Archives mensuelles : mars 2013

Vieilles bricoles V.5

Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j’étais jeune, dont certains s’inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.   Plus con que les autres  … Continuer la lecture

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Chasse aux faux médecins dans toute la France.

La découverte d’un faux architecte à Mantes-La-Jolie vient d’être relatée par la presse (ICI).

Je me suis dit qu’il serait urgent de découvrir de faux médecins, non des médecins qui n’auraient pas passé leur thèse, non des médecins qui n’auraient pas suivi le cursus, non des faux médecins qui finissent, à la fin, par tuer leur famille (LA), non, seulement des faux médecins qui font des cours aux étudiants en médecine en n’énonçant pas tout à fait des données étayées par la science.
Nous avons rencontré de faux médecins.
On me dit que, lors de leurs cours, des Médecins Académiques :

  1. ne parlent pas d’EBM mais d’Evidence Biaise Médecine
  2. parlent de la Revue Prescrire comme d’un repaire d’ayatollahs 
  3. affirment que l’épidémiologie ne fait pas partie de la médecine
  4. se moquent comme d’une guigne des recommandations de l’HAS sur le dépistage du cancer de la prostate, des recommandations américaines de l’USPTF (qu’ils assimilent à l’impérialisme anglo-saxon) sur le même sujet et prétendent, eux, faire de la vraie médecine en dépistant à tout va
  5. pérorent sur le fait que le vaccin prévenar diminuent les infections invasives à pneumocoque chez les nourrissons et les enfants
  6. assènent que les coxibs ont un intérêt en rhumatologie et sont vraiment sélectifs
  7. prétendent ne jamais avoir de leur vie prescrit de la coumadine et conseillent désormais les nouveaux anticoagulants par voie orale
  8. prétendent que le dépistage du cancer du sein par mammographie chez les femmes de 50 à 74 ans est un bienfait unique pour les femmes
  9. disent que le sur diagnostic est une notion a posteriori qui n’a aucun intérêt en médecine
  10. pensent que l’ostéoporose est un problème majeur qu’il faut dépister systématiquement et traiter obligatoirement
  11. ne conseillent jamais de prescrire des diurétiques thiazidiques en première intention dans le traitement de l’HTA
  12. affirment que la contraception estro-progestative est sans danger et qu’il vaut mieux, pour les femmes, un AVC qu’une grossesse
  13. pensent que les recommandations de GOLD sur la BPCO sont indemnes de toute pollution industrielle
  14. prétendent que les narcolepsies après vaccination par pandemrix sont fortuites
  15. se vantent d’avoir écrit des articles dont ils n’ont été que des écrivains fantômes et pour lesquels les vrais rédacteurs sont industriels
  16. promeuvent la contraception obligatoire et involontaire et / ou la vaccination obligatoire et / ou involontaire
  17. confondent l’éducation thérapeutique avec le conditionnement des patients à prendre leurs traitements
  18. font du corticoïdes bashing dans le traitement de l’asthme pour promouvoir les nouveaux anti IgE (très très chers)
  19. vantent le lyrica comme le nec plus ultra de l’antalgie et le font prescrire dans les ongles incarnés malgré les études frauduleuses qui ont conduit à son AMM
  20. disent que plus ils profitent des largesses de Big Pharma et plus ils sont indépendants des industriels
  21. exaltent les « nouveaux » antidiabétiques oraux jusqu’à la veille de leur retrait du marché
  22. revendiquent les effets thérapeutiques des anti Alzheimer en prétextant une prise en charge médicamenteuse « structurante »
  23. ad libitum
Mais les faux médecins ne sont pas seulement des académiques.
Les académiques ont une responsabilité particulière puisque ce sont eux qui enseignent la médecine et qui font passer ces messages falsifiés.
Mais ce sont eux aussi qui apparaissent sur les plateaux de télévision ou dans les émissions de radios et qui forment le peuple des citoyens, des futurs malades ou des déjà malades à ces idées fausses.

Je ne dirais rien de mes frères médecins généralistes qui ont eux-aussi tendance, comme moi, à imiter leurs « maîtres ». Mais la liste serait longue…

Mais il est une autre façon de débusquer les « faux » médecins.
A l’envers.
Des faux médecins seraient des médecins qui, par rapport aux « vrais » formatés pour passer l’ECN :

  1. déprescrivent les anti alzheimer
  2. ne prescrivent pas de PSA comme « outil » de dépistage du cancer de la prostate
  3. déprescrivent l’atorvastatine
  4. déprescrivent les gliptines
  5. n’ont jamais prescrit de diane 35
  6. ad libitum

Mais je voudrais aussi dire ceci : je suis un vrai médecin :

  1. Il m’arrive de prescrire un dosage du PSA après (longue) discussion avec le patient
  2. Je vaccine des patients contre la grippe saisonnière après (longue) discussion avec le ou la patiente
  3. Il m’arrive de prescrire du rhinofluimucil contre les avis de la Revue Prescrire
  4. Il m’arrive de « renouveler » des gliptines à des patients diabétiques de type 2 en certaines occasions
  5. Je prescris parfois du tramadol
  6. ad libitum

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Une gestion documentaire en cabinet de groupe médical, retour d’expérience.

 
 
Il y a maintenant quatre ans, nous avons décidé de réorganiser la gestion de documents de notre cabinet médical, et de mettre en place un process permettant d’économiser du temps de manipulation.
&nbs… Continuer la lecture

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Une gestion documentaire en cabinet de groupe médical, retour d’expérience.

 
 
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Colloques psychiatriques « sans frime et sans firmes »

Sous le nom de « formations atypiques », je rends compte ici de différentes organisations de formation en psychiatrie, qui se sont réalisées sans sponsor mais avec l’aide d’organismes publics (hôpitaux, université, municipalité), en France et à l’étranger.


Formations sans frime ni firmes Continuer la lecture

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Monsieur Bitàlair (2)

À suivre… Continuer la lecture

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La grippe d’homme

C’est un fait, l’homme et la femme ne sont pas égaux devant la maladie, comme peut en témoigner ce témoignage édifiant.

Pour un même virus, les symptômes peuvent être bien différents, et surtout beaucoup plus graves chez les hommes, c’est bien connu.

grippe021

(source : Le Pharmachien, ai-je le rhume ou la grippe)

 

Si à côté de ça, on se rappelle que les cordonniers sont les plus mal chaussés, que dire des conjoints de cordonniers…

L’Ours a donc expérimenté la terrible expérience d’être malade ET d’être marié à un médecin. C’est dire s’il a frôlé la mort.

 

Alors que je sortais à peine d’un mois de maladite, à tousser à longueur de journée, à en vomir, et à me déchirer les muscles intercostaux, tout cela dans l’indifférence générale, parce qu’une trachéite, c’est viral, donc y’a pas d’antibiotique, donc chui pas vraiment malade – et qu’en plus chui médecin donc ça serait vraiment un comble d’être malade quand même, même si 30 personnes me tousse à la figure par jour – l’Ours a décidé lui aussi de se faire entendre.

Très vite ses quintes de toux et ses plaintes ont ainsi empli la maison de leur douce mélodie. A côté de ça, il a consciencieusement refusé toute prise de paracétamol proposée – c’est pour les fiottes – et on sait jamais que ça le soulage et qu’il n’ait plus aucune raison de se plaindre.

 

Bien qu’il se lamente à qui voulait l’entendre de sa malchance d’être marié à un médecin qui n’en a rien à faire de lui, je gardais néanmoins un œil sur lui.

Après trois jours de fièvre, et surtout trois nuit à (ne pas réussir à) dormir à côté de Siffly le pingouin et me faire vider mes flacons de Ventopoumon, j’ai commencé à insister pour qu’il aille consulter.

Ah oui, parce que malgré ses regards de chien battu, mes seules réponses à ses plaintes restaient « tu devrais aller consulter », je ne serais PAS son médecin. Ouh là là non. Déjà parce qu’il est mon mari, et surtout parce qu’il est l’Ours. Je préfère confier cette lourde tâche à un autre, toutes mes condoléances cher confrère.

Et VRAIMENT, je pense que l’Ours mérite d’avoir un VRAI médecin qui sera attentif à ses plaintes, qui pourra compatir et lui donner du « ah là là oui c’est vraiment pas drôle ce qui vous arrive » plutôt qu’une Docmam, puisque la dernière chose dont j’ai envie en rentrant enfin chez moi après le boulot, c’est entendre quelqu’un se plaindre qu’il est malade. Je reconnais effectivement mon probable manque de compassion.

