Archives mensuelles : janvier 2015

Ne nous jugez pas !

J’ai reçu ces jours-ci un message écrit par une lectrice. Après qu’elle m’a donné son accord, je publie le texte de son message et, juste après, le rappel d’un texte récent du British Medical Journal
MW 
« Monsieur, 

Je voulais simplement vous remercier pour votre livre Le choeur des
femmes
,  lu hier entre 16H30 et minuit. En tant que femme et obèse je vous remercie de mettre nos mots dans ce livre, notre révolte de passer en jugement à chaque fois que l’on va chez le médecin ; que ce soit pour un mal de dent ou un bouton, on a le droit à « Mais dites donc, vous savez que vous êtes en surpoids? ». Le résultat est que me concernant je ne suis suivie par aucun médecin, je n’y vais jamais, je n’ai pas de médecin traitant, je n’ai à 34 ans jamais été chez un gynécologue, je n’ai pas des dents dans un très bon état mais je n’ai même plus l’envie d’aller chez le dentiste.

Vous parlez d’un(e) patient(e) Alpha(*), pour ma part j’ai eu un « Docteur Alpha » lors d’une visite de la médecine du travail qui lorsque j’ai eu l’épreuve de la balance n’a rien dit à l’annonce de mon poids. Rien. Et c’est ce silence qui a fait que deux mois après j’ai été chez un nutritionniste, parce qu’il n’y a eu ni jugement de sa part, ni remarque idiote sur « Vous connaissez mangezbougez.fr? », ni pitié. Rien. 
Et depuis deux ans je suis mon bout de chemin pour perdre mes kilos pour moi, parce que c’est le moment, qu’il est temps pour moi. Mais je suis pauvre et la CMU ne veut pas prendre en charge mon nutritionniste car « vous avez déjà une mutuelle alors on ne va pas non plus tout rembourser », donc je me débrouille pour payer 100 euros par mois sur 440 euros de RSA. (…)

J’ai le souvenir d’une visite « offerte » par la CPAM chaque année pour les bénéficiaires de la CMU, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai été la faire, douce naïve qui se disait que peut être serais cela l’occasion de vraiment prendre soin de moi. Que l’on m’aide à prendre soin de moi. A peine entrée dans le bureau du médecin, il était assis, il lève les yeux quelques instants et immédiatement me demande « alors, votre diabète, cholestérol, hypertension ». Alors qu’il ne me connait pas, qu’il ne sait rien de moi, je ne suis pour lui qu’une montagne de graisse et ses corollaires que sont le diabète etc. Je n’ai pas été plus loin dans l’humiliation et en suis sortie renforcée dans mon idée de ne pas me soigner. C’est cela que je ne veux plus : ne pas être écoutée mais jugée. « 

Tsiporah

——————

Ce message vient à point nommé : 
Le British Medical Journal, la plus grande revue médicale britannique, et l’une des plus grandes et les plus respectées au monde, commençait, tout récemment, la publication d’une série d’articles intitulés : « Ce que pense votre patient ». Le premier article rédigé par une patient en surpoids. Il s’intitule « Why there is no point telling me to lose weight » (« Pourquoi il est inutile de me dire de perdre du poids »).

Voici les messages-clé qui concluent l’article (le texte original figure après ma traduction) : 

1° Concentrez vous sur ce que le patient est venu vous demander aujourd’hui. Si vous ne faites que ça, vous aurez déjà fait du bon travail. Réfléchissez à deux fois avant d’offrir – sans sollicitation – des conseils « éducatifs », surtout quand votre patient vous consulte pour autre chose [que son poids]. Si vos patients entendent toujours les mêmes conseils éculés à chaque consultation, ils perdront toute signification ; et si vous insistez pour aborder un sujet qu’ils trouvent douloureux, vous pourriez les dissuader de vous demander conseil dans l’avenir.

2° Il est approprié de donner des conseils diététiques ou d’exercice quand un patient vous le demande clairement. Mais essayez de vous concentrer sur les autres bénéfices d’une alimentation saine et de l’exercice, au lieu de considérer la perte de kilos comme une fin en soi. Ainsi, vos patients ne seront pas découragés d’adopter des habitudes saines même si celles-ci ne donnent pas de résultats durables en terme de perte de poids.

3° Les personnes en surpoids savent qu’elles sont en surpoids. Vous n’avez pas besoin de nous le dire. On a entendu ça toute notre vie. Beaucoup d’entre nous ont été traumatisés par les appels constants à une culture de la maigreur et par la manière dont vous semblez trouver que notre corps est honteux.  

Texte original :

1. Focus on what the patient has come to see you about today. If you only do that, you’ve done a good job. Think twice before offering unsolicited advice in the guise of “education,” particularly when your patient is consulting you about something unrelated. If your patients hear the same potted advice during every appointment, it’ll soon lose its impact; and if you insist on bringing up a subject that they find traumatic you could put them off seeking your advice in future.

2. It is appropriate to give diet or exercise advice when somebody asks you directly, but try to focus on the other benefits of eating well and getting regular exercise, rather than treating weight loss as an end in itself. That way your patients won’t get discouraged from healthy behaviours even when they do not result in permanent weight loss.

3. Fat people know that they are fat. You don’t need to tell us; society’s been doing that our whole lives. Many of us have been traumatised by constant reminders about weight loss culture—about how shameful you seem to find our bodies.

——
(*) Dans Le Choeur des femmes, la « patiente alpha » est celle qui change radicalement le regard d’un médecin et l’ouvre à une pratique plus large, plus humaniste, plus tolérante. 

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Je suis moche

Juste une petite note pour prévenir les abonnés de la Revue Prescrire (LRP). Le numéro de février est très particulier puisque sa couverture n’est pas moche. Le débat fait rage sur Twitter, certains disent « moche mais pas horrible », ce qui me semble aussi assez pertinent. @grangeblanche oui, mais alors je n’irai pas jusqu’à dire « pas … Continue reading Je suis moche Continuer la lecture

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RetractionWatch très content de faire peur aux chercheurs français… car des fraudes seraient cachées !

