Archives mensuelles : avril 2014

L’histoire sans fin

Yulia, malgré quarante ans passés en France, garde un accent à couper au couteau. L’écouter parler, c’est deviner déjà sa Russie natale, quand Lénine venait de prendre le pouvoir, ses vingt ans pendant la deuxième guerre mondiale, son exil dans ce pays qui n’a pas le même alphabet. Son médecin l’a adressée aux urgences. Elle […] Continuer la lecture

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Palmiers

Donc nous étions à Paris. L’enfant, passionnée d’Égyptologie, nous avait tellement mignonnement-craquantement réclamé d’aller au Louvre pour y découvrir le département créé par Champollion himself que nous craquâmes. En sachant pertinemment que ça n’était que mettre les pieds dans l’engrenage, … Lire la suite Continuer la lecture

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Sérénité

J’ai 11 ans. Je suis en 6ème. Comme tous les jours je vais au collège à pied. Ce n’est pas très loin de chez moi, il suffit de couper par ce petit chemin qui longe la rivière, quelques marches et on arrive en face du collège. Sinon il faut faire tout le tour jusqu’au rond point et revenir, ça rallonge drôlement, ça serait vraiment bête.

D’habitude je vais au collège avec Aurélie, elle habite pas loin de chez moi, mais aujourd’hui j’étais en retard, elle était déjà partie. J’arrive au niveau du petit chemin, je jette un coup d’oeil pour en voir le bout. Je regarde un instant mes pieds. Je respire un grand coup et j’y vais. C’est vraiment ridicule de faire le tour, et puis je suis déjà en retard. Hop j’avance je passe et je suis arrivée voilà, c’est tout.

En arrivant en bas des marches je les entends rigoler, j’ai une boule au fond du ventre. Comme tous les matins, et les midis, et les soirs, il y a Paul et ses copains qui squattent le haut des marches. Je baisse la tête, je me cache derrière mes cheveux. Si je ne les regarde pas dans les yeux peut-être qu’ils ne verront même pas que je passe. Je monte les marches les unes après les autres, j’arrête de respirer, parce qu’ils se retrouvent tous ici pour fumer, et ça pue. Ils ne se poussent même pas quand je passe, je dois presque les enjamber, mon coeur bat à toute allure. Une main se tend vers mon visage, une cigarette  « Vas-y, tu veux tirer ? » Je fixe cette main, avec cette cigarette. Je ne réponds pas, je passe encore plus vite. Ils rigolent encore plus fort.

 

Ca y est, je suis passée. Je souffle. Il ne s’est rien passé. Il ne s’est jamais vraiment rien passé en fait. Paul et ses potes sont en 5ème, 4ème peut être. Des grands quoi.

 

Dans les couloirs du collège, Cathy me bouscule. Elle s’excuse bruyament. Elle ne l’a pas fait exprès. Nous savons toutes les deux que c’est faux. Je ne réponds pas et je rentre en classe. Elle s’asseoit derrière moi.

« Hey, psssst, tu veux pas sortir avec Julien ? Il a dit qu’il était d’accord !!! Mais si j’te jure. » Julien est plutôt mignon, mais ça sent le coup fourré. Je secoue la tête négativement. Ca m’étonnerait de toutes façons. Qui voudrait sortir avec une grande asperge comme moi, une intello première de la classe avec ses grosses lunettes en plastique et son appareil dentaire ?

Je sens quelque chose derrière moi, Cathy est en train de frotter mon dos avec une règle, dans le but de dépister la présence d’un potentiel soutien-gorge. L’absence constatée, je l’entends pouffer de rire avec Laure.

Laure, c’était ma meilleure amie jusqu’à il n’y a pas longtemps. Jusqu’à ce qu’elle décide qu’elle ne serait plus mon amie, et qu’elle me pourrisse la vie. Aujourd’hui, j’ai encore passé une demi-heure à chercher mes affaires qu’elles avaient cachées, retenant les larmes dans mes yeux pendant qu’elles ricanaient en me regardant.

 

Mais la journée est bientôt finie, je vais me dépêcher de sortir, comme ça je pourrais passer par le petit chemin avant que Paul et sa bande ne s’y installe.

Le collège ça ne dure que 4 ans. 4 ans à pleurer certes.

 

– – – – – – – –

 

J’ai 30 ans. Je viens de m’installer à TrouVille, le patelin de mon enfance. Je suis mariée, j’ai deux enfants, je viens d’acheter une maison. Cette année, c’est mon année.

Oh c’est pas facile tous les jours, loin de là, des disputes, de la fatigue, des crises de nerfs, des doutes… mais au fond de moi, il y a comme…

de la sérénité.

 

Je vois en consultation Mr R.

Il vient pour des douleurs abdominales, c’est assez récurrent, et une grosse fatigue. Faut dire, il a beaucoup de boulot. Enfin il ne va pas se plaindre, ça marche bien, c’est déjà ça. Il vit seul, depuis que sa femme est partie. Ses deux enfants sont grands maintenant, ils ne vivent plus là non plus. Je vois un homme fatigué par la vie, peut être pas très heureux.

A la fin de la consultation, un peu timidement, il me demande si je veux bien être son médecin traitant, maintenant.

 

J’ai également vu Mr F. qui venait pour remplir un certificat MDPH. Son handicap, je le vois d’emblée, c’est cette main difforme, suite à un grave accident dans l’enfance. Multiples opérations, douleurs, rétractations. Avec ses deux moignons de doigts, il garde la possibilité d’une pince, pour attraper les objets. Nous prenons le temps de faire le tour de son handicap et de ses limitations. Il en a peu, à dire vrai. Il a toujours très bien fait son boulot, depuis l’enfance il a appris à compenser. D’ailleurs il monte sa propre boîte, avec l’aide de l’agefiph, et c’est pour ça qu’il a besoin du dossier. Ca a l’air d’être un chic type, j’espère que ça va marcher, il le mérite. En rigolant, il me propose ses services quand sa boîte tournera. Pourquoi pas.

