales. Il a très mal, vous croyez que je peux lui refaire de la morphine et de la cortisone pour le réveillon ?
– Pour rien, dites-vous ?

Vingt-quatre décembre. Dix-sept heures dix.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, vous avez fermé ? C’est Nathalie, dites, Sylvain, j’ai une génisse à terme qui s’est mise à l’écart du troupeau ce matin, là elle s’énerve avec la queue, mais il ne se passe rien. J’ai peur d’un siège.
– Ou d’une torsion. J’arrive.

Finalement, il va bien falloir que j’abandonne mon jeu. Mais il fait beau, le soleil se couche sur les Pyrénées et les peint d’ors et de feu, sous une couche de nuages bloquée par les plus hauts sommets. Il n’y a pas de neige sur la première ligne de montagnes. Vert sombre les forêts, noirs les rochers, dorées les neiges et les glaces, mauves et gris acier les nuages. Il y aurait presque de quoi me consoler d’avoir abandonner mon clavier. Je roule une dizaine de minutes. La limousine m’attend accrochée à son cornadis. Elle a la vulve serrée des mauvais jours. Je parie sur une torsion. J’enfile ma chasuble de vêlage, passe mes gants oranges. Effarouchées, les jeunes bêtes qui ont réussi à éviter le cornadis partent en courant comme un vol de perdrix. Un grand coup de lubrifiant, j’essuie la merde sur la vulve avec le toupet de la queue, et tente de m’introduire dans son vagin. J’esquive les coups de pieds, l’éleveuse prend une corde. J’attends qu’elle lui fasse un licol et l’empêche d’assassiner un vétérinaire le soir de Noël. Et je reprends. Cette fois, je parviens à rentrer une main. Je bute sur l’hymen. Elle a été inséminée artificiellement : il est donc intact. J’inspire, et enfonce ma main d’un coup avec force et régularité. Elle ne bronche pas. J’ai du sang sur le gant. Quelle superbe soirée de Noël.
J’avance, le col est ouvert, mais pas effacé. Je sens un sabot. Un second. Un petit nez, bien à l’abri dans la poche des eaux. Je pince entre deux onglons. Le veau retire sa patte. Je pose ma main sur sa tête, fait le tour du bassin de sa mère. Il passera. Elle n’est pas prête. Peut-être y avait-il une petite torsion utérine que la jeune vache a résolue spontanément, retardant simplement le vêlage ? Je décide de dilater la vulve, le vestibule et l’entrée du vagin. Le point d’attache de l’hymen dessine un anneau très serré, qui risque de gêner le passage du veau. Une main, une seconde main, j’entre et ressort, écarte les poignets. Ça va être long.

Ça tombe bien, je n’ai pas fait la visite sanitaire 2016 de Nathalie. Alors…
– Vous savez ce que c’est, l’antibiorésistance ?
Haussement d’épaules de l’éleveuse qui tient toujours sa vache et sa corde, tout en lui caressant le mufle.
– Bon, ben c’est quand un antibio qui devrait marcher ne marche pas. Le bon antibiotique pour la bonne bactérie au bon endroit, mais elle résiste. C’est un gros souci en médecine humaine et vétérinaire, alors on doit vous parler de ça, cette année.
Ces visites sanitaires annuelles oscillent entre spectacle comique et contrôle scolaire. Chaque année un thème, en général pas idiot, et il faut y faire passer tous les éleveurs. Qui n’apprécient pas des masses, en général, alors on fait passer ça en discutant au lieu de lire les questions et cocher les cases en hochant la tête d’un air entendu.
– L’idée, je simplifie : vous faites un antibiotique à une vache. Ou un chien. Ou à vous. Certaines bactéries vont survivre, surtout si vous sous-dosez, ou si vous ne traitez pas assez longtemps. Ce seront les plus résistantes. Vous avez entendu parler du staphylocoque doré à l’hôpital ? C’est ce genre de mécanisme qui en a fait la terreur des patients hospitalisés. On réduit les risques en respectant les ordonnances et en évitant l’auto-médication à tort et à travers. Attendez, j’avance mon bras un peu plus profondément dans le vagin. Mmffff. Bon.
Nathalie soupire.
– Les bactéries, ça peut être les mauvaises, celles de la maladie. Mais aussi les bonnes. Celles des intestins. En plus, elles communiquent et se refilent les résistances. Elle se dilate bien, la cocotte. Étonnant pour une première. Bref. Vous utilisez des antibiotiques pour quoi, vous ?
– Vous le savez bien.
– Oui, mais je dois cocher les cases dans ma tête.
– Des panaris, et puis les nombrils des veaux.
– Oui, vous en utilisez très peu. Et vous n’utilisez pas les antibiotiques « critiques ». Ceux de dernier recours en médecine humaine comme vétérinaire. Ceux-là, nous ne pouvons plus vous les vendre, mais nous pouvons toujours les utiliser sous certaines conditions. Pour les préserver. Ce qui ne change rien pour vous ni pour moi, nous bossions déjà comme ça. On fait juste plus de papiers, et on nous rajoute des couches d’emmerdes pour nous récompenser de nos efforts.
– Ah ça !
– Bon, et la question suivante, c’est pour savoir si vous pourriez utiliser moins d’antibiotiques.
– Ben non.
– Ben non, vous en utilisez déjà très peu.