Le billet de fin de semaine (31 janvier 2015) de RetractionWatch contient une petite phrase qui renvoie à un tweet. Le 29 janvier 2015, une réunion a été organisée pour la signature de la Charte de déontologie des métiers de la recherche. Excellente initiative sur sur laquelle nous reviendrons quand la version signée avec tous les logos sera publique. Que… Continuer la lecture

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Cancer et/ou hasard : les réponses à Slate.fr de deux chercheurs américains controversés

Bonjour C’est une controverse somme on aimerait en voir naître plus souvent. Car controverse utile, fructueuse, pédagogique et politique. En annonçant, dans Science,  qu’une majorité des cancers sont plus le fait du hasard que d’autres causes, les Dr. Vogelstein et Tomasetti ont déclenché une vive controverse scientifique. Quelques semaines après la polémique, ils viennent de […] Continuer la lecture

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Quand on veut noyer son chien

  La Cour des comptes publie un nouveau rapport sur les maternités… compilation de vrais constats, données diverses, statistiques lissées et de quelques approximations. Mais surtout, et c’est ce qui a été retenu par les médias, le rapport distille doucement que les petites maternités sont dangereuses… Parce qu’envisager la fermeture d’une maternité pour des raisons économiques, ça passe mal. […] Continuer la lecture

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Le Quotidien du Médecin 1979-2014

Une consœur lectrice de ce blog m’a fait parvenir un exemplaire du numéro 2000 du Quotidien du Médecin daté du 7 novembre 1979. Je la remercie de nouveau pour ce fabuleux cadeau. Ce numéro spécial imaginait ce que la santé et notre profession allaient être en 2000. Le numéro est touffu, je n’ai donc pas … Continue reading Le Quotidien du Médecin 1979-2014 Continuer la lecture

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Portrait of Madame X

Portrait of Madame X. John Singer Sargent. 1884Classé dans:Musique et Arts Continuer la lecture

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Loi Macron : Secret des affaires

Suite à l’annonce du retrait de l’amendement 1810 à la loi Macron, le Formindep appelle au retrait définitif de la proposition de loi 2139, et appelle les députés européens à rejeter la proposition de directive européenne 2013/0402.


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Secret des affaires

Suite à l’annonce du retrait de l’amendement 1810 à la loi Macron, le Formindep appelle au retrait définitif de la proposition de loi 2139, et appelle les députés européens à rejeter la proposition de directive européenne 2013/0402.


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Le monitoring nouveau des essais cliniques est sorti. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les fraudeurs (et pour ceux qui les recherchent) ?

La plupart des fraudes par falsification ou fabrication de données d’essais cliniques ont été découvertes, osons le dire, grâce à une « bêtise » de l’auteur. Plusieurs exemples ici Fausses signatures et effet constant du produit testé (Sedgwick), Plagiat entrainant des recherches complémentaires révélant une fraude par fabrication (Soman), Réalisation d’une étude sur des prélèvements […] Continuer la lecture

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Cinquante Nuisances d’Earl Grey

Une histoire envoyée par une lectrice. J’ai retouché par-ci, par-là, apporté ma patte, mais dans l’essentiel tout y est. Je ne sais pas si c’est mignon, gênant (éthiquement ça me pose quand même problème, mais c’est humain, alors ça a sa place ici…), génial, décalé ou tout à la fois. Ce qui est sûr, c’est […]

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Le nouveau marché suisse du suicide assisté : il faut compter 9045 euros l’unité

Bonjour C’est un ensemble bien troublant, bien politique, que l’on trouve aujourd’hui dans Le Parisien/Aujourd’hui en France. Le résultat d’un reportage en Suisse. En Une cela donne : « Les dérives du suicide assisté ». « Notre reporteur a enquêté en Suisse, où de nombreux Français gravement malades se rendent pour mettre fin à leurs jours dans des conditions […] Continuer la lecture

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Drogues : de la confession du mangeur d’opium au spot-action de SOS Addictions

Bonjour Comment écrire la drogue ? « En 1821, quand paraissent les Confessions d’un mangeur d’opium, De Quincey est âgé de trente-six ans et sa réputation d’homme de lettres n’est plus à faire. Il consomme de l’opium depuis quinze ans ; père de plusieurs enfants, il est très lourdement endetté. Écrites en quelques semaines dans un appartement londonien […] Continuer la lecture

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Ethique, génétique et argent : les prophéties à court terme du professeur Israël Nisand

Bonjour Israël Nisand, 64 ans est une personnalité atypique, parfois controversée dans le monde hospitalo-universitaire français. Sa spécialité (la gynécologie-obstétrique) fait qu’il s’est intéressé de près aux questions de contraception et de bioéthique. Et son lieu d’exercice (le CHU de Strasbourg) lui ont donné une liberté de parole et d’action que ne semblent pu avoir […] Continuer la lecture

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Servier : je suis CHARLIE ? Le Médiator pourrait faire pschitt…. ou la fabrique d’un scandale de sécurité sanitaire….

Assez surprenant de découvrir dans Libération du 20 janvier 2015 un article intitulé « Mediator : Servier prescrit le retrait d’une étude médicale ». Cette information a été reprise sur des sites comme Medscape par exemple. Surprenant car ce sont des avocats qui ont écrit à 2 sociétés savantes, Société Française de Cardiologie et Collège National des Cardiologues Français, pour leur demander… Continuer la lecture

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Les palmarès Prescrire 2014.

Jésus chasse les marchands du Temple. Leandro Bassano. 1578

Je suis allé ce matin aux palmarès Prescrire (LA).

Grande nouvelle : une pilule d’Or a été remise.