 

En garde je vois le petit de garçon de Mme G. Il a quelques mois, le SAMU me l’envoie pour « constipation ». Je n’y allais pas avec un grand enthousiasme, une constipation depuis hier hum… ça ne sent pas l’urgence vitale. Et en effet, je vois un charmant bébé de 3 mois, gazouillant et souriant. Qui n’a pas fait caca depuis hier matin. Sa mère est inquiète, parce que voyez-vous d’habitude il est réglé comme une horloge. Elle l’allaite exclusivement. Normalement ils vivent en Angleterre, mais là ils sont en vacances chez ses parents, peut être le voyage…?

Ils sont touchants, la partie de moi qui grognait d’avoir été appelée pour « ça » se tait. J’examine, je rassure, j’explique. Tout va bien. Il est magnifique et en pleine forme.

 

 

Si on m’avait dit, il y a 20 ans, que je serais heureuse de revoir le père de Laure R. et que je lui demanderais des nouvelles de sa fille.

Que je serais heureuse d’aider Paul F. dans ses démarches, et heureuse de revoir sa main me tendant, non pas une cigarette, mais sa toute nouvelle carte de visite.

Que je serais heureuse de dire à Cathy G. que oui je la reconnais, que oui moi aussi j’ai des enfants et que je suis heureuse de la voir aussi épanouie avec un aussi beau petit garçon.

 

Les revoir faisait partie de mes craintes en revenant à TrouVille. Au final, il m’ont permis sans le vouloir de faire la paix avec eux, avec mon passé, avec moi même, en fait.

Et là au fond de moi je sens comme…

… de la sérénité.

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Fumeurs, tabacologues, vapoteurs : le document qui remet vos pendules à l’heure

Bonjour Revenons un instant sur cette matinée du 30 avril riche en événements anti-tabagiques. D’une part la publication d’un premier consensus professionnel sur le recours à l’e-cigarette. De l’autre les déclarations sur BFM/TV de Marisol Touraine, ministre de la Santé. Des propos dont les médias ne retiendront demain qu’il sera bientôt interdit en France de […] Continuer la lecture

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Jour de visite

En général, les choses se passent assez simplement et de façon tout à fait cordiales.

En général, j »explique au visiteur médical les raisons de mon refus de la façon la plus vraie et avec, je l’espère, toujours beaucoup de respect dans l’honnêteté des informations que je me force à lui fournir.
Je lui explique donc qu’il n’y a rien de personnel.
Je lui explique que ma position ne m’empêche en aucun cas de respecter sa profession.
Je lui explique que je refuse systématiquement tout contact sponsorisé dans ma pratique au quotidien ou dans ma formation médicale continue.
Je lui explique enfin que je milite pour l’indépendance de ma profession.
Il m’est arrivé une fois de parler de Peter Goestsche, du Formindep, et de la richesse des sources indépendantes non limitées à la seule revue Prescrire et dont la simple évocation fait en général exploser une myriade d’arguments formatés et dissonants : pas vraiment indépendant, on ne peut rien prescrire avec eux, des menteurs qui ne sont bons qu’à s’auto-citer, etc. 
Il m’arrive même de parler des blogs, de la médecine 2.0 et de nommer certains de ces médecins blogueurs. Mais la plupart du temps, le simple fait de prononcer le terme « militant » suffit à stopper toute tentative de négociation usante pour les deux partis coincés dans l’encadrement de la porte d’une salle d’attente.
En général, cet échange bien que bref reste cordial et je tente pendant cette courte minute de donner une image du soignant militant qui n’est pas celle du radical obtus qu’il pourrait imaginer ou qu’il ou elle aurait pu rencontrer au fil de ses années de pérégrinations (et ce qui a pu m’arriver d’être). J’essaie alors de proposer autre chose en restant très neutre dans la façon d’expliquer mon point de vue. Respect inconditionnel de l’autre. En addictologie, nous pourrions parler d’intervention brève. Mais aujourd’hui, c’est différent. Le médecin chez lequel je suis en stage semble se plaire à oublier de ne pas poser de rendez-vous avec des visiteurs médicaux sur mes temps de consultation. Aucun visiteur n’est cependant inscris sur le planning. Pourtant une femme que je reconnais pour l’avoir vu à plusieurs reprises chez mes autres maîtres de stage m’attend dans la salle d’attente. Comme à mon habitude, je commence par faire entrer le patient dans le cabinet, je lui demande de patienter quelques instants et ressort en fermant la porte derrière moi.
J’explique alors à la visiteuse médicale qui s’apprêtait à ouvrir sa page de réclamations que je ne reçois pas de visiteurs médicaux, que je refuse… Elle me coupe la parole. Pourtant on se connaît, on s’est déjà vu à une réunion et que (tentative de manipulation numéro 1)C’est à mon tour de l’interrompre. Je luis dis que c’est impossible, que je n’assiste à aucun rendez-vous sponsorisé et que… Elle me coupe encore la parole, Vous savez j’ai trois enfants, je fais ce métier depuis 20 ans, si vous ne recevez plus de visiteurs, comment je vais faire ? (tentative de manipulation numéro 2). Je reprends mon discours en lui expliquant que ce n’est rien de personnel mais que mes principes… Vous vous en fichez qu’on soit au chômage ? La moutarde commence à me monter au nez. Le patient attend toujours. Et puis, sans laboratoire, pas de médicaments. (tentative de manipulation numéro 3). Trois tentatives en moins de trente secondes. Je boue.
Alors non madame, je pense, ce n’est pas à moi de gérer la politique calamiteuse de notre société en terme d’intrusion de la publicité dans la pratique quotidienne. 
Non madame, je ne rentrerai pas dans le jeu de cette série d’arguments fallacieux qui n’est rien autre qu’une tentative bien maladroite de rationaliser chez moi une vague dissonance cognitive. Ce procédé est voué à l’échec :  je suis convaincu que l’influence de la publicité sur les prescripteurs a des impacts nocifs en terme de santé publique. 
Oui madame,  j’en ai marre de passer pour un radical surfant sur la vague d’un courant populiste et sur-médiatisée, un obscur ayatollah imposant une épuration drastique d’une ordonnance déjà très impuissante à soulager les maux du quotidien.
Oui madame, je suis fatigué que mon discours soit perçu (par ces mêmes médecins, maîtres de stage en l’occurrence, que vous avez rencontré pendant près de vingt ans) comme une amputation radicale de leur autonomie de prescription, m’évoquant d’ailleurs plus la castration d’un simulacre de puissance prescriptrice insidieusement distillé par les objectifs mercantiles d’une industrie dont l’explosion des critères intermédiaires soutenus par la communauté scientifique sous perfusion publicitaire sont autant de miraculeux labels à leur solde. 
Oui madame, je suis fatigué de passer pour un infâme connard alors qu’il est évident que les plus gros prescripteurs de soins et de thérapeutiques douteuses sont des médecins tellement imprégnés de publicité qu’il n’arrive même plus à envisager la possibilité d’une information indépendante, et que, comble du comble, ces médecins sont souvent des maîtres de stage universitaires. 
Enfin oui madame, je suis fatigué de ne jamais passer pour un interne simplement soucieux de son hygiène de prescription lorsque je me refuse d’être le faire-valoir d’un système de valorisation de molécule à l’origine de désastres sanitaires passés, présents et futurs…
C’est pourquoi madame je fais habituellement l’effort de présenter une image neutre et non aggressive d’un médecin militant pour l’indépendance. Mais aujourd’hui avec vous c’est différent. Je m’en excuse par avance tandis que je balance ma sagesse à la benne. La faute probablement aux deux partis en jeu.
Non madame, je réponds alors, au comble de l’agacement.
Je sens de la colère dans son regard. Nous échangeons quelques mots de principe et elle quitte le cabinet. Je retourne à ma consultation.
J’ai échoué dans mon intervention brève.