 

S’en est suivi une lutte silencieuse de plusieurs jours pendant laquelle l’Ours ne consulta pas – c’est pour les fiottes sûrement – et pendant laquelle je me demandais jusqu’à quel stade de complications je tiendrais avant de sortir mon stétho et mon ordonnancier.

Mais je sentais que c’était maintenant ou jamais, et qu’en serrant les dents un peu, j’arriverais à le refourguer à quelqu’un d’autre.

Notons que je n’avais absolument aucun soutien dans notre entourage, tout le monde trouvant ça absolument normal de ne pas aller consulter quand on a un médecin à domicile-elle-est-relou-ta-femme-mon-pauvre.

 

J’ai donc supporté quelques nuits de plus à l’entendre s’étouffer, je l’ai laissé me gâcher le super mariage de mes amis parce que « je suis pas bien, on rentre » mais dès le lundi suivant, après une semaine de fièvre, l’Ours acceptait de prendre rendez-vous chez un médecin.

Ne voulant pas laisser passer une si belle occasion, je m’empressais de lui griffonner le numéro de quelques confrères dont j’avais plutôt de bons échos, et lui fourrais le téléphone dans la main.

 

A la question qui ne manqua pas « êtes-vous patient du cabinet ? » l’Ours n’avait qu’à répondre la plus stricte vérité pour se vendre : « non, depuis trois ans qu’on est dans la région, je n’ai pas eu besoin de consulter, du coup je n’ai pas de médecin traitant »

Il traduisait ainsi : un mec peu emmerdant, qui n’avait pas beaucoup de problèmes de santé, et qui ne demanderait donc pas beaucoup de temps à ce médecin déjà surchargé.

Retenez bien.

 

L’Ours a rétorqué tout de go : « ben non, mais ma femme est médecin et elle veut plus me soigner »

 

Fail. Le boulet.

 

J’ai pris ma tête dans mes mains devant tant de bêtises. En plus de se présenter comme un gros relou, il met d’emblée la pression en annonçant un médecin dans l’entourage proche. Sans compter que j’espérais bien trouver un bon médecin pour ma petite famille sans que la relation se retrouve brouillée par « et sinon vous voulez pas me remplacer ? Vous installer avec moi ? » Il ne manquait plus qu’il annonce qu’il était prof, avec 2 thèses et peut être prochainement une troisième, pour achever le malheureux.

Il a néanmoins décroché un rendez-vous pour le lendemain, et est revenu fier comme un paon avec un arrêt de travail et une ordonnance d’antibiotiques et de cortisone, ce qui ne m’a guère étonné. Il me l’a tout de même brandie sous le pif, sûrement comme preuve qu’il était bien malade, ce que je n’avais jamais renié.

Ma victoire ne serait pas complète s’il ne m’avait pas également montré sa feuille de déclaration de médecin traitant. Mes yeux s’illuminèrent. L’OURS A UN MEDECIN TRAITANT !

Reste encore à ce qu’il aille le consulter en cas de problème, mais maintenant que le premier contact est pris, j’ai bon espoir.

 

Malheureusement, mon œil professionnel ne manqua pas de lire ce qui était marqué sur l’ordonnance. Fluidifiants bronchiques, cortisone pour le côté Siffly, et 10 jours d’amoxicilline/acide clavulanique. Mazette, le collègue n’y allait pas avec le dos de la cuillère, sûrement avait-il flairé le côté relou du mec, et avait préféré assurer le coup avec une dose maousse d’antibio pour éviter de le revoir de suite.

Bon c’est mon côté médisant qui pense ça, mais après tout je ne l’avais même pas examiné, donc je ne critiquais en aucun cas la prescription.

L’Ours lui, était convaincu qu’un tel traitement était entièrement justifié tellement son cas était GRAVE.

« Mais attends, t’as vu comment je tousse ??? (ah ben ça je peux te dire que j’en profite aussi oui)

(d’un ton compréhensif et conciliateur) nan mais c’est pas une histoire de comment tu tousses, c’est juste que dans les bronchites, si y’a besoin d’antibios, on met en général de l’amoxicilline, et pas aussi longtemps d’emblée, c’est pour ça que je dis que c’est costaud ce qu’il t’a donné.

– Nan mais chez moi ça marche pas l’amoxicilline. (atteinte du point « faut pas me donner la même chose que tout le monde, chez moi ça marche pas ». Je suis contente de pas être son médecin traitant)

(restons calme, je suis sa femme, douce et compatissante) on ne veut pas que ça marche « chez toi » en même temps, on veut que ça marche sur la bactérie. C’est pas parce qu’une fois y’a 3 ans ça n’a pas suffit que ça ne marche pas « chez toi »

– n’empêche que moi, je suis pas souvent malade, mais à chaque fois que je suis malade, je fais un gros truc ! Attends j’ai quand même fait un trismus ! (atteinte du point « moi docteur je suis pas souvent malade mais alors QUAND JE VIENS… ! » Mais que je suis CONTENTE de pas être son médecin traitant)

– tu fais pas plus des gros trucs que les autres, tu te soignes pas ou tu fais n’importe quoi ! »

 

Stop. Éclaircissons certains points. Il y a 3 ans, l’Ours a fait une angine. J’avais gracieusement accepté de regarder sa gorge, qui était effectivement bien rouge. Malgré sa violente douleur, je n’avais sur le moment aucun argument pour lui donner un quelconque traitement : pas de fièvre, pas de ganglions, et surtout rappelons que déjà à l’époque, je n’avais pas l’intention d’être son médecin.

En déplacement à la capitale, l’Ours a alors eu la très bonne idée de sa gaver d’ibuprofène pendant 4 jours.

 

[Point éducation thérapeutique : l’ibuprofène est un anti-inflammatoire. Pour résumer, il agit en limitant la réponse inflammatoire de l’organisme, c’est à dire effectivement la douleur et l’œdème, mais également la réponse immunitaire. Ce qui pose moyen problème en cas d’entorse ou de douleurs de règles, mais qui peut devenir fort fâcheux en cas d’infection, les bactéries profitant de ce mécanisme de défense freiné pour s’installer confortablement. Tu la vois venir la chute ?

Rajoutons qu’en plus, pris à tord et à travers, l’ibuprofène peut avoir des conséquences quelque peu ennuyeuses comme des saignements digestifs ou une insuffisance rénale, entre autre.

Bref bien qu’en vente libre, l’ibuprofène n’est pas un bonbon, et en première intention, sans avis médical, préférez lui ce bon vieux paracétamol.]

 

A son retour, dans le mille, l’Ours avait développé un joli abcès derrière l’amygdale, qui venait titiller les muscles de sa mâchoire, provoquant ainsi le fameux trismus, c’est à dire une contracture l’empêchant d’ouvrir complètement la bouche.

Bien évidement cela s’est résolu par une visite en urgence chez l’ORL et 10 jours d’amoxi/clav.

De cet épisode, l’Ours a retenu une bonne leçon. Non, pas « je ne prendrais plus d’ibuprofène n’importe comment comme un gros nul » mais « l’amoxicilline, ça marche pas chez moi, il me faut plus fort. » Admirez la logique.

 

Revenons à notre bronchite d’homme. Devant l’air renfrogné de l’Ours, j’adoucis le ton.

 

« – enfin bon, je veux juste dire que ce qu’il t’a donné, c’est ce qu’on donne pour une pneumonie plutôt, et encore. (que n’avais-je pas dit)

– et comment vous faîtes la différence entre bronchite et une pneumonie ? »

 

La question était posée avec une curiosité réelle. Me voilà partie dans des explications sur les anomalies à l’auscultation pulmonaire, la présence d’un foyer et tout et tout.

 

 » – et ben C’EST ÇA ! Il a écouté vachement longtemps à droite ! Je crois qu’il a dit que c’était pas symétrique. En fait j’ai une PNEUMONIE, c’est ça. »

 

A partir de ce moment, l’état de santé de l’Ours à travers ses paroles a évolué de façon inversement proportionnelle à l’évolution de son état clinique. Plus il se remettait, plus le diagnostic empirait.

Il fallait l’écouter au téléphone.

De « j’ai une bonne crève » des premiers jours, il est passé à « j’ai une sale toux, ptet une bronchite » avant sa visite chez le médecin, puis à « j’ai une bonne bronchite, je suis sous antibio pour 10 jours ! »

Le coup de fil suivant, « grâce » à moi, il avait une grosse pneumonie, la durée des symptômes augmentant également au fil des appels pour atteindre « deux bonnes semaines de fièvre et un mois à tousser », sans oublier la mise en avant des antibiotiques comme gros signe de gravité. (oui rappelons que l’infection virale qui m’a mis sur les rotules pendant un mois ne compte pas, seul l’Ours a été malade, et pas qu’un peu mon n’veu)

 

J’ai préféré quitter la pièce avant le prochain coup de téléphone, de peur qu’il ne passe à deux doigts de la réanimation à cause de sa femme médecin qui ne s’occupait même pas de lui.