Cela faisait depuis 2007 que cela n’était pas arrivé (acide carglumique – CARBAGLU) : vous connaissez ?
Quand je regarde les noms des pilules d’or depuis 1981, je me demande si je n’ai pas rêvé.
Cette année, elle a donc été remise à ORPHACOL – acide cholique : L’acide cholique (Orphacol°) apporte un progrès majeur chez les enfants atteints de rares déficits héréditaires de la synthèse d’acides biliaires primaires, maladie le plus souvent mortelle« .
Merveilleux.
Nous apprenons qu’il s’agit d’un progrès majeur avec augmentation de l’espérance de vie.
Cela concerne 20 patients en France.
Fermons le ban.
Mais avant cela nous avons assisté à 3 présentations dans le cadre d’une Conférence-débat intitulée : « Le prix des médicaments : quelle logique ? »
Grosso modo, cela m’a rendu perplexe.
Puis effaré de voir que La Revue Prescrire « cautionne » de telles interventions : la modératrice n’a rien modéré du tout et n’a cessé de dire : « Comme c’est merveilleux… Comme vous nous avez appris des choses… Comme c’était bien… » On pourrait espérer mieux d’une revue critique. Mais on a appris deux ou trois trucs. Pas plus. Mais sur le fond, que d’inexactitudes, que de manque de profondeur, de recul, de réflexion.
Je commence par le morceau de choix qui est la première intervention.
Hépatite C : Médicaments hors de prix = restrictions d’accès aux soins et discriminations.
Par Marianne L’hénaff, représentante des collectifs interassociatifs Traitements et Recherche (TRT-5) et du Collectif Hépatites Virales (CHV).
Elle commence son intervention en disant de façon amusante « Je n’ai pas de conflits d’intérêts avec les laboratoires, je n’ai que des conflits avec eux ».
Ce n’est pas tout à fait vrai.
Pour Traitements et Recherche (TRT-5) il suffit de cliquer ICI pour connaître les sponsors big pharmiens. Et, je pense à Bruno Lina, il y a une maxime qui pourrait faire baver tous les corrompus de la terre : La diversité de sources de financement du TRT-5 contribue a l’équilibre budgétaire du collectif ; elle est aussi et surtout une garantie fondamentale de notre indépendance..
Pour Collectif Hépatites Virales (CHV) on clique LA pour connaître les sponsors.

Ce problème étant réglé (1), passons à la suite. Quand le texte complet sera disponible en ligne (par l’intermédiaire de La revue Prescrire) je mettrai le lien LA.
Commentaire personnel : il est évident que le prix du Sovaldi est « scandaleux » mais il n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres concernant des produits de cancérologie, de rhumatologie et de pneumologie (et d’ophtalmologie par exemple). Nous reviendons sur ces sujets avec la deuxième intervention mais voici ce que j’ai ressenti à propos de celle de Madame L’hénaff.
Cette dame joue sur plusieurs registres : la colère, le scandale, la morale, le compassionnel, l’anti capitalisme, et… la santé publique.
Je suis arrivé à la réunion sans en connaître le sujet mais j’avais une certaine culture personnelle et j’avais lu un article fondamental sur le sujet, celui de JF Bergmann paru dans le journal Libération : LA. C’est moi qui grasseye.
TRIBUNE

La Sécurité sociale doit-elle dépenser des milliards d’euros pour un nouveau traitement de l’hépatite C qui guérit 90% des malades ? Le prix exorbitant que tente d’obtenir en Europe le laboratoire Gilead pour le Sovaldi (vendu 62 000 euros par malade aux Etats-Unis !) commence à choquer l’opinion et les politiques, comme le montre la lettre envoyée le 3 juillet au laboratoire par quatre députés. Mais ce débat légitime en masque un second : il faut remettre en question l’intérêt des nouveaux traitements. Une tâche difficile, tant la désinformation et la dramatisation ont été bien orchestrées.
Quand on parle de l’hépatite C, on entend que c’est un virus qui provoque cirrhoses et cancers et qui fait 3 000 morts par an en France. C’est vrai, mais ce n’est pas tout. L’hépatite C est une maladie le plus souvent peu grave, qui dégrade les cellules du foie de façon très lente et prévisible. C’est une maladie transmissible par voie sanguine mais pas par voie sexuelle (hormis certaines pratiques extrêmes) ni par contact direct. Surtout, c’est une maladie en voie d’extinction. En France, le pic de contamination date des années 80, par voies transfusionnelle ou hospitalière. Depuis, l’incidence de la maladie ne cesse de baisser, avec seulement quelques milliers de nouveaux cas par an. Même sans les nouveaux traitements, l’hépatite C aura quasiment disparu dans une trentaine d’années.
Les industriels en sont parfaitement conscients. Ils ont investi des milliards pour développer une soixantaine de molécules très efficaces tout en sachant que le marché va disparaître. D’où la pression du lobby pour prescrire le plus vite possible, au plus de patients possibles, des médicaments les plus chers possibles.
Les laboratoires ont évalué ces médicaments chez les patients atteints des formes bénignes, sans inclusion (ou de façon marginale) des cas les plus graves. Du coup, on ne connaît qu’imparfaitement leur efficacité chez les malades qui en ont vraiment besoin – et qui sont aussi les plus résistants aux traitements. L’Agence européenne du médicament a approuvé ces nouveaux médicaments dans une indication d’une largesse coupable, permettant le traitement des malades dont le foie est peu atteint (fibroses F1 et F2), alors que tout médecin responsable sait qu’il n’y a pas lieu de traiter un virus non contagieux lorsqu’il n’est pas dangereux.
La France participe à ce climat artificiel d’urgence sanitaire. L’Agence nationale de sécurité du médicament a octroyé des autorisations temporaires d’utilisation à tous ces médicaments avec des prix non négociés – jusqu’à 100 000 euros par patient ! La Haute Autorité de santé, d’ordinaire rigoureuse et attentiste, n’a pas eu de scrupules à considérer comme une amélioration thérapeutique importante des associations de plusieurs médicaments qui n’ont jamais été testées dans aucun essai clinique ! Les sociétés savantes d’hépatologie ont établi des recommandations d’associations de nouveaux antiviraux qui n’ont jamais été évaluées, en se basant sur des extrapolations logiques mais hasardeuses.
Enfin, un récent rapport ministériel n’hésite pas à considérer comme prioritaire le traitement des hépatites C à fibrose modérée (F2) sans tenir compte d’un facteur majeur qui est l’âge. Or, on sait que les patients âgés de 65 ans qui ne sont «que» F2 après trente-cinq ans d’infection ne seront probablement jamais malades (F4) ! Vouloir traiter tous les porteurs du virus tient du fantasme de «Zorro sauvant la planète», alors que l’immense majorité des porteurs n’est ni malade ni contagieuse.
Que penser d’une telle conjonction de décisions maximalistes et alarmistes, de cette mystification organisée ? L’intérêt des industriels est facile à comprendre. Les hépatologues ont, comme d’autres avant eux, été charmés par les sirènes de l’industrie. Les infectiologues, tout juste sortis victorieux de l’exemplaire combat contre le VIH, rêvent d’un nouveau succès planétaire… Les pouvoirs publics et les agences de santé, aveuglés par le consensus des experts et paniqués par les médias et les puissantes associations de malades, ne veulent pas être accusés d’avoir privé les patients d’une chance de guérir.
Comme disait Kafka, «lorsque l’on se bat contre le monde entier, en général, c’est le monde qui gagne»Donc crier au scandale, c’est sûrement être inaudible… Il faut bien dire que ces médicaments sont très efficaces, qu’un vrai problème de santé publique demeure en France chez les usagers de drogues et une partie de la communauté homosexuelle, et que la vraie endémie se situe à l’étranger, notamment en Egypte et en Europe de l’Est. Mais raison de plus pour ne pas utiliser inutilement les traitements au mauvais endroit.
Réclamer près de 100 000 euros par patient alors que le prix raisonnable des nouvelles molécules devrait être de l’ordre de 10 000 euros, c’est un scandale. Mais le vrai scandale est scientifique : ne traitons que la petite minorité de malades qui en a réellement besoin. En traitant 10 000 vrais malades pour 10 000 euros chacun, on ferait aussi bien sur le plan sanitaire qu’en traitant 100 000 faux malades à 100 000 euros, tout en économisant 10 milliards d’euros ! Battons-nous donc contre le monde entier pour un bon usage, raisonné et raisonnable, des médicaments de l’hépatite C. Et si Kafka avait tort ?