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Pour voter pour Dr.X Tapez 1, pour Dr.Y Tapez 2.

Bref billet pour donner mon humble avis sur l’article de Jean-Yves Nau qui parle ici de la notation des médecins. La question posée est simple : un médecin peut-il être noté par les internautes comme le sont restaurants ou autres sites de voyage? Personnellement je ne suis pas favorable à ce genre de démarche. Non par corporatisme […] Continuer la lecture

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Cigarette électronique : l’heure a enfin sonné de la realpolitik. Sauf pour Marisol Touraine.

Bonjour Enfin du concret pour les vapoteurs, du pratique anti-tabagique. On ne finasse plus, on agit.  Réunis sous l’égide de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) un groupe de dix experts (1) est parvenu pour la première fois à un consensus sur la conduite que devraient dorénavant tenir les professionnels de santé vis-à-vis de […] Continuer la lecture

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Est-ce que tu viens pour les vacances ?

Un vendredi soir, aux urgences. « Allo, je voudrais parler à madame Aude Allajoy. Ah c’est vous ? Bonsoir, je suis l’interne de garde aux urgences de l’hôpital du coin où votre mère a été déposée tout à l’heure. Bonne nouvelle, elle … Lire la suite Continuer la lecture

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Le modèle des articles avec APC (paiement des auteurs) de la voie dorée en progression rapide

Le rapport du Wellcome Trust sur l’Open access, publié en mars 2014 est excellent, bien qu’assez complexe. Son titre « Developing an effective market for open access article processing charges ». En page 10, il y a la figure ci-contre qui montre la croissance des articles en gold OA entre 2000 et 2011. Ce sont les articles de la voie dorée, accès… Continuer la lecture

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Cœur Carmat® : battra-t-il après la mort ?

Bonjour, C’est l-une des questions majeures soulevées par le cœur « bioprothétique », ce cœur dont a rêvé le Pr Alain Carpentier et que la société Carmat aimerait commercialiser au plus vite. Et c’est une question à laquelle le Pr Carpentier ne sait pas répondre. Réflexion approfondie « Comment envisagez-vous la question de la fin de vie de patients […] Continuer la lecture

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Sites internet, aspects techniques, technologies de l’information : articles du site historique des MMT

Cette page propose  les articles du site historique des MMT au format pdf, qui ont abordé de nombreuses  questions relatives à internet, aux divers aspects techniques des sites internet…. Nouvelles […] Continuer la lecture

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La vie de l’association des MMT : articles du site historique des MMT

Cette page propose  les articles du site historique des MMT, au format pdf, qui retracent la vie de l’association….   L’association des MMT  Histoire des MMTQui sont les MMT Qui sommes-nous MMT, […] Continuer la lecture

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Santé et médecine : articles du site historique des MMT

Cette page propose  les articles du site historique des MMT, au format pdf ,qui ont traité des questions de santé et médecine.. La chirurgie de l’obésité en 2010L’hémochromatose à l’heure du […] Continuer la lecture

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Clémence

« Ils sont si courageux, les soldats. »

Elle caresse ma joue, retire sa main, et me regarde, attendrie, fait un petit saut de joie puis tourne sur elle-même. Elle rit.

Je la regarde, abasourdi.

Accroupi à côté de son chien, je la regarde tourner, et sauter.

Une dame a un petit rire gêné. Un homme lui sourit.

Elle a les yeux qui pétillent.

« Pourquoi êtes-vous ici ? »

Dans l’herbe, dans le jardin, sous un prunier qui perd ses derniers pétales, accroupi à côté de son chien qui a tant de mal à se lever.