Et le téléphone sonne. Au fond de ma poche. Sous ma chasuble. J’enlève un gant, soulève le plastique, farfouille et saisit le samsung solid.

– Service de garde, bonsoir ?
– Fabienne ?
– Ah non, c’est Sylvain.
– Vous avez fermé ?
– Oui.
– Mais comment je fais ma blague, moi ? Je voulais faire croire à Fabienne que j’avais un gros problème sur mes vaches !
– Elle est rentrée chez elle, Fabienne.
– Ah merde. Bon. Ben joyeux Noël ! Vous faites quoi ?
– Je réponds au téléphone avec un bras dans le vagin d’une vache.
– Au moins, vous avez une main au chaud !
– …
– …
– Oui.
– Joyeux Noël !
– Vous aussi !
– …
– Vous fermez aussi le 31 après-midi ?
– Oui.
– Bon ben je rappellerai le matin, alors !
– OK.
– Et allez-y doucement avec ce vagin, c’est Noël quand même !
– Oui, je raccroche, ok ?

– Bon. Je crois qu’on va lui foutre la paix, à cette cocotte. J’ai bien dilaté l’entrée, mais le col n’est pas effacé. On ne va pas tirer, on risquerait de tout déchirer. Je suis désolé, j’aurais préféré vous libérer pour votre réveillon, mais on ne va faire que des conneries, si j’insiste. Rappelez-moi si elle ne vêle pas seule. Mais le veau est adapté au bassin, j’ai distendu le ligament, elle est un peu dilatée, elle a monté le veau pendant que nous discutions . Ça devrait le faire. Ah et je vais remplir le papier et vous le laisser, parce qu’on n’a que ça à faire un 24 décembre à 18h00.

Vingt-quatre décembre. Dix-huit heures dix.
– Service de garde, bonsoir ?
– Olivier ?

Dans sa voix, il y a la casquette d’un noir usé. Le pantalon bleu maculé de cambouis et de suint de brebis. La moustache en bataille et la cigarette roulée, à l’agonie au coin de sa bouche, mâchée et remâchée, éteinte et rallumée depuis des heures. Laurent Ginet. Sourd comme un pot. L’accent local incarné.

– Non, c’est Sylvain.
– Ah, Olivier, vous avez soigné Grincheux, c’est Laurent Ginet, dites, j’ai plus de croquettes, je peux venir en chercher ?
– Non, on est fermé, M. Ginet. Je n’assure que les urgences.

Je parle fort, j’articule fort, en insistant fort sur les accents. Ma famille adore m’entendre parler comme ça. Il paraît que j’ai plusieurs voix, qu’elles changent selon les clients.

– Ah c’est bien, je fais vite, alors ! Je ne veux pas vous déranger un soir de Noël ! Je croyais que vous seriez fermés !
– Mais on est fermés ! Donnez-lui du foie gras !
– J’arrive tout de suite !
– M. Ginet ! Du foie gras !

Il ne m’entendait pas, mais là, il ne m’écoute plus.

– Rhah, comment on éteint ce machin. Michelle, j’arrive pas à l’éteindre !
– Il va raccrocher, Laurent, ça coupera. Fais vite, pour ne pas déranger le docteur !