Nous sommes loin de toutes les navrantes approximations de Madame L.
Son intervention n’était ni plus ni moins qu’une entreprise de disease mongering (voir LA) avec toutes ses tactiques : dramatisation, absence d’évaluation correcte, extension des indications à des stades anté cliniques, manipulation des résultats, groupe d’experts amis, passionnalisation, et cetera. Disease mongering en faveur de big pharma malgré le fait qu’elle et les associations demandent une baisse drastique des prix, l’accès aux pays pauvres et même une autorisation de licence d’office.
Cela souligne le ménage qui devrait être fait dans les associations de patients qui souffrent de leur maladie infantile à savoir la corruption par big pharma.
Ce qui ne signifie pas, bien au contraire, qu’il ne faille pas tenir compte des patients et de la scince dite profane. Mais nous en avons déjà parlé et nous y reviendrons un jour…

Pourquoi les médicaments sont-ils si chers ? La dérive d’un modèle d’affaires.
Par Marc-André Gagnon, professeur adjoint en politique publique (Ottawa – Canada).
Son exposé (voir ICI quand il sera en ligne) est intéressant car il souligne les tendances de big pharma pour les années qui viennent. Il rappelle que les coûts de la recherche et du développement sont majorés de façon artificielle par big pharma et que parmi les techniques de gonflement existent à la fois des mensonges connus de tous (dont ceux qui décident des prix), des largesses dues à des fonds publics et des promesses non tenues. Je voudrais ajouter ceci : big pharma se plaint partout des contraintes qu’on lui a imposées d’un point de vue réglementaire et des coûts du développement mais il apparaît que les contraintes réglementaires comme les coûts excessifs lui ont permis de saturer le marché, c’est à dire de rendre le droit d’entrée impossible à assumer par la recherche publique et / ou par de petites firmes privées innovantes (dans ce dernier cas big pharma achète les firmes qui ont commencé le développement en étant certaines d’avoir un produit « rentable »).
Notre intervenant souligne que big pharma est passé du règne des blockbusters (molécules disposant d’un marché potentiel considérable comme les statines, les anti hypertenseurs ou les antidépresseurs) à celui des nichebusters (produits de niches et/ou de maladies dites orphelines) qui autorisent des essais rapides, sur peu de patients, avec des participations publiques, des crédits d’impôts, dans des indications compassionnelles, avec des critères de jugement allégés et des commissions d’évaluation favorables a priori non tant pour des raisons scientifiques que politiques. Mais MA Gagnon souligne également que ce marché permet de saucissonner les indications (salami-slicing) et d’obtenir plusieurs indications orphelines avec une même molécule (il prend l’exemple du Glivec qui a obtenu 7 indications orphelines différentes, ce qui rend l’orphelinat bourré). Sans compter les utilisations hors AMM qui sont suggérées par les firmes, appliquées par les médecins et soutenues par les associations de patients. Petit commentaire personnel : cette politique des nichebusters est sous-tendue par le marketing de la médecine personnalisée, génétique, et cetera (qui a eu de très beaux succès en hématologie par exemple) qui fait croire au bon peuple qu’il sera possible de faire des médicaments patients centrés et que l’on améliorera le pronostic. c’est bien entendu le domaine d ela cancérologie où, je le rappelle, ce sont des données FDA, les 71 derniers produits d’oncologie agréés par l’Agence américaine ont apporté une survie supplémentaire en moyenne de 2,1 mois au prix de 10 000 dollars par mois et de nombreux effets indésirables graves (ICI).
MA Gagnon nous a dit que big pharma suivait une logique de marché comme toutes les firmes et, après son exposé, nous en avons parlé ensemble, nous sommes convenus qu’il était nécessaire que els autorités de régulation fassent leur boulot, c’est à dire contrôlent et ne soient pas « influencées ».
N’oublions pas non plus que big pharma a recentré son action mondiale sur les vaccins (peu ou non génériquables) où les marges brutes sont considérables, les molécules dites innovantes issues du génie génétique et, surtout, les maladies chroniques (avec l’introduction d’un nouveau concept très vendeur, la chronicisation des affections aiguës ou dont on « guérissait » auparavant (l’exemple de l’addictologie est confondant où l’on ne parle plus de guérir des addictions mais de contrôler les addicts).

Sortir de l’impasse créée par la situation de monopole des firmes (brevets, droits exclusifs).
Par Gaëlle Krikorian, sociologue spécialisée sur les questions relatives à la propriété industrielle, notamment dans le domaine pharmaceutique. Elle nous a dit aussi qu’elle était une sorte d’attachée parlementaire au parlement européen mais elle ne nous a pas dit qu’elle appartenait au groupe Europe Ecologie Les Verts (elle avait honte ?).
Elle nous a essentiellement parlé des brevets (voir son texte LA quand il sera en ligne).
Beaucoup d’idéalisme dans son intervention, grande croyance en la médecine, des phrases à l’emporte-pièce (« l’économie actuelle du médicament mène au rationnement »), une affirmation selon laquelle « le principe de l’accès à la santé était essentiellement moral » et, j’imagine, non scientifique… A propos de l’essai dont je parlais sur l’amélioration de 2,1 mois de l’espérance de vie grâce à des médicaments oncologiques, elle a dit ceci (ce qui montre son incompétence absolue en termes de santé publique) : « Il ne faut pas rattacher les 2,1 mois à des coûts mais à un bénéfice de santé publique ». Elle n’a manifestement jamais étudié un dossier clinique de médicaments ni apprécié la souffrance induite par les chimiothérapies. Sans intérêt.