« Je soigne votre Follet, Clémence, je suis venu soigner Follet. Je suis le vétérinaire. Le vétérinaire. Vous savez ? »

Elle éclate d’un rire malicieux et élégant, ce rire d’enfant qu’elle avait déjà lorsque je soignais la horde de hamster de son mari. Les hamsters, elle trouvait que c’était une drôle de lubie pour un vieux monsieur. C’était un vieux monsieur un peu perdu, un peu fantasque. Elle avait pour lui ce même regard tendre et indulgent, celui que l’on devrait avoir pour un enfant, ce regard qui s’est posé sur le soldat. Sur moi. Un instant, ou 90 ans plus tôt.

Il n’y a plus de hamsters. Que sont-ils devenus ?

Que sont devenus les chats, qui s’appelaient tous Minette et Minou ? Minou le gris, Minette la noire avec une tache blanche, Minou le tigré, Minette la blanche avec une tache noire ?

Il ne reste que Follet.

Enterré, son mari. Et avec lui, la mémoire de Clémence ? Clémence, ses sourires, son indulgence et son exquise politesse. Persiste son rire, son rire et sa joie. Sa politesse, elle, n’est plus celle d’une vieille dame, plutôt celle d’une très jeune femme.

Je me passe la main sur la barbe, je me dis que je devrais peut-être me raser. Je ressemble tant à un poilu de son enfance ?

J’ai envie de pleurer.

« Et vous, monsieur, pourquoi êtes-vous ici ? »

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Deux pages de canceropublicité

Dans l’avion, j’adore les magazines des compagnies aériennes. J’aime ce monde beau, plein d’optimisme, de lieux paisibles fait de rencontres plus passionnantes et enrichissantes les unes que les autres. Un monde sans violence, ni maladie, ni pauvreté, pas de guerre, … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Chronique, première semaine de mai 2014

Ces articles du lundi commencent de plus en plus à se décaler vers le milieu de la semaine. J’y peux rien, j’enchaîne pas mal de gardes en ce moment, et du coup c’est compliqué de trouver le temps d’écrire. C’est marrant comme les entretiens avec les cadres sont encore une source d’angoisse avec moi. Quand […] Continuer la lecture

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La plus belle prescription de Chouquette.

L’histoire c’est Chouquette, l’écriture c’est moi. Merci Chouquette ! Alors Voilà un vendredi soir aux Urgences d’un grand CHU. Ça grouille, ça court, ça pleure, ça râle et ça gémit beaucoup. Notre histoire commence Box 6 (Chouquette ne l’aime pas celui-là, il est un peu caché, il ne la rassure pas). Dedans ? Jeune homme, […]

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Pesticides: la vérité vraie sur les mèches de cheveux de nos petites têtes blondes

Bonjour « Des enfants exposés à des centaines de résidus pesticides !  » (Le Monde). Tocsins à l’aube du 29 avril : c’est parti sur les ondes et sur la Toile. « Générations futures » et « Rassemblement pour la planète » tirent les cordes des  cloches médiatiques. Et les cloches sonnent. Généralement à l’unisson. On trouvera ici le document à faire […] Continuer la lecture

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Des poids et démesure

  Une nouvelle fois, la profession s’agite. Pour le moment vous n’en entendez rien mais cela ne devrait pas durer. La raison de cet émoi ? L’interdiction faite à Krista Guilliams et Françoise Servent, deux sages-femmes accompagnant des naissances à domicile, d’exercer leur profession. L’une pour 3 années dont 6 mois avec sursis, l’autre de […] Continuer la lecture

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La surmédicalisation est-elle un facteur de sous-médicalisation ?

Les évolutions de la médecine et de la société ont changé la cible des soins. L’activité médicale, auparavant centrée sur les plaignants, les soins primaires et l’urgence, est désormais dédiée aux non-plaignants, à la prévention pharmacologique et à la prédiction … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Il est grand temps : les médecins méritent d’être notés comme des hôtels-restaurants

Bonjour « TripAdvisor ». Qui ne connaît pas n’est jamais sorti de chez lui. Pire : n’a sans doute pas la Wifi. Il s’agit d’un site web américain qui offre gratuitement des avis de consommateurs sur toutes les formes types d’établissements, généralement à orientation gastronomique et touristique. Il y en a pour tous les goûts. Au hasard : « L’Arpège » le […] Continuer la lecture

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Humour à la HAS car DPC ne veut plus dire DPC : changement de cap pour le Développement des Pratiques Collaboratives

On vit une époque formidable !! Rubrique « Humour » : les changements de noms de publications sont-ils des aveux d’un échec ? Faut-il enterrer la revue défunte ? Faut-il bénir le nouveau-né ? Les publications qui changent de nom perdent un peu leur âme, perturbent les lecteurs habitués qui ne comprennent pas toujours, et elles reviennent parfois à leur ancien nom…… Continuer la lecture

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Deuil (2)

Un an.
L’an dernier, à la même date, nous étions en Alsace. Une jolie virée en famille, avec de belles rencontres. Une petite pause, entre nous, loin de tout, pour se remettre d’une année difficile. Une petite pause qui a tourné court, un lundi matin, après un coup de téléphone affolé de belle-maman. Un retour en catastrophe, en pleurs et en silence. Le retour à la vie normale, la vie pourrie, celle qui nous rend orphelins. Retour au deuil et à la tristesse. Qu’est-ce qu’on croyait? Qu’on pourrait y échapper en partant loin?
Un an plus tard. Il s’est passé tellement de choses depuis. Il y a eu d’autres deuils. Saleté de vieillesse, saleté de cancer! Il y a eu des épreuves. Des brouilles familiales et des silences aussi assourdissants que des cris. Il y a eu de la solitude, des doutes et des pleurs.
Mais il y a eu de la joie aussi, des amis, des bonnes nouvelles. De nouvelles rencontres, de nouveaux projets.
Il y a la vie qui continue. Il y a ceux que l’on laisse derrière nous et que l’on n’oublie pas. Il y a leurs sourires et nos souvenirs. Il y a ce bonheur qu’on espère, un jour, pour nous, pour nos enfants. Il y a ces quelques mots, ici et .
Mes parents me manquent. Mon beau-père me manque. Ils me manquent tous les jours.
Un an, deux ans, quinze ans… qu’importe… C’est comme s’ils étaient morts hier. Je regarde les enfants qu’ils ne verront pas grandir, je pense aux projets qu’ils n’auront jamais connus… On avance, sans eux, mais avec ce qu’ils nous ont transmis, leurs valeurs, leur bienveillance… leur amour, tout simplement. On avance en pensant à eux, un peu comme s’ils étaient encore à nos côtés, une présence discrète et silencieuse. Avec leurs sourires et nos souvenirs, leur passé et notre avenir. Continuer la lecture

