Archives mensuelles : mai 2013

Les Français et la retraite : résultats d’enquêtes récentes. Réunion du COR du 28 mai

Lors de sa séance plénière du 28 mai 2013, le Conseil d’orientation des retraites a diffusé plusieurs travaux d’enquête, dont celui du GIP Info Retraite concernant le droit à l’information des assurés sur la retraite. Ces travaux dressent un bilan positif de la campagne d’information 2012 et de la mise en ouvre de nouveaux services à destination des assurés. Le GIP a ainsi constaté que le dispositif est désormais « bien installé » et que … Continuer la lecture

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20 % des étudiants/thésards auraient eu des pressions pour pour publier des données sur lesquelles ils avaient des doutes…. Heureusement c’est au Texas, et pas en France !

Cette donnée est inacceptable, mais remettons la bien dans son contexte avant de généraliser.. encore que je connaisse des collègues qui ont été dans cette situation… Cet article, facile à lire, est dans PLOS ONE de mai 2013 ; les méthodes sont insuffisamment décrites. Il s’agissait d’une enquête par voie électronique dans une institution du Texas dédiée au cancer. Le… Continuer la lecture

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Réseau social.

Qui ne s’est jamais demandé, fréquentant un hôpital, à quoi pouvaient ressembler tous ces gens qui circulent en blouse lorsqu’ils ne portent plus leur uniforme?

Lors de mes études, j’étais toujours fascinée lorsque je croisais un compagnon de labeur hors de son contexte: le vêtement en dit tant sur son porteur qu’on a l’impression de le redécouvrir.

J’avais un peu l’impression de rentrer à l’hôpital comme les acteurs au théâtre. Ils ont en plus de nous d’avoir une entrée réservée, mais nos vestiaires s’apparentent parfois à leurs loges, notre bureau à leurs coulisses. J’avais deux vies, deux rôles: à l’hôpital, et en dehors de l’hôpital.

La vie faisait que je ne côtoyais pas mes collègues de travail hors de mes stages. Cette année là, e partageais un grand appartement en centre ville avec un patron de bistrot, un disquaire, et un autre homme dont j’ai oublié depuis le prénom et le métier, mais qui payait sa part de loyer pour disposer d’une chambre pour son fils et lui un week-end sur deux comme lui avait imposé le juge aux affaires familiales. Le patron de bistrot peaufinait l’ambiance de son établissement avec la musique que lui vendait le disquaire, et ce dernier venait se désaltérer dans ledit bistrot après le travail. Le bistrotier quittait l’appartement pour ouvrir son débit de boisson vers dix-sept heures, le fermait vers quatre heures du matin, puis partait « se finir » dans les bars qui entouraient les marchés. Il rentrait au petit matin, passablement éméché, alors qu’avec le disquaire, nous prenions notre petit déjeuner. Il s’écroulait alors jusqu’à seize heures trente. Hormis quelques ronflements et quelques apnées du sommeil d’une durée spectaculaire, on peut dire que la cohabitation était plutôt confortable.

Je côtoyais donc en priorité les relations de mes colocataires: bistrotiers, restaurateurs, musiciens, clients habitués. Une faune bigarrée se réunissait dans le troquet de mon colocataire à l’heure de fermeture des commerces et des bureaux, pour « s’en jeter un » avant le retour au bercail. Je faisais volontiers partie de la bande qui stationnait là pendant une petite heure, d’autant que j’appréciais cette ambiance feutrée et musicale. Les habitués se reconnaissaient. On causait de tout, de rien, on connaissait le boulot de chacun en gros, sans jamais en parler en détail: sujet tabou, on n’était pas là pour ça. Chacun travaillait « dans » quelque chose: le commerce, l’enseignement, le bâtiment. Moi, je travaillais « dans la santé ». Le disquaire passait de temps en temps derrière le comptoir pour faire entendre des nouveautés, et il m’arrivait d’attraper le plateau ou servir quelques demis pour dépanner. On pourrait de nos jours qualifier ce lieu de plateforme où tous les contacts se font en temps réel et physiquement.

Le lendemain matin, à l’hôpital, j’enfilais ma petite blouse d’externe.

On croisait aussi tous les soirs quelques éléments autochtones. Mon colocataire avait la terreur des « histoires de drogue ». Un dénommé Momo passait souvent vers vingt heures, toujours accompagné de sa court, dans un splendide manteau de cachemire, quelle que soit la saison. Il buvait deux ou trois verres qu’il n’avait même pas besoin de commander ni de payer. Sa présence suffisait à garantir l’absence de revendeur, et éliminait parait-il tout risque de bagarre. Quatre prostituées travaillaient sur une petite place à quelques pas. Elles se revendiquaient « indépendantes », et exerçaient leur métier dans deux appartements qu’elles louaient dans un même immeuble. Elles étaient également patientes du propriétaire des appartements: il exerçait la gynécologie dans l’immeuble mitoyen. Mon colocataire les connaissait très bien mais ne les voulait pas dans son bistrot. On leur servait dehors un demi qu’elles dégustaient sur le trottoir d’en face, assises sur un capot de voiture, attendant parfois un client qui prenait une boisson de l’autre côté de la vitrine.

Le lendemain matin, à l’hôpital, j’enfilais ma petite blouse d’externe.

Alors, le jour où un très cher ami de mon colocataire a enfin monté « son affaire », nous avons été tout naturellement invités à l’inauguration du nouveau lieu de perdition.

Gloria Estefan venait de commencer à se faire connaître en Europe en passant par l’Espagne, les papis du Buena Vista Social Club étaient encore tous de ce monde, et mes compatriotes découvraient tout juste l’existence de Cuba et de ses musiciens. Le disquaire l’avait prédit: la vague Cubaine ne fait que commencer, il faut surfer, et donc l’ami du bistrotier, appelons-le Dominique, en a fait le thème de « son affaire ».