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Montage d ‘un Serveur avec Disque Flash sur port PCI retour d’expérience

 
Au vu de la non qualité de nos logiciels médicaux, nous avons rencontré de multiples problêmes avec Hellodoc, dans un groupe de quatre médecins.
 
L’une de ces problématiques concerne les latences… Continuer la lecture

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Au vu de la non qualité de nos logiciels médicaux, nous avons rencontré de multiples problêmes avec Hellodoc, dans un groupe de quatre médecins.
 
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Au vu de la non qualité de nos logiciels médicaux, nous avons rencontré de multiples problêmes avec Hellodoc, dans un groupe de quatre médecins.
 
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Culture du livre, culture des écrans, la pratique médicale comme une synthèse

J’aime bien place de la toile, l’émission de France Culture. La semaine dernière, l’invité était serge Tisseron. J’ai trouvé son intervention particulièrement intéressante. Le point qui m’a le plus touché est sa distinction entre la culture du livre comme une … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Duel.

Tu m’as appelée la première fois il y a deux ans.

Tu m’as faite venir chez toi parce que tu ne pouvais pas te déplacer et que tu voulais changer de médecin traitant.

Je n’ai pas voulu écouter les griefs que tu avais contre ton ancien médecin traitant, ni ce qui t’avais motivée pour m’appeler moi. Tu as insisté, et placé par ci par là une petite allusion, un petit reproche, une comparaison. Je t’ai reprise trois fois avant que tu n’arrêtes.

Tu m’as demandée si j’acceptais de te suivre, et j’ai accepté, non pas par appât du gain, ni par éventuellement concurrence avec ton ancien médecin traitant, mais parce que, naïvement, je pensais encore que le patient avait le choix de son médecin, et que le médecin ne devait pas juger et accepter de soigner quiconque lui en faisait la demande.

Tu as commencé à m’expliquer tes antécédents: une liste longue comme le bras. Je n’ai pas réussi à tout synthétiser dès la première visite. Dans tout ce que tu m’annonçais, il y avait des choses très importantes, d’autres plus anodines, et je n’arrivais pas très bien à hiérarchiser.

Tu m’as montrée ton ordonnance avec ton traitement. J’y ai vu quinze lignes, avec de tout. Des médicaments très actifs, des anticoagulants, des anti-hypertenseurs, des psychotropes, et une série de médicaments pour soigner plus ou moins des douleurs, des petits maux, certains dont on n’a même pas la certitude qu’ils aient une action. Je garde toujours en tête un adage d’un de mes professeurs de pharmacologie: « A partir de quatre médicaments, on ne sait plus ce qu’on fait avec les intéractions ». Que dois-je alors penser d’une ordonnance de quinze lignes, soit seize molécules, puisque l’un de tes médicaments en contient deux, pour une patiente de quatre-vingt-deux ans? Je connais de loin ton ancien médecin traitant, et je sais que la plupart du temps, ses ordonnances ne sont pas beaucoup plus longues que les miennes.

Au premier coup d’oeil, j’ai repéré les médicaments auxquels il ne fallait pas que je touche, ceux que j’allais remettre progressivement en question, et ceux que j’allais tenter d’enlever de l’ordonnance en premier.

Tu as insisté pour que je devienne ton médecin traitant, alors j’ai senti qu’il fallait que je fixe d’emblée mes conditions, et j’y suis allée franchement. OK, je viens une fois par mois pour le renouvellement, mais ça sera jeudi matin, et à l’heure ou moi je peux. En cas d’urgence, je veux bien venir, mais appelle-moi s’il-te-plait le matin: je ne trouve aucun intérêt de passer le soir après vingt heures, je suis épuisée à cette heure-là, j’ai la tentation de bâcler le travail, et je sais que ton mari n’ira pas à la pharmacie de garde en suivant. OK, je veux bien te prendre en charge, mais comme ça, oralement, je n’arrive pas à faire des priorités dans tes soucis, alors il faudra récupérer ton dossier avec tous les courriers chez ton ancien médecin traitant. OK, je veux bien m’occuper de ton traitement, mais tu vas investir dans un cahier d’écolier qui me servira de dossier où je prendrai des notes à chaque visite.

Je t’ai dit d’emblée que j’allais raccourcir l’ordonnance, et tu m’as regardée en souriant.

J’ai attendu la deuxième visite pour commencer à peser l’utilité de tes médicaments. Il faut dire que tu étais tombée, entre temps. Tu ne t’étais pas faite mal, mais, à quatre-vingt-deux ans, une fracture est vite arrivée. Tu m’as demandée de faire quelque chose pour tes chutes, ça fait des années que tu tombes sans raison. Avec mes réflexes d’ancienne remplaçante-à-qui-on-en-profite-pour-demander-un-avis, je t’ai demandé ce qu’avait fait ton ancien médecin traitant pour ça. Tu m’as répondue, péremptoire, tes yeux dans les miens: « RIEN ». J’ai ouvert ton dossier, et j’en ai extrait des courriers de deux neurologues, un cardiologue, un neuro-chirurgien, tous sollicités pour élucider un problème de chutes à l’emporte-pièce: « Cher confrère, je vois ce jour Mme. D, je ne reviens pas sur ses nombreux antécédents… ». Le cardiologue dit même t’avoir posé un Pace-Maker pour cette raison. Pour tes chutes, j’ai repéré sept médicaments dans ton ordonnance susceptibles d’être les coupables. J’ai un argument de poids pour commencer à élaguer. Un anxiolytique et deux hypnotiques le soir, ça me parait risqué. J’aimerais tout remplacer par une seule molécule dans un premier temps, et moduler les doses ensuite, d’autant que tu me dis que tu ne dors pas bien. Tu prends quatre médicaments contre des douleurs, dont deux peuvent provoquer des troubles de l’équilibre, et un est d’efficacité inférieure aux deux autres, et tu te plains de douleurs. Il doit aussi certainement y avoir des interactions ou des potentialisations avec les autres médicaments que je n’ai pas repérées.

Tu acceptes de modifier les médicaments pour dormir, on tente et on verra. Mais tu me dis aussi que tu souffres d’allergies: tu as des démangeaisons, mais pas de bouton, depuis des années, personne ne sait ce que tu as, les deux dermatologues consultés n’ont pas porté de diagnostic précis. Tu n’en peux plus de te gratter, tu me dis que tu ne peux pas rester comme ça après tant d’années. Je temporise, tout de même contente d’avoir raccourci l’ordonnance d’une seule petite ligne.

Tu réussis le mois suivant à me faire prescrire un anti-histaminique: tu n’en peux plus, et ça avait marché il y a quelques années. Tu ne dors pas bien, tu veux revenir au traitement précédent. Tu n’as pas trop de douleurs. Je décide de m’attaquer à la simplification du traitement antalgique. Tu me dis que tu es essoufflée, depuis des mois, que tu ne m’en a pas parlé le mois dernier. Oui, parce que comme je note tout sur mon cahier, je te repose la question chaque fois: »depuis quand? », et je te demande chaque fois pourquoi tu occultes les plaintes d’une visite sur l’autre. Tu me regardes dans les yeux pour me dire que tu n’y as pas pensé. En t’examinant, je trouve des oedèmes. Je sais que ton coeur est fatigué. Je te propose d’augmenter temporairement les diurétiques, et là, tu me dis, droit dans les yeux: « ah, non, je ne les prend plus depuis trois semaines parce qu’ils me font faire pipi toute la matinée, et quand je les arrête, ça va mieux ». Certes, tu fais moins pipi, sauf que ton coeur n’en peut plus. Je prends le temps de t’expliquer, et je répartis les doses pour que ça ne devienne pas un trop gros handicap. Je te fais remarquer aussi que tu aurais pu me le dire d’emblée que tu ne prenais plus ce traitement.