Il est dans l’entrée de sa vieille ferme. Elle est dans la cuisine. Et moi, je vais aller à la clinique. De toute façon, il faut que je gère les hospitalisés. Notamment mon pneumothorax. Il habite à 3 kilomètres, il sera vite là. Ou dans une demi-heure environ. S’il a encore perdu ses clefs. Deux fois, il est venu en tracteur, la première « parce qu’il était pressé », la seconde « parce que les gendarmes avaient suspendu son permis, mais que pour le tracteur, il n’y a pas besoin de permis ».

J’ai le temps de doser la glycémie du chat diabétique, de sortir un chien à piroplasmose qui va manifestement beaucoup mieux, puis de vérifier le drain du chien de chasse. D’errer un peu sur Twitter. De vérifier la commande de médicaments. Si ça continue, je vais me mettre au démineur.

M. Ginet entre dans la clinique obscure, avec sa casquette, son pantalon de velours, ses bottes, sa moustache et son mégot.

– Aahh, mais c’est le docteur Sylvain ? J’ai eu Olivier au téléphone, je suis M. Ginet, vous avez soigné Grincheux. Je lui ai dit que je venais chercher les croquettes. Des Félines Youne adulte. Femelle. Un sac de 2,5kg.
– Bonsoir M. Ginet. C’est 1,5kg ou 4,5kg. D’habitude vous prenez 1,5kg.
– 1,5kg, très bien ! Joyeux Noël ! Et merci de m’avoir attendu, vous auriez pu ne faire que les urgences !

Je ne suis pas si convaincu qu’il soit si sourd que ça.

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Joyeux Noël !

Vingt-quatre décembre. Midi.
L’heure de souffler un coup : deux vétos, une ASV, nous avons réussi à boucler la journée dans la matinée. Cet après-midi, on ferme. J’assure la garde du 24 et du 25 (et du 26 jusqu’à 9h00, d’ailleurs, mais bon). Avant, nous ouvrions les après-midi du 24 et du 31, comme les autres jours. Mais il n’y a pas grand monde qui amène son chat à vacciner juste avant le réveillon, alors plutôt que de rester en faction en jouant au démineur, nous renvoyons tout le monde à la maison. Pas trop loin du téléphone, quand même. Et puis, un des vétos se colle à l’astreinte. Cette année, c’est moi. Sauf que… nous n’avons pas le temps de nous souhaiter un joyeux Noël que retentit la sonnerie du téléphone. Une chasseuse. Un chien de chasse. Un pneumothorax. Deuxième appel un instant plus tard : un chien, perte de connaissance en cours de chasse.

On reste.

On reste et on suture, enfin je suture pendant que Christine, l’ASV, ballonne. Une belle coupure entre deux côtes, loin sous l’épaule, il faut que je tranche dans la peau et dans les muscles pour accéder à la plaie thoracique. Il est arrivé avec une plaie de cinq centimètres, il repartira avec une suture de vingt-cinq. Enfin, s’il repart. Parce que la respiration, là, il serait de bon goût qu’elle reparte. Je veux bien tolérer une apnée lorsque nous refermons la cage thoracique, après avoir rétablit un vide pleural, mais il ne faut pas non plus que ça dure trop longtemps. Oxygène à fond, on baisse les gaz anesthésiques. J’ai le stétho sur son cœur, d’un geste je retourne une babine pour surveiller la couleur des muqueuses. Ça va. Mai sil ne respire pas. Et puis, je n’entends pas le cœur quand je pose mon stéthoscope sur sa paroi thoracique supérieure, celle qui n’est pas posée sur la table : il y a trop d’air entre son sœur, ses poumons et les côtes. Vide pleural foireux. L’ASV continue à ballonner, je continue à monitorer, je guide ma collègue qui a abandonné sa consultation pour poser un drain thoracique. Je compte les côtes à l’envers, prend mon repère, incise, un petit coup de scalpel. Elle perce, et pousse le drain. J’évite par tous les moyens de la gêner et surtout de toucher le drain, qui doit rester stérile. On pose le petit robinet et la valve, elle aspire, elle vide. Il restait pas loin d’un litre d’air entre les plèvres. Ça ne risquait pas de marcher.
Il ne respire toujours pas. J’écoute. Christine est en apnée. Elle ne ballonne plus. Nous attendons qu’il se remette spontanément à respirer.
Et c’est… vraiment… très long. La chasseuse, avec son pantalon kaki, ses grolles boueuses et son gilet de signalisation orange fluo, se ronge les ongles. Personne ne parle. Le cœur est toujours bon. Le chien est toujours rose. Il va respirer. Ils se remettent toujours à respirer.
Il respire.