On le voit : il y a du boulot.

Ce que je pourrais reprocher à La Revue Prescrire après que nous avons vu la remise des prix : je ne vois pas ce que viennent faire les industriels sur le podium de Prescrire. Comme le disait Georges Orwell : Je ne veux pas dîner avec un de mes ennemis politiques car je risquerais de voir qu’il est un humain comme un autre.

Notes
(1) A la fin de la réunion Madame L’hénaff m’aborde pour me reprocher mon intervention. Of the records (ce pourquoi je vous en parle) elle me dit que le fait d’être sponsorisé n’entame aucunement son indépendance, qu’elle ne reçoit aucun argent directement et que les médecins prescripteurs reçoivent de l’argent de tous les laboratoires et qu’ainsi ils sont également indépendants (c’est la théorie Bruno Lina dont je vous ai déjà entretenu LA). Je lui dis qu’il existe une littérature très importante sur les conflits d’intérêt et qu’il n’existe pas que des intérêts financiers, des intérêts intellectuels, par exemple le fait qu’elle soit invitée à faire une conférence pour La Revue Prescrire. Elle hausse les épaules.

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Rox sans Rouky se lance dans le traitement de l’HTA

Le traitement de l’hypertension artérielle résistante est devenu un objectif pour tous les bricoleurs, après la dénervation rénale, voici arriver la création de fistule artério-veineuse. Les cardiologues nous volent tout. Nous dénervions des reins pour les transplanter depuis longtemps, sans … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Rox sans Rouky se lance dans le traitement de l’HTA

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M. Sarkozy : « Non au tiers payant généralisé ». «La loi Touraine, on va s’en occuper.»

Bonjour C’était immanquable et cela n’a pas manqué. Nicolas Sarkozy sent le vent tourner, l’opposition à Marisol Touraine coaguler, le Palais de l’Elysée s’inquiéter, le dentifrice s’écouler.  L’ancien président de la République a fait aujourd’hui le voyage de Tourcoing (Nord). Il était il y a quelques heures devant des médecins, généralistes et spécialistes, d’une maison […] Continuer la lecture

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Une tournée promotionnelle

Depuis le 29  décembre 2011, l’industrie du médicament a pour obligation de déclarer les avantages perçus par les professionnels de santé, à partir d’un plancher de 10 euros TTC. Le sunshine act à la française. Nous trouvons sur le site d’un laboratoire français la liste de ces fameux avantages, offerts au décours du premier semestre 2013. Ce sont les données disponibles les plus récentes. Les étudiants en médecine sont répertoriés dans un document de plus de 4200 pages : chaque page concerne un étudiant expressément nommé, les frais engagés, le nom du restaurant (si frais de bouche il y eût), et le « programme scientifique » de l’événement. Les sommes varient entre 20 et 50 euros par externe/interne. Ce qui fait au total, et de manière très approximative, pour le premier semestre 2013, un budget de près de 150.000 euros TTC. Concernant les professionnels de santé, c’est un document de près de 30.000 pages, fonctionnant sur le même principe : 1 page, 1 professionnel, 1 prestation. Avec des prestations variant entre 20 et 50 euros. L’estimation totale des frais engagés, de manière très approximative, peut donc être évalué à plus d’un millions d’euros pour le premier semestre de 2013 …
Mais revenons à nos étudiants. Certains programmes scientifiques laissent songeurs quant aux enjeux véritables qui se cachent derrière cet événementiel de formation continue. Ce qui est particulièrement troublant, c’est de constater qu’en un semestre, pour la modique somme de 150.000 euros, le laboratoire en question organise une véritable tournée de son programme scientifique au travers des universités françaises et des hôpitaux périphériques, programme qui semble graviter autour de 4 axes de formation principaux : diabète (ICI), HTA (ICI), insuffisance cardiaque (ICI) et dépression (ICI). Concernant le programme d’actualités en cardiologie, ivabradine et insuffisance cardiaque ICI, voici un bref aperçu de la tournée en question lorsqu’on décortique quelques-unes des pages du document en question :
– Créteil 01/2013
– Toulon 01/2013
– Avignon 01/2013
– Montfermeil 01/2013
– Carcassonne 02/2013
– Le Mans 02/2013
– Nîmes 02/2013
– Saint Brieuc 02/2013
– Marseille 04/2013
– Boulogne-Billancourt 05/2013
– Besançon 05/2013
– Paris 05/2013
– Créteil 05/2013
– Toulouse 05/2013
– Rouen 06/2013
– Amiens 06/2013
– Strasbourg 06/2013
– Perpignan 06/2013
– Arras 06/2013
– La Roche sur Yon 06/2013
– etc
En septembre 2012, le Procoralan obtenait une extension d’AMM dans l’insuffisance cardiaque (LA).
Nous avons donc à faire à une véritable tournée de communication auprès des étudiants de deuxième et troisième cycle. Les externes et internes en formation ne devraient-ils pas être protégés de cette exposition promotionnelle qui, non content de venir potentiellement influencer leurs comportements de prescription, génère un pouvoir de réciprocité puissant dans le cadre de leur exercice futur ?