J’en profite pour essayer de te convaincre d’arrêter le veinotonique, mais tu ne veux pas à cause de tes oedèmes, tu es persuadée que « ça aide », et tu ne veux pas essayer un mois sans. Je ne les marque pas sur l’ordonnance, mais tu me dis que tu vas les acheter et les prendre quand même, puisque tu peux les acheter sans ordonnance, et que, de toutes façons, « c’est pas remboursé ». Je me dis que, si un médecin de garde tombe sur mon ordonnance, il aura cette information en moins…

D’ailleurs, je doute franchement de ton observance. Je viens tous les vingt-huit jours, la plupart de tes médicaments sont vendus par boîte de trente comprimés, et il n’y a jamais de reste. Je te tends une perche en te demandant si je dois tout marquer ce mois-ci, et tu me réponds chaque fois d’un ton ferme: « TOUT! ». Tu ne veux pas que j’aille faire moi-même l’inventaire dans la réserve, comme je fais chez de nombreux patients. Il m’est arrivée, en laissant traîner mes yeux dans un tiroir ouvert de ta table de nuit ou du meuble de la salle-de-bain où je me lave les mains, d’apercevoir des boîtes de médicaments que je ne prescris jamais.

De temps en temps, j’essaie de prendre ton mari à témoin, mais il acquiesce à tout ce que tu dis. « Les médicaments? Ah, non, je crois qu’il ne reste rien! », « Ah, non, elle ne dort pas de la nuit! », « Elle a mal, elle hurle! », « elle tombe, on ne sait pas pourquoi! ».

De temps en temps, tu m’appelles en urgence. En temps qu’ancienne infirmière, tu sais utiliser le mot-clef qui fait que je ne pourrai pas reporter la visite. Tu sais appeler aux heures où je ne suis pas là, où la secrétaire ne fera que prendre le message, et ne pourra pas me passer la communication pour que je régule. Je trouve des post-its avec marqué « malaise avec sensation de mort imminente », « pneumopathie ». Je ne dois pas être la seule avec laquelle tu brouilles les pistes. J’ai retrouvé un courrier d’un neuro-chirurgien qui décrivais ton état: « Elle est au plus mal, dans un état totalement grabataire ». Le même mois, je suis passée chez toi à l’improviste après une erreur de planning, et je t’ai trouvée debout, habillée dans ta cuisine, moi qui te voyais toujours en chemise de nuit, cramponnée à ton déambulateur, entre ton lit et les toilettes.

Il est vrai que des grabataires qui se relèvent miraculeusement de leur lit, ce phénomène a déjà été médiatisé il y a quelques années: on a même vu un prisonnier très âgé vivre une seconde jouvence après sa libération anticipée.

Je n’arrive pas à te faire confiance. Je n’ai plus envie de me défoncer pour toi.

Au fond de moi, je rêve que tu te lasses de moi et que tu changes de médecin traitant. Mais comme tu es fine, tu dois le sentir, parce que chaque fois que cette idée me traverse l’esprit, tu te mets à critiquer les autres médecins généralistes de notre secteur.

Je ne t’ai pas encore suggéré de changer. J’y pense, parce que tu me mets régulièrement en situation de faire les choses à l’encontre de mes convictions, et tu me mets en position d’assumer les risques que tu prends.

Oserai-je un jour?

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Brève administrative.

D’un éleveur qui remplissait des papiers pendant que je rédigeais l’ordonnance de sa mère:

– Les veaux, maintenant, il faut les déclarer, pire que les gosses!

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Se former à la vente pour être un bon médecin ?

C’est un matin frisquet et pluvieux. Le ciel est triste, gris, chez moi on appelle ça un temps de chiotte. Après plusieurs tours dans le quartier à chercher, tourner-virer, reculer, avancer au ralenti, enfin je trouve ta rue. Je tombe même sur le bon numéro, ouf. Je gare mon véhicule devant ton portail. Les abords de ta modeste maison ne sont pas très bien entretenus, c’est un signe. Un signe que l’on n’apprend pas dans les bouquins de médecine. Pourtant, les abords tristes et négligés d’une habitation révèlent fréquemment un accident de la vie chez ses occupants : un divorce, une grave maladie, un deuil. Le signe que l’on est préoccupé par autre chose que la taille du gazon, la plantation de petites fleurs, la hauteur des haies. Je sonne et c’est ton mari qui ouvre la porte. Son visage est aussi gris et triste que le ciel. C’est la première fois que je le vois, mais il est inquiet, je le remarque de suite. Il m’indique la direction de ta chambre, de votre chambre. Je t’aperçois toi aussi pour la première fois. Dans mon esprit, je te baptise aussitôt « Madame Michu avec son fichu sur la tête ». Oui, tu es coiffée d’un fichu de couleur vive pour cacher la perte de tes cheveux. Tu es alitée,  très amaigrie, pâle, et depuis la veille au soir tu vomis tripes et boyaux. C’est l’infirmière libérale Mme Ceringue venue tôt ce matin (pendant que je dormais encore) te faire ta prise de sang post-chimiothérapie qui a appelé au cabinet pour que je passe te voir. Enfin, pas moi personnellement, elle aurait préféré tomber sur ton vrai médecin, pas sur son jeune remplaçant sans expérience. On commence à le connaître dans le coin le petit remplaçant, il est très gentil, mais il est jeune quand même, il ne sait pas encore grand chose. Bref, il se trouve que ce jour-là, c’est moi qui m’installe à ton chevet. Avant de t’examiner, ma décision est déjà quasiment prise, je ne pourrai pas te laisser dans cet état ici, à te vider, comme ça, avec ton fichu sur la tête. Tu me racontes tes misères, cette saloperie de cancer qui te tient compagnie 24 sur 24 bien malgré toi depuis des mois. Au début, tu t’es battue comme une lionne, t’avais un moral d’acier, et t’as réussi à le dompter, tu l’as presque mis KO debout. Mais depuis quelques semaines le connard, il se rebiffe. Et depuis quelques jours, c’est toi qui es à terre. J’aimerais bien vous séparer tous les deux, arbitrer ce match pour te faire gagner. Mais je ne suis que médecin… Puisque l’infirmière est passée tôt ce matin, après t’avoir examinée juste pour confirmer ce que je pensais en arrivant, j’appelle le laboratoire pour tenter d’obtenir les résultats de ta prise de sang. Ma pauvre, tu es en aplasie, tu n’as plus beaucoup de globules blancs pour te défendre. Toi et ce connard, vous ne combattez vraiment plus à armes égales. C’est maintenant certain que tu ne peux rester chez toi dans cet état. Je reprends le téléphone pour joindre le service hospitalier dans lequel tu es suivie. J’attends, ça sonne, ça sonne, ça sonne, et ça répond. Je ne suis pas dans la bonne aile, mince alors, on me file un autre numéro, ça sonne, ça sonne, et ça répond. J’explique la situation, je ne sais pas vraiment qui m’écoute au bout du fil. Avant que je termine mon bref exposé, on me coupe la parole pour me dire qu’il n’y a pas de place et que surtout, on ne fait pas d’entrée directe dans le service. Il faut passer par les urgences. J’essaie d’argumenter, d’expliquer que dans ton cas, c’est certainement une très mauvaise idée de te faire passer par les urgences à attendre des heures à vomir sur ton brancard à côté d’autres malades possiblement contagieux alors que tu n’as plus qu’une poignée de globules blancs pour te défendre. Au final je n’ai pas d’autres choix. Au bout d’une heure, je te laisse. Une ambulance va venir te chercher pour t’emmener aux urgences. Et je n’ose pas te demander la trentaine d’euros pour la visite. Mais ton mari est là, il me tend le chèque en me remerciant. Le lendemain matin, je l’appelle pour avoir de tes nouvelles. Après l’attente aux urgences, on t’a trouvé un lit. Et le médecin des urgences était en colère contre moi car j’aurais dû te faire entrer directement dans le service… Ton mari lui a dit que j’avais tenté, mais il n’a pas décoléré.

Je ne sais pas ce qu’est devenue « Madame Michu avec son fichu sur la tête », mais j’imagine… Plusieurs années après cette scène à peine romancée, je repense à cette brave dame et je culpabilise. J’aurais dû insister. Plusieurs années après je repense à elle et à toutes les fois où je n’ai pas réussi à « vendre » un patient pour obtenir un examen complémentaire, une hospitalisation, ou un avis spécialisé rapidement alors que je le jugeais nécessaire. Lorsque j’étais interne, je me disais que quand je serais grand, une fois médecin, j’y arriverais. Lorsque j’étais jeune remplaçant, je me disais qu’une fois plus expérimenté, j’y arriverais. Le temps passe et… c’est toujours pareil. Bon je dois bien l’avouer, je suis un très mauvais vendeur. Si j’avais choisi la branche commerciale, je serais aujourd’hui au chômage c’est certain. Oui en médecine, il faut savoir « vendre », hausser le ton, gonfler les biceps, montrer les crocs, pour faire plier l’adversaire que l’on appelle confrère. Mais moi je sais pas faire. Je ne pense pas être le seul médecin dans ce cas, du moins j’espère pas. Alors pour ceux qui comme moi ont cette lacune, peut-être qu’un module « force de vente » serait utile durant les études médicales ?…….
Bien confraternellement…

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Matt l’éponge

« Mais y a toujours la lune qui s’méfie du soleil. Et quand tout ça changera ? C’est pas demain la veille. Certains smatchent ou labourent, d’autres soignent ou bien peignent. C’est à toi, c’est ton tour, qu’est-ce que t’as dans les veines ? » (A quoi tu sers ?, Jean-Jacques Goldman)
 

Si je n’avais pas eu mon concours de première année de médecine, je sais parfaitement bien comment je me serais « recyclé ».
J’aurais bifurqué vers le métier d’enseignant. Prof de biologie sans doute.
L’enseignement m’a toujours passionné.
L’envie de transmettre.
L’envie d’expliquer, de faire comprendre. De comprendre moi-même un peu mieux aussi en devant expliquer le pourquoi du comment à d’autres.
Et puis je l’ai eu ce fameux concours. Je suis devenu externe, véritable éponge à informations qu’on voulait bien m’apprendre, puis interne, en essayant de transmettre aux autres « éponges » plus jeunes ce que l’on m’avait appris.