Bien lui en prit: la vague était belle, longue. Dominique voulait une clientèle plutôt jeune à partir d’une certaine heure, et plutôt fêtarde. Il voulait un endroit branché, que l’on parle de lui essentiellement par le bouche-à-oreilles, on aurait dit maintenant « faire le buzz », quitte à tolérer la présence de tout le monde. Momo passait aussi par là tous les soirs. Alors dès qu’il se passait la moindre chose dans son bar, Dominique la reprenait, faisait participer tout le monde pour faire monter la mayonnaise jusqu’à ce que l’extraordinaire veuille bien survenir. J’ai vu ainsi de mes yeux une partie de belote banale se transformer en match de rugby, et se terminer par un coup de pistolet (d’alarme) tiré en l’air, dans l’hilarité générale.

Le lendemain matin, à l’hôpital, j’enfilais ma petite blouse d’externe.

C’est comme ça que j’ai vue Josette la première fois. Elle paraissait un peu paumée. Elle était toute petite, avec une voix un peu aigüe. On la voyait pour la première fois. Elle avait déjà pas mal bu avant de venir, et avait visiblement encore de grands projets. Elle avait alpagué un loup solitaire au fond de la salle et semblait se plaindre à lui d’un grand nombre de choses. Et, au dessus du brouhaha mêlé à la musique, on l’a entendu dire : »Oh! Et pis Enculés de Granville! ». Un silence de quelques secondes a suivi son exclamation, alors Dominique s’est immédiatement emparé de l’événement. Il lance un « ouaaaiiiis! » d’approbation, puis l’incite à recommencer: « Enculé de Granville! », et cette fois-ci, tout le comptoir suit: « Ouais! ». Troisième essai: « ENCULE DE GRANVILLE!!!! ». Il parvient à faire ovationner toute la salle. Il fait monter Josette sur une banquette, coupe la musique, lui donne un micro, et elle redémarre. Dans l’enthousiasme général, des clients offrent des tournées, les bénéficiaires se sentent obligés… la soirée est faste. Il semble que le bistrot entier pratique le hashtag en l’ignorant encore.

Le lendemain matin, à l’hôpital, j’enfile ma petite blouse d’externe du service d’alcoologie, et je rencontre dans une chambre Josette qui entre pour un sevrage. Elle explique au chef de clinique qu’elle a commencé seule son sevrage depuis dix jours, mais que c’est très dur.

Je me tiens en retrait, et je ne dis rien.

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Surveillance ECN 2013

Voilà, la surveillance de cette ECN est terminée. L’épreuve s’est bien déroulée, sans accroc, du moins dans mon centre. Deux jours à distribuer des sujets, à ramasser des copies, à faire signer des feuilles d’émargements. Deux jours à regarder des … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Dans son 2e avis, le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie se montre optimiste pour 2013

Le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie vient de rendre son 2e avis pour 2013, et se dit une nouvelle fois confiant sur le respect de l’ONDAM pour 2013. Il juge donc qu’il n’y a pas lieu de mettre en oeuvre la procédure d’alerte. La sous-exécution de l’ONDAM 2012 n’est pas pour rien dans cette appréciation. 830 millions d’euros ont été économisés l’année dernière par rapport à l’objectif fixé, notamment grâce … Continuer la lecture

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Tabagisme : le plan de Marisol Touraine

Dans son numéro thématique paru à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme, le 31 mai, l’InVS fait le point sur les mesures efficaces adoptées dans la foulée de la convention cadre de l’OMS de 2004. Les experts concluent qu’en France « le temps d’un nouvel élan pour l’action politique et de santé publique est venu ». L’impact du tabagisme en France est considérable avec 73 000 morts par an, soit 200 décès par … Continuer la lecture

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Arrivée des MOOCs et de IBM Watson : quels comportements vont changer, est-ce que les revues devront s’adapter ?

Faut-il avoir peur des MOOCs et de Watson ? Vous connaissez les MOOCs car certains étudiants utilisent mais Watson reste moins connu. Le BMJ a publié un éditorial début mai 2013 sur les Massive Open Online Coursers « Will MOOCs transform medicine? », et un autre article détaillé « Are MOOCs the future of medical education? ». Ces cours sont impressionnants, et j’ai suivi… Continuer la lecture

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Argument de l’espérance de vie

Analyser et critiquer nos actions est source de progrès. Dans le domaine médical, où cette analyse critique est indispensable, un argument revient souvent de façon péremptoire : « Toute critique est infondée, puisque l’espérance de vie augmente ». Refus dialectique, et normativité proche … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Peu de choses

Il a 45 ans. Il ne le sait pas, mais une de ses artères coronaires est pas jolie-jolie de dedans. Un tempérament de pionnier. Jusque dans la pathologie. Il est en train de se brosser les dents, son épouse l’attend … Lire la suite Continuer la lecture

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Remise des prix de l’AISS. La CNAF primée pour son offre globale de service aux familles

Jeudi 30 mai 2013, à l’occasion du Forum européen de l’Association internationale de Sécurité sociale (Aiss) qui s’est tenu à Istanbul, la Caisse nationale des Allocations familiales a reçu un certificat de mérite de bonne pratique de Sécurité sociale pour son offre globale de service aux familles. Ce projet qui figurera en position stratégique dans la future COG en négociation avec l’Etat, s’appuie sur le souci de mieux articuler la … Continuer la lecture

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Forte hausse du nombre d’inscrits à Pôle emploi en avril et nouveau record

Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (cat A) a bondi en avril de 43 300 personnes en un mois dans la France entière (+ 1,2 %), selon les chiffres publiés, jeudi 30 mai, par le ministère du travail. Au total, toutes catégories confondues, 5 413 600 personnes (données CVS) sont inscrites à Pôle emploi en métropole (+ 1,2 % en un mois ; + 9,6 % sur un an). Le chômage augmente désormais depuis deux ans sans discontinuer. Dans le … Continuer la lecture