Nous aussi.

Je n’ai plus qu’à finir la suture. A 13h30, nous avons achevé notre matinée. Je vais garder le chien jusqu’à demain, si tout va bien. Nous lui avons laissé son drain. Je vais aller manger. Et perdre mon après-midi devant un jeu vidéo entrecoupé de pauses emballage de cadeaux.

Vingt-quatre décembre. Quatorze heures quarante.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, bonjour, je voudrais un renseignement : vous castrez les ânes ?

Vingt-quatre décembre. Quinze heures quinze.
– Service de garde, bonjour ?
– Bonjour ! Je suis bien à la clinique vétérinaire ?
– Oui, mais c’est le service de garde.
– Vous êtes fermés ?
– Oui, sauf pour les urgences.
– Je m’en doutais. Vous avez bien raison. Et les croquettes attendront bien lundi. Joyeux Noël !

Vingt-quatre décembre. Seize heures trente.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, oui, la garde, le réveillon, j’oubliais. Désolée, je vous dérange pour rien, sans doute, mais dites, Tequila, vous savez, avec ses quatre hernies discales. Il a très mal, vous croyez que je peux lui refaire de la morphine et de la cortisone pour le réveillon ?
– Oooh oui.

Vingt-quatre décembre. Dix-sept heures dix.
– Service de garde, bonjour ?
– Ah, vous avez fermé ? C’est Nathalie, dites, Sylvain, j’ai une génisse à terme qui s’est mise à l’écart du troupeau ce matin, là elle s’énerve avec la queue, mais il ne se passe rien. J’ai peur d’un siège.
– Ou d’une torsion. J’arrive.

Finalement, il va bien falloir que j’abandonne mon jeu. Mais il fait beau, le soleil se couche sur les Pyrénées et les peint d’ors et de feu, sous une couche de nuages bloquée par les plus hauts sommets. Il n’y a pas de neige sur la première ligne de montagnes. Vert sombre les forêts, noirs les rochers, dorées les neiges et les glaces, mauves et gris acier les nuages. Il y aurait presque de quoi me consoler d’avoir abandonner mon clavier. Je roule une dizaine de minutes. La limousine m’attend accrochée à son cornadis. Elle a la vulve serrée des mauvais jours. Je parie sur une torsion. J’enfile ma chasuble de vêlage, passe mes gants oranges. Effarouchées, les jeunes bêtes qui ont réussi à éviter le cornadis partent en courant comme un vol de perdrix. Un grand coup de lubrifiant, j’essuie la merde sur la vulve avec le toupet de la queue, et tente de m’introduire dans son vagin. J’esquive les coups de pieds, l’éleveuse prend une corde. J’attends qu’elle lui fasse un licol et l’empêche d’assassiner un vétérinaire le soir de Noël. Et je reprends. Cette fois, je parviens à rentrer une main. Je bute sur l’hymen. Elle a été insémination artificiellement : il est donc intact. J’inspire, et enfonce ma main d’un coup avec force et régularité. Elle ne bronche pas. J’ai du sang sur le gant. Quelle superbe soirée de Noël.
J’avance, le col est ouvert, mais pas effacé. Je sens un sabot. Un second. Un petit nez, bien à l’abri dans la poche des eaux. Je pince entre deux onglons. Le veau retire sa patte. Je pose ma main sur sa tête, fait le tour du bassin de sa mère. Il passera. Elle n’est pas prête. Peut-être y avait-il une petite torsion utérine que la jeune vache a résolue spontanément, retardant simplement le vêlage ? Je décide de dilater la vulve, le vestibule et l’entrée du vagin. Le point d’attache de l’hymen dessine un anneau très serré, qui risque de gêner le passage du veau. Une main, une seconde main, j’entre et ressort, écarte les poignets. Ça va être long.