Tout naturellement, une fois mon cursus de formation terminé, j’ai voulu continuer l’enseignement. Continuer à transmettre. Etre utile à mon métier et à ceux qui l’exerceront en même temps puis après moi.

« Y’a les choses qu’on peut faire, et puis celles qu’on doit pas. Y’a tout c’qu’on doit taire, tout c’qui ne se dit pas. Des vies qui nous attirent, de brûlures et de clous. Oui, mais ne pas les vivre, c’est encore pire que tout » (Peur de rien blues, Jean-Jacques Goldman)

Comme je l’ai déjà écrit ailleurs, je me suis donc formé pour devenir ce que l’on appelait à l’époque un ECA ou Enseignant Clinicien Ambulatoire. Je n’imaginais pas une seconde le devenir sans apprendre à l’être.
Je redevenais une éponge.
D’ECA en MSU (nouvelle appellation désormais pour Maître de Stage des Universités) j’ai accueilli mes premiers étudiants dans mon cabinet.
Et là je pourrais bien vous en faire une description idyllique, un peu à la façon Roger Rabbit, quand le détective arrive dans le monde des toons
Mais tout comme lui, vous seriez vite aveuglé par un éclairage un peu trop puissant, et surtout une chanson à la musicalité anxiogène.

Il n’en est absolument rien.
Parce que, allez, soyons francs, c’est quand même bien sympa d’être seuls maîtres à bord dans nos cabinets.
C’est quand même super cool de se dire, en fin de journée, quand on a déjà vu 30 patients, qu’on va accepter de céder à la demande d’antibiotiques pas forcément hyper justifiée mais réclamée par le patient. La fatigue étant inversement proportionnelle au courage que l’on peut mettre à négocier parfois.
C’est surtout possible parce que personne ne sera là pour avoir un œil critique sur ce que l’on vient de faire.
Je dis souvent à mes patients « Ce qui se passe entre les murs du cabinet reste dans le cabinet ». C’est ma façon de leur rappeler que le secret médical existe et les protège en toute circonstance de toutes les confidences qu’ils pourraient me faire.
Mais ce que nous y faisons, ce que nous prenons comme décision pour nos patients, y reste aussi.

Alors, j’aurais toujours beau jeu d’aller ensuite échanger avec mes pairs, ou discuter avec des internes à la faculté en jouant les Monsieur Propre, genre je lave plus blanc que blanc, je ne mets jamais d’antibiotique quand il ne le faut pas…
C’est du déclaratif. Et comme tout déclaratif, il n’engage pas grand chose, et peut difficilement être authentifié.

Du coup, être MSU, c’est être un peu masochiste en s’auto-aspergeant de poil à gratter ?
Non, c’est enclencher un cercle vertueux. C’est devenir réflexif (savoir prendre du recul sur ce que nous faisons pour pouvoir l’expliquer aux autres). C’est se former à être meilleur. Même si ça stresse un peu au début, forcément.
J’y trouve mon compte, tout d’abord, parce que cela fait de moi, j’en suis persuadé, un meilleur médecin généraliste.

« Regarde-moi, dis-moi les mots tendres, ces mots tout bas, fais-moi redescendre loin de tout loin de tout ça. Je veux, je commande, regarde-moi » (Regarde-moi, Céline Dion)

 Et le patient dans tout ça ?
Oui, parce que c’est bien beau de se regarder le nombril « oh mais que c’est joli, je suis un meilleur médecin » tout ça tout ça… si c’est pour que le premier acteur de la scène, celui qui est au centre de toutes les attentions, j’ai nommé « Le patient », soit le premier oublié !

Oh, oui, j’ai eu un peu peur là aussi.
J’étais installé depuis 3 ans quand j’ai reçu mes premiers étudiants.
3 ans c’est long. C’est court aussi.
J’ai eu un peu peur. Qu’ils aillent voir ailleurs, ou qu’ils se disent qu’ils ne voulaient pas d’un intrus en permanence dans la consultation.
J’ai placé une affiche explicative sur la porte de mon cabinet.
J’ai expliqué à mes patients pourquoi je faisais cela.
Ils ont compris, pour la plupart.

Je dis pour la plupart car je sais que j’en ai perdu quelques-uns. Pourtant, je leur ai bien expliqué qu’ils avaient la possibilité de me voir seul. Qu’ils n’avaient qu’à me le dire, et même si mon étudiant était là dans le cabinet, je lui demanderais de sortir.
Certains patients, très peu nombreux au final, ont été soulagés. Et ceux-là, je sais qu’ils veulent systématiquement que je sois seul. Alors je suis seul quand ils sont là. Et tout se passe très bien.

Il y a quelques patients dont je ne suis plus le médecin traitant depuis. Ils n’ont pas apprécié que je m’engage dans l’enseignement.
Mais d’autres, plus nombreux sont arrivés. « Oui, docteur, je sais que vous avez des étudiants. Je trouve ça bien ».
Certains aiment le regard neuf qui les examine, sans aucun a priori. Ou plutôt, sans aucun scotome (cette portion de la rétine qui voit se concentrer les fibres nerveuses, et qui correspond à une minuscule zone de cécité). Ce scotome comme disent donc mes collègues pédagogues, c’est cette zone qui peut faire que l’on passera à côté d’une évidence, juste parce qu’on connaît le patient depuis tellement d’années, qu’on ne fait plus attention à certains détails qui nous sont trop familiers.
Mes étudiants, eux, n’ont pas ce scotome là. Ils en ont parfois d’autres. Mais nos zones de cécités étant différentes, nous nous complétons bien.

Le mercredi, je suis toute la journée en cours à la faculté. J’ai un étudiant qui est en stage chez moi ce jour là et consulte dans mon cabinet. Je suis joignable en permanence en cas de demande de conseil, ou de souci à régler.
Cela fait maintenant près d’un an que je ne vois plus certains patients.
Ils n’ont pas changé de médecin traitant. Non. Ils s’arrangent juste pour ne prendre QUE des rendez-vous le mercredi.
Si je restais à me regarder le nombril, je dirais que je suis vexé, et demanderais bien à quoi cela peut servir.
Je préfère pour ma part plutôt me dire que le patient est maître de ses décisions. Et que s’il choisit de ne venir que le mercredi, c’est qu’il doit y trouver un intérêt; que cela correspond à une attente de sa part. Au lieu d’être vexé, je suis plutôt ravi de pouvoir apporter cette possibilité de choix à mes patients.

Certains patients, s’amusent aussi à essayer de « coincer » mes étudiants. Ils donnent seulement quelques renseignements médicaux, en en cachant d’autres volontairement, et en me faisant un clin d’œil comme pour me dire « On va voir si cet étudiant est bon et s’il va me poser les questions qu’il doit me poser ».
J’avoue que cela m’amuse aussi de les voir comme cela. J’aime l’humour. Je crois que sur ce point mes patients me ressemblent.

La relation triangulaire (terme de pédagogue pour une consultation à 3 personnes) ne gêne finalement pas les patients. J’aurais dû prendre les paris avant, j’aurais presque juré que ce ne serait pas si « facile ».
Et vous verriez certains patients arriver dans mon cabinet un jour où je suis seul, me dire d’un air presque triste « Bah alors, vous êtes tout seul aujourd’hui ? ».