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Repérage précoce de la consommation d’alcool et intervention brève lors des visites médicales du permis de conduire

La visite médicale du permis de conduire, surtout lorsqu’elle est motivée par une infraction liée à l’alcool, doit être l’occasion de réaliser un repérage précoce de la consommation d’alcool, éventuellement associé à une intervention brève et/ou une orientation adaptée afin de … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Notre plus grand secret …

Le Secret Médical Louis Portes, ancien président du conseil national de l’ordre des médecins, écrivit « Il n’y a pas de médecine sans confiance, de confiance sans confidence et de confidence sans secret ». Et si le secret médical devait se résumer … Lire la suite Continuer la lecture

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Fin de stage

Fin de stage.

Des consultations de médecine générale dans plusieurs cabinets. Beaucoup de consultations. Des personnalités de médecin bien distinctes dont l’empreinte sur les patientèles est visible à la conscience nue. Un premier pas vers le remplacement où la nécessité de comprendre que le rapport qu’entretient le patient avec son médecin habituel fait loi et vient dicter très officieusement l’ossature de la consultation. S’insérer alors dans cette relation de confiance pour y appliquer sa personnalité, ses convictions. Être accepter ou non. Garder pourtant le regard centré sur l’autre, le patient. Le soin dans une approche centrée sur les perceptions de l’individu et dans le respect et l’acceptation de son autonomie au sens large. Tenter de délivrer une information juste, vraie, et adaptée à ce que la qualité de l’échange permet. Déraper parfois. Tenter de rester vrai. Trouver un espace de symbiose entre l’expertise personnelle du patient et l’expertise clinique du soignant, un espace infiniment malléable mais hautement instable où viennent se mêler les affects de l’un comme de l’autre. Rester alors vrai dans cette fenêtre de tir thérapeutique parfois vaste, parfois terriblement étroite. Garder à l’esprit une ligne de conduite scientifique, valide, mais garder aussi le regard centré sur le respect du patient. Une valse à deux temps, délicate. Mais rester humain, et déraper encore. Encore et encore. 
Ces quelques lignes ne sont que la somme de vagues idées glanées au fil des entretiens. Des mots. Des phrases non ordonnées.
Des mots de fin de stage.
Alors je tombe sur le dernier article de M. Winckler et la présentation de son décalogue de patientICI
Étudiant en première année de médecine, ses romans m’avaient captivé. Ils ont imprimé chez moi une dichotomie bien nette dans la population des soignants : ceux dotés d’empathie et les autres. Mes études progressant, son écriture s’est mise à rapidement m’agacer. J’ai lâché l’affaire. Le temps a filé. D’autres rencontres littéraires. Plus proches de ma pratique ou de mes rencontres professionnelles.
Mais M.W est un incontournable. Il est de ces personnalités d’écrivains prolixes, incontournables. Mon expérience a évolué, s’est affûtée. La thérapie centrée sur la personne de Carl Rogers, l’esprit motivationnel de Miller&Rollnick, les combats pour l’indépendance du Formindep, etc. L’incontournable M.W m’a dévoilé alors une autre facette de l’auteur/médecin, celle de son inspiration de soignant. J’ai ensuite appris à tirer de la forme de ses écrits le fond d’une moelle nécessaire à un cadre éthique très intuitif pour lequel il ne m’est jamais simple de poser des mots.
Je suis tombé ce matin sur son nouvel article et ça n’a pas raté. 
La première lecture m’a profondément agacé, romancier et essayiste se confondant alors dans une mélasse troublante : la faute de l’auteur ? la faute d’un lecteur d’abord abreuvé par les écrits du romancier ? La seconde lecture m’a convaincue.
Son décalogue m’apparaît comme une reformulation de la pensée Rogerienne tout à fait adaptée au cadre de la consultation tout-venant en cabinet de médecine générale. S’il est clair que dans notre société actuelle où les entités consumérisme médicale  et soignant fournisseur viennent parasiter le fil des consultations, ce décalogue m’apparaît une pierre supplémentaire et non négligeable à l’édifice du primun non nocere pour lequel nous luttons via des combats associatifs multiples sur l’indépendance de prescription et son impact en terme de santé publique. Une approche centrée sur le patient impose une conscience aiguë et empathique du soin, jusque dans la rédaction de l’ordonnance ou dans la recherche d’information médicale. Ce décalogue, dans son simple point de vue de patient, permet d’impliquer ce sujet dans la recherche d’informations non nuisibles à son état, ce qui est une étape essentielle, à mon avis, à une prise de conscience plus vaste de la nécessité d’indépendance en terme de santé publique.
Ce code de conduite n’est rien d’autre qu’un code de conduite. Ce n’est pas un mode d’emploi du savoir-être avec un patient et en aucun cas ça ne remet en cause la lutte contre le consumérisme et les médecins-prestataires. Ce n’est qu’un code de conduite, un garde-fou à haut potentiel bénéfique qui vient s’ajouter à l’édifice d’une médecine 2.0 centrée sur le patient.
Si toutes ces questions se posent à propos du patient, c’est que M.W, l’incontournable est encore un mal nécessaire pour le soignant.