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Coiffe des rotateurs: Rappels anatomiques et bilan clinique

Quelques rappels pour ceux qui comme moi, ont du mal à mémoriser l’anatomie de l’épaule (si il n’y avait que ça!)  et à corréler données cliniques et anatomie. Le travail […] Continuer la lecture

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Une aide de 12 500 € aux pressings volontaires pour abandonner le perchloréthylène au profit du nettoyage à l’eau

Le perchloréthylène, ( tétrachloroéthylène) classé cancérogène probable chez l’homme, neurotoxique, hépatotoxique et néphrotoxique reste encore utilisé dans 90% des pressings. 15 000 personnes sont ainsi exposées dans le cadre de leur profession mais également tous ceux qui habitent à proximité … Continue reading Continuer la lecture

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Cette transition vers l’Open Access, exigée par des institutions publiques, pour diffuser des recherches scientifiques, m’inquiète

Il est facile de dire que l’Open Access (OA) va permettre l’accès immédiat à toutes ces données de recherche que les méchantes revues possèdent en faisant payer les utilisateurs.. Trop facile car on ne sait pas si ce nouveau monde sera meilleur… Je viens de lire la position de « Science Europe », avril 2013, intitulée « Principles for the transition to Open… Continuer la lecture

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Des sourires et du pain

J’aime bien le mercredi. D’abord parce qu’il n’ y a pas école, donc pas besoin de se lever en bougonnant pour préparer Amélie. Et puis aussi parce qu’il y a Pierrette. Vous ne connaissez pas Pierrette? Mais tout le monde connaît Pierrette voyons! Pierrette, c’est la boulangère. En fait, non, elle n’est pas boulangère mais livreuse de pain, mais bon, livreuse de pain c’est moins joli, alors on dit boulangère, voilà. Bref, reprenons.
Je disais donc, j’aime bien le mercredi, parce qu’il y a Pierrette. Quand je ne travaille pas (ce qui arrive relativement souvent ces temps-ci), je me lève vers 9h, je me fais un petit café, et j’attends. Vers 9h05, j’entends une voiture se garer devant la maison et klaxonner. C’est Pierrette. Je sors, et elle est là, qu’il pleuve ou qu’il vente (voire les deux, ce qui est assez fréquent en Bretagne), toujours souriante, toujours avenante. Je prends toujours la même chose : pain aux céréales et viennoiseries, promesse d’un bon petit-déjeuner. Elle note dans son petit carnet pour faire la note du mois, on échange deux-trois petits mots gentils, et elle repart vers d’autres maisons.
Avouez, ça vous fait rêver hein? Et même, j’en rajoute une couche, je vous parle du mercredi mais Pierrette livre aussi le vendredi! Eh ouais!
Sauf que voilà… C’est bien joli tout ça, Pierrette, les croissants, la voiture qui fait tut tut, le sourire… Mais il y a dix jours, le drame! Pas de Pierrette! Pas de voiture qui fait tut tut, pas de pain, pas de sourire… Et mon café sans croissant… Imaginez un peu! Pierrette est montée sur une chaise, a glissé, est tombée. Boum Pierrette, et  crac le poignet, c’est cassé.
Et autour de chez moi, des dizaines de maison sans pain, sans sourire, sans voiture qui fait tut tut. Sans Pierrette.
Il fallait trouver une solution, et vite! Ben justement, la solution, elle est là, sous mes yeux. Les sourires et les voitures qui font tut tut, je sais faire. Les petites routes de campagne, les personnes âgées isolées… Je connais. Et voilà Pierrette remplacée par Babeth. Pierrette me prépare les itinéraires, m’explique les tournées, les habitudes, les pains, les prix, et c’est parti!

Aller jusqu’aux trois croix, prendre la première route à droite puis entrer dans la cour de la ferme tout de suite à gauche, l’argent est sur la boîte aux lettres, le chien s’appelle Triskell, il aboie fort mais ne mord pas.
Revenir sur ses pas, tourner à gauche après la maison aux volets rouges.
Klaxonner dans le village, si quelqu’un veut quelque chose il te fera signe au retour.
Simone n’est pas toujours là, demande à sa soeur en passant, elle te dira s’il faut y aller ou pas.
La Parisienne préfère le pain bien cuit.
Chez Gentilledame tu rentres directement dans la cuisine, elle a du mal à marcher.
Monsieur Bavard essaiera de te faire parler des voisins, ne te fais pas avoir.
Chez Mademoiselle Chignon c’est seulement le jeudi.
N’oublie pas de mettre les croissants de côté pour Madame Chocolats.

Alors je roule, je klaxonne, je m’arrête, je souris (beaucoup), je parle (un peu).

Je distribue des pains de 2l, des baguettes, des croissants, des boules farinées, des pains complets…

Je compte, je rends la monnaie, je note, je prends des commandes.

Je découvre des routes, des chemins, des maisons, des paysages, à deux pas de chez moi.

Et puis, surtout, je vois des gens, plein. Des agriculteurs, des retraités, des Parisiens, une jeune maman, un centenaire…

Ils habitent parfois à côté de chez moi, parfois à une dizaine de kilomètres, je ne les connais pas, mais eux me connaissent.

« Ah c’est toi, Babeth? La Toulousaine? C’est bien toi qui habites l’ancienne maison du couvreur? Ton beau-père est mort le mois dernier non? »

Un tut tut, un sourire, et je repars.

Finalement, livreuse de pain, c’est un peu comme auxiliaire de vie, le ménage en moins. Continuer la lecture

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La circoncision : rituel ou mutilation ?