« Des mots si doux mais qui m’effraient parfois. Je ne t’appartiens pas. Des mots si chauds mais à la fois si froids. Je n’appartiens qu’à moi » (Appartenir, Jean-Jacques Goldman)

Je me rends compte que je parle de « mes » patients, de « mes » étudiants.
Ils ne sont pas mes objets.
Les patients viennent chercher un soin que j’espère leur apporter. Et s’il viennent chercher un soin et que c’est l’étudiant en stage dans mon cabinet qui l’apporte, où est le problème ?

D’ailleurs, je n’aime pas que les étudiants en stage chez moi se présentent comme « mes » internes. Je leur demande en général comment ils aimeraient être présentés. Une formulation qui plaît le plus souvent est celle de « Médecin En Formation » (le fameux MEF décrit par l’un de mes brillants internes @SacroStNectaire ici en commentaire d’un billet qui motive en partie ce billet que j’écris aujourd’hui.)

C’est ce qu’il sont réellement : des médecins en formation.
J’aime bien cette appellation. Vraiment.
Ils ne sont pas là pour faire du compagnonnage, terme qui pour moi veut dire « regarde comment je fais, et je dirai que tu es bon quand tu feras pareil que moi. »

Non, ils sont là pour se former eux-mêmes. Devenir des médecins généralistes.
Bien entendu, je vais leur servir de modèle. J’aurai ce que mes amis pédagogues appellent un « rôle de modèle ». J’espère que ce sera plutôt à valeur d’exemple plus que de contre-exemple.
Mais je m’estimerai satisfait, et aurai l’impression d’avoir accompli mon rôle d’enseignant, s’ils deviennent autonomes. Si je peux leur permettre, non pas de devenir un copier-coller ou un clone de moi-même, mais un médecin généraliste capable de penser par lui-même et prendre ses décisions.
S’ils peuvent endosser le rôle du médecin généraliste.

Mes amis pédagogues parlent d’être un « modèle de rôle » plutôt que d’avoir un « rôle de modèle ».
C’est tout à fait cela.

Si les MEF en stage chez moi prennent des décisions qui ne sont pas celles que j’aurais prises, mais qu’elles sont cohérentes, bénéficient au patient, ne le mettent pas en danger (voire sont, pourquoi pas, meilleures que celles que j’aurais prises); s’ils peuvent m’expliquer pourquoi ils choisissent de prendre en charge le patient de cette façon précise, alors je les laisse faire.
Parce que, si j’espère qu’avec certains une amitié durable s’installe une fois le stage terminé, notre contrat MEF-MSU n’est qu’un CDD de six mois. Je ne serai plus avec eux ensuite pour voir ce qu’ils feront. Alors je dois m’assurer qu’ils sauront voler de leurs propres ailes.

M’assurer que d’autres patients pourront bénéficier de médecins réflexifs. Pour qu’au final, l’ensemble de la population soit mieux soignée.

C’est bien pour tout cela que je vais continuer à recevoir des MEF. J’espère aussi être un modèle de rôle pour mes collègues et leur donner l’envie de sauter le pas et devenir eux-aussi MSU.

En espérant avoir encore beaucoup à apprendre de tous ces échanges.
Mon éponge n’est pas saturée. Elle pourra encore absorber beaucoup. Continuer la lecture

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Retour aux sources.

Et alors, qu’est-ce que tu deviens? Excitation mêlée de nostalgie il y a peu lorsque j’ai su que je venais remplacer mon médecin de famille pour le dépanner quelques jours. Le médecin de feue ma grand-mère, de mes parents au sens large. Installé dans la petite ville où j’ai passé mes quatre années de collège, […] Continuer la lecture

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Et alors, qu’est-ce que tu deviens? Excitation mêlée de nostalgie il y a peu lorsque j’ai su que je venais remplacer mon médecin de famille pour le dépanner quelques jours. Le médecin de feue ma grand-mère, de mes parents au sens large. Installé dans la petite ville où j’ai passé mes quatre années de collège, […] Continuer la lecture

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Retour aux sources.

Et alors, qu’est-ce que tu deviens? Excitation mêlée de nostalgie il y a peu lorsque j’ai su que je venais remplacer mon médecin de famille pour le dépanner quelques jours. Le médecin de feue ma grand-mère, de mes parents au sens large. Installé dans la petite ville où j’ai passé mes quatre années de collège, […] Continuer la lecture

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Inférieur à 3 ?

Quand dans mon texto je demande à ma fille « Quand penses tu… » que ma fille dans son texto en retour m’écrit « 2min », que je lis « 2 minutes » au lieu de « demain », … je lui envoie malgré tout plein de  » … Lire la suite Continuer la lecture

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Marie-Chantal à la Santé

 

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Monsieur le Président

 

Je  vous écris de mon cabinet médical, entre deux patients. Je vous écris et pourtant je n’attends plus rien de vous. Je vous écris parce que, comme l’écrivait Orwell « En ces temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Et la vérité c’est que vous n’avez tenu aucune de vos promesses, dans le domaine de la santé comme ailleurs. Ce n’est pas une accusation, c’est juste un constat.

Vous aviez promis de revenir sur les franchises sur les soins, que vous dénonciez  comme une « sanction et culpabilisation du malade ».

Vous aviez promis de revenir sur une gestion purement comptable de la santé, qui écartait par exemple du remboursement à 100% l’hypertension artérielle sévère, une mesure que vous jugiez « aussi choquante socialement que dangereuse pour la santé publique ».

Vous aviez un boulevard devant vous. Après cinq années où ont été laminés l’accès aux soins des patients, la confiance des professionnels envers l’Assurance-Maladie gérée comme une entreprise privée par un ancien dirigeant d’AXA, après cinq années de franchises sur les soins prétendument destinées à lutter contre l’Alzheimer ( on peut reconnaître bien des défauts à votre prédécesseur mais certainement pas de manquer de souffle), après cinq années de gestion à la petite semaine de la santé publique, de scandale pharmaceutique en campagne vaccinale en Crocs roses, vous aviez un boulevard devant vous pour reconstruire le pacte entre les professionnels et la Nation afin de sauvegarder un système solidaire ( au risque de mécontenter la finance, pour qui les dépenses sociales sont par nature une hérésie).

Au lieu de quoi vous avez nommé Marie-Chantal à la Santé, elle qui utilisait ce marche-pied pour sa carrière politique sans aucune compréhension du système complexe dont elle prenait gouvernance. Se coulant dans les habitudes de ses prédécesseurs, elle commença par conforter le management assurantiel de la vieille Sécu avant de distribuer aux complémentaires quelques hochets en attente de la privatisation. Elle instrumentalisa les habituels syndicats signataires, toujours les mêmes, pour torcher un « accord historique » sur les dépassements d’honoraires qui s’acharnait essentiellement sur les médecins de ville sans toucher aux dépassements parfois faramineux des pontes hospitaliers, dont la fronde et celle de leurs internes aurait pu lui porter préjudice. Pire encore, elle désigna en bouc-émissaires l’ensemble des médecins, y compris ceux qui comme moi ne pratiquent aucun dépassement d’honoraires, comme des feignants ingrats et nantis, les vouant à l’opprobre publique comme aucun ministre de tutelle ne l’avait fait avant elle.

Le système s’effondre, les médecins dévissent leur plaque, plus personne ne s’installe en ville parce que les conditions économiques ne le permettent plus. Les patients se retrouvent soudain démunis, nombre d’entre eux viennent « embouteiller » les urgences hospitalières rentabilisées économiquement par cette affluence au détriment de la qualité de la prise en charge des réelles urgences et de la vie des personnels soignants. Mais qu’importe, tant que la Ministre peut jongler avec les concepts, saupoudrer ici ou là une maison de santé pluridisciplinaire en vantant un changement de paradigme là où il n’y a le plus souvent qu’un renoncement. Demain ces centres ne survivant que grâce aux subventions seront « sauvés » par des organismes complémentaires, cachés derrière le vocable « mutualiste ».

Votre adversaire serait la finance ? Alors pourquoi lui sacrifiez-vous tant de choses, avec semble-t-il la seule obsession de tenir vos déficits en amputant les dépenses sociales ?

 


Je n’attends rien de vous, Président. Mais je voulais juste que vous le sachiez : je vous vois. Mes confrères vous voient. Et là où il est, l’ami Bruno-Pascal Chevalier, qui militait à mes côtés contre les franchises, Bruno-Pascal à qui vous aviez promis de les abolir, Bruno-Pascal à qui Ayrault a menti, à qui Marie-Chantal a menti, Bruno-Pascal vous voit, lui aussi. Et comme moi, il se demande probablement comment c’aurait été, de ne pas reconduire Sarkozy.