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Ces cheveux qui tombent

Je t’ai serré dans mes bras. Pas assez longtemps, et pas assez fort. De toute façon, t’es trop grand pour moi. Et pis je voulais pas pleurer sinon je t’aurais foutu de la morve sur ta jolie chemise. Alors j’ai sautillé d’un pied sur l’autre, comme quand je ne sais pas vraiment quoi faire. Puis je suis montée dans la voiture et j’ai secoué ma main par la fenêtre pendant que tu rentrais dans la maison, disparaissant du rétroviseur. Pourtant, j’aurais voulu t’en dire des choses.

J’aurais voulu te remercier de nous avoir accueillis, d’avoir pris soin de nous à ce moment où nous en avions tant besoin. Je suis arrivée le cœur gros, les yeux encore humides, et je suis repartie plus sereine. Bien sûr, boire du Bourgogne, ça aide, et manger des cannellonis au fromage au nom imprononçable, j’en parle même pas mais tout ça n’est rien comparé à ta gentillesse. J’aurais voulu te raconter que Le Poilu m’a dit « Sa voix fait du bien, elle est très calme ».

J’aurais voulu te remercier d’avoir supporté et même ri aux blagues du Poilu qui, plus il est stressé, plus fait des blagues pourries qui ne font rire que lui. Alors chapeau, hein, vraiment parce qu’en ce moment, il touche des sommets.

J’aurais voulu t’expliquer pourquoi j’allume toujours des petites bougies dans les églises. Parce que je pense à ceux qui voudraient être aimés, à ceux qui le sont mais qui n’arrivent pas à avoir de bébé, à ceux qui ont perdu celui qu’ils aimaient… Faut pas que je rentre dans trop d’églises, sinon ça finit par coûter cher en cire.

J’aurais voulu te dire qu’on ne juge pas la réussite d’une vie à un célibat. J’aurais dû te dire que je te trouve bien plus détendu qu’avant, quand il était là. Et que moi je te préfère comme ça. Même si je me doute bien qu’au jour le jour, c’est pas ça qui crée une présence à la maison quand tu rentres le soir. « Réussir sa vie », ça consiste en quoi hein, franchement?

J’aurais voulu te dire qu’on s’en foutait des cons sapés comme des caricatures qui ont probablement défilé à la Manif pour tous. Mais en fait, on ne s’en fout pas, et ça blesse, je sais bien. Au moins, on a ri d’eux, un peu. Et je ne les envie pas, même s’ils ont réussi à fabriquer des mini-Marie-Clotilde et mini-Clotaire.

J’aurais voulu pouvoir adoucir ta tristesse. J’ai eu envie de te serrer tout fort pour te murmurer combien tu es beau, et sexy, oui oui. Qu’on s’en tape des cheveux qui tombent. Qu’à notre âge, on commence à sentir parfois que les années passent mais qu’on a encore du temps devant nous et que l’amour c’est à tout âge. Tu verras, on en rira quand je viendrai me réfugier chez toi pour picoler parce que mes trois grands benêts d’ados me gonfleront trop, que tu me parleras de ton mec qui t’énerve parce qu’il est encore parti au sport et qu’on aura les cheveux blancs mais qu’on s’apercevra qu’on n’a jamais cessé d’être beaux.

J’aurais voulu te dire tout ça. Mais je sais pas vraiment dire les choses, souvent je suis maladroite. J’ai pas osé. Alors je pense à toi, simplement. Et j’attends avec impatience la prochaine fois que tu verseras du vin dans mon verre.

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Martin Winkler : le « patient roi » comme il existe « l’enfant roi »

Je viens lire le dernier article de Martin Winckler : Parole de patient , éthique du soignant. Cet article m’a laissé particulièrement mal à l’aise . En effet, j’ai eu le sentiment que la description du patient ne représentait pas les patients que je rencontre, mais une frange minoritaire de ceux-ci . De plus le […] Continuer la lecture

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« Viol » au 36 quai des Orfèvres : et l’alcool ?

Bonjour, On songe à Jules Maigret, lui qui savait ce qu’alcool veut dire. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur a, dans la soirée du 27 avril, suspendu  trois policiers mis en cause dans une affaire de viol ; viol sur une touriste dans les locaux de la police du 36, quai des Orfèvres. Deux de ces policiers […] Continuer la lecture

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Nouveau scandale sur les cellules souches : Nature aurait publié 2 articles contenant des manipulations douteuses (cellules STAP) !

Complexe que cette nouvelle histoire qui agite la communauté scientifique, d’autant plus que l’affaire Hwang nous avait traumatisé ! Hwang Woo-Suk est un Coréen qui avait publié 2 articles dans Science en 2004 et 2006 sur le clonage de cellules souches embryonnaires humaines… mais Hwang a été condamné en 2006 pour fraude…. Si vous regardez Science, les 2 articles de… Continuer la lecture

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PMA pour couples de femmes : le clap gouvernemental de fin (Marisol Touraine)

Bonjour Dix huit mois. Il aura donc fallu dix-huit mois pour en arriver là. Cela vient de se passer sur France 3.  Interrogée sur le devenir de la PMA, à quelques jours la rencontre entre Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat à la famille et les représentants de la « Manif pour Tous » Marisol Touraine, ministre des Affaires […] Continuer la lecture

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Alcool : intervention brève lors des visites médicales de santé au travail

La prévention dans le monde du travail ne se limite pas à l’information et au dépistage, il faut développer le repérage précoce et l’intervention brève ( RPIB) par le médecin du travail ou l‘infirmier de santé au travail. Ces méthodes […] Continuer la lecture

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Parole du patient, éthique du soignant