A la lecture de l’article sur le décalottage (Touche pas à mon prépuce !), une lectrice fidèle du site m’interpelle sur un sujet très polémique :
Qu’en est-il de la circoncision ? Que le motif soit religieux ou hygiénique (au passage, est-ce vrai qu’aux USA la majorité des hommes sont circoncis à la naissance pour des raisons d’hygiène), peut on considérer qu’il s’agit d’une mutilation ?
En d’autres termes, quels en sont les effets ? Y-a-t-il une perte de sensibilité du pénis qui (…)


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La circoncision : rituel ou mutilation ?

A la lecture de l’article sur le décalottage (Touche pas à mon prépuce !), une lectrice fidèle du site m’interpelle sur un sujet très polémique :
Qu’en est-il de la circoncision ? Que le motif soit religieux ou hygiénique (au passage, est-ce vrai qu’aux USA la majorité des hommes sont circoncis à la naissance pour des raisons d’hygiène), peut on considérer qu’il s’agit d’une mutilation ?
En d’autres termes, quels en sont les effets ? Y-a-t-il une perte de sensibilité du pénis qui (…)


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Qu’en est-il de la circoncision ? Que le motif soit religieux ou hygiénique (au passage, est-ce vrai qu’aux USA la majorité des hommes sont circoncis à la naissance pour des raisons d’hygiène), peut on considérer qu’il s’agit d’une mutilation ?
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Refus d’accès aux soins. Histoire de consultation 146.

Cette femme de 36 ans est une patiente de mon associée.
Elle a pris rendez-vous avec moi parce mon associée n’était pas disponible.
Elle vient accompagnée de sa fille de sept ans.

« J’ai des boutons partout et j’ai voulu prendre un rendez-vous chez le dermatologue. La secrétaire de l’hôpital a dit qu’il fallait une lettre… » Pour l’instant tout va à peu près bien. » Moi : « Je peux voir les boutons ? » Elle est aussi étonnée que si son analyste lui avait dit qu’un conflit in utero avait pu entraîner ses lésions cutanées. Bon, elle se déshabille, un peu, et à regrets. C’est un pityriasis rosé de Gibert. Enfin, cela doit être cela, je ne suis pas dermatologue, que diable ! Je lui dis donc que je ne vais pas faire de lettre. Elle est d’abord étonnée puis mécontente et elle ne sait pas encore que je ne vais pas lui donner de traitement. Ou si peu… « C’est parce que j’ai l’aèmeheu ? – Comment ? » Je la regarde avec ma tête des mauvais jours, celle que je m’étonne de pouvoir produire avec tant de spontanéité. Celle qui fait un peu peur (même à son propriétaire). Puis je reprends mon calme et tente d’endosser la physionomie du médecin qui en a vu d’autres et qui sait comment faire quand il est confronté à ce genre de situation casse-pied. « Vous pensez que je ne reçois pas les malades qui ont l’AME ? – Non mais j’ai voulu prendre rendez-vous chez un dermatologue du centre ville et la secrétaire m’a dit qu’il ne prenait pas les aèmeheu… » Je change de comportement : cela m’intéresse un peu plus de savoir qui refuse les AME dans ma ville. Elle ne sait pas me dire où elle a téléphoné. J’ai déjà entendu parler de cela dans d’autres spécialités et je fais toujours ma petite enquête car les patients sont comme les médecins, il leur arrive d’affabuler.
Bon, je reprends :  » Vous n’avez donc pas besoin d’aller voir un dermatologue puisque j’ai fait le diagnostic et d’autre part vos lésions cutanées vont disparaître toutes seules. Je vais vous prescrire un émollient au cas où. Je viens de lui assener deux déceptions : primo son pityriasis ne mérite pas  un dermatologue et deuxio sa maladie ne mérite pas de traitement. Je crois qu’elle ne me croit pas. Qu’y puis-je ?
Mais l’affaire n’est pas terminée car sa fille est malade (je me doutais un peu qu’il y avait anguille sous roche en voyant la tête de la petite). « Mais vous n’avez pris qu’un rendez-vous » je dis bravement. « Oui, mais elle a 39 de fièvre, donc je suis venue avec elle… – Ce n’est pas comme cela que je fonctionne, je vais prendre du retard, il y a des gens derrière vous et d’ailleurs, pourquoi ne pas m’en avoir parlé en début de consultation ? – C’était moi qui avais le rendez-vous… » Imparable.
Vous savez ce que j’ai fait ? J’ai examiné la gamine qui avait une rhino-pharyngite banale et pour laquelle, sous les protestations de l’assistance, je n’ai pas prescrit d’antibiotiques. J’ai eu droit à la phrase rituelle : « Mais sans antibiotiques, chez elle, ça ne guérit pas… »
Cette banale situation de consultation appelle de nombreuses remarques et pourrait constituer l’ébauche d’une thèse de doctorat (nul doute qu’un professeur de médecine générale ou qu’un maître de stage est sur le point d’étudier toutes les erreurs que j’ai commises durant cette consultation, qu’il les détaille à son étudiant et qu’avant même qu’une recherche Google soit mise en route le dit étudiant est en train de peaufiner les remerciements de début de thèse « A mon maître… A ma soeur… A mes parents… »)
Sans rire.

Une enquête d’une association de consommateurs conduirait sur un cas à un refus de soins (100 %) de la part du dermatologue qui n’accepterait pas les Aides Médicales d’Etat et un urgentiste à l’esquisse d’un refus de prise en charge une petite fille de 7 ans avec une rhino-pharyngite.

Mais la matinée n’est pas terminée : Monsieur A m’apprend par téléphone que le chirurgien à qui le centre de rééducation l’a adressé (épicondylite évoluant depuis deux ans chez un charpentier et considérée par la CPAM comme une Maladie Professionnelle) lui demande 500 euro de dépassement plus 160 pour l’anesthésiste (des petits bras par rapport aux « vrais » spécialistes de ces questions) pour l’intervention… Ce ne sera pas un refus de soins puisque le patient a décidé de payer…

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Obligation d’information ? Et l’humain ?