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PS: la version politiquement correcte de ce texte est parue ici avec LA vidéo

 

Christian Lehmann, médecin et écrivain, est l’auteur de « Patients, si vous saviez »

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PeerJ a été lancé : abonnement à vie de 99 $ pour les auteurs… Cette revue a déjà fait économiser 270 000 $ en 6 semaines

Ces américians sont des enfants, mais c’est merveilleux ! Une revue qui fait économiser de l’argent…. PeerJ et PeerJ Preprints ont été lancés comme annoncé, mais où va-t-on avec ce modèle intéressant. PeerJ est clairement inspiré de PLOS, par le fait que Peter Benfield vient de PLOS, et aussi parce que c’est clairement écrit sur leur site. PeerJ publie dans… Continuer la lecture

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Carrières de Lumières

Je reviens d’une visite du site des Carrières de Lumières aux Baux de Provence, c’était magnifique. Continuer la lecture

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Pilule et tabac libérateurs

Comme tous les médicaments, la pilule peut tuer. Chaque année, 0,03% de la population française meurt à cause d’un médicament. C’est-à-dire presque autant que par la grippe, deux fois plus que par suicide, et dix fois plus que par septicémie ! … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Docteur, je veux des vitamines

Hier, une patiente m’a demandé un certificat d’aptitude aux séances de relaxation. Je l’ai rédigé, non sans lui avoir dit que je ne voyais vraiment pas quelles auraient pu être les contre-indications. Non, à part l’allergie aux fleurs d’Ylang Ylang, je ne vois pas. Un petit examen sommaire, une brève discussion, une consultation facile, et […] Continuer la lecture

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Monsieur Bitàlair (1)

À suivre…

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Arrêt maladie : une convention collective prévoit parfois une protection contre le licenciement

Un salarié en arrêt pour accident du travail bénéficie d’une protection contre le licenciement mais pas s’il est en arrêt maladie ordinaire. Un employeur peut même se séparer d’un salarié en arrêt maladie s’il peut prouver que l’abs… Continuer la lecture

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La Compagnie : Le Grand Roman de la CIA

Je viens de refermer « La Compagnie : Le Grand Roman de la CIA » et j’ai passé de super moments en compagnie de ce livre. J’avais repéré ce livre grâce à un twitt il y a quelques mois de ça, que l’auteur en soit remercié ! Cette brique de 1200 pages en Poche est une sorte […] Continuer la lecture

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Comment sélectionner nos lectures ? Sur titre, résumé ou sur les deux à la fois ?

Article original publié en mars 2013 par des américains de Washington et Baltimore lors du screening d’articles pour faire des revues systématiques dans le domaine du cancer du sein. Deux médecins ont été les ‘investigateurs ». La revue : « Clinical EPidemiology » chez Dove Press, en accès libre. Ils ont comparé 2 méthodes de screening, à partir d’un corpus de 2965 citations… Continuer la lecture

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Printemps

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L’évangile au risque de la médecine générale.

Petite, je jouais souvent avec Clémentine.

Clémentine avait cinq frères et soeurs. Nous étions proches, mais n’avions pas tout à fait la même éducation. Ses parents étaient catholiques, les miens aussi, mais les siens étaient beaucoup plus fervents que les miens. Il m’arrivait d’aller à la messe en famille, en général deux fois par an: une fois à Noël, ça m’amusait, parce qu’on y allait le soir, à pied dans la neige, et une fois à Pâques, j’adorais aussi parce qu’on devait ensuite chercher partout des oeufs en chocolat en rentrant pendant que les grands parlaient fort entre eux.

Chez Clémentine, la messe, c’était tous les dimanches, et puis tous les jours la semaine de Pâques, et puis aussi la petite prière tous les soirs. Les enfants allaient tous dans une école catholique, parlaient entre eux de leurs communions respectives. Cet univers me paraissait bien étrange, et quelque peu contraignant, mais je les respectais, et je les observais avec un certain intérêt.

Si mes parents se rendaient dans une église deux fois par an, c’était probablement plus par habitude. J’avais l’impression que les parents de Clémentine étaient très convaincus par leur religion, et je trouvais ça curieux.

Le Papa de Clémentine était médecin, c’était aussi, à l’époque, du haut de mes huit ans, un métier qui m’intrigait, d’autant que mes parents ne l’étaient pas. Je m’imaginais qu’il devait savoir plein de choses sur le corps humain, et aussi qu’il avait déjà vu des gens morts, qu’il en avait sauvé, et qu’il y en a aussi pour qui il n’avait rien pu faire. A l’époque, je vivais en Afrique Sub-Saharienne dix mois par an, et j’avais pris conscience de la dureté de la vie par endroit. J’étais peut-être un peu trop pragmatique, mais, au fond de moi, depuis que j’avais vu dans la rue des enfants de mon âge ou plus jeunes avec des séquelles de la poliomyélite ou de la lèpre, j’avais du mal à croire que notre Dieu était infiniment bon comme on voulait bien me le répéter. Je ne pensais pas que le Dieu des autres fût meilleur, je trouvais qu’il n’y en avais pas un pour rattraper l’autre, puisque les faits étaient là, et je cherchais d’une autre façon des réponses à mes questions.

Alors, quand j’étais chez Clémentine, je faisais semblant pour faire comme eux, parce que j’avais peur de les choquer. Comme j’avais été éduquée dans la religion, mais de loin, je savais en gros le minimum pour ne pas passer pour un monstre ou une provocatrice à leurs yeux.

Et puis, un jour, une des soeurs de clémentine est tombée malade. Personne ne savait vraiment ce qu’elle avait, elle avait très mal au ventre et elle pleurait. La famille s’est réunie et a prié avec ferveur pour sa guérison. Mais comme la soeur de Clémentine a continué à avoir mal, que même Sainte-Thérèse de Lisieux ne daignait pas lever le petit doigt, le Papa de Clémentine a emmené sa soeur dans la clinique où il travaillait, et l’a confiée à un ami chirurgien, qui est parvenu à la sauver des affres de la torsion du kyste ovarien, sous anesthésie générale. Quelques jours plus tard, la soeur de Clémentine s’est remise, et la vie a repris son cours.

Clémentine, en me contant cette aventure, en a tiré cette conclusion:

– Tu vois, les prières, pour les maladies, d’habitude, ça marche, mais pour le kyste à l’ovaire, ça marche pas: on a bien prié, mais il a quand même fallu opérer ma soeur.

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Brève abdominale.

Interrogations sympathiques de patients devant mon ventre rond lors de ma dernière grossesse:

– Et il est pour quand, ce petit?

– Pour juillet.

– Ah! C’est un cancer, alors?

– Non, c’est une grossesse!

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Contraception orale : la psychose médiatique cache un meilleur remboursement par la Sécurité sociale

Presse écrite, radio, télévision : tout le monde fait sa Une sur les soi-disant dangers de la contraception orale suite à la mise à jour, le 26 mars 2013, par l’Agence nationale de sécurité du… Continuer la lecture

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Médecine à trois : ce n’est pas pour moi.

A la suite de la publication d’un intéressant billet de DocArnica (ICI) nous racontant la pratique de la médecine générale en cabinet en duo avec une étudiante en médecine, je vais mettre les pieds dans le plat.