Ça tombe bien, je n’ai pas fait la visite sanitaire 2016 de Nathalie. Alors…
– Vous savez ce que c’est, l’antibiorésistance ?
Haussement d’épaules de l’éleveuse qui tient toujours sa vache et sa corde, tout en lui caressant le mufle.
– Bon, ben c’est quand un antibio qui devrait marcher ne marche pas. Le bon antibiotique pour la bonne bactérie au bon endroit, mais elle résiste. C’est un gros souci en médecine humaine et vétérinaire, alors on doit vous parler de ça, cette année.
Ces visites sanitaires, chaque année, ça oscille entre le spectacle comique et le contrôle scolaire. Chaque année un thème, en général pas idiot, et il faut y faire passer tous les éleveurs. Qui n’apprécient pas des masses, en général, alors on fait passer ça en discutant au lieu de lire les questions et cocher les cases en hochant la tête d’un air entendu.
– L’idée, je simplifie : vous faites un antibiotique à une vache. Ou un chien. Ou à vous. Certaines bactéries vont survivre, surtout si vous sous-dosez, ou si vous ne traitez pas assez longtemps. Ce seront les plus résistantes. Vous avez entendu parler du staphylocoque doré à l’hôpital ? C’est ce genre de mécanisme qui en a fait la terreur des patients hospitalisés. On réduit les risques en respectant les ordonnances et en évitant l’auto-médication à tort et à travers. Attendez, j’avance mon bras un peu plus profondément dans le vagin. Mmffff. Bon.
Nathalie soupire.
– Les bactéries, ça peut être les mauvaises, celles de la maladie. Mais aussi les bonnes. Celles des intestins. En plus, elles communiquent et se refilent les résistances. Elle se dilate bien, la cocotte. Étonnant pour une première. Bref. Vous utilisez des antibiotiques pour quoi, vous ?
– Vous le savez bien.
– Oui, mais je dois cocher les cases dans ma tête.
– Des panaris, et puis les nombrils des veaux.
– Oui, vous en utilisez très peu. Et vous n’utilisez pas les antibiotiques « critiques ». Ceux de dernier recours en médecine humaine comme vétérinaire. Ceux-là, nous ne pouvons plus vous les vendre, mais nous pouvons toujours les utiliser sous certaines conditions. Pour les préserver. Ce qui ne change rien pour vous ni pour moi, nous bossions déjà comme ça. On fait juste plus de papiers, et on nous rajoute des couches d’emmerdes pour nous récompenser de nos efforts.
– Ah ça !
– Bon, et la question suivante, c’est pour savoir si vous pourriez utiliser moins d’antibiotiques.
– Ben non.
– Ben non, vous en utilisez déjà très peu.

Et le téléphone sonne. Au fond de ma poche. Sous ma chasuble. J’enlève un gant, soulève le plastique, farfouille et saisit le samsung solid.

– Service de garde, bonsoir ?
– Fabienne ?
– Ah non, c’est Sylvain.
– Vous avez fermé ?
– Oui.
– Mais comment je fais ma blague, moi ? Je voulais faire croire à Fabienne que j’avais un gros problème sur mes vaches !
– Elle est rentrée chez elle, Fabienne.
– Ah merde. Bon. Ben joyeux Noël ! Vous faites quoi ?
– Je réponds au téléphone avec un bras dans le vagin d’une vache.
– Ah ben au moins vous avez une main au chaud !
– …
– …
– Oui.
– Joyeux Noël !
– Vous aussi !
– …
– Vous fermez aussi le 31 après-midi ?
– Oui.
– Bon ben je rappellerai le matin, alors !
– OK.
– Et allez-y doucement avec ce vagin, c’est Noël quand même !
– Oui, je raccroche, ok ?

– Bon. Je crois qu’on va lui foutre la paix, à cette cocotte. J’ai bien dilaté l’entrée, mais le col n’est pas effacé. On ne va pas tirer, on risquerait de tout déchirer. Je suis désolé, j’aurais préféré vous libérer pour votre réveillon, mais on ne va faire que des conneries, si j’insiste. Rappelez-moi si elle ne vêle pas seule. Mais le veau est adapté au bassin, j’ai distendu le ligament, elle est un peu dilatée, elle a monté le veau pendant que nous discutions . Ça devrait le faire. Ah et je vais remplir le papier et vous le laisser, parce qu’on n’a que ça à faire un 24 décembre à 18h00.