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Ebola : les virus ouest-africains auraient mutés ? En réalité un mauvais titre de la BBC

Bonjour 29/01/15. C’est une information qui est donnée par la BBC (Tulip Mazumdar). Information reprise en boucle depuis quelques heures par de nombreux médias anglosaxons. Elle n’est toutefois, pour l’heure, pas confirmée à l’Institut Pasteur de Paris où elle semble avoir son origine. L’Institut Pasteur précise toutefois que si des travaux sont bien menés sur […] Continuer la lecture

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Colères médicales montantes : le risque de coagulation ou la métaphore du dentifrice

Bonjour Rien ne va plus en libéral. La consultation à 33 euros ? On verra plus tard. La commission paritaire nationale du mercredi 28 janvier a fait long feu. Les syndicats de médecins libéraux et la caisse nationale d’assurance-maladie n’ont rien fait.  Devant le refus de la Cnam d’inscrire à l’ordre du jour  l’ouverture d’une négociation tarifaire les […] Continuer la lecture

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Les députés écologistes veulent passer du «laisser mourir» au «faire mourir». Voici pourquoi

Bonjour Il y aura d’abord, à l’aube dece 29 janvier, un texte baroque sur les ondes électromagnétiques dénoncé avec force par l’Association française pour l’information scientifique les scientistes.  L’Assemblée nationale examinera ensuite une nouvelle proposition de loi sur la fin de vie. Elle est présenté par la député (EELV,Vienne) Véronique Massonneau et défendu (unicité de […] Continuer la lecture

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TRIPOD : des lignes directrices pour écrire des articles sur les modèles de prédiction (pronoctic et diagnostic)

Il s’agit d’une nouvelle ligne directrice, oeuvre d’un groupe collaborateur anglais et hollandais, concernant la rédaction des articles sur les modèles de prédiction. TRIPOD veut dire Transparent Reporting of a multivariable prediction model for individual prognosis or diagnosis. Ils ont un site dédié qui contient toutes les informations, et les articles décrivant TRIPOD ont été publiés conjointement par 11 revues… Continuer la lecture

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Il, Elle…

Elle a encore perdu ses clés.
Il ne sait plus où il a garé la voiture.
Elle cherche ses mots.

Début.

Il ne sait plus où il habite.
Elle a oublié les prénoms de ses enfants.
Il se croit en 1960.

Suite.

Elle regarde sa fourchette et ne sait comment s’en servir.
Il enfile son pyjama par-dessus son pull.
Elle sort acheter du pain à deux heures du matin.

Suite…

Il urine dans sa penderie.
Elle ne s’est pas lavée depuis deux semaines.
Il ne reconnaît plus sa femme.

Suite…

Elle mange ses selles.
Il se perd dans sa maison.
Elle crie des mots incompréhensibles.

Suite…

Il ne mange plus.
Elle ne marche plus.
Il ne parle plus.

Suite…

Elle s’efface.
Il s’oublie.
Ils disparaissent.

Fin.

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Infirmier psychiatrique agressé. Vive émotion. Soutien et solidarité de la ministre de la Santé

Bonjour Le tissu hospitalier français semble comme à fleur de peau. Dans la matinée de ce 28 janvier un infirmier du pôle de pédopsychiatrie du Centre Hospitalier Le Vinatier  (Bron) a été blessé. Blessé à l’arme blanche par un jeune de 17 ans. Il a été hospitalisé à l’hôpital Herriot de Lyon. Ses jours ne sont pas […] Continuer la lecture

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Maternités condamnées : qu’est devenue la promesse des 30 mn de François Hollande ?

Bonjour Il faut se méfier des petites villes : elles ont la mémoire longue. On se souvient de la mort réclamée (par la Cour des comptes) des treize plus petites maternités françaises. Condamnations contestées avec la dernière énergie par les intéressées. Aujourd’hui la défense s’organise  L’Association des petites villes de France (APVF) vient de critiquer les […] Continuer la lecture

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Rien ne va plus à l’hôpital Américain de Neuilly. Le Dr Saldmann est à l’hôpital Européen de Paris

Bonjour On sait que L’AP-HP ne va pas bien. Mais ce temple historique de la médecine hospitalière n’est pas le seul à être en souffrance. Il en va de même, sous d’autres formes, de ce havre pour fortunés qu’est l’Hôpital Américain de Neuilly. Un oasis anglophone de bienfaits pour des patients triés sur les volets. […] Continuer la lecture

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Les commentaires après publication deviennent une valeur ajoutée dans PubPeer et PubMed qui collaborent

Nous devons participer aux diverses discussions après publication des articles ; j’ai déjà évoqué ce point en octobre 2014. Cette pratique a été incluse dans la dernière version des recommandations de ICMJE, et PubMed a des liens avec les commentaires de PubPeer dans sa base. Attention, il vous faut un plug in ‘PubPeer’ pour voir ce que je montre ci-dessous…. Continuer la lecture

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Alcool. Le « novice » au volant ne doit plus boire. Ou moins d’un verre. Pourquoi ?

Bonjour On l’attendait. C’est fait. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur a parlé. Le nombre de morts sur les routes françaises a augmenté de 3,7% en 2014. Soit  3.388  morts. Soit 120 morts de plus qu’en 2013. Ces chiffres ne sont «pas satisfaisants» et ils ne sont «pas à la hauteur des objectifs que nous nous […] Continuer la lecture

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Gloups

Je suis au bloc, à la gauche du patient endormi. Mon chef est en face ; il me laisse la main. Le scanner est affiché sur l’ordinateur, je l’ai bien…

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Article original rédigé par Stockholm et publié sur Le Blog de Stockholm
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CAHIER DE DOLÉANCES

 

«Pivot du système de santé» – «Spécialité à part entière» – «L’un des plus beaux métiers au monde»

Les attributs sonnent bien, mais le constat est clair : la médecine générale se meurt.

Fin de vie programmée ? Euthanasie actée ? Ou véritable impuissance des autorités s’empêtrant dans des soins palliatifs à doses micro-homéopathiques ?

Un système de santé moderne, fiable, cohérent, centré sur l’intérêt du patient et de la population avant celui des industriels du médicament et de la consommation médicale à tout-va ne peut se passer des services et compétences des médecins généralistes.

Les médecins généralistes eux-mêmes sont-ils conscients que leur indéniable spécificité, leur principal savoir-faire réside pour une large part dans leur savoir-ne pas faire ? N’est-ce pas là le principal enjeu des décennies à venir ? Être le principal acteur en poste dans la vigie de la tour de contrôle, le bon aiguilleur qui lancera investigations et thérapies adéquates au bon moment tout en limitant celles qui ne le sont pas. Que doit-on entendre derrière l’expression «pivot du système de santé» ? Le généraliste est peut-être un pivot, mais doit surtout être une porte d’entrée et/ou sortie du système. Un filtre.

Il faut sauver le soldat médecine générale !

Il ne s’agit pas là d’un cri visant égoïstement à défendre les intérêts ou quelques «privilèges» d’une profession. Divers syndicats le font déjà plus ou moins adroitement avec les résultats que l’on connaît et que chacun peut interpréter comme il l’entend.