Je ne suis pas fait pour cela, la médecine à trois.
Je n’aime pas cela.
Cela m’a toujours perturbé.
C’est mon problème : je n’ai jamais été maître de stage et je ne serai jamais maître de stage.
Cela me rappellerait trop l’hôpital (et les institutions en général, et les rapports hiérarchiques en particulier), cela me rappellerait trop les cours que j’ai donnés, les exercices de maths avec mes enfants,  les consultations avec du personnel hospitalier, les consultations avec mes « maîtres » comme on disait dans le temps, consultations qui m’ont bien entendu appris beaucoup de choses, fait gagner du temps, mais aussi « formaté » au point que j’ai cru qu’il n’y avait de médecine qu’en institution, au point que j’ai cru que les tics qui m’avaient été appris étaient la seule façon d’exercer la médecine, et, pour en finir, cela me rappellerait trop les rapports d’autorité.
J’ai instauré des rapports directs avec mes patients, des rapports où l’on parle de tout, où l’on se ment en commun, où l’on se dit la vérité (la fausse comme la vraie) en commun, où l’on partage des moments d’intimité, de connivence, de rire, de tristesse, de tendresse, d’empathie, de solitude, et cetera.
Eh bien j’en suis bien incapable à trois.
Cela fait trente-quatre ans que je m’interroge, dans mes relations avec mes patients, ceux qui viennent toujours seuls, ceux qui viennent toujours en couple, ceux qui viennent toujours avec leurs enfants, ceux qui viennent toujours avec leurs parents, ceux qui viennent avec leurs petits-enfants, ceux dont je découvre les grands parents, ceux que je n’aime pas comme ceux que j’apprécie, ceux dont je me méfie comme ceux avec lesquels je suis en confiance, ceux qui me terrorisent comme ceux que je terrorise, cela fait donc trente quatre ans que je me pose de (sérieuses) questions sur le transfert, le contre-transfert, sur le contre contre-transfert, et voilà que je me demande comment je pourrais faire avec un étudiant en plus, un étudiant qui changerait à chaque fois, un étudiant qui serait un tiers invité dans une relation duelle que j’ai mis des années à partager… A moins bien entendu que l’on envisage les choses autrement : l’étudiant étant le sur moi du médecin généraliste… 
Votre réaction spontanée : résistance au changement. Peut-être. Réticences plutôt, enfin, je crois, à la notion de patient objet d’une relation scientifique ou objet d’examen comme un coléoptère ou un organe quelconque… Exagéré-je ? Le patient objet dans une chambre d’hôpital au vu et au su de tout le monde. Avec des étudiants autour pour mater (et pour apprendre, j’oubliais). J’exagère !
Il n’y a pas que de la médecine dans la vie. Il n’y a pas que de la médecine dans une consultation… Et ce qui n’est pas médecine ne s’apprend pas dans une consultation à trois… Mais surtout : ne se vit pas dans une consultation à trois. Où passeraient les ragots, les on dit, les propos de Café du Commerce, les réflexions sur le monde, la politique, la sociologie, l’anthropologie, le racisme, l’amour, le foot, les échecs, la télévision, le cinéma, et cetera. On m’objecte déjà : ce n’est pas de la médecine générale. Mais si ! Ne me faites pas dire que je fais de la médecine holistique (je ne sais même pas ce que c’est), non, mais de la médecine générale et en général où, pendant les consultations, on parle de tout, on tourne autour du pot pour en arriver à l’essentiel : comment je souffre, comment je vis, comment je vais mourir (ou comment je meurs déjà)…
Et pourtant, je devrais être pour ce trio infernal. Ma tendance spontanée à développer mon ego, à partager mes « connaissances », à confronter mon point de vue avec celui des autres, à jouer spontanément le rôle de Pygmalion, à assener mes références, mes lectures d’articles, mes conceptions sur l’EBM, ma façon d’ausculter un patient ou ma façon de prendre un nourrisson dans les mains et de le déposer sur le pèse-bébé, ma façon de faire se déshabiller ou non les patients et les patientes, ma façon de montrer / cacher ma pudeur ou mon impudeur, ma gêne ou mon arrogance, mes hésitations et mes certitudes, tout cela, cela me flatterait, me rendrait encore plus beau à mes propres yeux, moi qui ai réponse à tout, qui sais tout sur tout ou, suprême élégance, fais semblant de ne pas savoir pour montrer combien cette ignorance renforce le reste, tout ce que je sais… et tout ce que l’on imagine de moi. Cela devrait me convenir pour asseoir mon autorité, ma distanciation, ma théorie de la médecine « Très proche, très distant », pour asseoir mon autorité vis à vis du patient (je lui présente un élève, ce qui signifie que je suis un maître) et de l’étudiant…
Moi qui ai enseigné, moi qui ai fait des cours magistraux, moi qui ai animé des séances de maïeutique (groupes de conviction), moi qui ai animé des travaux dirigés, je sais ce qu’est l’ivresse du professeur, celui qui délivre la connaissance, celui qui répond aux questions, surtout à celles qui n’ont pas été posées, celui qui peut être à la fois autoritaire, patient, camarade, emphatique, blagueur et si student friendly…
Autre chose : j’assimile cette pratique à un jeu de rôle. Et je déteste les jeux de rôle. Cela peut aider certains, j’en suis convaincu, mais pour moi il s’agit de conditionnement, ni plus ni moins. Je suis incapable de jouer au médecin généraliste qui joue son rôle de praticien seul avec son malade alors qu’il n’est pas seul avec son malade… ce qui fait, probablement, que la pratique du maître de stage avec étudiant témoin ne ressemble pas à la pratique du maître de stage quand il est seul avec son patient… c’est de la fausse relation, de la fausse médecine…
Ne parlons pas des problèmes spécifiques de médecine générale, ceux par exemple de la psychothérapie de soutien (masquée), ceux de la consultation anachronique ou décalée (une question évoquée lors d’une consultation précédente qui n’a pu être résolue ou envisagée parce que le patient n’était pas prêt ou parce que le médecin n’était pas affûté), ceux du parcours de soins (pas avec les collègues, celui du patient avec le même médecin pendant de nombreuses années), ceux des sous-entendus, des non-dits qui n’ont plus de sens ou qui se dissolvent en présence d’un tiers… ceux de la pudeur qui n’est pas la même selon les malades, de la pudibonderie, ou ceux de l’audace, ou ceux de la séduction…
Je ne supporterai pas de travailler deux mois de suite avec quelqu’un à côté de moi, non pour me juger, cela m’intéresserait tant, mais parce que ce n’est pas possible de voir tous les malades en trio, de faire toutes les consultations en trio… et je ne parle pas de l’argent de la consultation… et je ne parle pas de la rédaction des ordonnances, un des moments clés de la relation médecin patient ou médecin malade… et je parle pas de la gêne de ne pas savoir, des manoeuvres d’évitement pour ne pas le montrer ou de l’énergie pour, au contraire, le montrer, et des consultations d’annonce de cancer ou d’autre chose…
Je m’arrête là : à trop vouloir prouver…
Dernier point : la consultation à trois est peut-être encore plus compliquée que cela. Il y aurait dans le cabinet, outre le malade jouant son rôle, le malade voulant se montrer à son avantage et le malade terrorisé par le jeu de rôle ou développant ses tendances hystériques ou autres,  le médecin généraliste travaillant seul, le médecin généraliste en tant que maître de stage enseignant, le médecin généraliste en train de jouer les rôles des deux précédents se posant des questions existentielles sur le fait de jouer faux ou non, sans compter l’étudiant lui-même (mais je ne développe pas, ce serait de l’invention pure), l’étudiant jouant aussi son rôle de gentil étudiant en médecine à la Carter ou à la Clooney pour les garçons.
J’imagine que trois thèses ont déjà été écrites sur le sujet de la signification de la consultation à trois et de ses rapports avec la vraie vie et de la façon dont les ordonnances sont rédigées selon et selon… Qu’une bonne âme me les communique.
Il faut donc des maîtres de stage pour enseigner la médecine générale hors institution et j’encourage mes collègues à le faire, mais ce n’est pas pour moi.

(Jules et Jim – François Truffaut – 1962 – Source : ICI)

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Quel est le bon prix pour les Article Processing Charges ? 2000 € ou plus ? non 700 € !!

APCs ou Article Processing Charges sont les droits payés par les auteurs pour que leur article accepté soit en Open Access. Des revues totalement OA, comme les groupes BMC ou PLOS, demandent ces droits pour tous les articles acceptés. Des revues ont un modèle hybride : les articles sont réservés aux abonnés, mais si l’auteur le désire, il paye un… Continuer la lecture

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Annulation du permis de conduire et interdiction d’en solliciter un nouveau pendant un certain temps : jurisprudence

Une annulation judiciaire du permis de conduire peut être prononcée par le juge pour certaines infractions.  Le juge précise alors que l’usager ne pourra pas solliciter de nouveau permis de conduire pendant un certain temps.  Tant que ce délai n’est … Continuer la lecture Continuer la lecture

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Études de médecine à l’étranger : les restrictions pour passer l’ECN annulées

En août 2011, le décret nº 2011-954 du 10 août 2011 modifiaient certaines dispositions relatives au troisième cycle des études médicales. Suite à ce texte, nul ne pouvait « se présenter aux épreuves… Continuer la lecture

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Les dix commandements de l’aide-opérateur.

Texte que nous avions écrit avec une amie, alors que nous faisions des aides-opératoires en chirurgie vasculaire parallèlement à nos études:

– Toujours à l’heure seras.

– Scrupuleusement les mains te laveras.

– Avant le chirurgien te prépareras.

– Les instruments bien alignés et dans le même ordre (pinces De Bakey, Köcher, courbes, écarteur de Farabeuf, porte-aiguille monté) positionneras.

– Le porte-tampon en haut à gauche, garni et monté, bien droit placeras.

– Toujours de bonne humeur et attentive seras.

– Aux plaisanteries du chirurgien riras (et si possible celles de l’anesthésiste mépriseras).

– Chérie-FM en silence supporteras.

– Pipi jamais de feras.

– Après quelques années, tes varices au chirurgien confieras.

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