Vingt-quatre décembre. Dix-huit heures dix.
– Service de garde, bonsoir ?
– Olivier ?

Dans sa voix, il y a la casquette d’un noir usé. Le pantalon bleu maculé de cambouis et de suint de brebis. La moustache en bataille et la cigarette roulée, à l’agonie au coin de sa bouche, mâchée et remâchée, éteinte et rallumée depuis des heures. Laurent Ginet. Sourd comme un peau. L’accent local incarné.

– Non, c’est Sylvain.
– Ah, Olivier, vous avez soigné Grincheux, c’est Laurent Ginet, dites, j’ai plus de croquettes, je peux venir en chercher ?
– Non, on est fermé, M. Ginet. Je n’assure que les urgences.

Je parle fort, j’articule fort, en insistant fort sur les accents. Ma famille adore m’entendre parler comme ça. Il paraît que j’ai plusieurs voix, qu’elles changent selon les clients.

– Ah c’est bien, je fais vite, alors ! Je ne veux pas vous déranger un soir de Noël ! Je croyais que vous seriez fermés !
– Mais on est fermés ! Donnez-lui du foie gras !
– J’arrive tout de suite !
– M. Ginet ! Du foie gras !

Il ne m’entendait pas, mais là, il ne m’écoute plus.

– Rhah, comment on éteint ce machin. Michelle, j’arrive pas à l’éteindre !
– Il va raccrocher, Laurent, ça coupera. Fais vite, pour ne pas déranger le docteur !

Il est dans l’entrée de sa vieille ferme. Elle est dans la cuisine. Et mois, je vais aller à la clinique. De toute façon, il faut que je gère les hospitalisés. Notamment mon pneumothorax. Il habite à 3 kilomètres, il sera vite là. Ou dans une demi-heure environ. S’il a encore perdu ses clefs. Deux fois, il est venu en tracteur, la première « parce qu’il était pressé », la seconde « parce que les gendarmes avaient suspendu son permis, mais que pour le tracteur, il n’y a pas besoin de permis ».

J’ai le temps de doser la glycémie du chat diabétique, de sortir un chien à piroplasmose qui va manifestement beaucoup mieux, puis de vérifier le drain du chien de chasse. D’errer un peu sur Twitter. De vérifier la commande de médicaments. Si ça continue, je vais me mettre au démineur.

M. Ginet entre dans la clinique obscure, avec sa casquette, son pantalon de velours, ses bottes, sa moustache et son mégot.

– Aahh, mais c’est le docteur Sylvain ? J’ai eu Olivier au téléphone, je suis M. Ginet, vous avez soigné Grincheux. Je lui ai dit que je venais chercher les croquettes. Des Félines Youne adulte. Femelle. Un sac de 2,5kg.
– Bonsoir M. Ginet. C’est 1,5kg ou 4,5 kg. D’habitude vous prenez 1,5kg.
– 1,5kg, très bien ! Joyeux Noël ! Et merci de m’avoir attendu, vous auriez pu ne faire que les urgences !

Je ne suis pas si convaincu qu’il soit si sourd que ça.

C’est brut et peu relu, je mettrai à jour au fil de la garde ! Joyeux Noël

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Noël 2016 : Nalscue®, spray nasal pour prévenir des morts par overdose. Pourquoi si tard ?

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Publié dans addictions, médecine, politique, Slate.fr, Toxicomanies | Commentaires fermés sur Noël 2016 : Nalscue®, spray nasal pour prévenir des morts par overdose. Pourquoi si tard ?

La femme est l’avenir de la médecine

Il suffit de regarder le sexe ratio dans les amphithéâtres pour vérifier la véracité de ce titre. 60 à 70% de femmes sont sur les bancs des facultés de médecine. Certains voient dans la féminisation une déchéance de la profession. … Continuer la lecture Continuer la lecture

Publié dans féminisation, femme, genre, homme, jama internal medicine, médecine, mortalité, Science | Commentaires fermés sur La femme est l’avenir de la médecine