Souvent je me remémore les paroles d’une patiente… Elle est revenue avec son jeune fils de 8 ans avec les résultats de l’échographie cardiaque que je lui avais prescrite. Le souffle paraissait « fonctionnel », bénin, mais ayant un petit doute j’avais … Continue la lecture Continuer la lecture

Publié dans echographie, errare humanum est?, Médecin De Famille, obligation d'information | Commentaires fermés sur Obligation d’information ? Et l’humain ?

« Hmm »

Pourquoi reste-il si longtemps à écouter mon cœur, mon poumon? Il me semble que d’habitude son auscultation est plus rapide. Quelque chose qui l’inquiète ? Mais que peut il écouter ainsi ? Est-ce je peux lui parler, là ?… Non, il a l’air … Continue la lecture Continuer la lecture

Publié dans angoissé, boule, errare humanum est?, Médecin De Famille, Psychologie, silences, visage, viscosité | Commentaires fermés sur « Hmm »

Préparation interne au 54e concours d’entrée à l’EN3S

L’offre de formation institutionnelle « Préparation au concours d’entrée à l’En3s » est à nouveau proposée cette année par l’Ucanss en partenariat avec le Service des Formations Régionales de Paris. Une nouvelle promotion est programmée à partir de novembre 2013. La préparation prend en compte l’évolution des épreuves du concours d’accès à l’En3s pour l’année 2014. Elle est ouverte aux agents des organismes de Sécurité sociale dans la limite … Continuer la lecture

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Ucanss : le contrat de génération finalisé

Un mois de discussions et trois réunions ont suffi aux syndicats et à l’Ucanss pour finaliser le projet d’accord de branche sur les contrats de génération. Sauf imprévu, le texte – ouvert à la signature jusqu’au 11 juin – devrait être approuvé par plusieurs syndicats. Il s’appliquera, conformément à la loi du 1er mars 2013, aux organismes du régime général employant entre 50 et 300 salariés, hors établissements publics. Comme la … Continuer la lecture

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Point d’Information de la CNAMTS du 29 mai 2013 : baisse des dépenses de médicaments de ville en 2012, statines et M’Tdents au programme

En 2012, les remboursements de médicaments de ville ont enregistré une « décroissance historique » de 0,8 %, représentant 22,6 milliards d’euros contre 22,8 milliards d’euros en 2011, s’est réjouie l’assurance maladie lors d’un point presse fin mai. « Si l’on ne tient pas compte de la rétrocession hospitalière, qui s’élève à 1,7 milliard d’euros (+ 5,4 %), cette baisse est encore plus marquée », a détaillé Mathilde Lignot-Leloup, … Continuer la lecture

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Maisons de retraite : la qualité des établissements progresse, leur coût aussi

Le traditionnel classement des maisons de retraite présenté le 22 mai 2013 par France Info met en exergue une « envolée » du reste à charge sur les dernières années. Mais les auteurs de cette enquête y voient la « contrepartie » de l’amélioration globale de la qualité des 10 400 établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) inspectés. Selon l’enquête de France Info réalisée en partenariat avec le site Maison de … Continuer la lecture

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Le sage-femme et la chef de projet

Tu reviens de déjeuner, il est genre deux heure de l’après-midi. Les suites de couche te procure une espèce de break agréable au milieu de la folie de la salle de naissance. Parce que tu y vas un peu moins stressé, peut-être. Parce que le rythme est parfois plus tranquille. Sauf quand c’est Beyrouth. Beyrouth, ça […] Continuer la lecture

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Reste à charge, dépassements d’honoraires et ticket modérateur

Le CISS (Collectif Interassociatif Sur la Santé) vient de publier des chiffres sur le reste à charge des patients en médecine libérale, c’est à dire la différence entre les sommes qui lui sont facturées par les professionnels libéraux et celles qui sont remboursées par l’Assurance maladie (AM). Ce reste à charge est constitué : du ticket modérateur, pourcentage du coût des soins non remboursé par l’AM dans le but de modérer la consommation de soins. des franchises, (…)


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Reste à charge, dépassements d’honoraires et ticket modérateur

Le CISS (Collectif Interassociatif Sur la Santé) vient de publier des chiffres sur le reste à charge des patients en médecine libérale, c’est à dire la différence entre les sommes qui lui sont facturées par les professionnels libéraux et celles qui sont remboursées par l’Assurance maladie (AM). Ce reste à charge est constitué : du ticket modérateur, pourcentage du coût des soins non remboursé par l’AM dans le but de modérer la consommation de soins. des franchises, (…)


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Le facteur d’impact bouge encore, mais c’est son dernier soupir ! Pas en France en tout cas…

La déclaration de San Francisco, que nous avons évoquée lors du congrès de ASCB, vient d’être publiée, avec des éditoriaux dans Science, eLife, le blog du BMJ,…. Cette déclaration a été signée par 75 organisations, dont European Association of Science Editors. Vous pouvez la signer (je l’ai fait) avec les 5000 premiers signataires, dont des français. Les journaux l’ont relayé,… Continuer la lecture

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2ème Colloque de psychiatrie et de psychologie de Breil-sur-Roya samedi 1er juin 2013

Jean-Yves FEBEREY persiste et signe. Avec ce 2ème colloque sans frime et sans firme dont il nous prévenait de l’organisation il y a quelques mois déjà, juste après le 10ème Divan sur le Danube du 7 au 10 mai à Budapest, orchestré par son association Piotr-Tchaadaev sans aucun soutien industriel ou (…)


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Examen Schtroumpfant National

Je sais pas. La fatigue, sans doute. Voilà. Demain des centaines d’étudiants en médecine (des milliers, en fait) vont à l’échafaud passer les épreuves de l’ECN, qui sanctionne [comme le mot est bien trouvé] le 2e cycle de leurs études. … Lire la suite Continuer la lecture