Le jeudi 24 avril 2014 s’ouvrait la conférence internationale d’éthique clinique (ICCEC). Voici le texte de la conférence que j’avais été invité à donner. Elle n’a pas pour vocation d’être équilibrée (elle n’aborde la relation que du côté du patient). Dans un livre à venir (la relation de soin), le côté du soignant de bonne volonté (qui souffre aussi, souvent) sera abordé de manière équivalente. Dans un article à venir sur ce site, je suggèrerai aux patients de bonne volonté * qu’il est souhaitable aussi de (…)


Edito

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Parole du patient, éthique du soignant

Le jeudi 24 avril 2014 s’ouvrait la conférence internationale d’éthique clinique (ICCEC). Voici le texte de la conférence que j’avais été invité à donner. Elle n’a pas pour vocation d’être équilibrée (elle n’aborde la relation que du côté du patient). Dans un livre à venir (la relation de soin), le côté du soignant de bonne volonté (qui souffre aussi, souvent) sera abordé de manière équivalente. Dans un article à venir sur ce site, je suggèrerai aux patients de bonne volonté * qu’il est souhaitable aussi de (…)


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Alcool à sniffer : bientôt sur le marché. Indispensable pour vos « soirées cartables »

Bonjour Il devait arriver sur le sol américain. Le Bureau de taxation et du commerce de l’alcool et du tabac américain avait donné son feu vert. Mais par une obscure manœuvre de dernière minute l’affaire ne s’est pas faite. Une manœuvre commerciale pour mieux faire monter la pression ? Associated Press raconte l’affaire ici. Reste que […] Continuer la lecture

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Trois questionnaires standardisés pour le repérage précoce de la consommation d’alcool

Les visites médicales de santé au travail doivent être l’occasion de repérer précocement l’usage à risque d’alcool chez les salariés. Le repérage minimum consiste à poser systématiquement la question de la consommation d’alcool durant la consultation, il peut également être … Continue reading Continuer la lecture

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Élèves

Le 1er février, j’écrivais ça :
« Parce que je suis élève aide-soignante, j’apprends le programme officiel, comme tous les élèves aides-soignants de France. Quand je serai diplômée, j’aurai les mêmes savoirs que tous les autres aides-soignants. Alors, qu’est-ce qui permettra de nous différencier? Pourquoi embaucher celui-ci plutôt que celle-là? »
Je me trompais.
La formation aide-soignante, c’est 840 heures de stage (soit 6 stages de 4 semaines chacun) et 595 heures de théorie (soit 17 semaines pour 8 modules). Dire qu’en fin de formation j’aurai les mêmes savoirs que les autres élèves est une erreur.
Nous ne faisons pas les mêmes stages. Nous ne découvrons pas les mêmes services. Nous ne rencontrons pas les mêmes soignants. Ni les mêmes patients. Parfois, pour un même stage dans un même service avec les mêmes soignants, nos ressentis sont radicalement différents. Parce que nous ne sommes pas les mêmes stagiaires.
Oui mais… nous allons aux mêmes cours, nous devons donc avoir 595 heures de formation commune. Encore raté.
Cours sur la fin de vie. Le psychologue nous parle d’accompagnement et de deuil. Dans la marge, je note « Marie de Hennezel » et Elisabeth Kübler-Ross » en me disant qu’il faudra que je les relise. Je n’ai aucun mérite à connaître ces auteurs, je les ai tout simplement découverts à la mort de mes parents. Tout le monde n’a pas la chance d’être orpheline! Un rapide coup d’oeil sur l’amphi. Clarisse a le visage fermé, ce cours a l’air difficile à encaisser pour elle. Sonia fait des mots croisés. Solange gribouille. Tatiana dort, cachée derrière ses longs cheveux. Nicolas note consciencieusement, il souligne les mots-clés et met plein de couleurs. Caroline lève la main, une question la démange. Rozenn et Juliette chuchotent. Un même cours, et autant d’apprentissages que d’élèves.
Atelier pratique sur la toilette. Trois groupes, trois formateurs. L’enseignement théorique est le même, les façons de le transmettre sont différentes. Dans chaque groupe, des élèves aux parcours différents. Des jeunes, des moins jeunes, des néophytes et des expérimentés. On apprend avec les formateurs et le groupe, chacun y allant de sa petite astuce pour aider ses collègues. Autant d’interactions que d’élèves.
Cours sur les maladies de l’appareil digestif. Forcément, le cancer de l’oesophage, ça me parle. La pancréatite aussi. J’écoute attentivement, j’apprends plein de choses que j’aurais aimé savoir avant. Avant quoi? Avant que mes parents ne soient touchés pardi! Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents alcooliques. Coup d’oeil dans l’amphi. Cette fois encore, chacun est là à sa façon. Plus ou moins présent, plus ou moins apprenant. Autant de cours que de vécus.
Cours sur l’anatomie du rein. Je suis fatiguée, je décroche. Mes yeux se ferment, je les rouvre, ils se referment. Mes notes ne ressemblent à rien, quelques mots épars sur une feuille. Derrière moi, Caroline semble fascinée par le sujet, elle a déjà noirci trois feuilles de son écriture régulière. Je lui demanderai son cours en sortant. En espérant qu’on ne tombera pas dessus à l’évaluation. Autant de centres d’intérêt que de cours.
Entretiens individuels. Les trois formateurs se partagent la promo en tutorat. J’aime bien ces moments-là, dans le calme d’un bureau. On peut parler, faire le point, poser des questions. On peut aussi pleurer. Ou rire. Ou raconter des choses un peu intimes. Ça reste dans le bureau, entre nous. Autant d’entretiens que de confidences.

Finalement, après 1 435 heures d’enseignement théorique et clinique, il n’y aura pas deux élèves ayant reçu la même formation.
Parce que chacun de nous est arrivé avec un certain âge (voire un âge certain) et une certaine expérience.
Parce que chacun de nous aura vécu cette année à sa façon.
Parce que chacun de nous aura vu des choses en stage et appris des choses en cours.
Parce que chacun de nous aura discuté avec les uns plutôt qu’avec les autres.
Parce que chacun de nous aura pris des notes de telle ou telle façon.
Parce que chacun de nous aura pris (ou non) du recul sur ce qu’il vivait en stage.
Parce que chacun de nous est différent de son voisin, tout simplement.