Incitations, coercition, désertification, groupes de réflexion, revalorisation, pseudo-négociations, augmentation de la consultation, formation, pseudo-conseillers experts auto-proclamés. Au ministère de la santé, les ministres de droite comme de gauche se suivent, et se ressemblent… Quoi de plus normal ? Peut-on demander à une personnalité politique de faire autre chose que de la politique ?

Dernier exemple en date : le Tiers-Payant Généralisé.

Le 23 septembre 2013 du côté du ministère de la santé est dévoilée la stratégie nationale de santé. A la page 18, au chapitre 2.1.2, consultable ici, on peut lire ceci à propos du tiers-payant :

«La possibilité ouverte aux médecins généralistes et spécialistes d’accorder une dispense d’avance de frais (tiers-payant) à leurs patients sera généralisée.»

Automne 2014, lors de la présentation du projet de loi santé, la «possibilité d’accorder le tiers-payant» devient le «tiers-payant obligatoire». Les mots «possible» et «obligatoire» semblent être synonymes dans la tête ministérielle.

Résultat : la profession se crispe.

Plusieurs thèmes de la loi semblent semer le mécontentement. Mais c’est essentiellement autour du Tiers-Payant Obligatoire que la colère se cristallise et que les rangs se forment. Les syndicats préparent le combat. On craint l’étatisation de la médecine libérale. C’est pourtant bien plus sa privatisation dissimulée qui est à redouter. Le mouvement se durcit. Certains propos s’enveniment pour voler dix étages en dessous du ras des pâquerettes.

Quelques médecins et futurs médecins sous couvert de la tradition de l’esprit carabin se vautrent dans l’abject pour le plus grand bonheur des média qui s’emparent goulûment de l’affaire en l’amplifiant. Mais surtout pour le plus grand bonheur d’une ministre droite dans ses bottes qui reçoit là comme tombée du ciel cette fresque de salle de garde dont elle peut puiser une formidable opportunité de faire diversion pour éventuellement se faufiler tête haute dans une issue de secours inespérée. Pourtant ne nous y trompons pas. En même temps qu’est annoncée la reprise en mains du dossier par l’Élysée, on apprend la formation de groupes de travail pour faire évoluer le texte de loi. La ministre reconnaîtrait-elle avoir mis la charrue avant les bœufs ? Quelle crédibilité lui accorder désormais ? Ce qui est certain, c’est que beaucoup de ministres ont vallsé pour moins que ça.

Pendant ce temps-là, la médecine générale continue de rouler sur la pente d’une mort prochaine et certaine.

Quel gâchis et quelle effroyable perte de temps !

Le temps ? N’est-il pas venu le temps pour soignants et patients qui ne se reconnaissent pas dans ce microcosme politico-syndical ayant pour le moment prouvé toute son inefficacité, de dépasser ces gesticulations stériles pour exprimer leurs souhaits et solutions afin de sauver la médecine générale ? Le temps de cette fameuse démocratie participative ?

Souvent, pour faire avancer les choses, deux ou trois grandes mesures claires, correctement discutées et préparées, facilement et rapidement applicables sont suffisantes et nécessaires.

Exemple médical : une personne en arrêt cardio-respiratoire nécessite qu’une autre personne pas forcément urgentiste, pas forcément médecin, pas forcément soignant, alerte les secours et débute les gestes de réanimation : masser et ventiler. Point barre.

L’alerte sur l’état critique du soldat médecine générale est donnée mais les gestes de secours ne suivent pas. Le temps est peut-être venu pour le couple patients-soignants, citoyens-professionnels de s’exprimer et proposer les gestes indispensables à leurs yeux pour faire repartir le soldat mourant. Éviter le déplaquage des plus ou moins anciens, faire revenir ceux déjà passés à l’acte, attirer les plus jeunes. De ce cahier de doléances pour sauver la médecine générale pourraient être dégagées deux ou trois grandes mesures venues du bas peuple. Car voyez-vous ces gens-là, les gens d’en bas, professionnels de terrain et simples citoyens, pas forcément syndiqués, par forcément politisés, rarement médiatisés, ces gens-là ne sont pas pour autant résignés. Ces gens-là en auraient sûrement des choses sensées à dire. La balle serait alors envoyée là-haut dans le camp des puissants. A eux ensuite de s’en saisir.

Ce blog n’a pas la prétention encore moins l’audience suffisante pour être le réceptacle des doléances de tous ceux qui souhaiteraient s’exprimer sur le sujet. Mais si certains se reconnaissent dans cette démarche dénuée de tout intérêt personnel, si l’initiative les séduit, qu’ils veulent faire suivre et faire mûrir l’idée, qu’ils ne s’en privent pas.

Quant à ceux qui n’y voient qu’utopie, niaiseries, futilités ou inutilité. C’est tout à fait plus qu’entendable. Continuez de vous battre contretout ce que vous voulez, ne vous rassemblez surtout pas pour. En revanche préservez un peu vos forces et idées pour écrire quelques mots non pas sur le cahier de doléances de la médecine générale, mais sur son cahier de condoléances…

Confraternellement.

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Tiers payant : Marisol Touraine invoque désormais Philæ et le Vatican

Bonjour C’est un exercice annuel, médiatique et républicain, auquel chaque ministre tient. Cela s’appelle les vœux à la presse. C’est très généralement plus que convenu : rasoir. On quête les off. On se montre. Parfois, rarement, il y des exceptions. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes présentait les […] Continuer la lecture

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Faire une étude sur cohorte positive, fastoche !

(Cet article précise celui sur les biais liés au temps) Exemple : évaluons l’impact de la prise  d’un sirop de grenadine sur la mortalité des patients diabétiques. Par chance, nous disposons d’une cohorte de patients diabétiques qui ont noté s’ils prenaient du sirop de grenadine ou non. C’est une grosse cohorte, plus de 50 000 […] Continuer la lecture

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Navigation 2015, semaine 4

Chers collègues, Voici quelques pages lues la semaine dernière. L’Elysée au chevet de la ministre de la Santé et des médecins, selon le Figaro. Dans un entretien pour le site egora.fr et disponible ici, le député socialiste et médecin Gérard … Lire la suite Continuer la lecture

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Mr Sarkozy rencontre tous les médecins qui ne sont plus entendus par Mme Touraine

Bonjour Qui tient la corde? On ne sait plus très bien où en est le conflit opposant une large fraction du corps médical libéral au projet de loi Santé porté par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes. Il y eut d’entrée le coup de théâtre de l’accord […] Continuer la lecture

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Les scientifiques sont persuadés qu’ils savent écrire des articles ! Erreur !