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Correspondance

Le Jour d’après, de Rolant Emmerich, 2004
Demain, je suis de garde.
Encore.
Demain, des milliers d’étudiants en médecine s’assoient derrière des tables trop étroites. Des lignes de visages fermés dans ces entrepôts à examens. De longs traits qui s’étirent sous l’éclat des néons. Demain, ils attendent. Les chaises crissent. Ils attendent qu’il y ait un avant et un après dans ce mode sans échec, et pour tous cette effrayante enchère aux postes.
Demain. 
Il y a deux ans.
La voix dans les hauts-parleurs.
De l’encre.
Du papier.
Ils reniflent.
Demain.
Il y a deux ans.
La merde dans laquelle j’ai marchée, puis dans laquelle je me suis assis.
Des bruissements de tissu.
Des mâchonnements.
Ils toussent.
Le crissement des chaises sur les sols de béton.
La tâche humide sur le pantalon qui remplace celle de merde que je me suis escrimé à effacer.
Ils se raclent la gorge.
Les rumeurs de la rue, ou du périphérique au dehors.
Les murmures des surveillants.
Les chasses d’eau.
Ils toussent encore.
La pénible attente.
La délivrance.
Demain.
Il y a deux ans.
Mais demain, je suis de garde. Un avant et un après. C’était il y a deux ans. 
Alors courage à tous.
Demain. Il y a deux ans. J’ai compris que mes rêves, mes espoirs ou mes idéaux pouvaient ne pas dépendre de ce concours. Un simulacre de rituel de passage. Et s’il y a bien un avant et un après, ce n’est pas pour demain, ou il y a deux ans.
… 
Blouse sur le dos et bip de garde dans une poche, je pense à vous.
Alors courage à tous et bon vent, où qu’il puisse vous porter.
Cordialement.
B., un admirateur.


Contrat Creative Commons

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Hommage à François Jacob dans The Lancet (gratuit) et dans Nature (16 €)

Très rares sont les français qui ont droit à une nécrologie dans le Lancet.. et nous pouvons ajouter François Jacob dans le numéro du 25 mai 2103. Je retiens deux paragraphes : “Jacob and Monod were, in my opinion, two of the greatest scientists this world has known”, says Mitchell Lewis, Professor of Biomedical Research and Education at the University… Continuer la lecture

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Laboratoires et toubibs. Visiteurs médicaux et …stylos !

Les visiteurs médicaux Depuis toujours, ils m’ont ennuyé, lassé, agacé. Du haut de ma morgue je me persuadais que ces visites n’avaient aucun impact sur ma liberté de penser/prescrire, et les données scientifiques mises en avant  étaient franchement légères, voire … Lire la suite Continuer la lecture

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Une urgence « psy », un week end de garde, en ville…

crédit photo G.Suignard. Mapa –          Vous ne voulez pas ouvrir les volets ? –          … –          Puis je vous les ouvrir ? –          Restez assis, c’est préférable ! –      Préférable ? Je ne comprends pas. Il est 14H00, il fait beau. Vous souffrez de … Lire la suite Continuer la lecture

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Le jour où j’ai reçu cette lettre, la lettre n° 23…



Ce billet n’était pas prévu, mais ce sont les imprévus qui épicent la vie.

22 mai 2013 :

-7 h00 du mat:

 

Je suis de garde depuis 8 h 30 la veille, il me reste encore 1 h 30 à tirer puis suivra le staff. La nuit fut plutôt calme. Le temps est clair. Ici en Martinique, c’est un jour férié, nous fêtons l’abolition de l’esclavage décrétée le 22 mai 1848. Je décide d’en faire un tweet car je sais très bien que cette date est peu connue en métropole. Déception, aucune réponse, aucun retweet. Je me dis « alors les métros, décrispez-vous, on n’y est pour rien dans cette histoire, ça date maintenant, mais n’oublions pas pour autant, c’est aussi important voire plus que le lundi de la Pentecôte non ?« . Puis je reviens à la raison. Ma liste d’abonnés est ridicule (en quantité bien sûr, parce que question qualité, elle est formidable !). Et il y a le décalage horaire, et les gens sont plongés dans leurs préoccupations, etc, etc… Je retente le coup plus tard. Pareil. Tant pis. Ma garde se termine, je rentre.

-19 h00 :

 

J’ouvre ma boîte mail. Une consœur et amie bienveillante m’a envoyé un message accompagné d’une pièce jointe. Je le retranscris ici :

« Objet : rien que pour toi !
Je ne pouvais décemment pas te laisser louper ce billet d’humeur savoureux publié par le président de l’ordre des médecins de l’Hérault… La grande classe !
On lui dit qu’il est minable ? »

La pièce jointe est la page 5 de la lettre n°23 du Conseil de l’Ordre des Médecins de l’Hérault. En détachement en Martinique pour 6 mois, je suis encore inscrit à l’Ordre de l’Hérault. Je devrais donc bientôt recevoir la lettre papier.

Je lis et j’hallucine ! Je relis, et je rehallucine !! Je rerelis, et je rerehallucine !!! C’est pas possible, il ne s’agit pas d’un billet d’humeur, mais d’un billet d’humour, une faute de frappe est vite arrivée. Bon, même pour un billet d’humour, rien de très marrant quand même.
Je réponds à ma consœur (que j’embrasse au passage) que mon mur des cons à moi est déjà plein, mais qu’elle me donne là l’occasion d’en débuter un deuxième. Je commence à me demander si finalement on ne pourrait pas recouvrir la muraille de Chine.
Puis je cogite (je ne suis pas toujours très réactif, problème neuronal sûrement).

23 mai 2013 :

-8 h00 du mat :

En route pour l’hosto, les enfants déposés à l’école, je reparle de la page 5 de la lettre n°23 avec mon épouse. Et tous les deux, on rerererehallucine. L’effet de groupe certainement. Me vient une idée. Je lui soumets. Elle me dit : »Non, laisse tomber, ça va le rendre triste ». Elle a peut-être raison, ne remuons pas le couteau dans la plaie. Mais quand même, se taire ça fait chier, c’est presque être complice.