Une formation. Mille élèves. Mille apprentissages. Mille aides-soignants différents. Continuer la lecture

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Elections européennes: donneriez-vous votre rein à un Roumain ?

Bonjour « Réparer les vivants » (1) C’est un livre hors du commun. Un ouvrage qui commence à faire grand bruit. Nous y reviendrons sous peu. C’est, en un mot, le roman d’une transplantation. Ou plus précisément la sublimation romancée d’une greffe cardiaque. Avec les unités de la tragédie classique revisitées au rythme d’une écriture étonnante. Aux […] Continuer la lecture

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Semaine 17

Médecine Quand les statines font bander, un effet qui va booster les ventes, si elles en avaient besoin… Le faible poids de naissance, le diabète gestationnel et le surpoids maternel sont des facteurs de risque de maladies rénales chroniques dans … Continuer la lecture Continuer la lecture

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La conjonction des planètes.

Dans un jardin, un chien vaque à ses occupations.

Il se lève, se promène, mange un peu, puis part sommeiller sous un arbre.

Six jours par semaine se déroule le même manège.

Une voiture jaune arrive.

Maintenant, le chien la sent et l’entend venir de loin. Elle s’approche, ralentit, comme si elle voulait s’arrêter vers lui.

Et elle s’arrête.

Le chien est intrigué par cet intrus qui s’approche dangereusement de la cour qu’il arpente tout au long de la journée, d’autant qu’il ne connait pas.

Il s’inquiète vraiment quand il voit un homme s’extraire de la voiture, et marcher vers le portail.

Il se sent vulnérable, alors il commence à aboyer.

Plus l’homme en uniforme bleu s’approche du portail, plus le chien se sent en danger, et plus il aboie.

L’homme s’arrête devant la boîte aux lettre, y glisse quelques plis, puis se retourne et repart vers son véhicule.

Satisfait de voir que ses aboiements portent leurs fruits, persuadé que c’est grâce à eux qu’il fait partir l’homme en uniforme bleu, le chien persiste, jusqu’au départ de la voiture jaune vers d’autres horizons.

Et presque tous les matins, le manège se répète. La voiture jaune arrive. L’homme en uniforme bleu en descend. Le chien aboie. L’homme se retourne et fait demi-tour. Il remonte dans la voiture. Le chien suit en aboyant la voiture jusqu’à la disparition de son espace.

Jusqu’au jour où l’homme en uniforme bleu a besoin d’entrer dans la maison pour faire signer un papier. Il arrive devant la grille, le chien aboie comme tous les jours. L’homme entre, et le chien est terrorisé, parce qu’il ne comprend pas pourquoi aujourd’hui son aboiement ne suffit plus à faire partir l’intrus. Assurément, pour lui, la situation est devenue brutalement grave, il doit réagir immédiatement à se danger, et passer le cran au-dessus sans sommation: il sort les crocs et mord le mollet de l’homme en uniforme bleu, qui s’enfuit immédiatement dans sa voiture jaune, non sans émettre quelques retentissants jurons.

Le chien est rassuré: l’homme part.

Depuis ce jour, lorsqu’une personne inconnue doit venir, les enfants du couple très âgé qui habite dans la maison attachent le chien.

Le chien voit des gens aller et venir, entrer dans la maison et ressortir avec l’odeur de ses maîtres, et finit par trouver cette situation habituelle. Il n’aboie même plus, parce qu’il sait que ces gens vont finir par sortir de la maison et partir d’eux-mêmes.

Et un jour, la femme très âgée qui habite la maison ne se sent pas bien. Elle a eu beaucoup de difficultés à se lever le matin. Elle se sent faible. Son mari est inquiet, alors il appelle son médecin.

Leur médecin traitant n’est pas là, c’est son jour de repos. C’est son associée qui répond. Elle les connait un peu. Elle est déjà venu ponctuellement chez eux en dépannage. Elle promet qu’elle viendra dans la journée, peut-être en fin de matinée ou en début d’après-midi, car les enfants rentrent du travail en milieu d’après-midi, et ils pourront ainsi éventuellement aller à la pharmacie si cela s’avère nécessaire.

Elle vient finalement en tout début d’après-midi. Les enfants ne sont pas encore rentrés.

Le chien est étendu devant la porte d’entrée, et regarde arriver cette voiture d’où descend une femme avec une sacoche à la main.

Il l’a déjà vue entrer dans la maison, sortir en compagnie de ses habitants, et partir sans qu’il n’ait besoin d’aboyer.

La femme arrive avec sa sacoche, d’un pas très décidé: elle n’a visiblement pas de temps à perdre. Elle s’approche à grands pas, filant droit du portail à la porte d’entrée, sans hésitation aucune. Elle étend le bras au dessus du chien, actionne la sonnette, et continue le mouvement en avant vers la porte, en enjambant le chien.

Effrayé de voir cette personne se jeter visiblement sur lui, le chien jette les crocs et attrape un mollet.

Surprise par une douleur aussi vive qu’inattendue, submergée par un fort sentiment de vulnérabilité renforcé par la contrariété d’être venue faire une visite urgente dans un coin éloigné chez des patients pas bien connus alors que l’emploi du temps est très serré et qu’en plus il pleut, la femme continue dans sa lancée. Elle a été piquée au vif par cette agression, et ne veut pas reculer devant le chien, craignant de lui prouver ainsi l’efficacité de son attitude.

Elle s’engouffre dans la maison, et laisse exploser sa rage, juste au moment où elle tombe nez à nez avec les deux occupants qui l’attendaient impatiemment dans l’entrée:

– Pute borgne! Con de chien!

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