Dans un journal grand public américain, The Atlantic, j’ai été surpris de lire 4 pages sur les méthodes rédactionnelles des scientifiques (merci JY Nau pour l’info). Surpris car je n’imagine pas un tel article en France où tout le monde sait écrire. Cet article décrit des cours de rédaction, notamment à New York University, pour des chercheurs, le plus souvent… Continuer la lecture

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Réévaluation des AOD par la HAS

La HAS vient de publier un communiqué de presse résumant la réévaluation qu’elle a faite des AOD (ex NACOs) dans le traitement préventif du risque thrombo-embolique de la fibrillation atriale. Par rapport à sa dernière évaluation, une chose ne change pas: les AOD doivent être prescrits en seconde intention, les AVK restant la référence.  Concrètement, les NACO … Continue reading Réévaluation des AOD par la HAS Continuer la lecture

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Praxada® : Boehringer Ingelheim voit rouge et menace la Commission de Transparence

Bonjour Il est question d’argent et d’un médicament qui pourrait bien, demain, en rapporter moins. C’est important, certes. Mais où allons-nous si les firmes pharmaceutiques commencent à contester ouvertement les avis de la Commission de Transparence (CT). Ouvertement c’est-à-dire en prenant la presse à témoin. C’est ce que vient de faire le géant allemand Boehringer […] Continuer la lecture

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Incretines : une vérité quelque part entre thermodynamique et dissonance cognitive

Cycle de Carnot
Par l’intermédiaire de l’association de groupes de pairs à laquelle j’adhère, il m’a été possible d’assister à une présentation réalisée par un diabétologue du coin. L’idée de cette intervention était d’offrir aux participants le droit de réponse d’un spécialiste local aux différentes publications d’une revue indépendante au sujet des incrétines. J’ai été tenté. 
C’était une présentation intéressante. Des chiffres, de courbes et une multitude d’études présentées. J’appelle ça une présentation Fast and Furious.
En deux heures de temps, nous apprenions que :
1 – l’étude UKPDS avait permis de mettre en évidence un lien difficilement réfutable entre diminution précoce de l’HBA1c et diminution du risque de micro-angiopathies. 
2 – le suivi des patients de cette étude publiée dix ans après l’étude initiale mettait en évidence  un lien cette fois non réfutable entre : diminution précoce de l’HBA1c, et effet bénéfique sur la mortalité totale et cardiovasculaire.
3 – l’association des deux arguments précédents était une condition suffisante pour justifier l’autorisation de mise sur le marché de médicaments ayant un effet bénéfique sur ce critère intermédiaire, sans sur-risque de 80% d’évènements cardio-vasculaires.
4 – du fait du raisonnement précédent, les incrétines avaient donc fait leurs preuves en terme d’efficacité. 
5 – les nouvelles études publiées sur les incrétines étaient aujourd’hui réalisées à des fins de sécurité. Elles n’étaient pas faites pour établir une efficacité sur les complications du diabète, puisque cette efficacité était déjà démontrée : il n’y avait donc pas à juger l’efficacité de ces incrétines sur les études récentes.
6 – ces études rassuraient l’intervenant, et l’incitait à poursuivre l’usage de ces molécules.
7 – les gens qui prétendaient le contraire émettaient sciemment ou non des contre-sens scientifiques.
En fin d’intervention, ça devenait encore plus intéressant. Nous apprenions que :
8 – l’esprit critique d’un spécialiste n’était pas lié aux nombres de repas ou de cadeaux offerts par l’industrie du médicament. 
9 – on ne faisait donc pas d’expert sans casser des oeufs (ou sans en manger en l’occurrence).
10 – les auteurs de la revue publiant de telles conclusions sur les incrétines semblaient n’avoir rien compris.
De la littérature à la psychologie comportementaliste, il n’y a qu’un pas. Un spécialiste offre une analyse d’expert sur sa pratique thérapeutique quotidienne, et dévoile l’ambivalente relation qu’il entretient avec l’industrie du médicament. De jeunes auditeurs, dont je fais parti, sont mis à mal par l’éveil d’une dissonance cognitive puissante : « je lis une presse indépendante », et « je renouvelle un traitement non reconnu par mes lectures indépendantes ».
J’ai écouté avec intérêt, tout aussi ébranlé que mes voisins par la verve assurée de son discours scientifique. Corrélation ? Causalité ? ne cessais-je de m’interroger, bien incapable d’analyser les courbes chiffrées au fil du diaporama. UKPDS UKPDS 33, ACCORD, ADVANCE, ORIGIN, SAVOR-TIMI 53, etc. Je prenais note en silence, m’agrippant à son discours expert, en quête d’une réduction bienvenue de cette ô combien douloureuse dissonance. Rationalisation. Trivialisation. Déni de responsabilité. Renierais-je ma foi, comme le fit St Pierre, à trois reprises avant le chant du coq ?
La vérité scientifique à propos des incrétines doit se trouver quelque part entre ces deux positions, positions que ce spécialiste a lui-même avancé en deux heures de temps : l’expertise convaincue et la réduction d’une dissonance cognitive. Comme cet espace d’équilibre, celui de l’infiniment petit, qui sépare les deux états d’un milieu. La vérité dans la thermodynamique, dans cette recherche des états de plus grand équilibre. C’est aussi ça, la réduction d’une dissonance cognitive : la recherche d’un état de plus grand équilibre psychologique.
Voilà donc au moins 4 raisons pour lesquelles cette intervention s’est révélée passionnante :
1 – toucher du doigt l’incidence inconsciente d’un leader d’opinion sur l’éveil et la réduction d’une dissonance cognitive au sein d’une assemblée d’auditeurs en profond malaise ;
2 – observer l’impact de la dissonance d’un leader d’opinion dans une potentielle orientation de sa propre expertise ;
3 – réaliser l’importance de clarifier les raisons qui nous poussent à nous rapprocher d’un leader d’opinion ;
4 – conserver enfin une nécessaire autonomie dans l’abord critique de la littérature primaire.


Contrat Creative Commons

Ce(tte) oeuvre de Le bruit des sabots est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transcrit.

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