-fin de matinée :

Je relève le courrier dans ma boîte à lettres, la vraie pas la virtuelle. J’ai reçu la fameuse lettre n°23 consultable via ce site (les lettres ayant été retirées du site du CDOM 34). J’enlève le plastique et je vais directement à la page 5. Y a pas à chier, c’est vraiment écrit ça. Je lis l’édito rédigé par le même auteur que le billet de la page 5. C’est complètement dingue. Sans le nommer,  cet édito évoque le cas JC ( Jérôme Cahuzac, pas Jésus Christ hein !). Je le trouve bien cet édito, et je suis en accord avec. Il reprend un article du code de déontologie « le médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ».  L’auteur de l’édito insiste sur le mot « même » et écrit « Ce petit mot de quatre lettres impose au médecin d’être irréprochable toujours et partout, quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise! ». La vache, ça fout la pression ça nom d’une pipe ! Les boules ! Et je me dis « mais au fait, il parle vraiment de JC ? ou de lui le bonhomme ? » C’est vrai, c’est la classe ça, c’est intentionnel de ne pas nommer JC dans l’édito, il pourra ainsi resservir dans la prochaine lettre, la lettre n°24 qui reviendra peut-être sur les propos du Dr Patrick Wolff, président du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins de l’Hérault. Bref, en attendant, que faire ? Que dire ? A qui ? Comment ?
C’est décidé, tant pis pour ma femme, je vais au bout de mon idée, j’adresse la page 5 de la lettre n°23 à Borée. Je ne sais pas ce qu’il en fera, mais s’il souhaite en faire quelque chose, je sais qu’il le fera bien et que ça aura une certaine portée. Voilà, un click et c’est parti.

-dans la soirée :

Je cogite. Ai-je bien fait ? Pourquoi ai-je fait ça ? Vais-je blesser Borée, ce médecin avec lequel je communique virtuellement depuis peu, mais que j’apprécie beaucoup ?
Moi, je suis hétéro jusqu’au cou. Allez, on est entre nous, et puis vu le vocable utilisé par mon Président Ordinal, peut-être que pour se comprendre il faut utiliser le même. Maman, Papa, Belle-Maman, Beau-Papa, désolé, c’est pas moi qu’ai commencé, c’est lui, alors j’y vais, je me lâche. Je suis hétéro jusqu’aux couilles ! Lors de mes premiers émois d’ado, ce sont les nichons des meufs qui ont fait pétiller mes roustons ! J’y peux rien, c’est comme ça, c’est la vie et ça n’a jamais changé. Mais collégien, j’ai eu un prof homo que j’appréciais beaucoup. Carabin, j’ai croisé la route de camarades carabins homos. Jeune médecin, j’ai remplacé longuement un médecin homo, j’ai eu des patients homos, j’ai reçu les enfants de couples de femmes homos. Et alors, quel est le problème ? Le problème c’est qu’en lisant la page 5 de la lettre n°23, certains visages d’hommes et de femmes sont revenus dans mon esprit. Oui je suis hétéro jusqu’aux couilles, chacun a le droit de penser ce qu’il veut, mais les mots utilisés par le Dr Wolff m’ont fait mal et m’ont semblé indignes d’un médecin qui plus est, Président d’un Conseil de l’Ordre d’un Département. Une instance veillant à la déontologie de la profession, à pacifier les désaccords entre médecins, entre médecins et patients. Oui, je pense que le Dr Wolff, du fait de sa profession et de son statut, a le droit de penser ce qu’il écrit, mais pas d’écrire ce qu’il pense. Il peut à la rigueur tenir ce genre de propos lors d’un repas de famille bien arrosé, lors d’un pot entre potes, mais pas dans une lettre ordinale. Il s’agit là d’une faute. Comment prétendre représenter le corps médical en tenant ce discours ? Je me souviens d’un Président de la République qui un jour a dit « Casse-toi pauv’con ! ». L’homme Sarko avait bien sûr le droit de penser ça, mais le Président n’avait pas à le dire. Lorsqu’on accède aux responsabilités, il faut prendre de la hauteur, être digne de son statut et de tout ce et tous ceux qu’on représente. Il y a des lieux de débats utiles et nécessaires, mais là on se vautre dans une sorte de combat futile et primaire.

24 mai 2013 :

7 h00 du mat :

Je me prépare pour aller prendre ma garde à 8 h30. Je jette un œil sur ma boîte mail. Borée m’a répondu et demande mon accord pour utiliser la page 5 de la lettre n°23. Non mais, comme si moi qui ne suis rien, avais à donner une telle autorisation. Et franchement, c’était justement mon petit espoir secret. J’ai un pressentiment, je sais qu’il va faire quelque chose de bien, je sais que c’est quelqu’un de bien.
Je prends ma garde. Je m’occupe des petits patients qui arrivent aux urgences pédiatriques. Entre petits bobos et grosses pathos, la journée se passe.

19 h00 :

Depuis mon poste informatique à l’hosto, je n’ai pas accès à ma messagerie. Mais lorsque l’activité me le permet, je peux aller sur Twitter. Je vois des messages de Borée passer. J’échange quelques tweets. Il annonce qu’il publiera un billet sur son blog le lendemain matin. Je le découvrirai plus tard, mais ce billet est « en avant-première » sur ma messagerie perso à laquelle je ne peux pas accéder. La nuit passe.

25 mai 2013 :

7 h 00 du mat :

Je suis un peu décalqué par ma garde, c’est bientôt fini. Et au fait, le billet de Borée. Je file sur l’ordi, c’est déjà le début d’après-midi en métropole, je découvre que Borée a fait le buzz, le buzz du buzzness man. Yes, Yes, et Yes !!! Je vois que les commentaires sur son blog et sur Twitter affluent. Les habituels, Dupagne, Lehmann, Jaddo, et tous les autres de la blogosphère. Des anonymes. Des pseudonymes. Puis des vice-présidents du Conseil National de l’Ordre des Médecins en personnes y vont de leurs petits messages de soutien à Borée. Ouf, quel soulagement ! Là-haut chez les gradés, on honore la profession.

Plus tard dans la journée :

Je n’ai rien fait mais je suis heureux. A 8000 kms, j’observe tout cela à travers mon petit écran d’ordinateur, à l’ombre d’un cocotier, en sirotant un Daïquiri sauce Hemingway (ça c’est pas vrai, c’est juste pour vous mettre l’eau à la bouche).

Voilà. Le Docteur Wolff me caricaturera sans doute comme il sait le faire comme « La taupe qui a transmis la lettre à une tapette ». Bon, je n’ai pas mis longtemps à sortir de ma galerie même si je préfère l’ombre à la lumière. Sauf que, sauf que non. C’est pas comme ça que ça marche, c’est pas comme ça que je pense. Je ne suis pas une taupe, cette lettre est consultable par tous, il n’y a rien de confidentiel. Et je ne suis pas aveugle, mais je ne savais pas vraiment comment m’y prendre pour ouvrir les yeux. Alors j’ai passé la main. C’est ça la médecine non ? Savoir passer la main à plus compétent. Le seul reproche que l’on peut me faire, c’est de ne jamais être allé voter aux élections ordinales. Mais tout cela me semble tellement flou, et n’être que de petits arrangements entre amis. Ce n’est qu’un sentiment surtout pas une affirmation. J’espère avoir tort. Pour ceux que ça intéresse, je vous conseille d’aller lire les pages 4, 5 et 6 de la lettre n°19 de mai 2011. Vous pourrez y découvrir des propos tout aussi HALLUCINANTS (à dire façon Fabrice Luchini SVP). Mais cette fois-là, il me semble que le Président Wolff a su être digne de sa fonction. Que s’est-il passé en deux ans ? J’imagine que le site internet du CDOM de l’Hérault n’a jamais reçu autant de visites que ces jours derniers. Les curieux auront remarqué le portrait de Rabelais sur la première page du site. Le CDOM de l’Hérault se situe dans la belle ville de Montpellier qui abrite également la plus ancienne faculté de médecine en activité au monde. Parmi d’autres portraits, on trouve sur les murs de cette faculté celui de Rabelais, médecin, humaniste… Je ne crois pas vraiment aux forces de l’esprit, mais sait-on jamais, si l’esprit de Rabelais venait à rôder par-delà nos tergiversations, je l’imagine bien s’agacer de ne point pouvoir prendre sa plume pour nous mettre d’accord avec simplement quelques mots bien trouvés. J’espère en revanche que le Dr Wolff n’hésitera pas un seul instant à prendre la sienne pour de belles excuses publiques, il n’est jamais trop tard.

En cette fin d’après-midi, je pense à cette date du 22 mai 1848, à la liberté des esclaves. A l’époque, on entendait probablement certains colons blancs dire « Regardez ces nègres, hier ils étaient enchaînés, aujourd’hui ils sont déchaînés. Ils ont peut-être gagné leur liberté, mais nous ne serons jamais à égalité ».

Je repense ensuite à ce 22 mai 2013, lorsque j’ai reçu la page 5 de la lettre n°23…

Enfin, j’imagine qu’on entendra toujours ce genre de discours de comptoir : « Moi raciste, mais non, j’adore les étrangers, d’ailleurs le petit cousin de la femme de ma tante est Suisse. Par contre, j’avoue que les noirs, eux c’est pas pareil, je les aime pas trop. Moi homophobe, mais non, aucunement, c’est juste les pédés que j’aime pas trop… »

Le soleil se couche sur la mer Caraïbe. Je fixe l’horizon là où mer et ciel se rejoignent tout en restant éternellement séparés. Un couple impossible. Les alizées me caressent la peau. La moiteur de la journée se dissipe. Je suis ému aux larmes. Ma vue se trouble, finalement ciel et mer s’accouplent, mon esprit  s’éclaircit.

Vive la liberté, vive l’égalité, vive la (con)fraternité.

PS : dura lex, sed lex ? Pour certains plus que pour d’autres, mais même, c’est la loi…

2ème PS : juste pour info, toutes les femmes n’allaitent pas…


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Recette de Banh Mi

J’ai découvert ce sandwich vietnamien au décours d’un voyage, c’est une tuerie ! Voici la recette glanée sur le net et un peu adaptée… Pour deux personnes 1 baguette, 2 carottes, 1 concombre, du vinaigre de riz, du gingembre frais, sauce soja, huile de sésame, un magret de canard (filet mignon ou poulet conviennent aussi très […] Continuer la lecture

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Le coeur d’une femme

Appelons-la Nathalie. Moi aussi, je vais faire du story-telling. Appelez-moi Nathalie, me dit la patiente qui vient de s’asseoir devant moi. – Qu’est-ce qui vous amène? Elle me tend le courrier de son médecin: Elle n’a pas de facteur de risque cardio-vasculaire, ni personnel ni familial, ni traitement. Non sportive, elle décrit une dyspnée stable […] Continuer la lecture

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Aménagement des épreuves de passage du code de la route pour les candidats dyspraxiques

La dyspraxie ayant des répercussions sur les apprentissages, les personnes dyspraxiques rencontrent souvent des difficultés pour passer les épreuves du permis de conduire. Une enquête conduite récemment par l’association DFD, Association Dyspraxie France DYS, le met en évidence. En effet, … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Mal mot

 
Elle est enceinte, elle est heureuse, elle est inquiète.
Heureuse parce que cet enfant était très attendu, inquiète parce que la grossesse précédente s’est terminée sur une échographie annonçant l’arrêt précoce du développement de […] Continuer la lecture

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